Dernier chapitre de cette fiction qui, j'espère, vous aura plu.

Elle a été relativement facile à écrire et rapide. Certains ont trouvé que ça allait un peu vite. C'est vrai mais je n'avais pas envie de rentrer dans les détails, d'enfoncer Harry plus qu'il ne l'était, de décrire son calvaire, sa dépression, son état plus que je ne l'ai fait. Donc voilà.

Ensuite, certains ont été peut-être déçus de l'absence de Drago. Au début, elle était prévue et après une discussion avec une de mes bêtas chéries, ma bichette chérie d'amour, Mandy (si vous n'avez pas lu ses fics, abandonnez les miennes et courrez lire les siennes, elles en valent le coup et là, vous en prendrez plein les mirettes), nous étions d'accord sur le fait que ça ferait redondance avec "Le droit au bonheur", fic écrite par mes soins sur le couple Théo/Harry, fic dans laquelle Drago joue encore les enfoirés. Je n'en dis pas plus pour ceux et celles qui ne l'auraient pas lue.

Donc voilà, dernier chapitre de Faire les Bons Choix. Je vous souhaite une bonne lecture et, petit instant pub, j'espère vous revoir sur la nouvelle fic que je suis en train de poster : de l'enfance à l'amour qui est une Drago/Blaise


15

Le petit chat sortit sa tête anguleuse de sa caisse et cligna des yeux. Il avança une patte après l'autre sur la table grisâtre et une main douce mais ferme le tira doucement avant de le caresser pour le rassurer.

Charlie avisa la créature qui tremblait presque devant lui. Les animaux qui avaient peur des vétérinaires étaient monnaie courante et peu surprenant en soi. La petite clinique sentait le désinfectant et ce n'était pas leur maison. Certains vivaient leurs dernières minutes ici.

Une clinique vétérinaire pour un animal c'était comme le dentiste pour les enfants. Charlie se rappelait des crises qu'il faisait quand sa maman lui disait étant petit qu'il devait aller se faire soigner une carie. Aujourd'hui encore, il avait du mal, parce que la plupart du temps, c'était douloureux et le bruit n'était pas agréable. Alors il comprenait les animaux qui étaient terrifiés.

D'une oreille attentive tout en touchant le félin, le vétérinaire écouta la propriétaire qui lui parlait de ce qu'elle faisait.

Charlie aimait son travail. Il avait toujours adoré les animaux, allant des araignées aux plus gros. Sauf les insectes. En temps normal, travailler tard ne le gênait pas. C'était sa vocation. D'ailleurs Jake lui avait dit plus d'une fois qu'il était plus à l'aise avec les bêtes qu'avec les humains. Affirmation dénuée de vérité à ses yeux car le trentenaire savait parfaitement évoluer en société.

Ce soir en revanche, les propriétaires qui débarquaient sans cesse avec leurs toutous, minous ou autres l'énervaient prodigieusement. Parce qu'il avait très envie de rentrer voir son homme qui devait l'attendre pour dîner. Comme tous les soirs depuis près d'un an.

Son homme.

Harry.

Il était bien incapable de dire quand ses sentiments pour le beau brun qui partageait sa vie depuis un an et son appartement depuis un peu plus, avaient changé. Était-ce ce jour-là, à l'aéroport lorsqu'il l'avait vu perdu et dans un état dépressif ? Charlie pouvait affirmer une chose, il avait eu très envie de le protéger. Peut-être que l'amour s'était immiscé également.

Aujourd'hui, ça n'avait plus d'importance puisqu'il aimait Harry et que c'était réciproque. D'ailleurs, il avait quelque chose à lui demander. C'était pour cette raison qu'il voulait rentrer au plus vite.

– File, fit soudain son collègue Will. Tu m'épuises à regarder l'horloge. Va retrouver ton mec et annonce-lui la nouvelle.

– Merci !

Charlie retira sa tenue pour revêtir ses vêtements de ville et filer. Une heure de retard. Harry savait parfaitement que ce n'était pas de sa faute. Il avait accepté que Charlie rentre parfois plus tard. Will et lui ne pouvaient refuser les animaux blessés lorsque ceux-ci se présentaient devant leur porte, parfois tard le soir.

Après trente longues et interminables minutes de bus, il était au pied de son immeuble. Le cœur battant, le roux s'engouffra dans l'ascenseur qui le mena directement à son étage.

– C'est moi, annonça-t-il en pénétrant dans le séjour.

La table était mise pour deux. Le dîner était en revanche nulle part en vue. Sans doute dans le four. Et nulle trace de Harry.

Charlie posa sa veste sur le dossier du canapé, nota la présence de Capi qui dormait sur un coussin, et partit la recherche de son amant pour le trouver étendu sur leur lit, les yeux fermés, le nez dans le livre qu'il devait lire.

D'une main douce, Weasley secoua doucement le jeune homme qui grommela quelque chose d'indistinct avant d'ouvrir les yeux, l'esprit embrumé.

– T'es rentré ? J'crois qu'je m'suis endormi, murmura Harry avec un petit sourire fatigué.

– En même temps, ce n'est pas étonnant si tu as travaillé toute la journée.

Harry avait repris des cours par correspondance en littérature, abandonnant l'économie, et avait trouvé un travail à mi-temps dans une animalerie afin de ne pas être dépendant de Charlie.

– Pas tant que ça, soupira le brun en s'essayant et en récupérant ses lunettes laissées sur la table de chevet.

– Tes notions doivent différer des miennes. Tu aurais dû manger au lieu de m'attendre.

– Manger seul n'a jamais été ma tasse de thé, répliqua Harry en se levant. Et puis, tu m'as dit que tu voulais me parler. Bien bossé ? Tu as fini tard.

– Oui, désolé. Un chat de dernière minute. Will m'a presque mis dehors.

Ils s'installèrent à table et Charlie regarda Harry se frotter les yeux. Il avait des cernes qui commençaient à courir sous ses paupières.

– Ça peut attendre demain, tu sais. Tu as besoin de dormir.

– Ça va. J'irai me coucher tôt après le dîner.

Sur ce, il sortit du four le plat et le déposa sur la table. Charlie huma le fumet délectable. Gratin de courgette avec plein de gruyère râpé.

– Tu voulais me dire quoi ? fit Harry alors que le rouquin servait les deux assiettes.

Il y avait du saumon dans le gratin. Et Charlie adorait le saumon. Il prit le temps d'avaler une bouchée du repas, cherchant comment annoncer la nouvelle.

– Tu es attaché à ton travail ?

– Pourquoi ? demanda lentement Harry. Tu ne veux plus que je bosse là-bas ?

À son air déconfit, Potter avait peur qu'en effet, Charlie lui refuse l'accès au travail. Ce qui signifiait qu'ils allaient encore avoir cette conversation.

Même après un an de relation, Harry semblait avoir des craintes injustifiées sur certains points. C'était Charlie qui lui avait fait comprendre qu'ils étaient en couple, certes, mais que chacun était libre de travailler où il voulait.

– Chéri, je croyais qu'on était d'accord sur ce point. C'est toi qui as choisi cette animalerie. Je n'ai pas mon mot à dire. Tu aurais travaillé pour la ville comme agent d'entretien, je n'aurais rien dit non plus. D'accord.

– Ok. Mais alors pourquoi tu me demandes si je suis attaché à mon travail ?

– Parce que... je me demandais si tu étais prêt à trouver autre chose ailleurs. Genre en Angleterre.

La fourchette tomba dans l'assiette et des bouts de courgette volèrent un peu partout tandis que Harry le fixait, bouche ouverte.

– Hein ?

Charlie explosa de rire devant son air ahuri. Qu'il était adorable ainsi. Pour un peu, il se serait levé de table pour aller l'embrasser.

– Je voulais t'en parler depuis... longtemps.

– R-répète ? Je n'ai pas compris.

– J'ai envie de rentrer en Angleterre, de quitter l'Australie. Et je voulais savoir si tu désirais rentrer toi aussi. Ton visa de travail va se terminer d'ici quelques mois. J'ai une possibilité d'ouvrir ma propre clinique vétérinaire un peu en dehors de Londres. On peut s'acheter une petite maison à la campagne. Mais... j'admets que tout ça, c'est uniquement si tu veux.

Il savait que Harry aimait bien l'Australie. Ils l'avaient un peu visité quand ils avaient quelques jours de congé. Si son compagnon refusait de partir, il resterait lui aussi.

– Pourquoi ce soudain besoin de changement d'air ?

– Soudain ? Non. Ça fait des mois que j'en ai envie. Depuis qu'on est rentré.

– Et c'est maintenant que tu m'en parles ?

– Heu... Oui ? Je ne voulais pas avant d'être presque sûr d'avoir quelque chose.

– Tu voudrais partir quand ?

Charlie essaya de lire sur le visage de Harry afin de voir si le jeune homme de presque vingt-cinq ans désirait lui aussi s'en aller. En vain.

– Je ne le ferai que si tu le veux toi aussi.

– Quand ? !

– Dans un mois ou deux.

C'était court. Très court pour penser à tout ce qu'ils auraient à faire. Dans l'optique que Harry accepte, bien entendu.

– Un mois ou deux, répéta lentement Harry.

– Je sais que ça fait court pour prendre une décision.

– Ah mais je t'arrête tout de suite, Charlie, ma décision est déjà prise.

– Ah bon ?

Autant dire qu'il était surpris. Il aurait pensé se faire proprement incendier parce qu'il s'était pris relativement tard pour le prévenir.

– Et ? s'enquit Charlie, appréhendant légèrement la réponse.

– Comment ça, et ?

– Oui ou non ?

– Il est bien évident que je pars avec toi, répliqua Harry. Je n'attends que ça depuis... des semaines. Pourquoi selon toi j'ai pris des cours par correspondance et un job à mi-temps ? Le boulot, même si les animaux c'est sympa, c'était pour passer le temps.

C'était tellement évident que Charlie n'y avait pas pensé. Comment aurait-il pu d'ailleurs ?

– Ah. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé si tu voulais tellement partir ?

Harry baissa les yeux vers son assiette et sa part de gratin. Il eut l'air soudain mal à l'aise.

– Parce que tu avais ta vie ici maintenant et que... peut-être que tu ne voudrais pas.

Charlie ouvrit les bras et s'écarta de la table pour récupérer son petit ami qui s'installa sur ses genoux, face à lui. Encore ce reste de sa relation avec Drago. Seules les années lui permettraient de passer outre le fait que son ex prenait les décisions et refusait d'entendre les propositions des autres. Même un an après, Charlie ne parvenait pas à lui faire comprendre que Harry avait le droit et même l'obligation de ne pas dire oui à tout, pour lui faire plaisir.

– On est bien en couple, non ?

– Oui.

– Et, au risque de me répéter encore et encore, un couple, ce n'est pas l'un qui commande et l'autre qui exécute. Ça, c'est une relation particulière.

– Je sais, Charlie. Mais... après tout, si tu es venu ici, c'est que tu le voulais. Je suis arrivé après. Décider de partir alors que tu as tout ici... je ne pouvais pas.

– C'est une chose qu'on doit décider à deux. Non ?

– Oui.

– Tu aurais dû m'en parler avant de ton envie.

– Dit celui qui m'annonce un ou deux mois avant qu'il a trouvé un truc à côté de Londres, sourit Harry.

Ce dernier planta un baiser sur ses lèvres mais ne bougea pas de ses genoux.

– Je t'aime Charlie.

– Moi aussi mon amour.

0o0

Leur maison, leur chez-eux, à eux, en banlieue londonienne. Ils y étaient enfin.

C'était un petit cottage non loin de la clinique vétérinaire de Charlie. Ils l'avaient trouvé tous les deux, quelques jours après leur arrivée en Angleterre. Pendant ce temps-là, ils avaient habité chez les Potter qui étaient les plus proches du lieu de travail du rouquin.

Harry ferma les yeux et respira profondément.

Il était chez lui mais quelque chose lui manquait.

Ce n'était pas la première fois qu'il emménageait chez quelqu'un. Drago, Charlie... Cette maison était différente en revanche. Il l'avait choisie avec son amant. Cependant... il avait cette même sensation dans le cœur. La sensation que rien n'était à lui.

C'était sa maison, sauf que c'était Charlie qui l'avait payée, avec un emprunt. Les meubles venaient de l'appartement en Australie. Même le chat roulé en boule dans son panier était à Charlie.

Encore une fois, Harry n'avait rien, hormis lui-même et cela l'attristait.

Il aurait dû être heureux. Après tout, il vivait avec son chéri dans une jolie maison, non loin de sa famille et de celle de Charlie.

Recroquevillé sur le canapé marron, devant la cheminée éteinte du salon aux murs peints en vert foncé, Harry attendait que les heures passent. Il aurait dû se motiver pour chercher un emploi ou potasser ses cours. Mais il n'en avait aucune envie.

C'est ainsi que le trouva Charlie en rentrant le soir alors que rien n'était prêt. Encore une fois.

– Ok, fit justement le rouquin en posant ses fesses sur la table basse sur laquelle trônaient les restes de ce qui avait dû être un déjeuner. Crache le morceau. Ça fait trois jours que tu n'as pas l'air bien alors que tu me soutiens le contraire. Jusque là, j'ai été sympa de te laisser mais là, j'en ai marre. Donc vide ton sac ! Tout de suite. Sinon je me casse et je dors à l'hôtel.

Harry consentit à se redresser et se frotta les yeux. Il trouvait ce qu'il ressentait ridicule et n'avait pas très envie de soumettre ses pensées à Charlie. Sauf que l'idée de le voir partir à l'hôtel était un retour en arrière, à l'époque où Drago lui disait de coucher avec lui, de se soumettre au risque de le savoir avec Pansy.

– C'est bête, rit-il nerveusement en se passant une main dans ses cheveux en bataille.

– À l'évidence pas tant que ça puisque ça a l'air de te ronger. Qu'est-ce qu'il y a ? Et sois franc.

Le brun prit une profonde inspiration et fixa Charlie. Qu'il l'aimait cet homme. Le perdre serait encore plus difficile que laisser Drago ou être largué par Marcus.

– J'ai l'impression de... que... de vivre à tes crochets.

– Tu cherches encore du boulot et tu es étudiant, répliqua Charlie. Quand tu auras un travail et un diplôme, on sera deux pour ramener de l'argent. Pour l'instant, tu n'as pas à t'en faire.

– Non ce n'est pas ça. Tout ça, la maison... y a rien à moi ici !

Weasley eut un temps d'arrêt, sourcils froncés.

– La maison est aussi à toi, fit-il. On a signé tous les deux.

– C'est toi qui as payé, Charlie. J'apporte quoi moi ici ? Rien !

– Attends, je n'ai rien payé, c'est l'emprunt qui paie cette maison et un emprunt, ça se rembourse. J'ai peut-être apporté un petit quelque chose mais ça s'arrête là. Ce n'est pas à un économiste que je vais apprendre ça, n'est-ce pas ? Quant aux meubles, ils ne sont pas tous à moi. Ils viennent de Bill pour certains. Il m'en a achetés pas mal. Et d'autres, on les a achetés avec Jake qui trouvait mon appartement bien vide. Personne ne t'interdit d'apporter ta touche. Justement. On vit ici tous les deux, c'est normal que tu te sentes bien aussi.

– Je n'ai rien.

C'était la stricte vérité.

– Ah bon ? ricana Charlie un peu rudement. Et les cartons dans le garage de tes parents ? Tu avais un studio avant d'aller vivre chez Malefoy, non ? Tes meubles et le reste ? Tu en fais quoi ? Ils n'ont pas fini à la déchetterie. Moi qui pensais que tu allais sauter sur l'occasion pour les prendre.

Ses meubles ? Ses affaires ? Ceux dont il s'était séparé parce que Drago n'en voulait pas, il les avait oubliés. Lamentablement à l'évidence.

– Appelle tes parents pour dire qu'on passe les prendre le week-end prochain.

Pour le coup, Harry se sentit beaucoup plus léger.

– Merci Charlie.

– De rien. La prochaine fois que tu as un souci de ce genre, au lieu de rester comme tu l'as fait sans rien me dire, parle m'en. On vit ensemble. Ce n'est pas chacun ses problèmes. Si l'un ne va pas bien, l'autre doit pouvoir le soutenir. Tu comprends ?

– Oui.

– Je te le répéterai encore et encore jusqu'à ce que tu saisisses. Bon, ce n'est pas tout, mais j'ai faim. Tu as prévu quelque chose ou rien du tout.

– Rien.

Le réfrigérateur était vide. Totalement et irrémédiablement vide. Harry n'avait pas eu la motivation nécessaire d'aller faire des courses.

– Restaurant ? proposa Charlie.

– Je peux inviter ?

– Tu veux inviter qui ?

– Toi, nigaud.

Charlie se pencha vers lui et écarta ses cuisses qu'il caressa. Harry le regarda faire sans bouger et en silence. Le rouquin s'agenouilla entre elles, passa ses mains sous les fesses et força son amant à venir vers lui pour l'embrasser.

– Je ne peux pas t'en dissuader, n'est-ce pas ?

– Non. Je ne suis pas un homme entretenu mon cœur.

– Si tu savais comme je t'aime.

Harry l'enserra dans ses bras. Lui aussi l'aimait.

Finalement, il était heureux parce qu'il avait la certitude d'avoir fait les bons choix.


FIN

C'était le dernier chapitre. Il n'y en aura pas d'autre. Ça fait toujours bizarre de mettre un point final et un "FIN" à une fic. J'espère que ça vous aura plu

Au fait, moi qui ai dû vous gaver avec mes exams, bonne nouvelle, je les ai eus! Autant vous faire partager ma joie même si tout le monde se fiche de ma vie :)