《白龍傳》

« La Légende du Dragon Blanc »

Lordess Ananda Teenorag


Titre :《白龍傳》« La Légende du Dragon Blanc »

Auteur : Lordess Ananda Teenorag

Série : Inazuma Eleven Go

Genre : Suspense, Crime, Supernatural

Résumé : La Légende du Dragon Blanc. La tortueuse histoire d'amour entre un esprit et un mortel, que découvre le meilleur des Agents d'Elite du Cinquième Secteur. Un Livre mystérieux qui retrace sa vie… et le mène au cœur de l'Organisation.

Personnages principaux : Bailong 白龍 (Hakuryuu), Tezcat (Shuu)

Personnages secondaires : Zhuge Liang (Koumei Shokatsu), Victor Blade (Kyousuke Tsurugi), Njord Snio (Yukimura Hyouga), Sol Daystar (Taiyou Amemiya), Goldie Lemmon (Kinako Nanobana)

Pairing principal : Bailong (Hakuryuu) x Tezcat (Shuu)

Note : Inspiré du roman chinois La Légende du Serpent Blanc 《白蛇傳》 Baishe Zhuan.


Mot de l'auteur : Hip hip hip... hourra ! La fin ! Le dernier chapitre ! C'est toujours très long de terminer une histoire, mais très satisfaisant. Un petit mot à tous ceux et celles qui ont laissé des reviews anonymes, quelle que soit la fanfiction : merci à vous, je ne peux pas vous répondre directement, mais j'en tiens compte pour poursuivre ou finir les travaux. Merci bien entendu aux autres, à qui je peux répondre par PM.

Enjoy.


~…~

: 白龍傳 La Légende du Dragon Blanc

~…~


« Une bière. »

Un ricanement salue ma performance mondiale.

« Nan, c'est pas comme ça que tu dois le dire, Baba. Là, ça fait pas assez Bad et pas assez Boy. N'oublie pas qu'on est dans l'établissement de Stony. »

Mon poing écrase le verre qu'il tient. C'est un miracle qu'il ait pas fini cassé (ça, et le fait que, la dernière fois que c'est arrivé, j'ai dû faire des heures sup pour rembourser ce stupide verre, qui est d'ailleurs aussi stupide pour se retrouver dans ma main, pendant que je me fais harceler !).

« Mais qu'est-ce que vous avez tous contre la bière ? Le racisme contre l'alcool, ça va un moment ! Et, pourquoi on m'a mis avec toi ? »

Bing !

« Aïeuh ! »

Hé, mais ça va pas de lancer des apéros dans la figure des anciennes rockstars ?! Et merde ! Le harcèlement éternel, c'est pas illégal en principe ?! 'En même temps, Baba, t'es au sein de l'entreprise de Tu-Sais-Qui…'

« Je suppose qu'être le stagiaire préféré de Stony sert mes plans diaboliques de Maître Ultime des Pastèques. Et puis, je peux te faire du chantage pour te monnayer tous les autographes que je vendrai à des fans désespérés. Oh, et puis, à propos, Baba, tu n'aurais pas oublié de m'envoyer une invitation à ton mariage ? Juste pour te le rappeler, car au cas tu l'aurais oublié, tu m'en dois une pour avoir, comment dire ? Couvert ta faute professionnelle de l'autre soir, pour avoir quelque peu lancé une bouteille de Heinekon à la figure d'un client… »

C'est ma faute si le gars en question était un raciste anti-bière proclamé, fan de Victor Blade par-dessus le marché ? Et en plus il shippe le Totor x protozaire !

Il y a des fois, je déteste ma vie. Le harcèlement, c'est illégal, je le répète. Et le chantage, c'est mal.

« Qui t'a dit que je me mariais ?! »

« Tout le monde. »

Mais bien sûr. Et moi, je suis la Réincarnation de l'Esprit de l'Aube, qui a régné sur le monde et terrifié les hérétiques sous le règne d'un Souverain fou.

« Tout le monde a tort. »

« C'est dommage pour toi, car tous les préparatifs pour la cérémonie vont te coûter cher. Oh, au fait, tu as déjà choisi le costume que tu voudrais porter ? »

Encore faut-il préciser, que oui, je suis la Réincarnation de l'Esprit de l'Aube. Même si je ne me souviens pas de tous les détails de mon background, et tout le tralala. Mais c'est quand même pas une raison pour me marier sans mon consentement.

« Merde ! Enfer et damnation ! Pourquoi est-ce que je me fais victimiser par un personnage secondaire complètement secondaire, juste devenu populaire pour avoir fait chier le grand Dragon Blanc que je suis ? »

« Parce que, justement, JE suis le personnage secondaire le plus populaire de la série 'La Légende du Dragon Blanc白龍傳', depuis qu'on m'a associé à la victimisation des Têtes de Pastèques ambulantes. Ça, et d'être le stagiaire préféré de Stony, et tu peux être sûr que mon CV de personnage secondaire est le plus florissant de tout Inazuma Eleven. Je t'ai dit d'ailleurs que le Boss compte m'offrir des perspectives d'embauche ? »

« Non. Et je ne veux pas savoir la suite. »

« CDI comme AD. »

Je hausse un sourcil.

« Assistant de direction ? »

« Non, quelle question. Assistant de déconnade. »

Je me disais bien… oh, et en plus c'est un CDI – Connerie à Durée Indéterminée, faut-il préciser. Est-ce possible d'avoir un sens de l'humour aussi pourri, même sur une fiche de poste ?

« Je démissionne. »

« Tu ne sais pas ce que tu manques. Boss veut te proposer un poste comme CEO… »

CEO, Condamné à l'Exécution Obligatoire, faut-il préciser. Hélas, c'est possible d'avoir une telle promotion, quand on travaille comme serveur pour Caleb Stonewall, dans un lieu de perdition humoristique éternelle comme le Sherleyton.


mon Ami.

Ta Lumière doit laisser place à mes Ténèbres,

Car je t'aime, Petit Dragon.

Je suis l'Ombre de ton Humanité,

Qui retrouvera sa lumière

Et tu es le grand Dragon Blanc,

Qui réécrira sa Légende

Afin que le rire succède aux larmes

Et que l'amitié fleurisse dans notre monde.

« Baba chéri à la crème, au rhum et aux raisins ! »

Une tornade me tombe sur le corps. Le lit d'hôpital s'est délesté de son poids, mais moi j'en ai gagné un.

« Trop de sucré, trop de sucré ! Même toi ne pourrais pas rendre ces desserts moins écœurants. »

« Ah, mais c'est qu'on t'aime bien, mon Baba ! Même si tu en écœures plus d'un, avec tes facettes les plus sucrées ? »

Je hausse les épaules, blasé. C'est bien parce que c'est ma Didi, qu'elle peut me dire ça… un autre aurait fini direct à l'hosto. Pas que j'aime la violence, mais j'ai ma fierté de mec. Fierté de mes deux, devrais-je dire.

« Oublions les desserts à la noix et tout le reste. Enfin, au raisin et tout le reste. Comment vont tes… ? »

Mes yeux tombent sur les bandes qui protègent les blessures – jadis béantes – de mon amie. Goldie semble plein de vie, mais la vision de ces pansements me perturbe.

« Baba, Baba, Baba. Toi, tu es en train de penser à quelque chose de triste. Je me trompe ? »

« … »

« Les Baba, c'est sucré ! Tu crois que les gens veulent autre chose que de la crème, du rhum et des raisins ? »

Un mois auparavant, j'aurais vanté les mérites du sucre à la Dragon Blanc. De l'Unique, le Grand, le Beau Dieu de la Scène et de l'Aube, à toute oreille ambiante. Mais aujourd'hui… après ce qui s'est passé…

Ce qui aurait pu être la fin…

« Les gens sont cons d'aimer un truc pareil, qui fait autant de mal à la santé. Moi, je déteste le sucré. Et je ne mangerai plus jamais de gâteau, encore moins des babas. »

Mon sucré est devenu amertume. Mon égo a fondu dans l'amer.

On ne peut pas être une Légende, sans haïr un peu sa propre histoire.

« … »

Des mains enserrent mon dos. Une tête s'est posée sur ma poitrine. Sans que je ne m'en rende compte, une précieuse amie a encore veillé sur moi, comme toujours. Il est triste de penser que, dans la même inconscience qui m'habite, j'ai failli détruire sa vie et son entrain.

« Tu… ne peux pas te le pardonner, mon ami ? »

Je lui rends son étreinte profonde. Peu importe le mal que j'aurais pu lui faire, je ne cesserai jamais de lui dire mes sentiments.

« … »

Elle enfouit sa tête dans ma poitrine.

« Alors, je te pardonne, mon Baba. Je t'aime trop. Je ne pourrais jamais t'en vouloir. »

« Tu as bien de la chance. Car moi, je ne peux que m'en vouloir. »

Elle relève ses yeux de tendre maman… et essuie les larmes qui auraient dû couler. Mais, je ne suis qu'un imbécile d'homme viril. Je ne sais plus pleurer.

« Tu n'as pas repensé à… »

« Non. Pas maintenant, en tout cas. Probablement plus jamais. »

Tu n'as pas pensé à chanter de nouveau ? A reprendre tes concerts ?

Comment le pourrais-je, ma Didi ?

Les amis que j'ai failli tuer ne se tiennent devant moi que par le seul pouvoir de la chance. Et celui avec qui j'ai fait chauffer les scènes a failli se consumer de ma propre main. La même main qui a tenu les micros de chanteur et serré les rêves de ses fans.

« Victor ne t'en veut pas, j'en suis sûre. »

« Il serait en droit de me tuer. Ça ne me dérangerait pas. »

Est-ce de la peine ou de la colère que je lis dans ces yeux de maman ?

« Baba, tu ne peux pas dire des choses pareilles. »

« … »

Je ne devrais pas, c'est vrai. Malheureusement… c'est la réalité.

Ça ne me dérangerait pas que Victor me décharge à jamais de cette dette.

« En tout cas, même si c'est embêtant que tu ne veuilles plus chanter, heureusement, ça ne va pas perturber les grands projets que j'ai pour toi. »

« Les grands projets que tu as pour… mais, de quoi tu parles ? »

Un de mes sourcils se hausse. Pourquoi je pressens que je vais pas aimer la réponse ?

BAM !

« Euh, mais pourquoi tu as sorti ton… oh, NON ! Pas ça… ! »

Pas ÇA encore ! Pas… the Agenda de Didi !

« 17h00, réunion pour l'habillage. Hors de question que tu mettes autre chose que le costume prévu. 18h00, apéritif avec les amis ! Ce sera l'occasion de se revoir et de prendre les nouvelles les uns des autres. 19h00, rencontre avec les fans et signature d'autographes ! J'ai eu un nombre incalculable d'appels de gens désespérés par l'arrêt d'Unlimited Seeds, donc, autant leur dire que c'est parce que tu veux te consacrer à ta vie sentimentale pendant un certain temps. 20h00, dîner aux chandelles au Ritzuma, avec le Sublime Prince de la Nuit.

Et pour finir… 21h00, la cérémonie avec feux d'artifice et musique à volonté ! Que serait un mariage, s'il n'est pas parfait ? »

« Comment ça, un mariag-… mais, je n'ai jamais dit que je voulais me… ! »

« Ah, le sublime Prince de la Nuit ! J'ai trouvé son profil sur InaLink. Ça m'a pris un peu de temps, mais ça en valait la peine, même si… je n'ai pas compris pourquoi dans son 'statut', il y a marqué 'fantôme'. Mais, ça ne fait rien. L'amour transcende tout ! »

Statut 'fantôme' ? Peut-être parce qu'il n'est plus de ce monde ? Et depuis quand les morts vont sur les réseaux sociaux ?

« Oh, et il faudrait qu'on invite des musiciens, vu que tu ne pourras pas être à la fois parmi eux, et devant l'autel, à dire 'Oui, je le veux ! J'ai trouvé l'amour, et il m'a trouvé ! Il m'a sauvé de l'adversité, et moi, je le chérirai pour l'éternité !' »

« Didi, je te rappelle que j'ai changé de boulot, et que… merde, j'ai plus le même salaire, vu que je suis serveur ! »

Et chez Stony, au Sherleyton. Quelle plaie.

« Mais, Baba, tu as des amis ! Et, tu sais quoi ? »

« Non, mais je crains le pire. »

C'est devant ce grand sourire, que je ne sais pas si je dois chérir mon humanité, ou désespérer de celle de mes amis.

« On s'est tous cotisé pour que tu puisses avoir la plus beeeeeeelle cérémonie de mariage qui soit ! Ce n'est pas merveilleux ? »

Je sais pas si je dois dire oui, ou…

…oui.

« Alléluia. »


« Savez-vous quelle est la signification de l'amaryllis, Monsieur ? »

« … »

Non, et ça ne m'intéresse pas de savoir.

« L'orgueil ! Et, associé à une azalée… son azalée… oh, oui… »

« … »

Le bouquet, grandiose, s'orne de cette sordide chose qu'est l'amour.

« …la tempérance ! L'harmonie parfaite entre deux êtres, amaryllis et azalée, orgueil et tempérance ! Unis par… »

Je soupire intérieurement. Pourquoi, POURQUOI faut-il toujours que…

« …la rose ! Symbole de l'amour, qui les lie, par delà le temps et l'espace… »

POURQUOI faut-il TOUJOURS que les personnages secondaires de cette fic se mêlent de ma vie amoureuse ?!

Et en plus, je n'ai jamais dit que j'allais me marie-…

« Ce mariage serait PARFAIT ! Ce sera… VOTRE MARIAGE ! »

Putain de merde ! Non, non, et NON, ce n'est pas parce que vous êtes fleuriste, et moi le Dragon Blanc, que vous pouvez composer mon bouquet à l'occasion d'un mariage auquel je n'ai même pas consenti !

« Je parie que cet être, qui lie sa destinée à la vôtre, a sauvé votre âme d'une perdition solitaire, et que vous, héroïque mâle au cœur si tendre, avez voué votre mystérieux passé à le délivrer de sa solitude… »

DRING !

Je ferme la porte – faisant tinter la sonnette d'entrée de la boutique, après avoir posé l'argent de façon forcée.

Pourquoi, POURQUOI les personnages secondaires passent leur temps à m'enquiquiner sur ma vie amoureuse, dans cette fanfiction ?

Et pourquoi faut-il toujours qu'ils aient raison dans leur analyse psychologique ?

« Grrrr… Didi, c'est bien parce que c'est toi… (et parce que tu m'as obligé, aussi…) »

Et pourquoi c'est MOI qui dois aller acheter les fleurs, si c'est MA cérémonie qu'on prépare pour moi ?

BING !

« Aïe ! »

Collision inespérée, et un peu douloureuse. Espérons que j'ai pas blessé quelqu'un, c'est pas une chose que je supporterais bien ces temps-ci.

« Désolé, est-ce que ça… oh, mais tu es le chanteur d'Unlimited Seeds ! »

« Et toi, tu es le protozo-… euh, je veux dire, le copain de Victor. »

« … »

« … »

Aïe, c'était peut-être pas la façon la plus diplomatique d'entrer en contact. Surtout pour une première fois. Heureusement…

« Je peux avoir un autographe ? »

…heureusement, Sherwind n'a pas l'air d'un gars rancunier. En fait, il est plutôt sympa.

« Je n'en signe plus. J'ai arrêté de chanter. »

Grand moment de silence. Décidément, d'avoir exploré mon essence intrinsèque divine a eu des répercussions sur mes facultés à communiquer. Et dire que c'est face au copain de Victor que…

« C'est dommage. »

« Hein ? »

Wouah. Décidément, la journée est riche en rebondissements, aujourd'hui. Sherwind qui s'intéresse à mon ancienne carrière artistique ?

« Je t'ai vu sur la scène, avec Victor. Tu as beaucoup de présence et de talent. Vous formez un duo excellent. C'était un plaisir de voir ça. »

Et qui a assisté à un de mes concerts ? Je crois que je vais avoir des remords, de l'avoir traité de protozoaire pendant la totalité de la fanfiction.

« … »

« Mais je peux comprendre, parfois on a besoin de prendre de la distance. Et de temps pour savoir où on en est. C'est une chose que j'ai du mal à faire comprendre à Victor, en ce moment, à la maison. »

Un truc fait tilt en moi. 'A la maison ?'

« Attends, tu veux dire que vous avez déjà emménagé ensemble ?! »

« Oui, bien sûr ! Depuis son enlèvement, on a beaucoup réfléchi, et on s'est dit que la vie est courte et qu'il fallait profiter des bonnes choses. Comme je vis avec lui, maintenant, eh bien, je peux voir au quotidien ses réactions. Si tu avais pu le voir ce matin ! Il a passé une bonne heure à écouter vos albums respectifs, une main sur le saxophone, comme s'il mourrait d'envie de refaire un live. Et c'est comme ça depuis des semaines. »

Wou-… wouah. Victor a vraiment… ?

« … »

« Il ne parle pas beaucoup. Enfin, pas avec des mots. Mais moi, je vois bien qu'il pense à votre groupe. Qu'il pense à votre musique. Qu'il pense… à toi. »

Moi aussi, je le sais, Victor. Je sais que tu penses à moi, et que tu n'oublies pas le lien qui nous unit. Tu es quelqu'un qui prends soin de ceux qu'il aime, et je suis assez proche de toi, pour savoir ça.

« Tu l'aimes pas comme tu m'aimes moi, mais tu l'aimes bien quand même. »

Prince de la Nuit, Ombre de mon Cœur, raconte-moi encore les mots de la vérité que je nie, mais à laquelle je n'ai jamais su mentir…

« Bon, ok. Je l'aime un petit peu. Il est vraiment fort, et c'est la première fois, que je peux m'amuser autant avec quelqu'un… »

Dis-moi encore la caresse de cette émotion, que l'on nomme amour, mais qui n'est – pour le Dragon de l'Aube – qu'une fierté si mal placée et si futile…

devant le plus beau des secrets !

« Mais tu ne le lui diras pas, hein ? »

Fais-moi entendre ton rire, et dis-moi ton amitié, que je n'ai pas su oublier…

« Promis. »

Pas besoin de lui dire, Petit Prince. Il le sait et moi aussi, que je tiens à lui et qu'il tient à moi.

« Comment… va son bras ? »

Mais je ne peux pas oublier ce que je lui ai fait. Comment, au cœur même de la folie qui nous a possédés, il a voulu honorer la promesse dont je n'avais pas compris – alors que je lui en voulais – qu'il l'a toujours tenue.

« Pourquoi ne vas-tu pas lui demander toi-même ? »

(Parce que j'ai peur de la réponse.)

Mais, quand je lève la tête, l'air simple de Sherwind balaie mes peurs d'être humain, et je vois un autre être humain qui a su conquérir le cœur de mon meilleur ami.

Finalement… ils vont plutôt bien ensemble, Petit Dragon ?

« Si cela peut te rassurer, ce n'est pas tant la blessure qui l'empêche de jouer, que son frère qui exige qu'il se repose. Et comme Vlad a passé un accord avec moi, pour que je surveille Victor… »

« Le connaissant, il a dû sortir en douce la nuit pour s'entraîner. »

« Oui, et c'est pour ça qu'on dort ensemble. Comme j'ai tendance à agripper ce avec quoi je dors… »

Ces proches sont vraiment diaboliques. Et moi qui me plaignais de la Mamattitude de Didi, finalement Totor s'est peut-être attaché pire fardeau encore… mais je ris en pensant ça, et, je comprends que j'ai dû sourire, car Sherwind a l'air plus détendu qu'au début.

« Je prendrai soin de Victor. Mais toi, n'hésite pas à venir nous voir ! Ça lui fera plaisir. Et puis je pourrais dire que je connais personnellement le chanteur d'Unlimited Seeds ! Oh, et cet autographe ? »

« Tiens. Et mes félicitations pour vous deux. »

Le petit flûtiste empoche le papier, tout content.

« Merci ! Tu seras le bienvenu pour notre mariage. A propos, pour le tien, tu préfères quel style de musique ? Avec Victor et un autre ami, Riccardo, on a monté un groupe qui commence à bien marcher, Raimon. Si un jour ça t'intéresse de venir nous écouter… »

« Pourquoi pas. Même si mon nouveau Boss me fait chier au boulot, j'ai beaucoup plus de temps libre, en ce moment. Tu as un concert de prévu ? »

« Quand Victor sera remis, je te tiendrai au courant ! »

« Ça marche. »

Et le voilà qui file comme le Vent qu'il est… Arion Sherwind, le compagnon du Loup Solitaire ! Encore des choses mystérieuses, qu'on ne saisit qu'avec un peu de sagesse, mais beaucoup d'expérience.

C'est alors que je me rends compte…

« Héééé ! Je n'ai JAMAIS dit que J'ALLAIS ME MARIER ! »

…et puis zut. De toute façon, personne ne m'écoute.


~…~

?

?

~…~


Et il me semble,

Que tu as oublié.

As-tu oublié le rêve que tu m'as promis

Lorsque tu parlais de te souvenir ?

Je sais que le fond de ta mémoire n'a pas oublié

Car j'y habite depuis que j'y suis né.

Dragon Blanc, Dragon Blanc

N'oublie pas…

que la Nuit te protège.

Quand même l'Aube s'éteindra,

L'Ombre t'accueillera et te fera renaître.

Car tu es la Lumière qui éclaire nos jours

Et promet la victoire dans l'astrale clarté.

Alors vis et traverse le monde comme le conquérant que tu es.

Jusqu'à ce que je te voie toucher le trône dont j'ai rêvé pour toi,

Jusqu'à ce que tu règnes sur le monde que tu auras visité

Je serai l'Ombre qui protègera ta force

Et soutiendra ta gloire.

Il est des poèmes, qui traversent les temps.

« Ne t'en fais pas, si tu ne peux pas venir, c'est pas grave ! Je pense toujours à toi, je ne t'oublierai pas. »

Il est des paroles, qui traversent les souvenirs.

« Petit Dragon ? »

« Oui ? »

« Promets-moi une chose. »

« Quoi donc ? »

« Qu'on se rencontrera de nouveau, quoiqu'il arrive. »

Il est des promesses, qui se tiennent malgré tout.

« Mais bien sûr, qu'on se rencontrera de nouveau, quoiqu'il arrive ! C'est évident, voyons ! Mais, mon Prince… pourquoi tu pleures ? »

Petit Dragon. Je pleure, car je sais que tu dis vrai – sans même le savoir.

Tu sais qu'on se rencontrera de nouveau, mais tu ne pouvais toucher les circonstances sombres, et si tragiques, de ta propre Légende.

Celle que tu as écrite par amour pour moi, et que tu as vécue comme le plus beau des Dieux.


~…~


« Ganbei ! »

Les toasts s'entrechoquaient comme la plus belle des cérémonies.

« A la Tête de Pastèque la plus enflée d'Inazuma ! Yip yip yip… »

Je précise que je ne suis responsable en rien de ce désastre.

« …hourra ! »

En rien, faut-il répéter, en rien.

« … »

« Vingt-cinq ans, un quart de siècle, et… marié à son âme sœur ! Comme quoi y'a de l'espoir dans la vie, même pour les Têtes de Pastèques ! »

JE NE SUIS EN RIEN RESPONSABLE DE CE DESASTRE !

« … »

« Roh, Tête de Pastèque ! Tire pas ta tronche à deux balles, qui dit, genre 'Je ne suis en rien responsable de ce désastre', et blablabla. Rien que d'être né c'est déjà un désastre pour toi, alors assume et fais des câlins à ton futur marié. »

Je porte un étrange regard sur lui. Ce mec est pire qu'un revenant, incapable de crever – même quand il ne le faut pas ! Mais, quelque part, il a raison. Ma naissance est un désastre, c'est vrai.

« … »

« Quoi ? Je suis plus beau que jamais et finalement c'est moi que tu aimes ? Je te signale que j'ai des vues sur le Ministre Sharp, même si… »

Je fixe les yeux d'un revenant de l'ombre. Leur moquerie incessante me tourmente, mais plus pour les mêmes raisons.

CHBAM !

« AÏEUH ! Mais, ne me tirez pas les cheveux comme ça ! Ça fait mal ! »

Putain de… ! Il aurait pu me prévenir, avant de scalper ma tignasse ! C'est pas parce qu'il a le look d'un hérisson gangster, qu'il faut me convertir à la Punkattitude ! En fait, il aurait pu ne PAS me tirer les cheveux du tout.

« Tch. Ça s'appelle la Réincarnation de l'Aube, et ça a mal quand on tire la touffe bicolore qui sert de tignasse ? Moi je dis, les Esprits Sacrés ne sont plus ce qu'ils sont. Mais viens par là. »

Pas moyen, je tiens à mes cheveux, et…

…et ?

Il doit mourir, il doit mourir, il doit mourir…

« Tiens, tiens, tiens. Mais qui voilà ? »

(…mais qui est-il donc déjà ?)

« Je suis…l'Unli(mited) Perfect(ion). Je suis né en ce monde pour servir mon Maître. Je vais le rejoindre. Ne m'arrêtez pas, vous mourriez. »

Ils doivent mourir, ils doivent mourir, ils doivent mourir…

« L'Ere Nouvelle a commencé. Je dois lui apporter ma reconnaissance en même temps que ma force. »

(Il me semble que le souvenir d'un ami contemple mon berceau.

Il me semble qu'un parrain sarcastique veille mon âme.

Mais je n'arrive pas à me rappeler son nom…)

« P'tain, putain de merde. Tu sais quoi, Tête de Pastèque ? Tu m'énerves. Tu me fais chier. Tout ça parce que tu as un peu de talent et un millième de classe, tu te la pètes en jouant les grands Boss au service des méchants pas beaux pas gentils. Tu sais ce que j'ai envie de te dire ? Que tes attitudes de gamin pourri gâté, tu peux te les mettre là où je pens-… »

« Ouragan Opalin. »

BAM !

Un impudent vit ? Qu'importe. Il n'est que cendres, dans le feu de ma force. Je sers l'Empereur du Monde Nouveau, qui annonce son ère.

(Pourquoi ai-je l'impression de tuer un ami ?)

« Et ton copain, le Prince du Sanctuaire ? Celui à qui tu as promis de ne pas l'oublier, et que vous vous rencontriez encore ? »

Il arrive encore à parler ? Cela doit être arrangé. Il n'est que souvenir, dans l'oubli de mon cœur. Je suis le Bras Droit du Maître, qui va éclairer l'Univers.

(Pourquoi ai-je l'impression de trahir un parrain ?)

« Je ne sers que mon Maître. Vous, qui osez vous opposer à lui, devez périr de ma main. »

BAM !

« PUTAIN ! Putain de m-… ! »

Il n'est qu'agonie, dans la mort de mon âme. Je suis Hakuryuu, l'Esprit de l'Aube né Homme, et fait Serviteur.

(Pourquoi ai-je l'impression de détruire mon Humanité ?)

« … »

« C'est ça, vas-y. Va rejoindre ton Maître chéri. Fais comme moi. Perds-toi, et oublie ce que les autres peuvent être pour toi. Oublie que les gens t'ont aimé. Oublie que les gens t'aiment. Oublie Blade, ton rival et ami de toujours, qui te respecte plus que quiconque derrière ses piques. Oublie Lemmon, qui te chérit comme le petit frère qu'elle n'a jamais eu. Oublie tous ceux qui t'ont aimé et admiré à leur façon. Oublie celui qui a tout été pour toi et pour qui tu es tout. Oublie… Tezcat. »

« Je ne connais pas de Tezcat. »

Ce nom n'est que fadaises, dans l'oubli de mon cœur. Je suis le Seishin Ultime, le seul et l'unique.

Petit Dragon… Petit Dragon…

(Pourquoi ai-je l'impression de te…)

« 'Petit Dragon ? Promets-moi une chose. Qu'on se rencontrera de nouveau, quoiqu'il arrive.' 'Mais bien sûr, qu'on se rencontrera de nouveau, quoiqu'il arrive ! C'est évident, voyons ! Mais, mon Prince… pourquoi tu pleures ?' »

Pourquoi existe-il des larmes dans les yeux d'un monstre ? Un monstre ne peut pas pleurer. Il ne peut pas dire qu'il ressent. Ces larmes…

(Pourquoi ai-je l'impression que ce sont les miennes ?)

« Oh, tu te souviens, malgré tout ? Ton ami le plus cher ? Celui que tu allais voir tout le temps, quand tu étais gamin ? Celui qui était la Nuit pour toi, et pour qui tu étais l'Aube ? En fait, tu lui as menti, quand tu lui as promis… que vous vous rencontriez encore ? »

Les yeux de l'Homme de l'Ombre me hantent.

(Est-ce que l'Ombre est la Survivante de tous les drames de l'Histoire ?)

« Hé, Bailong. Arrête de tirer la tronche. Ça te donne des rides, et même si t'es pas aussi beau que moi, c'est dommage pour les photos avec tes fans. »

« … »

Son sarcasme ne m'atteint plus. Son ironie ne me mord plus. Bailong, le Dragon Blanc, est mort le jour où il a tué son parrain.

« Ha ! Et ça se la joue rockstar. Ben pour une star, t'as bien une tête de loser éternel, qui… »

« Ça m'est strictement égal. »

« Pardon ? »

S'il faut le transpercer de ma douleur, qu'il en soit ainsi.

« J'ai dit : ça m'est strictement égal. »

Ma douleur ne pourra jamais être entendue.

Je suis Bailong, le meurtrier qui a tué ses amis, et que l'Humanité a pardonné.

« Ah, j'appréhendais ce moment, fiston. Bon allez, comme je suis un parrain hyper cool, je vais jouer l'unique et légendaire tuteur d'exception, genre y'en a un tous les mille ans, et tout le tralala. »

Une main calleuse me tire dans un endroit tranquille.

(Est-il encore un parrain, qui puisse veiller une abomination vivante ?)

« Caleb. Je vous ai tué de mes mains. Vous ne devriez même pas vous tenir devant moi. »

Mon regard froid transperce le revenant. Je ne permettrai pas qu'il revienne dans ma vie. Je refuse d'être le meurtrier d'un fantôme.

(Avoir aimé l'un d'entre eux me suffit.)

« Bizarre, moi j'ai l'impression que je suis bien en vie. Enfin, la dernière fois que j'ai vérifié, c'était bien le cas. Surtout avec le Petit Jude, quand on a testé ensemble cette nouvelle version de partie de fous aux échecs, et… »

« Comment avez-vous pu vous en sortir ? Comment ? »

« Parce que je suis un Boss. Et ton Boss, d'ailleurs. »

« Caleb. »

Le sarcasme ne suffira plus. Il est le bouclier de la douleur que je mérite… alors je m'en déferai.

« Tu ne t'en souviens pas, Baba ? »

« … »

Sa main ébouriffe mes cheveux. Pour la première fois, le geste est tendre, sans ironie. Je n'arrive pas à dire pourquoi, ça me fait plus mal que toutes les piques qu'il m'a lancées.

« Certes, c'est vrai : je suis tellement Bad et tellement Boy, que je pourrais survivre à l'Apocalypse. Donc à fortiori à toi, même changé en Esprit Divin et tout le reste. Mais bon, Tête de Pastèque… sous-estime pas le pouvoir des parrains. »

« Que voulez-vous dire ? »

Il s'arrête brusquement. Et… en cette si rare occasion, depuis des années (depuis ma naissance peut-être ?), je vois les sentiments de cet homme imprévisible, mais entier dans ses relations.

« Bailong. Quand tu étais sous l'emprise de ce malade du ciboulot… tu ne lui as pas totalement obéi. Tu as retenu ta force… pour ne pas me tuer. Ainsi que tous tes autres amis. Même inconsciemment, tu as voulu tous nous protéger. »

« Je ne m'en souviens pas. »

« C'est bien pour ça que je dis que c'était inconsciemment, abruti. »

Merci Stony. D'avoir le don d'être aussi franc et ironique quand il le faut. Je crois que… j'ai encore besoin de ce bouclier, pour l'instant…

« Je ne suis pas convaincu. Si c'était vraiment le cas… »

« Penses-tu que je serais encore en vie, si tu avais vraiment voulu me tuer ? »

Je regarde les yeux de l'Ironie faite Homme, puis mes mains d'Agent surentraîné – qui portent le Secret d'Hakuryuu.

« Non. »

« Penses-tu que Lemmon et Blade en auraient réchappé, si tu avais donné toute ta force ? »

Les mains d'un Dieu que l'homme ne maîtrise pas, sont le fléau de l'humanité.

« Non. »

Mais l'Humanité me regarde, avec toute son ironie, et ses sentiments. Caleb Stonewall, l'Homme de l'Ombre, me protège d'une divinité insupportable.

Il m'a toujours protégé, depuis le berceau.

« Ben voilà ! Il écoute enfin ! Heureusement que je suis là, parce que, pour la Perfection Ultime, il est un peu mou du ciboulot… »

« Vous pouvez pas être sérieux un instant ?! »

L'irritation, doucement familière, me revient. Qu'il est exaspérant… !

« Tch, comme si c'était ma nature. Mais bon, pour ce soir, comme c'est le mariage de ma Tête de Pastèque, je vais faire un effort. Attention, écoute bien, parce que ce sera la seule fois de ma vie… »

(Il est vrai que nous ne risquons pas de divorcer, cher Prince de la Nuit.)

Merci, Petit Dragon…

« Bailong, toi et moi… nous avons un lien. Je suis ton parrain, tu es mon filleul. Je veille sur toi depuis ta naissance. Personne ne peut changer ça, même si tu l'oublies, parfois… comme en ce moment. »

Merci, cher parrain, de m'avoir protégé. Je crois, en vérité, que c'est toi qui as retenu ma force, alors que je devais t'exécuter. Et peut-être que tous les amis que je chéris ont protégé mon bras de leur sang, sans mourir, pour rester avec moi.

« … »

« Mais bon, ça peut s'arranger. Parce que, quand on a Caleb Stonewall comme parrain, y'a qu'un châtiment quand on ose l'oublier. Surtout le jour de son mariage, et qu'on est une Tête de Pastèque encore puceau… »

J'ai peur de savoir la suite.

« …et qu'on a pas le matos nécessaire, pour assumer des parties de fous avec ton copain… »

Parce que, ce qu'il tient dans la main, là…

« …en tout cas, je suis sûr que les invités vont adorer mon cadeau pour toi ! Encore mieux que les stripteaseuses dans le gâteau de mariage, qui sortent quand on allume les bougies. Moi, au moins, c'est utile au quotidien ! La marque te va ? »

Non. NON. Ne me dites pas qu'il a osé. Qu'il a OSE.

« QUOOOIII ?! Vous avez foutu des préservatifs dans le gâteau de… MAIS VOUS N'AVEZ DONC AUCUN RESPECT ?! »

« Nope. Et t'as intérêt à les utiliser quand tu feras du rating M avec ton Prince chéri. Je pense pas que les fantômes ont des MST, mais on ne sait jamais… »

Il a osé.

J'aurais dû le tuer, même inconsciemment. Ça m'aurait épargné cette honte éternelle de l'avoir comme parrain.

« Raaaaah, je vous déteste ! Allez vous faire… ! »

Mais bon, il est increvable, de toute façon.


« Vous devez… vous devez… qui êtes-vous… comment pouvez-vous… »

(…)

« Souffle de l'Aube. »

(…)

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais si vous perturbez ma mission, vous devez mourir. »

(…)

« Mais, avant que vous ne disparaissiez définitivement… mon Maître veut tout ce que vous savez à notre sujet. »

(…)

« Le Projet Unli(mited) Perfect(ion)… est de créer des Seishin pour en faire des Armes de Destruction Ultime. De les rendre capables de Transmutation, c'est-à-dire, de reprendre leur Forme Spirituelle Originelle et d'utiliser à volonté tous les pouvoirs qui leur sont associés, sous la commande d'une seule personne. »

(…)

« Bailong, ils ne sont pas trompés, avec toi. Tu es l'Unlimited Perfection. LaPerfection Ultime : celui qui possède le pouvoir d'un dieu, et qui est destiné à servir un roi. Et, comme tu es en réalité l'Esprit de l'Aube, que les humains ont capturé pour sa force… tu vas oublier ton humanité. Parce que tu n'es pas humain. Mais, s'il te plaît… »

(…)

« …n'oublie pas… que tu es une fichue Tête de Pastèque qui fait chier tout le monde. Que tu fais vibrer tes fans et exaspères tes amis. N'oublie pas… que tu es notre Baba. N'oublie pas… que des gens t'aiment. »

(…)

« N'oublie pas… qu'il t'aime. »

(…)

Cette fête… est un peu trop pour moi. Ça va me faire du bien, de laisser les gens en plan, pour prendre un peu l'air. Surtout avec des souvenirs pareils…

BING !

Mais, pourquoi, et encore, faut-il que je me heurte à quelqu'un quand je vais quelque part, et…

« … ! »

C'est alors que je me rends compte…

« … »

…que les yeux d'or d'un Loup me fixent – intenses et effrayants.

« … »

Et il faut que ce soit lui. Lui que j'ai failli asservir aux côtés d'un fou, juste par folie, et par égoïsme.

« Tu fuis ? »

« … »

« Ça ne te ressemble pas. »

« Laisse-moi. »

Instant de mort. Je n'aime pas faire ça. Être rude avec Victor, c'est ok dans la forme : mais dans le fond…

BAM !

« AÏE ! »

L'enfoiré, il m'a envoyé une droite, et sans se retenir, en plus ! Je couine de douleur, puis gronde.

« Merde, Totor. Tu peux pas m'exprimer ton affection normalement, du genre : 'Je vais te soutenir, je t'aime, et tout le blablabla', plutôt qu'en me mettant une droite du genre 'Je suis Bad et je joue du sax' ? Je te signale que, outre que ça fait un peu très mal quand même, les passants n'ont pas besoin de voir mon visage abîmé par tes humeurs acides ! »

« Tu m'as appelé de nouveau par ce surnom ridicule. Et tu te plains, en invoquant cet égo exaspérant auquel tu nous as tous habitués. »

« … »

Tout ça, c'est ta faute, Totor ! C'est TA…

« C'est bien. »

…euh ? C'est moi, ou…

…un éclat plus doux est apparu dans ses yeux d'or ?

« … »

« … »

Une émotion inexplicable m'étreint le cœur.

« Tu fuis ? »

L'herbe du Sanctuaire est impitoyable. Impitoyable pour les forts, qui, comme les faibles qu'elle accueille, s'y laissent mourir.

« Laisse-moi. »

« Prends ça. »

Un morceau de pain tombe à côté de moi. Il… me donne sa ration ?

« Tu as conscience que ça fait pas de nous des amis ?! On est rivaux, rivaux ! »

« … »

Mes yeux tombent sur le bras en écharpe, ainsi que sur les blessures qu'il porte. Je dis à voix basse.

« Tu as mal ? »

« Je suis habitué à la douleur, même intense. En revanche, je n'aime pas voir mon ami changer de personnalité, même s'il est insupportable et possède une pastèque à la place du cerveau. Ce n'est pas dans mes habitudes et je ne compte pas en changer. »

Et on se demande comment Sherwind arrive à vivre avec lui au quotidien. Heureusement qu'on s'en est arrêté à une pelle au Sanctuaire, je crois qu'on aurait fini par s'entretuer.

« Moi aussi, Totor, je t'aime. Mais, pour l'amour du ciel ! Est-ce que, pour une fois dans ta vie, tu pourrais te montrer un peu plus tendre avec moi ?! »

Est-ce un sourire, que je vois au coin de ses lèvres ?

« Ce n'est ni dans ma personnalité, ni dans tes habitudes. Comptes-tu en changer, contrairement à moi ? »

C'est sans doute un sourire, qui étire le coin de mes lèvres.

« Nan. Ça ferait trop bizarre. »

« C'est bien. »

Et puis, on a progressé, quoi. Maintenant Totor Blady dit deux mots par phrase, au lieu de faire ses points de suspension à deux balles, quand il veut exprimer quelque chose. Comme quoi, les miracles existent.

« Bailong. »

« Hum ? »

Les yeux d'or du Loup étincellent – résonnant avec mon cœur.

« Merci d'avoir retenu tes forces, avant notre duel. J'ai entendu tes paroles. Mais merci aussi d'avoir donné toutes forces, au moment de notre duel. J'ai ressenti tes sentiments. »

Victor…

…tu ne m'en veux pas, d'avoir honoré notre duel ?

« … »

« Nous sommes des Seishin tous les deux. Il y a un lien entre nous, de ce fait. Mais ce pouvoir honni est peut-être ce qui te permettra de retrouver ton identité. »

« Que veux-tu dire ? »

Mince alors, l'explicite, c'est pas le point fort de Totor, mais là… j'avoue que je pige que dalle.

« As-tu réussi à retrouver tes origines spirituelles et l'histoire de ton lien avec lui ? »

Je cligne de l'œil, essayant de me rappeler.

« Il y a bien ce souvenir… mais c'est… ! »


~…~

Souvenir éternel ?

Légende ancienne ?

~…~


Et il me semble,

Que tu te souviens.

As-tu vécu le rêve que tu m'as promis

Lorsque tu parlais de te souvenir ?

Je sais que le fond de ta mémoire n'a jamais oublié

Car j'y chante depuis que j'y suis né.

Dragon Blanc, Dragon Blanc

Tu l'as toujours su…

la Nuit te protège.

Quand même l'Aube renaîtra,

L'Ombre t'accompagnera et restera avec toi.

Car tu es la Lumière qui éclaire ma Nuit

Et promet l'Amour dans l'astrale clarté.

Alors reviens au monde comme le conquérant que tu es.

Jusqu'à ce que tu voies la légende qui nous a donné vie

Jusqu'à ce que tu reviennes au monde que tu as quitté pour moi

Je serai l'Ombre qui accompagnera tes pas

Et veillera ton cœur.

« Petit Prince. »

« Oui, mon Dragon ? »

Le noble Esprit de l'Aube s'était fait Homme… mais ressemblait à un Enfant, ce soir.

« Veuxtutemarieravecmoi ? »

C'était… si mignon.

« Hum ? Je n'ai pas bien compris. Tu peux répéter ? »

Si touchant, de le voir lutter pour trouver les mots que son cœur répétait.

« V-veux-tu… te marier… av-vec moi ? »

L'Enfant ignorait tout des coutumes de l'humanité, mais il savait déjà tout de l'Amour.

« Tu es tellement chou. Dans ta divinité, tu es humain. Dans ton humanité, tu es divin. Tu es… parfait, mon Petit Dragon. »

Il savait tout de l'Amour, mais voulait le vivre.

« … »

Ce fut ainsi que le plus noble des conquérants ne sut plus que dire. Celui qui était un dieu… bafouilla comme un enfant.

Peut-être était-ce son imparfaite humanité qui était divine, au fond.


~…~

?

?

~…~


Il semble que le bel Esprit de l'Aube soit revenu à la Terre des Souvenirs.

Moi, fugace Ombre d'un Rêve meurtri, suis devenu plus qu'un souvenir pour lui : et sa Lumière a fait vivre le Fantôme d'un Amour éternel.

Dragon Blanc, Dragon Blanc

Tu l'as toujours su…

la Nuit te protège.

Quand même l'Aube renaîtra,

L'Ombre t'accompagnera et restera avec toi.

N'oublie pas, beau Dragon Blanc : tu es et Dieu, et Humain.

Ton Humanité a épousé la terre et a fleuri, dans le cœur de bien des êtres, ton Essence légendaire.

La Légende du Dragon Blanc est l'histoire de notre Amitié. De notre Amour qui s'est fait Homme, pour raconter Dieu.

Jusqu'à ce que tu voies la légende qui nous a donné vie

Jusqu'à ce que tu reviennes au monde que tu as quitté pour moi

Je serai l'Ombre qui accompagnera tes pas

Et veillera ton cœur.

Mais à présent, la Légende du Dragon Blanc se termine, mon Ami.

Sauras-tu encore me faire visiter l'Amour, et me donner Existence ?

« Dis, on joue à comment tu m'aimes. »

Sauras-tu raconter une nouvelle Légende, toi le merveilleux Dragon Blanc ?

« Comment tu m'aimes ? »

« Je t'aime, comme l'Ombre de la Nuit qui s'est fait Prince. »

Je suis le Secret du Bois Fleuri qui promet l'Azalée, mais ton Amaryllis est la Vérité de la Vie qui éclate au grand jour.

« Et toi, comment tu m'aimes ? »

« Je t'aime, comme l'Esprit de l'Aube qui s'est fait Homme. »

Si tu dois réécrire ta Légende – encore mille et une fois ! Permets que j'épouse tes souvenirs, pour que cette fois, notre Terre fasse fleurir les Roses de l'Amour des Deux.

Et permets, cette fois-ci, que je sois à tes côtés, bien présent, bien vivant.

Car on ne saurait réécrire de plus belle Légende… que celle qui raconte la même et éternelle histoire d'amour.

« Alors, raconte-moi une histoire. L'histoire de… comment tu m'aimes ? »

Dans le Bois Fleuri, l'Esprit de l'Aube fait la nouvelle promesse, d'une histoire plus belle encore.

« Je t'aime, comme »

La Légende du Dragon Blanc.


~…~

Les Deux jouent dans le Ciel.

Les Deux vivent sur Terre.

Les Deux s'aiment.

Deux par deux, toujours deux par deux…


~ FIN ~


Ananda : ...ahhhhh. /Meurt de soulagement/

Bailong : Eh ben, c'était PAS TROP TÔT ! Autant de temps, pour terminer la glorieuse histoire de mon glorieux moi...

Ananda : N'exagère pas, Bailong. Cela ne fait que plusieurs années que je suis là-dessus. /Blasée/ C'est rien comparé à ma vitesse habituelle...

Bailong : Bon, et ben maintenant que mon film est passé sur tous les écrans, on va commencer à tourner la suite ?

Ananda : LA SUITE ?! Non, non, et non !

Bailong : Comment ça, non ? 'Non' n'est pas une option, avec le merveilleux Dragon Blanc.

Ananda : Originellement, oui, il devait y avoir une suite, mais... priorité aux fics non finies.

Bailong : Tant que je suis dans ces tournages...

Ananda : Merci à tout le monde !