Chapitre 5

-Ahem...

Aomine regretta instantanément de s'être raclé la gorge. Trois paires d'yeux se tournèrent vers lui.

-Tu veux dire quelque chose Daiki chéri ? Demanda doucement sa mère ?

Aomine entendit nettement Kagami pouffer à l'entente du surnom affectueux de sa mère et allait l'insulter vertement avant se se rappeler la présence de ses parents, qui étaient pour le moment assis devant eux à la table du salon.

Kagami profita de cet interlude pour jeter un regard à la décoration intérieure. Il s'en doutait. Pas une seule photo de Aomine. Si on ne connaissait pas son existence, impossible de deviner que ce couple avait eu un enfant.

-Moi… pas trop mais… si tu pouvais juste l'ouvrir Kagami, ça serait bien, lâcha enfin Aomine. Tu m'as traîné jusqu'ici pour ça non ?

-Je te laissais le temps de te préparer mentalement, répondit le rouquin.

-C'est bon je suis prêt.

-Si tu le dis… soupira Kagami. Bon…

Il jeta un regard plein de défi aux parents et Aomine.

-Ao… Daiki a décidé de rester ici à Tokyo avec moi. Il ne partira avec aucun d'entre vous !

Aomine manqua de s'étouffer. Depuis quand ?

-Je t'avais dit de te préparer, idiot ! Chuchota Kagami en voyant sa tête. C'est que le début en plus !

Aomine ferma les yeux, craignant le pire. Kagami lui murmura quelque chose à l'oreille.

-Hé, on est toujours là ! Fit remarquer le père de Aomine. J'aimerais savoir qui tu crois être pour te permettre de dire ça.

Kagami eut un sourire narquois. Il s'attendait à la question. C'était presque trop facile. Il attrapa Aomine par la taille. Aomine qui comprit instantanément ce qui allait se passer. Et qui manqua de défaillir.

-Chuis son mec !

Aomine ferma les yeux pour ne pas voir la réaction de ses parents. Mais au bout de quelques secondes de silence, il finit par ouvrir presque timidement les yeux.

Aucun de ses deux parents n'avaient bougé. Pas d'un iota.

-Euh… vous êtes morts ?

-Vous faites semblant, dit son père. Pour ne pas avoir à partir. Ça ne prend pas avec moi.

-Ah, vous croyez ? Répondit Kagami.

Son ton était étonnamment calme. Aomine comprit pourquoi. Tout simplement parce que c'était presque vrai dans un sens.

-Tu veux une preuve ? Lança t-il à son père.

Il reçut un regard alarmé en réponse. Il soupira.

-Ah, j'vous jure… Taiga ?

Il attrapa le visage du rouquin et l'embrassa comme jamais. Il eut le plaisir de constater que son partenaire participait activement à l'échange. Franchement, il aurait presque pu oublier dans quelle situation il se trouvait et rester comme ça toute la journée, à embrasser Kagami.

Il entendit un vague glapissement venant de sa mère mais n'y prêta pas attention le moins du monde. Il était trop bien là, malgré le manque d'air qui commençait à se faire sentir.

-Stop !

Il se détacha presque à regret de Kagami et, non sans l'avoir embrassé rapidement une dernière fois, il reporta son attention sur ses géniteurs qui avaient légèrement pâli.

-Vous m'croyez maintenant.. ?

Son père acquiesça presque à contrecœur.

-Embrasser un autre homme, c'est facile, mais y mettre autant d'envie…

Aomine se contenta de ricaner.

-Nous y voilà ! Déclara t-il.

-Je ne peux pas te laisser ici Daiki, ajouta son père. Tu es encore mineur ! Et malgré tout… l'amour que tu porte à ton… ton…

-Petit ami ? Dit Kagami. C'est le mot que vous cherchiez ?

-Ahem… oui, on peut dire ça… Daiki, tu ne peux pas t'incruster chez les gens comme ça ! Ses parents ne…

-Sont pas là, le coupa Kagami pour la seconde fois. Ils vivent en Amérique pour le moment. Du coup, je vis à l'appartement familial tout seul.

-Mais même comme ça ! Intervint sa mère. Laisser deux jeunes livrés à eux-même, c'est irresponsable !

-Il me semble que vous laissez Daiki se débrouiller seul depuis longtemps, contra Kagami. J'ai entendu que vous disputiez beaucoup et que vous êtes souvent absents à cause du travail. Ça ne changera pas grand-chose pour lui. En ce qui me concerne, c'est la même chose.

Le silence se fit autour de la table.

Aomine réfléchissait à toute vitesse. Il comprenait parfaitement ce que Kagami proposait. Et il était en train d'accepter. Alors qu'il avait refusé son aide parce qu'il ne voulait pas être un fardeau. Et encore moins lui être redevable. Il voulait vraiment vivre avec lui, mais une partie de lui se déchirait à penser qu'il dépendrait entièrement de quelqu'un. Il était tellement indépendant d'habitude qu'il se sentait mal de devoir s'en remettre à quelqu'un. Même si ce quelqu'un était Kagami.

Une soudaine pression sur ses doigts le fit sortir de ses pensées. Kagami venait de lui prendre la main sur la table.

-Je sais que tu ne veux pas, murmura le roux. Mais je préfère cent fois devoir te loger et te nourrir que te savoir loin.

-Tu m'énerve ! Râla Aomine. Tu sais toujours ce que je pense !

Kagami ricana.

-C'est tout à fait normal… Ah mince, avec ton prénom, je peux pas faire de jeux de mots !

-Abruti !

-Donc je disais… toi et moi, on est pareils, c'est pour ça que je sais toujours.

-Un point pour toi… Ah, c'est vrai ! Moi non plus je trouve pas de blague à faire avec ton prénom !

-On dérange pas trop ? Intervint la mère de Aomine. Quoi qu'il en soit… Kagami c'est ça ? Je ne veux pas que mon fils vive avec un étranger et à ses crochets en prime !

-Je connais sûrement mieux votre fils que vous, m'dame. Et si vous ne voulez pas qu'il soit un boulet pour moi, vous n'avez qu'à lui donner une pension alimentaire.

-Hein ?

-Arrête ça Daiki ! T'es vraiment pas classe du tout quand tu dis ça ! S'énerva Kagami.

-Non, mais c'est quoi une pension… animalière c'est ça ? Répondit l'as de Tôo.

-Alimentaire, Daikidiot ! Ah, j'ai fini par trouver tu remarqueras ! Mon père et ma mère m'envoient tous les deux une pension alimentaire.

-Vas-y explique.

-Ben en gros, quand des parents divorcent, celui qui à la garde des gosses reçoit une pension alimentaire de l'autre parent. Dans mon cas, comme ma mère est… ailleurs et mon père vit aux Etats-Unis et que je ne vis avec aucun des deux, même si c'est mon père qui a la garde officielle, il me donne la pension que ma mère lui verse pour moi. Et de son côté, elle m'en donne un peu aussi. Ce qui me fait de l'argent pour vivre.

-T'es vachement calé sur le sujet, Taigabruti ! S'exclama Aomine, fier t'avoir lui aussi trouvé une nouvelle blague. Comment ça se fait d'ailleurs ?

-Ben, quand ça parle fric, forcément… Et puis il fallait bien que j'arrive à vivre ici alors mon vieux m'a expliqué le système. Et puis franchement, la Izuki mania, faut arrêter là ! Les blagues de merde, moi, je dis stop !

-Daiki, donne moi une seule bonne raison de te laisser rester ici.

Aomine se tourna vers son père.

-Parce que je peux jouer au basket.

-Une vraie raison Daiki ! Le basket, ce n'est qu'un j…

-C'est ma vie ! L'interrompit Aomine. C'est la seule chose pour laquelle je m'intéresse vraiment, et je suis doué ! Les joueurs qui peuvent me battre peuvent presque se compter sur les doigts d'une seule main, et ils sont tous ici ! Mais si t'en veux une alors voilà ! Si tu refuse, je me barre de nouveau, et tu ne me reverras plus du tout !

Sa déclaration créa un froid autour de la table.

-Je ne savais pas… que tu étais si fort au basket… dit sa mère. Je…

-T'avais qu'à prendre le temps de venir me voir jouer ! Répliqua Aomine sur un ton acide. Maintenant c'est trop tard !

Il se leva et sortit. Kagami s'apprêtait à le rejoindre lorsqu'une main attrapa la sienne.

- ?

-Est-ce que tu prendras soin de lui ?

-Chérie !

Kagami fixa la mère de Aomine qui le regardait avec des yeux débordants de larmes.

-Je…

Il n'était pas doué du tout pour exprimer ses émotions. Il y parvenait parfois, sous le coup d'une impulsion soudaine, mais le plus souvent, il était très maladroit.

-J'ai joué contre lui trois fois, dit-il. J'ai perdu deux fois, mais j'ai gagné une fois en y mettant tout ce que j'avais. Il est vraiment exceptionnel au basket. C'est vrai. Peu de joueurs lui arrivent à la cheville. Il est l'as de la Génération des Miracles, et ça veut dire beaucoup de choses. Même entre eux, il est considéré comme le plus fort. Il est adulé et craint par les autres joueurs. Si je prendrais soin de lui ? Évidemment ! C'est mon petit ami !

Il appuya soigneusement sur les derniers mots pour bien leur faire rentrer dans le crâne.

-Hé.

Aomine se tourna vers Kagami qui arborait une expression étrange.

-Qu'est-ce tu as ? T'as l'air louche.

-Ils… ont accepté.

Aomine sentit son cœur s'arrêter. Les mots que Kagami venait de prononcer avait du mal à intégrer son cerveau. Il secoua la tête. Non, il avait du mal entendre.

-À une seule condition, ajouta le rouquin.

Aïe. Évidemment. C'était trop beau pour être vrai.

-C'est quoi leur condition ? Marmonna t-il.

-Ils veulent te voir jouer.

Aomine écarquilla les yeux.

-Que.. ?

-Bon, ton père a un peu râlé au début, mais j'avais réussi à me mettre ta mère dans la poche, alors elle l'a convaincu pour moi. Tu me connais, je suis un peu bourrin ! Je lui aurais enfoncé un ballon dans le crâne jusqu'à ce qu'il accepte, mais bon, ça marche pas avec tout le monde !

-J'ai pas de match de prévu pour le moment, dit Aomine pour masquer les émotions qui l'envahissaient. À savoir la joie et… la joie.

-On peut toujours demander à Kise d'organiser un match amical, répondit Kagami. Ou Murasakibara. Lui, j'arrive à le convaincre facilement. Il est tellement manipulable !

Aomine éclata de rire, même si la remarque de Kagami n'était pas drôle. Il voulait simplement exprimer ce qu'il ressentait, quitte à passer pour un demeuré.

-Dis leur que ça marche !

-Hé, mais fais le toi-même ! Chuis pas ta bonne !

Kise le regarda avec de grands yeux ronds, ce qui, quand on connaissait leur forme originelle, relevait de l'extraordinaire et traduisait un étonnement intense.

-Répète ça pour voir, Kagamicchi ?

-Crève ! Répliqua Kagami. Et puis tes surnoms à la con là…

-Qu'est-ce qui se passe ic… Oh, Kagami ! S'exclama Kasamatsu. Pourquoi t'es là ?

-Je voudrais organiser un match entre Kaijô et Tôo, répondit Kagami. Nous, on a un petit souci de joueurs pour le moment, du coup…

-Quel genre de souci ? S'enquit Kise.

-On a… un peu trop de couple de gays dans l'équipe, si tu vois ce que je veux dire…

Pas de réponse.

-Ils ont du mal à marcher, si tu préfère ! Précisa Kagami. Entre ça et la Winter Cup, les pauvres tiennent pas le choc.

-Je comprends très bien ! S'exclama Kise avec un peu trop d'enthousiasme. D'ailleurs moi quand je…

Kasamatsu le frappa pour le faire taire, les joues rouges.

-Quoi qu'il en soit, donne moi une bonne raison Kagami. Certes, un match contre Tôo serait très bon pour nous entraîner et Kise meurt d'envie de se mesurer de nouveau à Aomine, mais bon…

Kagami lui raconta toute l'histoire.

-Mais je veux pas que Aominecchi s'en aille moi ! Geignit Kise. Kasamatsu, s'il te plaît ! Je veux jouer contre lui…

Il se mit à se dandiner comme un gamin et à geindre de plus en plus fort, tant et si bien que le capitaine n'eut pas d'autre choix que d'accepter. Il n'arrivait jamais à refuser quoi que ce soit à Kise quand il avait cette bouille adorable de gamin.

-Ok… soupira t-il.

-Youpi ! hurla Kise en se jetant à son cou pour l'embrasser. D'ailleurs Kagamicchi, depuis quand tu t'inquiètes pour Aominecchi ?

-Déjà parce que c'est mon rival numéro un, et parce qu'on est ensemble depuis hier.

-HEIN !

Le hurlement de l'équipe de Kaijô le suivit jusqu'au portail et il sourit, satisfait de son petit effet.

-Ah… Décidément, on y peut rien !

-Qu'est ce qu'il y a ?

Kagami tira l'oreille de Aomine.

-T'aurais pu y aller toi-même au lieu de m'envoyer à ta place !

-Tu préférais y aller de toute façon, répondit Aomine en l'embrassant. Fais pas semblant, je te connais trop bien ! Toi et moi, on est comme deux gouttes d'eau.

Et c'est fini ! Je sais, elle n'est pas très longue, mais comme c'était ma première de Kuroko no Basket, j'ai décidé de ne pas trop la faire durer en longueur. Ceci dit, j'ai d'autres idées et d'autres couples à mettre en scène. J'espère que vous l'avez apprécié car moi, j'ai aimé l'écrire ! C'était très agréable ! Et non, pas de lemon ! Peut-être dans la suivante… Sur ce, à très bientôt (si j'ai l'inspiration qui suit) !