NdA :

Let's go pour le grand final ! Qui s'avère être le plus long chapitre de la fic en plus, mais il y avait tellement de choses à régler héhé...

En espérant que cela vous plaira, bonne lecture !


En sortant du bar, j'éprouve malgré moi une légère appréhension.

Si ça se trouve, il se fout encore de ma gueule, il ne m'a pas attendu, et je n'arrive pas à déterminer si l'idée me soulage ou bien me serre le cœur.

Mais non, il est bien là, les mains enfoncées dans les poches de son blouson, appuyé contre la portière de sa Camaro.

Je rêve ou il tente un vague sourire en m'apercevant ? Comme si lui aussi avait douté que je vienne. Pourtant il devrait le savoir depuis le temps, ce connard, que je suis incapable de lui résister...

Un bref instant, nos regards se croisent, se heurtent, et je me retrouve transporté des années en arrière, lorsque j'avais encore le courage de rester près de lui pour l'emmerder jusqu'à lui faire péter un plomb.

Aujourd'hui, ce Stiles là n'existe plus, il est noyé sous des litres d'éthanol et d'eau salée, enterré sous des couches successives de fantasmes inassouvis et de rêves brisés. Et je planque moi aussi mes mains dans mes poches, pour que Derek ne voie pas à quel point elles tremblent.

Sans rien dire, je monte côté passager, et je m'enfonce dans mon siège comme un gamin tirant la tronche.

Je lâche un « où on va ? » maussade, je me trouve pathétique, je devrais agir en homme, lui montrer que toute cette histoire ne m'affecte plus. Mais ce n'est pas le cas, et sincèrement, je n'arrive pas à réagir autrement.

Il grommelle un vague « chez moi », sans me regarder, les doigts crispés au volant.

Je ne prends pas la peine de relever, me contente de lever les yeux au ciel.

Comme d'habitude, il agit en territoire conquis, en mâle Alpha persuadé que tout le monde doit plier à ses quatre volontés. Mais soyons honnêtes, c'est en partie pour ça qu'il m'avait fait craquer. La pensée qu'il puisse être aussi dominant au lit que dans la vie de tous les jours m'a toujours filé des papillons dans l'estomac.

Dans les minutes qui suivent, il ne me lâche pas un mot. Et pas un seul coup d'oeil.

Non pas que cela me dérange plus que ça, je suis habitué à son mutisme. Mais pour le coup, mon cerveau a le temps de tricoter à plein régime, et plus la route défile, plus je me sens nerveux.

Il veut sans doute attendre d'arriver à destination pour me parler, mais en attendant, moi, je commence sérieusement à stresser. Je décide maladroitement d'essayer de briser la glace.

-Euh...alors, comment est-ce que tu as su où je bossais ?

-J'ai demandé à Scott.

Je me mords la langue. Mais quel con... Si je n'ai rien de plus intelligent à dire, je ferais vraiment mieux de me la fermer ! Je tente une autre approche, toute aussi débile.

-Et alors, comment ça va sinon, avec Braeden ?

Je vois le corps de Derek se tendre, ses mâchoires se crisper un peu plus.

-On est plus ensemble.

Ok...Au moins ça a le mérite d'être clair. Je ne peux réprimer un petit rictus satisfait.

Finalement, j'estime que cette discussion gênante a suffisamment duré, et préférant garder mes forces pour la suite, je la boucle pour de bon.

...

Une demi-heure plus tard, la Camaro s'arrête devant l'immeuble de Derek, toujours aussi miteux malgré les montagnes de fric que ce mec possède.

J'ai l'impression que mon cœur va exploser tellement il cogne fort. Ca me fait carrément chier parce que je sais que Derek peut parfaitement sentir mon anxiété, mais je ne peux rien y faire.

Je sens qu'il va se passer un truc ce soir, je ne sais pas quoi, mais je suppose que cet enfoiré n'aurait jamais daigné venir me trouver si ce n'était pas d'une importance capitale.

Grimper les quatre étages menant au loft sont une véritable épreuve, mes jambes pèsent des tonnes. Lorsque nous parvenons enfin à porte de l'appartement, je prends une grande inspiration.

Cette fois, ça y est.

Je ne peux plus me défiler.

Cela doit faire environ un an que je n'ai pas mis les pieds chez Derek, mais rien n'a changé. Il fait toujours aussi sombre, la déco est toujours absente. Je me demande même s'il n'y pas encore moins de meubles qu'auparavant.

Je sens brusquement ma gorge se nouer, mes yeux me picoter. Une bouffée d'émotion et de nostalgie me prend aux tripes.

Non putain, ne pleure pas, surtout pas, pas maintenant !

Je m'essuie rageusement le visage avec la manche de ma veste, et...

M'aperçoit que Derek est en train de me fixer, une expression indéchiffrable plaquée sur ses traits tirés.

-Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Je te fais pitié, c'est ça ? Ce serait bien la première fois !

Mon ton laisse transparaître une vague de colère que je n'avais pas vue venir. Mais c'est trop tard. Tous mes ressentiments refont surface d'un seul coup, et je n'ai plus qu'une envie : le faire souffrir autant qu'il m'a fait souffrir.

Le temps que je rassemble mes idées pour lui balancer la remarque la plus blessante possible, Derek franchit en quelques pas la distance qui nous sépare, m'attrape par le col de mon t-shirt, et me serre dans ses bras à m'en faire mal.

J'en ai le souffle coupé.

Incapable de réagir, je reste comme un con, la bouche ouverte, les bras ballants, à essayer d'imprimer ce qui est en train de se passer.

Il ne m'a pas frappé, il ne m'a pas non plus embrassé, il m'a juste pris dans ses bras.

Je peux sentir les battements de son cœur contre ma poitrine, son souffle brûlant dans mon cou. Sa chaleur m'enveloppe, rassurante. C'est bien la première fois que je le vois faire preuve de tendresse envers quelqu'un, et le fait que ce soit envers moi me sidère.

Je ferme les yeux tandis qu'il resserre son étreinte, et qu'une de ses mains vient s'enrouler autour de ma nuque, l'autre descendant lentement vers ma taille.

Je t'en prie, ne me quitte pas, ne me lâche plus jamais...

J'ai du mal à respirer, je n'arrive pas à croire ce qui se passe.

Je voudrais que cet instant parfait dure éternellement, je voudrais mourir tout de suite, là, maintenant, entre ses bras, perdu dans sa chaleur, enivré de son odeur.

-Pardonne-moi, Stiles, s'il te plaît...

Non, ce n'est pas possible, il n'a pas dit ça ?

Et pourtant si, ces quelques mots chuchotés à mon oreille sont tout ce qu'il y a de plus réels. Il les répète, encore et encore, alors qu'il enfouit son visage dans mon cou, et que je sens des larmes y couler, traçant des sillons humides sur ma peau.

Je ne peux pas résister plus longtemps.

J'ai toujours envie de lui éclater la tête contre un trottoir, de lui faire payer au centuple ce qu'il m'a fait subir, et en même temps, il m'a tellement manqué, j'ai tellement envie de lui...

Alors, préférant écouter la voix du cœur à celle de la raison, j'enroule à mon tour mes bras autour de son torse, et je presse mon corps contre le sien, comme si je voulais fusionner avec lui, comme si je craignais qu'il ne s'évapore en un battement de cils et me laisse à nouveau, seul et désespéré.

Ses lèvres se posent délicatement sur mon cou, ma mâchoire, et dérivent doucement vers ma bouche entrouverte.

Un frisson me parcourt de la tête aux pieds, et tout à coup, j'ai peur.

J'ai peur d'aller plus loin, peur de ce qui risque de se passer, parce que si Derek a encore l'intention de jouer avec moi avant de me jeter comme les fois précédentes, je sais que je n'y survivrais pas.

Et pourtant, lorsque ses lèvres effleurent enfin les miennes, j'ai envie de croire que cette fois sera différente.

De toutes mes forces, de toute mon âme.

Son baiser n'a rien à voir avec les autres, brutaux et intrusifs. Celui-là est tendre, langoureux, rendu un peu amer par nos larmes et des années de non-dits qui ont creusé un gouffre entre nous que je pensais infranchissable il y a encore quelques minutes.

Ce baiser a des allures de rédemption.

Alors je me laisse aller, timidement d'abord, puis à mesure que la respiration de Derek se fait plus heurtée, que ses mains viennent se perdre de façon erratique dans mes cheveux, dans mon dos, sur mon ventre, je perds le contrôle à mon tour, je rends les armes, je choisis de laisser libre cours à la passion qui me ronge continuellement depuis quatre putains d'années.

Nos vêtements volent à travers la pièce, nos baisers deviennent plus profonds, nos caresses plus insistantes.

J'ai l'impression de me liquéfier de l'intérieur tandis que sa langue explore inlassablement ma bouche, qu'il me soulève pour me jeter sur le lit avant de s'abattre sur moi, immobilisant mes poignets dans la manœuvre, me crucifiant au matelas.

Malgré l'obscurité, je parviens à distinguer le vert intense de ses yeux, plongés dans les miens comme s'il me demandait la permission d'aller plus loin.

Bien sûr que je veux aller plus loin...S'il décide de tout arrêter maintenant, je vais devenir dingue. Tout mon corps n'est qu'un immense brasier, mes nerfs sont tellement tendus que la plus légère caresse m'arrache des frissons, et je bande déjà si fort que c'en est insupportablement douloureux.

Bordel, j'ai besoin de lui, maintenant, je ne peux plus attendre...

Je cherche désespérément à happer ses lèvres, mais il détourne la tête, ce qui me fait pousser un hoquet de frustration, et se soustrait à mon regard à la fois furieux et interrogateur.

Et là, il m'avoue tout.

La digue cède d'un seul coup, il me déballe tout ce qu'il n'a jamais osé me dire durant toutes ces années.

Comme quoi il s'était rendu compte qu'il était attiré par moi dès les premiers temps où nous avions commencé à nous fréquenter, mais que, par fierté, il avait cherché à refouler ses sentiments. Il n'avait jamais éprouvé ce genre de choses pour un mec, un ado de surcroît, et ça l'avait carrément perturbé. Lui, l'Alpha de Beacon Hills, amoureux d'un gamin passablement bavard et agité, cela lui paraissait tellement ridicule, tellement déplacé...Il avait craint la réaction des autres, il avait eu peur de perdre sa crédibilité de mâle dominant.

Mais plus il désirait refréner ses pulsions, et plus celles-ci le torturaient. Jusqu'au jour où il avait finalement cédé, ce fameux soir où il m'avait embrassé. Après cela, il avait commencé à me détester pour ce que je lui faisais éprouver, pour le faire se sentir si vulnérable, lui qui estimait ne pas avoir à montrer le moindre signe de faiblesse en tant que chef de meute. C'est alors qu'il a pensé que m'ignorer pour essayer de me tenir à l'écart et ainsi m'oublier serait une bonne idée...Jusqu'au moment où je m'était rué chez lui pour l'engueuler, et qu'il avait une fois de plus cédé à son désir, s'enfonçant encore davantage dans les méandres de ses dilemmes intérieurs.

Et puis il avait rencontré Braeden, et cette fille pour laquelle il me jure n'avoir jamais rien éprouvé avait incarné pour lui le moyen tordu de se débarrasser de moi définitivement. Effectivement, son plan avait fonctionné au-delà de ses espérances...Sauf que notre éloignement l'avait fait sérieusement réfléchir, et il avait réalisé qu'il était déjà trop tard pour lui, qu'il ne pouvait et ne voulait plus se passer de moi. Mais par la même occasion, il s'était rendu compte à quel point il m'avait fait souffrir, et là encore, il n'avait pas eu le courage de venir me trouver plus tôt, car il avait eu trop peur que je ne le pardonne pas et que je le rejette comme lui m'avait rejeté.

Jusqu'à aujourd'hui.

J'encaisse tout sans l'interrompre, j'essaye du mieux que je peux d'intégrer cette part de lui que je ne connaissais pas, ce désir qui l'avait torturé tout autant que moi, son dégoût de lui-même pour avoir été aussi égoïste et arrogant.

Et à chaque phrase, je sens mon cœur battre plus fort, mon corps devenir plus léger, parce que l'unique chose que je retiens réellement de tout son discours, la seule qui compte vraiment au fond, c'est le fait qu'il m'a toujours aimé.

Je sais qu'il m'a fait souffrir au point de vouloir en mourir parfois, mais cela n'a plus d'importance désormais.

Comment pourrais-je encore lui en vouloir alors qu'il est là, blotti contre moi, à me dévorer des yeux comme s'il venait de retrouver un trésor perdu depuis des millénaires ?

Comment pourrais-je lui en vouloir alors qu'il me supplie de le pardonner, au bord des larmes, qu'il peine à maîtriser les tremblements de sa voix ?

Et surtout, comment pourrais-je lui en vouloir alors que je suis probablement la première personne à qui il se confie de la sorte, à qui il ose faire part de ses faiblesses, de ses failles?

Quel con...Qu'est ce qu'il s'imaginait ? Bien sûr que je le pardonne.

Je me sens fondre sous son regard, je voudrais me fondre en lui pour l'éternité.

Alors je lui offre mon pardon, mon cœur, mon âme, comme lors de notre première nuit, et cette fois je sais qu'il les acceptera sans retenue, pour les chérir à tout jamais.

Fais moi l'amour, entraîne-moi dans ton Paradis, dans ton Enfer, et ne me laisse jamais en ressortir.

Il se remet à m'embrasser et à me caresser, avec une ardeur décuplée, comme s'il cherchait à rattraper en une seule nuit toutes les autres que nous avons bêtement perdues.

Plus rien n'existe autour de nous.

Plus rien n'a d'importance.

Il n'y a plus que sa peau brûlante sur la mienne, nos membres entremêlés, le ballet amoureux de nos langues, et bientôt, il est là, en moi, à me labourer de coups de reins qui m'arrachent des gémissements puis des cris de plaisir que je ne cherche pas à retenir, quitte à réveiller tout le quartier.

Aime-moi, dévaste moi comme tu sais si bien le faire, comme tu l'as toujours fait...

Je l'aime, je l'aime à la folie, mon cœur va exploser, mon corps se désintégrer, se dissoudre dans le plaisir qui me brûle comme de l'acide.

Il jouit en même temps que moi, sans me lâcher des yeux une seule seconde.

Lorsqu'il fait mine de se retirer, je l'en empêche en plantant mes doigts dans son dos. Je veux le sentir en moi, encore un peu, même si je sais très bien que la nuit ne fait que commencer et que nous sommes très loin d'en avoir fini l'un avec l'autre.

J'ai juste besoin de savourer un peu cet instant avant de perdre à nouveau la tête sous l'effet du désir, de réaliser pleinement que ce que je vis là est bien réel.

Il me sourit, et mon rythme cardiaque s'affole légèrement.

Putain, je crois que c'est bien la première fois que je le vois sourire, il devrait faire ça plus souvent, il est tellement beau comme ça!

Mais je ne peux pas résister à l'envie de le taquiner.

-Arrête ça tout de suite, Sourwolf, on dirait que tu t'apprêtes à bouffer des gosses, c'est carrément flippant !

J'ai l'impression que Stiles Stinlinski est prêt à faire son grand retour...Tant mieux, mon hyperactivité commençait à me manquer !

Le sourire de Derek retombe instantanément, et un grondement sourd s'échappe de sa gorge.

-Stiles ! Tu sais très bien que je déteste quand tu m'appelles comme ça !

Je fais mine de lui montrer les dents à mon tour.

-Dans ce cas-là, viens me punir, je t'attends...

Il ne se le fait pas répéter.

J'ai vingt ans quand il me dit « Je t'aime » pour la première fois...


THE END.

Ouais, pour de bon cette fois !

Merci aux lecteurs qui nous auront suivies tout au long de cette fic, n'hésitez pas à nous dire si cette fin vous a plu, vu que le happy end n'était pas gagné et qu'on a pas mal joué avec vos nerfs, mille pardons pour ça! ^^

A la prochaine ! Bisous à tous et merci encore pour toutes vos reviews et vos encouragements !

-Lilith et Nella-