Disclaimer : Mis à part l'OC et son histoire, tout l'univers et les autres personnages appartiennent à Tolkien.

Note de l'auteur : Je vous passe l'histoire de ma vie qui justifie mon retard, surtout que le chapitre est prêt depuis un moment ! Encore désolée j'espère que vous ne serez pas déçu


Chapitre 7

J'inspirais brusquement. Ma poitrine me faisait souffrir comme si elle était parcourue de décharges électriques. Le soulagement coula dans mes veines. Puis s'échappa aussitôt. Autour de moi, du vert éclatant. Comme si une lumière crue accentuait les couleurs. Sous mes mains, la clairière, les arbres. Partout, cette même agression visuelle. Un éblouissement allant jusqu'à l'aveuglement. Et des gens, que je ne reconnaissais pas. Ma respiration s'accéléra, saccadée. La panique serpentait dans mon corps jusqu'à mon cœur, me paralysant. Des images me revinrent. Des hommes squelettiques, une sensation de brûlure, du sang. Noir et visqueux. L'odeur de la terre humide et de l'humus. Je tremblais, la peur m'empêchait de réfléchir. On me saisit les bras. Un bref cri d'effroi m'échappa et je me débâtis. Cette poigne ne me brûlait pas.

- « … Moi ! »

Je m'immobilisais immédiatement, une grande main sèche se posa sur mon front. Le contact frais m'apaisa un peu. Puis une sensation de picotement se rependit en moi, me détendant. Je bâtis des cils et devant moi je reconnus Gandalf. Perdue, les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'étais essoufflée.

- « Ce n'est rien ! » Lance-t-il dans son dos.

Je déplaçais mon regard, hagarde, et m'aperçut que Bilbo se tenait près de lui, inquiet. Derrière, les nains nous observaient. Oïn approcha avec un gobelet de bois au creux des mains. Fumant.

- « Tenez, buvez. »

Je le pris délicatement dans mes mains encore tremblantes et j'approchais mon nez au dessus du breuvage. Je n'ai jamais su pourquoi j'avais cette manie de sentir tout ce que je portais à ma bouche. Ca semblait être du thé, quelque chose comme ça. Aucune idée de quoi. Je fronçais les narines. Je n'aimais pas ça. J'entrepris de tendre le breuvage à Oïn.

- « Buvez. » Insista fermement Gandalf.

Je m'exécutais donc avec peine. Ils me forcèrent à finir le gobelet malgré ma mine dégoûtée.

- « C'est vraiment pas bon ! » Fis-je en grimaçant.

- « Vous trouvez ? » S'étonna Bilbo.

- « C'est infect. A la limite, du thé glacé a la pêche… » Dis-je d'une voix enrouée.

- « C'est ce qui se boit chez vous ? Je n'ai jamais… »

- « Si vous le permettez mon cher Bilbo, j'ai à m'entretenir avec Lily. » L'interrompit le magicien.

Le hobbit s'éclipsa donc promptement. Je me sentais mieux quoique las. J'émis un petit soupir, j'avais du me rendormir sans m'en rendre compte et faire un cauchemar. Rien de nouveau sous le soleil.

- « Vous sentez vous mieux ? » S'enquit-il.

- « Oui, merci. Juste le contrecoup de toute cette histoire. » Fis-je d'un geste lâche de la main.

- « Tout doit vous sembler bien étrange. »

Il se fit compatissant, sortit sa pipe et prit le temps de l'allumer. Mon esprit tournait au ralenti. Je le regardais faire avec un sentiment de sympathie, il tentait d'alléger mes angoisses et de partager mes doutes avec cette sollicitude pudique dont un homme est capable. Même à son âge. Je me frottais distraitement les jambes. Il poursuivit.

- « Les Valars nous réservent bien des mystères. »

- « Qui ça ? » Tiquai-je.

- « Ils sont ce que les humains appellent communément, des Dieux. » M'expliqua-t-il lentement.

- « Je vois, et il y en a plusieurs. » Observai-je.

- « Il n'y en à qu'un, chez vous ? » Fit-il, suspicieux.

- « Ca dépend des religions. Mais vous savez, moi… »

Je laissais ma phrase en suspend sur un ton désinvolte. Ca avait peu d'importance pour moi.

- « Justement, je ne sais pas. Poursuivez-donc, mon amie. »

Sa façon de parler me fit rire.

- « Je ne crois pas en Dieu ou quoique ce soit. »

- « Comment ça ? » S'exclama-t-il en fronçant des sourcils.

- « On n'a pas de preuve qu'il y ai un vieux Monsieur qui nous ai créé. A son image en plus, il parait ! » Fis-je en riant, mais je poursuivis sombrement. « Il faut être lucide, qui pourrait croire que nous le serions ? Les humains sont les parasites de la Terre. »

- « Je ne pensais pas de votre part, entendre des paroles aussi sensée. » Lâcha avec un calme olympien Thorïn qui se tenait à quelques pas.

Je lui lançai un regard mi-figue mi-raisin, ne sachant pas comment interpréter son intervention. Celui que Gandalf lui lança fut impatient. Puis il me répondit, insatisfait par ma réponse.

- « Je ne sais qui vous à dis une telle chose. Mais vous vous trompez. » Il se leva avec toute la difficulté d'un âge bien avancé. « Et je vous détromperais plus tard, lorsque nous serons à l'endroit qui convient. »

Et il me planta là. Je vous le dis, il adore le mélodrame. L'endroit qui convient ? Je supposais que je verrais bien. Je n'avais guère le choix. J'étouffais un énorme bâillement et faisais craquer mon dos. Après chaque déplacement et chaque nuit, de nouvelles courbatures. Qui diminuaient en intensité heureusement. Par contre, il y avait une chose auquel je ne me ferais jamais, ce sont ces foutus insectes buveurs de sang. Qui avaient sournoisement profité de mon assoupissement pour ravager mes pieds. Je ne pu m'empêcher de les frictionner avec acharnement, aggravant la démangeaison en brûlure. C'était extrêmement énervant. Je m'allongeais sur le dos. Rester pliée de cette manière faisait travailler mon dos trop sollicité. Je posais mon bras sur mes yeux et me pinçais les lèvres. J'allais finir brisée. Sur le point de craquer, mes yeux me piquaient. Je sentis soudain une main, forte et fraîche se poser doucement sur ma cheville. Je la retirais à son emprise et me redressais rapidement sur les coudes en fronçant les sourcils. Une grimace m'échappa sous l'effort.

- « Je t'ai apporté ceci. Cela vient d'Oïn. »

Un blondinet était accroupi devant moi, toujours son petit sourire aux lèvres. Je me redressais et ramenais mes pieds sur le coté. Je baissais les yeux, l'une de ses mains tendait vers moi un petit pot de verre fermé par un bouchon de liège. Le contenu était blanc. Je levai un regard interrogateur.

- « Cela calme les démangeaisons. Approche. » Ordonna-t-il.

Je n'eu ni le temps, ni le réflexe de protester lorsqu'il reprit possession d'une de mes chevilles, qu'il posa sur l'une de ses jambes qu'il avait replié en tailleur, après s'être assis. Il avait tout à coup une autorité naturelle étonnante. Sans agressivité, seulement de l'assurance. Il déboucha le pot et y prit de la substance. Consciencieusement, il en appliqua sur chaque piqûre avec des mouvements circulaire. Je restais figée, pantoise. Le massage et la sensation de fraîcheur m'apaisa instantanément et je poussais un petit soupir de bien être. Celui-ci en se diffusant me donnait la chair de poule. Ensuite, il s'apprêta à faire de même avec la deuxième. Je remarquais qu'il ne quittait pas mon visage des yeux. A la manière d'une douche froide, et Dieu –si je puis me permettre- savait que j'en rêvais, ca me ramena à la réalité.

- « Merci mais je préfère m'en charger ! »

En réalisant la situation je me sentis très mal à l'aise. D'accord, les pieds n'étaient pas la partie la plus intime du corps, mais le voir littéralement à mes pieds l'était. En fait, le simple fait qu'il me touche m'était inconfortable. Les fois où il m'avait aidé à monter sur mon cheval ou en descendre, c'était tout autre chose. Là, c'était beaucoup trop direct. C'était plus fort que moi. C'était presque comme une crainte. Quand bien même cela pouvait être agréable.

Je me sortis de l'emprise de ses mains en lui souriant maladroitement, sans vraiment le regarder dans les yeux. Il posa le pot et se leva, toujours en m'observant. Il hocha la tête, comme pour accepter mon remercîment, je supposais. Puis il s'en alla. Je reportais mon attention sur le baume. Je terminais de l'appliquer sur le reste de mes piqûres, qui s'étendaient à chaque parcelle de peau visible. Créature de l'enfer que ces insectes ! Je fus étonnée, je m'attendais presque à de la crème Nivea quand Fili m'avait tendu le pot. En réalité la texture était plus compacte et granuleuse, la couleur était si opaque qu'elle en devenait blanche. Dans le même principe que la cire. Mais l'odeur était ignoble. Acre. Je remis le bouchon en place, me rinçais un peu les mains à l'aide de ma gourde, me chaussais et me dirigeais vers Oïn qui blaguait bruyamment avec Gandalf.

- « Monsieur Oïn, merci, c'est très efficace. » Fis-je en lui tendant le pot.

- « Si vous ne le faites pas tomber, il n'y a pas de raison que ça casse voyons ! »

Il rangea le pot dans son sac. J'haussais un sourcil et lançais un coup d'œil à Gandalf. Celui-ci se pencha vers moi.

- « Il est quelque peu dur de l'oreille. » Me dit-il avec un air entendu.

- « Oh ! » Soufflai-je, j'haussais le ton. « Monsieur Oïn, qu'y a-t-il dans ce baume ? »

- « De la tige de géranium, de la fleur d'hamamélis et du carbonate de sodium, ma jeune dame. »

Je comprenais mieux l'odeur, celle du géranium m'a toujours purement écœurée. Mais le carbonate de sodium…

- « Vous utilisez du bicarbonate ?! » M'exclamai-je, interloquée.

- « Du carbonate de sodium ! Il provient de la Mer de Rhun, fruit d'échanges avec les Monts du Fer. » Rectifia Oïn.

- « Vous ne connaissez pas ? » Me demanda Gandalf, intrigué.

- « Ah si, très bien. Mais je suis étonnée que vous aussi. » Répondis-je plus bas, avec perplexité.

- « Vous semblez croire que nos connaissances soient bien maigre, n'est ce pas ? » Insista le magicien.

- « Ne vous vexez pas surtout ! » M'affolai-je. « Mais c'est vrai que, comparé à d'où je viens… »

Je balançais ma main d'un geste large vers le reste du camp. Kili revenait vers nous, son arc et son carquois sur l'épaule et dans son autre main, deux cadavres de lièvres pendaient par les oreilles. Dwalin frottait une pierre sur l'une de ses haches de façon répétitive, avec la concentration d'un enfant qui s'appliquait à écrire. Nori marchait lentement, les mains croisées dans le dos, près de mon couchage. Il s'arrêta tout à coup et eu un étrange sourire, un peu mauvais, puis il lissa un pan de sa coiffure. Qui était extrêmement grotesque, trois monts pileux surmontaient son crane. Ce nain ne m'inspirait pas confiance. Bombur rangeait ses casseroles. C'était assez drôle, il attachait ses ustensiles à une ficelle, qu'il enroulait par la suite autour de son corps. Comme une bobine. Bombur, Bobine. Je pouffais. J'étais mauvaise. Enfin, évidemment que ce genre de choses ne faisaient pas partie des activités habituelles au XXIe siècle. Bien que ce n'était pas non plus notre moyen-âge.

Laissant les deux anciens discuter, je m'avançais vers le foyer du feu où reposaient des cendres. Autour était disposé les vivres, comme en avaient pris l'habitude les nains. J'ouvris l'un des sacs qui contenait des morceaux de viande séchée. Je n'avais aucune idée de quel animal ca provenait, mais c'était très bon. Un peu comme du jambon cru très sec. Cependant le gout était plus fort. J'en pris un morceau que je me mis à mâchouiller. Dans le même temps, mon regard dériva sur Dori, le nain au filet de tresse sur la tête, qui était penché sur un livre qu'Ori tenait ouvert sur ses genoux. Un gros livre à la couverture épaisse et rigide, un beau livre à l'ancienne, comme je les aimais. Je plissais les yeux, intéressée.

- « Ca sait lire, mais est ce que ça sait coudre ? »

Je me retournais vers Gloïn qui m'avisait sévèrement.

- « Ca n'en sait rien, ca peut toujours essayer. » Fis-je, étonnée.

Le nain flamboyant se racla la gorge et me tendit un tissus. Je coinçais ma friandise entre mes dents et pris le tissus pour l'examiner. C'était une tunique, qui ferait office de tente pour moi. Trouée sur une quinzaine de centimètre dans le dos.

- « Faites ca bien. » Lâcha-t-il de sa grosse voix en faisant volte face.

S'il vous plait et Merci, c'était pour les chiens ? Non mais franchement ! J'allais la poser sur mes affaires tout en finissant de grignoter. J'acceptais simplement par gentillesse, mais je ne parierais pas sur le résultat. Je m'éloignais du camp discrètement.

- « Où allez-vous ainsi ? »

Je me figeais. J'espérais qu'on me laisserait un peu de répits. Je me sentais légèrement surveillée. Mais visiblement, on ne me laisserait plus m'éloigner impunément. D'un coté je comprenais pourquoi, mais il y avait toujours mon coté terre-à-terre qui haussait les épaules fasse aux dangers de ce monde-ci.

- « Faire mes besoins. » Répondis-je en me retournant, cachant ma gêne sous un ton assuré.

- « Prévenez toujours l'un d'entre nous lorsque vous vous éloignez. » Ordonna le chef.

- « C'est juste que c'est un peu… gênant. » Fis-je en roulant des yeux.

- « Ce qui serait gênant, serait d'avoir votre cadavre sur les bras. » Trancha-t-il.

J'eu un énorme frisson. Mauvaise perspective. Nous nous regardâmes un instant. Il avait parlé calmement, d'un ton sans appel. Il était planté sur ses pieds, à deux mètre de mois.

- « Me suis-je bien fais comprendre ? » Insista-t-il, menaçant cette fois.

- « Oui. » Soufflai-je en reprenant mon chemin.

Cet homme était flippant. Et agaçant. Impétueux et rigide. Pour un peu on jurerait qu'il avait le sang bleu !

- « Iceberg. » Chuchotai-je.

De retour auprès du groupe, un silence pesant s'abattit. Je me stoppais, hésitante. Je fronçais les sourcils en observant les nains suspicieusement. Gandalf était partis. Je me dirigeais vers Bilbo, soucieux, près de ses bagages. Je m'asseyais près de lui et regardait le ciel. Les nuages chargés d'orages se rapprochaient. Je soupirais.

- « Il s'est passé quelque chose ? »

- « Je crois mais… A vrai dire, je m'étais assoupi. » Bilbo renifla et se passa la main dans ses cheveux bouclés. « Les conversations se sont tus à peine avais-je ouvert les yeux ! »

- « Ca devait nous concerner, dans ce cas. » Fis-je, blasée.

- « Vous êtes vous remise de… de ce matin ? » Tenta-t-il sans me regarder.

- « J'essaie de ne pas y penser. » Je grimaçais. « J'ai l'habitude, des cauchemars. »

- « Cela ne m'arrive pas souvent mais, une fois, voyez vous, j'ai rêvé qu'on vidait mon garde manger pendant la nuit ! » Me dit-il scandalisé.

- « Mais Monsieur Bilbo, c'est que c'est vraiment arrivé ! » Le taquinai-je.

- « Eh… Oui, en effet. » Se souvint le hobbit, accablé.

Son visage défait me fit rire.

- « Votre village a l'air si paisible, je n'ai pas de mal à croire que vous fassiez rarement des mauvais rêves. »

- « Le votre ne l'était pas ? »

Les Hobbits sont curieux. C'était quelque chose que je venais de comprendre. Lorsque je parlais avec Bilbo, il faisait son possible pour être dans la retenue. Presque comme s'il était craintif. Ou qu'il croyait à une certaine pudeur de la part de son interlocuteur. Mais au fond on voyait bien qu'il tentait de freiner sa curiosité. Et moi, qui ne suit pas farouche avec ce genre de personne, l'aidait à y céder. J'adorais voir à son expression un peu coupable qu'une phrase lui avait échappée mais que, tant pis, il assumerait. Il prenait alors un air détaché, quoique déterminé. Mais toujours un peu fuyant. C'est donc avec ces airs là qu'il me regardait à présent, intrigué.

- « Le village d'où je viens est petit et plutôt mal réputé. On ne s'y sent pas en sécurité. Par contre, la ville où j'habite est jolie et tranquille. » Je fis la moue. « Quoique, la vie y est vraiment chère. »

- « Vous vivez loin de votre famille ? » S'étonna le petit Homme.

- « Oui. Depuis trois ans. »

- « Et elle ne vous manque pas ? » Insista-t-il, visiblement estomaqué.

- « Pas vraiment. »

Je détournais le regard vers Kili qui dépeçait ses lapins avec Bombur. Je remontais mes genoux et y appuyais mon coude, puis posais mon menton dans ma paume. Pas que le sujet était délicat. Mais l'histoire était longue et j'avais accepté son caractère irréversible. Ce n'était pas comme si j'avais un problème avec toute ma famille. Bilbo n'insista pas. Du fait de son caractère, il était d'un naturel respectueux. Voir de façon exagéré. Enfin, il l'était tous plus ou moins, ici. Ah, le Moyen-âge…

Un quart d'heure plus tard, Thorïn sonnait le départ. S'en suit une nouvelle journée de marche. De poney. Et de chevaux. Gandalf nous rattrapa, au galop, dans le courant de l'après midi. Il n'alla pas voir le chef et resta près de Balïn. Je m'approchais.

- « Y'a de l'eau dans le gaz ? »

- « Je vous demande pardon ? » Dit-il en tournant son visage vers moi.

Ah. Visiblement, encore une expression qui n'est pas d'actualité.

- « Vous êtes en désaccord ? » Demandai-je en désignant Thorïn de la tête.

- « Pourquoi pensez-vous cela ? » Fit-il en regardant vers l'avant.

- « Vous êtes partis. »

- « Cela veut-il dire de façon certaine que je suis en désaccord ? »

- « J'en ai l'impression. » Dis-je lentement, en fronçant les sourcils.

- « Ne serait-ce pas une chose bien puérile ? »

- « Dîtes, je vous ai posé une question ! » Rageai-je, après un instant, je compris que Gandalf n'avait pas l'intention de répondre. « ous avez raison, c'est puéril. »

- « N'est-il pas merveilleux d'être désigné comme puéril à un certain âge ! » S'amusa-t-il.

- « Vous savez, Gandalf. Vous pouvez parfois vous montrer bien plus agaçant que… » Déclarai-je en désignant à nouveau le chef.

C'était à vous donner la migraine. J'en arrivais à me demander si Gandalf ne se défoulait pas, par moment. Bah, je n'allais pas chercher plus loin. Je rejoignais Bilbo.

- « J'ai du mal à croire qu'un dragon nous attend au bout du voyage. » Murmurai-je.

- « Pour ma part, j'essai de ne pas y penser, voyez-vous ! » Me répondit Bilbo, inquiet.

- « Vous en avez dejà vu ? »

- « Oh non ! Et vous ? »

- « Non plus, ça n'existe pas chez moi. » Je murmurai. « Ca aussi. »

- « Vous voulez dire qu'il n'y en a pas ? »

Kili s'était approché. Je notais que lui et Fili ne me tutoyaient que lorsqu'il n'y avait personne autour.

- « Non seulement, il n'y en a pas, mais j'étais persuadée que ça n'existait que dans les contes. »

- « Vous devez venir de vraiment loin dans ce cas ! » S'exclama Bilbo. « Même si je ne pensais pas qu'il y en avait un en Terre du Milieu, actuellement, tout le monde en a dejà entendu parler dans sa vie ! »

- « Dans ce cas, si vous venez de si loin, comment se fait-il qu'on en veux à votre vie ? »

Mon ventre se tordit. Fili intervenait dans la conversation avec perspicacité. C'était une question que je me posais depuis l'agression. Mon cauchemar me revint en mémoire.

- « Je n'en ai aucune idée. » Soufflai-je, morte de peur.

J'entendis Fili soupirer. Je supposais qu'en tant que chef, Thorïn devait faire office d'idole ou quelque chose du genre, pour les plus jeunes. Fili lui ressemblait assez, avec cet air grave et sa posture altière à cet instant. A la manière d'une parade. Je soupirais également.

- « Qu'est ce que ça m'énerve ! Je n'y comprends rien. » M'exclamai-je en me massant les tempes.

- « Ne vous inquiétez pas ! Nous serons là ! » Déclara Kili avec un grand sourire d'encouragement.

- « Pour vous aussi, Monsieur Socquet ! » Ajouta Fili en tapant dans le dos de ce dernier.

La blague me fis à nouveau rire, allégeant mon esprit un instant. C'était rassurant et j'espérais sincèrement qu'ils tiendraient parole. Même si, dans le cas contraire, il n'y aura que mon esprit pour la leur rappeler. Ils avaient beau avoir l'air impressionnant dans leur manteau de cuir et de fourrure pour Fili. Leurs armes lourdes, leur grand arc et leurs flèches. Jolie métaphore. Je leur attribuerais assez facilement la douceur d'une plume, alors qu'ils savaient très bien se servir de leur fer. En les voyants, j'avais du mal à croire qu'ils pouvaient tuer. Pourtant, je les avais déjà vus à l'œuvre. Ou bien est-ce juste mon habitude de la modernité.

C'est l'esprit soucieux que nous continuions à avancer jusqu'à la prochaine halte, au soir. Les nains étaient de plutôt bonne humeur, blaguant entre eux. J'entendis même Balïn dire qu'au lendemain, nous atteindrons le village de Geldrop. L'image d'un martelât et d'un repas autour d'une table et surtout, surtout, d'un toit sur la tête, me réconforta aussitôt ! Dormir à la belle étoiles, on a tous déjà joué les grands, enfants, en voulant essayer. Mais à la fin, le choix est vite fait. Et là, c'était pareil. Surtout que je me doutais bien qu'une auberge était le summum du luxe, ici.

Après le repas, on décida que c'était à mon tour de faire les corvées. C'est-à-dire, la vaisselle. Etant donné que les nains avaient tout de même, il fallait le leur rendre, un assez bon sens de l'organisation, c'était normal que je participe. Et ils me l'avaient demandé si gentiment.

- « L'Humaine fera les corvées. » Déclara Nori.

Et c'est ainsi que je devins l'Humaine.

Adorable, n'est ce pas ?

Les nains avaient emporté un petit tonneau, rempli d'eau. Pas du tout pour boire, mais pour la cuisine. Parait que c'est une idée de Bombur.

- « Je dis que c'est grotesque ! » Roula Dwalin.

- « Mon frère, ce n'est pas de toi que jaillira un éclat de génie. » Rétorqua dans un petit sourire Balïn.

- « Je t'en foutrais des coup d'éclat ! » Vociféra-t-il.

- « Lily, prenez garde à l'eau ! »

Bombur me l'avait donc déposé à coter de moi, près du feu. Sauf qu'un tonneau, c'est pas quelque chose dont on se sert au quotidien. J'entrepris donc de prendre de l'eau en retirant le bouchon situé sur le flanc de celui-ci, tenant d'une main l'un des bols dont on s'était servi. Un peu à la manière d'un robinet

Très, très mauvaise idée.

A peine avais-je tiré sur le bouchon, pensant mieux gérer le débit en le faisant lentement, qu'il vola en direction de Bofur qui esquiva de peu. Et l'eau se déversa entièrement en éclaboussant tout. Le sol, mais aussi mes pieds et le feu. Qui s'éteignit dans un crépitement furieux et de la fumée. Il y eu un silence pesant. Je restais figée, accroupie.

- « Ah ! » M'écriai-je en me relavant, paniquée.

- « Vous ne savez donc pas ouvrir un tonneau ?! » S'écria Nori.

- « Elle a éteint le feu ! » Fis Gloïn en levant les bras au ciel.

- « Ah elle est bonne, l'érufite ! » Se bidonna Dwalïn.

- « Erudite ! » Rectifia Ori.

- « thark ! »

- « Que dit Bifur ? »

- « Sharkûn ! » Appela Bifur.

- « Calmez-vous, Bifur ! » Fit Gandalf en se rapprochant, m'avisant d'un air ennuyé.

Chacun y allait de son commentaire. Je me sentais affreusement honteuse. Putain, je n'étaispas douée ! Pétrifié, je les regardais sans savoir quoi faire.

- «Atkât ! » Hurla Thorïn.

Le silence se fit.

Il s'approcha du groupe d'une démarche prédatrice. Le visage impassible, ses lèvres n'étaient qu'une ligne fine et ses yeux étaient deux perles contenant une mer en furie. Sombres, où la lumière de la lune se reflétait. Braqués sur moi, ils me donnaient l'impression d'être happé par la vague et de suffoquer.

- « Bifur, vas chercher du bois. Gloïn, tu t'occuperas du feu. » Il dépassa ceux-ci et s'arrêta devant moi. « Vous. » Souffla-t-il durement.

- « Moi. » Articulai-je, tendue.

Mais il ne dit rien. Je sentais comme un bloc de béton pesé sur mes épaules. Pas besoin qu'il ouvre la bouche, ses yeux parlaient pour lui.

J'appréhendais assez ce calme avant la tempête. Et visiblement les autres aussi. La tension montait dès que l'aurore éclairait de rosés, d'ocres et de bleus la nature. Bien qu'on m'adressait la parole, comme pour me demander si j'avais bien dormis (Bofur) ou si je pouvais –encore- réveillé Bilbo (Gandalf). Tous lançaient des regards à Thorïn, comme pour prendre la température. Sait-on jamais, s'il lui prenait encore d'aboyer sur quelqu'un qui oserait me parler. Et Thorïn, qui s'était appliqué à m'ignorer au mieux jusqu'à présent, s'était mis de temps à autres à m'examiner comme si j'étais une créature étrange, qu'il découvrait pour la première fois.

Le premier coup d'œil me pris de court, je m'étais habituée à ce qu'il fasse soit comme si je n'étais pas là, soit comme si j'étais un moustique qui bourdonnait à son oreille. Les baffes en moins. Quoique ça restait une forme de communication. Je restais donc carrément sur le cul, presque méfiante. Un regard d'un bleu si clair qu'on pourrait croire qu'il soit gris. Un regard qui capte, qui vous emprisonne tout entier. Auquel je répondis en haussant des sourcils, dans une question silencieuse : Qu'est ce que tu me veux ?

Mais aucune parole ne passait la barrière de ses fines lèvres et il continua sa route. Je secouais la tête et me pinçais les arêtes du nez.

J'avais donc droit à de fréquent coup d'œil inquisiteur que j'accueillais avec curiosité. Dwalïn s'était aussi mis à me toisé. Celui-là, quand Thorïn semblait m'oublier –ou s'y appliquer- il se montrait chaleureux, à sa manière. Et lorsque son putain de chef avait les boules contre moi, il le prenait comme une attaque personnelle. Je faisais la vaisselle hargneusement lorsque je remarquais le chef en question discuté discrètement avec Balïn, qui me lançait des regards préoccupés de temps à autre. Mais bordel, vous allez vous décider à sortir votre venin ?! Je frottais le bol entre mes mains rageusement. La pression commençait à monter, doucement mais surement.

Plus tard alors que nous levions le camp, le chef me lança un nouveau regard, cette fois, accusateur. J'avais encore cette impression de voir un prédateur, guettant sa proie, lui tournant autour… Je cessais de charger mon cheval et le fixais également, intriguée. Je comprenais pas, pourquoi ne venait-il pas me hurler dessus ce qui le faisait chier ? Je cherchais Gandalf du regard, il se tenait près de son cheval, une main sur la hanche, l'autre sur le front. Lui aussi, préoccupé. Je laissais tomber mon occupation et me dirigeais vers lui. Il sortit de sa transe à mon approche, braquant son regard sur moi sous ses sourcils broussailleux.

- « Qu'est ce qui se passe ? » Dis-je sans détour.

Il soupira puis répondit lentement.

- « Nous allons devoir dire la vérité à Thorïn concernant votre présence. »

- « Ah. » Articulai-je dans une grimace.

- « Je crains qu'il ne tolère pas plus longtemps que nous lui cachions votre histoire, d'autant plus depuis qu'on a tenté de vous kidnapper. » Fit-il avec un ai sombre.

- « Il ne cesse de m'observer. C'est pire encore que lorsqu'il hurle. » Frissonnai-je.

- « Les éléments lui échappent. Vous lui échappez. » Il insista sur ce dernier point.

- « Et Il n'aime pas que les choses échappent à son control. » Commentai-je amèrement.

- « C'est exactement cela. » Approuva le mage. « Laissez moi vous dire ceci, les nains sont durs comme le roc, obstinés, prompts à l'amitié comme à l'hostilité. » Il rajouta de façon anecdotique. « Et ils résistent aussi mieux à la peine, à la faim et à la souffrance que tous les êtres parlants. » Il reprit avec sérieux. « Ne le sous-estimez pas. »

- « Alors nous n'avons pas le choix. » Soufflai-je, inquiète.

- « Non. Mais je pense que cela sera pour le mieux, ainsi ils cesseront de se méfier de vous. »

- « Vous croyez- ça ?! » M'étranglai-je.

- « Je l'espère pour nous. »

Et il partit dans la direction de Bilbo. Ah Gandalf, il faisait toujours dans le pathos ! Je passais une main sur mes yeux. Il fallait pas se voiler la face, si le mec en face de vous vous annonçait qu'il était d'une autre planète, bien évidemment que vous douteriez franchement de sa santé mentale. Je soupirais lourdement. C'était vraiment pas gagné. C'était un pas en avant pour deux en arrière. Je m'imaginais le pire, qu'ils me larguent ici, qu'ils me renvoient à Bree… Je sentais un gouffre entre eux et moi. Et l'agression d'hier soir me laissait inquiète. Et si d'autres venaient ? Est-ce qu'ils les laisseront m'emmener cette fois ? Et puis le plus important, qui me cherchait ? Je grignotais machinalement mes ongles sous le stress. Si je ne me faisais pas tuer, je mourrais bientôt d'inquiétude.