EPILOGUE

– Sirius Black.

Minerva McGonagall releva les yeux de son parchemin à la recherche du garçon. Mais aucun signe de lui. La sorcière soupira et appela une fois de plus le nom du garçon. Seul le brouhaha des élèves présent dans la Grande Salle fit écho à l'interpellation de ce dernier. Elle se tourna vers Dumbledore qui semblait toujours trouver les agissements de ces garçons particulièrement divertissant. De toute évidence, elle était la seule à s'offusquer de l'absence du fauteur de trouble à ce qui devait être la journée la plus importante de sa vie, ou tout du moins à l'événement qui marquait une fin, un tournant majeur. Elle reprit donc la liste, appelant l'élève suivant à la rejoindre sur l'estrade pour recevoir son diplôme de fin d'étude.

Sirius n'était pas le seul à avoir décidé que la cérémonie de graduation était optionnelle. Marlène McKinnon manquait également à l'appel. Leurs camarades supposèrent qu'il ne s'agissait nullement d'une coïncidence et cela à juste titre puisque les deux adolescents, qui dans quelques heures quitterait Poudlard, laissant derrière eux leur enfance pour entrer dans un monde adulte hostile, étaient effectivement ensemble. Près du lac, assis en tailleur, l'un en face de l'autre, riant, leurs mains entrelacées, leur alchimie plus que jamais exposée, leur complicité enfin retrouvée.

Il l'avait cru à jamais perdue, mais il n'était pas parvenu à la laisser partir. Pas elle. Son corps la réclamait... son cœur la réclamait.

James était convaincu qu'une personne n'avait qu'une âme sœur, qu'une moitié mais pour une fois, Sirius n'était pas d'accord avec son meilleur ami. Sirius refusait de se limiter à ce chiffre. Il avait toujours eu un goût prononcé pour la polygamie mais ici nul appétit sexuel ne venait fausser le jeu. Il avait eu de nombreux "grand amour" dans sa vie et il n'en regrettait aucun. Chacun d'eux l'avait fait se sentir plus vivant que jamais. Chacun d'eux avait soigné et comblé ce gouffre que la haine de sa propre mère avait creusé dans son cœur. Il refusait de se plier aux règles, que celles-ci soient imposées par sa génitrice ou par la société. Il ne choisirait pas. Il n'avait pas à le faire. Pourquoi devrait-il renoncer à quoi que ce soit.

La vie était bien trop courte. Chaque seconde devrait être vécue comme la dernière. Il ferait tout ce qui lui passerait par la tête, il ne changerait pas. S'il voulait prendre Marlène McKinnon dans l'herbe à quelques heures de leur départ il le ferait. S'il voulait sauter son meilleur ami pour fêter la nouvelle année il le ferait. S'il voulait les aimer tous deux, il le ferait. James avait tort. Une âme est quelque chose d'individuelle. On ne la partage pas avec qui que ce soit. On la donne tout simplement. Son meilleur ami avait choisi d'offrir son âme à Lily et il avait choisi d'offrir la sienne à Marlène et à Moony. Quel mal pouvait-il y avoir à diviser son âme si c'était par amour ?

– Marley ?

– Hm ? répondit-elle distraitement.

– Je t'aime.

Il la regarda sourire et ne put retenir un rire. Il avait craint qu'elle ne devienne soudainement l'une de ses filles niaises et qu'elle affiche un sourire béat en entendant ces mots mais Marlène n'était pas n'importe quelle fille. C'était un sourire de satisfaction qui s'était dessiné sur ses lèvres. La garce.

– J'ai gagné, le nargua-t-elle.

La couchant dans l'herbe, il la fit taire... à sa manière.

– James Potter !

Ce dernier gravit les quelques marches menant au professeur McGonagall. Dans les yeux de celle-ci brillait une fierté qu'elle ne parvenait pas à dissimuler. Elle lui remit le diplôme sur ses gardes. La cérémonie se déroulait bien trop calmement. Il préparait forcément quelque chose. Il ne quitterait pas cette école sans provoquer de catastrophe. Oh bien sûr, il s'était sensiblement assagi au contact de Lily Evans... même si assagi semblait un bien trop grand mot pour qualifier la petite mais non moins sensible amélioration du comportement du jeune Capitaine.

– Qu'est-ce que vous préparez Potter ? demanda-t-elle suspicieuse.

– Je suppose que je peux vous le dire, vous ne pourrez pas me coller... chuchota-t-il.

– Crachez le morceau Potter, s'impatienta-t-elle.

– Oh mais d'abord vous devez prêter serment.

– Prêter serment ?

– Vous devez jurer solennellement que vos intentions sont mauvaises.

Minerva hésita mais sa curiosité l'emporta finalement. Après tout, il n'avait pas tort. Désormais, il ne relevait plus de sa responsabilité. Étrangement cela ne lui fit pas plaisir. Elle aurait aimé les garder ici. Les préserver le plus longtemps possible. Elle n'approuvait nullement le fait que Dumbledore les ait recrutés dans l'Ordre. Ils étaient trop jeunes. Ils devaient être protégés et non utilisés comme chair à canon.

– Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

– Est-ce que vous connaissez Peter Pan ?

Son plan était brillant et parfaitement orchestré et comme toujours il apporterait le rire et l'espoir à tous ceux qui acceptaient de se laisser entrainer dans son monde de farces et attrapes. Elle le regarda s'éloigner et rejoindre la jolie rousse à qui il avait offert son cœur dès son plus jeune âge. Elle avait été heureuse de perdre ce pari. Elle n'aurait pu envisager plus beau parti pour la brillante et ravissante Lily Evans.

Cette dernière éclata d'un rire mélodieux lorsqu'il la souleva dans ses bras, la faisant tournoyer sous le ciel étoilé de la Grande Salle. De nouveau ils furent transportés à cette fameuse nuit, durant laquelle, pour la première fois, sous ce même ciel, leurs lèvres avaient scellé leur destin. Ce n'était pas un simple baiser qu'ils avaient partagé... c'était une promesse. Celle d'être ensemble peu importe les obstacles.

Remus Lupin se dirigea vers le bureau de Rusard. Il devait faire une dernière chose avant de partir. Quelque chose qui les rendrait immortels, intemporels. C'était présomptueux de sa part mais il espérait vraiment que les maraudeurs ne prendraient pas fin avec eux. Un maraudeur se cache en chaque personne. Et que serait un maraudeur sans sa carte ? Ainsi il déposa celle-ci dans l'un des tiroirs de Rusard chuchotant ses dernières consignes à leurs doubles avant de s'en aller rejoindre le train que James avait ensorcelé. Ce train qui s'apprêtait à s'envoler tout comme le bateau du Capitaine Crochet, emportant loin du pays imaginaires ses enfants perdus qui pour un temps avaient trouvé dans l'enceinte de Poudlard, une maison, une famille mais qui devaient malgré tout accepter de grandir.

– Méfaits accomplis.

Tome 2 disponible.