Note de l'auteur : (j'les déteste, j'les déteste, j'les déteste) Les commentaires et même les critiques sévères sont toujours appréciées mais il y a une chose je dois dire, afin de me défendre avant que mes lecteurs adorés ne puissent même lever leurs bras pour jeter les éclairs ;) c'est le dernier chapitre du livre 1. Je ne crois pas que la fin soit trop brusque mais quelques-uns d'entre vous pourraient être de cet avis. De toute façon, je sentais qu'il devait s'achever là. Je sais que beaucoup d'entre vous aimeraient apercevoir la vengeance des Serpentards tout de suite, directement. Si j'étais un lecteur et pas l'auteur, je ressentirais probablement la même chose. Mais alors, considérez que maintenant le cours de l'histoire des protagonistes et l'intrigue sont posées. Si je continuais avec un compte-rendu plus ou moins approfondi des années d'école de Severus, d'une certaine façon ce ne serait rien qu'une répétition---plus de leçons, plus de mauvais tours, plus de vengeances etc. MAIS:

Le livre 2 reprendra le fil de l'histoire exactement où le livre 1 l'a laissé et beaucoup de détails que vous pourriez penser n'avoir pas été racontés ou pas assez jusqu'ici, seront fournis au cours des premiers chapitres. Ne me comprenez pas de travers---si vous êtes mécontents, dites-le moi. Mais ceux parmi vous qui écrivent leurs propres fics comprendront peut-être que quand vous sentez qu'il est temps de quitter l'une et pour commencer l'autre, ni les critiques ni les arguments ne pourront faire changer cette sensation.

Et si cela peut vous réconforter: Je commencerai à écrire le ch.1 du livre 2 aujourd'hui. Maintenant, cependant, continuons avec le

Chapitre 34

Le visage de Clarissa s'éclaira quand elle vit qu'il avait amené Esmeralda avec lui.

" Quelle idée merveilleuse, Severus. Est-ce que ça va ?"

Il acquiesça. " Plus ou moins. Disons que je survivrai. Toi ?"

"Mmh. Comme-ci, comme-ça. J'ai attendu sur cette rencontre avec impatience, tu sais cela ?"

Dès fois la communication était simplement si difficile. Qu'étiez-vous censé répondre à une telle déclaration ? Tout simplement rien semblait séduisant mais pourrait la blesser. 'Moi aussi 'serait agréable mais pas exactement véridique. Ce qui n'était pas vraiment un problème, pensa-t-il. Black aurait répondu 'Je sais.' Probablement. Cela semblait très Black de toute façon. Et il avait manifestement pensé trop longtemps, à en juger de l'air un peu offusqué de Clarissa.

" Moi aussi, " dit-il rapidement. " Seulement, les événements récents ont… eh bien, m'ont un peu déprimé."

Elle le regarda, n'étant apparemment pas très sûre de quoi dire. " Si tu préféres … reporter, je comprendrais. Vraiment. Dis le moi simplement."

" Non, " dit-il, sentant qu'il était en terrain sûr de nouveau "Non, ce n'est pas nécessaire. Ne je ne pourrais pas dormir de toute façon, et rester allongé au lit à ressasser les événements de ce soir ne me ferait pas de bien. Maintenant rendons ceci un peu plus confortable."

Severus tira sa baguette et conjura un tapis épais de couleur épines de pin, et beaucoup de gros coussins mous de toutes nuances de vert. Voyant le regard déconcerté de Clarissa, il expliqua, " C'est plus agréable que d'être assis sur un canapé, tu ne crois pas? Et j'aurai une chance de mettre les mains sur mon chat---s'il y avait eu des chaises ou un canapé qu'elle se serait simplement installée sur tes genoux et n'en aurait jamais bougé. Comme ceci, elle pourrait vouloir se promener ou même rester entre nous."

" Oh, " dit-elle, rougissant un peu, " C'est très bien, alors. Ca ressemble seulement un peu à… à un harem. C'était tout. Tu es vraiment doué en sortilèges---je n'aurais pas pu faire cela."

Pas qu'il n'aimât pas le sentiment d'être supérieur---tout à fait le contraire, en fait. Mais cela l'embarrassait infiniment quand les gens l'admiraient de cette façon. Il prenait avec plaisir les compliments et même les louanges de ses égaux. Mais il détestait absolument être loué par ceux qui avaient des compétences inférieures . Bien sûr qu'elle n'aurait pas pu le faire, il ne savait cela que trop bien. Seulement il n'y avait aucun besoin de faire explicitement ressortir ce fait. Ou croyait-elle peut-être que les garçons aimaient qu'on les place sur un piédestal? Et bien, pas lui. Black si---non. Assez. Black n'était pas le thème de la soirée. Ils étaient ici pour parler d'eux-mêmes.

" Alors, " dit-il, s'asseyant et arrangeant les coussins pour qu'ils lui permettent de s'allonger dans une position à demi assise, à demi couchée, " quelle est ta décision ?"

Il s'aperçut qu'elle était beaucoup plus occupée à garder sa robe en place qu'à disposer les oreillers. Quand elle remontait et même seulement de quelques centimètres, elle interrompait son activité pour la rabaisser jusqu'à ce qu'elle couvre ses chevilles. Finalement, elle sembla être satisfaite à la fois par son installation et la décence de ses vêtements.

" J'aimerais encore le faire, " répondit-elle. Sans le regarder directement dans les yeux, néanmoins. "bien que…"

"Quoi ?"

Se mordant le pouce, elle le regarda, en pesant ses mots. " Et si… je sais que c'est stupide mais et si je te raconte et qu'alors tu changes d'avis et ne me raconte pas ? Je me sentirais tellement idiote ! Mais qui me garantit que… que tu ne le feras pas ?"

" Est-ce une requête mal voilée pour que je soies le premier à mettre ma pauvre âme tourmentée à nu ?"

" Le ferais-tu ?"

"Pourquoi ne le devrais-je pas ?"

" Eh bien, pour la même raison qui me fait craindre d'être la première."

Severus haussa les épaules, se gagnant un regard offusqué d'Esmeralda, car il avait décalé sa main de son endroit favorit sous son oreille gauche. " Je suppose que c'est une question de confiance mutuelle."

" Je crois que je connais le grand secret que tu ne pouvais pas nous dire ce soir, " dit Clarissa, " Ils t'ont re-réparti et maintenant tu es un Gryffondor."

Severus renifla. " Très amusant. Je n'ai pas dit honneur ou loyauté, attention . J'ai dit confiance."

" Je t'ai parfaitement compris --- c'est-à-dire acoustiquement. Mais pourquoi tu me croirais ou supposerais que je te croie, me dépasse un peu, pour dire la vérité."

Se réprimandant mentalement pour se sentir offensé contre sa propre volonté, Severus continua avec entêtement à frotter la fourrure d'Esmeralda.Jetant un coup d'oeil de côté à Clarissa cependant, il vit l'expression sur son visage. Et comprit qu'elle n'essayait absolument pas de le provoquer ou de le blesser. Elle était incertaine et effrayée. Effrayée par la possibilité que ceci puisse n'être rien qu'une méthode de lui soutirer ses secrets, seulement pour lui rire au visage et ensuite les jeter dans la machine perpétuellement active à diffuser les rumeurs qu'était Serpentard. S'il y avait quelque chose qui ressemblait à la justice divine, c'était probablement ceci : La peur de devenir victime de l'un de ses propres stratagèmes.

" Parce qu'il n'y a aucun autre moyen, " répondit-il. "C'est à prendre ou à laisser. Je ne peux même plus t'offrir de prendre du Veritaserum, car tu pourrais m'amener à t'en dire plus que ce à quoi je suis autorisé. Le choix est entièrement le tien."

Non pour l'amour de Merlin ! Maintenant elle pleurait. Il ne pouvait pas supporter les femelles en pleurs, cela lui donnait envie de les secouer, les frapper ou quoi que ce soit qui puisse arrêter leur flot de larmes. D'abord elle l'avait embarrassé en se déclarant inférieure, et maintenant elle s'effondrait en un monceau pleurant de robes noires et de cheveux noirs. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il la réconforte, n'est-ce pas ? Sans un mot, il poussa Esmeralda vers elle. Lucius avait eu raison: les femelles s'occupaient mieux d'autres femelles en pleurs.-là c'était seulement un chat mais peut-être cela allait-il tout de même marcher. Du moins il l'espérait.

Patiemment, mais avec l'air d'une sainte martyre se sacrifiant pour sa foi, Esmeralda se laissa transformer en une combinaison d'animal en peluche et de mouchoir. Quand les sanglots de Clarissa diminuèrent progressivement, le chat commença à lui lécher le visage.

" Merci, " renifla-t-elle, " Ca va bien mieux maintenant. Désolée, Severus, seulement je-"

" Ce n'est pas grave, " l'interrompit-elle, " pas besoin de t'excuser."

" Je ne m'excuse pas. J'explique ma réaction. C'est-à-dire si tu es intéressé ."

Eh bien, peut-être était-ce un moyen de faire avancer les choses. Il acquiesça.

" Le problème est que je trouve cela très difficile d'avoir encore confiance en quelqu'un. C'est à cause de… ce que je ne suis pas sûre de vouloir te dire ou non. J'ai peur, vraiment peur que tu puisses te révéler être comme-" ses yeux redevinrent suspicieusement brillants -" comme les autres."

"Tu veux dire notre groupe ?"

" N-non, pas vraiment. Nous ne sommes pas exactement amis, c'est vrai, mais… eh bien, probablement que chacun d'eux n'aimerait rien mieux que me prêter une épaule compatissante pour pleurer, me laisser cracher mes secrets les plus intimes et puis les vendre au plus offrant. De toute façon, je n'attendrais pas autre chose de leur part. Avec toi c'est différent, ne me demande pas pourquoi. Seulement cela me fait encore plus peur---et si mon jugement était erroné ? Et le pire de tout est qu'il n'y a aucun moyen de le savoir. Je dois sauter tête baissée dans l'eau froide en espérant que c'est de l'eau et pas de l'acide sulfurique."

" Tu reconnaîtrais cela à l'odeur, " dit sèchement Severus. " Mais je suis d'accord, il n'y a aucun moyen de sentir si quelqu'un est digne de confiance ou non. J'ai une suggestion, néanmoins : jouons à question-réponse. Nous ne sommes pas obligés de répondre à moins de sentir que nous le voulons vraiment. Pas de mensonge, cependant. Seulement une réponse ou le silence. C'est le mieux que je puisse proposer. Et ne recommence pas avec cette question de confiance ou nous pouvons tout aussi bien arrêter et aller dormir."

Clarissa lui lança un regard douteux. " Pas de mensonge hein ? Et quelle sorte de questions ?"

"C'est là l'amusement: Quoi qui nous vienne à l'esprit. Rien n'est interdit."

" OK…" dit-elle en hésitant " je suppose que ce sera bon pour rire, sinon rien d'autre. Je commence. Es-tu homosexuel ?"

" Non, je ne le suis pas." Comme cela elle aurait quelque chose à dire aux filles. " Parle moi de ta famille."

" Ce n'est pas une question."

Severus roula des yeux. " Techniquement c'en est une. Mais d'accord je reformule : Etes-vous une famille heureuse ?"

Clarissa lui le regarda avec des yeux grand ouverts. " Es-tu obligé de poser de telles questions ?"

" C'est une question parfaitement normale et simple. N'y réponds pas si tu ne veux pas. Mais ne commence pas à questionner mes compétences linguistiques. Alors, réponse ou pas de réponse ?" elle secoua la tête. " Quel début prometteur. Pourquoi n'as-tu pas d'animal familier ?"

" Parce que j'ai peur qu'il puisse mourir. Pourquoi ne te laves-tu pas les cheveux ?"

Dans un livre à propos de moldus---car même s'il n'avait pas pris l'option Etude des Moldus, cela ne signifiait pas qu'il méprisait une telle connaissance---il avait lu qu'ils avaient des sortes de théâtres ambulants appelés cirques, où les gens allaient regarder des animaux faire toutes sortes des tours et des acrobates. Ce qui l'avait fasciné le plus était qu'il y avait des acrobates qui avalaient du feu et d'autres qui se tenaient debout contre un panneau de bois et qui se faisaient lancer des couteaux dessus. Le point intéressant étant bien sûr qu'ils n'étaient jamais frappés par un couteau---les lames devaient se fixer tout autour d'eux, dessinant pratiquement le contour de la personne. C'était l'idée que les moldus se faisaient d'un divertissement. Ou du moins une des idées, de toute façon. Il pensa que maintenant il avait une faible idée de ce que celui qui se tenait devant le panneau de bois devait ressentir: Jamais vraiment touché, mais entouré de coups manqués de peu .

Alors, allait-il répondre, ou était-il mieux de refuser ? " Parce que je ne veux pas me toucher. As-tu un béguin pour quelqu'un ici à l'école ? Professeur ou élève ?"

" Je crois que j'en ai un pour toi. Mais je ne suis pas sûre. Comment te laves-tu, si tu ne veux pas te toucher ?"

" J'ai ensorcelé un éponge." Cela la fit glousser. " Ressembles-tu plus à ton père ou à ta mère ?"

"Mes cheveux et mes yeux sont ceux de ma mère. Le reste…. Oh, arrête de poser des questions sur ma famille !"

" Je posais une question sur toi ! Quel est le maudit problème avec ta famille ?" Maintenant il devenait furieux. Il savait qu'il était injuste de faire sortir sa colère refoulée sur elle car ce n'était certainement pas de sa faute à elle, mais de sa faiblesse à lui, cette… cette douceur amorphe lui faisait perdre contrôle. " Quel est le gros problème, Clarissa ? Ta mère boit ? Ton père te bat régulièrement ? Ton frère est un criminel ? Tes parents sont moldus ? Je ne vais le dire à personne, pour l'amour du ciel ! Cela ne peut pas être si terrible. Alors arrête ces gémissements et lamentations et dis-moi quel est le problème, merde !" elle murmurait quelque chose qu'il ne comprit pas parce que sa voix était étouffée par le coussin et elle était allongée le visage vers le sol. " Oh allez !" aboya-t-il, lui agrippant le bras en une tentative de la faire se retourner. " C'est toi qui as tout commencé, alors continue. Et. Arrête. De. Pleurer !" il ponctua chacun de ces derniers mots par une secousse.

Bien sûr elle ne s'arrêta pas. Elles étaient toutes les mêmes. Sa mère était---avait été comme cela. Toujours à pleurer. A éviter toute confrontation sérieuse ou question ennuyeuse en commençant à pleurer comme un veau et à gémir, devenant toute faible et pitoyable et… dégoûtante. Il détestait cette sorte de comportement, ne pouvait pas le supporter, et cela le rendait si furieux qu'il aurait voulu frapper ce tas de gémissements et de misère. Il étreignait le bras de sa mère si fermement que ses doigts lui faisaient mal.

" Arrête immédiatement! Arrête de pleurer, arrête de pleurer, STOP !"

Peut-être que c'était l'expression horrifiée sur son visage, qu'elle avait finalement tourné vers lui, mais cela aurait pu aussi être les griffes d'Esmeralda, enfoncées profondément dans le dos de sa main droite, qui l'arrêta, le tira hors de sa folie et le ramena où il était. Dans une salle de classe vide avec une fille de quinze ans à qui il faisait mal. Et qui---N'Etait. Pas. Sa. Mère. Pendant un moment, il l'avait vue à la place de Clarissa. Dieux, pensa-t-il. Ceci n'était pas la manière dont les choses devraient se passer, absolument pas. Il devait trouver un moyen d'empêcher les images du passé de l'attaquer en se mêlant au présent, même en remplaçant le présent. Ses yeux retournèrent à sa main. Le sang coulait sur la peau, en lui écrivant probablement un message en signes étranges, incompréhensibles qu'il était incapable de déchiffrer.

" Severus, lâche moi le bras, s'il te plaît ! Tu me fais mal !"

Il la tenait encore dans une poigne de mort---il n'en avait pas été conscient. Il était difficile de desserrer son étreinte, redressant ses doigts un par un, car ils étaient devenus engourdis de l'effort. Esmeralda était tapie seulement quelques centimètres plus loin, suivant le mouvement de chaque muscle se desserrant avec une vigilance suspicieuse. Finalement, il lâcha. Clarissa fila immédiatement vers l'arrière, mettant autant de distance que possible entre eux. Elle ne pleurait plus, mais le regardait avec terreur, tandis qu'elle frottait mécaniquement son bras blessé.

" Que… qu'est ce que c'était que ça, Severus ? Qu'aurais-tu fait si Esmeralda ne t'avait pas changé la main en viande hachée ? Tu n'es pas de type violent, que diable se passe-t-il ?"

" Je préfèrerais ne pas expliquer, " répondit-il en évitant ses yeux. " Je suis désolé, cependant. Vraiment."

" Oh, tu es désolé ? Eh bien, je suppose que je devrais être flattée, étant donné que le grand Severus Rogue m'a présenté ses excuses."

" Clarissa, " dit-il, exaspéré par son cynisme, " J'ai eu une journée assez stressante. J'ai réagi de manière disproportionnée et je suis désolé. Que puis-je dire d'autre ?"

" La vérité serait très intéressante. Nous sommes encore dans notre jeu, n'oublie pas cela. Alors dis-le moi ou ne me le dis pas mais ne me dis pas ces sottises de J-Ai-Eu-Une-Journée-Stressante. Qu'est-ce que c'était que ça ?"

Maudite soit-elle. Bien qu'étant une sorcière de niveau si moyen, elle était diablement perspicace. " Tu…euh, as déclenché une sorte de flashback."

" Un flashback ? Vraiment ? Voudrais-tu me donner des détails ?"

" Nous sommes encore dans notre jeu, n'oublie pas cela, " l'imita-t-il. " c'est mon tour de poser une question maintenant. Ton secret---oui je sais, c'est un mot stupide mais je l'utiliserai par manque d'un meilleur. Ton secret est-il d'une manière ou d'une autre lié à ta famille ? Je veux dire, " se reprit-il, " Ca c'est évident, mais ton secret implique-t-il toi et ta famille ?"

Son regard, qui avait été fixé sur lui, commença à vaciller. " En partie."

"En partie de quoi ? Du secret ou de la famille ?"

" De la famille. A moi. Explique un peu ce flashback. Et ne va pas me dire que ce n'est pas une question convenable."

Il lui fit un sourire désabusé. " Comment le pourrais-je ? Je peux seulement te dire que cela a à faire avec ma mère, mais je refuse d'aller plus loin. Alors ne le demande même pas, c'est inutile. Du moins pour aujourd'hui." Esmeralda, qui estimait à l'évidence que la situation s'était calmée suffisamment pour être considérée comme sûre, poussa timidement son coude de la tête et émit un petit ronronnement. " Non, je ne suis pas fâché contre toi, stupide animal." il lui caressa le dos. " Revenons à quelque chose d'inoffensif alors. Que veux-tu faire avoir après reçu ton diplôme?"

Finalement, Clarissa se détendit. Elle se rapprocha même un peu de lui à nouveau. " Me joindre à Vo-" elle regarda autour de la pièce, soudain alarmée - " Tu-Sais-Qui bien sûr. Comme Evan. J'aimerais être avec lui dans tout ceci. Mon frère, tu sais, " ajouta-t-elle, " Je t'avais écrit qu'il l'avait rejoint. Bien sûr, je devrai maintenir quelque sorte de façade, mais je ne suis pas sûre de savoir ce que j'aimerais faire. Peut-être simplement me marier et avoir des enfants, qui sait ?"

Severus la regarda avec une confusion totale. " Des enfants ? Toi ? Si la pensée n'était pas si absurde je rirais. Des enfants ! Que ferais-tu avec ? Attendre qu'ils soient nés et alors les torturer ? Allons, Clarissa soit sérieuse !"

" C'était une très vilaine chose à dire, Severus. Vraiment. J'admets aimer voir les autres souffrir mais cela ne s'étendrait certainement pas jusqu'à ma chair et mon sang. Honnêtement !" elle lui lança un regard offusqué.

~~~~*~~~~

Ils avaient continué à parler pendant assez longtemps. La première d'une série interminable de réunions de nuit, pendant lesquelles ils parlaient et pleuraient, tous les deux, suivant une envie irrésistible de déverser leurs problèmes, leur misère et leurs pensées tordues dans leurs âmes respectives. Cela ne les avait pas fait se sentir mieux. Sinon rien, cela augmentait leur prudence et leurs soupçons, leurs peurs de trahison et d'abus, créait une paranoïa partagée, de laquelle ils se délectaient. Clarissa était dans une situation bien pire, car elle devait rentrer à la maison, dans les bras de son père aimant, au moins pour une partie de toutes les vacances. Progressivement, elle avait commencé à raconter les détails--- assez semblables à ce que Severus lui avait raconté, seulement elle devait porter le poids supplémentaire de devoir regarder dans les yeux de sa mère. Et de son frère, qui était aussi ignorant de ce qui se passait à la maison quand Mme Rosier n'était pas là et qu'il n'était pas là que sa mère.

Ils étaient enchaînés ensemble par des liens tissés de cauchemars, de peur et d'obsession, de plans de vengeance inutiles mais savourés, de châteaux sombres dans l'air, approchant de manière menaçante jusqu'à ce qu'ils explosent en un feu d'artifice d'argent, de noir et de vert. Ils ne partagèrent même jamais un baiser, car leur chaîne, aussi longue qu'elle soit, n'était pas étendue là dans un monceau emmêlé---elle pendait au-dessus de l'abîme qui séparait leurs corps et s'élargissait avec chaque détail repoussant.

Partager leur passé était devenu une dépendance, un désir qu'ils haissaient mais auquel il ne pouvaient pas résister. A certain moments, leurs familles en devenaient une dans les cauchemards de Severus, sa mère et Mme. Rosier étaient assises dans la bibliothèque du manoir de son oncle en Italie, partageant une bouteille d'élixir le lorgnant comme deux bacchantes saoûles, encourageant Mr. Rosier à arracher d'abord ses vêtements puis ceux de Clarissa tandis que Severus était assis sur les genoux de son oncle, incapable de bouger, et contraint à regarder la scène se déroulant devant ses yeux.

Dépendance et obsession---ainsi pouvaient être résumées ses deux dernières années et demi à Poudlard. Dépendance envers ses sessions de nuit avec Clarissa, parmi les spectres de l'humiliation et de des abus, et obsession : à créer la potion d'Imperius avec Lestrange, son mentor et tuteur---le sentiment d'allégresse quand ils avaient obtenu la première fiole de liquide d'un rouge-noir chatoyant , la volonté de Voldemort enfermée dans un petit récipient qu'il était presque impossible de toucher sans gants en peau de dragon, tellement la puissance en émanant était puissante. Les soirs nombreux qu'ils avaient passé ensemble, à expérimenter sur les ingrédients, la température, le dosage. Le jour magnifique au début de sa sixième année, où ils avaient finalement réussi et envoyé un message à Lord Voldemort, protégé par triples sceaux et une combinaison de malédictions qui aurait catapulté qui que ce soit qui essayait de lire la missive dans une douleur et une folie hurlante. Et Voldemort avait très bien utilisé leur invention, comme l'avait montré le nombre croissant de ses partisans.

Obsession de l'apprentissage bien sûr. Apprenant et étudiant, d'abord pour ses B.U.S.E.s dont il eut quinze. Dix-sept A.S.P.I.C.s---il avait presque égalé les résultats de son père et avait été le premier de son année, à l'humiliation et aux grincements de dents de Lucius, qui n'en avait eu que quinze. Mais la performance de Severus dans tous les sujets était si brillante qu'aucun des professeurs n'avait pu lui refuser de note parfaite, pas même McGonagall. Il s'était laissé pousser par son obsession de connaissance, lisant jusqu'à ce que ses yeux refusent d'aller plus loin et brouillent sa vue de larmes d'épuisement. De temps en temps, il cédait à son obsession de vengeance et prenait part aux mauvais coups de moins et moins puérils que les Serpentards jouaient aux Gryffondors, et de préférence aux mousquetaires. Au cours de leur septième année, il avait maîtrisé la tâche difficile de lancer un sortilège de Confundus sans baguette, et utilisé cette nouvelle compétence avec succès pendant le match de Quidditch contre Gryffondor. Black avait presque été tué quand son balai avait refusé de continuer à obéir à son contrôle et s'était soudain fracassé dans la rangée du haut des gradins à pleine vitesse.

Mais toutes ces satisfactions avaient été surpassées par le moment où, le soir d'après que les résultats des A.S.P.I.C.s aient été publiés, Lestrange l'avait appelé à son bureau et lui avait tendu une lettre. A l'exception du sceau, elle avait l'air assez innocente. Mais au moment où Lestrange la lui avait donnée, Severus savait de qui elle venait ---il n'aurait pas eu besoin de regarder le crâne et le serpent pour être sûr de l'identité de la personne qui l'avait envoyée. C'était seulement une note brève, l'invitant à rencontrer Lord Voldemort dans un endroit connu de Lestrange, le jour d'après son départ de Poudlard. Il aurait aimé la garder---dans le médaillon qui contenait le portrait de Yelena Malfoy et maintenant aussi le parchemin que Sibylle lui avait envoyé avant-hier. Mais cela aurait été un risque idiot à prendre, et donc il l'avait lancée dans la cheminée, juste là, dans le bureau de Lestrange.

Il avait passé la nuit au chaudron baveur où il était assis maintenant, ayant terminé son petit déjeuner et attendant que Lestrange l'amène voir l'homme qu'il avait tant envie de voir. Celui qui allait être son maître sans faire de lui son esclave.

Avec une satisfaction lugubre, Severus s'aperçut que les gens avaient peur. Tout le monde parlait à voix basse, ils regardaient par-dessus leurs épaules à chaque instant, pour s'assurer que ne personne ne les entendait, sursautaient au moindre son---oui, pensa-t-il, les rênes étaient certainement dans les mains de Voldemort maintenant. Il était craint. Et il avait du pouvoir. Il avait ses mangemorts loyaux et assez de partisans pour lui permettre de complètement prendre la relève quand il le souhaiterait. Oh, oui, les gens étaient effrayés. Les yeux et les oreilles de Voldemort étaient partout, et son bras était assez long pour atteindre ceux qu'il voulait punir. Ils essayaient de résister, mais sans résultat. Dumbledore, ce vieil imbécile, était le chef autoproclamé d'un groupe de résistance, qui de temps en temps essayait de riposter, comme une souris essayant de répondre en grondant au lion qui était sur le point de lui écraser la tête. Inutile et stupide. Mais bien sûr ils continuaient dans leurs efforts---même si seulement par principe. Au lieu d'accepter simplement l'inévitable. Eh bien, ils apprendraient à le faire à la longue.

La porte s'ouvrit, et Lestrange entra dans le pub dans un halo de la lumière vive de l'été, jetant un coup d'oeil dans l'obscurité soudaine. Severus lui fit signe et se leva de son siège. Il avait laissé ses affaires dans sa chambre, car il ne savait pas où il irait après avoir rencontré Voldemort. Esmeralda était temporairement hébergée chez Clarissa pour le réconfort de toutes deux. Il était libre d'aller où que ce soit que Voldemort voulait qu'il aille.

Ils se serrèrent la main et avec un bref salut à l'aubergiste, partirent par la porte de derrière. Dans la petite cour, Lestrange, après un examen approfondi des alentours, poussa sa manche gauche vers le haut de son avant-bras et pour la première fois, Severus vit sa marque sombre, encastrée dans la peau presque sans poils, blanche. Avant qu'il ne puisse montrer son émerveillement néanmoins, Lestrange posa son index droit sur la marque et lui ordonna de faire de même. Severus perçut cela comme un contact incompréhensiblement intime, extrêmement personnel et bien au-delà des limites d'un simple contact physique-comme s'il touchait l'essence même de l'homme debout à ses côtés .

Il sentit comme une serrure à l'intérieur de lui, dont il avait ignoré l'existence jusqu'ici, et dans laquelle une clé avait soudain été insérée. Une clé qui le complétait. La sensation d'être arraché du temps et de l'espace était très semblable à celle provoquée par le voyage en portoloin mais avait aussi quelque ressemblance avec le Transplanage. Le mouvement était plus immatériel que physique, et ne menait pas à l'inévitable atterrisage rude apporté par le transport par portoloin.

Severus n'avait aucune idée de l'endroit où leur voyage les avait amené. Lestrange ne le lui dit pas, mais fit seulement une tape amicale sur son épaule et quitta la pièce. Supposant qu'il était censé attendre ici, il examina les environs. Ils avaient définitivement quitté l'Angleterre car l'air qui ruisselait par les fenêtres assez petites, qui avaient des montants de bois et étaient enchassées dans des murs épais de pierre grossière, apportait avec lui un arôme distinct de thym et de lavande. Oui, pensa-t-il, ils s'étaient déplacés vers le sud. La pièce elle-même était assez simplement meublée, les murs blanchis, le plancher de bois non poli. Il y avait une cheminée, inutilisée à cette époque de l'année et quelques livres gisaient épars sur un ottoman bas. Regardant vers le haut, il s'aperçut que le plafond était très bas. D'une manière ou d'une autre, il avait l'impression que la maison était isolée peut-être quelque part dans les montagnes, et alla à l'une des fenêtres pour jeter un coup d'oeil à ce qu'il y avait dehors.

Où qu'ils fussent, le temps était magnifique, avec juste la bonne quantité de nuages blancs duveteux dérivant par-dessus un ciel bleu profond. Et il avait eu raison---ils étaient dans les montagnes, le bord de la forêt enrironnante était assez lointain pour permettre de voir les pics situés derrière, leurs silhouettes irrégulières couvertes de neige. C'était une vue merveilleuse et il était tellement perdu dedans qu'il sursauta quand une main vint se poser sur son épaule, et une riche voix de baryton qu'il n'avait pas entendue depuis quatre ans dit " Severus."

Fin du livre 1