Hello !

Ok, ok, ok... Je sais que j'ai un petit - énorme - retard quand aux postes... Mais je suis tombée malade, et ça m'a clouée plusieurs jours. Et puis, j'ai eu une interprétation de théâtre à donner, on a multiplié les répétitions, et je ne trouvais pas le temps d'écrire. Dans ce cas-là, soit je baclais le travail en expédiant un chapitre vraiment moyen pour répondre à ma promesse de la semaine, soit... je vous faisais attendre. Préférant la qualité, à la quantité, j'ai opté pour la seconde solution.

Bon, finalement, vous avez LA qualité - prions pour, les enfants - et LA quantité ( si, si, un chapitre de trente-quatre pages !)

J'espère qu'il vous plaira, j'ai tenu à éclaircir de nombreuses zones d'ombre qui persistaient - bon pas toutes, faut pas rêver ;D

Je vous fais de gros bisous, et je remercie de tout coeur pour leur soutien : BellaJedusor, amylee, LaLucarne, PouleauPotter & NerverForgeett !

Bonne lecture et... on se retrouve plus bas ;)


Chapitre Douze


« Alors chéri ? Comment s'est passée ta journée au travail ?

Malefoy s'étouffa littéralement avec son whisky pur feu, recrachant sa gorgée sur sa chemise auparavant immaculée.

Incertain, il considéra Hermione, qui feuilletait un épais livre, sur le canapé. À l'extérieur du salon, le jour persistait encore, malgré le début de soirée.

- Tombée sur la tête, Granger ?

- Non. J'essaie juste de m'habituer à te donner des surnoms affectifs, mon amour.

- Oh pitié Granger, épargne-moi cette partie de la mascarade.

- Excuse-moi mon cœur, je ne voulais pas t'être déplaisante. Moi, de mon côté, après que tu m'aies lâchement abandonnée à Saint Mangouste, je suis rentrée ici. Je t'ai préparé des petits pancakes au sirop d'érable. Tu sais, ceux que tu aimes tant et que je te cuisinais avec amour durant nos premiers mois ensemble ? Après nos parties de jambes en l'air, le matin ?

- Granger, tu me fais vraiment peur. Tu es sérieuse, là ?

D'un coup de baguette, Drago nettoya sa chemise, et scruta davantage la Gryffondor, impassible, qui mâchouillait sa plume, sans interrompre sa lecture.

- Alors, le travail ? T'imaginer concocter des potions m'a toujours fait un drôle d'effet. Toi, au-dessus des volutes de fumée, le…

- C'est bon, je me tire », claqua Malefoy en tournant les talons.

Hermione l'entendit escalader l'escalier d'un pas empressé, et masqua un pouffement. Certes, prononcer de telles paroles lui donnait la nausée, mais au moins, elle s'était vengée de l'abandon de Malefoy, ce matin, à Saint Mangouste.

Si elle avait espéré, quelques heures plus tôt, une rencontre assez… remarquable avec Ron, elle avait été démentie. Et blessée. Non seulement il n'avait surgi qu'une poignée de secondes, mais il n'avait pas paru... C'était Ron. Un nouvel homme, qu'elle ne connaissait pas. Qui lui souriait seulement avec affection.

Qui avait une femme et un fils.

De nouveau, son cœur se serra douloureusement, et des larmes envahirent ses yeux. Sa brève victoire sur Malefoy se distilla aussitôt.

Elle se replongea dans sa lecture, seule manière qu'elle avait trouvée, de pallier à ses multiples sentiments.

Ce bond dans le futur avait eu des avantages incontestables ses auteurs favoris avaient ainsi disposé de huit années afin de rédiger de nouveaux ouvrages !

Après mûre réflexion, elle avait avisé que Malefoy avait eu raison, le matin, en assurant que leurs vies ne seraient pas métamorphosées, si elle se mettait au travail à l'instant. Aussi, elle avait décidé de s'octroyer une journée de paix, après ces soixante-douze heures mouvementées – quoique cauchemardesques aurait été plus judicieusement choisi.

Justement Malefoy revenait, trainant des pieds, et s'affaissait dans un autre canapé, plus près du foyer où quelques braises rougeoyaient – à quoi bon, alors qu'on était en juin ?

« Dis-moi que tu rattrapes ton retard sur notre monde Granger, et que tu n'es pas en train de lire un stupide roman ?

- Tiens, puisque tu engages le sujet ! s'exclama Hermione en abaissant son ouvrage. Ton plan A est fabuleux Malefoy s'intégrer à ce nouveau monde, oui, bien sûr. Mais la partie B, elle intervient quand ?

- Quelle partie B ? sourcilla Malefoy, sceptique.

- Celle où on cherche une solution et où on se tire chez nous. Tu vois ?

- Mais… on fait les deux à la fois. On évolue ici, et on essaie de comprendre ce merdier. Ça me paraissait évident.

- Évident, ricana Hermione. Et comment on fait nos recherches ? On consulte quoi comme bouquin ? Bordel, mais tu te fous de ma gueule ?

- J'aurais dû m'en douter. Le rat de bibliothèque a perdu son sanctuaire, persifla Malefoy.

Hermione le fusilla du regard. Et soutenir ses yeux acier, puissants, déroutants de force, dans son visage qui avait vieilli, davantage taillé, était impossible.

Chacun de ses traits s'était mué, affermi, devenu davantage masculin, séduisant, saillant. Son menton était plus prononcé, ses lèvres charnues, son charme évident. Et ses yeux plissés, décriant la fatigue de leur propriétaire, retenaient Hermione prisonnière de leur étau.

Troublée, elle dut inspirer consciencieusement, et détourna son regard chocolat.

- Franchement Malefoy, on ne peut pas se disputer à longueur de temps.

- Tu as commencé, Granger.

- Faisons un pacte. Un pacte de non-agression.

- Je ne signerai rien avec une sang-de-bourbe.

- Tu ne disais pas ça, samedi, lorsque tu me pelotais.

- On m'avait sûrement drogué.

Désespérée, Hermione abattit sa main sur son minois, et repoussa les boucles châtaines qui striaient son front.

- Malefoy, sois adulte. On ne peut plus jouer, on n'est plus à Poudlard. On n'a plus le luxe d'être deux adolescents débiles. On est censés être mariés, en pleine guerre, on a une fille, et un travail chacun.

- Sérieux Granger ? J'en ai rien à foutre de ton pacte. Ce n'est pas parce que je t'appellerai par ton prénom devant les autres, que tu seras à mon bras et que je te sourirai, que cela ôtera mon envie de te réduire en poussières.

- Au moins, c'est clair. Si tu veux qu'on commence à se cracher à la figure, tu aurais dû le dire plus tôt, j'en…

- C'est bon Granger, nous…

- On doit s'unir bordel, sinon, on s'en sortira jamais ! Tu sais les recherches que ce bond implique ? Le nombre d'heures de travail qui m'attend ? Je ne peux pas perdre une minute avec tes idioties !

- Je consens à te donner mon souvenir de ma dernière journée, mais rien d'autre. Tu te débrouilles pour le reste, jeta Malefoy, en croisant ses bras sur son torse développé.

- Mais quoi, tu te fiches qu'on retourne dans le passé ?

- Grangie, Grangie, Grangie… J'sais pas si t'es au courant mais on n'est pas autant à la dèche que tu sembles le croire. Y a une bibliothèque au Chemin de Traverse, et…

- Non. Il n'y en a pas.

- Tu n'as pas lu le numéro 457 de la Gazette. Après la prise de Poudlard, tes charmants amis ont monté une école à Londres, avec une gigantesque bibliothèque.

Quoi ! Alors l'Ordre existait encore ? Une école ! Bien sûr, comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ! Ils avaient établi un parti politique et une école ! Créé de nouvelles bases !

- Qui est à la tête ? s'impatienta Hermione, le cœur battant.

- J'sais plus moi…Y a bien ma tante…

- Bellatrix ? s'étrangla Hermione, blême.

- Ouais, je la verrais bien enseigner comment nourrir une licorne avec un biberon, s'esclaffa Malefoy, en se renversant sur le canapé. Mais non, idiote, Andromeda !

- Ah ! Qui d'autre ?

- Sa fille, et son mari le loup-garou, y avait aussi la belette, l'autre abruti de botanique…

Thonks, Lupin, Ron, Neville, oui… Mais… Dumbledore ? McGonagall ?

- T'as l'air déçue Granger. T'espérais quoi ?

- Rien.

Elle n'allait certainement pas lui révéler le fond de sa pensée. Elle ignorait toujours pour qui il était – quoiqu'elle en avait une vague idée.

Ce qui la ramenait à un problème bien tenace. À chaque heure en sa compagnie, elle risquait n'importe quoi. Qu'il fasse venir ici – étant gardien du secret – Voldemort et ses sbires. Ils la prendraient en otage, et Harry se livrerait… Elle était en danger, et s'il s'était retenu dans l'heure, elle ignorait ce qui le motivait à agir de la sorte.

D'un coup d'œil prudent, elle avisa sa propre baguette magique, nichée contre sa cuisse, dans une poche de son jean.

Puis, faisant mine de poursuivre sa lecture, elle rapprocha son livre de ses orbes. Si l'Ordre était en partie dans une infrastructure scolaire, cela signifiait que tout n'allait pas au plus mal.

- Malefoy ?

- Mmh ?

- Comment as-tu trouvé l'adresse de notre maison ?

- Acte de vente, dans ton bureau.

Il ignorait donc qu'il était le gardien du secret de cette maison… Elle se garda de le lui dévoiler.

- Dis-moi Malefoy… j'ai été surprise de ton intervention, au Gala.

- Laquelle ? ajouta distraitement le blond, en ébouriffant ses cheveux soyeux.

- Face à l'attaque de mangemorts.

- Ah. Ça.

- Oui. Ça.

- Oh.

- Oui, « oh ». Ce n'était pas comme si tu avais combattu contre tes amis et ta famille.

- Bah écoute, j'ai suivi le mouvement.

Hermione se redressa plus convenablement, et le fixa, stupéfaite. Il se moquait réellement d'elle, non ? Comment justifier une telle réponse, dans ce cas ?

- Pourquoi tu n'as pas aidé ta famille ?

- T'as pas l'air au courant, mais… je suis un peu un « déserteur ». Tu vois ?

- Et alors ?

- Eh bah je me suis fait attaquer comme vous tous, révéla Malefoy d'un ton évident. Tu crois qu'ils vont m'accueillir à bras ouverts en face ? Qu'ils vont croire à « Eh, je viens du passé, on se tape dans la main » ? C'est la guerre, Granger.

- D'accord. Donc toi, tu es là, pépère, à accepter posément la situation, alors que tu luttes dans un camp ennemi au tien ? Tu me prends vraiment pour une conne ?

- Non, mais ça va finir par arriver, siffla Malefoy.

- Tu combats tes parents. Ta tante. Ton maitre. Et avec le sourire ?

- J'y crois pas, Granger essaie de me pousser dans les bras du maitre, ricana Malefoy. Ecoute Granger, on va être plus franc. Je n'ai aucune intention de crever ou de rester ici. On va repartir dans le passé, et ce qui nous arrive ne se produira jamais.

- Là-dessus, on est d'accord.

- Si Père sait avec quel horrible individu je suis marié, il m'a probablement déshérité, soupira Malefoy, d'un air blasé. Alors juste pour cette raison, cela ne vaut pas le coup.

Hermione se leva, et tirant sa baguette, se pencha rapidement dans la direction du blond.

- Je ne te fais pas confiance, Malefoy.

- C'est une première !

- Tu es même capable d'avoir fait entrer ces mangemorts, lors du Gala.

- Bien sur que c'est moi, je prenais le thé avec le Maitre juste avant.

- Arrête ça ! hurla Hermione en pointant sa baguette sous son menton. Donne-moi une seule raison qui ne te donnera pas envie de rejoindre ton maitre en courant !

- Aucune. Mais… le maitre ne croira jamais que je puisse venir du passé. Personne ne le croira. Pour eux, ce serait le mensonge du siècle. Et si tes amis apprenaient que je voulais fricoter avec les rangs des mangemorts, je serais mort. Je ne peux rien faire qui m'assure de vivre. Alors, je n'ai vraiment aucun intérêt à bouger dans l'heure, Grangie. Rassurée, amour ?

Hermione grimaça, avant de s'éloigner de lui. Elle réajusta sa chevelure bouclée en un chignon las, et se déplaça vers la grande baie vitrée, contre laquelle elle s'appuya.

- Je ne te fais pas confiance pour autant, lâcha-t-elle. Je te surveillerai. Et tu as intérêt à m'aider dans mes recherches.

- Puisque tu y tiens tant. Je sais que ma compagnie est d'un…

- Tu n'auras qu'à me laisser ton souvenir, ça suffira. »

Hermione dissimula un sourire moqueur en imaginant la moue que devait afficher le sang-pur. Déjà, ils parvenaient à discuter sans recourir aux poings. C'était un… progrès ?

RRRR

« Oh Dio, arrêtez tout ce que vous faites ! La plus belle femme au monde vient d'arriver !

- Zab, toujours aussi beau parleur, pouffa Pansy en s'approchant du métis.

Elle s'était frayé un chemin au travers de la foule déchainée qui parcourait déjà la piste de danse du bar Z'inLove, en ce début de soirée printanière. Le métis, propriétaire du bar le plus branché du moment, lui souriait de ses dents blanches, derrière le comptoir.

Vêtue d'une robe bleu électrique, aux nombreux reflets, les cheveux volumineux sur ses épaules, Pansy avança jusqu'à lui, sans tanguer malgré ses escarpins vertigineux. Elle se jucha sur un tabouret, et claqua un baiser sur la joue de son meilleur ami.

- Ce soir, DJ Crivey au platine ! Ouais ! Ouais ! beuglait l'ancien photographe, depuis son poste, à l'autre bout de la salle, recouvrant à peine le capharnaüm musical.

- C'est de la folie ton bar, dut presque crier Pansy en direction de Blaise.

- Ce n'est pas un bar, Pansy chérie. C'est un club de rencontre, un salon de thé, une discothèque et un bar. D'ailleurs, lorsque t'en auras ras-le-bol du rouquin, tu…

- T-t-t ! Ce rouquin, c'est l'homme de ma vie, Zab. Alors si tu tiens à ton petit cul, je te conseille de ne plus ramener ça sur le tapis. Vu, mon chou ?

- Yep. Un thé aux fruits rouges ?

- Allez, soyons fous ! »

Rieur, Blaise lui versa aussitôt sa mixture favorite dans une tasse de porcelaine blanche, et la déposa face à elle. Il y adjoignit quelques palets bretons devant lesquels, Pansy pouvait céder son monde entier – uniquement s'ils étaient faits pur beurre.

« Que me vaut l'honneur de ta visite ? s'enquit Blaise, après avoir rempli trois plateaux de commande, que des serveurs délivraient déjà.

- Tu parles comme si je ne venais jamais ! répliqua Pansy, en sirotant son thé.

- Définition de « jamais » ? railla Blaise.

- On s'est vus, déjà, au Gala, mon chou. Tu perds la mémoire. Ou alors, c'est Romain, qui t'en fait voir de toutes les couleurs ?

- Déjà, je n'ai pas dit qu'on ne se voyait pas. J'ai insinué que tu ne mettais jamais les pieds ici. Et ensuite… j'ai plaqué Romain. Il me faisait sentir… femme ?

- Parce que tu sais ce que c'est, que d'être femme ? se moqua Pansy, le menton relevé. Tu as tes règles une fois par mois pour gâcher ta vie, une paire de seins sur lesquels les hommes louchent, des talons qui te tordent les fesses ? Sans parler des gamins ! Tu sais ce que ça fait, d'être enceinte ? Peter m'a saccagé le ventre, il m'a éclaté la vésicule biliaire, a ratatiné mes intestins, a fait de la compote de mon estomac, a…

- Oh putain ! Je le savais ! s'écria Blaise d'une voix aigüe. Félicitations, ma chérie !

Pansy lui sourit d'un air désabusé, et cambra davantage ses reins.

- Ça se voit pas beaucoup hein ?

- C'est vrai, pourquoi ?

- J'use de sorts de protection, afin de le cacher. Avec les menaces contre le journal, je préfère qu'on ne me sache pas si vulnérable…

- De combien ?! s'enquit Blaise en fixant son ventre.

- Presque quatre mois.

- Vilaine, c'est pour cela que tu ne venais plus ?

- Les nausées, approuva Pansy. Mais ça va mieux, je vais reprendre un peu ma vie sociale. D'ailleurs… mercredi, mon chou ?

- C'est l'anniversaire de Drake, ouais. Ici ?

- On voudrait un endroit… neutre. Avec l'attaque du Gala, on pense que le mieux c'est chez toi. Vu qu'il n'y a jamais d'attaque, et que mangemorts et nés-moldus filtrent ici en toute tranquillité. Possible ?

- Carrément. Je vous réserve une salle à l'étage ? se renseigna Blaise en tirant un bloc-notes de sa poche.

- J'sais pas.

- Comment va Hermione ?

- Pas terrible. Elle a des problèmes de mémoire. Mais motus et bouche cousue.

- Tu me connais, chérie, aussi muet qu'une carpe… Si tu veux, je vous mets une pièce de côté, et vous aviserez.

- T'es un amour, Blaise ! approuva Pansy en grignotant son biscuit.

- Tu pourrais plaquer le rouquin, et tous les deux, on se tire sur une île ?

- Toi et moi, ou toi et mon rouquin ? s'enquit Pansy, dubitative.

- Eh bien, je rêvais plus de toi et moi, mais finalement… tu as toujours eu bon goût pour les hommes…

- Idiot ! s'esclaffa Pansy en se relevant. Mercredi, vers vingt heures je pense.

- Vous aurez les petits ?

- Aucune idée. Si on peut les laisser à la mère d'Hermione, on se privera pas. C'est pas tellement top ici, pour les gamins.

- Arrête, on va installer un trampoline ! revendiqua Blaise, en remplissant un plateau de boissons, pour une énième commande. Hulrick, la quatre est prête !

- S'il y a un trampoline, ça change tout, ironisa Pansy en déposant de l'argent sur la table.

- Reprends tes sous, Weasley !, ordonna Blaise en repoussant l'argent. C'est la maison qui offre. »

Pansy eut de nouveau ce rire de gorge qui troublait tant les hommes. D'ailleurs, nombreux pivotèrent vers elle, lui décochant un coup d'œil de braise. Et son ventre, parfaitement dissimulé, ne pouvait pas vraiment les décourager.

Malgré les vociférations de son meilleur ami, elle ne récupéra pas son argent, et fila à l'extérieur. Elle dégaina sa baguette, et tournoya sur elle-même.

RRRR

« Alors, est-ce fini ? Avez-vous terminé d'examiner notre bâtiment de fond en comble ?

Boot pivota en direction de Milaine, son accent italien ayant encore percuté ses oreilles, lui tirant des frissons délectables. Et à présent, plongé dans les yeux bleus d'un mètre cinquante-trois, il en oubliait de déglutir. Il n'apercevait même pas la grande salle du Gala, il vacillait presque.

Une vélane. C'en était une. Il en était certain. Son cœur qui arrêtait de battre, que son torse semblait engloutir, ses pensées qui se focalisaient sur elle…

- Alors ? réitéra Milaine, de sa voix suave.

- O-o-oui… Je….

- Vous semblez mal en point ?

- Excusez-moi… la… la fatigue… Nous… allons réquisitionner votre liste… des invités, que nous interrogerons… et vous serez tenue informée.

- J'ai tout de même une légère question. En quoi cette liste sera-t-elle nécessaire, puisque le lieu est sous Fidelitas ? Vous ne pourrez voir ni les personnes qui sont venues ici, ni celles qui en sont reparties.

- Pas exactement… les listes du ministère… nous offrent la possibilité d'émettre un périmètre… Bien que l'adresse d'un lieu sous Fidelitas soit tenue secrète, et que le lieu ne puisse être énoncé ou vu, à moins d'être dans le secret, nos listes nous offrent un palliatif. Lorsqu'une… personne va dans un lieu sous Fidelitas, nous obtenons le nom de la zone où il est, mais rien d'autre. Nous n'aurons qu'à procéder par zone… afin d'établir… tout cela.

- C'est pour cela que le ministère planifie d'apposer un sort de traçage sur chaque sorcier ? Afin que l'on soit suivis du matin jusqu'au soir, peu importe le moyen de transport usité ?

- Oui. Cela, dans l'intérêt de chacun, afin d'assurer la plus grande sécurité possible, et de garantir que nous punirons les réels coupables.

- Mais… alors, ce sort de traçage… détruira les Fidelitas ?

- En effet, c'est une conséquence. Il y aura…toujours les lieux magiques, tels que Poudlard, qui sont incartables, en revanche. Mais les maisons sous Fidelitas seront visibles de tous.

- Et vous trouvez que c'est bien ? demanda Milaine en croisant ses bras. Les attaques vont se multiplier.

- Mais enfin ! Que craignez-vous ? Nous sommes là pour assurer votre sécurité. Avec le traçage, il ne vous arrivera plus rien. Il vous suffira de jeter un appel à aurors, et nous consulterons votre position, pour rappliquer dans la seconde. Rien n'aura jamais été autant sécurisé. Si vous voulez m'excuser, je dois faire mon rapport.

- Je vous enverrai la liste par hibou, assura Milaine.

- Je… je vous remercie, balbutia Boot, ayant croisé ses yeux encore une fois.

Hébété, il se détourna, et, son équipe sur les talons, quitta le grand bâtiment. Milaine pivota lentement vers le comptoir, et concerta la surface en marbre sombre, où se reflétaient les lumières.

- C'est certain, nous sommes entièrement rassurés, désormais, souffla-t-elle. Tracés comme des malfaiteurs, nos vies racontées comme celles de romans… Entièrement rassurés, vous dis-je. »

RRRR

« Maitre…

- Entre, Bella.

Dans la Grande Salle, encore le silence incertain flottait. Dans un angle éloigné, des dépouilles reposaient. Le sang qui les recouvrait en quantité, était encore d'un rouge bordeaux, signe qu'il avait coulé peu auparavant.

Lentement, Bellatrix avança dans l'imposante salle, les lèvres pincées. Elle s'agenouilla face à Voldemort, n'osant pas même le sonder de ses prunelles folles.

- J'ai fait ce que vous m'aviez demandé, maitre.

- Bien.

- Nous ne pourrons plus avancer sans la solution.

- C'est une question de temps, Bella.

- Dites-m'en plus. J'ignore comment vous comptez…

- Chaque chose en son temps. La solution arrivera plus tôt que tu ne le crois. Nous avons été si patients, Bella… il serait sot de gâcher ce pour quoi nous avons basé nos vies ?

- Ce pour quoi… tuer Harry Potter n'est plus votre objectif ?

- Mon objectif reste inchangé. Il a juste… changé de place dans mes priorités, Bella. Prépare la seconde escouade.

Bellatrix opina lentement et se releva.

- Maitre… dans tout cela… collaborons-nous réellement… avec le ministère ? J'ai… entendu ces rumeurs.

- Elles sont entièrement fausses, Bellatrix. Dispose. »

Et Bellatrix partit, refermant la porte de chêne dans son dos. D'un pas souple, sa cape tourbillonnant derrière elle, elle prit la direction des cachots. Si seulement Rodolphus avait été plus intelligent… Plus rusé. Il pourrait encore être là.

Sans un seul grincement, l'épais battant pivota de nouveau sur ses gonds, et une ombre se faufila, avec une grâce aérienne. Dans un silence complet.

« L'extraction aura donc lieu mercredi ? souffla Voldemort.

- Mercredi soir.

- Ne ratez rien. Je ne serai pas… clément.

- Tout sera accompli selon vos désirs.

- J'ai bien trop entendu cette phrase. Je veux qu'elle soit exaucée. »

RRRR

« Harry, quelqu'un frappe à la porte, ouvre !

- Gin', j'ai Ambre et Juliette dans les bras…

- Laisse, j'y…

- Maman, je peux avoir du lait dans mes céréales ?

- Ça frappe encore !

- Ça doit être Ron, va ouvrir, Ginny, je…

- Quelqu'un peut mettre du lait dans…

- Pourquoi James n'a-t-il pas encore fini de…

- Ambre a caché ma poupée ! Où qu'elle est ?

- Ça frappe en-… JAMES SIRIUS POTTER !

Harry leva les yeux au ciel, en descendant l'escalier, les deux jeunes filles dans les bras. Ainsi qu'il l'avait supposé, James avait usé de magie, et déversé la bouteille de lait entière sur le carrelage de la cuisine.

- Y en a même pas dans mes céréales !

Ginny, lâchant sa poêle à frire où plusieurs tranches de bacon cuisaient, agita sa baguette, nettoyant le sol. Harry déposa les deux fillettes au sol, et s'empressa vers la porte de la maison. Découvrant ainsi Ron, qui bâillait aux corneilles, se soutenant au cadre.

- Hey. Je peux entrer ?

- T'as l'air claqué, vas-y.

Ron emboita le pas à Harry alors que celui-ci le conduisait à la cuisine. James dévorait enfin ses céréales, imité par sa sœur et son amie, que Ginny avait servies.

Harry et Ron prirent place à la table, et le premier reçut une assiette comportant plusieurs toasts, ainsi que du bacon et des œufs.

- Pansy t'en fait baver, hein ? devina Harry.

- Chez elle, être enceinte, c'est de la psychose, baragouina Ron, son visage couvert de cicatrices dans la main. Elle applique l'esprit de groupe, dit-elle. Tout ce qu'elle vit, elle me le fait subir.

- La vie palpitante de Parkinson, ricana odieusement Ginny en gagnant l'étage supérieur.

- Ouais, palpitant, répéta Juliette, bien qu'ignorant le sens de ses paroles.

Harry pouffa, engloutissant rapidement une bouchée de son assiette. Ron se servit une tasse copieuse de café, scrutant les enfants d'un œil vitreux.

- Où est Peter ? remarqua Harry.

- L'ai déposé chez ma mère, marmotta Ron. James, je t'embarque dans deux minutes.

- Pourquoi on peut pas venir ? rouspéta Juliette.

- Je croyais que tu n'aimais pas ton frère ? rappela Harry, moqueur. C'est étrange de vouloir suivre partout ceux qu'on n'aime pas, hein, mademoiselle ?

- T'as bien suivi Voldemort pendant quelques années, badina Ron sans entrain.

- On veut venir ! ordonna Ambre. Nous aussi, on veut aller à l'école !

- Tu m'étonnes, avec du sang Granger dans les veines, elle va même vouloir y séjourner ad vitaem. T't'rappelles quand on a eu nos ASPICS ? lâcha Ron à Harry.

- Ouais, Hermione ? Elle pleurait, elle se tenait aux murs du château… « J'veux pas partir ! Dites-leur que j'ai triché aux examens, que je dois rester encore une année de plus ! »

- Je croyais qu'on flipperait plus qu'elle, de quitter le château, admit Ron.

- C'est surtout elle, qui nous a fait flipper, s'esclaffa Harry en achevant son assiette.

- C'est vrai, en plus. Tellement, qu'au mois de Septembre, toi et moi qui savions pas ce qu'on voulait faire de nos vies, on avait déjà trouvé !

- Pourvu que ce soit loin d'elle, accorda Harry, hilare.

- Vous êtes encore là ?! s'exclama Ginny en déboulant de l'escalier, ayant troqué sa robe de chambre contre des habits, consultant sa montre. Vous êtes à la bourre !

- Eh merde…

- On dit pas de gros mots, monsieur ! réprimanda Juliette à l'adresse de son oncle.

- C'est mal poli…, affirma Ambre.

Ron leva les yeux au ciel, avant de se relever, avalant son café d'une traite. Harry l'imita, attrapant sa baguette et sa cape d'auror, tandis que James quittait précipitamment la table, allant quérir son cartable.

- Tu fais quoi, Gin, aujourd'hui ? demanda Harry, en enfilant sa cape.

- Je dois aller chez Mme Guipure, prendre des pantalons pour James, il me les troue tous… Je m'arrêterai sûrement acheter quelques bricoles pour Hermione, elle doit être un peu désorientée.

- Bien vu, admit Harry, avec un sourire doux.

- Je veux voir maman, lança Ambre.

- On verra, elle est très fatiguée, contra subtilement Ginny. Je vous laisserai chez Molly, les filles, il y a Peter là-bas, à ce que j'ai entendu.

- Si l'un de vous tombe sur l'article de la Gazette, quant au Gala, vous risquez d'avoir des nausées, prévint Ron. Allez, James, on file, bonhomme. Je vous le ramènerai ce soir.

James opina, et emboita aussitôt le pas à son oncle et tous deux se retirèrent. Les deux époux Potter se concertèrent brièvement, s'adressant un léger rictus, repassant en boucle la manière dont Ginny avait réveillé Harry, lui donnant le change de la veille…

- Papa ! Papa, je te parle, rouspéta Juliette.

- Oui ?

- On pourra aller au Petit Parc du Bonheur, samedi ?

- Celui des Greengrass ? fronça Ginny.

- Woui !

- Avec les animaux ! précisa Ambre, battant des mains.

- Et le petit train !

- Oh, oui !

- On verra, marmonna Harry, dépassé – il sentait que les deux filles allaient se liguer ensemble et devenir passablement infernales. Bonne journée, Gin', ajouta-t-il en joignant leurs lèvres.

Et à son tour, il se rua à l'extérieur. Avant de revenir, prendre sa baguette oubliée.

- C'est plus pratique, pour transplaner, hein ? », railla Ginny.

RRRR

« Tu pars travailler ? releva Hermione, en ouvrant le frigidaire magique de la cuisine.

- À ton avis, Granger ? Huit heures du matin, mardi, jour de semaine ?

- Je suis tellement habituée à te voir te tourner les pouces, persifla Hermione en tirant à elle une bouteille de lait.

Malefoy se trouvait à quelques mètres derrière elle, mastiquant une bouchée de pancakes, ses yeux acier survolant le journal qu'un hibou leur avait délivré.

- Eh bah, le ministère a une drôle de façon de penser, marmonna-t-il.

- Que dis-tu ? s'enquit Hermione en se servant une tasse de lait.

Oui, elle évitait consciemment le regard de Malefoy. Et ce n'était pas parce qu'il la perturbait ! Enfin… un tout petit peu… Se ferait-elle au corps vieilli de Malefoy ?

- Au fait Grangie, toi aussi, tu vas devoir retourner bûcher, lundi prochain, rappela Malefoy, avec une moue torve.

- On sera sûrement revenus dans le passé, d'ici-là, contra Hermione. Je vais tout mettre en œuvre pour.

- T'es un peu utopiste. On ignore comment on est arrivés là. Juste le temps d'établir la raison, ça risque de nous prendre des jours.

- Je vais aller jeter un coup d'œil à cette école dont tu me parlais, lâcha Hermione, toujours le dos tourné au blond.

La cuisine, lumineuse et spacieuse, possédait de multiples meubles en bois clair, qu'Hermione soupçonnait être du cerisier. Cela agrandissait prodigieusement la pièce, lui offrant une sérénité qu'Hermione appréciait largement.

- D'abord, diagnostiquer les raisons de notre arrivée. A-t-on été envoyés par quelqu'un ? A-t-on oublié qui, comment et pourquoi ?

- À mon avis, Grangie, c'est la potion de Londubat. Lorsque son chaudron a explosé en cours de potions, et qu'on a été tapissés. Putain de Londubat de merde. Si jamais Sev' me remet à côté de lui, je leur arrache la…

- C'est une possibilité, acquiesça Hermione, en attrapant une plume et un parchemin. Je vais étudier les sorts, les potions et les malédictions qui en parlent. Peut-être que j'irai feuilleter les livres d'histoire… si quelqu'un parle de deux adolescents projetés dans le futur afin d'empêcher un drame ou que sais-je… Dans tous les cas, il me faudra ton souvenir de la dernière journée que nous avons vécue.

- Y a un truc que tu devrais faire, Granger.

- Quoi donc ?

- Les courses, femme. Remplis ton devoir. Astique la maison, et fais le plein de nourriture.

Et Malefoy quitta la cuisine d'un pas majestueux.

- Espèce de sale petit con arrogant ! explosa Hermione en direction du corridor. Ah oui, c'est sûr que la situation profite à monsieur ! Un emploi avec un salaire titanesque, une situation sociale plus qu'enviable, une maison magnifique, une…

- Surtout, ne vante pas mon épouse. Ses cheveux sont une calamité capillaire, et son sang est d'une crasse à faire pâlir un lépreux », retentit la réponse, avant que la porte d'entrée ne claque.

Fulminante, Hermione expédia l'ensemble de leurs aliments – le lait, les pancakes, et le porridge restant – dans le frigidaire. Elle s'en fut aussitôt au salon, où elle empoigna un sac à main, qui comportait un portefeuille bien garni, ainsi qu'un parchemin avec l'ensemble des recherches à effectuer. Restait à négocier l'accès à la bibliothèque, et à prier que cette dernière soit suffisamment fournie…

Mais… cela impliquait qu'enfin, elle allait retrouver l'Ordre. Ses amis.

Une des baies vitrées l'interpella. Elle y dénicha son reflet, et sourcilla, à sa vue. À sa silhouette non plus, elle ne s'habituait pas. Plus femme, une poitrine plus prononcée, des hanches plus affirmées. Et, parée d'un débardeur qui renforçait sa gorge plus généreuse, son ventre plat, et son jean qui affirmait ses courbes, elle ne se reconnaissait pas. Mais étrangement… elle s'aimait. Ses boucles châtaines assagies, ses yeux agrandis et qu'elle avait osé maquiller.

« Si vous n'êtes pas au goût de votre mari, vous êtes au moins à votre goût. Vous pourrez toujours vous épouser, lorsqu'il vous aura plaquée », ricana froidement Rogue, depuis son portrait.

D'un pas vif, Hermione se saisit de sa baguette, d'un léger gilet en soie, et sortit. Dehors, le soleil l'éblouit, et elle le retrouva avec un grand sourire. Au moins, c'était toujours cela de gagné. Elle avait quitté un hiver rugueux, pour un nouvel été flamboyant.

Et elle transplana.

RRRR

« Vas-y, on ouvre les paris ! Les Egyptiens sont morts, cette année.

- Déconne pas, ils vont tout pulvériser, Bill. La Coupe de Quidditch est pour eux.

- J'sais pas, leurs performances ont vraiment laissé à désirer. Fleur prétend que les Français ont fait beaucoup de propagande, mais bon…

- Hey, Potter vient d'arriver, remarqua Kenn.

- Tu veux un café, Harry ? demanda Bill.

- On doit pas partir de suite sur le terrain ? s'étonna Harry. On ne relaye pas l'équipe de nuit ?

- Négatif, répondit Bill. Smirk a rallongé l'équipe de nuit jusqu'à neuf heures pour qu'on ait une heure afin de faire nos rapports sur le week-end.

- Ok. Je veux bien un café dans ce cas. Je vais dans mon bureau, dis à Finnigan qu'il doit passer me voir. »

Bill approuva, et Harry se dirigea vers son bureau, dépassant le comptoir de sa secrétaire attitrée.

« Beaucoup de courriers, ce matin, Léna ? s'informa-t-il.

- De la folie monsieur. J'ai reçu près de cent beuglantes, et je dénombre déjà près de cinq cents lettres et il n'est que huit heures…

- QUOI ? s'étrangla Harry en faisant volte face.

- Vous n'avez pas lu La Gazette, alors, baragouina la secrétaire en baissant son nez.

- BILL ! beugla Harry. LA GAZETTE, DE SUITE ! Putain, on se repose une seule et unique journée dans sa vie, et le lendemain, on le regrette tellement qu'on jure devant Merlin que plus jamais on ne s'assoupira… »

Harry ôta sa cape, la jetant en boule sur sa chaise, et, d'un coup de baguette, dégagea la paperasse qui s'empilait sur sa table.

Dans le couloir, Léna déchirait encore des lettres, et les voix menaçantes des beuglantes s'élevaient, emplies d'injures :

« C'est une honte, un scandale ! Vous vous faites passer pour des sauveurs, mais vous êtes devenus les maitres de l'incompétence ! Cette année, je ne paierai pas mes impôts, je refuse de cotiser une seule minute de plus pour un système aussi merdique ! Relevez bien mon nom et mon adresse, je vous attends de pied ferme chez moi. Vous n'avez qu'à m'arrêter, vous ne savez faire que ça ! Arrêter les gens biens ! »

« Ah, il est beau le ministère ! Pour interdire des sorts, restreindre l'usage de la magie, nous filer tels des lapins au moindre transplanage ! Mais lorsqu'on nous attaque, il n'y a plus personne, bande de verracrasses ! »

« J'étais au Gala ! J'y étais ! Comment osez-vous prétendre que… »

Les voix s'éteignirent, car Bill venait de surgir dans le bureau du sous-directeur, et avait refermé la porte dans son dos. Il déposa le café et le journal devant Harry, et celui-ci débuta aussitôt sa lecture.

En gros titre : « L'équipe du Verita'Sorcier attaquée lors du Gala officiel ! »

Une image animée représentait les blessés, dont Hermione, qui disparaissaient, tourbillonnant sur eux-mêmes, alors qu'ils attrapaient un Portoloin de groupe qu'Harry avait déclenché. Et l'article débutait juste à côté :

« Samedi soir, l'ambiance et les festivités sont au rendez-vous. Il commence par un discours engageant et émouvant de la rédactrice en chef, Hermione Malefoy, qui nous rappelle ses convictions et sa force – pour un combat, toutefois, qui n'existe pas vraiment. Près de deux cents personnes ont répondu présentes pour fêter les cinq ans du journal du Verita'Sorcier.

D'ailleurs, lors du discours d'ouverture, Hermione Malefoy a fait mention de la terrible attaque de l'an passé, qu'avaient subi les locaux du journal. Attaque revendiquée d'ailleurs par le groupe All'Free. Rappelez-vous, ce groupe de terroristes avait mis le feu, instaurant un Feudeymon dans les locaux, qui a fait de nombreux ravages, et de multiples morts. On dénombrait plus de vingt décès, dont Charlie et Chris Weasley, des intimes de la famille. Le plus étrange, toutefois, revient à avouer que les réels dirigeants de ce journal, Hermione et Drago Malefoy, ainsi que Pansy Parkinson, sous-rédactrice en chef, n'ont pas été blessés, ce jour-là.

Les attaques vont-elles devenir chose courante contre ce journal anarchique ?

Samedi soir, la chose s'est réitérée. Un groupe de terroristes très nombreux a fait irruption en pleine salle protégée, et s'est lancé contre les défenseurs du parti politique les P'tits Gars Anglais, et les fidèles au journal. Une énième journée noire ?

Fort heureusement, l'intervention rapide et efficace de la brigade anti-criminelle a permis la restauration du calme, abrégeant les luttes engagées. Leur arrivée a permis la capture de nombreux terroristes qui ne manqueront pas d'être interrogés, afin d'aviser s'ils sont liés à All'Free, et, le cas échéant, réduire cette menace à néant.

Certains terroristes sont en fuite, cependant, mais seront bientôt retrouvés grâce aux listes du ministère. Martine Hortens, qui a assisté à l'attaque, nous a tenu ce propos : « Moi-même, qui étais fervente admiratrice des P'tits Gars Anglais, ai été surprise de la promptitude des aurors à venir à notre secours. Il est certain que les mesures sécuritaires qui pèsent sur nos épaules sont difficiles à gérer, mais si c'est pour ainsi être secouru, je suis prête à croire en Demain, un nouveau jour, désormais. »

L'enquête est ouverte, afin de régler au plus rapidement, l'identité des causeurs de trouble, et de les confronter à la justice.

Pour Barth Smirk, le directeur du département des aurors, tout cela est limpide : « Le déni constant dont fait preuve le Verita'Sorcier, en dénigrant notre société, et tout ce qu'elle implique, lui attire forcément de nombreux ennemis. La plupart des terroristes ont déjà leurs comptes gelés, et sont interrogés à cette heure. En vue des multiples témoignages que j'ai reçus, il ne fait aucun doute qu'ils sont apparentés à All'Free. C'est une étape décisive, qui nous permettra de nuire sans doute à ce groupe de terroristes. Je ne tiens pas à dévoiler de sources confidentielles, mais nous sommes en bonne voie d'éradiquer ce fléau. »

Quelques blessés ont été déclarés, mais ont rapidement pu être pris en charge par une équipe de médicomages, au sein de l'établissement très actif de Saint Mangouste.

Le dirigeant de l'enquête est Terry Boot, au département des aurors. Si vous possédez des informations pouvant aider à traquer les mangemorts, ou des informations, contactez-le dans les plus brefs délais.

Si vous avez été présent ou témoin, vous serez de toute manière prié de vous présenter au ministère dans les jours à venir. »

Harry abattit furieusement le journal contre la table, et ébouriffa ses cheveux ébène. Pas étonnant, que les personnes présentes lors du Gala l'assassinent de lettres ! L'article se soldait par une pile de mensonges inextricable ! Voilà ce que voulait dire Ron…

Les aurors, rapidement arrivés ? Ils avaient mis plus de quinze minutes ! Et attrapé qui ? Et quelques blessés ? Ils étaient près d'une trentaine, et certains luttaient encore contre la mort.

Smirk était capable d'avoir donné son lundi à Harry, juste pour le tenir éloigné de La Gazette, qui avait dû envahir l'étage entier ! S'assurant ainsi qu'Harry ne contredirait pas sa version de « Eh cool, tout est sous contrôle, on gère impecc', on est des pros. »

« Foutage de gueule, hein ? lança Bill, installé dans le fauteuil, face à lui. Ils n'ont même pas parlé d'Hermione…

- Ouais, siffla Harry, rageur.

Des coups frappés à la porte leur firent hausser leurs yeux. Seamus Finnigan arrivait justement, tout pimpant, tout sourire, rasé de frais. Bill le salua d'un coup de menton, et fila hors de la pièce, refermant le battant afin de leur épargner les beuglantes qui mugissaient dans le couloir.

- Hey Harry.

- Seamus. J'ai un service à te demander…

- Pour la liste de transplanage du Feudeymon ?

Les cris des deux enfants déchirèrent les oreilles d'Harry. Il secoua sa tête.

- Ah, tant mieux, parce que je te l'ai déjà déposée sur ton bureau. Hier, je crois.

- Non, non, c'est bon ça… Je voudrais plutôt… la liste des transplanages du Gala.

- Tu sais bien que c'est pas évident, ça, avoua Seamus. Y avait un Fidelitas, donc on n'a que le nom du secteur – d'ailleurs, c'est dans le secteur deux. Il va falloir relever tous les noms qui ont transplané avec des emplacements flous…

- Je m'en fous Seamus, il me la faut.

Embarrassé, Finnigan tangua d'un pied sur l'autre, et adressa un coup d'œil au couloir, bien qu'invisible, avec la porte close.

- Quoi ? s'impatienta Harry.

- Smirk. Il l'a réquisitionnée pour l'enquête de Boot.

- Et ?

- Eh bah, je peux pas les avoir. Je lui ai déjà tout donné.

- Appelle-moi Boot, dans ce cas.

- Harry, t'as pas compris, murmura Seamus. Smirk m'avait interdit de te les filer.

- C'est quoi ces conneries ?

- J'en sais rien, Harry, je te jure ! Il m'a dit que t'avais du boulot, que tu décrochais trop, et que tu devais te focaliser sur tes enquêtes.

- Le connard… Je commence à en avoir par-dessus la tête qu'on me foute des bâtons dans les roues ! rugit Harry en frappant la table de son poing.

- Ouais, je sais. Écoute Harry, c'est pas contre toi, mais j'ai de la visite ce matin… La commission de la sécurité, ils veulent vérifier que tout fonctionne bien et…

- Vas-y, Seamus. Si par hasard, tu arrives à retrouver une copie, n'importe quoi, tu me la ramènes.

Le regard de Seamus vacilla un instant. Il devait désobéir clairement à Smirk, qui était le supérieur hiérarchique le plus haut du corps des aurors.

- J'essaierai Harry », grimaça Seamus.

Et à son tour, il quitta la pièce.

Harry, écumant de colère, tira à lui un parchemin, et s'attela à la tâche, sirotant son café froid. Il amena un dossier à hauteur de ses iris émeraude, et parcourut vivement la liste de transplanage pour le Feudeymon que Seamus lui avait laissée la veille. Et débuta son bilan, l'heure d'arrivée, les morts – durs à déterminer car calcinés, les noms des personnes ayant transplané dans le coin. Les aurors en fonction, ainsi que les médicomages et les personnes travaillant dans les métiers où l'urgence était de mise, voyaient leurs déplacements inscrits sur d'autres listes, qui étaient bien moins surveillées, en vue de leurs pérégrinations.

Il ne pouvait offrir ce luxe à Ginny, Hermione, Ron et Pansy. Les placer sur cette liste serait suspect. Non, il valait juste mieux qu'il demande à Finnigan de ne pas faire lui-même de rapport sur eux. De les laisser, comme s'ils n'existaient pas.

Ça c'était possible. Mais bon, s'ils transplanaient à proximité d'un attentat, d'une attaque, ou d'un décès… Ils seraient tout de même inquiétés.

Il y avait ces deux listes, donc. L'une pour l'ensemble des citoyens, qui était vérifiée minutieusement à toute heure par des centaines d'agents, que Finnigan avait sous ses ordres. Il y en avait une seconde, pour les métiers d'urgence, tels qu'auror ou médicomage.

Et puis, il y avait l'autre liste. La liste noire.

Les repères de Voldemort. Les personnes qui s'y rendaient étaient aussitôt inscrites sur cette liste noire. Et bien talonnées. C'était une liste à part. Sous surveillance constante.

La plupart des personnes qui effectuaient des déplacements entre les repères connus de Voldemort, et la civilisation anglaise, n'avaient pas de nom. C'étaient des mangemorts inconnus au registre, qui avaient apposé un sort de Voldemort sur eux et qui brouillaient les pistes quant à leurs identités. Assurant ainsi un parfait anonymat – et cela, on se gardait de le dire à la population.

Et comme accomplissant davantage de merveilles, les repères de Voldemort n'étaient pas proprement connus – étant sous Fidelitas, et de complexes charmes. Ce qui donnait encore, des destinations floues, répertoriées par zone. Et, juste… on se doutait des zones où il se trouvait. Comme Poudlard par exemple. Zone 13.

Et c'était ce qui s'était produit avec Hermione. Sitôt transplanée dans la zone 13, elle avait été notée sur la liste noire. Et sur cette liste, Finnigan n'avait aucun pouvoir il n'effectuait aucun rapport, car elle parvenait directement en copie double à Smirk. D'autant plus que le nom « Malefoy » ne laissait pas le ministère indifférent.

Et à présent, Harry devait justifier ce transplanage incohérent, car Smirk entendait bien qu'on le lui explique. De plus, Hermione avait perdu ses souvenirs…

La porte s'ouvrit à la volée, et Harry effectua un violent sursaut, au moment où il concluait son bilan. Bill surgit dans l'encadrement, le visage blême.

« Ça commence. Prise d'otages à Surrey. »

RRRR

« En premier point, vous devez vous focaliser sur le flux énergétique dans votre bras, éclaira Ron.

Les reins contre son bureau, tourné face à la trentaine d'élèves de quinze ans, il exposait le déploiement d'un sortilège d'attraction afin d'attirer de multiples objets.

Le mur de droite donnait sur la cour intérieure du bâtiment scolaire, et les quelques arbres qui le peuplaient étaient, pour la grande majorité, déjà en fleurs. Au travers des fenêtres, Ron pouvait presque en sentir l'odeur sucrée.

- Mais professeur, objecta une jeune femme, comment tout cela pourra-t-il nous être utile, puisque vous ne nous permettez aucune pratique ?

- Je suis navrée, Mathilda, mais ce sont les ordres du ministère. Vous n'avez besoin que de la théorie, grinça Ron.

L'étendue des pouvoirs du ministère s'était consolidée, en quelques années, assurant une prise ferme autour de chaque sujet. Si Ombrage n'était plus en poste, elle était désormais membre du Magenmagot et directrice du département jeunesse et éducation.

La porte roula sur ses gonds, et une femme sèche, au visage parcouru de traits cassants, vêtue d'un tailleur sombre, entra. Elle scruta brièvement les élèves, avec dédain, avant de pivoter vers Ron.

- Madame Malefoy est là et demande à vous voir. »

Ron haussa ses sourcils, surpris, et nomma Mathilda en surveillance, le temps de son absence. La concierge repartit aussitôt d'un pas vif, et Ron tourna sur lui-même, ayant atteint le corridor.

Hermione agitait ses doigts dans sa direction, un sourire repentant aux lèvres.

« Eh, tout va bien ? s'enquit Ron, mitigé.

- Oui, oui… Je… Tu es prof, eh oui…

Elle avait failli commettre une gourde prodigieuse ! Évidemment qu'elle était censée le savoir…

- Oui. Il y a un problème, Hermione ? Tu veux que je contacte Drago ou Pansy ?

- Non, non, ça va aller, Ron, ne t'inquiète pas !

« Tu es mignon », voulut-elle rajouter. Elle se contint, les yeux brillants. Pourquoi ses lèvres lui manquaient-elles tant ? Ses mains chaudes, son étreinte… Si elle tenait bon, dans quelques jours, elle serait revenue dans le passé…

- Juste… je me suis rappelé que vous aviez une bibliothèque… Tu penses que… je peux y aller ?

- Oui, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas, admit Ron. Mais… tu comptes effectuer des recherches ?

- Pour un article pour le journal.

Elle avait appris soigneusement sa réponse.

- Ah ?

- C'est confidentiel, Ron, je regrette. Tu le sauras lorsque j'aurai achevé mes recherches, annonça distinctement Hermione, le cœur battant.

Pourquoi était-il si beau, si attentionné ? Pourquoi rêvait-elle de le plaquer contre un mur et de l'embrasser, comme ils le faisaient, quelques jours auparavant… ?

- Bien. Inutile d'insister, je présume, taquina Ron. Tu voudrais aussi prendre des ouvrages chez toi, je suppose ?

Hermione opina, le rouge aux joues. Elle lui mentait ouvertement…

- Je vais écrire un mot à la responsable, je crois que tu ne rencontreras aucun problème. Tu risque même de prendre plus soin de ses livres qu'elle ne le fait elle-même… !

- Oui, tu peux être tranquille, tu me connais, avoua Hermione.

- Ne bouge pas, je reviens.

Ron disparut un instant à l'intérieur de sa classe, et revint, une note en main, et une jeune fille à ses côtés de lui.

- Mathilda, voici Hermione Malefoy. Hermione, voici Mathilda, elle te guidera jusqu'à la bibliothèque centrale. Si tu as quoique ce soit, tu m'envoies un patronus, ok ?

- Merci infiniment, Ron », souffla Hermione, émue.

Ron lui adressa un sourire flamboyant, et regagna définitivement son cours. Déjà, Mathilda débutait sa marche, et Hermione la rattrapa, le papier entre les doigts.

« Vous êtes Hermione Malefoy ? La rédactrice-en-chef du Verita'Sorcier ? entama Mathilda d'une voix engageante.

Hermione se retint de prier. Mais elle allait devoir s'y habituer. Malefoy avait raison sur un point : elle réintègrerait le travail ce lundi. Il semblait inconcevable de trouver une solution à leur problématique en moins d'une semaine…

- Oui, c'est moi, affirma Hermione.

- Ma mère adore vous lire. Elle dit à tout va que vous avez une superbe plume.

- Oh, vous penserez à la remercier pour moi, dans ce cas. Quel genre d'articles de ma plume aime-t-elle lire ?

- Ceux sur le système imparfait qui nous gouverne. Vos enquêtes de terrain. Elle dit qu'elle a trouvé beaucoup de réponses aux incompréhensions de son quotidien, des choses qui lui déplaisaient sans qu'elle ne parvienne à comprendre en quoi, au juste. Par exemple, votre article du mois d'avril, sur la sorcellerie à l'école.

- Oui, je m'en rappelle.

- Ma mère a particulièrement apprécié celui-là. Vous aviez dit qu'on nous empêchait de pratiquer la magie afin de nous rendre serviles et réellement dépendants du ministère de la magie et de sa sécurité.

- Et cela vous parait exact ?

Des dédales d'escaliers et de couloirs s'agglutinaient derrière elles. Hermione, d'une oreille attentive, enregistrait chacun des propos de cette jeune sorcière, vive.

- Absolument. J'étais d'ailleurs en confrontation avec le professeur Weasley, à ce sujet, lorsque vous êtes arrivée, madame Malefoy.

- Appelez-moi Hermione.

Pitié, que personne ne la dénomme ainsi de nouveau, elle risquait d'hurler !

Elles débouchèrent à l'air libre, et parcoururent une pelouse extrêmement bien entretenue, qui rappelait celle de Poudlard. Poudlard… Elle n'était pas prête d'y remettre les pieds, s'il s'agissait du siège de Voldemort.

- Mathilda, j'aurais besoin de vous, amorça Hermione, ses yeux chocolat surveillant leur progression.

- Oui ?

- J'ai besoin de savoir ce que l'on vous dit sur certains évènements, afin d'aviser quelles informations sont dissimulées.

- Oui, demandez-moi ce que vous désirerez.

- Que raconte-t-on sur Poudlard ? Qui en est à la tête ?

- Il y a trois ans de cela, en deux mil trois, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a mis la main sur l'école, et s'en est emparé. Depuis, l'école est inaccessible, plus aucun train ne l'atteint.

- Personne n'a essayé de reprendre l'école, de ce qu'on vous a dit ?

- Le ministère a envoyé une délégation discuter avec vous-savez-qui. Cela a duré des semaines, et finalement, le ministère a accepté de céder Poudlard au Seigneur des Ténèbres, pour des raisons inconnues du grand public.

- Vraiment ?

- Ils ont prétexté qu'il n'était plus l'ennemi numéro un. Depuis des années, des terroristes sévissent dans le pays, et c'est d'eux dont on se méfie. Un mouvement étrange, assoiffé de pouvoir, avec des actionnaires contestant toute autorité. On ignore encore quelle autorité ils représentent et d'ailleurs, ils sont plusieurs groupes. D'ailleurs, on dit même… qu'ils sont aussi contre le Mage Noir. C'est une gale, qui s'infiltre dans nos territoires, qui nuit à notre tourisme, à nos vies, et aux commerces. Mais tout cela, évidemment, vous le savez.

- Evidemment. »

Elles touchaient finalement au but. Un imposant bâtiment s'érigeait face à elles, et Mathilda le désigna à Hermione, avant de tourner les talons.

Quelque peu intimidée, Hermione entra, et se dirigea vers le comptoir qui s'étendait, devant elle.

Un monde où Voldemort était laissé libre d'agir ? Qu'est-ce que cela cachait ? Et comment Harry pouvait-il travailler au ministère, alors que celui-ci permettait à Voldemort de se comporter comme bon lui semblait ? Comment huit années avaient-elles pu si fatalement changer la conception des choses qu'avaient les gens ? Et ces terroristes… qui étaient-ils ?

Hermione n'eut qu'à dégainer le mot donné par Ron, la responsable n'opposa aucune résistance, et lui garantit qu'elle pourrait emprunter les livres qu'elle désirerait. Elle lui délivra également la clé donnant accès aux ouvrages interdits.

Plus légère, Hermione gagna enfin son antre. Son sanctuaire. Et brusquement, elle oublia tous les tracas qui l'écartelaient, depuis son arrivée. Les questionnements, la peur que Malefoy la trahisse, ce bond…

Le silence religieux, l'odeur des livres, la lumière qui perçait les vitres. Un espace loin du temps.

Un peu comme elle. Intemporelle.

Ses recherches allaient pouvoir débuter. Et c'était cette révélation qu'elle savourait, en prenant place sur une chaise, une pile de livres face à elle. Elle était enfin efficace. Finie l'impuissance.

Elle n'avait aucune idée, au juste, d'à quel point elle avait faux.

Simple marionnette entre des mains habiles.

RRRR

(31 décembre 1998)

« Herrrmione… tu es rravissante !

- Merci Viktor, rougit Hermione, en souriant nerveusement.

- Je suis heurrreux de passer la dernière soirrrée de cette année avec toi ! lança Viktor, les yeux brillants.

Il lui tendit galamment son bras, et Hermione s'en empara. Pourquoi son cœur battait-il si vite à son contact ? Pourquoi avait-elle l'impression… de redevenir adolescente soudainement ? De perdre les mois qui pesaient de plus en plus sur sa poitrine, tout à coup ?

- Où m'emmènes-tu ? s'enquit Hermione.

- Loin de tout, si tu le veux bien, Herrrmione. »

Doucement, elle acquiesça, et serra contre elle son petit sac bleu nuit. Elle avait repassé une robe vaporeuse, de même coloris que son sac. Sa crinière, difficilement rendue présentable, ondulait à présent avec grâce dans son cou.

Quittant définitivement le petit studio où elle vivait, ils gagnèrent la ruelle.

« Combien de temps restes-tu encore ? demanda Hermione.

- Une semaine. L'entrrrainement reprrrend aprrès. Tu sais que tu pourrrrais venir en Bulgarie.

- Vraiment ?

- Oui, sans hésiter.

- Dès que je le pourrai, alors », promit Hermione.

Viktor resserra sa prise autour d'elle, et ils tourbillonnèrent sur eux-mêmes. Ils atterrirent sur une petite colline, au beau milieu de nulle part. La vue, magnifique, d'une vallée splendide, s'imposait d'elle-même à leurs yeux éblouis.

« C'est sublime, chuchota Hermione, émue.

- Il le fallait bien. »

D'un coup de baguette, Viktor fit apparaitre une table, sur laquelle reposait une bouteille de champagne, et deux flûtes, qu'il remplit dûment. Puis, il en tendit une à Hermione, et ils trinquèrent, face au soleil qui se couchait.

« Toute ta famille vit en Bulgarie ? questionna Hermione, doucement.

- Je n'ai plus de famille. Mon pèrrre est décédé il y a deux ans, et ma mèrrre s'est donné la mort à la suite de cela.

- Je… je suis désolée, Viktor. Je m'excuse vraiment, je ne…

- Ce n'est rrrien, Hermione. Ma vie, c'est mon balai.

- Excuse-moi je…

- Laisse. »

Lentement, il lui prit sa coupe des doigts, et la déposa sur la table. D'un autre coup de baguette, il fit émerger une musique, délicate, chaude, de nulle part, et de chaque recoin à la fois.

Et eux, depuis leur colline, ils surplombaient les coteaux avoisinants, la vallée creuse, les rayons vespéraux.

Viktor déroula sa main vers Hermione, et elle y nicha la sienne. Il l'attira contre lui avec une force qui la fit frémir. Voilà, c'était de cela dont elle avait besoin. De se sentir soutenue, protégée, l'espace d'une soirée.

D'oublier tout le soutien qu'elle apportait aux victimes, sa crainte sourde chaque jour, cette étrange solitude depuis que Ron avait… si mal pris leur rupture…

Et, subtilement, ils se mirent à tournoyer ensemble, l'un contre l'autre.

Dans son torse dur et brûlant, elle percevait le cœur qui pulsait hâtivement. Elle aimait cette sensation grisante, son parfum qui l'endormait, elle se sentait revivre contre lui.

Elle pressa ses lèvres contre sa chemise, et il raffermit sa prise autour de son dos, caressant soigneusement ses cheveux, de ses doigts. Ainsi, tous deux, ils paraissaient unis contre tout.

Peu après, ils prirent place, l'un face à l'autre. Le diner défila en un éclair, leurs jambes s'effleuraient sous la table, ils se souriaient, éperdus, apaisés, langoureux.

Et puis, allongés sur l'herbe fraiche, dans une bulle protectrice qui dégageait une chaleur agréable, leurs lèvres se trouvèrent. Comme depuis près de six semaines qu'ils se fréquentaient – Viktor étant moins requis par le Quidditch, la coupe ne se disputant que l'année d'après, en deux mil, une fois tous les six ans. Leur baiser s'approfondissait, leurs langues se caressaient.

« Peut-être que demain, je vais mourir, songea abruptement Hermione, tandis que la main de Viktor survolait la chute de ses reins. Que je ne serai plus là. Même si Voldemort n'attaque plus… peut-être que demain, je ne vivrai plus. Comme Dumbledore, comme Percy, comme Lee Jordan, comme tant d'autres… ? »

Brusquement, elle renversa Viktor sur l'herbe, et s'étendit sur lui. Elle plongea sa langue contre la sienne, et Viktor la réceptionna avec un grognement de plaisir. Hermione se redressa légèrement, et, ses iris chocolat dans les siens, elle l'observa.

Lui, il la détaillait, le pouls fou, ses mains fébriles parcourant son dos avec empressement.

« Je veux vivre. Fais-moi vivre, Viktor », chuchota-t-elle en reprenant ses lèvres, suave, les palpant, les tirant à elle.

Et pour Viktor, il n'en fallut pas plus. Il remonta ses mains le long de ses jambes, contre ses cuisses, se faufila sous la robe, et malaxa ses fesses, lui tirant des frissons. Contre lui, elle se sentait femme, puissante, enivrante. Leurs baisers s'activaient, et, ses mains toujours sur ses reins, Viktor la rehaussa brusquement, se retrouvant ainsi le nez dans son décolleté.

Il promenait sa bouche contre la naissance de sa poitrine, il l'explorait dans ses moindres recoins, embrasé.

Et ce fut leur première nuit. Au douzième coup de minuit, ils se raidissaient, parcourus par une félicité qui annonçait dignement mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.

RRRR

(06 février 1999)

Plus vite. Accélère. Prends à gauche. Non, non, c'est un cul-de-sac, là.

Ils se rapprochent, accélère Hermione, merde !

Le cœur battant, Hermione risqua un coup d'œil en arrière. Les trois silhouettes s'empressaient après elle, leurs yeux braqués dans sa direction. Ils gagnaient en distance, et elle percevait ses jambes trembler sous elle.

Allez, Hermione, plus vite ! Son cœur pulsait de plus en plus rapidement, la nausée remontait…

La nuit s'était abattue dans les ruelles de la ville sorcière de Londres, et seule, elle accélérait, tentant de semer ses poursuiveurs. Un coup d'œil dans son dos encore. L'un d'eux avait disparu ?

Où était-il ?

N'y tenant plus, Hermione se mit à courir, dévalant les ruelles dallées, ses chaussures claquant contre la pierre. Plus vite, plus vite ! Allez !

Son souffle se coinçait dans sa gorge, la lune la surplombait, elle haletait, elle…

« Hé, petite pute, on finira par t'avoir… Viens voir Fredo un peu, viens me voir… »

Des larmes embuèrent les yeux d'Hermione, elle bifurqua à droite, remonta à toute vitesse la ruelle. Dans son dos, elle entendit qu'ils se mettaient eux aussi à courir. Bon sang, mais où était-elle ?

Une ombre la fit bondir sur le côté, et elle repartit plus rapidement encore… Un chat ! C'était un chat qu'elle…

Brusquement, ses jambes raides se retrouvèrent saucissonnées et elle bascula en avant avec un cri de frayeur. Son front percuta la pierre anguleuse, et la douleur engourdit sa tête, tandis qu'un liquide poisseux envahissait ses yeux. Son arcade sourcilière venait d'éclater, et la sensation, inhumaine, la fit hurler.

« Allez, viens, ça va être rapide… Vite fait bien fait… »

Comment en était-elle arrivée là ? Elle avait juste quitté la librairie, et les ténèbres nocturnes ne l'avaient pas tellement alarmée. Juste, au détour d'une ruelle, pour retrouver son chez-elle, elle les avait croisés. Trois hommes passablement éméchés, qui s'étaient, durant la journée, plusieurs fois arrêtés devant la boutique. Et elle avait oublié sa baguette dans la librairie…

Elle se trouvait faible, sans le bâtonnet magique. Et à présent, le corps meurtri contre la pierre, immobilisé, le sang qui s'accumulait sur son visage, dans ses cheveux broussailleux… Déjà, les larmes s'accumulaient sur ses joues.

« S'il vous plait, murmura-t-elle. S'il vous plait, non…

- Va, te fais pas des nœuds au cerveau, on va faire vite », ricana grassement un homme en assenant une légère claque à ses fesses.

L'estomac d'Hermione se noua davantage, et un frisson de dégoût révélateur la reprit. Elle avait beau penser « Finite Incantatem » de toutes ses forces, le Petrificus Totalus de ses assaillants la clouait toujours. Elle ne pouvait pas se faire… pas ici, pas si stupidement, elle ne pouvait pas avoir survécu à tout ça pour…

« Eh, où est Antho ?

- J'sais pas… ah, regarde, il arrive ! Oh putain, elle va morfler… »

Le sang pulsant dans ses tempes, dans le sang qui s'échappait de sa blessure, Hermione dirigea son œil valide vers le nouvel arrivant. Il était revenu, muni d'une lourde chaine qu'il trainait derrière lui.

« AU SECOURS ! rugit brusquement Hermione, paniquée. AU SECOURS ! A L'AIDE ! aboya-t-elle, avec ses dernières forces, en direction des maisons qui les entouraient. AU…

- Silencio, petite pute. Allez, viens par là… »

Fredo la saisit par les hanches, et la tira brusquement vers lui, la retournant tel un sac. Le pavé heurta le crâne d'Hermione à plusieurs reprises, et, muette, pétrifiée par le sortilège, elle ne put que sangloter en secouant son visage ensanglanté. Pourquoi n'avait-elle pas sa baguette ?

Déjà, la douleur l'abrutissait, ses réflexions se perdaient. La bile effleura sa gorge, alors que les doigts glacés d'Antho frôlaient son ventre, butant contre sa ceinture. Elle gigotait, elle voulait se dérober à sa prise, mais les deux autres compères maintenaient désormais ses bras. Ses cuisses ne répondaient pas, elle tentait de les resserrer…

Non, non, laissez-moi, je vous en supplie, pas moi, s'il vous plait, pas ça, non, s'il vous plait, maman, papa, Harry, Ron, Viktor, s'il vous plait, aidez-moi, pas aussi bêtement, non…

Des mains répugnantes glissaient sur son torse, agrippaient ses seins, lui donnant des nausées de plus en plus violentes. Tout son ventre la brûlait, avec un sentiment de honte, d'humiliation, de dégoût indicibles.

« AH ! »

Un poids se dégagea de son épaule gauche, et son épaule droite fut brusquement libre de ses mouvements. Les deux hommes venaient d'être projetés en arrière.

Le troisième, Fredo, qui avait déjà abaissé son pantalon, et ahanait à ne plus en pouvoir, s'envola à son tour, atterrissant, le nez dans le mur d'une maison. Un craquement sonore résonna.

Et, brusquement, le sortilège sur le corps d'Hermione fut levé. Mais tremblante, secouée, la douleur l'assommant, Hermione ne le réalisait même pas.

« Eh, t'es morte ? J'y crois pas, c'est toi, Granger ?

Qui était-ce ? Elle ne reconnaissait pas la voix. Elle identifia une main serrer son poignet, et elle tourbillonna sur elle-même, en compagnie de son sauveur.

Ils atterrirent au milieu d'une place moldu, où de nombreuses enseignes s'étaient éteintes, en vue de l'heure avancée. Seule une, éclairée, paraissant abandonnée, présentait des mannequins à moitié désarticulés, et affublés de tenues en haillons.

Le transplanage avait quelque peu éveillé Hermione, et, hagarde, elle jeta un regard autour d'elle, s'asseyant. Sa tête lui tournait affreusement, et, nouée, elle vit son estomac rendre ce qu'il avait retenu durant près de dix minutes.

Un tressaillement fiévreux la prit. Eux, leurs mains sur elle, leurs regards, son impuissance, sa raideur…

- Eh Granger, débloque. Ça va ?

- Par… Parkinson ? balbutia Hermione en levant ses yeux faibles.

- Elle-même.

- Tu… c'est toi… qui ?

- Je t'ai un peu sauvé la mise. Mais franchement Granger, comment t'as pu te retrouver dans une telle situation ?

Pantoise, Hermione se releva, se retenant à la main que Parkinson lui présentait, ses iris bleus braqués sur elle.

- Mer… merci Parkinson, hoqueta Hermione alors que de nouvelles larmes affluaient.

- Oh… euh… c'était pas grand-chose… Je veux dire… c'est humain, non ?

- Oui, mais… merci, sanglota Hermione.

- N'importe qui l'aurait fait. Enfin, je l'espère, admit Parkinson en haussant ses épaules. Mais tu n'avais pas ta baguette ? Si y en a une qui sait se défendre, c'est pas toi, Granger ?

- Je l'ai oubliée au travail…

- Tendance des nés-moldus, ça.

Hermiona la fusilla de ses pupilles, éplorée, et Parkinson se justifia aussitôt.

- Ne me fixe pas comme ça Granger. Juste, un sorcier élevé dans une famille de sorciers n'oublie jamais sa baguette. On est dépendant d'elle depuis qu'on existe… Allez viens, Saint Mangouste est là.

- Mais… je n'ai rien…

- T'as juste la face explosée. T'as un mec ?

- Oui…

- Bah tu risques de le perdre, s'il te voit comme ça. Viens.

Aussitôt, Parkinson se dirigea vers l'unique bâtiment pourvu de lumière, dans les ténèbres. Hermione, encore chamboulée, la rattrapa à l'instant, serrant autour d'elle, sa légère veste. Honteuse, elle rattacha hâtivement son pantalon, défait par les…

- T'es avec Krum, non ? demanda Parkinson.

- Comment…

- Une photo, dans la Gazette. Les grands esprits se rencontrent de nouveau, hein ? Mais sérieux… vous avez rien à foutre ensemble, non ?

Hermione sourcilla, heurtée, et Parkinson le remarqua, alors qu'elles passaient devant les mannequins, gagnant l'intérieur de Saint Mangouste. Dans le hall vide à cette heure nocturne, on les pria de patienter quelques minutes, avant qu'Hermione ne soit prise en charge.

- Quoi, rien à foutre ensemble ? répéta Hermione, estomaquée, d'une voix rauque.

- C'est comme avec Weasley. Toi, t'es une assidue de boulot, une névrosée de travail, une intellectuelle. Ni Weasley ni Krum n'a ça en commun avec toi.

- Et quoi, il faut être avec quelqu'un qui nous ressemble ?

- Non… mais juste, lorsqu'on n'a pas la même vision de la vie, y a un jour où on se sépare. Ça me semble évident.

- Ron étudie pour devenir prof.

- On est bien d'accord, s'il était plus malin, il n'aurait pas besoin d'enseigner. Il aurait inventé de nouveaux sortilèges ou potions – je sais pas ce qu'il veut enseigner. Mais il aurait créé. Ceux qui savent faire, font. Ceux qui savent pas faire, enseignent. Je ne sais plus où je l'ai lu, mais cela sonne bien.

- Et toi, Parkinson, tu fais quoi ?

- Tu me croirais pas, admit la brune avec un sourire dur.

- Dis toujours.

Avec hésitation, Hermione ôta plusieurs mèches brunes où l'hémoglobine avait formé des petits caillots sombres. Elle jeta le papier qu'elle pressait à peine contre sa blessure, et en prit un autre. Ses larmes s'étaient finalement taries, et elle reprenait peu à peu le dessus.

- J'ai décroché un job de secrétaire au ministère. Ça paie pas de mine, mais au moins, c'est du taf.

- Ah…

Hermione effectua un temps d'arrêt. Réalisant que Pansy était désormais seule, que son père était décédé, lors de l'attaque de Poudlard. Elle avait ouï que la mère de Parkinson n'était plus là depuis des années, déjà.

- Tu sais Parkinson… même si… il y a eu plein de choses… je suis désolée pour…

- Laisse Granger, tu ne connais rien de mon existence. Tu n'as aucune idée.

Justement, un médicomage parvenait à leur niveau, interrompant la discussion embarrassante qui venait de débuter. Et Hermione ignora si elle était reconnaissante ou non au médicomage d'avoir abrégé cela.

- Merci pour tout, en tout cas, Parkinson.

- Je t'en prie Granger. T'as encore besoin d'aide ?

- Je ne sais pas comment faire pour rentrer chez moi, admit Hermione.

- Excusez-moi, mademoiselle Granger, mais nous vous garderons certainement en observation cette nuit, intervint le médicomage.

- Eh bien, dans ce cas, c'est réglé, approuva Hermione. Je n'aurai qu'à aller directement au travail demain, et je retrouverai ma baguette.

Pansy hocha sa tête, et, d'une démarche rapide, repartit en direction de la zone de transplanage. Au moment où elle levait sa baguette, la voix d'Hermione retentit une ultime fois.

- Parkinson ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, un jour, d'une oreille ou d'un coup de main… je travaille dans la libraire en face de Madame Guipure, et je suis aussi souvent au P'tits Gars Anglais. Merci… infiniment. »

Parkinson lui adressa un sourire franc. Puis se volatilisa dans un pop ! sonore.

RRRR

(14 février 1999)

« Je risque ma vie pour elle… Si Ombrage me tombe dessus… Je suis mort. Mort ? Que dis-je… Viré du ministère, interdit à vie d'accès à Poudlard et à Près-au-Lard, et sûrement émasculé par l'ensemble des Weasley. Ouais, cool, Harry, respire… Gin' va finir par me tuer. »

Depuis près de quinze minutes déjà, il rampait dans ce passage secret. Il ne comptait plus le nombre de toiles d'araignée qui s'étaient succédées sur son visage. D'ailleurs, ses cheveux le grattaient effroyablement, et il tentait d'imaginer que ce n'était pas une colonie d'araignées qui y grouillait. Il n'osait esquisser la tête de Ron, s'il lui révélait un jour, ce qu'il vivait actuellement…

Mais Ginny était tenace. Il savait bien que la rousse souffrait mal la distance qui les séparait, ses innombrables lettres en témoignaient. Et lui-même, en pâtissait. Il n'y avait aucune journée où il ne guettait pas une lettre ou un patronus, craintif d'un appel à l'aide venant de Poudlard.

Après tout, si Ginny pouvait se révéler fière et belliqueuse, elle avait été présente à Poudlard, en septembre dernier, lors de l'attaque de Voldemort. Elle avait vécu les morts de Dumbledore, de McGonagall, de Rogue, de Percy et de nombreux autres… et Harry ne pouvait que saluer son courage. À sa place, il doutait qu'il aurait lui-même pu demeurer à Poudlard. Si synonyme d'attaque et de deuil…

Et c'était aussi pour tout cela, que la séparation de centaines de kilomètres leur était encore plus difficilement tolérable. Certes, ils s'étaient vus lors des précédentes vacances, celles de la Toussaint, puis celles de Noël.

Et ce soir, ayant reçu une lettre désespérée de la rousse, il avait cédé à sa conscience. D'accord, il irait faire une surprise à Ginny. En cette Saint Valentin, elle le méritait bien.

D'autant plus qu'à la mort de Dumbledore, le ministère s'était chargé de l'affaire, et avait établi Ombrage comme directrice. Si cette dernière avait été autoritaire par le passé, ce que Ginny en contait Harry lorsqu'ils se voyaient, relevait du despotisme pur et simple. Une réelle tyrannie.

Enfin, la base de la statue de la Sorcière Borgne se matérialisa. Doucement, Harry tira la carte du maraudeur de sa poche, et l'éclaira d'un lumos faible. Personne dans le coin, parfait…

Il sortit à l'air libre, soulagé. S'il n'était pas claustrophobe, il avait failli le devenir dans ce clapier à lapins. D'un sort, il ôta les restes de toiles, et partit d'un bon pas en direction de la tour de Gryffondor, veillant à ne croiser personne grâce à la carte.

Le château était profondément endormi, et une vague de mélancolie prit Harry, en avisant les couloirs froids et austères. C'était aussi ainsi, qu'il avait connu et aimé Poudlard.

Lors des hivers rudes, lorsque la neige recouvrait le Parc. Alors, les Lions allumaient un feu de cheminée, et, dévorant confiseries et chocolats, se réunissaient dans leur Salle commune. Une famille, c'était ce qu'il avait trouvée au château.

Et aujourd'hui… Dumbledore mort. Sirius aussi. Lupin père. Hermione et Ron en froid, l'une à Londres, coulant sans l'admettre, et Ron, dans une école perdue en Allemagne. Et Ginny, si loin de lui… La guerre, non-officielle, la disparition de Voldemort. L'appréhension d'Harry, à l'idée que Voldemort ne découvre une arme titanesque afin de lui nuire, et que cette fois-ci, Harry ne sache s'y opposer. N'était-ce pas Dumbledore qui avait découvert l'existence des horcruxes ? Et si une autre forme de magie se matérialisait, du côté de Voldemort ? Et qu'Harry ne parvenait pas même à en déterminer l'existence ?

La gorge nouée, Harry hâta son cheminement. À quelques mètres du portrait de la Grosse Dame, il s'arrêta, et déclencha un Patronus qui ne s'adresserait qu'à Ginny.

Plus que jamais, il avait besoin d'elle. Besoin d'une raison de lutter encore.

Elle émergea peu après, se faisant littéralement incendier par la Grosse Dame, tirée de son sommeil. Mais Ginny ne l'entendait pas. Elle cherchait frénétiquement Harry des yeux, dissimulé derrière une armure.

Et lorsqu'elle l'aperçut, elle oublia tout.

Les journées longues, douloureuses, asphyxiantes. La disparition de Percy qu'elle avait juste retrouvé. L'impression que Poudlard l'avait trahie, en permettant à Voldemort de pénétrer son antre. La peur que cela se reproduise, d'autant plus facilement que Dumbledore avait trépassé, et qu'Ombrage ne valait pas un centième du directeur.

Elle lui bondit au cou, et il la fit tourner autour de lui, pouffant. Ivre de joie.

Et pour rien au monde, il ne regrettait d'être là.

« Harry, soupira Ginny à son oreille, embrassant frénétiquement son visage, le couvrant de baisers. Je suis tellement, tellement, tellement heureuse de te voir… »

Il acquiesçait, la resserrant contre lui, ne la lâchant pour rien au monde. Ils prirent la direction de la Salle-sur-Demande. Et leurs lèvres jointes, leurs corps unis, sur le grand lit, ils étaient loin de tout, dans leur monde.

« Joyeuse Saint Valentin, Gin'. »

RRRR

(12 mars 1999)

« Ça me sidère toujours, qu'on nous fasse accomplir deux ans de formation, alors qu'y a tant à faire dehors, marmonna McMillan, sa baguette en main.

- C'est clair, Ernie, approuva Harry. En même temps, si une fois dehors, on sert plus à leur mettre des bâtons dans les roues qu'à réellement aider…

- Pas faux, approuva McMillan. On reprend ?

- Quand tu veux, gros », assena Harry avec un sourire.

Les deux apprentis aurors tendirent leurs baguettes l'un vers l'autre et aussitôt, les sortilèges jaillirent. Une langue de feu fut lancée par Ernie, et Harry se jeta au sol, roulant sur lui-même.

Il propulsa un charme offensif, et Ernie, pour l'esquiver, perdit de sa position supérieure.

Bien après, ayant achevé leurs heures d'entrainement de la journée, ils s'orientèrent vers leur section haïe : la paperasse. Et même le vénéré nom d'Harry Potter ne lui permettait pas de s'y soustraire – et pourtant, il avait essayé, bien que faire valoir son nom ne soit pas dans ses habitudes.

Souvent, Finnigan, également en formation, les rejoignait.

« Alors, McMimi, on préférait pas lutter avec son pote Potter ? taquina Harry, classant les archives par catégorie.

- Oh ferme-la Harry. J'ai l'impression que cette formation, c'est de la merde pure et dure.

- Tu dis ça parce que ça se compatit pas aux horaires d'Erika, hein ?

- Grave ! Lorsque je finis ma journée, elle commence la sienne. La restauration, ça craint, mec. En même temps, t'es toujours avec Ginny, toi, non ?

- Oui.

- Je sais pas comment tu fais. Être aussi loin d'elle, en permanence.

- Ça nous pèse à tous deux, admit Harry. Mais en juillet, ce sera fini. Alors on peut bien patienter.

- Mais toi… ça te fait pas bizarre… Je veux dire, Voldemort, il t'a toujours traqué. Il… ne te suit plus, non ?

Lentement, Harry acquiesça, les yeux dans le vague.

- C'est très bizarre, Ernie. Extrêmement. »

RRRR

(06 avril 1999)

« Tu sais Harry, je ne suis pas certaine que…

- Hermione, arrête de casser les pieds. Ça va aller, ok ? Je te promets. Ron a changé.

- On s'est séparés en août, et on ne s'est pas adressé la parole depuis. Je ne crois pas qu'il sera ravi de me voir ici, aujourd'hui. »

Devant le portail de la cour du Terrier, Hermione et Harry se sondaient du regard, incertains. Après plusieurs mois d'absence, Ron était revenu d'Allemagne, bénéficiant de quelques jours de vacances, dans ses études. Molly, pimpante de retrouver son fils cadet, avait organisé une fête importante pour son anniversaire, réunissant de nombreux membres de la famille Weasley, ainsi que bien des amis.

Écourtant les interrogations muettes de son amie, Harry l'attrapa au poignet, et la mena à l'intérieur, passant le portillon. Une immense tente blanche avait été montée, dans le jardin, malgré l'air encore humide. Des éclats de rire leur parvenaient, alors qu'une musique des Bizzar'Sisters emplissait leurs oreilles.

Une vaste assemblée avait envahi les lieux, et s'amassait en grande partie sous la tente.

« Y a Ginny, réalisa Harry, figé.

Au même instant, la rousse pivotait vers lui, un immense sourire aux lèvres. En un quart de seconde, elle abandonna ses frères jumeaux, et courut en direction d'Harry.

- Potter ! s'exclama-t-elle alors qu'Harry la saisissait au vol.

- Gin', quelle surprise !

Harry ne put l'interroger sur la manière dont elle avait échappé à Ombrage pour un week-end, Ginny avait écrasé ses lèvres sur les siennes.

- Ouh, torride ! On se calme, les jeunes ! s'écria Fred en parvenant à leur hauteur.

- Je commence à croire qu'Harry et elle ne jouent plus à la poupée, assura Georges.

- En même temps, Ginevra n'y a jamais beaucoup joué, avança Fred. Hermione, ô plaisir de te voir !

- Il parait que tu as plaqué Ron ? lança aussitôt Georges.

- Compréhensible. Qui aurait voulu s'embarrasser d'un poulpe du genre ?

- Pas moi, en tout cas ! ricana Georges.

- Ron est censé être votre frère, répliqua Harry, tandis que Ginny le relâchait.

- Ça l'empêche pas d'être obsédé par son petit nombril, réfuta Fred, tout sourire.

Dans leurs dos, Hermione distingua Lupin, et Thonks, un bambin en bras, qui n'avait pas un an. C'était l'occasion de s'éloigner des jumeaux, qui devenaient incommodants.

- Oh, c'est le petit Teddy ! s'extasia Hermione, toute inquiétude évaporée.

- Oui, viens, approuva Ginny en l'entrainant à sa suite.

Ron demeurait résolument invisible, et les nombreux invités qui se pressaient là, empêchaient Hermione de le discerner. Et en son for, elle admettait que cela ne lui déplaisait pas. Il avait été tant blessé après leur séparation, et si hostile à elle…

- Alors Hermione, toujours avec les P'tits Gars Anglais ? s'informa Thonks, alors qu'Hermione pouffait, face aux apparences que Teddy empruntait, métamorphage également.

- Oui, toujours.

- Tu as trouvé ta vocation ? devina Lupin, sirotant une gorgée de bierraubeurre.

- Je ne sais pas. Mais… je me sens efficace. J'en ai besoin. J'ai l'impression que… depuis septembre, l'Ordre n'existe plus. Que la menace qui pèse contre nous est oubliée.

- C'est une impression qui nous traverse aussi, admit Lupin. Voldemort est dans l'ombre, et cela est de mauvais augure. Il reviendra, c'est certain, et on ne sera sûrement pas prêts. Et en même temps, que faire ? Gagner le ministère comme Harry, ou jouer sur le tableau d'héroïne solitaire comme toi, Hermione ?

- Hé, je ne joue pas au à l'héroïne, rembarra Hermione. Je me moque franchement de ce que…

- Il te taquine Hermione, prévint Thonks. Maman ! Tu peux aller coucher Teddy ? C'est l'heure de sa sieste. »

Andromeda surgit, et, après avoir souri à Hermione, se retira en compagnie de Teddy. Les conversations s'enchainaient, les rires s'intensifiaient encore.

Hermione discuta avec Ginny, et les deux amies se retrouvèrent avec joie, échangeant les derniers évènements. Puis, Hermione passa à Bill et Fleur, cette dernière arborant un ventre rebondi qui attirait toute l'adoration de Molly. Charlie était présent également, en compagnie d'une jeune femme séduisante, très typée, aux cheveux sombres, et aux yeux bridés. Ils conversaient tous deux avec Arthur, et, à en juger par les orbes enjoués de ce dernier, la conjointe de Charlie était sans doute d'origine moldue.

Hermione croisa également Luna, qui avait accompagné Ginny dans sa fuite de Poudlard pour un week-end. Hermione échangea avec bon nombre d'anciens membres de l'Ordre, dont Shacklebolt – qu'elle voyait assez fréquemment, somme toute – Hagrid, Neville – en vacances tout comme Ron, et d'autres encore.

Pourquoi se sentait-elle si mal en compagnie d'hommes ? Elle l'ignorait. Elle n'éprouvait pas cela avec Viktor. Avec lui, elle était bien.

Non, depuis… ce mois de février, un malaise incertain régnait dans sa poitrine. La révélation qu'un danger permanent guettait les femmes ? Qu'une menace latente se dissimulait, et dont elle n'avait jamais eu conscience ? Un malaise qui la persuadait qu'elle avait été aveugle, et que si Parkinson n'était pas arrivée…

« Ron n'est pas là ? questionna-t-elle finalement Ginny, un verre de muscat dans les doigts.

- Si, mais il a disparu depuis un bout de temps, maintenant, releva Ginny. Et toi alors, que racontes-tu ? Ça s'est amélioré sur le plan finance ?

Hermione eut la franchise de grimacer.

- Pas tellement, accorda Hermione. Mon job à la librairie n'est pas… très enrichissant.

- Franchement Hermione, qu'attends-tu pour vivre ? s'exaspéra Ginny en croquant dans une tranche de cake salé. On dirait que tu as mis ta vie en stand-by depuis… depuis la fin de l'été dernier. Merde, la vie continue !

- Je n'ai rien mis en stand-by, s'offusqua Hermione, froissée.

- Tu n'as retrouvé personne.

- Je suis avec Viktor, rappela froidement Hermione.

- Oui, tu revis le passé. Tu as un boulot douteux où tu ne gagnes rien, tu ne fais aucune formation, alors que tu collectionnais les piles de brochures dans ta chambre, à Poudlard, tu passes à peine du temps avec ta famille… Tu mènes une vie de vieille, même avec ce truc des P'tits Gars Anglais. En quoi tu avances ? Demain, si tu meurs, tu pourras dire que tu as fait quoi de plus, depuis septembre ?

C'était une réalité à laquelle elles avaient été confrontées, à l'attaque de Poudlard. Et qui ne les avait plus quittées. Alors qu'elles avaient vu nombre de connaissances chuter sous les Avada, et qu'elles avaient survécu. Oui, demain, ce pourrait être elle. Malgré le silence de Voldemort, il n'était pas le seul à pouvoir écourter une vie.

Un accident, une maladie.

- Je t'assure, Gin', j'avance de mon côté. J'ai… besoin de me retrouver. J'ai longtemps foncé tête baissée avec…

- Ouais, ça c'est que tu racontes à tout le monde, siffla la cadette des Weasley, alors qu'elles se dirigeaient vers un angle plus isolé du jardin. Quand on est Hermione Granger, avec le cerveau que tu as, et tout le potentiel que cela implique, on ne reste pas les bras croisés.

- Tu as changé, Ginny.

- J'aimerais en dire autant de toi.

- Cela s'est arrangé, avec Charlie, alors ? s'enquit Hermione, éludant ses reproches.

Les yeux chocolat de Ginny scintillèrent un instant, tandis qu'elle décochait un long regard à son frère.

- Tu sais… j'étais jeune – dix ans – quand Charlie est parti pour la Roumanie, souffla Ginny. Je n'avais pas vraiment de relation avec lui comme… j'en avais avec Bill, Percy, Fred, Georges ou Ron. J'avais l'impression… que je n'existais pas à ses yeux. Et j'en souffrais vraiment. J'étais jalouse à l'idée qu'un jour… il ait une femme et des enfants. Qu'il leur donne l'affection qu'il ne m'avait jamais portée.

- Et ?

- Et depuis qu'il est avec cette femme… Chris, elle se nomme. Depuis qu'il est avec elle… On dirait qu'il grandit. Qu'il s'ouvre. Il reste ici une semaine, et il m'a dit qu'on passerait la journée de dimanche tous les deux. Cela… ne s'est jamais produit auparavant.

- Tu as eu peur que sa femme prenne sa place et… finalement, on dirait qu'elle te réintègre dans sa vie, hein ? lança Hermione en acquiesçant.

- Oui.

« Peut-être que Ginny a raison. Que je devrais me lancer. Rompre avec les chaines qui m'étranglent. »

- Pourquoi tu ne te tires pas en Bulgarie avec Viktor, si tu l'aimes ? Pourquoi tu ne vis pas à fond, maintenant qu'on sait tout ça ? Sur la mort, sur la vie ?

Hermione la scruta, interdite, ses doigts moites se resserrant autour de son verre. Une brise frêle faisait rouler ses boucles sauvages, et elle admirait le lointain, insensible aux rires qui se perdaient là-bas.

- C'est vrai ça, pourquoi tu rejoins pas Viky ?

Hermione ferma les yeux sur le coup. Et tourna sur elle-même. Ron arrivait vers elles, les mains dans les poches, les sourcils froncés, l'air mauvais. Émergeant du bosquet, au côté duquel elles se tenaient.

- Arrête un peu, Ron, réprimanda Ginny. Je vous laisse.

Et la rousse s'éclipsa, sans capter le coup d'œil désespéré d'Hermione.

- Salut Ron.

- J'ai quand même du mal à avaler que tu m'aies quitté pour un abruti pareil. Je sais pas ce qu'il t'a fait lors de ce bal de la Coupe de Feu, mais décidément, t'en pinces toujours pour lui, hein ? Skeeter avait raison, la célébrité et le fric, pas vrai ?

- Ron, arrête. Ça ne va pas de dire des choses pareilles ? On ne s'est pas vus pendant des mois, ce n'est pas pour se disputer le jour de ton anniversaire !

- Bah tiens, t'as raison ! Trinquons à ça ! Et une, une année de merde supplémentaire !

Il arracha le verre des mains d'Hermione et le déglutit en une gorgée, vacillant piteusement.

- Ron ? Tu es saoul ?

- Ah ouais, dès que Ronald Weasley dit la vérité, on n'a qu'à gueuler qu'il est bourré, c'est plus facile ! Alors, y te donne combien par mois ? Cinq cents gallions ? Mille ?

- Tu sais la somme que ça représente ? pouffa nerveusement Hermione. Tu es fou ou quoi ?

- Ah, mais j'ai vu les photos, t'avais pas l'air de refuser lorsqu'il te payait le resto ! T'as pas idée comme je suis déçu de toi, tu pouvais pas tomber plus bas à mes yeux.

- Ron, écoute, si vraiment j'abusais de son fric, comme tu dis, crois-moi que j'aurais changé de chaussures, depuis le temps que les…

- Eh tu veux quoi ? Que je pleure avec toi ? Sérieux, j'aurais jamais dû revenir dans ce pays de tarés. Ils passent leurs temps à pleurer que Percy est mort, mais moi, je suis là, et même pas ils apprécient !

- Comment tu peux dire une telle chose ? souffla Hermione, répugnée. Ils se sont coupés en quatre pour t'organiser une superbe fête et…

- Bah ouais, tellement bien leur fête, que j'y suis pas, et qu'ils le voient pas. Arrête, te fous pas de ma gueule, regarde un peu comme chacun s'en fout de Ronald Weasley, le bouffon de la famille, qui sera jamais auror comme Bill, un éleveur de dragon comme Charlie, ou un voyou plein aux as comme les deux autres.

- Je ne sais pas ce qui t'arrive Ron, mais tu ne mérites rien de tout cela. Chaque jour, je vois des orphelins, et des personnes qui ont perdu des proches, et crois-moi qu'ils méritent cette famille mille fois plus que toi, cracha Hermione, enflammée.

- Et moi, c'est p't'être facile pour moi ! Eh bah voilà la grande savante de Poudlard, le retour ! La donneuse de leçons ! Tellement savante que t'as plein d'amis, nan, hein ? Eh bah ouais, c'est ça quand on est malin, le fric avec un mec blindé, la popularité, et puis un petit métier pour faire bonne figure ! Mais dis, entre nous… Viky, tu lui en laisses un peu du pognon, ou tu lui prends tout ?

- Ron, ferme-la, dégage ! hurla brusquement Hermione, défigurée. Tu te rends compte comment tu te comportes ? Et Harry qui me disait que tu avais changé ! Tu es vraiment un abruti !

- Dégage ? Moi ? Mais je suis chez moi, cracha Ron. Toi, qu'est-ce tu fous là ? Hein ? Qui t'a invitée ? On t'a demandé de venir ? T'as pas apporté Viky chéri avec toi ? Que vous puissiez fricoter ensemble face à…

- Hé, que se passe-t-il ici ?

Harry les atteignait, déboulant dans leur direction, certainement prévenu par Ginny. Les larmes d'Hermione et la figure rouge de Ron l'immobilisèrent.

- Tu es vraiment devenu un salaud Ron. Je ne sais pas si… si tu as réellement su qui j'étais, mais on ne peut pas autant se tromper sur moi. Si tu as cru que tu m'aimais un jour, détrompe-toi. C'est pas de l'amour ça, c'est de la possession, et c'est… malsain. Je ne suis pas là pour flatter ton nombril, et pour dire amen à chacune de tes phrases. Je ne l'ai jamais été et… je ne le serai jamais. »

Et Hermione se détourna, les épaules secouées de sanglots. Sans même s'en apercevoir, elle franchit le portail et tira sa baguette. Disparaissant dans l'horizon.


J'espère que vous l'aurez aimé.

À présent... *s'assied et tire son bloc-notes du tiroir* j'ai quelques questions pour vous :D

Quels sont les personnages que vous préférez ? Et qu'aimez-vous chez eux ? Quels sont ceux que vous aimeriez voir davantage ? Pour le côté dramione, vous plait-il ? Est-ce que vous voudriez qu'il évolue autrement, et en quoi ? Etes-vous déçu depuis le début de la fiction, et si oui, en quoi ? Etes-vous toujours perdu ou commencez-vous à reprendre pied avec la fiction ? Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez lire, ou qui vous intéresserait, ou qu'il vous semble qu'il manque ?

Moui, j'avais un petit peu de question ^^

Pour les lecteurs de La Descente, j'ai une bonne nouvelle... C'est une question de jours. Dieu, le chapitre est monstrueux, je vais débuter les relectures, l'horreur :) mais ce sera pour votre plaisir - prions pour, encore, les enfants !

Bisous!