D'après l'idée de Lessa-chan.

Plein de bisous pour toi!


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- Vingt-neuf euros*, pour cette merde ?!

Derek n'était pas rapiat. Mais trente balles pour une bicyclette, c'était se faire rouler dans le béton !

Il paya quand même le prix demandé, en serrant les dents, puis s'empara d'un deux roues et régla le siège, tandis que son petit-ami se rangeait déjà sur la piste cyclable, tout content.

Cela ne faisait même pas cinq minutes qu'ils roulaient, et il en avait déjà ras la casquette à l'envers.

Le vélib qu'il avait pris était bien trop petit…

Ses genoux étaient ouverts comme des huîtres, et se mouvaient plus haut que ses hanches. Son dos était courbé, ses coudes pliés en huit, et ses pieds moulinaient de l'air, comme la mère meunière.

Et cette saloperie de selle qui lui broyait les roubignoles ! Il l'avait montée au maximum, avait même forcé, manquant de bousiller le châssis, mais il n'y avait rien eu à faire. Il était bien trop grand pour ce vélo de nabot.

Essayer de contenir une masse pareille dans un espace si restreint, c'était comme tenter d'invoquer des esprits avec un monopoly.

Ils se dirigeaient, en pédalant calmement, vers un site touristique que l'humain voulait absolument voir parce que Paris sans avoir vu la jarretelle inversée, c'était comme un Big Mac sans cornichon, lorsque son imbécile de petit-ami le doubla en filant comme une flèche.

- Stiles, ralentis ! On n'est pas dans Need For Speed !

Pour toute réponse, son amoureux rit au vent et décolla ses fesses de son siège afin de pouvoir user de toute la puissance de ses cuisses. Il filait droit, le regard espiègle et rivé sur l'horizon.

Et même si le loup était toujours tout feu tout flamme à l'idée d'être derrière, à ce moment-là, l'Alpha en lui grondait. Il n'appréciait guère de savoir son compagnon ainsi exposé aux dangers qui le guettaient dans cette ville de cinglés.

C'est alors que l'animal, plus fort que l'homme, lui ordonna de moudre la pollution. Sauf qu'avec sa camelote à deux roues, il n'allait pas aller bien loin. Mais tant pis. Stiles avant tout !

Il se mit à pédaler aussi vite qu'il le put, les mains crispées sur le guidon trop court et les talons en fusion avec les pédales. Il réussit à prendre un peu de vitesse, mais avec ses bras tordus, l'engin, bien loin de se livrer à une course de lévriers, exécutait plutôt une chorégraphie de salsa en zigzaguant de long en large, lui donnant l'air d'un professeur de danse raté.

Mais le pire n'était pas là.

Non, le pire, c'était la route qui s'inclinait, tout doucement.

La route qui s'inclinait vers le bas, et qui l'emmenait sur son dos de chameau.

Son vélib qui prenait de plus en plus de vitesse.

Son guidon qui commençait à s'agiter entre ses doigts.

Ses pédales qui tournaient si furieusement, que ses pieds ne suivirent plus.

La gomme de ses savates qui râpait sur le sol, comme du gruyère.

Et cette putain de selle qui s'abaissa d'un coup, cette putain de selle qui lui lamina les couilles.

- AAAAAAAAAAAAAaaaaaaah !

Il perdit totalement le contrôle, et la voix, alors que le vélo se vautrait sur les pavés.

Le sol se rapprochait de plus en plus vite…

Et fonça dans son pif, à 120km/h.

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*Le fan de Beaumarchais s'est encore fait entuber, il a pris un abonnement annuel.


Ça devient carrément de la profanation envers les personnages...

Ironie du sort, j'ai croisé un vélib abandonné ce matin, pas très loin d'une pente...

Bisous herbeux.