Prison Love

"- Je te sortirai d'ici, je te le promets!

-Tu n'as pas besoin de faire tout ça pour moi, il n'y a pas de raison...

- Si, je t'aime."


"-Bon, les merdeux, voici le nouveau gardien qui va s'occuper des cellules 100 à 130 en particulier. Son nom c'est Yukio Kasamatsu. Soyez pas trop durs avec lui, ajouta un homme à l'air endurci avec un rictus moqueur."

Le dénommé Kasamatsu s'avança, d'un air décidé et sérieux, les sourcils froncés, comme à l'accoutumée. Il espérait sans doute ainsi se faire respecter, mais il ne récolta que quelques ricanements ou regards de mépris.

Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, l'homme qui l'avait présenté, le responsable général des prisonniers, leur indiqua de sortir prendre leur "récréation" de la matinée.

Une fois les détenus sortis, notre nouveau surveillant se vit remettre un plan de la prison, son emploi du temps, sa clé de chambre – car il devait en effet effectuer une surveillance presque continuelle– et toutes les choses nécessaires à son nouveau job.

Yukio regarda le responsable s'éloigner et souffla un bon coup. Dans quoi s'était-il embarqué? En vérité, il avait accepté ce poste dans cette prison, une des pires de la préfecture paraissait-il, en dernier recours, après avoir été au chômage pendant quelques mois. Ce n'était pourtant pas un manque d'efforts ou de sérieux dans ses études, il avait toujours été très travailleur et avait passé ses examens sans problèmes.

Alors pourquoi? Un manque de chance probablement. Plutôt facile comme explication, non? Mais y'avait il une autre raison pour laquelle il aurait pu se retrouver dans cette prison? Oui, mais Kasamatsu ne le savait pas encore.

Il fut sorti de ses pensées par un employé qui l'informa que la pause était terminée, et qu'il devait reconduire les détenus à leurs cellules. Il se rendit donc vers la cour en soupirant. Il essaya de se souvenir de ce qu'on lui avait appris durant sa "formation". Formation qui n'avait duré qu'une journée, l'établissement étant en manque important d'effectifs. C'était d'ailleurs pour cela que notre apprenti gardien avait été embauché sans formation adéquate. Il ordonna donc aux prisonniers de se mettre en rang et de le suivre jusqu'à leur cellule.

Il essuya à nouveau des moqueries et des insultes, qu'il fit mine ne pas entendre.

"-Hé, belle gueule, avance!

-Retire ta main de là!

-Mais c'est qu'il est prude le mannequin!"

Yukio, curieux, se retourna en entendant cette discussion et aperçut un jeune homme, blond, aux traits fins et délicats et à l'oreille percée, qui essayait tant bien que mal de se protéger des attouchements d'un autre prisonnier. Kasamatsu devait l'avouer, le blond était vraiment beau et méritait son surnom. Il avait toujours pensé que les prisonniers étaient tous de grosses brutes, mais en voyant ce jeune homme, ses préjugés ne pouvaient que disparaître.

Il se reprit et cria:

"- Hé! Vous deux, ça suffit!"

Il ne fut évidemment pas réellement pris au sérieux, mais le détenu avait lâché le beau blond. Ils arrivèrent finalement aux premières cellules, et avant de les fermer, Yukio se souvînt qu'il ferait mieux d'apprendre les noms des détenus des maintenant, ou au moins savoir à peu près les identifier. Il demanda à chaque fois leur nom aux prisonniers qu'il raccompagnait. Ils avaient l'air étonnés de cette question, mais répondirent.

À la cellule 128, ce fut au tour de "belle gueule" de rentrer. Kasamatsu lui demanda son nom et celui-ci lui indiqua qu'il se prénommait Ryôta Kise.

Ryôta Kise...Yukio était sûr d'avoir déjà entendu ce nom quelque part.

Quand il eut fini, il se rendit vers sa "chambre" pour s'installer.

En chemin, il passa devant une salle où se trouvaient le responsable et d'autres gardiens.

Il passa devant sans y prêter attention mais entendit tout de même des bribes de conversation :

"- Demander leur nom aux prisonniers... Quel drôle de gars!

-C'est sûr! Il n'a pas l'air d'être fait pour ce boulot en tout cas... Il a l'air trop gentil.

-Ça le perdra, vous verrez."

Yukio ne comprit pas très bien le sens de cette conversation et arriva à ce qui pouvait s'apparenter à une chambre.

Il disposait donc d'un lit dur comme du fer, d'un lavabo et de toilettes mal lavés, d'une vieille lampe et d'une petite armoire.

Il s'écroula sur son lit, non sans se faire mal au dos. Dans quoi s'était-il embarqué?