NdA :

Bon déjà, avertissement : SPOILERS DE THE DEATH CURE ! Je ne sais pas jusqu'à quand je vais encore écrire ça, mais bon on ne sait jamais, si des lecteurs passant par là n'ont pas encore lu les bouquins...

Pour les autres qui ont lu par contre, et selon l'ordre chronologique que j'ai suivi, je suppose que vous vous doutez de quelle scène il va s'agir ^^ Oui oui, celle-là même qui nous a tous et toutes traumatisés...Donc prévoyez les mouchoirs en conséquence !

Les paroles que j'ai utilisées ici sont tirées de Echo, de Jason Walker bien sûr.

Désolée d'avoir été si longue à écrire ce chapitre, mais j'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture !


« I would take a whisper if that's all you had to give,

But it isn't, is it ?

You could come and save me, and try to chase the crazy right out of my head »

...

Le coup de feu explose dans le crépuscule, me lacère les tympans, tandis que la déflagration se répercute jusque dans mes os, encore et encore, me coupant net la respiration.

Je te sens t'effondrer à mes côtés.

Je te sens partir.

M'abandonner.

J'ai été lâche, je l'avoue. Je n'ai pas eu le courage de garder les yeux ouverts au moment de tirer. C'est tout juste si j'ai réussi à trouver la force d'articuler un « Je t'aime ». Ou peut-être pas, après tout. Peut-être que tout cela n'était qu'une illusion. Je ne sais plus. Et je ne veux pas savoir.

L'adrénaline reflue d'un seul coup. Mon bras retombe sans force le long de mon corps, et ma main tremble tellement que je lâche le revolver, qui atterrit au sol dans un bruit sourd.

« Tue-moi ! »

J'ai l'impression de t'entendre encore crier, et la douloureuse certitude que ces mots ne cesseront jamais de me hanter.

Je me redresse péniblement, les oreilles encore bourdonnantes. Mais mes jambes refusent de me porter, et je retombe à genoux dans la poussière, la vue brouillée par les larmes.

J'ai du mal à distinguer ce qui m'entoure, tout est flou, comme assourdi, et au milieu de cette bouillie informe de couleurs et de sons que mon cerveau en état de choc se refuse à analyser, je le vois.

Le rouge.

Partout.

Et brusquement, je réalise pleinement.

Tu es parti.

Tu m'as abandonné. A moins que ce ne soit l'inverse.

La douleur me scie en deux.

Et le noir absolu vient remplacer le rouge.

Le néant.

...

Le corps inerte d'Alby semble peser des tonnes, malgré l'aide de Minho. Après la nuit éprouvante que nous venons de vivre, nos forces nous désertent à une vitesse alarmante.

Mais nous sommes en vie. Contre toute probabilité, nous avons réussi à tenir le coup une nuit entière dans ce putain de Labyrinthe. Une première.

-C'est bon, tocard, on y est.

Minho désigne d'un hochement de tête la porte qui, au bout du couloir dans lequel nous nous traînons à une allure d'escargot, est en train de coulisser avec un grondement assourdissant. Un groupe de blocards se tient de l'autre côté, mais ma première pensée est pour lui, et je me mets à scruter instinctivement l'attroupement pour tenter de l'apercevoir. Newt.

Je le repère immédiatement. Sa silhouette mince se détache de la masse de garçons agglutinés, mais je sais que je serais capable de le retrouver au milieu de n'importe quelle foule.

Alors je rive mon regard au sien, ce qui me donne le courage de parcourir les derniers mètres pour sortir de ce qui a bien failli me servir de tombeau.

Nous confions Alby aux medjacks, et c'est seulement à cet instant que je m'autorise à craquer. Je suis sur le point de m'écrouler par terre comme un plonk, mais Newt m'attrape par les épaules, et m'entraîne à sa suite vers ma cabane, en me portant à moitié malgré l'effort physique que cela lui coûte.

Je le sens tendu, vibrant de colère, mais je n'ai pas la force de lui demander une explication. Il me jette sur mon lit sans ménagement.

Puis la digue cède.

Il se met à me traiter de tous les noms en me hurlant de ne plus jamais recommencer ce genre de connerie, qu'il a été malade d'inquiétude toute la nuit à l'idée que j'ai pu laisser ma peau dans le Labyrinthe, que je ne suis qu'un sale égoïste, mais aussi et surtout qu'il m'aime, qu'il m'aime à en crever, et à mesure que ses yeux s'emplissent de larmes, sa voix se casse, il perd de sa hargne, et bientôt il se laisse tomber à mes côtés sur le lit, il me serre dans ses bras à m'en faire mal, comme s'il ne voulait plus jamais me voir m'éloigner, et sa bouche trouve la mienne, et le soulagement que j'éprouve à ce contact suffit à balayer en un clin d'oeil les horreurs que j'ai endurées au cours des dernières heures.

Nos mains se font rapidement plus aventureuses, plus avides, nos caresses plus pressantes. C'est tout juste si je prends la peine de reprendre mon souffle entre deux baisers. Nos lèvres sont comme soudées, nos halètements emplissent la cabane, deviennent bientôt gémissements, accompagnent la montée inexorable de notre désir.

Il n'y a aucune tendresse dans notre étreinte. Juste l'urgence, le besoin de se marquer, de se prouver notre appartenance l'un à l'autre. Le soulagement pur des retrouvailles après une séparation à deux doigts d'être définitive.

Nos ébats sont rapides, brutaux, la tension presque animale. Je sens bien que consciemment ou non, Newt veut me faire payer le fait de m'être précipité dans le Labyrinthe sur un coup de tête, et de mon côté j'ai besoin d'évacuer toute la pression accumulée.

Alors je ne me plains pas lorsque ses baisers deviennent morsures, lorsque sa langue vient littéralement violer ma bouche, lorsqu'il s'enfonce en moi sans même me demander la permission, m'arrachant des cris de douleur et d'extase mêlés. Au contraire, je l'encourage, j'abandonne toute inhibition, je le supplie, je veux qu'il aille plus vite, plus fort, je veux qu'il aille toujours plus loin, je ne sais plus si j'ai envie de jouir ou d'avoir mal, la frontière entre plaisir et violence est floue dans ma tête.

On ne peut pas dire que nous soyons discrets cette fois, et cela nous est bien égal. Nous aurons toute la nuit pour nous retrouver véritablement, pour savourer la compagnie l'un de l'autre.

Il se libère bientôt en moi, et je le rejoint quelques secondes plus tard, la poitrine en feu, le souffle coupé par l'intensité de mon orgasme.

Puis Newt s'effondre sur moi, et pendant de longues minutes, aucun de nous ne parvient à articuler le moindre mot. Seuls résonnent les battements désordonnés de nos cœurs et nos respirations erratiques, se calmant à mesure que les vagues de plaisir refluent.

Il finit par se redresser, et embrasse doucement les traces violacées qu'il a laissées sur ma peau, en me murmurant des excuses entrecoupées de « je t'aime ».

-Je t'en prie, Tommy, ne me fais plus jamais ça. Ne m'abandonne plus, je t'en supplie...

L'angoisse dans sa voix est palpable, elle me heurte de plein fouet.

Et je me rends alors compte à quel point il tient à moi.

Je ne sais pas si je manque à quelqu'un, à l'extérieur du Labyrinthe, s'il existe ne serait ce qu'une personne pour me pleurer ou au moins avoir conscience de ma disparition. Mais au fond, cela m'est bien égal.

Parce que peu importe ce qui se passe au delà des murs ceignant le Bloc, tout ce dont j'ai besoin maintenant, la seule personne qui compte réellement, est ici, avec moi.

Je cherche sa main, entrelace nos doigts. Et je lui promets de ne plus le quitter.

C'est la première fois que je le lui promets.

...

Le souvenir m'est revenu avec une violence inouïe, aiguisant encore davantage la douleur.

La première fois que je t'ai juré de toujours être là pour toi...

La première, à la tête d'une longue série d'autres, cortège de serments brisés, anéantis, piétinés par ma faute.

D'abord Chuck, et maintenant toi. Comme si toutes les personnes auxquelles je tenais le plus étaient condamnées, quoi que je fasse.

Et soudain, dans un éclair de lucidité, je réalise une chose.

Je réalise que notre histoire était vouée à l'échec avant même d'avoir commencé, bien avant notre rencontre. Une foutue impasse.

Parce que dès le départ, nous étions tous porteurs du virus, et parce que dès le départ, tu ne faisais pas partie des immunes.

Parce que tu étais effectivement condamné.

C'est le WICKED qui t'a placé sur ma route, tel un vulgaire pion au milieu de l'échiquier, ayant néanmoins son rôle précis à jouer dans la partie, et tout ce qui s'est passé à partir de ce moment n'a été qu'un long prélude pour nous amener implacablement à ce gâchis.

J'ai été stupide de croire qu'il aurait pu en être autrement.

J'ai été stupide d'espérer.

Depuis le temps, j'aurais dû savoir que les manœuvres de ces enfoirés de scientifiques finissaient toujours par se retourner contre nous, leurs sujets.Tôt ou tard.

Mais ils ne peuvent plus t'atteindre désormais. Tu es libre.

-Thomas, reviens maintenant ! Il faut qu'on bouge de là !

Les cris de Minho me replongent brusquement dans la réalité.

Je ne veux pas te quitter...

Pourtant, j'effleure une dernière fois tes doigts avant de me relever, et tourne les talons pour regagner le van. Mon corps me semble soudain étrangement léger, comme anesthésié, mes larmes se sont taries, la seule chose que je perçois encore réellement est le gouffre noir dans ma poitrine qui menace de m'engloutir à chaque seconde.

Je m'aperçois que j'ai obéi machinalement à Minho, parce que maintenant que tu n'es plus là, tout le reste m'est parfaitement indifférent, mais

« Sometimes when I close my eyes, I pretend I'm all right

But it's never enough »

je finis par m'arrêter.

« Je t'en prie Tommy, ne me fais plus jamais ça. »

Et je fais demi-tour.

Je ne peux pas te quitter.

Je t'ai déjà abandonné une fois, tu me l'as suffisamment craché au visage. C'était une fois de trop.

Je tiendrai ma promesse, cette fois.

Je ramasse le revolver.

Je constate que j'ai arrêté de trembler.

Je le presse contre ma tempe.

Et j'appuie sur la détente.

« I don't really know where the world is

But I miss it now »


THE END.

Bah oui, forcément. Je sens que vous allez me détester, pour avoir rendu cette histoire encore plus horrible que l'originale...Mais je sais pas, quelque part ça me paraissait évident comme conclusion...

Quoi qu'il en soit, un immense merci à tous pour vos reviews, vos encouragements/compliments, votre suivi. Ca compte beaucoup pour moi ! Vous êtes géniaux :)

Et spéciale dédicace à ma Nella d'amour qui vient juste de finir The Death Cure ^^ Oui je sais, c'est dur !