Kuroko marchait sur le sable humide, ses pieds nus s'étaient habitués à la froide température de l'eau. Il longeait la plage privée d'Akashi et songeait à tout ce qui lui était arrivé en si peu de temps. Il voyait bien que son attachement pouvait laisser perplexe, même si dans certains côtés la dominance d'Akashi avait joué pour beaucoup dans ses sentiments. Non, ce qu'il inquiétait, c'était plutôt le rapide changement d'Akashi. Cet homme était aussi froid que de la glace et voilà qu'il parlait d'amour et d'avenir.

Kuroko se demandait s'il ne devrait pas se méfier. Peut-être était-ce une ruse de la part d'Akashi pour mieux se débarrasser de lui.

Perdu dans ses pensées, il ne se rendait pas compte qu'il avait déjà atteint les limites de la plage privée d'Akashi. Alors, il se prit les séparateurs en bois en pleine figure. La douleur le ramena les pieds sur terre, ou plutôt dans l'eau, car la marée avait bien monté et il avait de l'eau jusqu'aux genoux. Kuroko rejoignit le sable et enleva son pantalon. Il ne lui restait plus qu'à rebrousser chemin, mais il n'avait pas envie de faire le même parcours alors il choisit de rentrer par la forêt de pins qui longeaient la plage.

L'odeur de résine et des aiguilles de pin emplissaient ses narines et lui donner un sentiment de liberté qui n'avait pas ressenti depuis longtemps. Il se demanda alors Akashi se sentait comme lui, enchaîné à une réalité qu'il aurait voulu fuir.

Tandis qu'il déambulait tranquillement parmi les arbres, un son lui parvint. Il s'arrêta de marcher et tendit l'oreille, pas sûr d'avoir bien entendu. Plusieurs secondes s'écoulèrent, mais le bruit ne se reproduit pas. Alors qu'il était sur le point de reprendre sa marche, cela recommença.

C'était faible, mais Kuroko était presque sûr qu'il s'agissait d'un jappement et d'après la note aiguë, ce n'était pas un gros chien. Cependant, par où devait-il aller pour trouver l'origine du bruit. Il savait que ce chien ne devait pas avoir de maitre puisqu'il était sur la propriété d'Akashi. Un autre aboiement s'éleva et aida Kuroko à se diriger. Il marcha pendant 10 minutes, allant dans un sens, retournant sur ses pas, quand enfin il trouva.

Il s'agissait bien d'un chiot. Ce dernier avec le poil noir uniquement sur le dos, la queue et les oreilles, tout le reste était blanc. Il avait cependant, de magnifiques yeux bleus. Lorsqu'il vit Kuroko, le chiot s'approcha vers lui, ravi d'avoir trouvé quelqu'un dans cette immense forêt.

L'humain le prit et le souleva du sol pour l'amener à ses yeux.

« Qu'est-ce que tu fais tout seul ici ? » Demanda le garçon aux cheveux bleus.

Il eut pour seule réponse un aboiement, mais une chose était sûre, Kuroko était tombée sous le charme de cette petite bête.

« Espérons qu'Akashi t'apprécie également ! »

Lorsqu'il arriva devant la maison, il ne fut guère étonné de voir que Seijuro l'attendait. Il était parti depuis longtemps sans dire où il allait et connaissant son amant et sa manie de tout contrôler, il devait sûrement bouillir.

« Je peux savoir où tu étais ? ! Et c'est quoi ça ? » Demanda Akashi en pointant du doigt la boule de poils qui se trouvaient dans les bras de Kuroko.

« Mon chien. » Répondit Tetsuya avant de rajouter devant le regard noir d'Akashi. « S'il te plaît. »

« Hmm… Du moment que c'est toi qui t'en occupes, ça me va. Mais il fait ses besoins dans ma maison, je le fous dehors, compris ? »

Kuroko hocha la tête et il lui sembla un instant que le chiot fit de même. Il rentra dans la maison avec Seijuro et il se rendit compte que parfois la vie nous jouait de drôles de tours, mais que si on savait prendre le bon côté de chaque chose, alors les mauvais moments pouvaient aboutir sur de bons événements.

Ainsi va la vie.


Il passa une semaine magnifique à Okinawa. Seijuro semblait plus calme et détendu et le doré de son œil n'était jamais revenu. Ils profitèrent pleinement, mais la réalité reprit son droit et un jour, le téléphone sonna.

« M. Akashi, je suis le bras droit de votre père. Je sais que vous ne voulez pas le voir, mais son état de santé s'est aggravé et il n'en a plus pour longtemps. Son dernier souhait, c'est de voir son fils une dernière fois. »

Contre toute attente, Akashi avait accepté. Ils étaient retournés en ville et après avoir déposé Kuroko chez lui, il était parti pour l'hôpital. Kise et Aomine se précipitèrent vers Tetsuya pour savoir ce qu'il se passait et ce qu'il s'était passé.

« Je suis quand même curieux Aomine ? » Demanda Kuroko après avoir expliqué aux deux gardes du corps où était Akashi. « Pourquoi tu tiens tant à me protéger ? Seijuro est curieux, mais je suis également. »

« Je suis un orphelin et quand j'étais gosse, je passais beaucoup de temps dans la rue, car je ne supportais pas les familles d'accueil. Un jour, je me suis retrouvé face à un gang et comme je n'étais qu'un gamin, ils ont eu vite fait de me régler mon compte. Ce jour-là, je serais mort si ta mère ne m'avait pas trouvé. Tu étais avec elle, tu devais avoir trois ou quatre ans, elle m'a pris dans ses bras et m'a consolée alors que je n'étais rien pour elle et que son propre fils pleurait à ses côtés. Elle m'a amené à l'hôpital et a payé les frais médicaux pour moi. Je me suis toujours promis qu'un jour je trouverais le moyen de la remercier. Alors, quand je t'ai vu rentrer dans le bureau d'Akashi j'ai su que je pouvais payer ma dette en te protégeant. »

Kuroko lui avait souri, il comprenait Aomine et il ne pouvait en vouloir à ce dernier de souhaiter le protéger. Cependant, il réussit à lui faire promettre d'arrêter de vouloir le séparer d'Akashi. En échange, Kuroko expliquerait la situation à Seijuro. Aomine accepta, il n'était pas suicidaire au point de passer à côté de ce genre d'offres.

De son côté, Akashi s'approchait d'un pas lent et mesuré, mais remplit de doute, vers la chambre où son père reposait pour ses dernières heures. Devait-il lui pardonner ? Une boule se forma dans son ventre. S'il faisait ça, alors c'était toute sa vie qu'il devrait remettre en question. Il pensa alors à Tetsuya qui l'attendait et se décida enfin à pousser la porte de la chambre.

Le bip significatif d'un appareil pour mesurer les battements du cœur se fit entendre et Akashi regarda le corps défraichi et maigre de celui qui était son père. La boule s'alourdit un peu plus et il dut se forcer à respirer plus lentement pour ne pas pleurer. De rage, de désespoir, de remords. Il était devant son père qu'il n'avait presque jamais connu. Cet homme qu'il avait longtemps détesté à tort et maintenant, il allait mourir.

« Seijuro ? »

La voix faible d'Akashi senior le tira de ses réflexions et il s'approcha un peu plus afin que son père puisse le voir. Les yeux de ce dernier s'emplirent de larmes, mais il ne dit rien, il ne parla pas. Il se contenta de prendre la main de son fils grâce aux maigres forces qui lui restaient et de la serrer un peu. Ils restèrent un long moment ainsi, plongés dans un silence qui voulait dire plus que de simple mot.

« Merci. » finis par souffler son père en le regardant droit dans les yeux. « La vie est courte Seijuro, alors profite en bien avec ton ami Testuya. »

Akashi se contenta de hocher la tête. Il n'arrivait pas à parler. Il savait que son père venait de gentiment le congédier, mais il avait le sentiment qu'il devait faire ou dire quelque chose. Pris par un élan soudain, il se pencha et dépose un léger baiser sur le front de son père.

« Adieu, papa. »

Il quitta la chambre sans se retourner, conscient que comme lui, son père devait être en train de pleurer. Mais il ne servait à rien de rester plus longtemps. Ils ne pourraient jamais rattraper le temps perdu. Rester aurait été une folle tentative de faire connaissance, tentative qui à la fin aurait fait plus de bien que de mal, car le temps d'Akashi senior se comptait désormais en heure.

Il retourna chez lui dans un état second et lorsqu'il entra dans sa chambre il fut surpris d'y trouver Tetsuya. Un maigre sourire se forma sur ses lèvres et cela suffit à Kuroko pour savoir que la rencontre avait beaucoup chamboulé le jeune homme. Il se leva du lit pour s'approcher de lui, il lui prit les mains et le guida jusqu'au matelas où il l'aida à enlever ses vêtements avant de le pousser gentiment sur le lit et de rabattre les draps sur lui. Puis Kuroko fit le tour et il s'allongea à ses côtés. Aussitôt, deux bras le serrèrent contre un torse chaud et Tetsuya rendit l'étreinte.

« Seijuro ? »

« Quelle ironie n'est-ce pas ? Moi qui aie toujours voulu que mon père souffre pour tout le mal qu'il m'avait fait, me voilà à pleurer et prier pour qu'il parte rapidement afin qu'il n'ait plus mal. »

« On commet tous des erreurs. Mon père m'a bien "vendu" à toi ! Même si je lui en veux, il m'a permis de te rencontrer. Tu ne peux plus rien faire pour le tien, mais tu lui as offert la plus belle chose à ses yeux avant qu'il parte. Tu es allé le voir. »

« C'est vrai... merci d'être là pour moi et de me supporter Tetsuya. »

« N'oublie pas que j'aime être dominé, c'est peut-être la seule raison pour laquelle je reste. » rigola le jeune homme.

« La seule, vraiment ? »

« Non, le fait que je t'aime aussi doit jouer un rôle majeur dans ma décision. »

« Et j'espère que tu m'aimeras jusqu'à la fin Tetsuya Kuroko, parce que même si tes sentiments venaient à disparaitre, je te garderais près de moi. »

Kuroko sourit sous la menace et resserra un peu plus ses bras autour du corps d'Akashi avant de répondre.

« Ainsi va la vie. »

FIN

Ainsi se termine cette fic. J'espère qu'elle vous a plus et je suis désolé pour le déroulement rapide des évènements. Je vous dis peut-être à bientôt sur d'autres fanfictions à moi.