Paradigm lost
Prologue: La fille funambule
Auteur: Rain
Disclaim' : Shaman King appartient à Hiroyuki Takei. Je ne gagne rien si ce n'est sous forme de reviews et je rembourse sous la forme de gros câlins.
Soundtrack: Lovers or Liars (Lauren Aquilina) st en plus, Fools de la même demoiselle.
Note :
Projet chéri de mon cœur qui germe depuis début décembre. L'idée de base est qu'on part d'un moment précis (ce prologue) et d'une décision distincte, qui entraîne à chaque fois un futur différent.
En gros, on fait prologue - choix 1 -) fin 1, puis - choix 2 -) fin 2, - choix 3 -) fin 3, - choix 4 -) fin 4 eeeet épilogue.
Sympathique hein? Comme ça je risque pas d'abandonner ce projet, le plan est prêt, pas de risque de perte d'inspiration ni rien. Alright? Alright.
Si vous détestez Marco, ne passez pas votre chemin tout de suite. Il s'en prend plein la gueule ici (surtout dans le troisième chemin), le pauvre. Par contre si vous aimez pas Jeanne, ça va être plus chaud. Cette fic se fonde sur les conséquences de ses gestes à elle, de ses décisions à elle et du futur qu'elle se construit à chaque fois (moins dans le premier "chemin", mais justement parce que c'est celui de "l'indécision" en quelque sorte).
Chemin 1 et 3 contiennent des univers... assez sombres. Chemin 4 pourraiiit être un peu trop guimauve pour certains. Mébon.
Ah oui, et cette fic est une songfic dans le sens le plus pur du terme. Le projet est né de mon écoute de Lauren Aquilina, que je vous conseille d'écouter aussi! Je traduis les lyrics pour éviter le copyright, je peux en supprimer pour éviter les répétitions de refrain/qu'une ligne m'intéresse moins. Comme je n'ai aucune notion de mesure, les chapitres autre que prologue et épilogue ont une chanson bonux, because why not.
Also - titre? Qui a dit mauvais jeux de mots? *fuit en ricanant*
J'essaie de comprendre ce qu'est ce sentiment
Tous les gestes n'ont pas la même importance. Si l'on pouvait se sortir de soi et regarder son destin d'en haut, où plutôt les myriades de chemins qui s'ouvrent sous nos pas, ces moments nous apparaîtraient clairement, et nous pourrions prendre en toutes connaissances de cause les décisions importantes.
Mais ce réseau de chemins nous est voilé. L'importance des choix que nous faisons et de ceux qui sont faits pour nous ne se révèle qu'après, quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit.
Je ne parviens pas à me rappeler pourquoi nous sommes ici
Parfois Jeanne se demandait ce qu'elle aurait pu faire pour changer le cours de sa vie. Même à posteriori, elle n'était pas bien sûre de pouvoir reconnaître ces moments clef. Est-ce que demander aux X-III d'abandonner les aurait protégés d'Hao? Est-ce qu'interdire à Rackist de partir pour sa dernière mission aurait suffit pour qu'il ne les quitte pas? Est-ce qu'avoir refusé de le suivre, lui et Marco, au tout début, l'aurait conduite à une vie plus heureuse?
Tout ce qu'on essaie de dire à un sens caché
Quand on est le genre de "fatigué" que le sommeil ne peut soigner
Voilà ce qui la tenait éveillée cette nuit-là. Les yeux perdus au plafond, elle respirait à peine, comme par peur d'éveiller un dragon assoupi non loin. Pourtant, elle ne risquait pas grand chose. Les X-II et Lyserg étaient de garde, bien loin au dessus d'elle sur le pont supérieur, et Marco dormait d'un sommeil de plomb.
Dormir lui avait toujours été difficile dans l'Iron Maiden; mais paradoxalement elle ne parvenait plus à fermer l'oeil depuis qu'elle avait été "fortement encouragée" à rester dans sa chambre la nuit. Après la visite de Rackist, il avait été considéré trop dangereux qu'elle reste à l'extérieur, au cas où il réessayerait... Mais son corps avait pris l'habitude de dormir malgré la douleur, et il se trouvait sous-stimulé dans un lit douillet.
Après trois heures passées à fixer le mur blanc, Jeanne se rendit compte qu'elle avait faim. Son ventre grondait doucement, réclamant nourriture. Elle avait bien mangé pourtant, mais la gourmandise avait toujours été son vilain défaut...
Avant d'avoir pu y réfléchir, l'albinos se trouva debout et décidée à aller trouver quelque chose. Justement Marco avait laissé à regrets une part de gâteau dans le réfrigérateur... Pieds nus, elle sortit dans le couloir. Il faisait froid, mais elle ne semblait pas le ressentir. À pas discrets et mesurés, l'albinos remonta le couloir, passant devant toutes les chambres avant de grimper un long escalier qui menait aux cuisines.
Elle ne rencontra ni homme ni esprit en pénétrant dans la salle, ce qui la rasséréna quelque peu. Personne ne la verrait, personne ne saurait rien de cette insomnie qu'elle voulait temporaire.
Alors, son gâteau... Son visage s'alluma lorsqu'elle trouva le petit trésor de crème pâtissière qu'elle recherchait. Jeanne engloutit la pâtisserie en quelques bouchées gourmandes, mais son estomac n'était pas vraiment satisfait. L'albinos se rendit compte que ce n'était pas la faim qui la tourmentait... Quelque chose d'obscur creusait son ventre. Un pressentiment... Pourtant elle n'avait aucun don de double vue, elle le savait bien, la vision de Rackist le lui rappelait à chaque fois qu'elle le croisait dans le village. Tamao aurait sans doute mieux su comment prendre cette impression, mais pas elle.
Fronçant les sourcils, l'albinos se leva et apporta son assiette et sa fourchette à l'évier. Il était trop tard pour refaire tourner le lave-vaisselle, et laisser ses outils à l'intérieur ne serait pas assez discret. Elle se mit donc à nettoyer son matériel et s'apprêta à tout ranger.
Ce fut à ce moment qu'elle entendit le cri. Surprise, elle faillit lâcher son assiette, mais parvint à la poser sur l'évier.
Elle aurait reconnu cette voix dans un choeur de milliers de soldats; alors dans le silence épais du navire il n'y avait pas de doute sur son propriétaire.
Que se passait-il? Y avait-il une attaque, un attentat, ou s'était-il blessé d'une façon ou d'une autre? Jeanne se força à rester calme encore un instant. Il fallait qu'elle comprenne la situation. Faisant le vide, elle chercha une signature énergétique inconnue.
N'en trouva pas. Il n'y avait que les X sur ce navire, et vu leur énergie les X-II n'avaient rien entendu, pas plus que Lyserg. Normal, ils étaient sur le pont supérieur, au moins trois étages insonorisés au dessus...
Puis elle s'autorisa à perdre son calme.
Laissant là son assiette, Jeanne se précipita dans le couloir, glissant presque le long de l'escalier pour se retrouver devant la chambre de Marco, séparée de lui seulement par un panneau de métal. Mais ce panneau de métal n'était pas rien pour autant.
Mais le temps avance lentement, il attend que cela évolue
Quand un cœur n'a plus rien pour s'accrocher, il lâche prise
Alors qu'attendons-nous?
Pour une raison ou pour une autre, elle s'immobilisa. Quand elle avait descendu l'escalier, quand elle avait courru dans le couloir, elle était convaincue qu'il était en danger et qu'elle devait le protéger - mais ce vent de panique la quitta devant la porte. Ce cri... En se le remémorant, elle se morigéna d'avoir paniqué si facilement. Elle pouvait sentir son furyoku à l'intérieur; il devait faire un cauchemar.
Un cauchemar... L'idée l'affecta plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Son Marco, victime de mauvais rêves? C'était presque... Déplacé de sa part, l'informa son cerveau. Marco était, Rackist l'avait dit clairement, un caillou, opaque mais pur. Il se jetait de tout son être dans une direction et oubliait toute peur dans sa colère. Mais un cauchemar... Il avait bien peur, au fond.
Mais de quoi? Elle l'avait rassuré - lui avait promis que même si elle n'était pas une sainte elle accomplirait leur mission...
Et s'il avait peur... Regrettait-il des choses? Elle pensait... Que tout en étant conscient de ses fautes il désirait toujours détruire Hao et protéger le monde au prix de sa vie. C'est ce qu'il avait toujours dit... Mais s'il avait peur... Préfèrerait-il la fuite? Voulait-il s'en aller, comme Rackist lui avait proposé...?
Jeanne se mordit la lèvre. Maintenant qu'elle savait qu'il était capable de cacher tant de choses, voilà qu'elle se mettait à douter de lui...
Non. Elle ne devait pas. Ce serait laisser une victoire à Hao. Marco l'aimait, et elle l'aimait... Du moins elle le croyait. Serait-elle capable de se tenir près de lui jusqu'à la fin si elle doutait déjà de lui? Jeanne ferma les yeux et s'observa avec une froideur qu'elle tenta de faire aussi ferme que possible. Voulait-elle tout risquer pour quelqu'un comme lui? En serait-elle capable...? Avaient-ils une véritable raison d'agir comme ils le faisaient, défendaient ils vraiment quelque chose ou bien étaient-ils fous à lier, membres d'un ancien monde à l'agonie? Se cachaient-ils l'inévitable au profit d'un rêve sucré?
Ces doutes la surprenaient. Tout avait toujours coulé de source. Elle faisait tout pour lui, n'hésitait jamais et s'oubliait totalement pour lui. Pourquoi maintenant...? Peut-être parce que lui aussi doutait, mais... Tout n'était-il que mensonge entre eux? Elle refusait de le croire.
Sommes-nous en train de nous immoler pour protéger ce feu?
Nous mentant à nous-même, nous mentant l'un à l'autre
Se cachant de la vérité, se cachant sous des couvertures
Sommes nous des amants ou des menteurs?
La porte se tenait devant elle, comme elle s'était toujours tenue devant elle, grande et froide et fermée. Pas a clef, cependant; elle savait bien qu'il la laissait toujours ouverte, au cas où il y aurait une attaque, un feu, une raison de sortir vite... Elle pouvait entrer. Mais devait-elle le faire? S'il avait fait un cauchemar, peut-être qu'il serait embarrassé ou énervé... Et si elle s'était trompée et qu'il n'était pas à l'intérieur? Ce serait embarrassant...
Mais non. Marco était forcément à l'intérieur. Elle sentait son furyoku agité, et il lui semblait entendre sa respiration... peut-être. Ou était-ce le bruit des radiateurs? Elle n'était pas sûre, en fait. Elle ne connaissait pas du tout l'intérieur de la pièce: peut-être y avait-il des ventilateurs qui créaient ce bruit. Un instant, elle se perdit à imaginer la pièce. Serait-ce un endroit calme et rangé, comme il aimait à paraître? Ou bien le chaos qu'il détestait se montrerait-il dans son environnement? Y aurait-il des armes et des posters de voiture sur les murs, ou peut-être un tableau unique? Uh...
Il était effrayant de se rendre compte qu'elle n'en avait aucune idée.
Devons-nous perdre tout ce que nous avons
Ou s'arranger avec ce que nous ne sommes pas?
Jeanne approcha son poing pour toquer à la porte; à la place, elle posa dessus sa paume ouverte, sans un bruit. Quelle serait la procédure à suivre? Devait-elle toquer à la porte? Lui apporter un verre de tisane et s'assurer à travers la porte qu'il allait bien? Attendre de voir comment cela évoluait...? Entrer comme si l'endroit lui appartenait...? Une myriade d'options se présentait soudain, et elle n'arrivait pas à démêler l'intelligent de l'absurde. Qu'est ce qui l'aiderait, son Marco, qu'est ce qui l'enragerait? Elle voulait l'apaiser, lui rendre sa belle confiance et ses regards d'azur pur. Elle voulait retrouver l'homme qui la faisait rire et croire en lui. Mais comment...?
Et tout sera pardonné
Si nous retournons en arrière
Que devait-elle faire?
Pouvons nous retourner en arrière?