Bonsoir, bonsoir. Veuillez prendre place autour du feu de camp, faites griller des chamallows, l'histoire va pouvoir commencer. Il était une fois, dans un royaume fort fort lointain- ah nan, attendez. Non, ça c'est moi qui fais du babysitting auprès de mes neveux et nièces. Nous, on n'en est plus là. Si vous êtes arrivés à ce chapitre sans lire les précédents, sachez que ceci n'est pas le début de l'histoire et que vous êtes le type carrément con qui passe une heure et demie devant la vitrine à la boulangerie à hésiter entre trois gâteaux en demandant à la pauvre vendeuse la liste complète des allergènes et les origines des ingrédients pour finalement vous décider sur un croissant, et qui ensuite décide de le payer avec la carte ("C'est à partir de 10 euros"), de recompter vos pièces rouges ("Il manque sept centimes") et de régler en Ticket Restaurant ("Non, je ne peux absolument pas rendre la monnaie, merci pour le pourboire de six euros pour un putain de croissant"). Et pendant ce temps-là, tous les autres clients sont en train de calculer combien d'années de prison ils prendraient pour vous avoir éclaté le crâne dans le baba au rhum pour lequel vous avez insisté de connaître jusqu'au nom du producteur de la farine qui le compose. Oui, mes enfants, j'ai eue une longue semaine.

Bref, place au chapitre!

...

Hermione ne quitta guère les environs du bureau de la Directrice, se contentant de descendre au bas des marches en colimaçon et d'attendre, se fondant dans la pénombre accordée par la gargouille en pierre. Elle tendit l'oreille, faisant appel à tous ses sens- elle pouvait entendre des pas, des conversations privées tenues de part et d'autre du château, pouvait ouïr les battements d'ailes des oiseaux dehors, mais pas un son ne filtra de chez Minerva McGonagall- elle renifla, déçue de constater que la Directrice protégeait logiquement son intérieur des oreilles traînantes grâce à la magie. Une magie qu'elle ne pouvait espérer défaire, dépourvue de baguette qu'elle était. La jeune louve se demanda brièvement si, en cette forme, elle serait capable d'user de magie informulée, puis décida contre- si elle était capable de faire appel à sa puissance magique en cette forme, ses capacités se seraient manifestées bien plus tôt, lors des nombreux dangers auxquels elle avait fait face dans la Forêt Interdite.

Elle avait chaud, malgré la pierre l'entourant, et se demanda si elle n'était pas fiévreuse. La réalisation soudaine qu'elle pouvait tomber malade l'inquiéta. Comment soignait-on un loup-garou ? Était-ce même possible ? Devrait-elle consommer des potions réservées aux sorciers, ou alors verrait-elle un Vétomage ? Subitement épuisée par la chaleur étouffante qui s'emparait d'elle, elle posa sa tête sur ses pattes et ferma les yeux, se laissant emporter dans un tourbillon de pensées. Elle songea à Gabrielle, qui venait enfin de retrouver sa sœur, et à Astoria, qui avait commis le sacrifice ultime pour Drago. Elle se remémora sa joie d'avoir retrouvé Harry, d'être parvenue à Poudlard en vie, et pensa à la discrimination à laquelle Rémus faisait face, et à laquelle elle devrait s'habituer à présent. Elle se demanda comment réagiraient Ron, Ginny et les autres en apprenant sa malédiction, et surtout, comment ils prendraient le fait que leurs ennemis de Serpentard, si récemment du côté de Lord Voldemort, étaient à présent avec eux, même si sa meute n'agissait que dans son intérêt propre, un intérêt mêlé d'instinct de survie et de besoin de vengeance. Harry avait été étonnamment calme en apprenant l'identité de ses pairs, mais elle mettait cela sur le compte de la surprise et du bonheur de l'avoir retrouvée. Et puis Harry, même s'il pouvait occasionnellement agir sans réfléchir- ainsi qu'il en avait fait l'amer expérience lors de leur cinquième année, au Département des Mystères, aventure qui s'était soldée par la mort de Sirius- savait mettre ses haines de côté pour communiquer. Elle se demanda avec inquiétude ce qu'il se déroulait dans le bureau de la Directrice, et pourquoi Malefoy avait insisté pour qu'elle sorte- mais savait également que Harry le lui apprendrait rapidement. Hermione ne pouvait qu'espérer que Ron et les autres mettraient autant de bonne volonté que Harry pour affronter la nouvelle.

Ses pensées divergèrent à nouveau vers Malefoy. La mort d'Astoria, elle le savait, l'avait affecté plus qu'il ne désirait montrer, même s'il demeurait toujours attentif aux besoins de sa meute. Hermione ne savait pas réellement ce qu'il en était des deux amants- Malefoy l'avait-il aimée ? Conserverait-il sa vie durant le souvenir amoureux de la louve morte pour le protéger du dard de Mosag qui lui était destiné ? Le cœur de Hermione se serra à cette pensée- d'abord parce qu'elle éprouvait une peine sans nom à l'idée qu'il perde un être cher, et puis, put-elle noter, parce qu'un élan de jalousie la piqua. C'était ridicule- elle n'aimait pas Malefoy, et lui préférait certainement épouser un troll des Montagnes plutôt que de la regarder à deux fois. Mais le sentiment était là tout de même, et elle sentit également sa louve intérieure- la part d'elle qui était plus animale qu'humaine- se cabrer à l'idée que l'Alpha de la meute la rejette. Était-ce parce qu'elle n'avait à présent plus de rivale ? Non, Astoria n'avait pas été officiellement choisie comme femelle Alpha, n'avait pas été marquée par Malefoy. Aux yeux de sa louve intérieure, donc, il n'y avait jamais eue de rivalité. Elle savait que toutes les femelles non marquées d'une meute s'intéressaient toujours, même un peu, à un Alpha célibataire, mais trouva étrange que jusqu'à maintenant, sa louve intérieure ne se soit pas manifestée pour le considérer comme sien.

Une bouffée de chaleur la saisit et elle se leva d'un bond, soudainement incapable de se tenir tranquille, et entreprit les cent pas dans l'espace réduit. Des vagues de frustration la parcouraient, qu'elle attribua au fait de rester là, éloignée de sa meute, sans participer aux événements. Avec un gémissement, elle éprouva le besoin subit de se mordiller les flancs et de se toiletter.

Hermione, poussée par une nature qui était celle de l'animal, entreprit alors de monter l'escalier jusqu'au bureau de Minerva McGonagall, incapable de rester plus longtemps éloignée de sa meute et de son Alpha.

Alors qu'elle parvenait presque devant la porte, celle-ci s'ouvrit brusquement et Harry sortit en trombe du bureau. Ses yeux étaient rouges, comme s'il avait à nouveau pleuré, et ses lunettes de travers. Il descendit les escaliers quatre à quatre, la dépassant sans sembler la voir, en état visible de détresse, et s'évanouit dans les couloirs du château. Hermione hésita, mais acheva son chemin et pénétra à nouveau dans le bureau où ses yeux se braquèrent immédiatement sur Malefoy. Un élan de chaleur la traversa à nouveau et elle éprouva le besoin de gémir de frustration, mais se reprit à la dernière minute.

-Qu'a Harry ? Que s'est-il passé ici ?

Malefoy ne sembla pas avoir entendue sa question. Il la dévisageait, visiblement tendu, narines palpitant doucement. Elle put entendre dans sa tête les exclamations de Blaise et de Pansy, mais les ignora. Rémus, aussi, plissa les yeux, puis les écarquilla, mal à l'aise.

-Sors d'ici, Granger, répliqua-t-il d'une voix rauque. Tout de suite.

Hermione l'ignora, se tournant vers Rémus, et un grognement d'avertissement quitta la gorge du loup blanc.

-Rémus ? Que...

Malefoy bondit alors sur ses pattes, mais avant qu'il eut pu s'avancer, Pansy s'interposa entre la louve et lui. L'Alpha lui jeta un regard glacial.

-Pousse-toi, grogna-t-il, dents étincelant à la lueur du jour.

-Tu ne veux pas faire ça, tenta Pansy d'une voix tremblante. S'il te plaît...tu ne peux pas, Drago. Ce n'est pas toi qui agis, c'est ton loup...

Il hésita, et Rémus s'avança d'un pas.

-Hermione, je te raccompagne-

Malfoy fut devant lui en un bond, muscles bandés, tandis que le professeur McGonagall tirait sa baguette. En position d'attaque, l'Alpha grogna, révélant des dents aussi longues que des cures-dents.

-Je la raccompagne, se précipita Pansy.

Elle se dirigea vers la porte, et Hermione hésita, mais capta le regard de Blaise qui la dévisageait étrangement, avant de hocher la tête. Dépitée et lassée de leurs manigances, Hermione jeta un dernier regard au dos de Malefoy- qui tenait toujours Rémus en respect- et suivit Pansy. Elle pouvait sentir les protestations vivaces de sa louve intérieure, et entendit, alors que la porte claquait derrière elles, clair comme jour, une voix ressemblant à la sienne résonner dans son crâne.

"Non ! NON ! Il est à nous ! Marquons-le ! NÔTRE !"

Hermione pantela, tentant d'éviter d'obéir à son instinct qui lui commandait de faire volte-face et de retourner auprès de Malefoy pour- pour quoi, d'ailleurs ? L'image s'imposa aussitôt à son esprit, et elle écarquilla les yeux avant de ralentir.

-Pansy...

Pansy ne lui répondit pas, se contentant de s'allonger derrière la gargouille en pierre, surveillant sa camarade de meute afin d'éviter qu'elle ne la quitte.

-Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

La louve miel soupira alors et releva la tête.

-Il t'arrive ce qu'il arrive à toutes les louves deux fois par an, Hermione, répondit-elle doucement. Tu es en chaleur.

Hermione se figea, horrifiée. Cela était tellement logique, après tout- si elle gardait son âme humain, elle était à présent dans la peau d'une bête et devait affronter avantages et inconvénients de cette position peu enviable. Sa louve intérieure se lamentait, ne désirant que rejoindre le mâle qu'elle s'était choisie- et dont Hermione ne voulait guère. Elle ne parvenait pas à concilier la présence d'une autre dans sa tête, dans son corps, même si cette autre n'était que le reflet de son for intérieur le plus animal. Il semblait que la louve en elle avait choisi l'Alpha pour l'inséminer- car il s'agissait de cela. Or, les couples dans la hiérarchie des meutes de loups-garous ne pouvaient se reproduire sans s'être marqués auparavant- une marque durait à vie, comme un contrat de mariage inviolable, assurant la loyauté de l'un et de l'autre.

Si sa louve venait à prendre le dessus et à convaincre Malefoy- ce qui avait peu de risques d'arriver, après tout, car Malefoy n'était pas en chaleur et gardait certainement toute sa tête- de la marquer afin d'assouvir son besoin de reproduction, ce serait catastrophique. Elle serait liée à Malefoy jusque dans la mort.

Cette pensée la fit frissonner, mais elle sentit la présence dans sa tête bondir de plaisir à cette idée. À nouveau, la voix s'éleva dans sa tête.

"Il est à nous ! Il nous appartient !"

Hermione refusa d'un clignement d'yeux nerveux. Non, songea-t-elle. Ce serait une mauvaise idée.

"Nôtre !" hurla la louve, à présent furieuse. "Notre Alpha, notre mâle, notre compagnon !"

Elle sentit ses propres jambes la mouvoir à nouveau vers l'escalier et se força à s'arrêter. Pansy la surveillait étroitement, et finit par lancer, prudente,

-Combats-la, Granger. Je sais ce que c'est...je suis passée par là aussi. Ne la laisse pas prendre le dessus.

Hermione fit brutalement descendre une barrière mentale autour de ses pensées, tentant d'occulter la louve intérieure. Celle-ci grogna de déplaisir, mais était, pour l'heure, matée.

-J'ai chaud, geignit-elle sans pouvoir s'en empêcher.

La Beta l'observait avec sympathie.

-Ne la laisse surtout pas t'entraîner, répondit-elle. Cela ne durera que deux ou trois jours, mais tu devras éviter tout loup-garou mâle durant ce temps, Rémus y compris. Oh, il ne te fera rien sous sa forme humaine, mais la pleine lune est demain...

-C'est Malefoy qu'elle veut, murmura Hermione.

Pansy la dévisagea avec curiosité.

-La mienne voulait Blaise, avoua-t-elle.

Un aveu qui n'en était pas un, songea Hermione.

-Et toi aussi, lança-t-elle.

Pansy eut un aboiement d'amusement.

-Et moi aussi, reconnut-elle. Mais sache une chose, Granger- nos animaux intérieurs ne se trompent pas, eux, sur le choix d'un partenaire. Lorsque deux loups se lient, c'est à vie...pas de divorce ni de séparation chez eux. Le seul et unique choix qu'ils font est le bon.

Hermione accueillit la nouvelle comme un coup de massue.

-Malefoy n'est pas fait pour moi, chuchota-t-elle tandis qu'un spasme nerveux la parcourait.

L'ancienne Serpentard se contenta de l'observer, une lueur calculatrice dans le regard, et elle choisit de l'ignorer.

-Et puis, Malefoy ne veut pas d'elle, poursuivit-elle avant d'ajouter comme en arrière-pensée, ni de moi.

-Granger, répliqua la louve miel avec une pointe d'agacement, as-tu compris ce qu'il s'est déroulé là-haut ? L'Alpha t'a demandé de quitter le bureau parce qu'il sentait que quelque chose n'allait pas chez toi. Lorsque tu es revenue, tout le monde, hormis Potter et McGonagall, a compris de quoi il s'agissait. Il t'a demandé de ressortir parce que si tu restais, il t'aurait prise, là, et t'aurait marquée devant tout le monde. Son loup intérieur a répondu présent à l'appel lancé par la tienne. Lorsque Lupin a proposé, sottement, de te raccompagner, il l'a perçu comme une tentative de la part d'un mâle rival pour lui enlever sa femelle...

Une bouffée de chaleur fit chanceler Hermione, mais elle releva la tête en entendant des pas. Le professeur McGonagall paraissait, baguette toujours brandie, et hocha la tête en leur direction.

-Rémus nous a informés de ta...condition, expliqua-t-elle avec tact. Suis-moi, Hermione. Je suis navrée, mais tu devras rester dans le donjon pendant quelques jours, le temps de ta...guérison. Si le besoin de meute se fait ressentir, Gabrielle ou...Mademoiselle Parkinson ici-présente pourront te visiter. Je crains que ton...Alpha...n'ait interdit quiconque de sexe masculin de t'approcher durant cette période, loup-garou ou non.

Pansy se glissa dans l'escalier afin de retrouver Blaise et Drago, et frotta brièvement son museau contre le flanc de Hermione qui lui rendit distraitement sa caresse en signe de salut. Elle pouvait accepter à présent le fait que les loups étaient plus tactiles que les humains- la meute devait avoir un contact physique régulier. Elle avait d'autres ennuis à présent.

Elle suivit donc le professeur McGonagall en direction des donjons, afin de s'y terrer à l'abri du monde le temps que ses chaleurs passent. Sa louve intérieure hurla à la lune, dépitée.

Harry était assis sur un parapet, jambes suspendues dans le vide, yeux fixant distraitement le soleil couchant à l'horizon, auréolant le ciel d'un orange époustouflant qui se dégradait en rose soutenu. Au-dessus de lui, étincelant faiblement dans le ciel bleu sombre, les premières étoiles faisaient leur apparition.

Les larmes avaient séchées sur ses joues sans qu'il songe à les essuyer, lui tiraillant la peau et laissant deux striures froides au contact du vent d'hiver. Son esprit, après s'être révolté durant de longues heures, avait fini par s'épuiser, et sa tête était vide. Il se contentait de respirer, de souffler un instant à l'abri du monde. La joie explosive d'avoir retrouvée Hermione avait fait place à la plus terrifiante des haines.

Il entendit des pas derrière lui tandis que quelqu'un le rejoignait, et sentit soudain un souffle chaud l'entourer. Quelqu'un, d'un puissant informulé, venait de le mettre à l'abri du vent, et comme si cela signifiait la fin d'une interlude de paix intérieure, il sentit à nouveau son cœur se fendre en deux, comme déchiqueté par une lame à double tranchant.

La personne s'assit à ses côtés, sans prononcer un mot, et il lui en fut reconnaissant. Il devinait, à la manière dont son corps semblait secouer de temps à autre, qu'elle était en pleurs. Sans même y songer, Harry, yeux toujours rivés devant lui, tendit une main et en attrapa une plus petite, dont les doigts frêles se serrèrent autour des siens avec ferveur. Ils ne dirent rien : il n'y avait rien à dire. Il savait que s'il parlait, il se laisserait à nouveau emporté par la force de ses émotions. Alors il se tut, par respect pour elle.

Finalement, après que le soleil se soit couché, elle cessa de convulser, et il devina ses larmes taries à son tour. Ce ne fut qu'alors qu'il ouvrit la bouche.

-Je suis désolé, murmura-t-il simplement, toujours sans bouger.

Elle lui serra la main davantage encore.

-Ce n'est pas de ta faute, Harry, répondit-elle d'une voix brisée. Il y a des mois que nous cherchons. À présent, nous savons.

-Je suis désolé de ne pas t'avoir protégé de ça, dit-il d'une voix sourde. Je suis désolé de ne pas l'avoir protégé de ça non plus.

-Chacun fait ses choix, marmonna-t-elle.

-Je serai obligé d'agir en conséquence.

-Je sais.

Ils retombèrent dans le silence, Harry contemplant la force intérieure de la femme à ses côtés. Oui, elle savait. Et pourtant, malgré cela, elle ne lui en voulait pas.

-Je t'aime, lança-t-il soudain.

Il devina au son de sa voix qu'elle arborait un sourire triste.

-Je sais.

Harry se tourna alors pour la regarder. À la faible clarté des étoiles, les yeux de la jeune femme brillaient comme des diamants. Elle l'observa aussi, avec gravité.

-Je suis avec toi, promit-elle. Toujours. Toujours. Toujours.

Elle savait pleinement ce que cela impliquait, et la rage ardente qui l'emplissait s'évanouit au profit d'une bouffée de tendresse pour la jeune fille à ses côtés. Il se pencha alors pour l'embrasser.

Plus tard, bien plus tard, Harry réalisa que ce fut à cet instant précis qu'il décida qu'il ferait, un jour ou l'autre, de Ginny Weasley sa femme.

Volkodlak ne pouvait plus bouger. Chaque parcelle de son corps brûlait d'une lave incandescente, d'une douleur sans fin. Il était brisé, détruit, mort. Et pourtant, il respirait encore- son corps ne portait pas de traces, si ce n'était le saignement de nez brutal qui l'avait assailli pendant sa torture, ou les spasmes de son système nerveux au bord de l'implosion qui le parcouraient par à-coups.

Lord Voldemort était furieux.

Volkodlak n'avait jamais donnée de raison au Seigneur des Ténèbres d'être mécontent de lui, au contraire. Il s'était joint à ses forces de son propre aval, s'était soumis aux projets fous du mage noir de son plein gré et avait remportée mission sur mission avec un succès inégalé. Il était un bon sorcier, et il était un excellent loup-garou. Autrefois, il n'était personne. À présent, il était le favori, le bras droit craint du puissant Voldemort, et rien ne pouvait l'arrêter.

Rien, bien entendu, hormis Lord Voldemort lui-même, qui effectuait à présent les cent pas devant son corps recroquevillé et meurtri, marmonnant avec fureur, mais du moins avait-il à présent rangée sa baguette. Volkodlak leva les yeux vers la cheminée, où une singulière décoration recouvrait les armoiries des Malefoy- un présent, il le savait, que Voldemort réservait à Drago Malefoy en personne. L'objet immonde était préservé de la décomposition par un Sortilège de Statique. Avec un élan de fatigue, Volkodlak se demanda brièvement s'il finirait ainsi, lui aussi, un trophée morbide réservé à ses ennemis.

Lord Voldemort prit place au bout de la longue tablée, son serpent lové autour de ses pieds nus et sales, et tapota de ses ongles sur la surface de bois.

-Viens t'asseoir immédiatement. Ton châtiment est terminé.

Ce fut le soulagement seul qui lui donna la force de se lever. Chancelant, il parvint à se hisser sur ses pieds, nu depuis sa transformation. Il hésita à demander à son maître des vêtements, ne sachant pas comment ce dernier réagirait à une telle demande, mais le mage noir y avait visiblement songé, et leva sa baguette de nouveau, l'habillant d'un simple vêtement vert Serpentard. Volkodlak rejoignit un siège à la droite de Lord Voldemort, affaibli.

-Ta couverture est donc révélée au jour, déclara Lord Voldemort en lui jetant un regard mauvais. J'imagine que tu as compris à présent le déplaisir que tu me causais ? Tout autre que toi serait déjà mort à l'heure qu'il est. Cependant, Lord Voldemort est magnanime, et tu as déjà prouvée ta valeur...mais si tu devais me décevoir à nouveau...

Il laissa planer la menace une longue minute, ses yeux fixés sans ciller sur son serviteur, puis reprit.

-Puisque je ne peux plus compter sur toi pour me dévoiler les plans de la Résistance, je vais te confier le commandement de ta meute à temps plein. La bataille finale, que je prépare depuis des mois, se profile. Tu mèneras tes loups-garous depuis la Forêt Interdite jusqu'aux terres de Poudlard. En attendant, je te demande de les observer. Choisis les meilleurs combattants d'entre eux pour leur confier des postes de lieutenants. Attribue à chacun sa place. Quant à Pucey et Greengrass, réserve-leur le châtiment qu'ils méritent, mais n'oublie pas de leur attribuer à chacun des soldats le jour venu- ils demeurent d'excellents combattants et de très bons stratèges, même s'ils sont de maigres pisteurs...

Lord Voldemort réfléchit un instant et tapota à nouveau ses doigts longilignes contre la table.

-Bien entendu, ta connaissance intime de la Résistance aura toujours autant d'utilité. Tu nous rejoindras une fois la semaine, ici, afin de participer aux réunions de mon cercle intime, afin que nous puissions préparer nos plans...de combien de loups-garous disposes-tu ?

Volkodlak masqua un sourire au souvenir de la trentaine de loups qui composait autrefois la meute de Malefoy.

-Deux cent trois, énonça-t-il avec fierté.

-Et parmi eux, combien peuvent combattre ?

-Environ cent cinquante. Les autres sont soit trop jeunes, soit trop âgés, blessés par de précédents combats ou la chasse, Maître.

-Les jeunes sont l'avenir, admit Voldemort avec un geste négligent de la main. Tue les autres.

L'Alpha en lui s'insurgea à cet ordre, et Volkodlak se raidit, dévisageant son maître, yeux écarquillés.

-Les...tuer ?

-Je n'ai qu'une utilité pour ta meute, celle de gagner cette guerre, répliqua Voldemort. Les Acromentules me sont chères également dans ce sens, et il y a trop de prédateurs dans la Forêt Interdite. Je ne puis perdre le soutien des Acromentules. Tue ceux qui sont de trop.

Le loup tapi dans la tête de Volkodlak grogna dangereusement à l'idée que cet étranger prétende scinder sa meute, mais il capta l'étincelle menaçante qui illumina le regard du mage noir devant son absence de réponse, et se contenta de hocher la tête brièvement.

-Parfait, répondit Voldemort en le couvrant d'un regard suspicieux. Et n'oublie pas, Volkodlak, ajouta-t-il avec moquerie, je t'ai accordé la fille en guise de récompense. Dusse-tu à nouveau me déplaire, dusse-tu à nouveau faillir à ton devoir parce que tu te laisses obnubiler par elle, je la donnerai à chacun de mes Mangemorts avant de la tuer. Et je te forcerai à regarder, du début jusqu'à la fin.

Son sang se glaça. Il savait Lord Voldemort parfaitement sérieux- ce dernier ne faisait jamais de menaces vaines. Maté, il hocha la tête à nouveau.

Voldemort indiqua la porte d'un geste de la tête et se replongea aussitôt dans ses pensées, caressant lentement la tête de Nagini qui apparut à ses côtés, s'enroulant lourdement autour du pied de sa chaise. Volkodlak se leva et saisit la coupe trônant au milieu de la table avant d'en boire une gorgée, laissant le liquide amer se répandre dans ses veines tandis que son corps déjà malmené se transformait à nouveau, le rendant loup à nouveau. Il s'éloigna vers la porte en silence, lorsque la voix de Lord Voldemort résonna une dernière fois.

-Envoie des éclaireurs de ta meute rôder autour de Poudlard dès ce soir. Utilise leurs oreilles pour écouter les bruissements du château, et reviens ici demain me rendre ton rapport.

Volkodlak hocha la tête tandis que la porte s'ouvrait, et le ricanement narquois de son Maître s'éleva derrière lui.

-Je te souhaite le bonsoir, Ronald Weasley.

...

Ahaha!

Alors alors alors? Je veux tout savoir. Comment pensez-vous que les chaleurs de Hermione vont se dérouler? Vous ne l'aviez pas vue venir celle-là, hein? Comme pour le coup de la Ford Anglia, une inspiration soudaine. Parce que à la base, j'avais prévu de faire éclater la bataille dès ce chapitre, mais j'ai décidé qu'il manquait quelques petits trucs, notamment des rapprochements entre Drago et Hermione- chose d'autant plus difficile depuis la mort d'Astoria. Parce qu'évidemment, Drago ne va pas débouler en roulant des mécaniques avec un clin d'oeil suave: "Eh, ma belle. Ma petite copine qui m'était loyalement dévouée vient de se faire buter par une araignée de la taille d'un HLM pour nains. On baise?" Non, évidemment que non. Mais il fallait quelque chose pour "débloquer" la situation...plus de Dramione à l'avenir, promis! J'ai décidé de mettre l'appui dans ce chapitre sur le côté plus animal des loups-garous, leur côté instinctif, comme la louve dans la tête de Hermione qui la pousse vers son Alpha.

Eeet...la surprise qui n'en était franchement pas une, Ronald Weasley est bel et bien Volkodlak, comme la majorité de vos reviews le laissaient imaginer. Ceci en revanche était prévu depuis le début. Même Ginny et Harry sont à présent au courant, ne manque plus que Hermione. On saura le pourquoi du comment un peu plus tard et les plans de Ron qui sont bien plus sombres qu'il n'y paraît au premier abord...

Pas de Fleur de Lys ce week-end, mes enfants, mais cela viendra. Utricularia Gibba devrait paraître bientôt également.

Je veux tout savoir!

Bises et à bientôt,

DIL.