Avertissement : Dans ce chapitre, pas de scènes chaudes et sensuelles, signalées comme toujours par le premier et le dernier mot en gras (si Yzan n'oublie pas et que Lili y pense). Rien de trop violent ni choquant à signaler... Non, c'est une blague ! Bien sûr qu'il y a des scènes plus ou moins chaudes, saupoudrées d'idées tordues… C'est pour ça que vous êtes là d'ailleurs, alors :

Bonne lecture !

Yzan & Lili.


Chapitre 9 : Festivités.

Dans les immenses cuisines du palais régnait une agitation frénétique. Commis et marmitons aidaient les cuisiniers suant à grosses gouttes devant les fourneaux. Les domestiques, hommes et femmes confondus, s'activaient en prévision de la soirée de célébration qui ne pouvait avoir lieu sans un banquet digne de ce nom. Des parfums succulents s'élevaient de grandes marmites et de larges broches faisaient rôtir, dans une grande cheminée, sous un feu vif, de nombreuses pièces de viande. Des plats autant sucrés que salés étaient peu à peu dressés, chacun mettant la main à la pâte. Et tout cela n'allait pas sans les inévitables discussions qui emplissaient la pièce d'un brouhaha général, les nombreux serviteurs mettant du cœur à l'ouvrage même s'ils avaient la langue bien pendue.

Bon nombre d'habitants de Konoha travaillaient au palais, seuls les guerriers qui formaient les nombreux corps de gardes dormaient sur place ainsi que les domestiques les plus élevés. Et comme n'importe où ailleurs dans le monde, les gens ne pouvaient s'empêcher de parler, colportant rumeurs et ragots qui franchissaient ainsi les murs de la somptueuse bâtisse mais également ceux de la bourgade grâce aux commerçants et aux artisans itinérants.

Une femme arborant la trentaine épanouie, un fichu sur la tête et un tablier noué autour de ses reins par-dessus son yukata de pauvre facture, épluchait des légumes dans une grande corbeille en osier, sa compagne un peu plus âgée placée à ses côtés l'imitait et faisait rapidement glisser son couteau sur les navets, les racines et les carottes qui s'empilaient.

- Ma fille, Mayu, m'a rapporté hier que les draps d'Iruka-san étaient encore propre, lança-t-elle à sa voisine sur le ton de la confidence.

- Ah bon ? s'étonna sa voisine. C'est vrai que le cousin de mon mari m'a dit que cela faisait un moment qu'il n'avait pas vu Kakashi-san se faufiler dans les jardins du côté de la petite maison à la nuit tombée.

- Quand même, ça fait un moment qu'ils ne fricotent plus ensemble ces deux-là, reprit la première.

- Qui sait... Peut-être que Kakashi-san a trouvé une nouvelle chaussure à son pied ? Ou bien qu'il est malade… Yuki, l'une des servantes de dame Sakura, disait justement l'autre jour qu'il s'était encore entretenu avec elle, lui faisant une peur bleue quand il avait surgi de nulle part et demandé à la voir.

- Il est clair qu'Iruka-san n'est pas de taille à lutter contre une jeune fille en fleur… Ou bien alors les blessures de Kakashi-san le feraient-elles encore souffrir ?

L'un des marmitons venant réclamer après les légumes qu'il devait confire avant de les donner à un cuistot coupa les deux femmes dans leur élan badin.

- Oui, oui, ça arrive ! Une seconde ! gémit l'une d'elle tout en s'activant avec ardeur.

Un peu plus loin, un jeune homme dégingandé surveillait une gamelle où cuisait une généreuse rasade de riz blanc déjà égoutté, sa voisine pas bien plus âgée y ajouta quelques gousses de vanille, du lait et du sucre à profusion.

- Quand même ! Nous demander de préparer un bol de riz au lait parfumé alors qu'on est en plein coup de feu ! râla-t-il tout en touillant l'entremets.

- Allons, courage ! C'est pour le Daimyo en personne, c'est lui qui l'a réclamé, le rassura la jeune femme avec un brin de fierté.

- Ça, pour le Daimyo ? Tu rigoles ! Tout le monde sait qu'il n'aime que la simple cuisine comme les ramen par exemple. Pour sûr, c'est pour son esclave oui !

- Oh. Je me disais aussi... Je trouvais ça étrange que mon amie Rumi soit tout le temps obligée de monter tous ces plats si différents que le Daimyo réclamait.

- Le pire dans tout ça, c'est qu'on aura de la chance si ce plat revient ne serait-ce que touché. L'esclave de notre Hokage, c'est une vraie plaie. A part les Umeboshi et les tomates, il mange jamais rien ! pesta le jeune homme continuant dans sa lancée, soulignant le gâchis de temps et de nourriture.

Deux hommes d'un certain âge soufflèrent en remontant les escaliers de pierre qui donnaient sur la resserre à boissons. Portant de lourdes caisses en bois, ils posèrent leur chargement sur le sol de terre cuite de la grande cuisine. L'un d'eux vérifia le contenu des grandes et lourdes boîtes tout en expliquant à l'autre :

- D'habitude, le marchand de spiritueux va chercher ce saké directement au village d'Ame, dans la contré de la Pluie. Si on en casse la moindre bouteille, l'intendant Jiraya va en faire une jaunisse !

- Pourquoi acheter un saké provenant de si loin ? Le nôtre est tout aussi bon, non ? répliqua l'autre.

- Bien sûr que le nôtre est bon, mais celui-ci est un peu différent. Il a un petit arrière goût sucré et ça, ça plaît beaucoup aux femmes. Dame Tsunade en est folle. Il n'y a pas qu'elle d'ailleurs qui boit ça comme du petit lait…

Se penchant vers son comparse, il lui relata sur le ton de la confidence ce que son beau-frère, faisant partie des gardes du palais, lui avait raconté la dernière fois qu'il était venu manger chez eux. Certaines grandes dames de la cour étaient portées sur la boisson, et si Tsunade ne s'en cachait pas, d'autres, plus discrètes, avaient le coude tout aussi léger. Le garde placé certains jours à la surveillance des couloirs menant à des appartements particuliers avait surpris quelques scènes bien peu digne du rang de ces demoiselles.

En ces temps reculés à peine mieux que moyenâgeux où la vie était rude quand on était pas bien né, suivre les intrigues de cour, les coucheries et les escarmouches ou alliances entre clans permettaient aux bougres de rêver d'une existence qu'ils n'auraient jamais, bien que certains la frôlaient du bout des doigts dans leur quotidien. Un quotidien rude et difficile où ils devaient gagner de quoi vivre et entretenir leurs maisonnées. La loi du plus fort et du plus riche prévalait, seuls les nobles seigneurs et les vrais samouraïs pouvaient se targuer d'avoir un code d'honneur qu'ils respectaient.

Il n'était pas rare qu'un garçon d'écurie et une humble servante ne se lient plus qu'intimement dans les buissons. Les bagarres entre soudards pouvaient éclater à tout moment dans les modestes débits de boissons. Les duels entre hommes sous-entendaient une totale soumission du vaincu, le gagnant exigeant parfois bien autre chose que le prix d'une vie en espèces sonnantes et trébuchantes, des menus services ou bien une existence de servitude. Parmi les rites initiatiques d'intégration dans certains escadrons guerriers, les nouveaux enrôlés se voyaient dans l'obligation d'offrir leurs corps à leurs aînés.

Cependant, malgré la barbarie de l'époque, à Konoha plus qu'ailleurs, les habitants vivaient dans une certaine sécurité et prospérité. Les Daimyo successifs, soutenus par les principaux clans du village, assuraient la protection de la cité tout en y faisant régner calme et justice, et où le commerce pouvait librement se développer. Certes, il y avait toujours de menus larcins et quelques rixes, mais peu d'indigents dans les rues. Les villageois ne craignaient pas pour leur vie ou leur vertu. Ils travaillaient dur; cultivaient les champs, se dédiaient au maniement du sabre ou à un clan, à leurs tâches de domestiques, à leur artisanat ou à leur commerce; mais la paix régnait.

Sur un immense plan de travail, où s'alignaient de chaque côté des hommes et des femmes de tous âges en plein labeur, deux marmitons nettoyaient des poissons qui seraient bientôt détaillés en une multitude de fines lamelles savoureuses. En face d'eux, deux autres apprentis levaient les filets de la blanchaille préalablement écaillée. Entre eux, il n'était nullement question des derniers ragots sur les clans ou certaines personnalités de la cour mais bien du Daimyo lui-même et ce pourquoi ils étaient tous à pied d'œuvre depuis si tôt ce jour là.

- … Et c'est comme ça que Kakashi-san a été blessé au bras et à l'œil. Sans l'intervention de Naruto-sama, mon oncle m'a dit que le maître d'armes serait mort ce jour là.

- Mon grand frère m'a raconté que les combats faisaient rage ! Qu'il y avait du sang et des cadavres partout et que même lui tremblait de peur. Mais il savait que s'il ne continuait pas à se battre et à lutter, Kyuubi-dono lui-même le transpercerait de son sabre !

- Alors que normalement les grands seigneurs ne se mêlent pas à la bataille, notre démon et notre Hokage y étaient, en plein milieu ! Ils bataillaient férocement, luttant pied à pied avec les forces de Suna.

- Moi, je suis bien content que cette guerre ait eu lieu si loin du village.

- Nos forces ont bien failli rayer Suna de la carte. Même s'ils ont opposé une belle résistance, ils n'étaient pas de taille… Et dire qu'ils comptaient nous envahir. Heureusement qu'on les a pris de vitesse.

- Moi, j'aimerais pas me retrouver face à un Kyuubi-dono enragé et féroce. Il a la force de dix hommes et peut en tuer vingt. Il parait que quand il se met en colère, même les murs tremblent.

- Mais notre Hokage était magistral ! Il était pugnace et a sauvé beaucoup de nos hommes d'une mort certaine. Son père aurait été fier de lui ! Moi en tout cas je suis fier ! Et s'il avait été mon fils, je lui aurait donné une grande tape dans le dos pour le féliciter.

- Pour sûr, il en fallait du courage et de la détermination pour se jeter comme ça dans la gueule du loup. Il a combattu jusqu'à tomber par terre d'épuisement, de nombreuses fois même. Mais il se relevait et reprenait part à la bataille. Suna ne s'attendait pas à se faire ainsi démolir.

- Quand il est tombé face à face avec l'Hokage de Suna, ça faisait déjà un moment qu'il se battait. Pourtant, il l'a affronté sans la moindre hésitation. Il s'est jeté avec toutes ses forces dans le duel en hurlant que personne ne viendrait troubler la paix de Konoha et que tant qu'il serait vivant, la bannière au tourbillon continuerait de flotter. Et après une bataille acharnée, le seigneur de Suna a fini par tomber. Il parait que tous les hommes de chez nous encore capables de tenir debout l'ont acclamé !

Le jeune homme débita les filets de poisson avec minutie, son couteau s'envolant parfois en l'air pour souligner ses propos enthousiastes.

Un peu plus loin sur le plan de travail, une jeune fille qui disposait artistiquement les fins rectangles sur les boules de riz qu'elle pressait dans ses mains pour en faire des sushis s'exclama :

- Ouais ben moi, ce que je comprends pas, c'est pourquoi il lui a laissé la vie sauve. Il parait même qu'il l'a aidé à se relever !

- Tu ne peux pas comprendre ! s'exclama un homme en train d'assaisonner les sashimis disposés dans des bols délicats. C'est la beauté de son geste qui compte. Plutôt que d'asservir Suna, ce qui aurait été son droit le plus légitime, notre Daimyo a proposé de faire la paix avec eux, ce qui prouve que c'est un grand seigneur et qu'il marche dans les traces de son père !

- Si ça se trouve, ces vipères des sables vont recommencer à vouloir nous attaquer ! Il aurait dû les exterminer ! Il manquait plus grand chose pour que ce soit le cas de toute manière, souligna la femme. L'armée de Suna était réduite aux trois-quarts quand le soleil s'est levé sur le champ de bataille ! C'est mon mari qui me l'a dit.

- Notre Daimyo n'est pas cruel, lança un serviteur qui déposait les plats sur de lourds chariots. Même s'il sait se battre, il veut être pacifiste. Une alliance entre nos deux contrées est bien plus bénéfique.

- Ouais ben n'empêche que pour des vaincus, il a fallu le négocier longtemps ce foutu traité ! Il en a fait des voyages là-bas notre Hokage. Moi, je dis qu'il est trop pacifiste ! reprit la jeune fille.

- Et comment il aurait fait sinon. Réfléchis ! Suna est très éloigné de Konoha. Il n'aurait jamais pu administrer les deux contrées. Il aurait dû nommer un administrateur et laisser une partie de notre armée là-bas et prendre le risque que les villageois de là-bas se soulèvent ou même la personne qu'il aurait mis à la tête de la cité, reprit le premier commis.

- Sans compter qu'avec notre armée diminuée, on aurait peut-être pas réussi à repousser les escouades du pays du Son qui ont tenté de nous envahir juste après, pensant qu'on pourrait pas se défendre.

- C'est pas faux… Tu crois que notre Daimyo savait que ces serpents lorgnaient sur Konoha et allaient attaquer et que c'est pour ça qu'ils sont rentrés à marche forcée de là-bas ?

- En tout cas, s'il y a bien une chose que je sais, c'est que parmi les cinq contrées, c'est bien notre seigneur le plus pacifiste… A tort ou à raison, il cherche toujours à privilégier la voie de la parole à celle du sabre… argumenta l'un des apprentis.

- La voie de la parole à celle du sabre, hein ? Ben les Uchiwa ont bien failli lui planter un poignard dans le dos. Et pour le coup, il a pas cherché à parlementer cette fois, intervint celui qui écaillait les poissons.

- C'est pas pareil, ça se passait dans nos murs. Qui te dit que Fugaku n'aurait pas mis en place des règles catastrophiques pour nous une fois à la tête de notre village. Tout le monde sait qu'il dirigeait son clan d'une main de fer. Il aurait sûrement levé des impôts supplémentaires et réclamé nos fils pour grossir les rangs de ses troupes. Ça a toujours été un belliqueux. On aurait tout le temps été en guerre contre tous les autres villages, conclut un autre.

- En tout cas, le commandant Kyuubi a eu raison de faire ce qu'il a fait. Au moins maintenant, on est tranquille. Ils m'ont toujours fait froid dans le dos ces gens là. Si notre Hokage avait essayé d'arranger les choses, sûrement que Fugaku Uchiwa aurait encore fait des siennes.

- Tout le monde sait que c'était un sympathisant du seigneur du village d'Oto. Si ça se trouve, c'est même lui qui a fait en sorte qu'Oto nous attaque et comme ça n'a pas marché, il s'est résolu à prendre les armes lui-même.

- Remarque, avec nos troupes épuisées par la guerre contre Suna puis la bataille contre Oto, il avait ses chances. Heureusement que le commandant était là parce que notre Daimyo, lui, il était à Suna. Quand il serait rentré, y aurait eu une bannière à l'éventail au-dessus du château et partout ailleurs.

- Avec les deux héritiers comme trophées, tous les traîtres n'ont qu'à bien se tenir. Les autres clans oseront jamais trahir notre Daimyo. Et après la raclée qu'on a mis à Suna et la débandade des troupes d'Oto, c'est pas demain la veille qu'une autre contrée viendra nous chercher des noises.

- C'est une bonne chose de fêter ce traité de paix entre Suna et Konoha. Il parait qu'ils ont tous envoyé des émissaires. Ça leur montrera qu'ici, on est gentil mais qu'on ne rigole pas non plus.

- En tout cas, ils vont en tomber les papilles quand ils vont goûter à notre cuisine. Pas vrai les gars ?

Un vivat général répondit à l'assertion du cuisinier en chef qui, s'étant approché pour vérifier l'avancée des préparatifs, avait pris part à la conversation.

- Allez, allez. Dépêchons-nous ! Mais faites du beau et du bon ! La grandeur de Konoha doit se retrouver jusque dans nos assiettes ! lança-t-il à la cantonade de sa voix tonitruante.

- Oui, Chef Teuchi ! lui répondit un choeur de voix enthousiastes.

Tous ses subordonnés s'agitèrent de plus belle et le bruit des spatules, des casseroles sur les fourneaux et des couteaux emplit la grande salle.

-oOo-

Debout devant la lourde porte de bois à doubles battants richement décorée, Izumo jeta un oeil à son acolyte Kotetsu, celui-ci tout aussi mal à l'aise que lui. Les deux gardes de Konoha affectés à la protection du visiteur qui occupait actuellement le riche appartement s'entre-regardèrent, gênés. Tendus dans leurs uniformes rutilants aux couleurs de la cité à laquelle ils appartenaient et armés jusqu'aux dents, ils se tenaient prêts à parer à toute éventualité, mais pas à celle-là.

Près d'eux, une paire de soldats du village d'Ame attendaient tout comme eux, prêts à défendre leur seigneur. Une ambiance crispée et embarrassée régnait sur le quatuor gardant la porte. Une domestique traversa le couloir d'un pas pressé, les bras chargés d'étoffes, s'attirant l'attention des quatre hommes plantés devant le battant. Le château du Daimyo-Hokage était animé d'une agitation inhabituelle, rendant tous les guerriers de Konoha fébriles et aux aguets.

Rien ne devait troubler la fête qui se préparait pour célébrer le traité entre Suna et Konoha, cependant la présence de nombreux visiteurs accompagnés de leurs escouades venant d'une multitude de villages était source de tensions. Les forces armées de la cité prospère du pays du feu avaient été mises en garde par leurs différents supérieurs : tout pouvait arriver, ces festivités fournissant une opportunité aux ennemis et aux traîtres de frapper. Ils devaient donc tous ouvrir l'œil et le bon et ne pas faire défaut à leur seigneur.

La servante sursauta au son surprenant et jeta un regard effaré vers les gardes et le battant qu'ils protégeaient. Provenant de la porte close, un hurlement douloureux retentit jusque dans le couloir, rapidement suivi d'une exclamation lascive. Elle reprit brutalement sa route quand un nouveau cri retentit, accompagné de jérémiades sucrées, indistinctes mais sonores. Pressant le pas, elle disparut dans le corridor. Kotetsu se gratta la tête, concentrant toute son attention sur le parquet couleur de miel qui recouvrait le sol du couloir.

Izumo soupira lourdement et frotta sa nuque, fixant attentivement ses chaussures. La mélopée sonore mêlant souffrance et plaisir reprit de plus belle. N'y tenant plus, Kotetsu se tourna vers ses homologues d'Ame particulièrement silencieux et au visage impénétrable.

- Euh… Dites les gars… Loin de moi l'idée de vous froisser ou de provoquer un incident diplomatique avec votre village ou quoi, hein, mais… c'est normal ça ?

Alors que Kotetsu pointait un pouce vers la porte close, une bruyante plainte particulièrement douloureuse éclata, soulignant parfaitement son propos.

Izumo croisa les bras sur son torse et hocha la tête d'un air entendu, soutenant les propos de son collègue et ami. Même quand il lui arrivait d'être de garde devant les appartements de Kyūbi, il n'avait jamais entendu un truc pareil, songea-t-il. Une nouvelle exclamation pleine de souffrance retentit, lui vrillant les nerfs. Les tortures normalement, ça se passait au sous-sol et c'était Ibiki qui s'en chargeait. Si le dignitaire d'Ame avait quelques comptes à régler, les appartements privés qui lui avaient été alloués n'était pas l'endroit le plus indiqué pour vaquer à ses petites affaires.

Une longue plainte sulfureuse résonna, à peine assourdie par les épais battants, ne troublant qu'à peine les gardes d'Ame. L'un d'eux fit jouer ses épaules pour se détendre, se départissant de sa posture guindée de garde. Il observa d'un œil un peu étonné ses deux alter-ego de Konoha, visiblement affectés par les sons qui sourdaient de derrière la porte. Il échangea un regard entendu avec son collègue avant de répondre, laconique :

- Ouais, c'est tout le temps comme ça.

- Pas de quoi fouetter un chat. Détendez-vous les gars, ajouta l'autre guerrier d'élite d'Ame.

- Ah… conclut Kotetsu pas vraiment convaincu.

- Ah bon… reprit Izumo. Si c'est normal alors… acheva-t-il perplexe tout en se grattant le menton.

L'un des membres de l'escorte d'Ame se pencha vers son camarade.

- Dis, je croyais pourtant avoir entendu dire qu'à Konoha y avait aussi des esclaves comme ça maintenant… lui chuchota-t-il avec discrétion derrière sa main.

Son vis-à-vis haussa les épaules, faisant jouer un shuriken entre ses doigts avant de le ranger. Il donna un léger coup de poing dans le ventre de son acolyte avant de le sermonner :

- Allez, on est pas là pour discuter de la pluie et du beau temps avec eux.

Les quatre gardes reprirent leurs postes, ceux de Konoha échangeant des regards déconcertés aux sons plaintifs et douloureux émanant des battants qu'ils protégeaient. L'impassibilité de leurs confrères ne les rassura qu'à moitié face à l'incongruité de la situation. Les appartements d'apparat du château n'avaient jamais été le siège d'activités relevant d'Ibiki et des donjons. En tant que membres des forces armées de Konoha, il leur était arrivé d'en être témoins. Mais, ils étaient avant tout des hommes, et eurent une pensée compatissante envers la victime qui s'époumonait derrière les portes closes.

Le fouet fendit l'air et atteignit impeccablement le dos dénudé, pas assez fort pour entailler profondément la chair, mais suffisamment pour y laisser une large strie rouge douloureuse. Les nombreuses lignes finement étirées s'entrecroisaient joliment par endroits, certaines magnifiées de quelques perles de sang. Le bras de Sasori revint le long de son corps, sa main tenant fermement le manche du fouet. Enfin détendu, il contempla son œuvre d'un œil satisfait.

Deidara gémit bruyamment de plaisir après avoir crié de douleur. Les deux doigts forcenés qui martelèrent sa prostate le firent pleurer de bonheur. Son possesseur alternait souffrances et délices concupiscents selon un schéma qu'il était le seul à connaître, laissant Deidara, impuissant et les nerfs à vif, suspendu à chacun de ses gestes. Ses poignets entravés, attachés à l'un des piliers de la grande pièce, il ne pouvait que subir ce qui lui était fait.

Cette visite à Konoha l'ennuyait profondément, Sasori tuant le temps qu'il restait avant les festivités en tourmentant son esclave. L'appartement qui lui avait été alloué, luxueux et accueillant, n'avait pas charmé le brutal et sadique chef militaire du village d'Ame dont Nagato était le Daimyo-Amekage. Il tira sur les longs cheveux blonds de sa victime, relâchant enfin son fouet, un kunai le remplaçant dans sa main. Sa proie trembla adorablement quand la pointe effilée de l'arme se promena sur ses flancs, la sensation piquante la faisant pleurnicher et hoqueter avec sensualité.

Le poignard disparut. La légère brûlure des vives entailles qui marbraient à présent son flanc s'ajouta aux multiples sensations qui faisaient perdre la tête à Deidara. Un sexe dur s'enfonça brusquement en lui, arrachant au prisonnier une plainte luxuriante. Son intimité se contracta délicieusement sous l'invasion cruelle et forcenée, une claque sonore et virulente s'abattant sur sa croupe.

Sasori se rencogna lourdement, sa verge pourfendant un peu plus profondément le corps souple de son esclave personnel. Une expression chaude et sadique éclaira ses traits. Il prit avec plus de force celui qui lui appartenait, ses paumes fessant de temps à autre le postérieur déjà rouge d'une précédente correction virulente donnée avec une palette de cuir rigide. Sasori baisa sans merci la victime de ses pulsions, celle-ci gémissant bruyamment, accompagnant ses coups de reins d'une profusion d'exclamations teintées de souffrance et de plaisir.

- Mmmmh… Oui ! Oh… Oui… gégnit Deidara.

Embrassant sans retenue les sensations contradictoires qui le traversaient, il s'y abandonnait avec un délice obscène. Son corps fut parcouru de spasmes enchanteurs, le poussant vers l'orgasme. Sa prostate pilonnée par le membre viril faisait trembler de plaisir sa silhouette endolorie, bourrée d'endorphines à cause de la douleur. Rien de tel qu'une bonne sodomie après avoir été tourmenté pour le faire jouir. Deidara ferma étroitement ses paupières et se lécha les lèvres. La main qui le fessait sans ménagement de façon sporadique l'excitait tout autant que le sexe qui le culbutait.

Empoignant plus fermement les hanches de son partenaire, Sasori augmenta l'amplitude de ses coups de reins, se sentant venir. Sa verge pulsa sourdement dans l'étroit conduit qu'il vilipendait, celui-ci se contractant intensément à chacun de ses passages. Même s'il ne l'avouerait jamais, il aimait plus que tout posséder son esclave personnel. Il était bien meilleur que n'importe quelle femme, et depuis que celui-ci était à son service, Sasori ne visitait plus les maisons de plaisir que, de toute façon, il n'avait que rarement côtoyées.

Par contre, il baisait bien plus souvent qu'avant, son soi-disant dévoué serviteur excitant ses pulsions charnelles et sadiques.

- Oui, c'est ça… Resserre-toi bien autour de ma bite… grogna-t-il dans le cou de sa victime.

Il mordit avec possessivité la chair tendre à la jointure de la nuque et d'une épaule, ses dents marquant profondément le jeune homme, le proclamant comme sien. Son blond gémit avec force, son intimité convulsant follement. Trois coups de hanches fermes et sauvages plus tard, Sasori jouissait avec emphase, son sperme se déversant savoureusement dans l'abîme enchanteur de son captif.

Le sexe pourfendeur se retira, remplacé par des phalanges exigeantes qui le labourèrent et le martyrisèrent sulfureusement jusqu'à ce que Deidara atteigne l'orgasme. Sa jouissance brute et violente lui coupa les jambes et le fit frissonner de délivrance de la tête aux pieds. L'esprit vide, il s'effondra contre le pilier ouvragé auquel ses poignets étaient attachés, la corde rêche marquant ses articulations de traces violacées. L'esclave blond eut à peine conscience d'être détaché et glissa au sol, alangui et perdu dans son extase.

Après avoir sommairement détaché son serviteur, Sasori l'abandonna là sans la moindre arrière pensée et se glissa dans la salle de bains où il se rafraîchit et remit de l'ordre dans sa tenue. Si son hakama noir était impeccable, il remarqua que sa veste de kimono aux armoiries d'Ame était tachée et décida d'en changer après s'être lavé les mains et le visage. Sasori regretta sa tenue quotidienne de chef militaire des forces armées de la grande cité souvent noyée de pluie, bien plus sobre et moins empesée que ces vêtements pompeux qu'il ne portait que rarement.

Reprenant peu à peu ses esprits, Deidara se redressa lentement. Agenouillé sur les tatamis à présent souillés de quelques tâches purpurines et autres traces licencieuses, il finit de libérer ses poignets de la corde. Un coup d'œil entre ses jambes lui révéla son érection toujours présente en mal d'attentions. Soupirant lourdement, le jeune homme enfouit une main pressée entre ses cuisses et entreprit de se soulager. Il savait d'avance que sa deuxième jouissance serait bien plus laborieuse que la première, le bijou dans son urètre retenant savamment son sperme qui ne s'écoulerait que difficilement à travers l'objet ouvragé.

Non loin de la profonde morsure visible qui marbrait à présent la jointure de son cou et de son épaule, quatre barres verticales, épaisses et noires étaient enfermées dans un cercle. Le tatouage peu discret joua sur son omoplate, son poignet s'agitant furieusement entre ses cuisses. Non loin de Deidara, deux rectangles de tissu gisaient sur le sol. La marque et les ornements qui enjolivaient sa mince et souple silhouette mettaient parfaitement en évidence son statut d'esclave personnel.

Un râle profond, oscillant entre catharsis et frustration échappa à l'être asservi quand sa semence s'écoula enfin en de trop minces filets blanchâtres. Deidara se masturba plus lentement, ses geignements difficiles accompagnant ses gestes précautionneux. Il se soulagea comme il put jusqu'à exsuder tout le liquide séminal. Habitué à la douce torture, Deidara s'en accommoda.

Quand le serviteur personnel se releva, le sperme de son possesseur coula à l'intérieur de ses cuisses, le poussant à son tour à entrer dans la salle de bains. Sa voix, rendue plus rauque par ses nombreux cris, s'éleva dans la pièce quand ses doigts palpèrent prudemment la longue égratignure laissée sur son flanc par la pointe de la lame qui s'y était promenée.

- Gh ! Aïe… Après mon cul et mon dos, c'était vraiment obligé ? râla-t-il. Vous avez failli me couper en deux. Vous ne savez vraiment pas vous retenir ! Je vais finir par crever d'une infection un de ces jours.

Sasori eut un sourire un brin sardonique, ne cillant même pas sous le regard plein de reproches et la moue accusatrice de son esclave.

- A qui la faute… Tu râles, mais c'est ça qui t'excite et qui te fais bander, répondit-il moqueur.

- Et comment je vais faire moi maintenant ? C'est pas l'art subtil de la torture ça, c'est de la barbarie. Vous n'y connaissez vraiment rien et tout le monde va le voir ce soir et…

Les doigts qui s'enfoncèrent brutalement dans ses joues interrompirent brutalement la diatribe de Deidara qui déglutit difficilement. Le visage de son possesseur était bien trop près du sien à son goût, le regard noisette l'épinglant sans la moindre aménité.

Les mains du blond se refermèrent sur le bras de son Maître, ses pupilles brillant d'un désir renouvelé.

- Arrête de râler et dépêche-toi de te préparer. Tu vas finir par nous mettre en retard, l'admonesta Sasori d'une voix coupante pleine de menaces.

Avec satisfaction, le chef des armées d'Ame contempla les orbes azurées de son esclave se dilater légèrement et s'emplir d'envie. Certes, il pouvait tolérer un peu d'impertinence de la part de Deidara, c'était même l'un des traits du jeune homme qu'il aimait bien. Mais son serviteur poussait parfois un peu trop loin sa chance, l'obligeant à le remettre à sa place.

Relâchant sa proie, Sasori s'en détourna et lissa les plis de sa veste de kimono d'un air détaché. Il ouvrit le shoji qui donnait sur la pièce principale et s'apprêtait à le franchir quand il se retourna vers son serviteur qui massait ses pommettes meurtries tout en boudant dans son coin.

- Si tu fais vite, je m'occuperai de ton dos. A condition que tu n'aies pas oublié d'emporter du baume réparateur… lui lança-t-il.

Le shoji se referma sèchement, arrachant à Sasori un sourire dominateur.

Deidara bougonna à mi-voix, grimaçant légèrement en s'asseyant sur l'un des tabourets de la salle de bains, s'activant pour se nettoyer.

- Bien sûr que j'ai pris le baume… Heureusement même… Ah, quel Maître attentionné, vraiment ! Comme si je savais pas comment il est… Réparer ses dégâts, c'est vraiment le cadet de ses soucis…

L'esclave siffla entre ses dents quand il fit ruisseler l'eau tiède sur son corps à l'aide du sceau prévu à cet effet.

- Me torturer avec art… Tu parles… Il y connaît vraiment rien… Alors que c'est ça qui me fait vraiment bander… L'art… Mais non ! Il a eu la main lourde, comme d'habitude...

Sasori s'installa sur un zabuton près d'un petit brasero, redoutant la soirée qui allait suivre qui serait d'un ennui mortel pour un homme d'action tel que lui. Il médita sur la décision de Nagato de l'avoir envoyé pour le représenter durant la célébration du traité de paix entre Konoha et Suna. Leur village n'était pas particulièrement proche de l'une ou l'autre contrée. Ils faisaient juste un peu de commerce avec Konoha. Cependant, ne pas se déplacer alors qu'ils avaient été officiellement invités aurait été mal vu.

Leur cité était capable de se défendre, mais ils ne possédaient pas de véritable avantage stratégique ou militaire à l'instar du village caché du sable ou de celui de la feuille. Nagato avait probablement voulu tout simplement ménager la chèvre et le choux, histoire d'être tranquille. Leur chef n'avait pas spécialement de velléités d'accroître leur territoire ni de se créer des ennemis. Il souhaitait rester neutre, se consacrant à la prospérité de leur contrée, rendue difficile par les nombreuses intempéries qui la frappaient.

Pourquoi faire la guerre aux autres quand son peuple risquait mourir de faim ? Sasori admira la sagesse de son Daimyo. Lui, il était plutôt d'un tempérament belliqueux, prompt à prendre de force ce dont il avait besoin. La voix de son esclave, retentissant depuis la salle d'eau, tira le chef militaire de ses pensées.

- Maître, vous savez s'il y aura d'autres esclaves à la soirée ? le questionna le blond sans la moindre discrétion.

Sasori leva les yeux au plafond, comprenant parfaitement où son serviteur voulait en venir.

Deidara aimait beaucoup attirer l'attention et fasciner l'assistance quand il était en public. Les esclaves personnels étaient rares et particulièrement convoités, leur présence synonyme de puissance. C'était sans doute aussi un peu pour cela que Nagato avait envoyé Sasori en délégation, son valeureux bras droit à qui il avait offert Deidara, parfait faire-valoir. Et en tant que chef militaire d'un autre côté, qui mieux que lui pourrait discrètement évaluer les forces de Konoha et des diverses autres factions présentes.

Eux-mêmes étaient venus avec une impressionnante escouade regroupant quelques uns des guerriers les plus adroits du village d'Ame. Ils étaient arrivés avec quelques bouteilles de leur meilleur saké en guise de cadeau. Faire acte de présence tout en faisant relativement forte impression était malin de la part de leur Kage. Ils dissuaderaient ainsi d'éventuels ennemis d'avoir envie de leur chercher des noises, tout en les évaluant au passage. Sasori pinça l'arrête de son nez entre son pouce et son index, consterné par les préoccupations terre-à-terre de son domestique.

- Je n'en ai aucune idée et je m'en moque. Par contre, je vais finir par te sortir de cette pièce par la peau des fesses et te traîner à coups de pieds à cette foutue soirée si tu continues à tester ma patience !

La remarque cinglante sonna le glas de leur pseudo-discussion et Deidara ronchonna de plus belle contre son possesseur qui, décidément, ne comprenait rien à rien et ne voyait vraiment pas ce qui était important. Se coiffant avec soin dans la salle d'eau et entretenant sa peau, il s'adressa à son propre reflet dans l'un des miroirs de la pièce. Qui mieux que lui-même pouvait le comprendre…

Lui, il savait. Il avait surpris les conversations à voix basses de pas mal de domestiques dans les couloirs au fil de leurs pérégrinations au sein de la riche bâtisse fortifiée : présenter leurs respects au maître des lieux et à divers dirigeants pontifiants, installer leur escouade, livrer les cadeaux à l'intendant de l'Hokage, se rendre dans les appartements qui étaient attribués à Sasori, etc. Et il n'avait pu s'empêcher de tendre l'oreille. Oui, il y avait bien des esclaves personnels à Konoha.

Deux pour être précis, à ce qu'il avait compris : des anciens héritiers, fils d'un clan annihilé. Mais Deidara aurait bien aimé en savoir plus. Même s'ils donnaient visiblement du fil à retordre pour diverses obscures raisons au personnel de l'endroit, ce serait bien s'ils pouvaient être moins beaux que lui. Deidara s'apprêta avec encore plus de soin, sans trop y croire. En règle générale, les esclaves personnels étaient toujours très beaux. Le blond râla sourdement contre son possesseur. Sasori abusait de lui vraiment n'importe comment, abîmant son épiderme au teint clair qui marquait facilement.

Son serviteur sortant enfin de la salle de bains attira l'attention de Sasori. Celui qui lui était asservi se dirigea vers lui d'un pas rageur, l'air profondément contrarié. Le chef militaire se leva pour lui faire face, se demandant ce qui pouvait encore tracasser la cervelle blonde.

- Regardez Maître ! Même avec des onguents teintés, j'arrive pas à être présentable ! Je vais faire pitié moi au lieu d'inspirer la puissance et le respect, c'est pas possible ça ! Les gens vont se moquer d'Ame au lieu de vous craindre ! se plaignit l'esclave tout en désignant la morsure dont Sasori l'avait affublé.

Achevant sa tirade, ses yeux lançant des éclairs sur l'unique responsable de sa débâcle, Deidara attendit, furieux, que celui-ci se justifie ou bien l'aide à minimiser le carnage. Le large sourire narquois de son Maître qui le toisa le fit frissonner.

- Quoi de mieux qu'un esclave opprimé pour inspirer la crainte. De quoi tu te plains, tous ceux qui poseront les yeux sur toi ce soir sentiront ma cruauté, s'imagineront la brûlure de mon fouet ou le froid de ma lame… Mais, je peux en rajouter si tu veux…

Deidara déglutit et une paume savante cingla brusquement ses fesses. Son Maître commença à dérouler tranquillement son fouet, jouant avec le manche qu'il caressa amoureusement. Son aura écrasante de sadisme eut raison du serviteur qui rendit les armes.

- Non, non. C'est bon, je pense que ça suffira largement, s'exclama Deidara vexé.

Il fit volte-face après un faux sourire qu'il adressa à son possesseur et partit fourrager dans les coffres renfermant leurs affaires, les nombreux bijoux qu'il portait cliquetant à chacun de ses gestes.

Bougonnant intérieurement de plus belle, il se dépêcha de finir de se préparer, conscient du regard plein de convoitise qui le dévorait. Mieux valait pour lui de ne pas trop tenter celui qui était devenu son Maître s'il ne voulait pas finir écorché vif. Et Deidara savait que cela ne dérangerait absolument pas Sasori. Il ne comprenait pas pourquoi le Daimyo l'avait offert à ce butor après l'avoir transformé en esclave personnel. Certes, Sasori était un chef militaire hors-pair cumulant de hauts faits d'armes, mais il était aussi cruel et sans pitié, et il ne comprenait vraiment rien à l'Art, rien de rien...

Quelle récompense y avait-il pour un type comme Sasori à se voir offrir quelqu'un de si précieux ? Deidara fulmina en toute discrétion. Si seulement son père, le Daimyo du village d'Iwakagure n'avait pas eu l'idée stupide d'annexer la cité d'Ame, lui n'en serait certainement pas là aujourd'hui. Avec l'aide de Sasori comme fer de lance, Nagato avait écrasé ses assaillants dont Deidara faisait partie. Les rares survivants avaient été emprisonnés mais son sort à lui avait été tout autre et bien pire.

Sachant qui il était, le fils héritier de l'envahisseur, Deidara avait été jeté en pâture aux soldats d'Ame sous les yeux des guerriers de son père qui, lui, avait battu de justesse en retraite avec une poignée d'hommes. La garde d'Ame avait subi quelques pertes et ils s'étaient allègrement vengés sur la victime qui leur avait été servie sur un plateau. Deidara avait été joyeusement torturé et battu comme plâtre puis finalement violé. Tous ceux qui le souhaitaient lui étaient passés dessus. Tous ceux qui voulaient le martyriser l'avaient fait à leur guise.

Sous le faux prétexte de lui soutirer toutes les informations qu'il pouvait avoir, son supplice avait duré des jours et des semaines, Deidara priant de toute son âme pour que la grande faucheuse vienne le prendre, sachant pertinemment que personne d'autre ne viendrait à son secours. Il avait enduré son supplice avec honneur et fierté car c'était tout ce qui lui restait. Ses tortionnaires s'en étaient donnés à cœur joie, l'humiliant, le torturant de mille et une façons, le rouant de coups. C'était un miracle qu'il ait réussi à traverser tout ça en un seul morceau.

Quand on l'avait enfin sorti des geôles sombres et humides, il avait cru qu'il finirait pendu sur la place publique. Mais ce ne fut pas le cas. Au lieu de cela, il fut confiné dans d'autres soubassements de l'édifice du Daimyo d'Ame, moins crasseux mais à peine plus éclairés. Deidara n'avait pas compris pourquoi tout à coup il était un peu mieux nourri et même soigné. Ce qui arriva ensuite fut un nouveau genre de tourments, bien plus diaboliques.

Au début, il y eut le tatouage : ingrat, douloureux et dégradant. Puis, il y eut tout le reste… Chaque jour, on le sortait sous bonne garde de sa nouvelle cellule pour le livrer à une vieille femme toute rabougrie et ridée. Prisonnier de ses fers, Deidara n'avait pu échapper à la frêle créature qui hantait encore ses cauchemars. Elle avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui, perçant ses chairs avec ses grandes aiguilles et le gavant de décoctions qui lui avaient fait perdre la tête.

Il avait été réduit en esclavage, chaque jour un peu plus, dépossédé de son statut d'héritier, de combattant aguerri, d'homme… Son corps s'était couvert de bijoux et d'ornements dont certains étaient plus que pernicieux. Pas à pas, entre ses mains percluses d'arthrite, elle l'avait corrompu et brisé pour mieux le reconstruire en un servile domestique prêt à tous les usages. Après tout, il avait déjà été violé un nombre incalculable de fois avant d'arriver entre ses doigts crochus, son anus ayant même nécessité quelques points de couture tant ses précédents tortionnaires s'étaient montrés violents et brutaux.

A la fin de son petit séjour, Deidara avait depuis longtemps renoncé et totalement embrassé sa nouvelle nature, la mort refusant de venir le prendre. Puisque tel était son destin, s'épuiser à lutter ou se bercer de faux espoirs était inutile. Faire avec était sa seule option, et c'était celle qu'il avait choisi. Agenouillé aux pieds du trône de Nagato, son échine tatouée du symbole d'Ame, son corps mince et totalement nu couvert de fines chaînes et de bijoux, exposé à tous les regards, il n'avait rien ressenti quand des soldats de la cité de la pluie avaient poussé les rescapés de son village à bien le regarder.

Sous les yeux de ses anciens compagnons d'armes, des compagnons qui avaient été sous ses ordres pour certains, Nagato avait officiellement prononcé par décret devant toute l'assemblée son nouveau statut. Deidara aurait dû être choqué d'apprendre que son père avait paraphé le document, mais non. Il avait juste souri. La tête baissée, il observait ses mains embellies par de très jolies chaînettes qui serpentaient jusque sur ses bras. Il contemplait son sexe d'où dépassait une petite sphère argentée percée de trous minuscules surmontée d'un anneau. Il sentait dans sa chair tous les points d'ancrage où naviguaient les solides et fins maillons qui le décoraient et limitaient ses gestes.

Deidara se trouva beau, très beau même. Son corps tout entier était devenu une œuvre d'art, l'art si cher à son cœur qui le passionnait tellement, le poussant jusqu'à l'obsession. Il aurait dû se sentir trahi, avili au delà de toute raison. Il n'en fut rien. Nagato l'avait alors offert à Sasori pour le récompenser. Le chef militaire n'avait rien exprimé de particulier et avait juste jeté aux pieds de l'esclave un collier de cuir qui puait le chien. Deidara avait lui-même refermé l'objet autour de son cou puisque c'était visiblement ce qu'on attendait de lui.

- Sois sage et tu seras bien traité. Sois désobéissant et je te ferais regretter d'être né.

Deidara avait silencieusement acquiescé aux paroles de Sasori, ses yeux pétillant d'un nouvel éclat. Les hommes du village d'Iwagakure furent conduits hors de la pièce et seraient libérés aux frontières d'Ame. Sasori lui enjoignit de le suivre et Deidara s'était exécuté. Le chef militaire n'avait pas menti. Deidara avait tout ce qu'il voulait : les tissus les plus beaux, les crèmes et les pommades les plus coûteuses, les mets les plus délicieux. Et son Maître, sadique, répondait parfaitement à ses pulsions masochistes qui avaient toujours étaient là, tapies au fond de lui, mais qui n'avaient fait que grandir au fil de sa traumatisante expérience. Enfin, Sasori y répondait presque parfaitement…

Son existence était devenue bien meilleure depuis qu'il était devenu l'esclave personnel de Sasori. Deidara entassait les estampes d'artistes réputés, s'adonnant lui-même à la sculpture autant qu'il le voulait. Il mangeait tous les plats qui lui passaient par la tête et menait une existence oisive qui le satisfaisait pleinement, loin de toute responsabilité ou devoir. Deidara était fier de ce qu'il était et aucun esclave personnel ne devait pouvoir rivaliser avec lui. Nouant un rang de perles délicates et très chères autour de sa taille, Deidara sourit, plaçant avec précision le bout de l'ornement orné d'un petit pompon gracieux juste au-dessus de la raie de ses fesses.

Le corps brillant de mille feux, ses cheveux ajourés de pierres précieuses disséminées sur des fils d'argent, Deidara se tourna vers son Maître tout en finissant d'accrocher des voiles vaporeux sur ses hanches.

- Ça y est ? Tu as fini de te pomponner ? lui demanda celui-ci sans masquer son impatience.

Deidara lui sourit largement et ouvrit ses bras, exécutant une lente pirouette sur lui-même.

- Oui, je suis prêt. Ne suis-je pas le plus beau ? répondit-il heureux.

Il était une véritable œuvre d'art et personne ne pourrait rivaliser avec lui, se dit le blond, ne prêtant pas la moindre attention à la réponse agacée de Sasori.

-oOo-

Triturant nerveusement ses mains, Itachi marchait la tête basse, un pas derrière Kyūbi. Il n'avait pas revu Sasuke depuis l'altercation avec le géant roux et était dévoré par l'inquiétude. Les coursives du palais bruissaient de monde, emplies de petits pas pressés ou de grandes enjambées nerveuses, pleines de bruissements d'étoffes ou de cliquetis d'armes et de chuchotis qui enflaient sur son passage. Kyūbi se dirigeait vers la salle d'apparat où avait lieu les festivités, attendant le dernier moment pour s'y rendre, sautant allègrement le discours de son protégé qu'il connaissait déjà presque par cœur pour l'avoir entendu le travailler dans le cabinet de travail, s'épargnant celui du Kazekage qui ne l'intéressait pas le moins du monde et l'échange de parchemins marqués à la cire qui allait avec.

L'homme à la forte carrure et aux multiples tresses rousses serra les dents. Il n'aimait pas ce qu'il lisait dans certains regards se posant sur son trophée. Ralentissant un peu, il attendit qu'Itachi le rejoigne et glissa un bras possessif et protecteur au creux des reins de celui-ci. Perdu dans ses pensées, la tête basse, son esclave lui lança un regard un peu surpris avant de se laisser conduire en silence, reprenant un peu contenance. Kyūbi le couvait d'un œil tutélaire.

L'aîné Uchiwa était magnifique, se déplaçant avec une grâce aérienne. Ses longs cheveux bruns avaient été soigneusement coiffés mais laissés détachés. Ils étaient parsemés d'un réseau de chaînettes argentées, plus fines que des fils, dont certaines étaient tressées entre elles. Minuscules perles laiteuses aux reflets irisés et discrètes pierres précieuses ouvragées se noyaient dans la masse opulente de sa chevelure couleur encre de Chine. Sur son front, deux rangées de perles se rejoignaient, rattachées à un rubis rouge étoilé rond et plat, de la taille d'une pièce de monnaie, fiché à la base de la raie qui partageait ses cheveux.

Le vêtement blanc que le brun portait lui seyait à merveille, la vaporeuse mousseline flottant élégamment autour de lui à chacun de ses gestes. On aurait dit rien de moins que la tenue de la déesse Aphrodite elle-même. Le haut de la longue tunique formait un V moulant le torse d'Itachi, constitué d'une seule bande de tissu, partant de la taille et passant derrière le cou de l'esclave avant de redescendre de la même façon. D'un blanc éclatant, il ne laissait que deviner ce qu'il masquait.

Le bas de la longue tunique frôlait le sol, formé en réalité de multiples pans juxtaposés de mousseline, suffisamment pour constituer une longue jupe à peine transparente mais très aérienne que les jambes d'Itachi ouvraient souplement. De la taille jusqu'aux genoux, les multiples étoffes étaient rebrodées d'un entrelacs de fils d'or aux teintes variées qui, une fois superposés, formaient un dessin aux courbes et volutes abstraits.

Deux écharpes faites de cette même cotonnade plus mince qu'une feuille de papier étaient attachées aux épaules et aux poignets de l'aîné Uchiwa par des ornements précieux, l'une tombant en corbeille sur sa poitrine, l'autre sur ses omoplates. Il faisait penser à un Adonis ou un Apollon revisité, les surpassant largement. Dans son dos dénudé, sur ses bras et sur le dessus de ses pieds tout aussi nus rampaient un entrelacement de quantité de chaînettes dont les croisements étaient rehaussés de gemmes. Les ornements formaient une toile lâche et ajourée sur sa peau couleur de neige.

Magnanime et cherchant à gagner la confiance du brun, Kyūbi avait défait certaines des attaches du labyrinthe d'orfèvre qui contraignaient les mouvements de son brun, libérant sa tête. Il avait donné également un peu plus d'amplitude à ses mouvements, remplaçant certains liens de platine tressé par d'autres moins restrictifs mais toujours présents. Depuis que le démoniaque commandant de la garde personnelle de Naruto avait glissé un bras autour de sa taille, Itachi avait relevé la tête et le regardait de temps à autre avec défi.

Sa fière froideur marmoréenne fit plaisir à Kyūbi qui préférait de loin avoir à faire à un esclave un peu rétif, à l'esprit vif plutôt qu'à une chiffe molle passive et craintive. Le géant roux se demanda comment son protégé s'en était tiré avec son Uchiwa personnel, craignant les retrouvailles entre les deux frères. Sasuke était loin d'être au mieux de sa forme et le mot était faible. Itachi en ferait sûrement une maladie, en bon frère aîné aimant et protecteur qu'il était. Kyūbi redoutait les répercutions que cela aurait sur son propre brun et sur leur relation.

Son Maître relâcha sa prise sur sa silhouette longiligne et Itachi regagna son ombre quand ils franchirent les portes de la salle d'apparat. Il fut secrètement reconnaissant à son possesseur de pouvoir garder la tête haute et de ne pas être promené au bout d'une laisse ignominieuse. L'aîné Uchiwa réalisa quand il entra dans l'immense pièce à quel point Kyūbi l'avait gardé plus ou moins reclus jusqu'ici, à l'abri des regards indiscrets. La foule chatoyante qui se pressait dans la salle richement décorée le statufia une fraction de secondes, l'impressionnant plus qu'il ne l'aurait cru.

La plupart du temps, il était resté dans les appartements du commandant et quand il était dans les jardins, ceux-ci étaient presque déserts. Les conseils ou événements formels auxquels il avait assisté ne regroupaient toujours qu'une poignée de personnes. Quand ils se déplaçaient dans les coursives du château, ils ne passaient que rarement dans les endroits très fréquentés, Itachi se rendant compte au fur et à mesure qu'il apprenait à s'y repérer que Kyūbi empruntait toujours les chemins les plus détournés.

Son cœur battit plus vite à l'idée de revoir bientôt Sasuke, Itachi fouillant l'amas de gens du regard à la recherche de la silhouette de son cadet. Il ignora royalement les regards appuyés dont il était la cible et les rumeurs qui allèrent bon train sur son passage. Kyūbi l'attira à lui par le coude, le brun réalisant avec un temps de retard qu'ils avaient été séparés quelques instants.

- Ne t'éloigne pas trop de moi, gronda le géant roux à son oreille. Ça pourrait être dangereux.

Itachi se défit discrètement de la prise sur son bras et lui répondit sur le même ton :

- Tu as dit que je pourrais voir Sasuke…

- Et ce sera le cas, mais en attendant ne me quitte pas d'une semelle. Tout le monde te regarde, grogna Kyūbi.

- Ah oui ? Et à qui la faute si ce n'est la tienne ! Toi et tes idées tordues vengeresses, ta conception diabolique de l'amour que tu me portes ! persifla Itachi avec agacement.

- Je te déconseille fortement de me tenir tête et de te disputer avec moi maintenant, gronda Kyūbi. Surtout si tu veux voir Sasuke et passer un peu de temps avec lui.

Les deux hommes se défièrent silencieusement du regard jusqu'à ce qu'Itachi ne capitule.

- Tu me laisseras vraiment passer du temps avec lui ? demanda-t-il.

- Oui, si tu me fais confiance et que tu obéis sans discuter, lui rétorqua son Maître.

Itachi soupira et hocha silencieusement la tête. Kyūbi le toisa puis fit quelques pas dans la foule, son esclave le suivant pas à pas. Le commandant fut arrêté dans sa course par un dignitaire qui lorgna sans la moindre discrétion l'ancien héritier avant d'entamer une discussion quelconque avec le géant.

L'aîné Uchiwa rongea son frein et digéra sa petite altercation avec le monstre qui avait fait de lui sa propriété. Le roux n'avait absolument rien remarqué, ce qui rassura Itachi. Dans les plis de sa tunique, il effleura le manche du kunai qu'il avait discrètement subtilisé à celui qui avait fait de lui son captif. Tranquillisé par l'arme qu'il venait de dérober, le brun aux fausses allures de Dieu grec prit son mal en patience. Bientôt… Bientôt, il retrouverait son cadet.

Kakashi rejoignit le trio, ayant quelques affaires à discuter avec l'un des principaux meneurs des forces armées de Konoha. Il tenta d'oublier sa discrète visite au pavillon niché dans l'une des parties les plus éloignées du jardin et surtout sa discussion avec Iruka. Depuis quelques temps, les choses n'allaient pas bien entre eux, son amant se montrant anxieux. Kakashi n'était pas né de la dernière pluie et connaissait suffisamment celui-ci pour lire entre les lignes.

Iruka avait besoin qu'il le rassure, de se sentir en sécurité par rapport à leur relation, mais l'homme aux cheveux argentés ne pouvait lui apporter aucune certitude. Ils étaient ensemble aujourd'hui, oser espérer plus était hors de leur portée. Ni lui ni Iruka n'étaient dans des positions qui leur permettraient de s'afficher publiquement. Ils n'avaient l'un comme l'autre pas assez de pouvoir ni d'influence et encore moins suffisamment d'argent pour garantir leur tranquillité si jamais ils étaient découverts.

Tolérance et magnanimité régnaient à Konoha depuis Minato, Naruto suivant les mêmes préceptes que son père. Mais Rome ne s'était pas faite en un jour, il faudrait du temps pour changer définitivement les esprits. Deux hommes ensemble, ça faisait vraiment mauvais genre encore aujourd'hui. Sauf si l'un d'eux était un esclave personnel ou officiait dans une maison de plaisirs, auquel cas la situation était différente et c'était même normal. Mais deux hommes biens sous tous rapports, cela n'avait encore aucun sens pour la majorité de l'opinion publique.

-oOo-

Léthargique, Sasuke avançait comme un zombie, un pas en retrait du Daimyo et de son confrère du village de Suna. Ses cheveux avaient été durement tirés en arrière en un chignon haut et serré, dégageant son visage angulaire et sa nuque. Un bandeau d'or fait d'une simple tresse parsemée de saphirs orangés ceignait sa tête. Le jeune brun chercha son souffle, son estomac se baladant sur des montagnes russes alors qu'il n'avait presque rien avalé de la journée.

Son teint un peu cireux avait été rectifié à grand renfort de poudre de riz qui l'avait fait éternuer. Il frissonna légèrement, sa tenue ne l'aidant pas vraiment à se réchauffer. Il ne portait rien d'autre qu'un boléro violet foncé en soie particulièrement fine et une espèce de longue jupe orientale taille basse pas plus épaisse, faite de multiples superpositions de voiles, fendue de toutes parts. Le boléro était refermé sur sa gorge par un petit col orné de deux boutons de nacre incrustés d'éclats d'améthystes. Les longues et larges manches aériennes étaient refermées sur ses poignets par une fermeture identique.

Les pans du vêtement tombaient jusqu'à ses hanches avant de remonter dans son dos en un U évasé, laissant la quasi-totalité de son échine à l'air libre et ne couvrant que ses omoplates. Le bruit des grelots et des clochettes que Sasuke portait en permanence, s'agitant au moindre de ses gestes, lui donna mal à la tête. Il aurait préféré rester tranquillement installé sur son zabuton comme c'était le cas au début de la célébration plutôt que de suivre son Maître comme son ombre dans la foule qu'ils parcouraient à présent.

Tout le monde regardait le brun au fil de son errance derrière le Daimyo-Hokage; souvent avec dégoût, parfois avec curiosité, les plus pervers et intéressés d'entre eux le détaillant avec insistance et appréciation. Sasuke se moquait éperdument de la marée humaine bigarrée qu'il traversait, les gens s'écartant respectueusement sur le passage du trio. L'esclave éprouvait un profond frisson de dégoût à chaque fois que des mains peu scrupuleuses osaient discrètement tripoter l'une de ses hanches, ses fesses ou le bas de ses reins, dans l'indifférence totale de son possesseur.

Sasuke s'abîma dans d'intenses réflexions, cherchant à comprendre pourquoi il ne supportait pas que qui que ce soit le touche comme un vulgaire quartier de viande alors que les paumes chaudes de Naruto ne lui faisaient pas du tout le même effet. Elles pouvaient être rassurantes, câlines et même sulfureuses, mais il ne ressentait pas cette répugnance qui l'étouffait. Le jeune brun regretta amèrement les appartements de son possesseur et sa paillasse, la pelisse sous laquelle il avait envie de définitivement disparaître pour ne jamais en ressortir.

Naruto et Gaara se dirigèrent vers l'un des buffets dressés le long de la salle, supportant mets et boissons. Des domestiques sillonnaient la foule, proposant les mêmes mets sur de grands plateaux d'argent. Quelques rares petits braseros réchauffaient l'atmosphère déjà lourde de parfums plus ou moins discrets mélangés aux odeurs de nourriture. De grands lustres de bois sculptés ornés de rectangles de verres teintés et de pompons assortis et garnis de lampes à huiles oscillaient de mille lueurs vives sous le haut plafond.

Les murs de l'immense pièce étaient faits de panneaux de bois recouverts de paysages stylisés sur fonds dorés, au-dessus desquels en étaient encastrés d'autres d'un blanc virginal. Les boiseries couleur de miel de l'architecture s'élevaient avec simplicité et élégance. Des plaques d'un épais tatamis grège recouvraient le sol, étouffant le bruit des pas de la centaine d'invités, domestiques et gardes. Quelques larges banderoles aux couleurs de Konoha, une grande spirale orange en décorant le centre, tombaient du plafond.

- Tu es sûr qu'il va bien ? glissa Gaara à son homologue en jetant un rapide coup d'œil derrière son épaule.

Naruto se rembrunit avant de hausser les épaules.

- Je sais pas trop. Il n'est pas très en forme en ce moment.

Écartant rapidement le sujet, le Daimyo-Hokage reprit leur conversation précédente bien plus anodine. Même s'il n'en montrait rien, il bouillait intérieurement et Sasuke était un sujet dont il préférait ne pas parler de peur d'exploser.

Naruto était, certes, distrait par celui qui était devenu son ami et qu'il appréciait beaucoup, mais il n'était pas non plus aveugle. La façon dont certaines personnes regardaient son esclave le mettait en colère. Il n'appréciait pas vraiment les éclats haineux ou lubriques qu'il surprenait et qui s'attardaient un peu trop sur sa possession. Il serra convulsivement les poings avant d'échanger un sourire avec Sakura qu'ils croisèrent brièvement. Une domestique proposa des verres de Saké et Naruto sauta sur l'occasion pour trinquer avec Gaara, espérant que l'alcool le détendrait.

Il aperçut près de l'un des murs de la salle une tignasse rousse surmontant une forte carrure. Soulagé, Naruto entraîna son homologue dans cette direction l'air de rien. Son protecteur avait visiblement fait place nette autour de lui, conversant avec un homme bien plus petit que le blond reconnut : le dignitaire envoyé par Ame. Non loin de lui, tranquillement assis sur des coussins dans ce recoin de la pièce, Itachi semblait prêter une oreille distraite au jeune homme installé à ses côtés.

Naruto se félicita intérieurement. C'était l'occasion rêvée de soustraire Sasuke à la foule qui évoluait sans cesse autour d'eux en un lent ballet interminable. De plus, permettre aux anciens héritiers du clan à l'éventail de se revoir et de pouvoir passer un peu de temps ensemble ranimerait peut-être son brun qui l'inquiétait. Le Daimyo jeta un coup d'œil à son esclave au visage particulièrement blême qui le suivait tête basse d'un pas de somnambule. Il ne savait vraiment plus quoi faire pour que les choses changent et espéra sincèrement qu'Itachi améliorerait au moins un peu l'état amorphe de son cadet.

-oOo-

Sasuke reposait contre son frère, pelotonné entre ses bras. Il avait bien failli fondre en larmes quand ils s'étaient retrouvés face à face. Itachi s'était précipité vers lui, lui posant mille questions à la fois, lui demandant si tout allait bien, s'il mangeait et dormait correctement, pressant une grande et fine main fraîche sur son front. Sasuke avait été incapable de prononcer le moindre mot tant les émotions qui le balayaient étaient fortes. Il tremblait comme une feuille quand il s'était jeté sur son frère et l'avait serré de toutes ses maigres forces dans ses bras. Ils étaient restés un long moment enlacés, les bras si rassurants d'Itachi l'enveloppant à son tour.

Quand ils s'étaient enfin séparés, Itachi avait gardé ses mains dans les siennes et l'avait attiré vers les coussins confortables où un autre homme était déjà assis. Son aîné l'avait doucement installé sur l'un des zabuton les plus douillets, prenant place à ses côtés. Glissant un bras protecteur sur ses épaules, son aîné l'avait lové contre son torse. Fermant les yeux, Sasuke n'avait pas entendu le flot de paroles autour de lui, captivé par un seul son : le cœur d'Itachi qui battait fort et à un rythme soutenu. Collé à son frère comme un bébé koala à sa mère, Sasuke n'avait plus bougé.

Plus qu'inquiet par le profond abattement de son cadet et son mutisme, Itachi avait renoncé à tenter de dialoguer avec lui. Son état l'angoissait. Sasuke avait perdu du poids et son visage était plus pâle encore qu'il ne l'avait jamais vu. Il caressait son dos d'une main rassurante, alarmé par son comportement lymphatique. Affalé contre lui, son jeune frère restait immobile, ne bougeant pas d'un cil. Remisant sa colère contre Naruto et Kyūbi pour plus tard, le brun à la longue chevelure d'ébène proposait de temps à autre à boire ou à manger à Sasuke, celui-ci se laissant désaltérer et nourrir du bout des lèvres.

Ne pouvant s'empêcher d'épingler d'un regard furieux les uniques responsables de tout cela qui conversaient un peu plus loin avec le Maître de l'esclave venu d'Ame et un autre dirigeant, Itachi fut détourné de son observation colérique par celui dont il avait fait la connaissance un peu plus tôt : Deidara.

Deidara était un esclave personnel tout comme eux et était passionné par l'art, surtout la sculpture. Avant l'arrivée de Sasuke, Itachi et lui étaient en pleine discussion sur le sujet, enfin c'était surtout le blond qui parlait, sa passion le rendant particulièrement volubile et enflammé. Le brun écoutait son discours débridé d'une oreille, n'ayant jamais eu l'opportunité d'en placer une.

Observant les retrouvailles des deux frères dont le plus jeune semblait plutôt mal en point, Deidara s'était tu. Indubitablement, les frères Uchiwa étaient beaux, très beaux même, mais Deidara décida de ne pas en prendre ombrage, ayant rarement l'occasion de fréquenter d'autres esclaves comme lui. L'inquiétude qu'il lisait sur le visage d'Itachi était touchante, tout comme l'attitude du plus jeune, lové contre lui comme un oisillon sous l'aile protectrice de sa mère.

- Je suppose qu'il a du mal à se faire à sa condition, dit-il à Itachi. Mais ne t'en fais pas, il finira par s'y habituer, ajouta-t-il avec un franc sourire.

Le brun soupira lourdement avant de répondre d'une voix atone.

- C'est un véritable cauchemar… Je ne vois pas comment tu peux être si détendu et joyeux.

Quand ils avaient fait connaissance, Deidara avait bombardé Itachi de questions, curieux de connaître son histoire. Il lui avait brièvement répondu, faisant un résumé succinct, taisant les moments les plus ignominieux. Deidara avait rapidement partagé la sienne, surprenant Itachi.

Le bonheur non feint et la fierté que le blond éprouvait d'être devenu un esclave étaient une véritable énigme pour l'aîné Uchiwa. Pourtant, il était comme eux. Lui aussi était l'héritier d'une puissante famille qui avait été vaincue, contraint d'embrasser contre sa volonté cette destinée avilissante.

- Voyons, pourquoi serai-je malheureux ? Il n'y a pas mieux qu'être un esclave ! Tout ce que j'ai à faire, c'est de servir mon Maître qui me passe tous mes caprices et accède à toutes mes demandes. Je suis protégé, je mange bien et je ne m'ennuie jamais. Je me prends plus la tête avec des responsabilités à la noix et je fais tout ce qui me plaît ou presque. Y a pire comme situation, tu ne crois pas ?

Itachi ne répondit pas et médita le petit laïus de son vis-à-vis qui le renvoyait à sa propre expérience. Kyūbi aussi lui donnait tout ce qu'il voulait et se pliait en quatre pour lui faire plaisir. Cependant, si ses moindres désirs étaient satisfaits, cela ne compensait en rien tout ce que le roux lui avait fait, songea-t-il. Deidara vida une coupelle de saké avant de reprendre avec emphase :

- Je préfère largement être un esclave, plutôt que de croupir dans une geôle pourrie ou bien pire. Crois-moi. Et puis, Sasori n'est pas difficile à satisfaire. Sans compter que les esclaves personnels sont rares. Beaucoup de domestiques sont jaloux parce qu'on a vraiment la vie facile et qu'ils sont même obligés de nous servir. Et les autres, tous ces dignitaires qui se pavanent, et bien, ils meurent d'envie et feraient n'importe quoi pour avoir un esclave eux-aussi.

Deidara mordit dans un succulent gâteau de riz truffé de gelée à la rose.

- Tu vois ? On n'appartient pas à n'importe qui et on n'est pas maltraités, bien au contraire. Les gens qui nous possèdent sont importants, forts, riches, puissants...

L'esclave blond lécha ses doigts avec gourmandise avant de poursuivre :

- C'est un honneur de les satisfaire, et c'est pas cher payé pour tout ce qu'ils nous apportent.

L'artiste sculpteur bomba le torse avec fierté.

- Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je suis avec Sasori. Quand on rentre dans une pièce, tout le monde nous regarde. Il y a même des grands pontes qui lui font des cadeaux pour moi pour rester dans ses bonnes grâces. Et si jamais quelqu'un me regarde de travers, serviteur ou personne influente, un mot de moi et Sasori s'en charge. Et crois-moi, mieux vaut ne pas le mettre en colère… Ah, je ne pourrais vraiment pas rêver mieux !

Deidara se leva pour aller chercher une autre coupelle de saké, des domestiques attendant obséquieusement avec leurs plateaux chargés de boissons et victuailles non-loin de leurs Maîtres.

Les orbes sombres d'Itachi s'écarquillèrent d'effroi quand il vit le dos de l'esclave blond, celui-ci zébré de marques. Il resserra inconsciemment sa prise sur son cadet. Son agitation soudaine attira l'attention de Sasuke qui leva les yeux et suivit le regard de son frère, ses pupilles se dilatant de surprise et d'horreur. Deidara revint vers eux et se rassit sur son zabuton, leur faisant face, tenant une coupelle dans une main et une pile de petites douceurs et divers sushis dans l'autre.

- Vous en voulez ? leur proposa-t-il joyeusement.

Les deux Uchiwa firent non de la tête, gardant le silence tout en observant le jeune homme avec effarement et sueurs froides, avant qu'Itachi ne prenne finalement la parole :

- Dans ton dos… C'est bien des marques de fouet ? se hasarda-t-il.

- Hein ? Oh, ouais. Je lui avais pourtant dit d'y aller mollo, mais c'est plus fort que lui. Il a toujours la main un peu lourde quand mon Maître joue avec ce truc, leur répondit le blond avec naturel.

Deidara interrompit sa dégustation de pâtisseries devant les deux mines décomposées qui le fixaient. Se penchant vers les deux frères, il ajouta pour les rassurer :

- Et encore, ça c'est pas le pire. Le pire, c'est vraiment la cire. Ça brûle et ça colle, et ça laisse des marques qui restent bien plus longtemps. Ça fait tout moche après.

L'esclave dévora une autre boule de riz fourrée d'abricots confits.

- Et vous, vos Maîtres, ils vous la mettent comment ? questionna-t-il avec curiosité.

Il avait bien observé chacun des deux frères, jalousant leurs épidermes veloutés couleur de neige. Sous les bijoux précieux, aucune cicatrice ni marque d'aucune sorte ne venait les enlaidir, attisant son intérêt. Devant leur silence gêné, il se lança, espérant leur soutirer quelques confidences.

- Moi, le mien c'est une vraie brute. Et il se marre quand je peux plus marcher. C'est bon, c'est même génial ! Je jouis à chaque fois. Mais, c'est violent quoi.

Deidara avala quelques gorgées de saké avant de s'adresser à Itachi qui semblait être le plus enclin à lui répondre :

- Et toi ? Il te défonce aussi le derrière le tien ? Comment tu fais le lendemain pour marcher ? Parce que si tu as une recette de baume vraiment efficace, j'aimerais bien que tu me la donne. Y a des jours, je peux à peine bouger.

Itachi blêmit à la confidence dite sur un ton nonchalant et Sasuke se serra un peu plus contre lui, frissonnant d'effroi. Les deux frères échangèrent un regard dévasté et anxieux.

Se raclant gauchement la gorge, Itachi se résigna à répondre, celui qui leur faisait face attendant visiblement une explication à défaut d'une solution à son problème. Le regard de son cadet posé sur lui ne lui facilita pas la tâche, mais il se lança tout de même, confessant du bout des lèvres :

- Je… Je ne vais pas vraiment pouvoir t'aider pour ça… Kyūbi… Kyūbi et moi, on ne fait plus rien dans ce genre là… Et avant, il ne m'a jamais fait mal… Pas comme... pas comme toi en tout cas. Après, il me… Il me massait toujours les reins, souvent et régulièrement... avec un baume légèrement chauffant.

Interloqué, Deidara contempla le brun, sa bouche s'arrondissant de surprise.

- Plus rien ? Vraiment plus rien du tout ? reprit-il plus qu'étonné.

Itachi confirma silencieusement, mal à l'aise.

- Mais pourquoi il te garde alors ? poursuivit l'esclave blond abasourdi.

L'arrivée impromptu de Sasori près de son serviteur personnel soulagea secrètement le brun, lui épargnant de répondre à cette question gênante.

Le chef militaire d'Ame se pencha vers son esclave et lui glissa quelques mots à mi-voix à l'oreille. Son esclave bouda ouvertement avant de s'exclamer vivement :

- Non mais Maître, vous voyez pas que j'ai une conversation civilisée avec mes pairs là ? Vous avez sûrement d'autres copains pontifiants à voir et avec qui discuter sans que je vous serve de faire-valoir. Lâchez-moi un peu la grappe. J'ai mal aux joues moi, à force de sourire humblement à vos côtés ! C'est énervant à la fin, à croire que vous ne pouvez pas vivre sans moi !

Sasori leva les yeux au ciel, la tirade de sa possession rétive provoquant le rire grave et rauque de Kyūbi qui n'avait rien perdu de la scène.

- Oui, oui, c'est ça, bien sûr… rétorqua-t-il avec un sourire narquois tout en s'emparant fermement du collier de Deidara.

- Allez viens. Promis, je m'arrangerait pour que tu puisses leur reparler plus tard, ajouta-t-il goguenard tout en remettant le blond sur ses pieds d'un geste impérieux qui ne souffrait aucune contestation.

Le couple s'éloigna dans la foule, Deidara suivant son Maître mais ne pouvant s'empêcher de râler bien peu discrètement.

- … Et vous savez quoi ? Et bien son Maître à lui là, et bien après il prend bien soin de lui au moins. C'est pas comme vous ! Vous, vous vous en foutez pas mal, même quand je boîte pendant plusieurs jours. C'est pas très gentil, vous pourriez au moins faire comme lui. Ce serait déjà plus sympa si vous…

Le reste du discours bougonnant se perdit dans le brouhaha qui régnait dans la grande salle, figeant les deux Uchiwa qui n'en revenaient pas.

L'attitude désinvolte de l'esclave stupéfia les deux frères, Itachi sursautant quand Kyūbi posa une main sur son épaule. Le géant roux se pencha sur sa propriété.

- Et bien tu vois ? Même une grande gueule comme lui vit très bien en tant qu'esclave et s'en accommode parfaitement. Il a l'air très heureux de son sort, et pourtant son Maître n'est pas réputé pour sa douceur et son bon caractère, commenta le géant avec bonhomie.

Itachi perçut clairement le sous-entendu dans les propos du commandant de la garde personnelle du Daimyo. La mâchoire de l'aîné Uchiwa se crispa. Le roux espérait-il vraiment lui faire avaler qu'il n'y avait aucune raison pour que lui ne s'habitue pas à cette situation ?

Sasuke se hérissa aux paroles du colosse démoniaque. Si seulement il avait pu, si seulement il avait eu plus de force et plus de liberté de mouvement, il aurait bien écrasé son poing dans la figure du géant. Les bras protecteurs de son aîné se resserrèrent autour de lui, celui-ci percevant sa rancœur. Puis, Itachi se releva lentement, entraînant son cadet à sa suite et se plaça devant lui, formant un écran protecteur et dissuasif face à Kyūbi.

- Peut-être que Deidara le vit bien, mais il n'en sera jamais de même pour moi et Sasuke, siffla l'aîné entre ses dents serrées.

Kyūbi leva les yeux au ciel et affronta son esclave au regard courroucé.

- Tu dis ça maintenant. Mais je sais que tu changeras. Je te ferais changer d'avis, tu verras. Quand à Sasuke, je trouve que lui et Naruto forment un couple parfait. Ce n'est qu'une question de temps… rétorqua-t-il avec un sourire sardonique.

Son captif serra les poings, ses yeux emplis d'éclats furieux dardés sur lui. Le commandant de la garde personnelle de Naruto sentit un élan d'amour lui crever le cœur. Dieu qu'il aimait Itachi quand celui-ci se mettait en colère. Il était si désirable et excitant... à en mourir de plaisir et à avoir envie de le contrarier encore plus. Et que dire de ses efforts désespérés pour protéger son frère, son talon d'Achille : tout simplement adorable et touchant.

Esquivant la grande main qui se tendit pour caresser sa joue, Itachi se figea quand il sentit les paumes de son cadet se poser sur son dos, froides et terriblement moites, agitées de tics nerveux.

- Aniki... ne le provoque pas. Je ne veux pas qu'il te fasse du mal… souffla son frère d'une voix blanche.

Sasuke posa son front sur l'échine d'Itachi et poursuivit :

- Tu as vu l'autre ? Son… Son dos… Et tout ce qu'il a raconté… Lui, ce monstre… Toi et moi, on sait qu'il en serait bien capable… Je… Je ne veux pas… Aniki… Il pourrait... Si tu le mets en colère, il se vengera...

Les yeux d'Itachi s'agrandirent d'horreur. Il se tourna vers son cadet pour le rassurer mais l'arrivée de Naruto les interrompit.

- Sasuke, je sais que tu préférerais rester avec ton frère mais j'ai encore deux, trois personnes à voir. Tu le retrouveras plus tard, lança laconiquement le blond en jetant un œil circonspect à Kyūbi.

Le Daimyo fut surpris de constater que son protecteur était étonnamment tranquille, ne montrant aucun signe de jalousie alors qu'Itachi n'avait d'yeux que pour son frère. Il y a peu, les voir trop longtemps ensemble avait pourtant suffit à mettre le feu aux poudres.

Gardant ostensiblement le silence, Sasuke s'extirpa lentement de l'étreinte de son aîné qu'il supplia du regard. Celui-ci embrassa son front pour le réconforter et lui caressa les épaules.

- Ne t'inquiètes pas petit frère, lui chuchota-t-il en esquissant un maigre sourire.

S'éloigner d'Itachi creva le cœur de Sasuke, mais ce n'était pas comme s'il avait le choix. Le comportement de Deidara l'avait choqué mais ce qui l'avait le plus marqué c'était son corps. Les coups de fouet, l'évocation de la cire… Une estafilade récente s'étirait même sur l'un de ses flancs. Kyūbi pourrait très bien faire tout ça à Itachi… Il n'en doutait pas. Deidara avait bien montré qu'ils n'étaient rien, juste des jouets à tourmenter comme bon semblait à leurs possesseurs.

Glacé jusqu'au sang par ses craintes, Sasuke emboîta le pas au Daimyo, celui-ci marchant côte à côte avec Kyūbi, échangeant quelques mots avec lui. Itachi en profita pour serrer vivement la main de son jeune frère quand il fut à sa hauteur, préoccupé par la peur qu'il lisait dans ses yeux à chaque fois que celui-ci observait discrètement le géant roux ou Naruto. Ils firent quelques pas dans la grande salle avant que leurs propriétaires ne soient arrêtés par quelques obscurs dirigeants souhaitant s'entretenir avec eux. Itachi en profita pour garder la main fine de Sasuke dans la sienne.

Des gens se mirent à chuchoter dans le dos des deux frères, leurs propos parfaitement audibles par les héritiers déchus.

- On a beau dire, mais ceux-là ont quand même plus de classe que celui d'Ame.

- Non mais, c'est pas comparable. L'autre là, il parait que quand ils l'ont fait prisonnier, c'est pas une personne mais toute l'escouade qui lui est passé dessus.

- Ah bon ?

- Mais oui mon cher. Le Daimyo de là-bas a été sans pitié. Tous ceux de sa garde qui voulaient pouvaient se servir de lui comme ils voulaient. Alors je vous laisse imaginer ce que ça a pu donner…

- Non…

- Si… La rumeur dit que quand son père l'a appris, il a bien failli faire une crise cardiaque. Et quand le Daimyo d'Ame a voulu négocier sa reddition en utilisant son fils comme monnaie d'échange. Et bien vous le croirez ou non, mais le patriarche n'en a plus voulu de son rejeton.

- Forcément, si toute la garde lui est passée dessus en plus de l'escouade qui leur a mis une branlée, toute la région devait être au courant.

- Oui, c'est exactement ça cher ami. La honte… Que voulez-vous, les gens parlent…

- C'était quel village ?

- Mmmmh, Iwagakure il me semble. Ils ont eu de la chance de ne pas être annexés par Ame.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Ah mon pauvre, si vous saviez. C'est vraiment une triste affaire… Il parait que le Kage d'Ame a demandé une compensation en or sonnant et trébuchant pour ne pas exercer de représailles. Tous les coffres de la cité ont été vidés… Les villageois étaient fous de rage, vous pensez bien. Alors ils se sont soulevés et ont tué leur chef. Un véritable massacre, à ce qu'on dit.

- Ah oui, quand même… Et vous croyez que le commandant Sasori laisse encore ses hommes toucher à son esclave ?

- Oh non, il est bien trop fier pour ça… C'est devenu son jouet exclusif après tout. Par contre, les rumeurs disent qu'il lui fait passer un sale quart d'heure à chaque fois qu'il en a l'occasion.

- Non…

- Siii… Et si vous voulez mon avis, maintenant que je l'ai vu son esclave, et bien je peux vous dire que je suis certain que c'est vrai. D'ailleurs, si vous avez l'occasion de le croiser, regardez le bien son esclave et vous verrez par vous même : les marques de fouet sur son dos sont toutes fraîches. Il parait que les domestiques et les gardes dans le coin des appartements privés qui lui ont été prêtés ne savaient plus où se mettre tant son esclave criait.

- Comme quoi, c'est vraiment des barbares à Ame.

- Je ne vous le fait pas dire, cher ami. Et encore, ça c'est rien. Il parait qu'il lui a fait bien pire…

- Oh, vous avez goûté ces lamelles de poissons ? Elles sont divines, elles fondent en bouche.

- Le saké mon cher, le saké est merveilleux. C'est pas tous les jours qu'on peut en boire autant et d'aussi bonne qualité sans que ça nous coûte le moindre sou ! Vous en reprendrez bien une petite coupelle ?

- Tout de même, je me demande… L'escouade qui a battu les envahisseurs, la garde… ça en fait du monde. Vous croyez vraiment qu'ils lui sont tous passés dessus ?

- Mmmh… Peut-être pas tous mais la grande majorité, j'en mettrais ma main à couper. Avouez, vous-même très cher, si vous en aviez l'opportunité, ne feriez-vous pas de même ? Ame a quand même eu des morts à déplorer. Torturer, violer, rançonner : ce n'est que justice. Il a eu de la chance de ne pas être tué.

- La malchance, vous voulez dire, non ?

- Ah ah ah ah ah, vous êtes plein d'humour...

Sasuke et Itachi déglutirent, devenant de plus en plus pâles au fil de ces commérages qu'ils surprirent. Ils s'entre-regardèrent, l'aîné serrant toujours la main du plus jeune, et ne purent s'empêcher de jeter un œil aux dos de leurs Maîtres toujours en grande conversation avec un tiers. "Par toute l'escouade et la garde…" : ces mots tordirent les tripes d'Itachi qui ne pouvait que trop bien s'imaginer le tableau. Encore plus choqué, Sasuke avait la bouche sèche et était aussi immobile qu'une statue. Non, Naruto n'oserait jamais…

Itachi sentit toute sa superbe fondre comme neige au soleil. Le colosse roux clamait qu'il l'aimait. Il n'oserait pas, il n'oserait plus… Non, impossible qu'il lui fasse vivre un tel enfer, et s'il s'en prenait à Sasuke, il savait qu'il ne le lui pardonnerait jamais… Les deux frères se rendirent compte à quel point dans leur malheur, ils avaient eu relativement de la chance, leur sort ayant pu être pire, bien pire que ce qu'ils avaient enduré. Comparés à Sasori, leurs Maîtres leur parurent extrêmement gentils et très attentionnés tout à coup.

Aussi fiers et rebelles qu'ils avaient pu être l'un comme l'autre, Naruto et Kyūbi n'en étaient pas arrivés à de telles extrémités avec eux, même si le colosse roux était bien plus dangereux quand il se mettait en colère. Ils n'en étaient pas arrivés là… Les deux hommes qui les possédaient seraient-ils capables de les flageller et de leur faire subir des sévices encore plus monstrueux ? Et après tout ce qui lui était arrivé, leur homologue Deidara était heureux, ravi même.

Il protestait et ronchonnait mais se soumettait avec allégresse à son Maître qui pourtant le tourmentait... atrocement. Il était plein de vie, tout sourire, acceptant tout... alors qu'eux qui n'en avaient pas subi le quart ne songeaient qu'à s'échapper et s'opposer autant qu'ils le pouvaient à ce joug injuste qui leur était imposé. Ils constatèrent l'un comme l'autre, la nausée au creux du ventre, que malgré leur situation peu enviable, l'existence de Deidara était un enfer quotidien sans comparaison.

-oOo-

Neji adressa un sourire confiant à sa cousine, mais la timidité maladive de celle-ci l'empêcha de venir à la rencontre du Daimyo. Au lieu de marcher avec confiance et d'interpeller l'élu de son cœur, celle-ci resta figée sur place, incapable d'esquisser le moindre geste dans la foule bruissante autour d'elle. Elle fut même bousculée par un garde étranger qui s'excusa à peine. Dépité, le jeune Hyuga posa son front dans sa main et agit, ce qu'il aurait dû faire depuis le début.

- Naruto ? Est-ce que tu as une minute ? dit-il en se portant à la rencontre de son dirigeant, posant sa paume sur son bras.

Le Daimyo s'arrêta et se gratta la nuque, visiblement ennuyé, cependant il sourit à son ami.

- Neji, bien sûr, répondit-il avec complaisance.

Glissant un regard vers Sasuke, celui-ci ayant de plus en plus de mal à tenir sur ses pieds, sa fatigue sautant aux yeux, Naruto grommela intérieurement. Lui qui comptait remonter rapidement et en toute discrétion dans ses appartements pour mettre son esclave au lit sous la garde de son aîné, c'était râpé.

Sasuke n'était vraiment pas en forme et pour une fois, Itachi n'avait pas eu besoin de plaider sa cause pour que Kyūbi lui-même ne propose à Naruto de laisser les deux bruns ensemble, le plus âgé veillant sur le plus jeune sous bonne garde. Les festivités du traités se prolongeraient jusque tard dans la nuit mais les deux Maîtres souhaitaient l'un comme l'autre soustraire leur trophée aux yeux de la foule. Ils avaient suffisamment attiré les regards et provoqué des commentaires variés.

L'Hokage et son commandant avaient donc jugé d'un commun accord que leur présence à leurs côtés n'étaient plus nécessaires. Et si Naruto était inquiet pour Sasuke dont la santé n'était pas au mieux, Kyūbi avait vite saisi que la rencontre des frères Uchiwa avec Deidara avait été suffisamment efficace pour les dissuader de tenter quelque chose de stupide. Et comme le colosse roux voulait également gagner les faveurs de son brun personnel, quoi de plus ingénieux que de spontanément lui proposer de veiller sur son frère pendant qu'ils se reposaient tous deux loin de la foule sans que celui-ci n'ait à le demander.

Naruto avait été surpris, mais enchanté que son protecteur propose qu'Itachi veille sur son frère. La présence de l'aîné avait toujours un effet bénéfique sur le plus jeune. Le Daimyo avait eu toutes les peines du monde à s'éclipser et avait notamment laissé Gaara en plan au profit de Sasuke. Neji ne pouvait pas tomber plus mal… Prenant sur lui, il reporta son attention sur le brun issu de la branche secondaire du clan Hyuga, l'un des clans les plus influents de la ville, encore plus après la disparition des Uchiwa.

- Tu te souviens de ma cousine ? reprit Neji affable, poussant celle-ci dans le dos pour qu'elle fasse un pas vers le chef de Konoha.

- Bien sûr… Hinata, salua le blond.

- Bon-bonsoir… N-Naruto-kun, bégaya-t-elle rougissante, tortillant ses mains de nervosité dans son giron.

Ses cheveux artistiquement coiffés, portant un kimono rose pâle richement décoré, elle était tout simplement parfaite, songea Neji. Elle se mourait d'amour pour Naruto depuis qu'elle était gamine et son père, Hyashi, le chef du clan Hyuga, n'avait absolument rien fait pour mettre un terme aux sentiments si évidents de sa fille, bien au contraire.

Une alliance avec le Daimyo assurerait définitivement au clan aux yeux clairs la suprématie sur tous les autres. Et quoi de mieux qu'un mariage pour cela ? Cette soirée était l'occasion rêvée pour mettre en avant Hinata. Naruto ne resterait pas éternellement célibataire et la jeune femme était un excellent parti, qui plus était elle éprouvait déjà de forts sentiments pour lui. Ne restait donc plus qu'à faire en sorte que l'Hokage tombe naturellement sous son charme.

Hyashi avait été très clair. Neji devait faire en sorte que le blond s'intéresse à sa fille et passe du temps avec elle, ne doutant pas que l'innocence, la timidité et la gentillesse de celle-ci sauraient toucher le cœur du jeune dirigeant.

- Tu es très jolie ce soir, la complimenta Naruto.

Le commentaire anodin donna de l'espoir à Neji. Comme toujours, son oncle voyait particulièrement juste. Il donna un coup de coude à sa cousine qui souriait bêtement, espérant la pousser à dire autre chose pour entretenir la conversation.

- L-la lune est magnifique, bafouilla-t-elle.

Le jeune Hyuga aux grands yeux couleur de nacre et aux longs cheveux noirs, si semblable à sa cousine, faillit bien hurler de dépit. Le seul moyen de voir la lune était de s'approcher de l'un des balcons surplombant le jardin qui perçaient l'un des côtés de la salle. Et ils en étaient relativement éloignés. La jeune femme ne fut bientôt plus le centre d'attention du blond, celui-ci donnant de fréquents coups d'œil derrière son épaule.

- Oui, sûrement mais… répondit le Daimyo.

- Mon pauvre Naruto… Je suis sûr que tu n'as pas eu une minute à toi de toute la soirée, enchaîna Neji. Et puis, il fait si chaud à l'intérieur. Pourquoi n'irions-nous pas prendre un peu l'air tranquillement sur le balcon justement ? Comme ça, tu pourrais admirer la lune qui plaît tant à Hinata, poursuivit-il.

- C'est que… Je suis un peu pressé, tenta le blond.

- Allons, allons. Tu es tellement occupé ces derniers temps qu'on te voit à peine. Ne peux tu pas consacrer quelques instants à tes amis ? insista le brun.

- Si, si. Bien sûr, rétorqua Naruto avec un large sourire.

Neji se félicita intérieurement alors qu'ils se dirigeaient tous trois vers les galeries extérieures. Il connaissait le blond par cœur et le savait sensible. Jouer sur sa culpabilité de ne plus voir aussi souvent qu'avant ses amis avait été un coup sûr. Cependant, alors qu'ils sortaient de la pièce pour prendre pieds sur l'un des larges balcons, un léger détail agaça profondément le jeune Hyuga. Naruto ne prêtait en réalité qu'une oreille distraite au badinage laborieux d'Hinata que Neji entretenait et relançait de son mieux.

Un frisson de répulsion parcourut le brun aux yeux clairs. Il fallait être aveugle pour ne pas voir l'attention discrète mais bien présente que le blond portait à celui qui traînait dans son ombre comme une loque. Naruto s'assura qu'il le suivait docilement, il remarqua qu'il frissonnait sous les courants d'air frais alors il se plaça un peu plus devant lui pour y faire écran autant que possible. Les mâchoires de Neji se crispèrent et il proféra intérieurement une litanie d'imprécations.

Le jouet du Daimyo… offert par celui qui leur avait bien rendu service sans le savoir en annihilant tout un clan rival en une seule nuit. Mais pourquoi avait-il fallu que le protecteur de Naruto retienne sa rage légendaire et garde en vie les deux frères. Il aurait dû les tuer comme les autres. Ces Uchiwa de malheur… La mort leur seyait à merveille. Neji serra discrètement les poings de colère. Les rivaux ancestraux des Hyuga, des traîtres à leur propre village… Poser ses yeux sur la mince silhouette dans l'ombre de l'Hokage lui donnait envie de vomir.

L'esclavage était un sort bien trop doux pour ces fêlons, songea-t-il. Et même dans cette position humiliante, ils continuaient à contrecarrer les plans des Hyuga et à leur faire de l'ombre. Mais plus pour longtemps se promit Neji. Il s'appuya sur la balustrade et admira le ciel étoilé, rapidement imité par sa cousine et Naruto. La voûte noire parsemée d'éclats brillants était magnifique et la lune parfaitement ronde et pleine : un excellent sujet de discussion. Neji encouragea sa cousine d'un sourire et d'un regard appuyé. Elle aimait tellement Naruto et désirait tant lui plaire qu'elle avait bien besoin d'encouragements pour surmonter sa timidité maladive.

Discrètement, Neji laissa plus d'espace aux deux futurs tourtereaux, Hinata un peu plus à l'aise, évoquant un sujet qui lui plaisait. Elle montra à Naruto les constellations qu'elle connaissait, racontant les légendes qui les accompagnaient. Peu à peu, le jeune homme fut captivé par les récits de la jeune femme et son savoir étendu sur les étoiles. Neji s'éloigna d'eux et fit même un pas en arrière, satisfait, le charme discret d'Hinata opérant enfin. Discrètement, il se rapprocha du brun qu'il avait toujours détesté.

Ils se connaissaient tous depuis l'enfance et Neji n'avait jamais pu digérer l'arrogance de Sasuke ni les airs qu'il se donnait. Froid et distant, hautain, parce qu'il était assez doué et bien mieux né. La branche secondaire du clan Hyuga dont était issu Neji servait la branche principale dont faisait partie Hinata. Orgueilleux et puant à souhait, Sasuke n'avait pas manqué de le rappeler perfidement à Neji un jour où celui-ci avait osé le défier.

- Tu n'as pas l'air dans ton assiette… dit-il au cadet Uchiwa tout en gardant pour lui sa rancœur. Tu devrais te rapprocher de la rambarde, un peu d'air frais te fera du bien, l'encouragea-t-il d'un ton faussement compatissant.

Sasuke jeta un coup d'œil à celui qui lui parlait. Il était fatigué, très fatigué… Mais son Maître prenait un malin plaisir à faire durer son calvaire sans même se soucier de lui. Après les hauts dignitaires et les invités de marques, cet idiot de Daimyo était en train de perdre son temps avec une greluche. L'estomac du brun se contracta et un flot de bile remonta dans sa gorge. Il était fatigué de toutes ces simagrées… et avait eu son content d'émotions pour la soirée. Il ne manquait plus que ça… lui faire tenir la chandelle pendant que son possesseur contait fleurette… C'était vraiment démoralisant.

Son estomac se remit à danser sur des montagnes russes. Sasuke aurait voulu être agacé, aurait voulu pouvoir planter là Naruto et son manège romantique à vomir, hurler de rage et les tuer, tous ! Il se sentit si mal que la proposition de Neji fut plus que tentante. Oui, peut-être qu'un peu d'air frais lui ferait du bien, et qu'ensuite il pourrait tranquillement aller se terrer sur sa couche. Son corps était si lourd, si difficile à bouger… Peut-être même qu'il s'allongerait là, sur le parquet de cette coursive extérieure, et qu'il fermerait les yeux pour pouvoir enfin se reposer.

Somnambuliquement, Sasuke s'approcha de la rambarde, Neji le suivant pas à pas, se plaçant habilement entre l'esclave et son Maître qui leur tournait le dos. Il s'appuya sur la balustrade de bois, goûtant l'air frais qui balaya son corps et son visage moite de sueur. Inspirant profondément, il espéra calmer son mal de cœur resté latent tout au long de la soirée.

Sa rencontre avec Deidara lui revint en mémoire et le jeune Uchiwa s'agrippa plus fort au bois sous ses doigts. Tel un serpent vicieux, la peur s'insinua en lui et Sasuke ne put se retenir de lancer un bref regard à celui à qui il appartenait. Installé un peu plus loin avec sa brune, Naruto ne regardait qu'elle et l'ignorait totalement. Il mordilla sa lèvre inférieure quand une main se posa sur son épaule.

- Alors, dis-moi… Quel effet ça fait d'être un esclave ? susurra Neji à sa proie, savourant le regard surpris puis colérique qu'il s'attira. Selon toi, la branche secondaire des Hyuga n'était que les pauvres serviteurs sans avenir de la branche principale… Alors, je me demande… Quel effet ça fait de connaître un sort bien pire…

Plaçant une main dans le bas du dos de sa future victime et refermant fermement l'autre sur le collier de celle-ci, Neji toisa Sasuke. Le brun se débattit maladroitement, mais il était déjà trop tard.

- Je suis peut-être devenu un esclave, mais toi, tu seras toujours le dernier des derniers ! Tes rêves de grandeurs se cantonneront toujours à ce qu'Hyashi te permettra de faire ! Et tu n'épouseras jamais ta cousine ! persifla Sasuke piqué au vif.

Neji vit rouge à la dernière remarque. Non mais pour qui il se prenait celui-là ! Malgré son sort ignominieux, il n'avait toujours rien compris et continuait à faire le fier et à défier tous ceux qui l'entouraient !

- Peut-être, mais toi… Tu seras mort et enterré, et personne ne te regrettera ! Kyūbi aurait dû te régler ton compte quand il en a eu l'occasion ! rétorqua-t-il froidement.

Les rambardes des coursives extérieures avaient toujours été trop basses. Un accident était si vite arrivé… Neji s'assura d'un coup d'œil que Naruto ne pouvait pas le voir, son attention entièrement tournée vers Hinata, puis il tira brutalement sur le collier de Sasuke et le poussa dans le dos.

Sasuke se débattit jusqu'au dernier moment. Mais dans sa condition actuelle et affaibli, il n'avait pas la moindre chance. Son corps bascula avec aisance par dessus la rambarde, le plongeant dans le vide. Il eut l'impression de hurler tout au long de sa chute qui ne dura qu'une fraction de secondes. Tous ses os craquèrent lugubrement quand il s'écrasa lourdement quelques mètres plus bas. La douleur fulgurante le fit geindre comme une bête malade et le ciel tournoya au-dessus de lui.

Au final, peut-être que c'était mieux comme ça, songea-t-il alors qu'il sentait ses paupières se clore et ses dernières forces l'abandonner, son esprit glissant peu à peu dans un grand trou noir, sombre et profond. Il allait partir en premier, il allait enfin en finir avec tout ça. Son cœur se serra une dernière fois. Neji avait tort, son frère aîné le pleurerait. Est-ce qu'il lui en voudrait ? Mais dans leur situation, on ne refusait pas un rendez-vous providentiel avec la mort...

-oOo-

Le cri d'Itachi affola Kyūbi qui fut rapidement près de lui. Ses larges mains calleuses se posèrent sur les bras élégants de son esclave. Le regard paniqué de celui-ci croisa le sien.

- Sasuke ! Sasuke vient de tomber ! lâcha son esclave tout en indiquant la terrasse extérieure vers laquelle ils se dirigeaient.

Ils avaient convenu avec Naruto de leurs permettre de se reposer sous bonne garde dans les appartements du dirigeant. Kyūbi suivait donc de loin la tête blonde, Itachi sur ses talons, son esclave soulagé à l'idée d'échapper à la foule et de pouvoir passer plus de temps avec son cadet seul à seul et loin des regards pesants.

Quand le Daimyo s'était écarté de son chemin, accaparé par l'un de ses amis, le commandant ne s'était pas inquiété outre mesure, le frère de Gaara, Kankuro venant à la rencontre du géant roux et détournant son attention. Itachi, lui, n'avait pas quitté des yeux la silhouette lointaine de son frère, pressé de le rejoindre, assistant à sa chute. L'aîné Uchiwa et son Maître se précipitèrent vers la galerie extérieure où Naruto devisait tranquillement avec Hinata, Neji non loin d'eux participant de temps à autre à leurs échanges.

L'arrivée des deux autres interrompit Naruto.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il surpris à son protecteur.

- Naruto ! Où est Sasuke ! hurla le géant roux, Itachi arpentant déjà la coursive extérieure le long de la balustrade.

- Quoi ? Mais qu'est-ce qui te prends encore. Il est juste là…

Le cœur de l'Hokage rata un battement quand il se retourna. Il était pourtant certain que son brun se tenait à quelques mètres de lui dix secondes plus tôt. Il l'avait vu du coin de l'œil se rapprocher de la rambarde, le vent frais agitant son vêtement…

- Il était là, il était là y a pas une minute… murmura-t-il.

- Ah bon ? Il est peut-être retourné dans la salle ? argua Neji l'air de rien, se tenant aux côtés de sa cousine interloquée par tout ce remue-ménage, rapidement revenu près d'eux après son forfait.

- Il est tombé ! Je l'ai vu de mes propres yeux ! cria Itachi.

L'ancien héritier se jeta sur Naruto et le secoua comme un prunier.

- Si jamais il est arrivé quelque chose à mon frère par ta faute ! Je te… Je te tuerai de mes propres mains ! lui cria-t-il. Esclave ou pas !

- Du calme, il était là. Il ne doit pas être bien loin. Je l'aurais vu s'il était tombé. Neji a sans doute raison. Sasuke a dû retourner dans la salle, peut-être pour aller aux toilettes ou quelque chose comme ça, se défendit Naruto bien plus inquiet qu'il ne le laissait paraître, tentant de se défaire de la prise féroce de l'esclave personnel de son protecteur.

- Là ! s'exclama Kyūbi penché sur le balcon.

Naruto et Itachi se précipitèrent à ses côtés et examinèrent le jardin en contre-bas.

- Oh mon Dieu, Sasuke ! Sasuke, non… Sasuke… souffla Itachi d'une voix blanche.

Se figeant d'horreur, Naruto contempla la silhouette pâle et immobile qu'il discernait à peine, engloutie par les feuillages. Sa main se posa sur sa bouche étouffant l'exclamation douloureuse qui lui échappa. Le corps souple de son brun était à moitié enfoncé dans un buisson, ses vêtements accrochés et déchirés par les branches épineuses, comme un navire aux voiles tailladées au bord du naufrage.

- Comment on descend… Comment on descend de là ! lui hurla Itachi, prêt à se jeter lui-même par-dessus la rambarde de bois pour rejoindre au plus vite son cadet et lui porter secours.

Naruto ne lui répondit pas, figé de stupeur.

- Vous, faites le tour ! leur lança Kyūbi ses pieds déjà en appui sur la balustrade.

La commotion générale avait attiré pas mal de personnes sur le balcon. Des cris de surprises montèrent de l'auditoire improvisé quand le géant roux sauta de la galerie d'un geste souple et assuré. Revenant brutalement à lui, le dirigeant attrapa Itachi par le bras.

- Suis-moi ! lui lança-t-il en se retournant d'un bloc et en se mettant à courir à perdre haleine.

Le Daimyo fendit la foule, écartant parfois brutalement les gens sur son passage. Sasuke… Comment, comment une telle chose avait-elle pu lui arriver ? Si Sasuke était blessé, il ne se le pardonnerait jamais… songea Naruto, ses jambes avançant toujours plus vite pour rejoindre le cadet Uchiwa et Kyūbi.

Il s'en voulait déjà. Sasuke n'était pas en forme et pourtant il l'avait traîné à cette stupide soirée, pensant que voir son frère, voir du monde, lui changerait les idées et lui ferait le plus grand bien. Il n'avait pas fait assez attention à lui, accaparé par ses nombreux invités, distrait par la présence de Gaara à ses côtés puis par Hinata. Sasuke était sans défense, c'était à lui de le protéger, c'était son rôle ! Naruto se traita mentalement d'idiot, d'imbécile et de tous les noms d'oiseaux qui lui vinrent à l'esprit.

- Sasuke… Sasuke, tu m'entends ? dit le colosse.

Tapotant les joues du cadet Uchiwa, Kyūbi l'avait allongé sur le sol après l'avoir extrait de l'épais buisson taillé en immense boule. Son entreprise de sauvetage n'avait pas été une mince affaire, les vêtements et les cheveux du jeune homme sans cesse agrippés par les nombreuses branches épineuses de l'espèce de buis. La tête dans son giron restait immobile, les paupières toujours closes. Kyūbi craignit le pire, redoutant la réaction d'Itachi si Sasuke venait à mourir. Il se mit à prier intérieurement très fort tous les Dieux qu'il connaissait pour que le jeune homme survive.

Paniqué, Itachi se jeta sur son frère, lui prenant la main et secouant légèrement ses épaules.

- Otouto, Otouto je t'en prie... Parle-moi… Dis quelque chose… Petit frère, réveille-toi… S'il-te-plaît… Sasuke, ouvre les yeux… Sasuke, je t'en prie… Je t'en supplie...

Ses yeux noyés de crainte commencèrent à s'emplir de larmes qui débordèrent, sa voix bien trop basse, presque chevrotante, trahissant l'émotion déchirante qui le labourait. Itachi trembla à l'idée de perdre son frère. Il ne pourrait pas y survivre...

Affolé, perdant son sang froid quand il arriva sur les lieux, Naruto se jeta sur l'un des gardes qui les avaient suivis lui et Itachi, quelques invités arrivant à leur tour dans le jardin. Il empoigna l'homme par le col et hurla à quelques centimètres de son visage :

- Va chercher Sakura ! Et ramène-là aussi vite que tu pourras !

Il s'en prit à un autre, ses pupilles azurées lançant des éclairs.

- Vous êtes sensés protéger votre Hokage ! Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ! Combien de fois je vous ai dit que mon esclave était tout aussi important que moi !

Reprenant son souffle, le Daimyo passa une main nerveuse dans ses cheveux et se mit à faire les cent pas non loin de Kyūbi et Itachi penchés sur la forme inerte allongée sur le sol. La culpabilité l'étouffa. Ça n'aurait jamais dû arriver. Il savait que Sasuke n'était pas bien depuis des jours et pourtant il avait été inattentif et négligent. Le brun avait tout simplement profité de sa discussion agréable avec Hinata pour se jeter dans le vide et en finir... C'était tellement évident ! Il aurait dû se méfier quand il l'avait vu se rapprocher de la balustrade. Il aurait dû le lui interdire. Il ne savait plus quoi faire avec lui ni comment le prendre, mais ce n'était pas une excuse. Il était censé prendre soin de lui, le brun n'aurait jamais dû avoir l'opportunité de faire une chose pareille.

Ses bras croisés sur son torse, rongeant l'un de ses pouces, Naruto s'auto-flagella intérieurement pour la énième fois, se reprochant sa bêtise et son aveuglement. Ses grandes enjambées nerveuses écrasaient l'herbe sous ses talons alors qu'il attendait Sakura, mort d'inquiétude. Quand la jeune femme se montra enfin, le Daimyo eut l'impression d'avoir attendu toute une vie. Il se précipita sur elle et la tira par le bras pour la faire arriver plus vite au chevet de son esclave.

- Dis-moi qu'il n'est pas mort, Sakura… Dis-moi que tu vas pouvoir faire quelque chose. Je t'interdis de le laisser mourir ! s'emporta-t-il tout en la conduisant vers Sasuke.

La jeune femme prit les choses en main et commença à donner des ordres autour d'elle qui furent suivis à la lettre avec une extraordinaire rapidité. Elle examina silencieusement son patient, fronçant parfois les sourcils, l'assistance qui attendait un peu en retrait suspendue à ses lèvres et à ses gestes. Le corps mince du blessé fut glissé sur un grand drap et fut précautionneusement transporté dans les appartements du Daimyo-Hokage. Un soulagement audible parcourut l'assemblée quand la demoiselle aux cheveux roses annonça que le brun était toujours vivant, juste inconscient. Un mort lors d'une soirée d'apparat, cela aurait entaché l'événement.

-oOo-

Réconfortant du mieux qu'il le pouvait son esclave prisonnier de son étreinte protectrice, Kyūbi observait le lent ballet des domestiques entrant et sortant de la chambre de Naruto. A chaque fois qu'il en avait l'occasion, Itachi se tortillait entre ses bras pour jeter un œil désemparé à l'intérieur de la pièce. Sasuke était allongé sur le lit de son Maître, Sakura et Temari œuvrant autour de lui. Le démoniaque commandant au tempérament colérique fut soulagé de voir que l'amie de Naruto n'était pas la seule à soigner le blessé.

Temari, la sœur de Gaara, avait spontanément proposé son aide au chef de Konoha qui avait immédiatement accepté. Deux femmes médecin compétentes valaient mieux qu'une, et il ferait même appel à tous les spécialistes de la terre s'il le fallait. Depuis que Sasuke était entré au service de son protégé, le géant roux avait toujours eu des doutes sur Sakura et sur ses sincères velléités à s'occuper efficacement de celui-ci. Le colosse n'avait pas de preuves concrètes, mais son instinct lui soufflait de se méfier de la jeune femme aux cheveux roses. La présence de Témari au chevet du brun le rassurait.

Il espéra dans son propre intérêt que Sasuke reprendrait vite conscience et se remettrait de sa chute. Entre ses bras protecteurs et rassurants, Itachi était si tendu que Kyūbi craignait qu'il ne se brise à tout instant. Ils attendaient dans la pièce principale de la suite de Naruto, son esclave refusant de bouger d'un pouce. Le commandant savait d'avance qu'Itachi, se rongeant les sangs, ne s'éloignerait pas de son frère tant que celui-ci n'irait pas mieux. Comprenant un peu mieux l'attachement de l'aîné pour le plus jeune et ayant franchement un peu pitié de celui-ci depuis qu'il était devenu une ombre amorphe, Kyūbi se contenta de réconforter celui dont il était amoureux.

Gaara contempla longuement son ami à la mine défaite qui ne pouvait s'empêcher de ruminer à voix basse et de parcourir la pièce d'un pas lourd et nerveux. Naruto avait vite expédié la fête, confiant à Jiraya, son intendant, le soin de congédier les invités. Il avait suivi le corps inerte de Sasuke comme son ombre, ne le quittant pas d'une semelle, vivant très mal d'être exclu de sa propre chambre par les deux femmes au chevet de son brun. Gaara le connaissait assez pour déceler la culpabilité et l'immense inquiétude qui habitaient le cœur du chef du village de Konoha.

Le Kazekage, Daimyo de Suna, était loin d'être idiot et s'était parfaitement rendu compte des sentiments de Naruto pour son esclave. Les coups d'œil furtifs et répétés, l'attention latente mais constante en étaient autant de preuves. Au cours de la soirée, quand Sasuke avait éternué, Naruto s'était retenu de justesse d'enlever sa grande veste longue aux armoiries de son village pour en couvrir le brun, mais il s'était adroitement rapproché d'un brasero pour que celui-ci puisse se réchauffer, parfaitement conscient du regard des autres et luttant contre ses réactions instinctives avec difficulté.

Ce genre de festivités était délicat pour l'Hokage car personne ne lui pardonnerait la moindre faiblesse. Gaara avait vite saisi que Sasuke était justement la plus grande des faiblesses du blond, celui-ci serrant les poings à chaque fois qu'on regardait de travers son esclave ou que l'on s'approchait de lui d'un peu trop près. Dès que son serviteur personnel avait montré des signes de fatigue, il avait en sorte qu'il puisse se reposer au-près de son frère aîné dans l'un des recoins de la grande salle d'apparat. Et ce genre d'attentions n'avait fait que se multiplier au cours de la soirée. Même si leur relation était étrange et semblait difficile, Naruto était littéralement accaparé par son brun, son comportement bien que maladroit et discret trahissant ses sentiments sincères et profonds .

Gaara avait énormément de respect pour Naruto, et leur proche amitié aurait pu devenir quelque chose de plus si le cœur du blond n'avait pas déjà été pris. Le Kazekage respectait cela et avait compris ce soir qu'il n'aurait jamais aucune chance, même si son homologue ne semblait pas avoir conscience que son cœur appartenait déjà à quelqu'un d'autre. Un sourire tendre et compatissant éclaira le visage du jeune dirigeant aux yeux verts et il se dirigea vers celui qui aurait pu être un partenaire bien plus intime.

- Tu l'aimes, c'est évident.

Le murmure et la main qui se posa sur l'un de ses bras lui firent brusquement relever la tête, ses yeux s'arrondissant de surprise.

- Hein ? Quoi ? bredouilla Naruto, se perdant dans les lagons anisés de celui qui lui faisait face.

- Tu aimes Sasuke, bien plus que tu ne l'imagines. reprit Gaara d'un ton doux, s'assurant que personne ne les écoutait.

- Bien sûr que non, quelle idée. C'est juste mon esclave, c'est tout ! se défendit le Daimyo.

- Bien sûr que si. Sauf que tu ne veux pas le voir ni l'admettre parce que ça te fait peur, poursuivit tranquillement le Kazekage.

Naruto lança un regard circonspect à son ami, ne sachant trop quoi penser. Devant son silence, loin des récriminations véhémentes auxquelles Gaara s'attendait s'il n'avait pas été dans le vrai, le chef du village de Suna enfonça un peu plus le clou qu'il avait commencé à planter :

- Tu l'aimes. Sois un peu plus honnête envers toi-même et je suis sûr que tu trouveras comment le prendre et arranger les choses avec lui quand il sera rétabli.

- Pourquoi… Pourquoi tu me dis ça… se plaignit le chef du village de Konoha, une douleur sincère se peignant sur son visage.

- Parce que c'est la vérité, et que même un aveugle la verrait, rétorqua tranquillement Gaara.

Donnant une accolade amicale au Maître bourrelé de remords et d'inquiétude pour son esclave, le Kazekage lui jeta un dernier regard compatissant avant d'annoncer qu'il allait se coucher. Sa sœur, Témari, était un médecin extrêmement compétent. Sasuke était entre de bonnes mains avec elle, il ne se faisait aucun souci. Gaara quitta les appartements de Naruto le cœur lourd mais intérieurement fier d'avoir pris la bonne décision et d'avoir fait ce qu'il fallait. Le Daimyo-Hokage méritait d'être heureux, surtout quand son bonheur était à la portée de sa main. Avec quelques efforts, tout s'arrangerait entre lui et son esclave, Gaara en était certain.

To be continued…


Commentaires des auteures :

Après une certaine traversée du désert un peu longue question envie d'écrire, Yzan s'essuie le front et remonte ses manches pour se lancer ensuite à l'assaut du prochain chapitre.

Chers lectrices et lecteurs, si vous voulez avoir une idée plus précise des vêtements des Uchiwa et de l'enchevêtrement de bijoux qui les recouvrent, sachez que les publicités pour le parfum Shalimar que l'on vous invite à découvrir en images via Google en furent l'inspiration.

On vous a épargné pas mal de descriptions dans ce chapitre parce qu'il s'y passait déjà beaucoup de choses, vous nous pardonnerez on l'espère d'avoir fait régulièrement appel à votre imagination.

Torturer Deidara et l'utiliser nous a beaucoup amusées. Nous avons beaucoup ri dans l'élaboration de dialogues et de nombreuses scènes. Ce n'est pas l'un de nos persos habituels mais on s'est bien fendues la poire à ses dépens. On espère vous retrouver nombreux au prochain chapitre ! Comme on publie deux fics en même temps, pardonnez-nous la publication un peu aléatoire, parce qu'on travaille deux fois plus qu'en temps normal. Et qu'au passage, on a aussi nos petites vies quotidiennes avec le boulot, la famille, nos anniversaires et autres joyeusetés, à gérer...


Bureau des plaintes et des réclamations des personnages martyrisés :

Yzan et Lili se congratulent avec force coca, café et cotillons devant leurs ordinateurs respectifs face au bouclage réussi de ce nouveau chapitre accompagné de celui de Bachelor.

Dans leur grotte désordonnée, Sasuke erre comme une âme en peine.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demande Naruto.

- Je cherche et je réfléchis… bougonne Sasuke d'un air absent.

- A quoi ? reprend le blond en emboîtant le pas à sa moitié.

- J'en ai marre… Yzan m'abandonne au profit d'Utakata et d'Itachi, Lili me torture atrocement à n'en plus finir dans une autre fic... J'ai plus ma dose de lemon habituelle moi, alors forcément…

- Forcément quoi ? relance Naruto de plus en plus intrigué.

- J'en suis réduit à me branler ! Moi ! Tout seul ! Abandonné et dans l'indifférence générale ! Et en plus, à cause de Kishimoto, j'ai plus qu'une seule main maintenant. C'est lassant à la fin ! D'habitude, c'est toi qui t'y colle et j'ai pas à m'en charger ! ronchonna le brun.

- Tu veux que je t'aide ? propose alors Naruto tout sourire, un éclat de désir brillant déjà dans ses yeux bleus.

- Surtout pas ! Tu vas encore leur donner des idées bizarres à ces deux là ! s'emporte Sasuke en lançant un regard assassin aux deux auteures tout en cherchant à protéger sa vertu déjà pas mal malmenée par le duo infernal.

- Je veux un truc autre que ma main. Ça devrait pas être bien compliqué à trouver… reprend le brun poursuivant ses fouilles.

Les deux fanfickeuses hilares qui n'avaient rien perdu de la conversation de leur duo de bishos préférés se joignent à l'échange, confortablement installées dans leur fauteuil.

- Tu peux utiliser un vêtement ! propose Yzan. Sur Doctissimo, y a un type qui dit que c'est super !

- Ou une tarte aux pommes, suggère Lili. Dans un film américain, ça marche très bien.

Sasuke se redresse et fusille les deux jeunes femmes du regard.

- Non mais ça va pas ?! Je suis un Uchiwa moi ! Pas un vulgaire pervers à la petite semaine ! explose-t-il, leur faisant lever les yeux au ciel et échanger un regard complice.

Arrivant sur ces entrefaites, un colis dans les bras, Itachi fait son entrée dans la grotte peu éclairée, remplie d'idées de fanfictions en gestation. Enjambant les tas de papiers nombreux qui jonchent la salle, il se dirige vers son frère.

- Sasuke ! Enfin je te trouve. Tiens, c'est pour toi… lance-t-il impassible, son manteau de l'Akatsuki flottant autour de lui.

S'emparant de l'étrange paquet avec méfiance, son frère le questionne :

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un assortiment de vaginettes commandées sur internet. Histoire de me faire pardonner de te voler la vedette, répond laconiquement l'aîné. Mais si tu pouvais utiliser tout ça en silence, ça m'arrangerait. A cause de toi, j'arrive pas à me concentrer quand je suis avec Kyūbi ou Uta.

Yzan explose de rire avant de commenter :

- Alors c'est toi Sharingan169 ! "Les gémissements de mon frère quand il se branle me dérangent. Que faire ? Je n'ose pas lui en parler." cite-t-elle.

- C'est pas de ma faute si dans cet endroit les murs sont aussi fins que du papier ! se lamente Itachi, drapé dans sa pudeur.

- Y a pas à dire, on trouve vraiment de tout dans les forums de Doctissimo, ricane Lili.

Ahuri, Sasuke ne sait que répondre. Quand il trouve enfin sa réplique, un grand cri l'empêche de parler. Une silhouette blonde traverse la pièce en courant, s'enfuyant à toutes jambes, provoquant la surprise générale. Sasori déboule tout à coup dans l'antre des deux fanfickeuses, essoufflé, sa tignasse en bataille, torse nu. Derrière lui, il traîne un long fouet.

- Dites, vous auriez pas vu Deidara ? demande-t-il à la cantonade.

Tout le monde s'entre-regarde et secoue négativement la tête.

- Il vient de me fausser compagnie alors qu'on commençait juste à s'amuser. Non mais quelle chochotte celui-là… bougonna-t-il.

Sous le bureau d'Yzan, une boule nue et tremblante s'accroche à sa jambe et la supplie à voix basse.

- Pitié Yzan-sama, pitié… Je serai sage. Je ferai tout ce que vous voudrez… Je ne parlerai plus de l'art de l'explosion et je demanderai même à Kishimoto d'enlever le passage où je me bats contre Sasuke. S'il vous plaît, pitié… Ne me remettez pas avec lui dans ces conditions… C'est un vrai monstre, j'ai la peau toute abîmée, plaide Deidara.

Yzan toise le pauvre personnage d'un regard sadique pendant que Lili pouffe de rire.

- Au fait, il reste encore des choses à faire dans ce chapitre ? Je l'aime bien moi celui-là. commente Sasori en s'adressant aux deux auteures. J'aurais bien aimé y apparaître un peu plus, ajoute-t-il.

- Ah, et bien il reste les reviews, si tu veux, lui soumet Lili d'une voix angélique.

Un sourire sournois orne la bouche de Sasori qui se tourne vers les lecteurs. Son fouet claque dans la pièce.

- Allez, bande de petits curieux. Commentez vite votre lecture, postez une review ! Si vous croyez que je vous ai pas vus vous jeter sur ce chapitre ! Dites à quel point moi et ce fêlé de Deidara on vous a plu… Qui sait, on reviendra peut-être dans les prochains…


Rendez-vous au prochain chapitre : Chapitre 10 - Eclaircies ?

Sasuke survivra-t-il à sa chute ? Suspendu au souffle de son petit frère, Itachi se rendra-t-il compte que le véritable ennemi n'est pas celui qu'il croit ?