Titre : Try to Escape From Reality

Pairing : RoyEd

Rating : T

Disclaimer : Tout appartient à Hiromu Arakawa - Gloire à elle ! Sauf les quelques personnages crées par mes soins.

Résumé : Le corps de son frère récupéré, Edward quitte l'armée. Si les raisons sont floues, sa disparition soudaine inquiète non seulement sa proche famille mais également ses amis.

Pas de béta, donc risque hautement élevé d'erreurs diverses et variées.

~ /!\ YAOI /!\ ~


Je ne peux que vous m'adresser de nouveau mes plus plates excuses pour ce retard abyssal, tout en ne pouvant vous promettre qu'il ne se reproduira pas. Je viens de passer six mois sans ordinateur, ce qui en a résulté une motivation frisant le néant absolu. Tout mon entourage s'amuse à m'offrir des carnets et des stylos à foison car tous connaissement ma manie d'écrire n'importe ou et n'importe quand, mais ça ne m'aura pas permis d'avancer des masses, bien au contraire. J'ai même bosser sur carrément autre chose, bref. Je tiens tout de même à souligner le fait qu'Escape est dans un stade d'avancement certain. Elle possède déjà 16 chapitres (à moitié finis), un épilogue, et une suite qui sera publiée sous forme de divers OS (7 sont déjà écrits, il y en aura probablement d'autres), ce qui signifie que je prendrais le temps qu'il faudra, mais que cette histoire aura sa fin. Promis !

En attendant, bonne lecture :)


Chapitre 9

- POV Général (Central) -

C'était louche. Vraiment louche.

Roy, depuis la fenêtre de son bureau, discrètement planqué derrière le rideau, le regarderait faire les cents pas depuis une dizaine de minutes maintenant. Ses allers-retours incessants allaient bientôt lui filer le tournis, mais il ne pouvait détacher ses yeux de ce spectacle inhabituel. C'était définitivement louche.

Il sursauta pourtant violemment quand la porte du bureau s'ouvrit à la volée, et tourna la tête à la seconde pour y découvrir un blondinet à l'œil ombrageux. Le cadet Elric dans toute sa splendeur, qui n'avait jamais autant ressemblé à son frère qu'en cet instant. Ce dernier le regarda, les yeux flamboyant de colère et s'avança dans la pièce sans le moindre salut pour son supérieur. Roy le regarda, sans bouger, littéralement balancer un dossier, probablement celui qu'il lui avait demandé de rapporter, sur son bureau avec une insolence propre à son code génétique. Alphonse fit ensuite demi-tour et disparut dans un claquement de porte mesuré.

Roy eut une moue dubitative et soupira. Il pouvait aisément comprendre sa colère, mais il devrait peut-être envisager de lui rappeler qui était le patron, ici. Ils étaient nombreux à l'avoir oublié ces derniers temps. Par ailleurs, il s'était contenu de toute ses forces de ne pas lui demander s'il avait eu du nouveau pour son frère. Mais il avait compris que rappeler a Alphonse pourquoi ce dernier était obligé de chercher Edward tout seul de son côté n'était définitivement pas une bonne idée. Lui-même commençait tout doucement à le regretter. Pourquoi avait-il pris cette décision, déjà ?

Se détournant de la porte d'entrée, il reporta son attention sur le phénomène étrange qui s'était fait la malle entre temps. Agacé au possible, il se réinstalla sur son bureau, et repartit à l'assaut de son travail. Le dossier qu'Alphonse avait rapporté ne lui était d'aucune utilité bien entendu, et il se contenta de le ranger, et d'attendre que son demandeur officiel vienne le réclamer. Ce qui selon les estimations de Roy ne devrait pas prendre beaucoup de temps.


Le Colonel Hugues, Maes de son petit nom, regardait les aiguilles de son horloge murale défiler à une vitesse proche de zéro, ce qui avait le don de l'exaspérer au plus haut point. La journée avait été particulièrement longue, puisqu'il s'était levé aux aurores ce matin même, sans avoir obtenu le moindre petit bisou d'encouragement des deux femmes de sa vie; avait passé la majeure partie de la journée à gratter du papier, et commençait peu à peu à comprendre pourquoi son meilleur ami passait la plupart de son temps à glandouiller dès qu'il en avait l'occasion. Jouant avec un stylo d'une main, il laissa son regard vagabonder au loin par la fenêtre de son bureau, suivant des yeux le soleil qui s'abaissait dangereusement à l'horizon. La nuit tombait, emmenant avec elle sa journée difficile. Il s'autorisa un petit rire à la pensée du festin de roi qui devait l'attendre à la maison, et d'un petit monstre à couettes qui lui sautera dessus pour jouer jusqu'au bout de la nuit, ce qui lui sera difficile de refuser, il le savait.

Décidant qu'il était bien assez tard et que son dossier pouvait attendre le lendemain matin avant d'être terminé, Maes se leva de sa chaise, emportant avec lui sa veste précédemment posée sur le dossier. L'enfilant pendant qu'il marchait à sa porte, il vérifia que les clefs de chez lui étaient bien dans la poche de son pantalon avant de passer la porte. Les couloirs du QG étaient vides à cette heure avancée de la nuit, mais il rencontra une silhouette familière au détour d'un couloir.

« Shiezka ! » Cria-t'il, interceptant la jeune femme qui s'apprêtait à disparaître de son champ de vision.

Cette dernière fit demi-tour sur ses pas, surprise, et lui fit un sourire.

« Colonel ! Vous travaillez tard.

- Je vois qu'il en est de même pour vous. »

Elle ricana.

« J'allais rentrer justement, Kain doit m'attendre.

- Kain ? »

Shiezka, se rendant compte de son erreur, rougit violemment et baissa la tête gênée.

« Le ... L'adjugent-chef ... Fuery ... » Bafouilla-t-elle.

Après un petit moment de flottement ...

« Oh ! En voilà une bonne nouvelle ! S'écria Maes, un grand sourire aux lèvres.

- Euh... Ce n'est pas ... Enfin, on parle littérature, vous savez, il est très cultivé à ce niveau, j'aurais pas cru !

- Ah mais ne vous justifiez pas, je ne suis pas votre père ! C'est bien que vous fréquentiez la gente masculine cela dit, j'avais un peu peur que vous finissiez mariée à une bibliothèque pour être tout à fait honnête avec vous ! »

Rougissant plus encore, la jeune femme répondit un timide « Merci ».

Ils se dirigèrent ensuite vers le bureau de Shiezka qui récupéra sa veste et ils firent ensemble le chemin jusqu'aux portes du bâtiment.

« Est-ce que vous avez du nouveau concernant Monsieur Elric ?

- Hum ? Les nouvelles vont vite ici. Oh, laissez-moi devinez, Kain c'est ça ?

- Oui. J'ai été surprise de l'apprendre.

- Comme nous tous. Et pour répondre à votre question, chou blanc pour le moment. Faut dire que ce n'est pas trop le temps pour nous de nous éparpiller, on a plus urgent à traiter.

- Le policier, Douglas ? »

Maes acquiesça. « Le dossier devient inquiétant de minute en minute. D'ailleurs ne traînaient pas trop tard dehors, j'ai bien peur que les rues de Central ne soient plus très sûres.

- Vous pensez que ça va continuer ?

- Tant qu'on ne saura pas qui est sur le coup et pourquoi il fait ça, il n'y a aucune raison de penser le contraire. »

Un coup d'œil sur leur droite leur montra un Fuery qui regarda sa montre avant de constater d'un sourire leurs présences. Ils se dirigèrent donc vers lui et continuèrent de papoter quelques minutes avant de se séparer. Maes en profita cependant pour lui faire un petit clin-d 'œil amical et après un signe de main amical à la jeune femme qui se liquéfia sur place, il reprit sa route, profitant de la brise fraiche qui commençait à se transformer en pluie déferlante.

Des voix s'élevèrent et une voiture sans plaque d'immatriculation démarra en trombe non loin de là et Maes fixa le véhicule d'un œil critique et minutieux jusqu'à ce qu'il sorte de son champ de vision.

Oui, il se passait des choses inquiétantes sur Central.


Roy Mustang, que les divers dossiers tapissant son bureau avaient fini par effrayer, se promenait tranquillement dans les couloirs du QG de Central à la recherche de quelque chose de bien plus passionnant à faire ou bien même quelqu'un à emmerder puisque sa cible favorite s'était faite la malle.

Il secoua la tête de gauche à droite pour rapidement chasser Ed de ses pensées (il avait tendance à trop y être présent ces derniers temps) tandis qu'il se fit bousculer par un officier visiblement pressé au détour d'un couloir. Celui-ci reprit sa route sans même un mot d'excuses et Roy se massa l'épaule, passablement mécontent.

Sans même s'en apercevoir, et sans l'envisager, ses pas le menèrent non loin du bureau de Maes ; et il décida toutefois d'en prendre la direction. Arrivant devant celui-ci, il fut surpris d'en découvrir la porte ouverte. Il vit Maes assis à son bureau, le Lieutenant-Colonel Armstrong à sa droite et un autre officier dont il ne connaissait pas le nom à sa gauche. Ce dernier quitta la pièce rapidement dès que Roy y mit un pied et les deux autres se retournèrent vers lui.

« Tiens, salut Roy.

- Général. »

Maes tendit un dossier à Armstrong qui le prit et sortir également du bureau à la hâte. Roy l'avait suivi du regard et Maes décida de répondre à sa question muette.

« Désolé si je n'ai pas trop de temps à t'accorder aujourd'hui. Comme tu peux le voir toi-même, c'est un peu le bordel ici. »

Roy se retourna vers lui et se dirigea vers la chaise située de l'autre coté de son bureau.

« C'est quoi, le problème ?

- Eh bien, tu te souviens de mon cadavre mort dans des circonstances inconnues ? »

Roy acquiesça silencieusement.

« Il semblerait qu'il se soit fait deux nouveaux petits camarades. »

Roy fronça les sourcils.

« Développe?

- Le premier cas recensé est celui de Central, Douglas, l'épicerie de l'avenue principale, etc. ... Deux autres cas nous ont été signalés ce matin. Un à la cité de l'Ouest, et le second à Dublith. C'est Alphonse qui nous as remis son rapport en mains propres.

- Exactement les mêmes circonstances ?

- En tout point identiques. Nous avons par ailleurs reçu les premiers résultats de l'autopsie de Douglas. Le pauvre type s'est fait empoisonné.

- Inhabituel et inquiétant. Empoisonnement à quoi, exactement ?

- Je ne te le fait pas dire. Nous ne connaissons pas encore tous les détails, ni si l'incident est d'origine criminel ou pas, mais nous avons reçu l'ordre de nous occuper de cette affaire en priorité.

- Je vois. Oui, c'est tout à fait compréhensible. Mon équipe est à ta disposition, si tu en as besoin. »

Maes referma son dossier et se tourna vers Roy.

« Vous n'avez pas d'autres affaires plus urgentes à traiter ? »

Maes demandait par-là, implicitement, s'il comptait faire quelque chose concernant Edward. Mais Roy ne semblait pas avoir saisi le message. Ou fit plus vraisemblablement semblant d'ignorer le message subliminal.

« Pas spécialement. De plus, c'est un dossier prioritaire comme tu viens de le dire, alors plus nombreux nous serons sur l'affaire, plus vite elle sera résolue. »

Maes acquiesça silencieusement.

« Dans ce cas, j'accepte avec plaisir. Mais avant ça, faut que tu me dises un truc. »

Roy parut surpris.

« Oui? Que veux-tu savoir ? »

Bon, c'était le moment de vérité. Roy semblait être dans un bon jour, alors Maes espérait vaguement qu'il allait répondre à sa question.

« Dis-moi ce qu'il en est pour Ed, exactement. »

Roy cligna des yeux.

« J'arrive pas à croire que tu oses remettre ça sur le tapis une fois de plus. Fit-il, d'un air mauvais.

- Le problème Roy, c'est qu'il est absolument hors de question que je te lâche la grappe tant que n'auras pas répondu à ma question.

- Sérieusement Maes, que veux-tu que je te dise ? Ça serait plutôt à toi de m'en dire un peu sur le sujet, tu ne penses pas ?

- Moi ? Pourquoi ? »

Clairement, Maes ne voyait pas du tout où Roy voulait en venir.

« Tu te fous de moi ? Je te signale qu'il m'a ... enfin, tu sais quoi juste après avoir parlé avec toi ! »

Maes faillit rire au fait que Roy n'était pas capable de prononcer "ça" à haute voix, mais vu comment il était en pétard actuellement, il n'aurait pas spécialement apprécié.

« C'est pas à moi de te parler de ça. Répondit-il tout simplement en haussant les épaules.

- Me parler de quoi ? A quoi fais-tu allusion ?

- Je te suggère d'attendre qu'Ed se pointe à nouveau pour lui poser directement la question. »

Roy grogna. Ce que Maes pouvait être chiant quand il s'y mettait.

« Fantastique. » Fit-il, amer.

Toute cette situation, tout comme la conversation qu'il avait actuellement, commençait vaguement à lui prendre la tête.

« Roy, je vois bien que ça te perturbe.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler. Dit-il avec le plus de mauvaise foi possible et imaginable.

- Regardes-toi, t'es sur les nerfs, tu t'excites pour un rien et il parait que t'es en train de te tuer au travail. Je ne déconne pas Roy, tu dérailles là.

- Je travaille comme un dingue car on à du boulot à revendre et je m'excite comme tu dis car tu n'arrêtes pas de me faire chier avec cette histoire de merde alors que ... »

Roy s'était arrêté dans sa tirade quand il s'aperçut avoir involontairement élevé la voix et surtout s'être levé de sa chaise. C'est devant le calme olympien de Maes qu'il réussit à regagner le sien.

« Excuses-moi ...

- Ce n'est rien. »

Maes ne chercha pas à répartir à l'assaut en voyant l'état de son meilleur ami. À ce stade, Roy dévoilera de lui-même tout ce qu'il avait à dire sur cette histoire. Ce dernier s'effondra dans la chaise et mis une main sur son visage, en signe de profonde lassitude. Ça lui coutait de dire ça, mais il le fallait.

« J'ai aimé ça.

- Quoi donc ?

- ... Qu'il m'embrasse. »

Si Maes s'était attendu à quelque chose, il fut tout de même relativement surpris d'entendre ça sortir de sa bouche.

« Le fait d'avoir été embrassé ou le fait que ce soit lui qui l'ai fait ? »

La tête que Roy tirait à ce moment-là était impayable, car il ne s'était pas posé la question avant, et Maes n'avait pas besoin d'avoir une quelconque réponse de sa part pour deviner de quoi il en retournait. Oui, Roy était plus que surpris que la première chose à laquelle il ait pensé c'est que c'était bien le fait que ça soit Ed qui l'ai fait qui lui ai plu. Maes, devinant que son brun de meilleur ami n'était pas prêt de répondre, décida de tâter un peu le terrain, histoire de voir si Roy était en mesure de lui en dire plus.

« Et ... C'est grave ?

- Je ne sais pas. T'en penserais quoi, toi, qu'un gamin de quatorze piges ton cadet, et surtout qui bosse à ton service, te saute dessus comme ça, sans préavis ?

- Tu ne réponds pas spécialement à la question. Et au cas où tu l'aurais oublié, Ed n'est plus vraiment un gamin. »

Roy soupira après avoir murmuré un vague "Est-ce qu'il l'a seulement été un jour ?". Il était lancé, ce n'était même plus la peine d'essayer de cacher quoi que ce soit.

« Ce qui est grave, c'est que je n'arrive pas à ne pas y penser. J'ai ce moment précis en tête le matin quand je me lève et le soir quand je me couche. C'est tout simplement en train de me rendre dingue, Maes. Et c'est pire depuis qu'il est parti Dieu seul sait où. Je n'arrive même pas à me souvenir pourquoi je l'ai repoussé !

- Et tu le regrettes?

- Évidemment ... » Souffla Roy en soupirant.

Ce dernier le regarda, un large sourire aux lèvres. Dire qu'Ed n'était même pas là pour l'entendre dire ça ... Roy remarqua l'air passablement satisfait de son meilleur ami, et le regarda, profondément blasé.

« Quoi ?

- Rien. Enfin ... Je me disais juste que ... C'est la première fois que je t'entends dire ça.

- Évidemment. C'est la première fois qu'on me fait ce coup-là.

- Ne fais pas celui qui ne comprends pas, s'il te plait. Je ne t'ai jamais entendu parler comme ça, Roy. »

Roy soupira une nouvelle fois. Il en était parfaitement conscient, et c'était ça le pire dans l'histoire. Il déglutit et demanda.

« Est-ce que je peux te demander ce que vous vous êtes dit, la dernière fois que vous vous êtes vu ?

- Certainement pas.

- Ce n'était pas donnant-donnant les informations ? Je t'ai connu moins radin que ça.

- T'as mis trois jours avant de m'avouer ça. Retente ta chance dans trois jours !

- Ce que tu peux être chiant quand tu t'y mets ... »

Puis il se leva de sa chaise et piqua le dossier de Maes, sous les yeux de celui-ci.

« Je t'emprunte ça pour mon équipe. Je te le redonnerais à l'occasion.

- Garde-le. On ne va pas tarder à les distribuer comme des petits pains de toute façon. Roy ?

- Hum ?

- Tu vas faire quoi, pour Ed ?

- Il n'y a rien à faire, tu le sais aussi bien que moi.

- Oui ... Oui, sans doute. Ne te prends pas trop la tête avec ça, va. »

Roy quitta la pièce d'un signe de main. Maes croisa les bras et se demanda à voix basse.

« Qu'est-ce que tu fou, Ed ? ... »


« Bon, alors ? »

Riza, Jean, Breda, Falman et Fuery étaient présentement tous réunis sur leur bureau commun, en train de travailler, quand Breda décida de mettre les pieds dans le plat en relançant ce qui était devenu le "mystère non résolu numéro un". Riza se tourna vers lui, et tous tendirent l'oreille.

« Alors quoi ? »

Jean fronça les sourcils. Que Riza agisse de manière détachée et désintéressée n'était pas rare en soi, mais tout de même, cela cachait quelque chose. Breda pointa du pouce le bureau de Mustang en baissant la voix, sachant pertinemment ce dernier en train de travailler. Ce geste muet indiquait une multitude de questions dont elle n'était pas certaine de pouvoir et de vouloir parler. C'était, pour ainsi dire, quelque chose qui relevait encore du domaine du privé.

« Rien de bien intéressant, j'en ai bien peur. »

La tension retomba d'un cran dans le bureau. La plupart considérèrent sa réponse comme parfaitement plausible. Il n'y avait aucune raison que Riza mente, n'est-ce pas ?

« Hé bien dans ce cas, racontes-nous ! »

Jean insista néanmoins car il n'était pas dupe. Et voir sa (nouvellement) petite amie lui mentir ouvertement de la sorte n'avait rien de plaisant en soi. Tandis que Jean bouillonnait intérieurement, Riza se posait néanmoins pas mal de questions concernant cette affaire, bien que Mustang leur ait ordonné de ne plus s'en occuper. Du côté d'Edward, les choses étaient passablement simples à comprendre. Savoir dans quoi se noyaient actuellement les pensées de Mustang, par contre, étaient plus difficile à décrypter.

« Le plus important, vous le savez déjà. Edward a quitté l'armée, est parti on ne sait où, et n'en a nullement informé son frère de sa décision.

- C'est quand même louche cette histoire. Fit Breda

- Relativement, oui, ajouta Kain. Je me demande si ça a quelque chose à voir avec ses dernières recherches. »

À cette remarque, Riza se tourna vers lui.

« Ses dernières recherches ?

- Oui, les trois livres que le Général nous avait demandé de rapporter. Ils portent tous sur Aerugo. »

Riza haussa les sourcils. Edward s'était renseigné sur un pays étranger qui aux dernières nouvelles ne partageait rien avec Amestris. Étonnant. Elle se demandait par ailleurs si Roy était au courant de cela. Songeuse, elle se fit après quelques secondes de réflexion que c'était probablement le cas. Est-ce que par hasard cette information pourrait répondre à la question d'où Ed se situait en ce moment ? Et pourquoi diable Edward serait aller se perdre là-bas, juste après le geste relativement étrange qu'il avait eu envers Mustang ? C'était un peu extrême comme pénitence. Et le simple fait qu'il ait menti à son frère laisserait présager qu'une raison sous-jacente serait sans doute la véritable raison de son départ. Dans ce cas, pourquoi le Général avait-il prit la décision de ne pas s'en occuper ? Il y avait décidément bien trop de questions qui restaient sans réponse. Riza se leva de sa chaise, un dossier sous le bras. Jean s'en étonna.

« Où vas-tu ? »

Elle se retourna vers lui.

« Rendre ceci à son propriétaire, c'est urgent. »

Puis sans demander son reste, elle sortit vivement. Jean finit par se rassoir après plusieurs secondes, et se remit au travail.

Traversant les couloirs du QG, elle frappa discrètement à la porte de la personne qu'elle était venue voir, afin de répondre à quelque unes de ses questions. Sans attendre de réponse, elle entra. Le Colonel Hughes était présentement au téléphone et il lui fit signe de patienter le temps qu'il finisse. Elle croisa les bras derrière son dos et attendit. Hughes reposa le combiner après quelques secondes et Riza s'avança afin de s'assoir sur la chaise, située juste en face de lui.

« Major, en quoi puis-je vous être utile ? »

Riza ne savait pas spécialement par où commencer et préféra se contenter de l'essentiel.

« Quel a été la mesure des propos d'Edward lors de votre entretien ? »

Elle le regarda fixement. De la même manière qu'elle, il se demanda vivement s'il devait vraiment lui faire part de ce qu'avait pour le moins constituer cette conversation d'ordre privée.

« C'est Roy qui vous le demande ?

- Pas du tout. Tel qu'il nous l'a dit l'autre jour, il n'a pas du tout refait mention du départ d'Edward, et semble pour une fois beaucoup plus assidu dans son travail, si vous voulez tout savoir. »

Maes eut un soupire, suivi d'un léger sourire au visage.

« Je vois. Cet idiot n'a rien comprit, alors. »

Riza le regarda, confuse.

« Qu'aurait-il donc du comprendre ? »

- C'est évident. » fit-il « Ed est amoureux de lui.

- Oh. »

Que pouvait-elle dire d'autre ? Voilà qui avait le mérite de répondre à au moins une question, cependant ...

« Je vois. Cela n'explique pourtant en rien son départ. »

Maes acquiesça.

« Non, effectivement. J'ai dit à Ed qu'il fallait qu'il se lance, puisque la situation commençait à lui peser ; même s'il n'avait pas l'air d'en attendre quoi que ce soit de concret. Je pensais qu'il se contenterais de lui dire les choses simplement, mais il semblerait qu'Ed ne soit pas capable de faire les choses de manière simple. De ce fait, sa disparition m'inquiète tout autant que vous. »

Riza semblait songeuse.

« Qui d'autre est au courant ?

- Personne. Je vous demanderais d'ailleurs d'éviter d'ébruiter la chose, Ed a déjà eu un mal fou à m'en faire part alors ...

- Ne vous en faites pas, je resterais muette comme une tombe. »


Quand Riza se retrouva sur le chemin de son bon bureau, un détail l'interpela, qui la fit s'arrêter en plein milieu du couloir. Quand Breda, Fuery et Jean avaient fouillé l'appartement d'Edward, ils en étaient ressortis avec trois livre sur Aerugo. Juste là, rien d'anormal, tout le monde s'accordant sur le fait que ça n'avait rien d'inhabituel concernant le jeune homme. Pourtant, sachant que Hugues et Mustang avaient enquêtés directement sur le terrain, alors qu'elle-même n'y avait pas mis les pieds, elle était étonnée qu'elle soit la seule à se faire la réflexion d'une éventuelle curieuse coïncidence. Avant de seulement envisager d'en parler à son supérieur, elle décida d'aller elle-même faire un petit tour sur le lieu du meurtre de Douglas afin d'en avoir le cœur net.

Retraversant l'étage en sens inverse, elle rejoignit le bureau, plongée dans une intense réflexion. Si un jour on lui avait dit que les multiples accrochages entre Mustang et Edward Elric conduiraient ce dernier à ressentir des sentiments étonnant vis-à-vis de son propre patron, elle en aurait éclaté de rire. Ses collègues étaient étrangement calmes, alors qu'elle pensait se faire de nouveau bombarder de question dès que possible. Au lieu de s'assoir à sa place, Jean remarqua qu'elle empoigna sa veste avant de frapper à la porte du bureau de Mustang. Elle ressortie quelques secondes plus tard après qu'un Mustang blasé l'autorisa à s'absenter une heure ou deux. Considérant avec raison qu'il valait sans doute mieux ne pas se promener seule, elle se tourna vers Jean.

« Tu m'accompagnes ?

- Où ça ? Il était très surpris par cette demande, Riza n'avait pas pour habitude de se promener sur ses heures de travail.

- Je t'expliquerai sur la route.

- D'accord. »

Ils se dirigèrent vers son véhicule et Riza se mit au volant. Le fait que ce soit elle qui conduise mis inexplicablement Jean mal à l'aise, mais il ne connaissait de toute façon pas leur destination alors il ne fit aucun commentaire. Il la questionna toutefois sur sa présence et ce qu'ils allaient faire.

« L'avenue principale, un détail me chiffonne.

- De quoi est-ce que tu… ? Attends, le meurtre du policier ? Il est mort par empoisonnement, qu'est-ce que tu penses trouver là-bas ?

- Tu comprendras une fois sur place. Mais réfléchis une petite minute, où a-t 'il été retrouvé ?

- … Par terre ? »

Riza lui lança un regard exaspéré. Il le faisait exprès, n'est-ce pas ? Jean lui lança un regard amusé, même si ce n'était clairement pas le bon moment pour ça.

« Désolé. Il a été retrouvé devant une épicerie de quartier, au beau milieu de la rue. Et donc ?

- Tu n'as pas l'habitude de traîner dans cette partie de Central, n'est-ce pas ?

- Tu sais bien que non, j'habite carrément de l'autre côté, et il n'y a rien que je ne puisse trouver près de chez moi. A quoi penses-tu, exactement ?

- Nous arrivons. »

Elle gara le véhicule non loin de là, et ils se dirigèrent vers l'endroit en question. Une fois devant la marque au sol toujours bien présente et l'établissement fermé, Riza se tourna vers Jean qui regarda un peu partout autour de lui, sans vraiment comprendre ce qu'ils faisaient là, ni de quoi sa petite amie parlait.

« Alors ? Lui demanda-t-elle

- Alors l'épicerie est fermée. On a un café en face, des habitations, le centre postal un peu plus loin, et nous sommes passés devant un poste de police en arrivant ici.

- Concentre-toi sur les détails.

- Ça ne serait pas plus rapide si tu me disais à quoi tu penses exactement ?

- Je préfère que tu t'en rendes compte par toi-même, il est possible que ça ne soit que clairement anodin, mais je préfère avoir ton avis sur la question après que tu aies trouvé à quoi je fais allusion. »

Jean soupira légèrement mais fit ce qu'elle lui demandait. Elle lui faisait visiblement confiance pour trouver de quoi il en retournait, et il ne voulait pas la contredire sur ce point. Bon, voyons ces détails. La marque de craie sur le sol était toujours nette, et les gens qui circulaient dans la rue semblaient établir une distance de sécurité extrême pour éviter soigneusement de la regarder. L'idée même qu'elle soit présente sur le sol, attestant de la mort d'un hypothétique pauvre innocent était assez pénible pour en rajoutant la vision. Jean balaya son regard scrupuleusement sur chaque centimètre carré du sol, bien qu'il fût persuadé que ce qu'il cherchait ne s'y trouvait pas. Il se positionna juste devant la devanture de l'échoppe et recula d'un pas.

Bien, il y avait des affiches partout, des promotions quelconques, des autocollants éparpillés ci et là et une affichette retournée sur laquelle était inutilement écrit « Fermé ». A part ça et le nom de la devanture affiché en gros sur le dessus du bâtiment, il n'y avait ri...

« Oh oh. »

Riza sourit discrètement. Mais il s'estompa bien vite. Jean réfléchissait à toute allure.

« Tu n'es pas sérieuse quand tu dis que ça ne doit être qu'une simple coïncidence, n'est-ce pas ? Parce que si ce n'est pas le cas, je ne vois pas comment expliquer "ça" !

- Eh bien, je suis contente de voir que tu peux arriver au même raisonnement que moi, mais disons que ça pose plus que questions que ça n'en résous.

- Pour en être sûr, il faudrait vérifier les deux autres endroits d'où les mêmes incidents sont arrivés. Maintenant, au sujet des empoisonnements ...

- J'y ai aussi pensé.

- Dans la nourriture, alors ?

- Disons que c'est la seule piste, et au vu des circonstances, elle semble tout à fait probable. Le plus étonnant soit que ni Mustang, ni Hugues ne soient arrivés à cette conclusion.

- Rentrons au QG pour en parler. »


« Ce n'est qu'une simple coïncidence. »

Jean et Riza levèrent leurs yeux au ciel dans une parfaite synchronisation et Roy haussa un sourcil. Sérieusement ? Les autres membres du bureau épiaient la conversation depuis la pièce d'à côté. Le simple fait que Mustang nie la pertinence de leur résonnement prouvaient à eux seuls que Riza leur avait mentis, et que le cas Edward Elric semblait être un truc beaucoup plus complexe qu'annoncé. Mais ça, Jean était le seul à le savoir, et n'aimait pas le fait que sa petite amie lui cache une information, même si elle ne concernait pas que son jeune boss.

Riza s'impatienta. « Possible. Mais il est également possible que ça ne le soit pas. Et avec le peu d'information dont nous disposons, il serait peut-être judicieux de creuser un peu de ce côté-là, vous ne pensez pas ? »

Elle n'avait pas tort, et Roy le savait. Peu d'information était un euphémisme. Ils nageaient tous carrément dans la semoule. Le cas, enfin les cas, étaient assez inquiétant. Un mec (ou plusieurs ?) s'amusait donc à empoisonner des gens au petit bonheur la chance dans une très large partie du pays. Très inquiétant.

Mustang observa silencieusement ses deux subordonnés, les jaugeant du regard. Étaient-ils sur une piste probable ? Reliée à celle d'Edward ? Si vite et de cette manière, cela lui paraissait hautement inconcevable. Mais après tout, pourquoi pas ?

« Très bien, reprenons depuis le début, voulez-vous bien ? »

Un éclair de soulagement se refléta sur leur visage et tous deux s'installèrent prestement.

Ils repassèrent en vue chaque information, chaque fait connu, chaque mouvement. Sauf bien sur le petit "incident" dans son bureau en compagnie de son subordonné, sous le regard étonnement compréhensif de Riza. Maes se pointa peu après et apporta son lot d'informations mais malheureusement, aucun fait n'en reliait un autre de manière certaine. En d'autres termes, ils n'étaient pas spécialement plus avancés. Et c'était particulièrement frustrant.

Après un instant de réflexion, Mustang demanda à son équipe : « Avant Aerugo, sur quoi portait les recherches d'Edward ?

- Il n'y a qu'Alphonse qui pourrait répondre à cette question. En dehors de qu'il fait pour l'armée, Ed n'est jamais spécialement bavard. » répondit Maes.

Roy fut soudainement prit d'un affreux doute.

« Personne n'a jamais demandé, ne s'est jamais intéressé ? »

La plupart eurent l'air coupable mais Jean haussa les épaules. « Ne nous regardez pas comme ça, ce n'est pas comme si Ed passait beaucoup de temps sur Central. Ses propres voisins nous ont affirmé ne pas l'avoir vu depuis des mois. Vous êtes bien placé pour le savoir. »

Difficile d'en être autrement, en effet. Ces derniers mois, Ed avait été particulièrement avare de missions, acceptant même les plus barbantes, ce qui n'était pourtant pas dans ses habitudes. Le plus étonnant était qu'il ne s'en était jamais plaint.

Roy hocha silencieusement la tête. Malgré lui il pouvait également se l'avouer : trop content d'avoir pu se contenter de la partie de la plus docile de son subordonné, il n'avait pas cherché à en savoir plus sur ses occupations en dehors du cadre du travail. Pas qu'il n'avait jamais cherché à en savoir plus sur ceux des autres non plus d'ailleurs.

« Pensez à poser la question à Alphonse la prochaine fois vous le verrez et si vous le faites avant moi.

- Quel intérêt de savoir sur quoi portait ses derniers travaux ? Pourquoi êtes-vous à ce point persuadé que tout ceci pourrait être lié ? » Maes demanda, songeur.

Mustang les laissa discuter sur le sujet tout en rejetant leur conclusion. Quoi que Ed ait pu envisager, Alphonse aurait été au courant, c'est une certitude.

« D'accord, cela fait beaucoup de coïncidences, mais cela n'explique rien. Les deux autres corps ont été retrouvés dans des endroits qui n'avaient aucun rapport direct ou indirect avec Aerugo. »

C'était parfaitement vrai, et Jean regretta de s'être ainsi laissé emporter. Riza en revanche ne se laissa pas démonter.

« Je suis certaine que ces éléments sont liés.

- Démontrez-le moi ! » Et les yeux de la blonde brillèrent de détermination.

Maes en profita pour aborder avec Roy les faits relatifs à ce qu'il avait aperçu l'autre soir et qu'il lui avait paru pleinement douteux.

« Roy, au sujet des empoisonnements.

- Vous avez du nouveau ?

- Malheureusement tout ce que nous avons réussi à apprendre, c'est que le poison utilisé nous semble tout simplement inconnu. Les molécules ne ressemblent à rien de ce que l'on connaisse. C'est le flou total de ce côté-là et les équipes commencent tout juste à se mettre dessus.

- Et c'est ce qui rend la situation d'autant plus alarmante.

- Je ne te le fait pas dire. Tous nos meilleurs gars sont sur le coup mais il ne faut pas être trop optimistes selon eux. Ils sont assez loin de découvrir quelque chose là-dessus d'après ce qu'ils nous ont dit mais ils vont faire de leur mieux. »

Roy médita un instant avant de s'exclamer :

« Bon sang, personne n'a quelque chose de positif à nous dire ?! »

Et à son plus grand désarroi, le bureau complet garda le silence. Il se leva et se retourna vers la grande baie vitrée qui surplombait la cour intérieure du QG de Central. Le temps maussade n'arrangeait rien à cette journée déjà ben merdique. Maes se plaça à ses côtés mais ne fit pas le moindre commentaire. Chacun semblait perdu dans ses pensées. Cependant, Maes se tendit quand Grumman, surplombé de ses deux gardes du corps habituels, passa dans leur champ de vision et Roy ne manqua pas sa réaction. Il se tourna vers son meilleur ami de toujours et lui lança un regard interrogateur.

« Je sais ce que tu vas dire. Un truc cloche avec le Généralissime.

- Quel truc ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Il est étrangement actif ces derniers temps, à se mêler des affaires en cours avec une insistance plutôt inhabituelle de sa part.

- C'est le patron, il est plutôt normal qu'il soit impliqué, non ?

- Pour les parties diplomatiques et d'organisations sans doute, mais coller au cul des enquêteurs pour une simple histoire de meurtre qui n'est d'ailleurs même pas avérée pour le moment, ça me parait un peu gros. Et puis, il y a des bruits de couloirs ... »

Maes se fit étrangement songeur.

« Des bruits de couloirs ? De quels genres ?

- Écoutes, je ne peux pas parler de ça ici … » répondit-il en baissant la voix tout en lançant un regard en coin au reste de l'équipe Mustang. Ce qui surprit grandement ce dernier.

« Tu sais que tu peux avoir confiance en tout le monde ici.

- Bien sûr, là n'est pas la question. Je pense surtout qu'il est préférable que le moins de gens possible soit au courant pour le moment. Pas que je ne leur fasse pas confiance, mais je ne fais pas confiance aux nombreuses oreilles qui traînes ci-et-là. Je préfèrerai qu'aucun d'eux ne soit en danger pour une simple rumeur. »

Roy en était encore à se demander en quoi son équipe ne pas être en sécurité quand Maes se retourna se retourna et commença à quitter la pièce. Il se retourna néanmoins sur le pas de la porte.

« Rejoins-moi au pub ce soir, t'as carrément l'air d'en avoir besoin vieux ! »

Roy ne pouvait qu'acquiescer cet état de fait. Un verre semblait être la meilleure proposition de l'année en cet instant. Alors qu'un nouveau silence pesant s'éternisait dans le bureau, ce fut Jean qui le brisa.

« Pour Douglas, qu'est-ce que l'ont fait ?

- Enquêtez. Si ça a véritablement un rapport avec Edward, vous devriez être en mesure de le découvrir rapidement. Prévenez-moi dès que vous avez quelque chose. N'importe quoi. Ça pourrait aider.

- C'est comme si c'était fait. »

Pourquoi Roy avait la sensation que tout ceci allait le mener à quelque chose de relativement moche ? Il espérait se tromper.