Nous étions de retour dans la salle commune. Cette fois-ci, et exceptionnellement, ils avaient aménagé de vrais bureaux pour mieux travailler et ainsi nous aider. Tout le monde était présent, Misa y compris. Elle nous regardait descendre.

Ce qu'avait fait light devant elle m'avait bien amusé, je pouvais bien l'avouer, et puis maintenant, j'avais le droit à une seconde question. J'avais bluffé en disant savoir quelle question lui poser alors que je n'arrivais pas à me décider. Il y en avait bien trop qui tournaient dans ma tête.

Bonjour light, dis-moi, tu es bien Kira ?

C'était la question la plus normale que je pouvais poser à light le matin, au réveil ou pendant que nous prenions notre café matinal.

Comment fais tu pour tuer autant de personnes ?

Comment fais tu pour tuer tout court, d'ailleurs ?

Je commençais à descendre les marches du grand escalier, light à côté de moi. De là où j'étais, j'avais une vue sur tout ce qu'il se passait en bas. Ils s'agitaient dans tous les sens, car Matsuda venait de faire tomber un tas de feuilles. J'agitais la tête comme pour dire non et y rajoutais une main pour montrer que cet idiot n'était vraiment pas à sa place. Je reprenais les questions.

Pourquoi tus tu des gens ?

Qu'est-ce-que tu ressens quand tu tus ?

Qu'est-ce-que tu ressens quand tu m'obliges à être ton jouet ?

Stop ! Je m'écartais du sujet principal. Je n'étais pas là pour moi, mais pour l'enquête et c'était pour cela que j'avais accepté... au début.

Et puis quelles étaient ses motivations ?

Double question. Décidément aujourd'hui je n'étais vraiment pas sérieux. Qu'est-ce que je voulais savoir au juste en posant une question comme cela ?

Quelqu'un d'autre était-il au courant du fait qu'il soit peut-être Kira ?

Non, c'était Kira ! ...Peut-être. À vrai dire, c'était le seul cas possible. Il avait l'intelligence pour commettre ses meurtres sans laisser aucune trace et disparaître jusqu'à trouver sa prochaine victime. Pourtant, même si j'avais prouvé que Kira pouvait tuer en connaissant le nom et le visage de sa victime, il pourrait les tuer à distance. Aucune trace de poison. Mort par crise cardiaque. La peur ?

Comment fais-tu pour me faire passer autant de temps à réfléchir sur cette enquête ?

À y trouver si peu d'indice en un temps aussi long ?

Cela ne m'était jamais arrivé.

Nous étions parvenus tout en bas. Je saluais tout le monde en levant ma main et je m'installais directement sur mon siège. Une petite boîte blanche m'attendait et je regardais rapidement Watari pour le remercier. Light s'installa sur le siège à côté de moi à cause de la chaîne.

« -Où est Misa ? » Demanda-t-il à son père

Si seulement il savait ce que son fils s'amusait à faire, il ne le verrait plus de la même façon.

« -Elle a dû s'absenter quelques instants avec Matsuda pour finaliser un contrat pour son travail. Ne t'inquiète pas light, elle va bientôt revenir. »

Je regardais light qui griffonnait sur un petit papier. Il me le passa discrètement. Je le regardais, ne sachant quoi attendre de quelques mots écrits de sa main. Au moment où il voulut me le donner, il prit ma main dans la sienne pour faire glisser ses notes. Il prit le plus grand des soins à laisser le bout de ses doigts glisser sur son poignet lorsqu'il l'enleva.

Je l'ouvrais soigneusement pour me dire « Quand elle reviendra, nous devrons être très attentifs. ». Je retournais ma tête vers la sienne, la bouche légèrement ouverte et je me dépêchais de prendre un crayon pour lui répondre « La faute à qui ? ». Je lâchais automatiquement le crayon pour attraper une gomme. J'avais écrit une question et je ne pouvais pas laisser passer une erreur pareil.

Mais comment lui faire comprendre sans l'accuser et sans poser une question. Cette tâche était bien plus compliquée que je le pensais, dans certains moments. J'abandonnais l'idée de l'accusation en lui écrivant « C'est de ta faute! » et posais le papier sur la table.

« -Tu n'es vraiment pas drôle, Ryuzaki.

-J'en suis vraiment désolé, light »

Cela allait de soi, mais je ne pensais évidemment pas ce que je disais. Je me remettais à travailler, reclassant les documents que Matsuda avait fait tomber et avait simplement remis les feuilles, les unes sous les autres. Je soupirais. Sur l'écran de mon ordinateur étaient affichées les biographies des derniers meurtres qui avaient été commis. Je sentis un souffle près de mon oreille. Il recommençait.

« -Si on nous surprend, je vais te le faire regretter. »

Je regardais de manière circulaire la pièce. Ils s'étaient réunis par groupe pour mieux faire passer leur avis sur l'enquête ainsi que les personnes qu'ils suspectaient. Je me demandais à quoi light pouvais penser. Réfléchissait-il à l'enquête ou à ce qu'il voulait me faire ?

« -Personne ne va nous surprendre, et tu sais pourquoi ? Parce que je ne fais que regarder par-dessus ton épaule, rien de plus. Il faudrait déjà avoir vécu une scène comme cela pour l'envisager. »

Il resta dans la même position. Il avait raison. Si je continuais sur cette lancée et la ramenais à Kira. Celui-ci pourrait tuer d'une manière inconnue, mais que quelques personnes sauraient comment il fait. Donc, j'aurais bon continuer à chercher, cette vérité me dépasse.

Pour le moment, je ne peux donc que voir s'accumuler les morts jusqu'à ce qu'un véritable indice vienne à moi. Si moi je ne le sais pas, Kira le sait évidemment donc il me suffit de le trouver pour que je le sache. Il ne me sert donc à rien de surveiller light puisqu'il ne fait rien. Je peux donc lui enlever ses chaînes.

Si je m'intéresse donc aux meurtres et que j'y trouve un lien, je tomberai forcément sur Kira et donc, a la façon de tuer.

Je tendais ma main devant moi pour attraper du papier et sentais de la peau lisse et chaude. Je relevais les yeux pour découvrir la main de light. Sa main frôlait la mienne et je c'était évident qu'il faisait exprès. Mon siège bascula sur le côté, tout comme celui de light et j'arrivais sur le sol une demi-seconde plus tard. Il m'embrassa très rapidement, peut être un peu trop.

« -Je vais bien, ne vous inquiétez pas. Light aussi va bien. »

Je levais une main dans le vide pour rassurer les personnes qui devaient s'inquiéter. Light m'embrassa de nouveau.

« -Il faut arrêter maintenant, on va attirer l'attention. »

Il se releva puis m'aida à mon tour. Il ne lâcha pas ma main. Les autres faisaient parfois des tours de table et il fallait parfois se cacher pour que les autres ne voient rien.

Un cliquetis de talon de plus en plus rapide se fit entendre et notre tranquillité parti en même temps que le cri de joie que poussa Misa en voyant light, juste light.

Je voulais lâcher sa main, mais quelque chose me retint autre que light. Sa main avait quelque chose de froid, rien qu'une sensation alors qu'elle était en réalité chaude. Je n'avais pas assez de courage en moi pour arrêter de lui tenir la main.

Elle le sera rapidement dans ses bras et aperçut nos mains liées.

« -Light ! Attention ! »

Misa nous sépara et je la remercie intérieurement, car d'autres personnes auraient pu nous voir. Elle s'installa entre nous deux et poussa mon siège pour m'écarter. Matsuda lui apporta un siège le plus rapidement possible.

Elle se rapprocha de light pour le prendre dans ses bras. Il eut l'air un peu déçu, mais affichait quand même un sourire comme s'il la remerciait.

« -Désolé Misa, mais je dois aller aux toilettes. Ryuzaki, tu viens ? »

Je me levais, énerver de ne pas avoir pu noter quelques mots de ma déduction, et bien sûr par mots, je voulais dire symboles. Je ne voulais pas prendre le risque d'oublier une si importante explication même si la noter étais contre mes principes.

Je suivais light qui marchait devant moi. Il poussa la porte et je rentrais avec lui dans la petite salle qui donnait sur plusieurs toilettes. Il s'installait dos à l'un des lavabos.

« -Tu as découvert quelque chose ?

-Oui. Mais je ne t'en ferais pas part. Pas pour le moment.

-Très bien. Que faut-il faire ?

-Trouver un lien entre les dernières victimes. Disons, depuis les deux dernières semaines puisque les victimes ont changé.

-Je peux avoir quelque chose en échange ? De toute façon, tu ne peux pas refuser. »

Il s'approcha de moi, ainsi, il voulait m'embrasser. Son visage se rapprochait de moi et lorsqu'il ne fut très près de moi, je plaçais ma main entre nous deux. Il embrassa alors le bout de mes doigts et il s'écarta.

« -C'est de la triche !

-Tu ne m'as jamais interdit de faire quelque chose comme cela. »

Mon sourire suffisant le fit également rire. Il m'enlaça différemment d'habitude, avec plus de tendresse. Il se détacha de moi, un peu à contrecœur me semblait-il.

« -On ferait mieux de retourner travailler.

-Oui, travailler, light »

Il rouvrit la porte et nous rejoignions, les autres sous le regard de Misa.