Bonjour à tous !

Je vous présente aujourd'hui une toute nouvelle traduction, sur l'univers des X-Men cette fois, et plus particulièrement le film "X-Men le Commencement". Cette fiction s'intitule Charlotte Francine Xavier et a été écrite par Blind Author, que je remercie pour son autorisation de traduire son histoire (vous trouverez le lien vers la fiction originelle dans mes favoris). J'espère qu'elle vous plaira ; n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Comme toujours, rien n'est de moi. L'univers et les personnages appartiennent à Marvel, et l'histoire à Blind Author. Seule la traduction m'appartient.

Et comme toujours encore, merci à Mathilde de lire ces chapitres en avant-première et de les corriger. J'espère que ce n'est pas une corvée ;)

Rating : R/NC-17 dans l'ensemble, probablement PG-13 pour ce chapitre.

Warnings : changement de sexe, violence, images choquantes, références à l'Holocauste, références à des abus sur enfant, à des relations non consenties. Plongée dans les implications plus sombres liées à la télépathie, alors prenez bien les ratings en compte (général et pour chaque chapitre).

Charlotte Francine Xavier

Partie Une

L'ombre d'un sentiment


« Les pensées sont les ombres de nos sentiments, toujours plus sombres, plus vides, plus simples que ceux-ci. »

Friedrich Neitzsche


Être une femme détentrice d'un doctorat et devant faire face aux rictus et aux commentaires, mais aussi aux expériences gâchées et aux données volées (non pas que Charlotte, étant télépathe, ait eu des problèmes avec ces deux dernières possibilités) est une chose. Être une femme détentrice d'un doctorat et connaissant toutes les pensées sombres et tranchantes comme des rasoirs se cachant derrière chaque sourire cruel et rire moqueur, éprouvant le ressentiment qui arrive en vague dès qu'elle traverse un couloir en est une autre.

Après avoir défendu sa thèse dans un amphithéâtre rempli de personnes ne cherchant qu'une excuse pour la jeter dehors (et elle savait que ce n'était que la réalité, elle pouvait le ressentir, et chaque once de discipline et de contrôle qu'elle possédait n'était pas suffisant pour faire taire cet immense ras-de-marée), sortir prendre un verre était un immense regret pour Charlotte. Raven et elle choisirent un bar loin de l'université, loin des pensées qui avaient obstrué son esprit comme de la mauvaise herbe dans des hélices, et où Charlotte pouvait enfin – enfin – baisser un peu sa garde.

Suffisamment pour commencer à examiner le beau blond au bar, et pour se demander s'il apprécierait une discussion au sujet de ses yeux verts, véritable mutation d'yeux bruns.

Raven suit son regard et pouffe de rire. « Charlotte, s'il te plaît, ne me dis pas que tu vas recommencer avec cette ridicule réplique au sujet de la mutation. »

« Ce n'est pas ridicule, » se défend-elle. « Elle fonctionne, non ? »

Et elle sait pourquoi elle l'entend chaque fois dans leurs esprits. Avec une conversation aussi déterminée, orientée vers la science, elle représente évidemment une femme de carrière, l'une de ces créatures contre-nature qui ne veut ni mari ni enfant, et évidemment, elle ne recherche qu'une nuit de plaisir, ce qui est merveilleux, non ? C'était peut-être vrai – Charlotte recherche souvent une nuit de plaisir et elle peut plus facilement se protéger grâce à sa télépathie. Mais bien que l'idée d'avoir un mari et des enfants ne fasse pas encore partie de ses plans, elle ne peut pas s'empêcher, ne serait-ce qu'un peu, de leur en vouloir de faire des hypothèses.

Mais une femme aux cheveux auburn se glisse devant elle et l'appelle 'professeur', et la nuit prend une tournure des plus inattendues.


Elle s'était attendue à ce que les hommes du gouvernement la méprisent, aient du mal à la croire, mais elle ne s'était pas attendue à ce que Raven se lève et la défende comme elle l'avait fait. Pendant un instant, Charlotte est inquiète, mais elle utilise sa télépathie pour parcourir rapidement les pensées de toutes les personnes présentes dans la pièce, et se concentre sur l'homme assis dans le coin, ses plans, ses espoirs et ses ambitions... puis Charlotte sait que tout ira bien.

Cet homme est au courant pour les mutants, a essayé de convaincre ses supérieurs pendant des années, mais il ne les veut pas comme rats de laboratoire, ou comme expériences. Il les voit comme une puissante force au service du bien, et si le parfum de son ambition personnelle vient égayer ce rêve... eh bien, tout le monde est ambitieux, et son ambition à lui est née d'un véritable désir d'être quelqu'un de bien.

Et par merveille, par miracle, il n'y a pas une seule once de ressentiment ou de doute dans ses pensées il ne pense pas que Charlotte sera inutile ou incapable de l'aider parce qu'elle est une femme. Il sait ce que c'est que d'être marginalisé, d'être vu comme quelqu'un d'inférieur à la réalité, de voir les portes se fermer devant lui.

Charlotte pense qu'elle va apprécier de travailler avec cet homme. Elle s'assure même d'emmener Moira avec eux.


C'est enivrant. Raven et elle avaient été seules pendant si longtemps, et ressentir aujourd'hui la présence d'un autre télépathe dans sa tête, de ressentir une preuve aussi indéniable qu'elles ne sont pas seules, donne à Charlotte l'impression de vivre tous ses anniversaires en même temps. Les bons anniversaires, cela dit, pas ceux auxquels elle essaye de ne pas penser.

Mais au-delà même de ce brouillard qui constitue l'autre télépathe, qui essaye d'arrêter Charlotte, il y a un autre esprit, projetant de la rage, du désespoir, et un besoin violent de vengeance, si fort qu'elle tombe presque à genoux.

Charlotte n'a jamais senti un esprit tel que celui-ci. Un esprit si fort qu'il peut passer outre ses barrières, comme si elles n'étaient que de la paille, un esprit si chaotique qu'il est difficile de localiser cet homme... mais là, là, dans l'eau noire, une ombre se déplace si vite qu'elle est précédée d'une vague.

Comment peut-il bouger aussi vite ?

Elle le fixe, concentre son esprit sur la lueur de sa conscience. A sa grande surprise, la réponse à sa question arrive facilement, flottant légèrement dans son esprit, sans qu'elle doive faire ses efforts habituels et sonder l'autre esprit, synchronisant ses pensées sur celles de son sujet. Son nom est Erik, et il utile le champ magnétique pour attirer le sous-marin. Il pourchasse un homme nommé Sebastian Shaw – Herr Dokter. Et il a besoin d'elle. C'est suffisant, et elle plonge dans l'eau.

Plus tard, lorsqu'elle tremblera et ruissellera sur le pont inférieur du bateau, Charlotte s'interrogera sur son choix de mots. Elle savait qu'il avait besoin d'elle – il n'avait pas besoin qu'elle le sauve, ou de quelqu'un pour le tirer à bord. Il avait besoin d'elle.


Il est proche, si proche qu'Erik peut presque sentir le goût du métal du sous-marin sur sa langue, et il doit juste continuer encore un peu, rien qu'un peu plus, pour l'attirer à lui, encore quelques instants et il aura Shaw à sa portée...

Mais des bras se saisissent ensuite de lui, minces et musclés, et une voix...

Sauf que ce ne peut être une voix, parce qu'il ne l'entend pas résonner dans ses oreilles, et les voix n'apparaissent pas, éclairées, dans votre tête, répandant de la chaleur dans toute les parties de votre être. Les voix n'apparaissent pas avec une légère litanie de pitié/pitié/pitié et plus seul/je t'ai entendu/je suis venue et avec le sentiment qu'il a enfin retrouvé une chose qu'il ne savait même pas désirer.

C'est ce sentiment, plus que cette supplication, qui force Erik à relâcher sa prise sur le sous-marin. Le corps derrière lui se tord, les pieds battent et les projettent à la surface, et c'est la sensation de l'air sur son visage qui rallume la colère d'Erik, parce qu'il avait été si près du but...

« Lâchez-moi ! » grogne-t-il en se retournant et en repoussant la personne qui l'avait attrapé, qui qu'elle soit. « Lâchez-moi ! »

« Respirez, » résonne la voix, et en entendant avec ses oreilles au contraire de... d'avant, fait réaliser à Erik que cette voix est celle d'une femme.

« Nous sommes là ! » crie-t-elle, et le balayage du projecteur l'aveugle pendant un instant.

Lorsque sa vision se dégage, Erik nage sur place devant une petite femme portant une veste de costume trempée, avec des mèches de cheveux sombres collés sur son visage. Ses yeux sont dans l'ombre, mais il peut voit ses dents briller clairement lorsqu'elle sourit largement, bien plus largement qu'une personne tremblante dans l'océan ne le devrait.

« Qui êtes-vous ? » demande-t-il, parce qu'il peut toujours le sentir, ce frôlement de lumière et de chaleur au fond de son esprit, le genre de chaleur qui vous donne envie de vous détendre, mais que lui a donc fait cette femme ?

« Je m'appelle Charlotte Xavier, » halète-t-elle en recrachant de l'eau.

« Vous étiez dans ma tête ? » Erik ne prend pas la peine d'attendre une réponse parce qu'il sait, de la même façon qu'il peut sentir la démangeaison destructrice qui émane de la braguette et de la boucle de ceinture de cette femme. « Comment vous avez fait ? »

« Vous avez vos méthodes, j'ai les miennes – je suis comme vous, mettez votre esprit en paix. »

C'est fantastique, ridicule. Erik est en train de flotter dans l'océan, au milieu de la nuit, avec une femme qui connaît son nom sans qu'il lui ait dit, qui peut parler dans son esprit, et qui le regarde comme s'il était la réalisation de tous ses rêves.

Et c'est ce dernier élément qu'Erik a le plus de mal à saisir.

Une sonnerie retentit, ils sont tirés sur le bateau, et c'est une surprise de voir que Charlotte porte un pantalon. Ce n'est pas qu'Erik est tombé dans le piège consistant à penser que les femmes sont moins capables ou impitoyables que les hommes – dans les camps, les 'infirmières' pouvaient se montrer tout aussi sadiques que les gardiens masculins – c'est juste inhabituel de rencontrer une civile qui porte ouvertement ce qui est à l'ordinaire considéré comme un vêtement masculin.

Elle tremble et ses dents claquent lorsqu'elle va assurer à une autre femme – de toute évidence un membre du gouvernement, avec la chemise noire réglementaire et un badge pendant autour de son cou – qu'elle n'est pas blessée.

« Vous portez un pantalon, » commente-t-il, en trouvant cela ridicule de ne le remarquer que maintenant, alors qu'elle connaît son nom et dieu sait quoi d'autre.

Il ne sait presque rien d'elle.

Charlotte Xavier se fige, et ses yeux se plissent lorsqu'elle se retourne. « Oui. »

C'est le genre de ton qui le met au défi de faire des histoires à ce sujet, bien que la tension entre ses épaules et son expression renfermée lui apprennent que beaucoup avant lui l'ont bel et bien critiquée à ce sujet.

Erik sait qu'il devrait s'attirer ses faveurs, user du charme pour qu'elle lui fasse confiance, afin qu'il puisse plus facilement disparaître plus tard. Mais sa réponse n'est ni experte ni cultivée, mais automatique il n'aime pas ne pas pouvoir voir ses yeux, et il ressent le besoin irrationnel de dire une chose qui la fera le regarder comme elle l'avait fait dans l'eau.

« Ça vous va bien. »

Ses yeux sont bleus, et aussi ouverts que le ciel.