Bonjour à tous, et bienvenue sur ma nouvelle fic !

Celle-ci est axée sur les Malefoy (oui, comme souvent avec mes fics sur Harry Potter xD). Elle suivra le canon, c'est à dire que l'épilogue est respecté, les infos supplémentaires données par JKR seront respectées, etc.

Si ça vous tente, vous pouvez d'ailleurs me trouver sur Tumblr en cherchant rambling-of-a-potterhead. Vous aurez les headcanons que j'utilise, et quelques bons fous-rires x)

Bon, avant toute chose, rendons à César ce qui est à César : je ne suis pas JKR, et ni l'univers ni les Malefoy ne m'appartiennent. Eh oui, sinon croyez-moi l'épilogue aurait été bien différent, Albus et Scorpius auraient été nommés autrement, et Snape aurait survécu pour qu'on lui mette le nez dans sans erreurs et qu'il devienne un peu moins un odieux conn– Bref vous m'avez compris.

Ensuite, JKR n'est pas ma seule source d'inspiration ! Certains fics m'ont inspirés quelques headcanons, et je les citerai à chaque chapitre dans un disclaimer. Dans ce premier chap', néanmoins, tout est de moi.

Que dire d'autre… Ah oui. Il n'y aucun lien entre cette fanfiction et les autres fics le Parfum des Arums ou la saga Renouveau ! Même si certains éléments inspirés de Renouveau (un village, un personnage secondaire comme Reg…) apparaîtront dans cette fic, il n'y a AUCUN rapport. Ne cherchez pas d'infos inédites sur Renouveau dans cette fic, il s'agit de deux histoires complètement séparées.

Cette fanfiction n'aura pas de chapitres chronologiques. Je pourrais parler dans un chapitre de tel personnage durant toute sa vie (naissance, Poudlard, vie, mort…) et dans le chapitre suivant, parler d'un autre personnage et décrire sa rencontre le précédent durant sa petite enfance par exemple. Il s'agit de tranches de vies, pas d'un récit unique.

Les chapitres seront courts, dix ou douze pages maxi. Voilà, je pense que j'ai tout dis. Enjoy !

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Ce qui reste des Black

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Bella était celle qui menait la maison à la baguette jadis, chez les Black. C'était elle que Narcissa, délicate et douce Narcissa, admirait et enviait. C'était elle qu'Andromeda, brave et exubérante Andromeda, cherchait à impressionner. Plus que la rage de leurs parents, ce fut la colère de Bella envers Andy qui poussa celle-ci à se cacher : ce fut aussi ce qui décida Narcissa à tirer un trait sur sa sœur.

Après la mort de Bellatrix, Narcissa songea à son unique sœur restante. Sirius était mort, Regulus était mort, Bella était morte… Tout ce qui restait de la branche directe des Black (car les quelques cousins éloignés, comme le fils Nott ou la fille des Fawley, ne comptaient pas), c'était Andromeda.

Il fallut six mois pour que les deux sœurs reprennent contact.

Pour Narcissa, ce fut une distraction bienvenue. Lucius avait beau avoir dénoncé quasiment tous les Mangemorts et donné des informations précieuses au Ministère pour éviter la prison, il avait quand même été condamné à cinq ans d'exil loin de la Grande-Bretagne, et vivait en Allemagne. Narcissa lui rendait visite toutes les semaines, mais au lieu de la rassurer, ça ne faisait qu'augmenter le sentiment de vide en elle.

Quant à Draco, il était retourné à Poudlard comme tout le monde, pour une année supplémentaire : mais hors de l'école, il fuyait le manoir, dormant chez ses amis, passant ses journées avec eux. Les enfants Sang-Purs se rassemblaient souvent tous ensemble, se rassurant les uns les autres, non ce n'était pas si terrible, on n'est pas mort, on est chanceux, on n'avait pas le choix, on se rachètera, c'était la guerre. Ça marchait, pour quelques-uns. Au bout de deux ans, Pansy prit un apprentissage dans une boutique du Chemin de Traverse, et elle savait garder la tête haute face aux regards méprisants.

Draco apprenait à guérir avec ses camarades, mais Narcissa n'avait jamais su guérir autrement que toute seule.

Ce fut Andy qui fit le premier pas, d'une missive courte demandant si Narcissa voulait récupérer quoi que ce soit à Square Grimmauld, étant donné qu'Harry Potter venait d'un faire don à Teddy (décidément, personne ne voulait de cette maison). Narcissa lui répondait qu'elle le lui laissait bien volontiers, mais qu'elle aimerait reparler à sa sœur, un de ses jours… Les lettres s'échangèrent, hésitantes puis de plus en plus remplies. Deux mois plus tard, elles se revirent. Elles pensaient ne plus avoir grand-chose à se dire, après tant d'années à vivre dans des mondes séparés. Mais en fin de compte, elles avaient tant de choses à se raconter.

Le deuil. La colère. La peur que leur insufflait Bella, Voldemort. Le chagrin. Regulus était-il vraiment mort pour défaire le Seigneur des Ténèbres ? Qu'était devenu Sirius après Azkaban ? Pettigrew, quel sale rat. Pauvre Nymphadora. Nos enfants ne grandissent jamais vraiment, n'est-ce pas ? Même adulte, on les voit s'avancer vers le danger, et on a le cœur au bord des lèvres.

– Ton fils a fait de mauvais choix.

Narcissa posa un regard gris et froid sur sa sœur, et se contenta de dire :

– C'était un enfant. Il en est toujours un.

– J'avais son âge quand je me suis rebellée contre ces principes toxiques que…

– Tu avais son âge quand tu es tombée amoureuse, gronda Narcissa en l'interrompant. Tu ne t'es pas révoltée pour le plus grand bien ou par loyauté envers Dumbledore : tu es tombée amoureuse d'un Poufsouffle, et l'amour t'a poussé à voir les choses sous le même angle que lui.

– Au moins j'ai…

– … Voulu lui plaire ? Oh, je n'en doute pas. Draco aussi voulait plaire. Il voulait rendre son père fier, quand il avait quatorze ou quinze ans. A seize ? A seize ans, tu te cachais dans les buissons avec Tonks. A seize ans, mon fils recevait des lettres codées qui l'avertissaient de tout ce que le Seigneur des Ténèbres ferait à ses parents s'il échouait dans une tâche impossible. Mon fils a fait de mauvais choix : parce qu'il était un enfant, et que ceux qui l'aimaient étaient du mauvais côté de la guerre. Il n'a pas de leçons à recevoir de toi, et moi non plus.

Elles se défièrent du regard en silence. Puis Andromeda inclina la tête, lentement. Narcissa avait raison sur ce point. Andy s'était rebellée par amour, pas par sens de la justice. La rébellion de Draco, bien que moindre et bien plus tardive, était allée à l'encontre de tout ce qu'il avait aimé.

Et puis, Draco était encore en vie. Narcissa aussi. Lucius aussi. Andromeda avait tout perdu, tout le monde.

Non, elle n'avait pas de leçons à donner.

Elle versa une nouvelle tasse de thé à sa sœur et la conversation dériva vers des sujets plus inoffensifs. Elles parlèrent de Regulus, leur cousin préféré, timide et drôle et dévoué. Elles parlèrent de Poudlard, de la salle commune de Serpentard, de ce qui avait du s'y passer durant l'année où le Seigneur des Ténèbres était au pouvoir. Elles songèrent aux élèves qui, à présent, ne pouvaient pas passer devant une certaine classe, traverser un certain corridor, marcher dans le hall d'entrée sans avoir une attaque de panique ou une crise nerveuse. Elles songèrent à ce que leur monde était devenu, et elles découvrirent qu'elles le déploraient pareillement.

Elles se revirent régulièrement, après cela. Elles étaient des Black, après tout. Tout ce qui restait de la Noble et Très Ancienne Maison des Black.

(Andromeda recevait fréquemment des visites des Weasley, qui essayaient de l'intégrer dans leur immense famille. Sans doute autant à cause de son deuil que de Teddy, qu'ils avaient implicitement adoptés car il était le filleul d'Harry. Néanmoins, même si Andromeda acceptait de passer des coups de Cheminette fréquents aux Weasley, et leur confierait régulièrement Teddy pour qu'il se socialise (surtout avec Victoire, qui avait deux ans de moins que lui), elle gardait cependant ses distances. Elle les garderait toute sa vie, d'ailleurs. Elle avait toujours été secrète, méfiante et renfermée sur elle-même. La guerre et le chagrin avait accentué cette facette de sa personnalité… Et les Weasley avait beau lui proposer une famille de remplacement, ce n'était pas ce qu'Andy voulait.)

(Narcissa ne s'en plaignait pas. Andy était plutôt fermée aux étrangers, mais en contrepartie, elle s'ouvrait à sa sœur et semblait prête à lui pardonner.)

Narcissa finit par rencontrer le petit Teddy Lupin, lorsque celui-ci eut trois ans et des poussières. C'était un gamin timide et gentil, aux cheveux sombres bouclés comme ceux d'Andy, et aux yeux vert bouteille, comme Harry Potter. Il était mignon, et son visage ressemblait énormément à celui d'Andy quand elle était plus petite. Quand Narcissa lui dit bonjour, une expression composée sur le visage, le petit leva les yeux vers elle et l'observa avec cet air scrutateur, presque calculateur, que Regulus avait parfois en étudiant une question compliquée en Sortilèges.

– Tu es ma tante ?

– Oui.

– Tu connaissais mes parents ?

– Je suis allée à l'école avec ton père, fit prudemment Narcissa.

Le visage de Teddy s'éclaira :

– Et mon parrain, tu le connais ?

– Oh, oui.

Harry Potter et Narcissa avaient réussi à avoir des conversations civiles, après la guerre, essayant de savoir comment se dépêtrer d'une dette de vie liant un individu A à un individu B, alors qu'un individu C apparenté à B est également débiteur d'une Dette envers A.

(La réponse était : impossible de s'en défaire. Mais entre-temps, Harry et Narcissa avaient posé les bases d'une relation cordiale et avaient donc continué à se saluer quand ils se croisaient, à s'écrire en cas de problème, et à se conseiller l'un l'autre).

(Narcissa se languissait de Draco qui n'écrivait jamais, et Harry, avec ses lapsus révélateurs sur son manque de bonheur dans son enfance, réveillait sa compassion et son instinct maternel. Quelques années plus tard, à leur grande surprise mutuelle, Narcissa et Harry seraient devenus amis : mais ils n'en étaient pas encore là).

– Cool, avait sourit Teddy.

Et ça y était, Narcissa était adoptée. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle tombe sous le charme de Teddy, non plus, et elle multiplia les visites.

Narcissa mit des années à retrouver ses aises dans le manoir qui avait jadis été son foyer, et que la présence de Voldemort avait souillé. Elle ne pouvait plus voir la table du salon sans penser à Nagini, elle ne pouvait plus traverser le couloir de l'aile Est sans revoir l'ombre de Pettigrew qui y marchait d'un pas trottant avec un sourire mielleux aux lèvres : elle ne pouvait plus traverser le rez-de-chaussée sans que ses yeux ne soient attirés par la porte cachée menant à la cave, et elle revoyait alors les grands yeux terrifiés de la petite Lovegood. Narcissa avait fait ce qui était en son pouvoir pour elle, volant dans sa propre cuisine et lui apportant à manger parce que Queudver oubliait souvent : et elle savait que Draco avait fait de même, ne finissant pas son assiette exprès pour la donner aux prisonniers. Mais ça ne suffisait pas à atténuer sa culpabilité, son effroi, sa colère, son dégoût.

Draco était sans doute encore plus atteint qu'elle par ce stress post-traumatique. Il sursautait au moindre bruit, les premières semaines. La première année suivant la guerre, lorsqu'il revenait de Poudlard, il ne logea quasiment pas au manoir, préférant se réfugier chez Blaise ou Pansy. Puis il passa un an à voyager à l'étranger avec Blaise, justement, et les sœurs Greengrass. Narcissa pouvait comprendre son envie de s'éloigner, certes : mais elle restait seule face à ses vieux cauchemars. Seule au manoir qu'elle détestait.

Alors Narcissa passa de plus en plus souvent chez Andromeda. Une fois par mois, puis toutes les deux semaines, puis toutes les semaines, puis elle y passa quasiment tous les jours. Elle gâtait Teddy de bonbons, de gâteaux et d'histoires fantastiques sur Merlin ou Morgane. Et elle prenait le thé avec sa sœur, et se souvenait de leur enfance, de leurs erreurs, de leurs regrets.

(Andromeda lui parlait de Teddy et de ses parents, de la timidité de Lupin, de l'exubérance de Nymphadora. Un jour Narcissa apprit comme ça, un peu par hasard, que le petit Teddy avait été nommé selon la tradition des Black. Avec un nom d'étoile. Theodore Sirius Lupin. Narcissa esquissa un sourire rêveur. Certaines choses ne changeraient jamais.)

Un jour, quand Narcissa passa la porte d'Andy, elle vit que Teddy avait abandonné ses cheveux sombres et ses yeux verts. Il avait les cheveux blonds, à présent, et les yeux d'un gris-argent frappant. Il ressemblait à Draco. Il ressemblait surtout à Narcissa.

– Je ressemble à quoi, Tante Cissy ? sautilla le gamin avec nervosité.

Narcissa resta un instant frappée par la ressemblance, puis sa gorge se serra, elle tomba à genoux, et étreignit le gamin avec force.

– A un membre de ma famille, Ted. A un membre de ma famille.

Teddy lui rendit son étreinte, et Narcissa refoula une absurde envie de pleurer.

oOoOoOo

Quand Draco revint de voyage et reprit ses études, Narcissa le traîna chez Andromeda dès la première semaine. Au début, Draco se tortilla vaguement sous le regard d'Andy, extrêmement mal-à-l'aise. Il devait se souvenir de toutes les remarques désobligeantes qu'il avait faite sur Tonks et Lupin.

Puis Teddy rencontra Draco et ce fut littéralement le coup de foudre. Avant deux jours, le petit garçon de quatre ans et demi connaissait plein d'histoires de Quidditch, voulait être à Serpentard, voulait être Attrapeur, avait choisi d'être un Malefoy quand il serait grand, trouvait Astoria Greengrass pleine de qualités (évidemment, c'était Draco qui la lui avait décrite !) et voulait apprendre à faire des Potions. Une semaine plus tard, Teddy avait les cheveux blonds platine, les yeux encore plus gris que d'habitude, et des traits pointus directement inspirés de ceux de Draco : il aurait pu passer pour son petit frère.

Étonnamment, même si Draco n'aimait habituellement pas les petits enfants, le coup de foudre fut parfaitement réciproque. Draco adorait Teddy. Il lui racontait des histoires (et instilla d'ailleurs dans son cousin une trouille bleue des hippogriffes après lui avoir raconté que l'un d'eux lui avait presque arraché le bras), construisait des châteaux avec lui (ce qui fut l'occasion pour Draco Malefoy de découvrir les Legos), inventait de fantastiques histoires de dragons et de mages et de rois cupides (et souvent roux) à vaincre, et lui ramenait des tas de sucreries. Le petit Teddy fut invité au mariage de Draco et Astoria, qui étaient tombés amoureux durant leur long voyage de deux ans : et la mariée dansa même de bon cœur avec lui.

Pour leur mariage, Teddy leur offrit Square Grimmauld, sur l'insistance d'Andromeda. Après tout, la vieille maison des Black méritait de voir revenir ses descendants, et Draco et Astoria, qui allaient fonder une famille d'ici quelques années, étaient plus prédisposés à ce rôle que Teddy qui vivait toujours chez sa grand-mère.

Les Malefoy envoyèrent une armée d'elfes de maison rendre l'endroit plus habitable, et promirent à Teddy qu'il aurait une chambre réservée pour lui. Il était de la famille, après tout. Le gamin, à ces mots, se gonfla de bonheur.

Harry Potter avait beau être le parrain de Teddy Lupin, le Survivant était surchargé de travail, avec tous ces gens qui voulaient lui serrer la main, les offres d'emploi, la reconstruction, son entraînement d'Auror, ses fiançailles avec Ginny… Il passait de temps en temps, offrant bonbons et cadeaux au fils de Remus, mais ne restait guère. Alors il ne faut pas s'étonner si le modèle fraternel qu'eut Teddy fut… Draco.

– Tu es mon grand frère, fit un jour le petit garçon de six ans avec détermination.

Draco émit un rire amusé :

– Techniquement, je suis ton cousin.

Assis par terre au milieu des Legos (ils construisaient deux tours reliées par un pont pour faire des courses de figurines de dragon), le Sang-Pur avait les cheveux mal coiffés, les deux premiers boutons de la chemise déboutonnés, et un sourire de gamin sur les lèvres. Pour Draco qui essayait de reconstruire l'empire financier de Lucius, de recréer des relations diplomatiques avec le Magenmagot, et suivait en parallèles des cours de Droit Magique par correspondance, ces visites à Teddy étaient un cadeau du ciel. Enfin une occasion de se détendre.

(Que personne ne laisse entendre ça à Astoria, surtout. Draco l'adorait, sûr, après tout ils étaient quand même tout juste mariés. Mais avec Teddy, Draco laissait vraiment tomber tous ses soucis d'adultes).

– Tu es sûr ? fit Teddy dubitatif.

– Je suis un expert.

– Bon. C'est bien, un cousin ?

Draco réfléchit, puis monta un dernier créneau sur la tour et offrit :

– C'est comme un frère, mais avec moins de disputes.

– Les frères, ça se dispute ?

– Comment je le saurais, je n'ai pas de frère… Mais toutes les fratries que je connais passent leur temps à se disputer.

– Si tu étais mon frère, on ne se disputerait jamais.

Draco lui adressa un large sourire moqueur :

– Quelle magnifique coïncidence qu'on soit cousins, alors.

Narcissa et Andromeda observaient ce développement inattendu en riant sous cape comme des collégiennes. Ni l'une ni l'autre n'en souffla mot à Harry, cependant. L'Élu avait encore une certaine rancune (certes justifiée) envers Draco. Il n'aurait pas aimé, aurait voulu s'interposer… Et les sœurs Black y étaient complètement opposées.

Non seulement ça leur faisait chaud au cœur de voir leurs garçons si heureux, mais en plus, Draco et Teddy étaient des Black. Ils étaient de la famille. Il restait si peu de Black : ça serait un crime de les séparer.

Harry Potter n'entendit donc quasiment jamais parler de Draco Malefoy par la bouche de Teddy. Oh, il entendait pleinement parler de Narcissa : de toute façon, alors que Draco avait du travail à faire, Narcissa passait quasiment toutes ses journées chez Andromeda, et était donc là quand Harry venait voir Teddy. Mais aucun des Black ne mentionnaient que, dès ses cours et ses rendez-vous terminés, Draco transplanait chez eux. Le petit garçon était sans doute ravi de garder ça secret. Ça lui donnait l'impression que Draco lui appartenait, quelque part. Que c'était à lui.

Quand Astoria donna naissance à un fils, Scorpius Hyperion Malefoy, toute la famille fut conviée au manoir Malefoy pour féliciter la mère. Le manoir avait à nouveau l'air accueillant : Narcissa avait changé les tapisseries, bougé les tableaux, renouvelé tout le mobilier. La demeure était sublime, et Teddy fut ébloui. Mais bien sûr, pas ébloui au point de ne pas voir que, si toute la famille Greengrass était rassemblée, il n'y avait pas de grand-père du côté des Malefoy.

Les Greengrass avaient refusés tout net de venir si Lucius était dans le coin.

Quelques semaines plus tard, quand Draco, Astoria et le petit Scorpius déménagèrent à Square Grimmauld qui était enfin redevenu une demeure digne de ce nom. La maison des Black avait perdu son côté sinistre, mais il restait en ces lieux une certaine grandeur, une prestance qui vous rappelait que ceux qui avaient vécu là avaient été pratiquement de sang royal chez les sorciers. Et la tapisserie affichant l'arbre généalogique des Black était toujours là, alors, en plissant le nez et en lisant avec difficulté, Teddy déchiffra le nom de Lucius Malefoy et se demanda pourquoi il était absent, encore une fois.

(C'était Astoria avait refusé que Lucius mette les pieds chez elle, cette fois).

Ce soir-là Teddy demanda à sa grand-mère, à voix basse, si le père de Draco était mort, comme le sien. Alors Andromeda lui parla de la guerre, de Lucius Malefoy à dix-sept ans, fier comme un paon et charmé par les promesses d'un serpent, qui avait mis la main dans un engrenage infernal, un engrenage qui l'avait rattrapé des années plus tard. Elle lui parla de la guerre, de Voldemort, de pourquoi Harry Potter était un héros, et pourquoi Tonks et Lupin étaient morts. Elle lui parla de Draco qui avait fait de mauvais choix, qui avait fait des choses horribles pour garder ses parents en vie. Elle lui dit qu'en temps de guerre, on fait tous des choses horribles, mais ça ne fait pas pour autant de nous des gens mauvais.

– Est-ce que le père de Draco est une mauvaise personne ? finit par demander le petit Teddy.

– Je ne sais pas, chaton, soupira Andy. Il a fait de très mauvaises choses, et il les a faites avec contentement. Mais il aime Cissy, et il aime Draco. Et il a payé pour ce qu'il a fait de mal.

Teddy y réfléchit longtemps, puis dit simplement :

– Quelqu'un qui aime Draco ne peut pas être une mauvaise personne.

Après ça, il fallut lui parler de la guerre dans son ensemble. L'idéologie Sang-Pur est difficile à expliquer à un enfant. Il ne s'agissait pas seulement d'écraser les Nés-Moldus : il s'agissait de vengeance, de protection, d'honneur et de tradition. Il y avait tout un contexte à prendre en compte. Il s'agissait des vieux rêves des sorciers qui avaient vu la Seconde Guerre Mondiale leur arracher leurs amis Nés-Moldus et Sang-Mêlés, qui avaient vu les bombes détruire leurs manoirs, tuer leurs proches, et voulaient un monde plus sûr, un monde où les horreurs des Moldus ne les atteindraient plus jamais.

C'était une belle idée, un rêve de sécurité paisible et protégée. Mais évidemment c'était l'idée de vengeance qui l'avait emportée, et avec la vengeance était venue la colère et la suffisance d'extrémistes qui n'avaient que leur doctrine faussée pour justifier leurs plaintes. C'était une belle idée, à la base, et cette idée méritait toujours d'être contemplée : mais le Seigneur des Ténèbres était un être mauvais, et le chemin qu'il avait pris et tenté d'imposer au monde était mauvais aussi.

Andy et Narcissa parlèrent à Teddy de Poudlard, et de Serpentard, et de Gryffondor, et de la rivalité et des préjugés attachés aux Maisons. Elles lui parlèrent d'une division dans le monde sorcier qui était la racine de nombreux conflits, et le gamin écoutait, avide et les yeux écarquillés.

A huit ans, Teddy fit de la magie accidentelle pour la première fois, sous les yeux de sa grand-mère stupéfaite. Il refusait de mettre le pyjama rouge et or offert par son parrain et, au terme d'un caprice monumental, le pyjama fut changé aux couleurs de Serpentard.

Le lendemain, en apprenant la nouvelle, Narcissa emmena tout le monde manger une glace pour fêter ça. Attablé à la terrasse d'un glacier Moldu, la famille Black (ou plutôt Black-Malefoy-Tonks-Lupin) formait un drôle de tableau. Deux dames à l'âge indiscernable, dignes mais encore très belles, l'une brune et l'autre blonde : un jeune adulte blond en costume impeccable : une jeune femme aux cheveux châtains avec un nouveau-né dans les bras : et un gamin aux cheveux verts et argent (pour l'occasion) en pétard, et vêtu d'une salopette en jean.

– Je suis sûr que tu seras à Serpentard, disait Draco à Teddy.

– Comme toi ! exulta le gamin en plantant sa cuillère dans sa coupe remplie de boules chocolat-vanille.

– Et comme moi, intervint Narcissa avec un mince sourire.

– Et moi, ajouta Andromeda.

– Et moi, renchérit Astoria en berçant le petit Scorpius.

Teddy les regarda avec de grands yeux, puis prit un air grave, et hocha la tête avec solennité :

– Alors je serai définitivement à Serpentard.

Et sur ses mots, il enfourna sa boule de glace, gonflant les joues pour tout faire rentrer et s'en mettant partout sur les lèvres au passage.

Quelques années plus tard, le Choixpeau envoya Teddy Lupin à Poufsouffle.

Andromeda, Narcissa, Draco et Astoria envoyèrent une unique lettre remplie de félicitations, disant qu'il n'avait pas à avoir honte, qu'ils étaient fiers, et qu'il n'y avait pas de mal à briser un peu les traditions ("vraiment, Tante Andromeda, ne lui donnez pas d'idées…."). Astoria cita quelques sorciers et sorcières célèbres qui avaient été à Poufsouffle. Andromeda dit que son mari Ted Tonks, puis sa fille Nymphadora, avaient été dans cette Maisons. Finalement Narcissa ajouta que Poufsouffle et Serpentard avaient en commun le même but (bien qu'ils emploient des moyens différents), à savoir l'auto-amélioration, la réussite et le succès.

Teddy se fit des amis, là-bas, notamment une fillette joufflue du nom d'Opale Bertham, dont le frère jumeau avait été envoyé à Serpentard. Dès leur troisième année, Opale et Teddy devinrent les Batteurs de Poufsouffle. Opale, surtout, prit un malin plaisir à envoyer des Cognards en direction de son frère, qui était Chasseur pour les Serpentard. A la fin du match, Teddy et son amie se firent sermonner par une autre troisième année, Phidia Danares, de Serpentard, parce qu'ils n'avaient pas joué honnêtement.

Teddy tomba littéralement sous le charme de Phidia et, à partir de ce jour, ses lettres débordèrent d'émois adolescents. Phidia était italienne, elle était belle, elle était ambitieuse, elle aimait la tarte aux poires, elle avait accepté de réviser avec eux, etc. Draco lisait les lettres avec un sourire en coin, amusé et fier, et Astoria le taquinait en disant que son cousin était un vrai tombeur.

– Que veux-tu, le charme court dans la famille, plaisantait Draco.

Astoria posait un regard dubitatif sur leurs enfants. Scorpius avait sept ans : Callistia, cinq : et Orion, le petit dernier, tout juste deux. Tous les trois étaient recouverts de poussière après avoir exploré le grenier, et riaient aux éclats en mangeant des beignets à la framboise qui les tâchait de rouge jusqu'aux oreilles.

– Ben voyons.

Teddy, Phidia, Opale et son jumeau Beryl formèrent un groupe d'amis peu orthodoxe, mélange de Serpentard et de Poufsouffle, qui devinrent vite inséparables. Ils étudiaient ensemble, se passaient des notes, s'attaquaient férocement aux Gryffondor qui avaient la mauvaise habitude de chercher des poux aux autres Maisons. Ils firent quelques blagues, parce que Phidia était une tête brûlée et que Teddy demanda gentiment des feux d'artifices à Georges Weasley : mais jamais ils ne devinrent des « Maraudeurs »… Au grand dépit d'Harry, d'ailleurs.

(Et au grand soulagement de Narcissa et Andromeda.)

(Ce soulagement ne durerait pas longtemps. Bien vite, le fils cadet de Draco leur apprendrait qu'il avait un goût prononcé pour les farces…)

Non, Teddy et ses amis n'étaient pas des Maraudeurs. Quand ils rencontraient un problème, ils le réglaient à la Serpentard. A la façon des Black. De manière calculée, sournoise et infaillible. Ce fut d'ailleurs l'idée de Teddy. Quand un Gryffondor traita les Serpentard de Mangemorts, Teddy lui hurla en réponse que sa famille venait de Serpentard, et quand l'autre le traita de Mangemort aussi, Opale éclata en sanglots, et Teddy écrivit une lettre larmoyante et indignée à son parrain.

Harry Potter débarqua le lendemain même et engueula le Gryffondor fautif devant toute l'école, insistant sur le fait que lui-même avait failli être à Serpentard, et que le premier à traiter quiconque de Mangemort aurait droit à un coup de pied au cul, si pas à un Maléfice !

Teddy était enchanté.

Il reçut d'ailleurs des tas et des tas de bonbons de la part de sa famille, qui avait été littéralement morte de rire en entendant l'histoire. Même Scorpius, qui savait à présent lire et écrire, avait tenu à signer la lettre et à ajouter ses félicitations pour une opération aussi rondement menée.

En voyant tous les colis qui se succédaient, Phidia finit par lui demander, les sourcils haussés :

– Mais tu as une famille nombreuse ou quoi ?

Ce n'était pas vrai et elle le savait : elle était juste jalouse parce qu'elle ne recevait jamais de bonbons. Mais Teddy ne se vexa pas. Il se contenta d'un sourire en coin :

– Pas nombreuse : unie. Nous sommes des Black après tout.

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