Note de l'auteur :
En rangeant un peu la tonne de papiers qu'il y a chez moi, je suis retombée sur des écrits datant d'au moins une dizaine d'années, quand j'étais encore à l'école. Un à un, je les ai relus et certaines histoires m'ont particulièrement émues, notamment ce one-shot. J'ai voulu vous le faire partager pour deux raisons : d'abord, pour vous dire que je ne vous ai pas oublié et aussi parce que si même après des années cette histoire me touche, alors elle peut vous plaire.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Crystal of Shadow
LES CINQ TRESORS
-Quoi qu'il se passe aujourd'hui, Hermione, sache que je t'aime, avait-il dit.
-Mais ils vont te tuer ! s'était écriée Hermione. L'Ordre va te tuer !
-Non, avait-il nié. Ce n'est pas l'Ordre qui va risquer de me tuer. Ce sont les Death Eaters.
-Pourquoi ? avait fait Hermione, interloquée
-Je ne voulais pas te le dire avant mais j'ai réussi à convaincre une bonne partie des nouveaux Death Eaters que le monde meilleur que Voldemort exigeait n'était qu'une plaisanterie macabre. Nous allons grossir les rangs de l'Ordre.
-Pourquoi tu as fait ça ?
-Tout simplement par amour pour toi. Tu m'as fait voir la vie telle qu'elle devrait l'être. Tu ne sauras peut-être jamais à quel point je t'en suis reconnaissant …
-Je ne veux pas que tu meures !
-Moi non plus je ne veux pas que tu meures. Mais chacun d'entre nous doit livrer son propre combat. Sois toujours assurée de mon amour, Hermione. Je t'aime.
-Je t'aime aussi.
C'était la dernière fois qu'ils s'étaient parlé, juste avant la grande bataille finale contre Voldemort. Tous les deux avaient survécu mais Hermione avait été gravement blessée au cours de l'affrontement et ses jours étaient en grand danger. Ne voulant pas perdre espoir, lui avait ratissé le pays avec des Death Eaters qui avaient changé de camp ainsi que des membres de l'Ordre du Phénix, notamment Harry Potter, pour traquer les derniers fidèles de Voldemort.
Mais lorsqu'il était revenu, elle était partie. En lui laissant une lettre.
Je t'aimerai toujours mais je ne peux pas rester.
Ne cherche pas à me retrouver ni même à me joindre.
Je resterai toujours tienne à jamais.
Adieu, amour de ma vie.
Hermione.
Elle avait quitté l'Angleterre sans se retourner et non sans verser toutes les larmes de son corps. Elle était partie se réfugier aux Etats-Unis et grâce à son intelligence, elle avait passé son diplôme de Médicomagie et son équivalence Moldue en moins de temps qu'il ne le fallait et ses patients, fidèles depuis qu'elle avait ouvert son cabinet, ne tarissaient pas d'éloges sur elle.
Mais elle avait dû revenir en Angleterre.
Ses parents avaient eu un grave accident de voiture et bien que les plus gros dégâts aient été réparés, Hermione avait été consciente, en leur rendant visite, qu'ils souffraient encore. En allant chercher des ingrédients pour fabriquer des potions pouvant soulager leur douleur, elle était tombée sur Fred et Georges Weasley sur Diagon Alley, qu'elle n'avait plus revu depuis la bataille sept ans auparavant. Comme Noël approchait, ils l'avaient invitée pour le réveillon dans la nouvelle maison familiale des Weasley et elle avait accepté. Là-bas, elle avait retrouvé Arthur et Molly Weasley, Bill et Fleur, Ron et Lavande qui s'étaient mariés, Ginny et Harry, également mariés, bien entendu les jumeaux, leur frère Charlie et d'autres connaissances encore.
Mais ce fut sur les coups de minuit qu'Hermione eut le plus grand choc de sa vie.
Il était là. Encore plus que dans ses souvenirs. Plus fort, plus grave et semblant plus sage aussi. Et ses yeux brûlaient toujours autant d'amour pour elle comme son cœur battait toujours autant pour lui malgré les années. Ils n'avaient pas osé se parler ni même se toucher. Leurs regards le faisaient à leur place. Rien ne s'était passé cette nuit-là mais leurs vies avaient basculé à nouveau.
Hermione avait souffert de vivre loin de ses proches alors elle avait décidé d'ouvrir un cabinet près de Diagon Alley quelques temps avant d'avoir rencontré les jumeaux. L'apprenant, ses amis vinrent régulièrement la voir et lui aussi. Elle avait ainsi appris qu'il était également devenu Auror et qu'il travaillait très souvent avec Harry et Ron. Tous les trois étaient devenus d'excellents amis.
Mais tout cela était trop beau pour durer.
La veille, pour une raison encore inexpliquée, des personnes s'en étaient prise à Hermione, avaient saccagé son cabinet avant de le faire exploser. Harry, Ron et lui étaient venus à St Mungo pour lui annoncer qu'ils seraient désormais présents pour la protéger. Ils l'avaient ramené chez ses parents où elle vivait et lui avaient déclaré qu'ils passeraient la nuit là avant de trouver d'autres arrangements le lendemain.
Et puis il les avait vus. Ce qu'elle lui avait caché durant toutes ses années. Il n'avait rien dit mais elle savait qu'il avait deviné. Harry et Ron n'avaient pas soufflé un seul mot, ayant senti que cela ne les concernait en rien.
Il était tard. Hermione s'était réfugiée dans sa chambre, les tensions étant trop grandes dans le salon où les trois Aurors étaient restés. Elle sortit d'un coffret en bois posé sur sa table de nuit une sphère de verre où avait été emprisonnée une rose rouge parfaitement conservée, ainsi qu'une chaine en or avec un pendentif en rubis. Elle les regarda, nostalgique.
-Maman ? Qu'est-ce que c'est ? fit une voix
-Vous n'êtes pas sensés dormir, vous deux ? rétorqua gentiment Hermione
Elle regarda les deux enfants qui s'étaient approchés. Une fille, un garçon. Des jumeaux de six ans et demi. Ses enfants. Ils avaient hérité de leur père la couleur des cheveux et des yeux mais tous s'accordaient à dire qu'ils étaient le portrait craché d'Hermione.
Amy et Jonas.
-On n'arrive pas à dormir, fit Jonas.
-On peut dormir dans ton lit, dis ? demanda Amy
-D'accord, sourit Hermione. Allez-y.
-Youpi !
Les jumeaux se glissèrent sous les draps et Hermione se tourna vers eux.
-Maman, fit Amy, tu nous as dit que chaque chose avait une histoire …
-Pourquoi quand tu es triste tu regardes cette rose et cette chaine ? termina Jonas
Hermione s'émerveillait à chaque fois que l'un des jumeaux commençait une phrase et que l'autre la terminait. Son regard se posa vers la table de nuit où elle avait déposé les objets avant de revenir sur ses enfants.
-Ce sont des cadeaux que m'a fait votre père, avoua Hermione. J'y tiens énormément.
-Raconte-nous ! supplièrent les enfants
-Très bien, rit Hermione.
Elle rassembla ses souvenirs avant de reprendre la parole.
-Cela remonte à il y a environ sept ans, dit Hermione. J'étais en dernière année à Hogwarts, dans la maison Gryffindor. Votre père était aussi en dernière année mais à Slytherin. Nous étions tous les deux les préfets en chef et nous avions des appartements privés dans l'école que nous devions partager. Mais il faut savoir une chose. A Hogwarts, à l'époque, il existait une rivalité qui remontait à des centaines d'années entre les Gryffindor et les Slytherin. Les deux maisons se haïssaient comme lui et moi mais nous étions obligés de vivre ensemble. Et puis, au bal de Noël, les choses ont changé. J'étais au bord de la piste, en train de regarder les autres danser. La chanson venait de prendre fin et j'applaudissais avec les autres. Soudain, la foule s'est séparée en deux et il s'est avancé vers moi. Il s'est incliné et il m'a tendu la main pour m'inviter à danser. Au début, j'ai pensé à une mauvaise blague mais j'ai croisé son regard et j'ai vu qu'il voulait vraiment danser avec moi. J'ai alors posé ma main dans la sienne et il m'a conduit au centre de la piste qui était vide dans le silence le plus complet. La musique a commencé, nous nous sommes regardés dans les yeux et tout de suite, il n'y avait plus que nous au monde. C'était magique. Le temps d'une chanson, nous avons arrêté d'être une Gryffindor et un Slytherin qui se détestaient mais seulement un homme et une femme qui dansaient. Je ne sais pas comment expliquer la sensation que j'ai ressentie à ce moment-là, je savais simplement que c'était magnifique. Quand la musique s'est terminée, il s'est incliné devant moi et je lui ai répondu en faisant une révérence. Et nous sommes partis chacun de notre côté. Plus tard, en rentrant dans l'appartement, un bouquet de roses rouges m'attendait. Pendant que je les admirais, il est sorti de l'ombre et il m'a chuchoté tout doucement à l'oreille : « Elles sont pour toi. A ton image, Hermione ». Je lui ai demandé : « Pourquoi ces roses ? Pourquoi avoir dansé avec moi ? ». Il m'a dit : « Parce que je ne tiens plus. Je n'arrive plus à cacher plus longtemps que je tiens à toi ». Je lui ai demandé : « Ce n'est pas une mauvaise blague Slytherin ? ». Il m'a simplement répondu : « A toi de voir ». A ce moment-là, il m'a embrassé. Je voulais y croire car il me plaisait vraiment, chose que je n'avais jamais dit à personne, mais j'étais une Gryffindor et lui un Slytherin. C'était une situation difficile. Mais quand ses lèvres ont touché les miennes, j'ai su qu'il était sincère. Après notre baiser, il m'a souhaité bonne nuit. J'ai emporté le bouquet dans ma chambre. La rose en vient et c'était le premier d'une longue série … Et puis, à la Saint Valentin, il m'a invité à dîner. Il avait arrangé notre salle commune pour donner une ambiance romantique. C'est ce soir-là qu'il m'a offert cette chaine et que pour la première fois, il m'a dit « je t'aime ». Je lui ai également avoué que je l'aimais. Cette soirée compte parmi les moments les plus merveilleux de ma vie.
-Mais maman, intervint Jonas. Si vous vous aimiez si fort, papa et toi, pourquoi il n'est pas avec nous ?
-Eh bien, fit Hermione, pendant la grande bataille contre Voldemort, j'ai été très gravement blessée. Je suis restée endormie pendant plusieurs jours pour guérir. Mais quand je me suis réveillée, lui n'était pas là et je savais que c'était pour rendre le monde un peu plus sûr. C'est à ce moment-là que j'ai appris que malgré toutes mes blessures, je vous attendais, mais je pouvais vous perdre à chaque instant. Les médecins m'avaient dit qu'il n'y avait qu'un seul endroit où je pourrais vous sauver et c'était aux Etats-Unis. J'ai paniqué et j'ai décidé d'y partir immédiatement mais je ne voulais pas forcer la main de votre père donc je ne lui ai rien dit. Avec du recul, je me suis rendue compte que j'aurais dû le lui dire mais j'avais trop peur de sa réaction. Mais le mal est fait. En tout cas, il m'a donné cinq trésors que je chérirais toute ma vie.
-Lesquels ? demanda Amy la voix ensommeillée
-Cette rose, répondit Hermione, cette chaine, et bien sûr vous deux.
-Et le cinquième ? murmura un Jonas endormi alors que sa mère remontait les draps sur sa sœur et lui
Elle les embrassa tous les deux sur le front avant de répondre.
-Son amour, avoua Hermione tout doucement. Il m'a donné son amour et c'est l'un des plus beaux cadeaux au monde.
Elle les regarda dormir avec tendresse. Deux têtes blondes presque argent qui dormaient tels des anges.
Son surnom, il y a bien longtemps …
Le bois craqua et elle se retourna vivement. Appuyé sur le chambranle, il était là.
-J'allais venir te voir … souffla Hermione.
-Ne te donne pas cette peine, Hermione, coupa-t-il doucement. J'ai tout entendu. Tout …
Il s'approcha du lit pendant qu'elle se levait sans quitter des yeux les enfants, n'osant pas l'affronter du regard. Il passa un bras autour de ses épaules et embrassa ses cheveux, chose qu'il adorait faire lorsqu'il la surprenait en train de travailler. Ces sept dernières années, pas un seul instant il n'avait cessé de penser à elle. Les mois suivant sa fuite, il s'était renfermé sur lui-même, ne donnant même plus signe de vie plusieurs semaines de suite. Elle lui avait manqué. Ces gestes tendres qui avaient été leur quotidien durant la majeure partie de leur dernière année revenaient automatiquement, de ce qu'il pouvait en juger de la façon dont Hermione se blottissait contre lui.
-Hermione …
-Pardonne-moi, Draco. J'aurais dû te le dire mais j'étais tellement paniquée …
-Entendre que la grande Hermione Granger a paniqué est une grande première.
-Dray …
-Excuse-moi, Mione, c'était plus fort que moi.
Ils gardèrent quelques instants le silence.
-Tes enfants sont merveilleux, Hermione, déclara Draco.
-Je voudrais tant qu'ils soient nos enfants, Draco, soupira Hermione. Que nous les élevions ensemble. Ils savent tout de toi. A part ton nom. Tels que je les connais, ils auraient réussi à te contacter.
-Ils ont l'air redoutables, sourit Draco.
-Très drôle, grimaça Hermione. Mais ils sont adorables. Surtout quand ils dorment. Comme toi.
-Je ne connais même pas leurs noms, se plaignit Draco.
-Amy et Jonas, répondit doucement Hermione.
-Ce sont ceux qu'on avait choisi pendant nos grands délires sur l'avenir, non ? s'étonna Draco
-Si, confirma Hermione.
-Alors même si j'étais absent les premières années de leurs vies, ils seront mes enfants, j'ai l'impression, comprit Draco.
-Je veux que tu sois un véritable père pour eux, déclara Hermione.
-Et je veux être aussi un véritable mari pour toi, assura Draco.
Ils unirent enfin leurs lèvres, ce dont ils rêvaient depuis le réveillon. Ils se sentirent redevenir vivants.
-Je crois savoir que ta mère a mis à disposition une chambre pour moi, taquina Draco.
-Oh, Draco ! gloussa Hermione. Tu n'as pas changé !
-Alors allons-y, mon ange, s'inclina Draco.
Main dans la main, ils refermèrent tendrement la porte derrière eux.
Aussitôt qu'Hermione et Draco eurent quitté la chambre, deux paires d'yeux s'ouvrirent. Ils avaient noté depuis que leur mère était revenue ce grand blond qui leur ressemblait à s'y méprendre. Et ils l'avaient vu sur le pas de la porte mais avaient préféré garder le silence là-dessus.
-Tu crois que papa va venir vivre avec nous maintenant ? demanda Amy
-J'en suis sûr, sourit Jonas. Tu as vu, ils s'aiment. Ils se sont même embrassés. Sur la bouche.
-Beurk ! firent les enfants en chœur
-Alors on va former une famille ? fit Amy
-Une véritable famille, acquiesça Jonas. Dors, maintenant.
-Bonne nuit, grand frère, fit Amy.
-Bonne nuit, petite sœur, répondit Jonas.
Leurs petits doigts s'enlacèrent et ils s'endormirent, main dans la main.
FIN
