Un truc qui a surgi dans ma tête et dont je n'ai pas réussi à me débarasser.

Donc mon clavier a joué les entremetteurs et voilà ce one-shot vraiment idiot est né.

Bonne lecture.

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Il devait le reconnaitre il devenait obnubilé par son instinct. Ces trente dernières minutes du moins. Mais hé ho il pouvait se le permettre c'était sa tête et son temps qu'il perdait ainsi. Et puis au vue de la situation c'était la parfaite distraction.

Alors oui tandis que la voiture filait à toute allure et s'envolait à chacune des bosses de cette horrible petite route de campagne colombienne, le faisant se mordre la lèvre inférieure pour étouffer un grognement de douleur, pendant ce temps il philosophait autour de l'instinct et plus particulièrement le sien.

Ce drôle de petit mot, innocent au palais, fade et sans saveur dans la gorge qui le produisait, le gargarisait avant de le propulser plus haut, à travers des dents parfaitement blanches et méchamment serrées.

Que dire si ce n'est qu'on lui accordait trop de crédit, qu'il pouvait accomplir de grande chose – selon certain – et poussait les gens à agir de façon irrationnelle et tout-à-fait ridicule.

C'est ce que le sien l'avait poussé à faire du moins. Son corps se portait pourtant bien, aucun besoin d'y ajouter quelques trous.

Merde !

Il était doté de l'instinct le plus misérable et le plus suicidaire qui soit depuis que l'Homme était descendu de son arbre. Un vrai lemming le sien.

Vraiment. Se placer entre une balle – non, rectification, entre plusieurs balles- et leur cible tandis que son arme était déchargée … qu'espérait-il donc accomplir !

Et en plus pour le protéger Lui !

Lui qu'il détestait au plus haut point avec ses manières extravagantes, son sourire désopilant et ses yeux pétillants qui vous donnaient envie de les lui arracher, de les jeter dans une bassine d'eau saumâtres pour les y souiller définitivement et de les lui raccrocher en disant oups désolé je pensais être en train de rêver.

Il le détestait bon sang, même ses ennemis et rivaux n'atteignait pas la dose de mépris qu'il ressentait pour ce british à l'accent absurde et à la bouche aux écœurants darling, dear, pet dont il l'affublait lui l'unique personne un tant soit peu professionnelle du groupe.

Il détestait que ce soit sa poitrine chaude, ferme – et agréablement réconfortante - qui serve de coussin à son dos.

Détestait que ce soit son visage aux traits imparfaits mais néanmoins diablement séduisants qui soit penché au-dessus de lui.

Détestait cette bouche pleine aux lèvres sensuelles qui répètent encore et toujours ces mêmes mots Arthur-darling … Dear … Love … sans que ceux-ci ne lui donnent envie de le castrer sur le champ.

Bon sang il n'y avait pas que son instinct qui se barrait en vrille !

Pouvait-il plaider la folie passagère en raison de ses blessures ? De la douleur qui lui arrachait le ventre aussi efficacement qu'une griffe de tigre ? Et oui il l'avait déjà expérimenté, dans un rêve où Mal avait cru bon lui faire partager son amour du cirque alors qu'elle comme lui venaient de se boire une bouteille de vodka à deux. Ils étaient jeunes alors.

Maintenant ?

Il détestait Eames.

Comme jamais. Et c'était pas peu dire.

Il le détestait.

Pour lui avoir niqué son instinct.

Pour l'avoir mis dans cette position.

Pour la mauvaise foi qui l'avait fait penser cette dernière remarque.

Mais surtout, surtout, pour être entré dans sa vie et y être resté prisonnier par quelques liens mystérieux et auxquels il ne voulait pas donner de nom. Pas maintenant. Ni même plus tard. Enfin s'il survivait ce qui n'était pas évident, la donne était contre lui il fallait le reconnaitre.

Et merde Eames pouvait-il regarder ailleurs ? Non mais vraiment il ne voulait pas de ces yeux étrangement brillants posés sur sa personne. Il ne voulait pas que la dernière image qu'il ait en ce monde soit ceux d'un homme dont on venait de briser quelque chose d'infiniment précieux. Il n'avait pas besoin de ça, la perspective de mourir était déjà suffisamment pénible comme ça.

Eames changes de place avec Cobb, il conduit comme un pied de toute façon. Je ne veux pas de toi. Et tes mots me font mal, plus encore que ces foutus balles.

Mais tu ne le feras pas n'est-ce pas ? Tu ne m'as jamais écouté pourquoi commencer maintenant hein ? Foutu empêcheur de tourner en rond.

Merde il avait dû parler tout haut. Ou alors il avait su déchiffrer son regard car les yeux de l'anglais s'adoucirent, s'illuminant de cette lueur qu'il n'aimait pas, mais alors pas du tout, et qui systématiquement faisait manquer un battement à son cœur, et sa respiration se bloquer dans sa gorge. Stupide cœur. Stupide anglais. Il avait toujours été bon pour le décoder, pour lire dans ses mensonges et les écarter comme on chasse un moustique, avec nonchalance.

Etait-ce pour cela qu'il était toujours là, à ses côtés ?

Pour cela que sa main avait quitté son estomac transpercé de part en part pour venir quelques instants après se placer avec une infinie tendresse contre sa joue ? Ou ses lèvres venir murmurer doucement contre son front avant de s'y poser délicatement tout en le berçant comme un enfant ?

Merde.

C'était lui maintenant qui avait envie de pleurer.

De douleur. Bien sûr. Quoi d'autre sinon ...

Et la rougeur qui envahissait ses joues était seulement due à la fièvre. Il avait dû se chopper une putain d'infection.

Son cœur … la perte de sang.

Non vraiment il venait de remporter grand prix question pas de bol. Faudra qu'il porte plainte. L'abysse dans ses entrailles, l'infection qui le faisait dérailler, la douleur qui le faisait délirer sur ce maudit voleur de ...

Oh il le détestait. Il LE DETESTAIT.

Arrête, Eames.

Un miroir. Avec des éclats et des étoiles. Qui se brisait.

Va-t'en … S'il te plait …

Il ne parvenait même plus à le détester tranquillement.

Il avait trop mal.

Et il ne parlait pas uniquement de son flanc.

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Il avait un instinct de lemming.

Qui l'avait fait sauter, sans filet.

Et atterrir dans les bras de Eames le Détesté, après une ou deux rencontres pour le moins inopinées.

Et son bon sens lui criait dessus. Il vociférait, pestait, le détestait.

Il devait fuir. Loin. De tout. De lui.

Sauf qu'en même temps il se sentait bien. Là, entre ses bras.

Oui, foutu instinct.

Que devait-il faire ?

Que pouvait-il faire ?

Foutu béguin.

...

Fin.


Ca va, vous avez survécu à tant de bétises ?