Au départ : Cela devait ressembler au film « Atonement » (ou « Reviens-moi », en français), un film de Joe Wright avec Keira Knightley et James MacAvoy, adapté d'un roman d'Ian McEwan : deux amants, séparés à cause d'un quiproquo qui envoie l'un à la guerre et pousse l'autre à renier sa famille. Finalement, et malgré tous leurs souhaits, l'événement qui semblait à première vue anodin finira par définitivement les séparer. C'était prometteur. Ce morceau en gardera les grandes lignes, mais j'ai souhaitée adapter à ma sauce. Au final, une histoire très sombre.

Le speech : Après sa défaite face aux Avengers, Loki est exilé, sans pouvoirs, sur Terre. Sous la volonté de Thor, il est accueilli à la Tour Stark, là où résident désormais l'ensemble des Avengers. D'abord aigri, il finit peu à peu par se faire à ce nouveau monde, et se lie à Anthony Stark, qui le fait lentement sortir des ténèbres. Bien que désormais allié, il reste une menace potentielle pour le SHIELD et la plupart de ceux qu'il côtoie. Ainsi, lorsqu'il soupçonne un nouveau venu de l'équipe des Vengeurs de vouloir semer le trouble dans la ville, peu sont enclins à le croire. Et, lorsque le drame survient, rien ne pourra empêcher les accusations de transformer ce nouvel Eden en véritable Enfer.

Ce qu'il faut savoir : C'est un Loki/Tony, entre autres. Une histoire qui n'a rien de drôle. Je parlerai de tortures, de pensées suicidaires, d'abus, de sexe, et bien d'autres choses que vous ne souhaiteriez pas lire si vous avez moins de seize ans, je pense. Cela sera surtout du point de vue de Loki. Et, cela ne finira pas bien. Pas bien du tout. Egalement, j'ai un peu bousculé la chronologie Marvel : tout se passe deux ans après les événements d'Avengers, après Iron Man III et Captain America: The Winter Soldier. Spoilers, donc, si vous n'avez pas vu ces deux films. Quant à Thor II, il se déroule à peu près en même temps que cette histoire : Loki n'y prend donc pas part. J'y ferai de vagues allusions, sans plus. Nous sommes ainsi quelques mois après Captain America II et quelques mois avant Avengers II.

Je vous souhaite une agréable lecture.

Votre serviteur,

AMAZINGmadness.


PROLOGUE

« L'exil. »

J'ai complètement perdu la tête. Je ne me souviens de rien, je le jure. Laufey, non, je ne me souviens pas l'avoir tué. Non, je n'ai pas tenté d'attenter à la vie d'Odin. Ce sont des mensonges, non, je ne mens pas, je ne sais pas. Je ne me souviens pas de Thanos. Pas plus des Chitauris. Je n'ai pas pu détruire cette ville, ce n'était pas moi.

Les larmes sont salées. Le sang a un goût de fer et de rouille. La peau qui s'écorche tiraille et brûle. La peau qu'on perce incendie. Les os qui se brisent sont des grincements sinistres.

Entravé, enchaîné. Avoue tes pêchés, crache-les. Tu ne peux pas parler, il y a quelque chose sur tes lèvres, tu ne peux pas hurler, tu n'as en fait que tes yeux pour pleurer. Allez, ne fais pas l'enfant, tu es grand, assez grand pour juger qui doit mourir ou non, assez grand pour répondre de tes crimes. Où sont les Chitauris ? Où est Thanos ? Où étais-tu pendant tout ce temps ?

Il se passe deux ans. Des semaines et des mois avant que Loki n'ait la possibilité de rejoindre enfin une terre d'exil. Pour les Dieux, c'est un temps bien court. Pour lui, cela a été un Enfer sans fin.

Thor le pousse en avant sans trop de ménagement. Loki ne se plaint pas. Il ne dit rien et conserve ses yeux baissés vers le sol marbré. Il écoute à peine son frère, qui parle et raconte, qui tente de l'imposer à ses compagnons de fortune. Non, il n'est plus une menace. Oui, il a été puni. Thor soupire, coule vers lui un regard qu'il ignore. Il rajoute que sa punition a été assez désastreuse pour qu'eux en rajoutent en plus.

Loki aimerait en sourire, il aimerait en rire. Quoi, tu oses affirmer cela ? Tu oses prononcer de telles paroles, toi qui as assisté sans broncher ? Toi qui n'as jamais rien fait ? Il ressent un peu d'amertume, mais ne montre aucune réaction. Il laisse Thor poser une main sur son épaule. Peut-être n'a-t-il en fait plus la force de réagir.

L'homme tourne son regard vers la grande baie vitrée surplombant la ville, sans pour autant relever la tête. Il regarde et il se demande si c'est bien lui qui a fait tout cela, les trous dans les murs, les gravats aux quatre coins des rues, les croix et les gerbes de fleurs posés au bas des immeubles. Oh, si, bien sûr, il se souvient. Thanos et les Chitauris. Le Tesseract. Mais, tout reste un peu flou. C'est comme un cauchemar, un terrible cauchemar dont il ne possède plus au réveil que de vagues souvenirs. Rien à voir avec l'avant comme l'après. Il se souvient avoir tué son véritable père, avoir tenté d'arrêter Thor. Il se souvient être tombé. Il se souvient des tortures. Des nombreuses tortures.

Avant comme après.

Et, finalement, Thor s'échappe et le laisse là. Il parle, lui dit quelques mots à l'oreille, qu'il reviendra et que tout se passera bien. Il l'étreint. Loki reste de marbre, pas vraiment là. Il regarde toujours par la fenêtre. L'homme blond soupire et voilà. Il n'est plus là. Comme d'ailleurs il ne l'a jamais été. Ce n'est pas très grave.

- Dans quel putain d'état ils t'ont foutus …

Une main se serre autour de son menton et le force à relever la tête, à tourner son regard. Au travers de ses yeux verts, il aperçoit le reflet connu d'Anthony Stark, qui siffle entre ses dents et le détaille minutieusement du regard.

- Okay, j'avoue avoir eut pas mal de rancœur envers lui, mais là, franchement, on dirait juste un foutu cadavre.

Il entend des voix, qu'il reconnaît un peu. Il tourne son regard et voit Clint Barton et Bruce Banner l'observer d'un peu plus loin, semblant aussi déstabilisés que Stark. Où est-il ? Que font-ils ici ? Bah, quelle importance ? Qu'est-ce qui est encore important, désormais ?

- Tu peux marcher, Laufeyson ? Bruce, ça ne te dérange pas de … ?

- Non, emmènes-le à l'infirmerie. Je pense qu'il a besoin de quelques soins urgents.

Loki ne comprenait pas ou, plutôt, n'essayait pas même de comprendre. Stark posa ses mains de chaque côté de sa tête, empêchant son regard de se dérober au sien. Les paumes de ses mains étaient calleuses, la peau n'avait rien de douce. Les heures passées à bricoler, sûrement. Il ne semblait pas tant avoir changé, du moins, son visage était resté le même. Loki avait juste l'impression qu'il semblait bien pâle.

C'était là ses seules pensées cohérentes. Description, reconstitution. Rien ne lui semblait étrange ou incohérent. Pas la force, pas le courage, pas l'envie. Il lui semblait que si Stark le lâchait, il s'effondrerait sur le sol. L'ingénieur dû s'en apercevoir, car il passa un bras autour de sa taille, se précipitant en le voyant vaciller. Il maugréa, jura dans son maudit langage terrien. Et le traîna jusqu'à une autre pièce, plus lumineuse, plus petite, où il le força à s'allonger sur un lit d'appoint.

Peut-être allaient-ils eux aussi s'en prendre à lui ? Cette pensée raviva un instant son esprit. Il se redressa vivement, cria certainement quelques paroles inintelligibles. Il se débattit, réveillant des douleurs latentes, et hurla en sentant des os brisés se rappeler à son bon souvenir.

- Loki, bordel, ça sert à rien ce que tu fais, de toute façon tu n'as plus de magie ! Arrête de bouger, on veut juste savoir si tu n'as rien de grave.

Plus de magie. Aucune magie. Il se laissa retomber contre le lit, arrêtant de se débattre, arrêtant de tenter de faire venir sa magie jusqu'à lui pour parvenir à se défendre. Oui, plus aucune magie. Perdue, envolée, arrachée. Odin qui l'enferme dans une de ses précieuses reliques, Odin qui le renie et lui enlève tous ses privilèges. Plus de magie, plus de Loki Odinson, plus de Dieu. Juste Loki Laufeyson, le Jotun. L'éternel Jotun, mourant, agonisant, sous leurs rires et leurs ricanements, parce que c'est bien ainsi que se doivent de finir les monstres, attachés et seuls, enfermés et battus à mort.

Il n'essaye pas de ravaler ses larmes. En fait, il n'a pas entièrement conscience qu'il est en train de pleurer. C'est quelque chose de très froid sur ses tempes, qui roule et coule, et se perd sur l'oreiller. Cela ressemble à du sang. Il a plus l'habitude du sang.

Ils parlent encore, ils semblent inquiets, ils s'agitent autour de lui. Banner découpe ses fins vêtements de toile à l'aide d'un ciseau et fronce un peu plus les sourcils à chaque centimètre de peau découvert. Barton jure dans son coin, perché sur une table proche, et Stark pianote sur diverses machines et parle à une voix venue du plafond.

Qui est l'ennemi ? Qui est l'allié ?

- Il faut l'emmener à l'hôpital. Ce n'est pas de sutures dont il a besoin, mais bien de plusieurs interventions très urgentes. Comment Thor a-t-il pu nous l'amener dans un tel état ?

Loki parvient à peine à comprendre leurs paroles. Il ne sait pas réellement ce qu'est un hôpital, ni en quoi consistent ces diverses « interventions ». Mais, il parvient très clairement à identifier la perplexité et la colère dans le ton du scientifique, lorsqu'il évoque le Dieu du Tonnerre. Cela le fait sourire un peu. C'est plus un douloureux rictus qui se développe sur ses lèvres déchiquetées.

Après la défaite, il se souvient du sevrage. Le Tesseract est une source d'énergie addictive, appuyer sur le bouton d'arrêt n'était pas suffisant, il a fallut des semaines pour qu'il puisse avoir ne serait-ce qu'une pensée cohérente. Entre temps, il y a eut de nombreuses réunions, de nombreux conseils. Pour déterminer son sort. Pour savoir quel serait son avenir. Tant de possibilités, de choix, de décisions.

Tout d'abord, l'on décida que Jotunheim avait son mot à dire, ainsi que Midgard. Des ambassadeurs furent accueillis, dont les autres enfants reconnus de Laufey, Nick Fury et l'actuel vice-président des États-Unis. Loki les vit défiler devant sa prison de verre, se flatter les uns les autres, il vit les mains se serrer et les paroles sceller son sort. Et, en lui bouillait la colère, la rage, la haine. On avait entravé sa magie, mais il la sentait encore là, malgré tout. Comme il aurait aimé, en cet instant, pouvoir sortir et tous leur faire payer. C'était encore les paroles de Thanos qui résonnaient dans son esprit et le pouvoir du Tesseract qui coulait dans ses veines.

Lorsque le « procès » avait prit fin, toute forme d'influence avait disparue de son esprit et de son corps. Ases, Jotuns et Midgardiens avaient regardés sa silhouette vacillante et amaigrie s'avancer. Il n'avait pas réagit aux mots d'Odin, l'avait laissé lui enlever ses titres royaux, ses privilèges et sa magie sans se débattre. Il n'avait rien dit quant à sa punition, deux ans d'emprisonnement puis l'exil. Dans son esprit, cela avait sonné comme une peine bien fragile et maigre. Il en avait été soulagé.

Bien sûr, il ne s'était pas douté que ces deux années dans les cachots du palais d'Odin ne seraient pas aussi paisibles qu'il l'avait espéré. Loki soupira, revenant un instant à la réalité. Jeté dans une cellule et traité comme un animal. Peu de nourriture, peu de soins, peu de considération. C'est ainsi que l'avaient voulus tous ces gens. Leurs désirs avaient été respectés.

Et, au bout de ces longues semaines, de ces mois d'Enfer, Thor qui ouvre la porte. Thor qui cille à sa vision, qui pleure un peu, et comment lui, Loki, pense à lui enfoncer ses ongles dans les yeux pour qu'il cesse enfin de geindre. Thor explique qu'il n'a rien voulu de tout cela, qu'on ne lui a pas laissé le choix, qu'il est retourné sur Midgard dès lors le jugement rendu, que s'il avait su … Eh bien, quoi ? Cela aurait-il changé quelque chose ?

Face à sa naïveté, à ses grands yeux remplis de larmes et d'horreur, Loki aurait bien pu lui arracher la gorge à mains nues. Il aurait pu user de ses maigres et dernières forces pour le blesser aussi sauvagement que possible. Pourtant, il n'avait rien fait de tout cela. Il avait baissé les yeux et s'était excusé. Oui, voilà, il avait laissé l'homme passer une couverture autour de ses épaules et avait dit « Pardon ». Et, Thor avait sourit.

Pardon.

De sa vision brouillée par les larmes et le peu de conscience qui bataillait dans son esprit, il suivit les déplacements de Banner, qui représentait pour lui la pire menace. Il se souvenait quelque peu de leur dernière rencontre, et surtout des blessures qui en avaient découlé, et souhaitait à tout prix ne pas retenter l'expérience. Bien sûr, chacun des trois Vengeurs était une menace potentielle : il avait fait de Barton son disciple dans le crime, il avait jeté Stark du haut de sa précieuse tour, il avait méchamment énervé l'alter ego de Banner. Et, surtout, il avait détruit leur ville.

Des actes flous, lointains, qui semblaient être imputés à une personne étrangère. Il se voyait tenir le sceptre, le manier, tuer et soumettre grâce à lui, mais les pensées qui influençaient ses actes n'étaient pas les siennes. Thanos s'était nourri de sa rancœur et de sa colère pour les changer en rage et en haine. Le Tesseract avait fait de son ressenti des actions meurtrières et punissables.

Et, désormais, sans tout cela, qu'était-il ?

Ses pensées se perdirent lorsqu'une douleur fulgurante déchira sa clarté d'esprit, remontant de son avant-bras gauche. Il dû se mordre les lèvres – et par là-même rouvrirent les plaies qui les ponctuaient – pour ne pas hurler. Les paupières étroitement fermées, il ne pu voir Banner pâlir en découvrant l'état de son bras, cherchant rapidement une seringue et quelque antalgique afin de calmer la douleur. Le médecin s'excusa en enfonçant l'aiguille entre les chairs sanguinolentes.

Et, Loki hurla de nouveau.

- Okay, on arrête les frais. J'appelle une ambulance.

- L'institut médical du SHIELD possède les meilleures installations possibles.

Les mots de Banner laissèrent un froid. Loki gémit, gardant ses yeux désespérément clos. Pas le SHIELD. Pas la prison, pas encore. Stark dû le comprendre, car il s'évertua à dénigrer cette possibilité face à ses deux équipiers.

- L'institut médical d'HYDRA, tu veux dire.

- Il existe encore une unité médicale fidèle au SHIELD, tu le sais bien.

- Coulson a dégagé les nazis 'y a un bon bout de temps.

- Qui c'est qui t'as dis ça ? La majorette venue du froid de Rogers ?

Le SHIELD le ferait emprisonner, voire même exécuter. Or, une telle chose signifierait certainement une guerre entre la Terre et Asgard, ou alors, dans une moindre mesure, le détournement de leur allié le plus précieux, Thor.

Ces deux pensées ne tirèrent aucune émotion à Loki. Une guerre, cela ne signifiait qu'une de plus. Thor venant à son secours, cela semblait trop risible dans l'état actuel des choses. La seule chose à laquelle il s'accrocha fut la soudaine sollicitude que semblaient porter à son égard ces trois hommes, autrefois ses ennemis les plus ingénieux. Certes, la voix de Barton contenait toujours un peu d'amertume, les gestes parfois peu précautionneux de Banner démontraient son ressentiment, mais au moins l'aidait-ils. Même sa « famille » n'avait pas eut tant d'égards à son propos.

- Il n'a qu'à choisir.

Les mots de l'archer le forcèrent à rouvrir les yeux. La douleur s'était calmée, certainement grâce aux drogues que Banner lui avait injecté, mais la forte lumière le força à cligner plusieurs fois des yeux afin d'y voir plus clairement. Il tourna lentement la tête vers les trois hommes qui le jaugèrent un instant du regard. Ainsi allongé, dénudé par les investigations du scientifique, sans magie, sans arme, sans résistance, il était une proie facile pour Iron Man, Hulk et Hawkeye. S'il n'avait pas eut si peu d'égards quant à sa survie, cette perspective lui aurait tirée des sueurs froides.

Barton sauta de son perchoir et vint s'appuyer contre l'une des armoires, dardant sur lui un regard perçant. Loki, lui, ne comprenait pas vraiment ce qu'ils attendaient de lui. De peur de dire quelque chose de déplacé – et de peut-être avoir à en payer les conséquences -, il préféra se taire, se contentant de garder un visage impassible, respirant profondément afin de garder le contrôle sur son souffle et sur les battements fous de son cœur. Il aurait été idiot de ne pas voir qu'il avait peur – qu'il était littéralement terrifié. Son regard vert et terni exprimait des choses que tous trois auraient préférés ne pas voir.

- Laufeyson, nous ne savons pas ce qui s'est passé sur Asgard, mais en tout cas tu as besoin de soins urgents. Tu as des côtes cassées, les os de ton avant-bras sont en miettes, tu as diverses plaies infectées et je suis presque certain que tu as également une hémorragie interne. Si nous ne t'emmenons pas rapidement dans un établissement de soins, où des personnes compétentes pourront traiter tes maux, tu risques d'en mourir. Tu comprends ?

Loki passa un regard vitreux sur ces trois hommes, héros en leur monde, prodiges en leur espèce, ses plus féroces ennemis, ne comprenant pas leur volonté. En Asgard, les traîtres, les criminels de rangs inférieurs étaient décapités, pendus, torturés. Le vol était puni d'amputation. Le meurtre se réglait en lynchage, en abominables tortures perpétrées en place publique. Dans un certain sens, malgré son avancée supérieure, Asgard restait un monde de barbares. Un monde où l'on torturait les princes, où ils étaient battus, menottés, marqués, livrés en pâture aux bourreaux et aux gardes, où aucune éthique, aucun honneur n'avaient cours. Comment penser que les autres mondes étaient différents ?

Il passa sa langue sur ses lèvres craquelées, goûtant le sang fraîchement coulé. Épuisé, il eut du mal à former ses mots, les chercha un moment. Il n'était pas sûr de la réponse à donner. Il dû sonder de nouveaux les expressions de ses bienfaiteurs avant de se décider.

- Laissez-moi … mourir.

Il avait payé, bien plus qu'ils ne pouvaient l'imaginer. Il ne voulait plus retomber dans les griffes des bourreaux, qu'ils soient Ases ou Midgardiens, il ne voulait plus être jugé pour des actes qu'il n'avait commis que sous l'influence d'un tyran. Savaient-ils au moins que, s'il l'avait réellement voulu, ce monde serait désormais en poussière ? Il avait tout fait pour empêcher Thanos de conquérir Midgard, et cela avait commencé par le cloisonnement forcé de sa magie. Thor aurait d'ailleurs dû s'en rendre compte. Il n'était, après tout, pas le plus puissant des sorciers des Neuf Royaumes pour rien.

Alors, devait-il encore faire les frais de ces faits si lointains pour lui ? La paix, voilà la seule chose qu'il désirait, en cet instant. Juste pouvoir se reposer un peu, juste pouvoir calmer et soigner son esprit et son corps mis à mal par ces funestes événements. La paix, la mort. C'était en fait assez semblable.

Pour lui, cela l'était.

Sifflant entre ses dents d'une manière qui lui fut désagréable, Stark se pencha soudainement à sa hauteur, posant un bras sur le lit médicalisé, au-dessus de sa tête. Loki fut surpris par ce qu'il vit dans le regard du milliardaire, notamment par la soudaine colère et l'étrange sollicitude qui semblaient clairement l'animer. Ses yeux sombres vibraient d'une flamme intense, hypnotique. Le Jotun s'étonna de ne pouvoir s'en détacher, écoutant par là-même à peine les paroles qu'il prononça.

- Alors là, tu rêves. Même si tu restes un bâtard fini, tu es chez moi, tu m'as été confié, et ma conscience et mon karma ne s'en remettront sûrement pas si je te laisse crever sans agir dans mon infirmerie.

Loki eut une respiration étouffée, offusquée. Ignorant la douleur atroce qui s'élança dans son avant-bras au geste, il attrapa vivement le haut de Stark, ses jointures blanchissant à la prise violente, rapprochant ainsi son visage du sien. Les dents serrées sous la colère et la douleur, ses paroles étouffées furent néanmoins compréhensibles.

- T'être … confié ? Me prends-tu pour un … animal domestique, Stark ?

Le milliardaire haussa un sourcil, semblant bien plus intrigué qu'apeuré. Un sourire vint d'ailleurs étirer ses lèvres, un rictus un peu moqueur, qui fit grogner Loki de rage.

- Voilà le Loki que je connais.

Résigné, il finit par baisser de nouveau son bras, lâchant Stark, non sans laisser échapper quelques plaintes de douleur. Dans l'intraveineuse installée au creux de son bras droit, Banner ne se pria pas d'y injecter une nouvelle dose de calmants. Stark s'éloigna en souriant, parlant encore à une voix que Loki ne pu clairement identifier, semblant provenir du plafond. Barton quitta la pièce sur le champ lorsque le milliardaire ordonna à son étrange sous-fifre de prévenir l'unité médicalisée du SHIELD de l'arrivée imminente d'un patient d'exception.

Agacé par le comportement de l'humain, Loki tourna de nouveau les yeux vers le plafond, ruminant ses pensées. Quels idiots, quelles vermines, pourquoi donc ne pas le laisser ainsi ? Pourquoi donc s'acharner ? Soudainement, Loki se remémora pourquoi il les détestait tant.

Il plongea son regard sur le blanc qui recouvrait les murs, tentant de calmer ses pensées, tentant de reprendre un peu de contrôle sur sa respiration et sur la douleur qui semblait prête à le submerger. Mais, dans sa contemplation, il finit pourtant par se stopper un instant. Son esprit semblait être plus clair, ses idées moins confuses. Soudainement, il se rappela certaines choses. Soudainement, il se sentit de nouveau lui-même.

- Surtout, ne me remercie pas, Rudolph.

Stark souriait de son sourire le plus agaçant, pianotant allègrement sur son poste, regardant du coin de l'œil son expression changer, passer de la colère à l'incrédulité. Loki cligna plusieurs fois des yeux, comprenant rapidement qu'une colère ravivée, plus saine, plus neutre, venait de reléguer un instant au second plan les démons les plus vivaces. S'agacer des comportements de ces humains farfelus pour oublier le chaos qui faisait rage dans son esprit. Ainsi, il se souvenait un peu de ce qu'il était, il parvenait à toucher à nouveau du bout des doigts ce qui le caractérisait si bien avant que l'horreur ne prenne place dans sa vie.

Stark avait su exactement quoi faire, et cela l'intrigua au plus haut point.

- Merci.

Le mot, à peine soufflé, stoppa Stark dans ses gestes. Surpris, voire ébahi, il arrêta toute action, dardant soudainement sur lui un regard que Loki ne sut réellement déchiffrer. Et, alors que Barton revenait, annonçant que le SHIELD était prêt à recevoir son nouveau patient, alors que Banner injectait dans ses veines de quoi l'endormir profondément, il se mit à rire. Avant de sombrer dans l'inconscience.


J'espère que cela vous a semblé prometteur. Je dois vous avouer que j'ai repris mes habitudes d'écriture au compte-gouttes, donc je ne vous promettrai rien au niveau de la livraison des premiers chapitres. Le premier est néanmoins terminé, et je potasse sur le reste. A bientôt, donc.

N'hésitez pas à poster vos remarques !