Bonjour !

Je suis de retour avec la suite de « Le réveil d'une Poufsouffle ». Ce tome couvrira la vie de Crystall depuis sa sortie de Poudlard jusqu'à la fin de l'année 1981, il sera donc plus long que le précédent. J'espère que ceux qui ont lu le tome 1 l'apprécierons autant ! La forme est toujours la même : celle d'un journal intime, ou journal de bord comme préfère l'appeler Crystall.

Pour les nouveaux arrivants, mieux vaudrait commencer par le tome 1 histoire de comprendre de quoi on parle. Mais pour ceux qui n'ont pas le courage, je fais un topo rapide.

Crystall Entwhistle est une Sang – Pure qui a été plus ou moins mise à l'écart de sa famille pour une raison non encore expliquée. Durant sa dernière année à Poudlard son meilleur ami Gregory, également Poufsouffle, a été tué sous ses yeux par des Mangemorts alors qu'il la protégeait. Elle a décidé de le venger et est entrée dans l'Ordre du Phénix en compagnie des Maraudeurs sur la proposition de Dumbledore.

Cliché des clichés, elle sort avec Sirius et est devenue amie avec James, Remus et Peter après avoir découvert bien malgré elle le secret de Remus. Elle vit provisoirement chez les parents de Gregory puisqu'elle est à la rue et n'a pas d'argent pour se payer un hôtel ou un studio.

Dans ce premier chapitre, elle va rencontrer Zilphya Gryphem un fantôme avec qui elle a conclu un marché après la mort de Gregory.

Voilà en gros ce qu'il se passe. Mais comme dit, il vaudrait mieux aller lire la première partie vu qu'il y a des OCs de tous les côtés.

Je vous laisse sur ce premier chapitre et vous souhaite une bonne lecture en espérant que ça vous plaira !:)


La Citadelle

Lundi 3 juillet 1978 : assise à la terrasse du Chaudron Baveur

Si Zilphya Gryphem n'était pas un fantôme, je lui enverrais bien un coup de pied aux fesses dès que je la verrais. Elle m'avait dit d'être devant le Chaudron Baveur à 7h30. Il est 8h et il n'y a toujours pas de trace de l'elfe de maison que je suis censée rencontrer. Si elle me dit qu'elle a eu un contre temps, je me fâche. Elle est voyante, alors je parie qu'elle le fait exprès.

Je suis donc partie de chez Richard et Elisabeth tôt ce matin. Je me suis sentie très gênée qu'Elisabeth se lève exprès pour me préparer un petit déjeuné. Surtout qu'elle était encore en pyjama. Je n'ai jamais vu mes propres parents en tenue de nuit alors ceux de Gregory… Ça m'a fait bizarre de me réveiller dans la chambre de Gregory. Il m'a fallu quelques secondes pour me rappeler où je me trouvais et pourquoi j'y étais...

J'étais en train de penser à lui pendant que je tournais en rond devant le Chaudron Baveur lorsqu'on m'a interpellée.

La voix me disait quelque chose, mais ça n'a été qu'en découvrant ses yeux verts et son piercing que j'ai reconnu Dante, le crackmol qui m'a tatoué en mars dernier. Il avait une coupe bizarre. Ses cheveux bruns étaient rassemblés en des dizaines de petites couettes un peu partout sur son crâne. En voyant mon regard interloqué, il a éclaté de rire.

- Ma sœur a décidé que mes coiffures étaient trop monotones alors elle s'est levée exprès pour ça ce matin.

- Tu as du courage pour te pointer sur le chemin de Traverse avec une telle tête.

- Bah, tout le monde ici pense déjà que j'ai un pète au casque. Et si je n'ai plus ces couettes ce soir, Monroe va me tuer. Qu'est ce que tu fais là ?

- J'attends quelqu'un… qui est en retard visiblement.

- Je vais me prendre un petit dej'. Installe toi avec moi.

Je ne connais pas Dante plus que ça vu que ça n'était que notre deuxième rencontre. Mais j'ai l'impression que je le connais depuis ma naissance. Je ne sais pas trop comment l'expliquer...

Je suis trop spontanée en sa présence. Si je ne savais pas qu'il est crackmol, je l'aurais accusé de m'avoir jeté un sort. Ça n'est pas du tout mon genre d'agir comme ça. Je suis quelqu'un de méfiant.

Pourtant, je me suis posée avec lui sur la terrasse, sans cesser de guetter l'elfe de maison que j'attendais. J'avais décidé de m'en aller s'il n'était pas là à 8h30.

- Alors, tu as fini ta scolarité ? s'est –il enquis après avoir commandé son petit déjeuné.

- On dirait bien.

- Tu vas faire quoi ?

- Pour le moment, je vais travailler à la Ménagerie Magique. J'ai un contrat jusqu'à fin août. Si je travaille bien peut être que je serais embauchée plus longtemps.

- Je te voyais plutôt te lancer dans des études supérieures.

- J'imagine que c'est ce que j'aurais fait si je n'avais pas été déshéritée.

- Bah, t'inquiète pas. Je suis sûr que tu vas trouver une façon de le faire regretter à ta famille.

- Ça ne me ressemble pas.

- Venant de quelqu'un qui a aussi mauvais caractère que toi, ça me surprendrait beaucoup plus que tu ne cherches pas à leur prouver ta valeur et la stupidité de leur choix.

J'ai grimacé. Dante devine trop bien. C'est assez effrayant. J'ai tout à fait conscience que mon caractère n'est pas le plus agréable qui soit. Je suis rancunière, colérique, agressive, j'ai l'insulte facile sans compter mon obstination toute récente et la vengeance que je veux accomplir.

Après la mort de Gregory il fallait que ma vie change. Plus question de me vautrer dans la lâcheté et l'indifférence alors que son meurtrier court dans la nature, libre de commettre d'autres atrocités et de suivre Voldemort. Même si je ressens au moins une fois par jour l'envie de tout laisser tomber, de me rouler en boule et de ne plus bouger.

Donc Dante a raison, j'ai bien l'intention de donner une raison à toute le famille Entwhistle de regretter de m'avoir bannie. Maintenant, je n'espère plus qu'ils reviennent sur leur décision comme ça a été le cas durant presque toute ma scolarité. Non. Je suis contente qu'ils l'aient fait.

- On verra, me suis -je contentée de répondre le faisant à nouveau sourire.

Il a tout le temps l'air d'être de bonne humeur. Il a fini par s'en aller en me souhaitant une bonne journée. C'est lui qui devait ouvrir la boutique de tatouage. Bon, je vais devoir attendre toute seule l'hypothétique arrivée du messager de Zilphya.

*Manoir Gryphem*

Alors là, je te dis merde Journal.

Au moment où je quittais la table de la terrasse pour laisser ma place à d'autres sorciers, un elfe s'est matérialisé à l'endroit où j'avais attendu avant l'arrivée de Dante. Le fameux Zek dont Zilphya m'avait parlé.

La première chose qui m'a choquée chez lui, ça a été que ses vêtements n'étaient ni crasseux, ni tâchés, ni déchirés. Ils étaient propres et semblaient presque neufs. C'était bien la première fois que je voyais un elfe de Maison aussi bien habillé. La deuxième chose qui m'a frappé, ça a été la taille de ses oreilles. Elle sont gigantesques pour un être de sa taille. C'est à se demander comment il peut bouger la tête sans en être déséquilibré. Il a levé ses grands yeux bruns vers moi.

- Est – ce vous Miss Crystall Entwhistle ? a t –il couiné quand je me suis arrêtée devant lui.

- Oui. Tu es Zek, l'envoyé de Zilphya ?

- La Maîtresse à ordonné à Zek de ramener Miss Crystall Enwthistle à la Citadelle. Miss Crystall Entwhistle veut – elle bien que Zek la touche pour la transporter ?

- Pourquoi ne pourrais –je pas transplaner directement ?

- Zek n'a pas le droit de répondre aux questions Miss Crystall Entwhistle. Seule la Maîtresse en a le privilège.

- Très bien, je demanderais à Zilphya alors. Allons –y.

Je n'avais jamais été transportée par un elfe de maison. Leur téléportation est bien plus agréable que le transplanage qui vous comprime et vous donne une grosse envie de vomir. Et encore, seulement si vous supportez ce mode de transport. Si vous ne le supportez pas, c'est bien pire.

Avec le crack ! habituel signalant la téléportation d'un elfe nous avons disparu pour réapparaître dans un endroit beaucoup moins animé que le Chemin de Traverse.

Face à moi, il y avait un imposant mur qui devait bien faire trois mètres de haut et une grille rouillée en fer forgé sur laquelle on pouvait néanmoins nettement lire l'inscription "Gryphem" élégamment ouvragée. En dessous du nom de famille, il y avait un blason que je n'avais jamais vu. Deux têtes de griffons regardant chacune dans une direction opposée et en dessous de leur cou qui se rejoignaient au centre du portail se trouvait un œil.

J'ai su rien qu'à la rouille et à l'état du mur, envahit par le lierre, que l'endroit devait avoir été laissé à l'abandon pendant des dizaines d'années. Au-delà du portail, il n'y avait que le ciel, donc nous devions nous trouver en haut d'une pente suffisamment raide pour qu'on ne la voit pas. Sans doute en haut d'une falaise.

- Zek est désolé, Miss Crystall Entwhistle. Zek vous a fait arriver dans le mauvais sens.

J'ai baissé le regard vers l'elfe de maison avant de faire demi tour. Et je suis restée bouche bée. Réellement. J'aurais pu gober des mouches sans le remarquer.

On ne peut même pas qualifier de Manoir la demeure des Gryphem tellement elle est vaste. Bien entendu, elle n'est pas aussi grande que le château de Poudlard, mais elle n'en est pas très loin non plus. L'édifice de pierre blanche semble pouvoir toucher le ciel via l'unique tour qui se dresse à des centaines de mètres au dessus sol.

Au dessus de cette tour, le ciel est rouge et non plus bleu. La couleur pourpre s'atténue jusqu'à disparaître au niveau du sol, mais elle atteste de la présence d'un bouclier extrêmement puissant qui entoure le tout comme une cloche.

Des tourelles beaucoup plus modestes entourent la partie principale de la Citadelle qui compte suffisamment de fenêtres pour qu'on soit découragé rien qu'à l'idée de visiter un quart des pièces . Il n'y a cependant aucun lumière allumées derrières ces fenêtres comme c'est le cas à Poudlard.

Le lierre qui couvre le mur d'enceinte a aussi envahi celui de la demeure sur plus de 20 mètres de hauteur, atteignant le premier pan de toit que possède l'édifice. Certaines fenêtres sont brisées. L'apparence de la Citadelle parle d'une puissance passée et oubliée. On la voit partout où on pose les yeux et ce même sans pénétrer à l'intérieur. Mais à présent, c'est juste un endroit fantôme et glauque. Ça m'a sincèrement faire de la peine.

- Veuillez me suivre, Miss Crystall Entwhistle, est intervenu l'elfe alors que je tournais le regard vers la végétation laissée à l'abandon qui envahissait l'espace entre le portail et la porte d'entrée. Et veillez à rester sur le chemin, je vous prie. Zek ne pourrait pas vous sauver si jamais vous vous faisiez piégée par les sorts où les plantes.

J'ai ouvert la bouche pour lui demander de quel chemin il parlait. Mais en baissant le regard, j'ai pu voir entre les touffes d'herbes qui m'arrivaient presque au genoux l'éclat blanc d'une dalle. En avançant vers la maison, l'herbe se faisait plus courte et j'ai pu remarquer qu'il y avait effectivement un dallage qui devait autrefois former un chemin. A présent, elles sont fracturées et désolidarisées les unes des autres.

Nous sommes arrivés devant une porte à double battant en bois aussi démesurée que l'édifice qu'elle ferme. Les marches menant à la porte sont assez hautes pour que Zek soit obligé d'utiliser ses mains pour les gravir.

Il y avait une inscription en lettre dorée sur cette porte, mais elle a tellement subi les aléas du temps que j'ai été incapable de la lire à part une lettre ça et là. Zek a levé son petit point et a frappé trois fois sur le battant. Les coups se sont répercutés comme dans un écho à l'intérieur de la Citadelle et après quelques secondes, les deux battants de la porte qui ne comportaient ni serrure ni clenche se sont ouverts vers l'intérieur.

Il y faisait noir comme un four et j'ai vraiment hésité sur le porche. J'admets que j'étais effrayée. Il y avait de quoi. Zek est entré, ses pieds nus claquant contre le carrelage et s'est incliné quelques pas plus loin.

- Maîtresse, Miss Crystall Entwhistle est arrivée.

- Merci. Tu peux disposer après nous avoir fait un peu de lumière.

Après une nouvelle courbette, l'elfe a disparu dans les entailles de la Citadelle. Zilphya, dont j'avais reconnu la voix, s'est avancée vers la porte bras croisés dans le dos. Elle n'a pas changé depuis notre dernière rencontre. Cette remarque est stupide, étant donné qu'elle est un fantôme et que les fantômes ne changent pas. Mais c'est la première chose à laquelle j'ai pensé en la voyant. Elle est toujours aussi belle. Pas juste jolie, belle.

- Soyez la bienvenue en ma demeure Crystall Entwhistle. Vous êtes la première vivante à contempler la ruine qui reste de la gloire des Gryphem. Je ne puis affirmer qu'il s'agit là d'un honneur.

- Que s'est –il passé ici ? ai –je soufflé.

- Rien de plus que les ravages du temps. Zek est un elfe efficace, mais il ne peut entretenir tout le domaine à lui tout seul. Voudriez –vous bien entrer ?

- C'est sans risque ?

- Tant que vous écouterez ce que je vous dirais, vous ne risquez rien entre ces murs. Le jardin est bien plus dangereux quand bien même il n'en a pas l'air.

J'ai jeté un coup d'œil vers le jardin en question. Il avait l'air moins sinistre que l'intérieur, mais connaissant le genre de plante et de créatures qu'on peut trouver dans un jardin de sorcier, j'ai cru le fantôme sur parole. J'ai prudemment avancé dans la demeure.

Les portes se sont refermées sur moi et il y a eu quelques secondes de noir total qui ont réussi à me foutre les jetons de ma vie avant que les plafonniers ne s'allument. Il s'agissait de lustres en cristal et en or qui n'émettaient qu'une lumière diffuse. Cette lumière déformait les objets et ne rendait pas du tout rassurant ce hall lugubre.

- Hum… j'avais oublié que ces lustres émettaient si peu de lumière, a dit Zilphya. Je pense qu'un Lumos Maxima serait le bienvenu.

Je me suis empressée de m'exécuter trop heureuse d'éclairer un peu mieux l'endroit. Mon sort était bien plus puissant que les pauvres loupiotes des lustres. Il m'a permis de voir nettement l'étendue de ce hall. Un clan de géant aurait pu y passer la nuit sans être serré.

Il n'y avait pas grand-chose. De nombreux tableaux étaient accrochés aux murs et j'ai vu certains personnages se frotter lentement les yeux après avoir été réveillés par ma lumière. Mais d'autres n'ont pas bronché comme si, avec le temps et l'immobilisme, ils étaient "morts". A gauche, il y a une arcade qui s'ouvre sur une vaste pièce, mais dès que j'ai fait mine de scruter plus en détail ce qu'il y avait dedans, un mur est tombé du plafond pour la cloisonner, me faisant sursauter.

En face de la porte, il y a un escalier de marbre blanc, royal, qui mène aux étages. Mais ce qui a le plus retenu mon attention a été l'élégante petite table qui était installée au beau milieu de ce grand hall quasiment vide et le confortable fauteuil qui se trouvait à côté, tourné vers la porte.

Ça faisait un peu tâche et très étrange. Je me suis approchée, manquant de tomber en trébuchant sur les irrégularités du sol. Il y avait sur la table trois objets : une théière et une tasse (vides mais soigneusement nettoyées), ainsi qu'un livre intitulé "Le regret : remède de la magie noire". Le tout sans un seul grain de poussière. J'ai voulu le prendre pour le feuilleter, mais Zilphya est intervenue :

- Ne touchez pas à ça Crystall.

- Qu'est ce que ça fait ici ? Un hall n'est pas vraiment un endroit pour prendre le thé.

- Je suis morte devant ce fauteuil.

Je me suis tendue. J'ai de la peine pour elle. J'aurais mieux fait de ne jamais faire la remarque. Je me suis tue, embarrassée. Même si j'aurais bien aimé lui demander comment elle était morte. J'ai toutefois gardé ma curiosité malsaine pour moi.

- Être curieuse n'est pas une tare, Crystall, a souri le fantôme en se plaçant entre moi le fauteuil. Il faut juste exercer sa curiosité avec prudence. Tom se tenait exactement là où vous êtes quand il m'a assassinée. Un simple Avada.

Il m'a fallu un moment pour me rappeler de qui était Tom. Quand j'ai compris que je me trouvais à un endroit où Voldemort s'est tenu, je me suis écartée d'un pas. Mettant un peu de distance entre Zilphya et moi par la même occasion. Nous nous trouvions presque nez à nez avant.

- Est-ce que ça fait mal ? ai –je chuchoté sans trop savoir si je voulais qu'elle entende.

- Non. On ne se rend même pas compte qu'on quitte notre corps. Ne vous inquiétez pas, Monsieur Levis n'a pas souffert lorsqu'il est mort.

Je ne me suis pas étonnée un seul instant qu'elle devine que ça n'était pas pour elle, mais pour Gregory que je posais la question. Ça n'aurait rien changé, mais je suis quand même soulagée qu'il n'ait rien senti en mourant.

- Bien, Crystall. Il me semble que nous avons du travail. Suivez moi. Faites attention où vous posez vos pieds et gardez votre baguette à la main.

- Je croyais qu'il n'y avait aucun danger dans ces murs ?

- Il n'y en a pas. Mais avec les années et l'obscurité omniprésente ici, les épouvantards se sont mis à pulluler sans que Zek ne puisse y faire quoi que se soit. Alors tenez vous prête si jamais.

Nous avons gravi l'escalier blanc. Je ne saurais pas dire comment nous sommes arrivés dans la bibliothèque. J'étais complètement perdue au bout du deuxième couloir. Si elle m'avait abandonné là bas, je n'aurais jamais retrouvé la sortie. Zek se trouvait déjà dans la bibliothèque quand nous sommes arrivées. Il tirait de ses bras maigres les imposants pans de rideau qui empêchaient la lumière de pénétrer par les hautes fenêtres qui trouaient le mur.

Ce geste soulevait des nuages de poussières phénoménaux et je n'ai pas pu m'empêcher de tousser. Pour chasser les particules de poussière et l'odeur de renfermé qui régnait, Zek a ouvert les fenêtres en grand. J'ai voulu lui donner un coup de main, mais Zilphya a refusé, disant que c'était son travail et qu'il n'avait pas besoin d'aide. J'avais des choses plus important à penser selon elle.

Elle m'a entraînée entre les rayonnages de livres. Ils étaient tous poussiéreux et avaient l'air très anciens. Certains bouquins tremblaient et on entendait parfois des gémissements s'échapper d'eux. Les livres qui font ça ne sont pas très recommandés à la lecture en général.

Au fond de la bibliothèque, à l'abri du courant d'air qui balayait la pièce, se trouvait un banc rembourré. Je me suis assise dessus sur l'invitation de Zilphya, me glissant derrière la table. Un fin carnet de cuir teinté en rouge accompagné d'une bouteille d'encre et d'une plume d'un bleu vif provenant d'un oiseau qui m'était totalement inconnu reposaient dessus.

- Bien, nous pouvons commencer. Ouvrez ce carnet et écrivez sur la première page : Guide de Voyance. Dicté par Zilphya Gryphem, écrit par Crystall Entwhistle.

- Mettre mon nom dedans est vraiment nécessaire ? me suis –je enquise.

J'étais réticente à l'idée. Je ne savais pas ce qu'elle avait l'intention de faire de ce que j'allais écrire. Surtout que le nom "Guide de Voyance" est extrêmement louche. Je ne veux pas qu'elle me mêle à des choses auxquelles je ne souhaite l'être.

- Oui, votre nom est essentiel. Ça ne vous attirera pas d'ennuis, je vous le promets.

- Oh, attendez, avant que j'aille plus loin, nous n'avons pas parlé de votre partie de ce contrat.

- Très juste, a t –elle dit vraisemblablement agacée que je m'en sois souvenue. Hé bien, je vous écoute, qui voulez vous sauver ?

- Je veux que vous m'aidiez à sauver la famille de Gregory. Ses parents et son petit frère ou sa petite sœur.

- Nous n'avions parlé que d'une personne. Ça en fait trois.

- Non négociable.

- Vous vous trouvez en ma demeure. Si je le voulais, je pourrais vous garder enfermée dans ces murs jusqu'à ce que vous écriviez ce livre pour le simple plaisir de pouvoir vous en aller.

Un frisson d'effroi m'a parcourue l'échine. Je n'avais pas pensé à ce détail en essayant de jouer à la plus maligne. Je me suis dit que comme elle avait absolument besoin de moi (ça me semble évident, sinon elle ne m'aurait jamais fait venir ici), je pouvais essayer d'en tirer un maximum d'avantage.

Je n'avais toutefois pas envie de revenir sur ma décision. Alors j'ai croisé les bras pour essayer de cacher l'effet que ses paroles avaient eu sur moi et paraître plus déterminée que je ne l'étais en réalité. Elle m'a longuement fixée avant de sourire. Un sourire carnassier qui ne m'a rien de dit de bon.

- On dirait que vous avez trouvé un peu de courage au fond de vous, Crystall. Ça ne pouvait vraiment pas vous faire du mal. Votre comportement faisait peine à voir. Soit, je vais vous aider à sauver ces trois personnes.

J'étais prête à me réjouir même si sa remarque sur ma vie m'a foutue en rogne. Mais ce veracrasse de fantôme a repris la parole quelques secondes plus tard au moment où je me disais que j'avais gagné. Elle avait juste attendu le temps qu'il fallait pour pouvoir casser ma joie.

- Mais alors vous allez devoir faire quelque chose de supplémentaire pour moi. Sinon le marché n'est plus équitable.

- Quoi comme ? ai –je grondé.

- Comme vous l'avez déjà noté, il y a un certain nombre de tâche à accomplir ici qui nécessitent une baguette. Alors vous allez faire ça pour moi.

- Ça consisterait en quoi exactement ?

- D'abord, se débarrasser des épouvantards. Et si nous avons encore du temps par la suite lever quelques sorts qui ont perdu leur utilité au fil du temps.

Je me suis demandée si j'avais vraiment le choix. Au final, c'est elle qui dispose de toutes les cartes. La famille de Gregory ne serait pas immédiatement en danger, du moins je l'espère, alors j'aurais achevé d'écrire ce bouquin et d'effectuer ces quelques tâches avant qu'elle n'ait pu ne serait –ce que commencer à remplir sa part du marché. Je ne lui fais pas confiance. Mais encore une fois, je n'ai pas le choix. J'ai accepté.

Je n'ai pas compris la moitié de ce que j'écrivais. Les notions qu'elle a évoqué me sont totalement étrangères. Elle paraissait tellement sûre de ses paroles que je n'ai pas osé lui dire qu'elles n'ont pas de sens à mes yeux. De toute façon, ce livre n'est pas pour moi.

Vu la façon dont elle dicte le texte, je pense qu'elle doit préparer cet instant depuis des années.


Voilà, pour ce premier chapitre qui est assez court, je dois dire. Comme d'habitude, n'hésitez pas à me donner votre avis et vos impressions.

A suivre...