Chapitre 16 : Promesses d'Aube : Un Epilogue

Se réveiller était quelque chose que Tony faisait généralement avec précipitation. Se réveiller en sursaut toujours dans le sillage d'une nouvelle idée impossible, s'extirpant d'un désert de cauchemar, se redressant brusquement au son de l'alarme de proximité quand Fury rugissait une update avant que JARVIS ne puisse ne serait-ce que tousser –tout ça. Tony était doué pour se réveiller en étant parfaitement fonctionnel et un peu taré, une jambe dans son jean et une commande de café sur ses lèvres.

Cela faisait sens qu'émerger lentement, voluptueusement du sommeil chaud dans le monde en train de se réveiller le laisse plus déconcerté que n'importe quoi d'autre l'ayant réveillé durant l'année passée.

Il était encore tôt ; l'aube commençait à peine à pénétrer les nuages de la nuit. De la lumière pâle filtrait dans la pièce, juste assez pour que Tony puisse voir des ombres au lieu des ténèbres. Les couvertures étaient chaudes autour de lui, la chambre était calme et le son rythmique de quelqu'un en train de respirer à côté de lui était comme un métronome de réconfort et de paix.

Seulement, il n'était pas supposé y avoir quelqu'un dans le lit à côté de lui.

Tony devrait être seul.

Sa mémoire revint en une vague lente et paresseuse. La nuit dernière. L'atelier. Une forme grande, tendue et saillante sur les bords. Un bouclier réparé ; une excuse. Des arguments sur la vérité, les mensonges et l'envie. Des draps froissés et de la peau nue, une bouche traçant des bleus le long de sa clavicule de la succion de ses lèvres. Un gémissement dans son oreille. Des doigts se courbant autour de ses bras –trop fort, trop déterminés à le maintenir juste là où il était. Des yeux verts brûlant comme un feu surnaturel.

Loki.

C'était Loki qui respirait à côté de lui.

Tony tourna la tête, clignant des yeux, endormi, dans la lumière faible de la pièce, recherchant la silhouette aux membres détendus à côté de lui. Loki était une grande forme étonnamment trapue dans son lit ; tout en jambes, épaules et bras étalés entortillés dans du coton égyptien, niché dans la courbe clémente des oreillers de Tony. Loki dormait sur le ventre ; soit pour le confort ou la protection, il laissait les muscles durs de son dos nu à rien de plus que la merci des draps et à la température de l'air précautionneusement contrôlée, mais les muscles tressaillant et la peau douce du ventre plat étaient pressés contre le matelas. Une vieille question de confiance, probablement. Tony comprenait assez bien la chose –le premier mois après la mort d'Obadiah, il avait dormi exactement de la même manière. Réacteur Ark ou organes vitaux, c'était tout la même chose.

Roulant lentement sur le flanc, Tony se surprit à se demander jusqu'à quel point il pouvait se rapprocher de cette longue et mince étendue de chair avant que Loki ne se réveille et le fusille du regard pour jouer les voyeurs si tôt dans la matinée. Après tout, ils n'avaient jamais fait la danse du 'matin d'après'. Les interruptions, les évasions et les fausses trahisons s'en étaient chargées.

C'était étrange combien tellement s'était passé mais que quelque part à un moment du trajet, parmi leur intimité pleine de risques et la loyauté féroce et la trahison, ils aient manqué les lents instants que deux personnes amour—

Oh, putain que non, pensa soudainement Tony, se coupant. C'était un train de pensée pour au moins l'année prochaine.

Et pourtant, c'était tentant. Cette idée de glisser entre les draps, par-dessus l'espace frais entre eux pour partager un oreiller et le bruissement léger des couvertures réchauffées par la peau, d'un corps pâle et souple pressé contre le sien en une étendue de proximité confortable.

Tony n'était pas du genre à se blottir par nature. Se réveiller en ayant trop chaud et collé à quelqu'un d'autre n'était pas l'idée qu'il avait d'un bon moment. Le savoir ne l'arrêta pas vraiment alors qu'il refermait la distance, recherchant même le croisement d'une cheville par-dessus la sienne, une main détendue sur l'oreiller à côté de sa joue. Quelque chose qui lui dirait que Loki n'allait pas se réveiller et détruire le monde, détruire Thor, disparaître dans l'espace et le froid et les ténèbres et retourner de nouveau un sablier, et en même temps, toute la confiance et la foi de Tony.

Cela pouvait arriver. Bien sûr que cela pouvait arriver. Ils en étaient arrivés là une fois avant, après tout. Tony Stark ne serait pas suffisant pour retenir Loki s'il décidait qu'une autre croisade Asgardienne était de mise. Si Amora avait survécu. Ou si Thor surgissait en rugissant désapprobation et déception, ce qui, étant donné la merde que Loki avait foutue la nuit dernière, était extrêmement probable putain, vraiment.

Et pourtant, dans cette lumière aquatique, à travers un œil endormi en train de loucher, le regard de Tony suivit le demi-profil du visage de Loki et avait quand même envie de tout. Tout de lui. Et les gens avaient qualifié Tony d'autodestructeur avant.

Assez proche pour partager leur respiration par-delà les quelques centimètres de distance entre eux, Tony sortit sa jambe et précautionneusement, croisa doucement sa cheville par-dessus celle de Loki.

Eclipsez-vous à l'aube.

C'était presque l'aube, mais le sentiment devait soutenir les intentions que Tony avait. Une ancre. Un contact. Lui-même, proche et confiant contre le flanc de Loki.

Il réfléchissait vraiment trop à tout ce truc à propos de se réveiller. C'était pourquoi une alerte mode arrêt cardiaque de Fury était vraiment préférable à une session de réveil naturel. Tony ne faisait pas dans le naturel. Cela le rendait introspectif et franchement plutôt sentimental et étrange.

Tony était à un cheveu de rouler de nouveau dans l'autre direction lorsque Loki poussa un profond soupir, à s'étirer les côtes, et ouvrit un œil pour le regarder avec une chaleur somnolente.

« -Quoi ? murmura Loki, s'étirant si fort que Tony put presque entendre ses muscles se tendre et vibrer comme ceux d'un chat. Me voir semble vous perturber. »

Ses yeux s'aiguisèrent légèrement.

« -Auriez-vous préféré que je me retire dans ma propre chambre ? »

On y était, sous l'étalement félin possessif –une trace d'incertitude prudente. Nouveau territoire, nouvelles règles. La même chose avec laquelle Tony s'accrochait. Les matins qui s'ensuivaient devraient être plus faciles, n'est-ce pas ?

« -Je t'aime, dit Tony, à propos de rien. Je –huh. Dans mon lit, je veux dire. De toute évidence. »

Lorsque Loki se mit à le fixer, trop près et d'un émeraude profond dans la lumière de l'aube, il ajouta :

« -Et partout autre part aussi, majoritairement. Je suppose. S'il te plaît juste accepte ça comme étant mon incurable habitude de parler en dormant et n'en reparle plus jamais. »

Se retournant dans l'autre direction, mortifié par son manque de filtre protecteur de discours, Tony reprit sa position précédente dans le lit et se mit à fixer intensément le mur.

Loki ne fit pas un seul commentaire. Qu'il soit en train d'honorer la requête de Tony ou qu'il n'ait dans les faits rien à dire était un mystère, mais le silence était un cadeau alors que Tony était allongé là, avec son cœur bancal en train de battre bizarrement sous ses côtes ouvertes et brisées, se demandant depuis quand bordel il avait peur d'admettre tout ce qu'il avait déjà reconnu –qu'il n'avait pas beaucoup de personnes auxquelles il tenait. Ajouter Loki à la liste ne devrait pas être terrifiant, considérant tout ce qu'ils avaient fait et traversé. La fin était arrivée. Les loyautés avaient été prouvées. La foi avait payé—

« -Quelle est précisément la force de votre réflexion en ce moment ? murmura Loki derrière lui, les mots descendant en un bâillement à faire craquer sa mâchoire. Je pense sentir quelque chose en train de brûler. »

Un mur chaud de muscle détendu par le sommeil se pressa contre son dos –un ventre et un torse, l'utilisant comme bouclier, réalisa Tony, sentant un long bras serpenter par-dessus son flanc jusqu'à ce qu'une large paume et des doigts prudents puissent se presser contre son cœur. Pas le réacteur Ark. Son vrai cœur en train de battre.

« -Je ne brûle pas, répondit Tony au mur, retenant son souffle lorsqu'une bouche se pressa contre sa nuque. Est-ce que t'es en train de te lover contre moi ? Je veux pas tout le temps être la petite cuillère.

-Alors nous échangerons ce soir, à condition que vous me montriez l'enregistrement de Thor recevant son présent. »

Il y avait définitivement une note de malfaisance dans le ton de Loki.

« -Je souhaite le voir souffrir.

-T'es tellement flippant, répondit Tony, mais sa bouche s'étirait et il n'y avait rien qu'il pouvait faire pour l'en empêcher putain. Deal.

-Bien, dit Loki. Maintenant que ceci est réglé, j'aimerais beaucoup savoir une chose.

-Balance.

-D'après Thor—

-Quand t'as parlé à Thor ?

-Avant de vous rendre visite, dit Loki dédaigneusement, comme si ce n'était pas une incroyable nouvelle pour Tony. Il a indiqué que le Père de Toute Chose a l'intention d'avoir une nouvelle entrevue avec moi. »

La paume contre son cœur se pressa plus profondément, les contours nerveux des ongles piquant son torse.

« -Accompagnez-moi ? »

Tony cligna des yeux, essayant toujours de digérer la question.

« -Je—Est-ce que je peux porter mon armure ?

-Non.

-Est-ce que je vais être assassiné par une figure paternelle protectrice ?

-Certainement pas.

-Je peux dormir dans ta chambre ?

-Je ne l'ai jamais envisagé autrement. »

Tony y réfléchit durant une bonne demi-minute.

« -Je pensais qu'Asgard était seulement pour les dieux. »

Loki émit un 'hmmmm' dans son oreille.

« -Ça l'est. »

Des dents taquinèrent légèrement son lobe en ce que Tony savait être une tentative flagrante de manipulation.

« -Venez avec moi. »

Quand même, une invitation pour aller à Asgard rencontrer des dieux d'anciennes traditions et de mythe ? Qui était-il pour décliner ce genre de requête ?

Tony fit genre en haussant les épaules contre lui.

« -S'tu veux. »

Satisfait, Loki ne fit pas d'autre commentaire durant un long moment. Tony finit par sentir ses paupières se fermer en réaction à autant de chaleur pressée contre lui –on ne pouvait pas l'en blâmer, vraiment, il était à peine 6 heures du matin et il s'était couché tard. Cela n'avait rien à voir avec la paume caressant son torse et son ventre, ou les genoux se pressant dans les siens. C'était juste un bonus, vraiment.

Tony était presque endormi lorsque des dents trouvèrent de nouveau la peau sensible de son cou, taquinant légèrement et le sortant de sa somnolence.

« -Hngg ? marmonna-t-il en guise de question, déjà en train de se rendormir.

-Dites-moi, Stark : aimez-vous les pommes ? »

Tony fut raisonnablement sûr qu'il avait répondu quelque chose avant de se rendormir, mais merde s'il savait ce que ça avait été.


Bon voilà les gens, là techniquement c'est officiellement terminé, mais sachez qu'il y a cependant un one-shot en plus de disponible, qui est plus ou moins une minuscule suite, et oui je vais le traduire aussi, rassurez-vous XD

En attendant, je suis ravie que vous m'ayez suivie jusqu'au bout une fois encore, même si ce n'était que pour enfin avoir la fin de cette fanfic, dont la traduction complète a été franchement laborieuse depuis qu'elle a été introduite dans le fandom français…mais la voici enfin en entier, alors profitez ! ^^