8 après la fin de l'Elite

POV America

Maxon se lève toujours avant tout le monde, avant même le début de service de nos domestiques personnels, si bien qu'il se prépare tout seul. Il essaye de faire le moins de bruit possible pour préserver mon sommeil mais c'est peine perdue. Je me suis réveillée quand je n'ai plus senti la force de ses bras m'étreindre doucement et la chaleur de son corps contre le mien. Je garde tout de même les yeux fermés, tentant de me rendormir. J'y arrivais presque lorsque qu'il vint s'assoir au bord du lit et caresser mes cheveux, effleurant ma joue au passage. Tandis que j'entrouvrais les paupières, il soupira de bonheur, plongeant son regard dans le mien dès qu'il me sentit bouger.

Il s'exclama tendrement :

- Je ne voulais pas te réveiller, excuse-moi. Rendors-toi.

- Tu l'as fait quand tu as quitté le lit. Ne peux-tu prendre un peu de temps pour toi ? Tu n'es pas un surhomme !

- Mais je suis un roi, America.

Je me redressait dans le lit pour être a la même hauteur que lui :

- Et même un roi a le droit à un peu de repos ! Ton peuple ne t'en voudra pas, la preuve il t'adule ! Et si tu te tues a la tâche qui te remplacera ?!

- Il y mes ministres…

- Mais ils ne sont pas toi ! M'exclamais-je.

Cela me fendait le cœur de le voir travailler autant au mépris de sa santé, j'avais beau lui dire de se ménager il ne m'écoutait pas. Fierté de roi, j'imagine.

- América… soupira-t-il, cette fois de tristesse car cette situation commençait a peser sur nous deux, pour lui comme pour moi. Des disputes a ce sujet avait lieu régulièrement, d'une intensité parfois plus violentes qu'a la normale, qui ébranlait le palais tout entier. Dans ces cas-là, nous finissions par faire chambres à part.

Un soir, après une de ces altercations particulièrement violente, je sortis en trombe du bureau de Maxon, surprenant le garde en faction près de la porte. L'esprit encore occupé par la dispute que nous venions d'avoir et la vue brouillée par mes larmes, je lui suis rentré dedans. Plus par tact que par respect, il s'inclina. Je m'excusais faiblement, je suis sûr qu'il a dû entendre notre conversation et voir mes larmes mais son job se borne a la surveillance du palais et non de jouer au thérapeute de couple. Et puis après tout je suis sa reine, sa supérieure. Je me refugiais alors dans mon Boudoir personnel, claquant la porte au nez de Marlee, mes dames de compagnies et mes femmes de chambres, leur intimant qu'elle pouvait disposer et que je n'avais plus besoin de leurs services. Je m'effondrais de plus belle sur mon bureau, pleurant toutes les larmes que je n'avais pas encore versées. Marlee insista longuement a ma porte mais je ne daignai pas lui répondre une seule fois. Elle finit par se décourager et me laisser seule. Plus tard dans la soirée, épuisée d'avoir tant pleurée que je m'étais endormie, la tête entre mes bras, je sentie une force me soulever avec la plus grande délicatesse possible et me porter jusqu'à mon lit. J'ouvris des yeux que je devinais bien rouges au vu de l'expression de culpabilité immense qui se lisait sur le visage de mon mari.

- America, commença-t-il, je suis affreusement désolé, mon attitude de ce soir était inqualifiable ! Je ne pensais pas un traitre mot de ce que je t'ai dit, dès qu'ils ont franchis mes lèvres je les ai regrettés immédiatement, mais tu me connais mieux que personne, tu es la mieux placée pour savoir que j'abhorre qu'on me dicte ma conduite. Mais cela n'empêche pas que j'ai été le pire des époux ce soir en te traitant de la sorte. Comment me faire pardonner ?! me supplia-t-il.

J'aurais bien voulu le laisser mariner encore un peu mais le fait étais que j'avais besoin de sa présence, d'entendre sa voix me réconforter et ses bras me serrer contre son cœur après les heures que je venais de passer seule.

- Te souviens-tu de ce jour il y a presque 8 ans ? Cette période aussi funeste que magique ? Tu m'as dit que ton cœur m'a toujours appartenu. Je ne te l'ai surement jamais avoué mais tu dois l'avoir deviner depuis longtemps... Mon cœur aussi t'appartiendra pour toujours. « Jurez-vous amour, fidélité, soutient et protection ? Oui je le veux » c'est le serment que nous avons fait. Ce jour-là tu n'as pas seulement fait de moi ta femme et ta reine mais la compagne de ta vie. Te voir te dévouer corps et âme a ce pays me rend fière de t'avoir comme époux. Je n'aurais pu rêver mieux. Mais cela me rend malade de te voir ainsi, enchainant à un rythme quasi inhumain ! Tu ne pourras pas tenir bien longtemps comme cela même avec la meilleure volonté du monde ! Je ne veux que ton bonheur et ne dit-on pas que qu'il vaut mieux être pauvre et en bonne santé que riche et malade ? Tous les cadeaux que tu m'offre, le luxe, les joyaux, les robes somptueuses et les privilèges ne sont rien comparés aux moments que nous pouvons avoir ensemble. Voilà la vraie richesse. J'échangerais sans hésiter ma place contre un mendiant si ce c'est pour ne plus te voir dans un état comme celui des derniers jours ! Alors si tu veux que je te pardonne ne fais plus saigner mon cœur comme cela, je t'en prie ! Criais-je en me blottissant dans ses bras.

Il enfouit son nez dans mes cheveux et nous restâmes de longues minutes comme cela, chacun savourant la présence de l'autre, simplement. Maxon me releva délicatement le menton et déposa sur mes lèvres un tendre baiser, de la même manière que notre premier. Il ne m'avait pas embrassé comme cela depuis longtemps… mon corps frissonna de plaisir. Je ne pouvais résister et je lui rendis son baiser avec une fougue nouvelle. La fatigue avait totalement disparue. Enhardi par ma réponse, il m'allongea sur le lit. Il fit pleuvoir une pluie de baisers sur mon visage, mon cou, mon décolleté. Je fermai les yeux et mon corps se détendit. Comprenant mon invitation, mon tendre époux entreprit de trouver les boutons ou la fermeture éclair (je ne sais plus) qui attachait ma robe. Lorsqu'il l'eu trouvé, il m'en extirpa et continua de couvrir mon corps de ses caresses passionnés qui transformais ma peau en brasier. De mes lèvres s'échappa un gémissement de plaisir. Maxon releva la tête et m'embrassa langoureusement. Sans briser notre étreinte, je me retrouvais à califourchon sur lui, glissant mes mains sous sa chemise, défaisant les boutons uns à uns. Détachant mes lèvres des siennes, je caressai du bout des doigts les contours des abdominaux de son torse. Je ne me lassais jamais de les admirer, même depuis toutes ces années et je n'en revenais toujours pas que cela soit a moi, rien qu'a moi. Mon mari tressaillit et je plongeai mes yeux dans les siens, y lisant tout l'amour et l'admiration qu'il avait pour moi et que j'avais pour lui. Il me rebascula sur le dos et m'embrassa dans la nuque. C'est à ce moment-là que je perdis complètement la tête ainsi que la notion du temps, le reste se bousculant dans un tourbillon maelströmien de sensations, de plaisirs et de bonheur.

- America ? M'appela Maxon.

Perdue dans mes pensées, le retour a la réalité me frappa de plein fouet.

- Oui ?

- Est-ce que tout va bien ? demanda Maxon, un regard inquiet posé sur moi.

- Euh… répondis-je encore un peu désorientée, oui, oui ne t'en fais pas. J'étais juste perdue dans mes pensées.

- Tu n'as donc pas écouté un seul mot de ce que je viens de te dire ?

- Non, désolée. Fis-je, penaude.

Il soupira :

- Pour résumé, je disais que je devais partir travailler, j'ai un conseil de ministres sur le budget dans quelques minutes. Et je ne peux pas me permettre de le rater. Ajouta-t-il en voyant que j'avais ouvert la bouche pour répliquer.

- Très bien. Corrigeai-je donc, baissants les bras a contrecœur devant son obstination.

- Je t'aime, mon amour. Tu es la femme la plus merveilleuse au monde.

Il m'attira dans ses bras, tout contre lui. Le nez dans son cou, je respirais a plein poumons son parfum quand soudain j'en eu un haut-le cœur. Mon roi dû sentir mon corps se raidir sous la tension de l'exercice que je faisais pour réprimer cette brusque sensation car il m'écarta de lui, observant mon visage dans ses plus infimes détails pour essayer d'en déceler la raison, une lueur d'inquiétude au fond de ses prunelles.

- Qu'y a-t-il ?

- Rien, ne t'en fais pas. Vas donc travailler, le pays n'attend pas et je m'en voudrais si je te faisais prendre du retard dans ton emploi du temps. Ce qui signifierait que je t'aurais encore moins à moi toute seule ce soir… glissais-je, taquine, pour essayer de le détourner de son angoisse parfois excessive a mon égard.

- Je suis sérieux, ma chérie. Tu es sure que tu vas bien ? Je veux dire que… Tu n'es pas malade ? Tu es toute pâle.

- Je t'assure que tout vas bien. Je me suis juste redresser trop vite tout à l'heure. Le rassurai-je

- Si tu le dit… Tu ne veux quand même pas appeler le docteur Ashlar pour t'assurer que tu n'es pas souffrante ? Tenta t'il

- Non ! M'écriais-je avec ferveur. Il est inutile de déranger le docteur pour cela, c'est déjà passé. Je vais juste me reposer encore un peu et tout ira pour le mieux après, je t'assure.

- Bon… Alors, je te laisse.

Il m'embrassa sur le front.

- On se voit au déjeuner.

- Oui, travaille bien.

Non sans un dernier regard éloquent a mon attention, le jeune roi quitta notre chambre royale. Et contre toute attente, après m'être rallongée dans les coussins et les couvertures, je me rendormi aussi vite que je m'étais réveillée.