Je regarde le calendrier. 29 Janvier. Cinq mois. Cinq mois que Lily et moi sommes officiellement ensemble. Les cinq mois les plus courts de ma vie. Sirius a fini par s'y faire. Ils ont discuté tous les deux, et depuis qu'elle est rentrée dans l'Ordre, il l'apprécie. Il était passé à côté de son courage, de son intelligence, et de son altruisme. Maintenant, il a compris qui elle était, et quand il m'a vu glisser une bague dans ma poche, il a aussi compris ce qu'elle représentait pour moi. Il m'a encouragé, mais je ne sais pas. Je ne sais pas comment faire. J'ai peur qu'elle me claque la porte au nez. Elle est comme une tempête, elle est insaisissable et incontrôlable. Elle a quitté Léo le lendemain de notre nouveau départ, et puis tout s'est enchaîné. Elle s'est installée avec moi, et j'ai appris à vivre avec elle. On s'engueule souvent. Tout le temps. Mais je crois que c'est juste parce qu'on aime vraiment se réconcilier. Elle n'a toujours pas accepté de travailler avec moi par contre, et ça, ça me fout en rogne.

« Tu ne serais pas en retard si tu bossais avec moi, je lui fais remarquer alors qu'elle se débat avec sa jupe.
_ Je ne serais pas en retard si tu pouvais tenir deux minutes sans me sauter dessus, réplique t-elle avec son petit sourire en coin qui me fait toujours le même effet.
_ Et si tu me regardes comme ça tu peux être sûre que je vais recommencer. »

Elle rit et secoue la tête. Ses cheveux suivent le mouvement. Elle se poste devant le miroir du salon et les soulève au dessus de sa nuque pour les attacher. Je ne tiens plus. Je me poste derrière elle et je dépose un baiser dans le creux de son cou. Sa main se perd dans mes cheveux, mais elle ne se retourne pas.

« Tu vois à quoi ça ressemblerait si je bossais pour toi ?
_ Avec moi, je rectifie en accrochant son regard dans le miroir.
_ Oui, avec toi, pour toi, peu importe.
_ Ça ressemblerait à...
_ A n'importe quoi. Je ne prendrai pas ton argent. Un point c'est tout, conclut-elle en me repoussant gentiment.
_ Qu'est-ce que tu peux être chiante quand il s'agit de ça ! Je réplique.
_ Oh merci James. Bonne journée à toi aussi. »

Elle claque la porte derrière elle, énervée. J'ai envie de rire parce que je sais qu'elle va revenir dans cinq minutes. C'est férié aujourd'hui, c'est le jour de l'indépendance des Centaures. Ça aurait été trop facile de le lui dire. D'autant plus que ça me fait un argument de plus. J'attends qu'elle passe à nouveau le seuil de la porte pour le lui faire remarquer.

« Ça, ça n'arriverait pas si on bossait ensemble. »

Elle me gratifie de son plus beau regard noir, et jette ses chaussures en travers de la pièce avant de prendre un bouquin dans sa bibliothèque personnelle et de se laisser tomber à côté de moi sur le canapé.

« Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ? Elle me demande.
_ Je reste avec toi.
_ Pas de sortie à Pré-Au-Lard avec Sirius ? Pas de parties d'échec avec Rémus ? Me demande-t-elle étonnée.
_ Non. Pourquoi ? Tu veux que je te laisse tout seule un peu ?
_ Non, non, pas du tout. C'est juste que ça fait longtemps qu'on a pas eu une journée rien qu'à nous entre la bibliothèque et tes rendez-vous au ministère...
_ Tu sais que tu n'as qu'un mot à dire pour que j'annule mes rendez-vous Lily... »

Elle me sourit et dépose un rapide baiser sur mes lèvres avant de se coucher de tout son long sur le canapé. Elle étend ses jambes sur mes cuisses, et son visage disparaît derrière son bouquin. Je me perds dans ma réflexion alors que mes mains dessinent des formes quelconques sur ses chevilles. Je suis si bien avec elle. J'ai appris à accepter mes sentiments, et à les comprendre même. Je l'aime. Profondément et sincèrement. Et je sais que je n'aimerai jamais qui que ce soit d'autre. Elle a beau être chiante au possible, fière et autoritaire, je l'aime. Elle m'a fait comprendre que je n'étais pas la personne que je croyais être. Dans ses yeux je suis quelqu'un de bien. Elle me regarde toujours comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je ne m'y habitue pas, je ne m'y habituerai jamais, mais ça me fait du bien. Comme ça, je sais qu'elle ressent la même chose que moi, parce que je la regarde de la même façon.

« Lily ?
_ Hmm ?
_ Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu veux pour ton anniversaire. »

Elle laisse tomber son livre sur son ventre. Son sourcil droit se lève, dubitatif. Je sais déjà ce que je vais lui offrir, mais il me faut une solution de secours au cas où je me défilerais. Non pas que j'ai envie de me défiler... C'est juste que des fois, le courage des Gryffondors me quitte.

« Tu sais ce que je veux James.
_ Non. Tu ne m'as rien dit.
_ Je te veux toi de toutes les manières possibles. »

Ça tombe plutôt bien, Lily, parce que c'est exactement ce que je compte t'offrir. Je la tire par les hanches pour la faire glisser sur moi alors qu'elle éclate de rire en donnant des coups de pieds dans tous les sens.

« Tu vas me laisser lire oui ou non ?
_ Non. C'est plutôt clair là ?
_ Je te promets que je ne veux rien. Je te l'ai déjà dit un millier de fois. On a invité mes amis, et ça suffit. Je t'assure que si quand je me pointe demain soir après le travail je découvre que tu m'as acheté un truc hors de prix, je te fais la gueule.
_ Mais Lily...
_ Il n'y a pas de « mais », je ne veux pas de ton argent James, tranche t-elle en me regardant droit dans les yeux. »

Hmmm. Cette bague m'a coûté une blinde. Je suis dans la merde. Enfin... Quel genre de fille ferait la gueule pour avoir été demandée en mariage avec une bague qu'elle estime beaucoup trop chère pour elle ?! Lily. Merde. C'est vrai que Lily est ce genre de fille. Elle est vraiment chiante à ne jamais vouloir que je lui offre quoique ce soit. J'ai bien compris qu'elle ne veut pas que quiconque puisse penser qu'elle n'est avec moi que pour mon argent, mais à quel moment a-t-elle commencé à se soucier de ce que les gens peuvent penser ?

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30 Janvier. Nous y sommes Lily. Ton anniversaire. Ma demande. Enfin, peut-être. Si je trouve le courage. Il va falloir. Ça fait trop longtemps que j'y pense. Je ne peux pas continuer à tourner et retourner ça dans mon esprit. Je réfléchis continuellement à ce que je vais te dire à ce moment là et ça me donne des foutus maux de tête. Moi je suis nul pour utiliser les mots. Je te l'ai déjà prouvé maintes et maintes fois.

« Ça va James ? Tu as l'air anxieux, me demande Rémus qui me rejoint sur le balcon.
_ Ouais ça va. Je... J'ai juste aucune idée de la manière dont je dois m'y prendre, je murmure pour que lui seul entende.
_ Dis lui les choses comme elles te viennent. Te prends pas la tête.
_ C'est plus facile à dire qu'à faire, Lunard.
_ Détends-toi juste. Lily t'aime. Elle te connaît bien maintenant... D'ailleurs, elle n'arrête pas de regarder dans notre direction, et elle sait qu'il y a un truc qui cloche. Je le sens. Alors arrête de faire cette tête, et viens t'amuser avec nous. »

Je lui obéis, et je lance un petit sourire à Lily qui est à l'autre bout de la pièce en train de discuter avec trois de ses amies de la bibliothèque. Elle a l'air rassuré puisqu'elle reporte son attention sur la conversation. Je suis soulagé. J'essaie de profiter de la soirée au maximum, après tout, c'est son anniversaire, je peux bien faire ça pour elle. C'est juste compliqué quand je n'arrête pas de me faire des scénarios pas possibles dans ma tête. Elle va me dire non. Elle va me dire non c'est sûr. Je ne suis rien. Elle ne veut même pas bosser avec moi, pourquoi voudrait-elle m'épouser ? Mes yeux se perdent dans mon whisky pur feu.

Ça me rappelle le soir où on avait été la voir à la Chope-Sans-Fond avec les gars. Je me souviens de son Tshirt blanc, de son short en jean, de ses cheveux qui volaient au ralenti derrière elle. Je me souviens de ce que j'ai ressenti quand je l'ai vu là, derrière ce bar, et qu'elle a posé ses yeux verts sur moi. J'avais l'impression qu'elle était l'univers et que je n'étais rien. Quand elle s'est mise à rire, c'était pire. C'était mieux. Et son sourire. Il n'y a rien que je ne ferais pas pour son sourire. Il m'a fait voir le monde entier.

« James ? Elle m'interrompt dans ma rêverie.
_ Oui ?
_ Qu'est ce qu'il y a ?
_ Rien. Je repensais juste à des trucs.
_ Quoi comme trucs ?
_ On en parlera après, ok ? Profite de ta soirée.
_ Promis ?
_ Promis.
_ Bois ça, ça ira mieux. »

Je me mets à rire quand elle rempli mon verre jusqu'en haut et attend que je le vide intégralement avant de m'embrasser furtivement et de retourner vers ses amis. Je ne peux pas détacher mon regard d'elle. D'ailleurs, quand l'un de ses potes français lui frôle l'épaule, j'ai envie de le jeter du haut du balcon. Je me retiens, je crois qu'elle n'apprécierait pas.

Elle porte la même robe noire que lors de notre première rencontre. C'est aussi celle là qu'elle avait la première fois qu'elle m'a invité chez elle. Je n'arrive pas à savoir si elle la portera toujours quand je la demanderai en mariage parce qu'il se peut que je la lui enlève avant. Mes pieds me guident vers elle, et je resserre mon bras autour de ses épaules pour marquer mon territoire. Elle lève les yeux vers moi. Elle est amusée de mon comportement. Je veux que tout le monde sache qu'elle est à moi.

« Et toi James, tu fais quoi au fait dans la vie ? Me demande l'une de ses amie dans un anglais approximatif.
_ Je travaille en collaboration avec le ministère de la magie.
_ Géant, tu dois te faire un max de tunes ! S'exclame Romain, celui qui la touchait tout à l'heure.
_ C'est le parfait petit bourgeois, lui répond Lily en me taquinant légèrement.
_ C'est d'ailleurs ce qui l'a attiré, je réplique sur le même ton. »

Ses amis éclatent de rire. Lily, elle, se renfrogne. Tu me cherches, tu me trouves Evans. Je n'aime pas parler de mon argent, alors je me mets en retrait, et je me contente d'écouter ce qu'ils se disent. Je réalise un peu plus tard dans la soirée que Sirius a réussi à mettre la main sur une des amies de Lily. Je suis toujours à côté d'elle, alors je lui donne un coup de coude et fait un signe de tête vers mon meilleur ami, et sa meilleure amie Agathe qui sont à présent en pleine introspection de leur bouche respective.

« Oh non, pas Agathe, il abuse ! Me dit Lily.
_ C'est peut-être elle qui l'a allumé ! Je proteste.
_ Ça, ça m'étonnerait.
_ De toutes façons, elle a l'air consentante si tu veux mon avis.
_ Pfff. Bien sûr qu'elle l'est. Vous savez vous y prendre.
_ Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans, moi ?
_ Toi tu m'as fait la même chose. Tu m'as embrouillé.
_ Ah non. Ça n'a rien à voir.
_ Ah bon ? Et en quoi ? Tu m'as lancé deux petits sourires par-ci, trois regards par là, et Bam !
_ Bam ? Je répète, amusé.
_ Bam.»

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais je suis interrompu par Romain qui vient lui dire au revoir. Je suis soulagé de le voir partir, en fait, même si je sais très bien que Lily n'est pas intéressée. Ce n'est pas en elle que je n'ai pas confiance, c'est en lui. Je la laisse donc en toute sérénité pour retourner voir Rémus et Sean que j'ai découvert en début de soirée. C'est un mec qui travaillait avec Lily en tant que serveur à la Chope. Il est assez cool. En plus, il a une copine, donc ça m'évite de me faire des films. Et il est fan de Quidditch. Autant dire qu'on a de quoi parler. Je crois que la discussion dure des heures et des heures, parce que quand je relève la tête, presque tout le monde est déjà parti. Je regarde l'horloge. 4H du mat. Il ne reste plus que Sirius et Agathe qui se pelotent sur le canapé, Rémus, Sean, Lily, une de ses copines, Karine je crois, et moi. Je réalise qu'elles parlent de moi quand je surprends quelques coups d'oeil dans ma direction. Je me demande ce qu'elles se disent quand Lily éclate de rire. J'attends que tous les invités soient partis pour le lui demander. Je ferme la porte derrière Sirius et Agathe, et Lily se love dans mes bras en poussant un soupir de bonheur. Ça me comble.

« Elle me disait que tu étais très sympa, et très courtois.
_ Et pourquoi ça t'a fait rire ? je lui demande presque vexé.
_ Parce que quand je t'ai rencontré, tu n'étais rien de tout ça.
_ Je te l'accorde. »

Elle me caresse brièvement la joue avant de se mettre à ranger le bordel qui s'est entassé dans le salon pendant la soirée. Il y a des gobelets partout. Je prends ma baguette pour l'aider, et en un rien de temps, l'appartement est comme neuf. Maintenant qu'il n'y a plus que nous deux, je me sens fébrile. Il va falloir que je me lance. Quand je vois qu'elle s'apprête à aller se coucher, je me jette à l'eau.

« J'ai un truc à te dire. »

Elle s'arrête entre la chambre et le salon et se retourne vers moi. Je sais exactement ce que je dois faire quand ses yeux inquiets accrochent les miens. Je devine à ce moment là qu'elle s'imagine que je vais lui avouer que je l'ai trompé ou une connerie du genre. C'est tout Lily. Elle pense toujours au pire. Surtout quand il s'agit de moi. Je ne peux pas lui en vouloir, je ne suis pas un modèle.

« Rémus m'a conseillé de te dire les choses comme elles viennent, et tu sais que je ne suis pas doué pour ça. En y réfléchissant un peu, je me suis dit que je te devais juste la vérité puisque tu dis toujours que je suis une énigme pour toi. Alors voilà, je vais te la résoudre, l'énigme, viens par là. »

J'ouvre la porte d'entrée en lui tendant la main, elle l'attrape et elle me suit. Je lui fait descendre quelques marches, et je retourne à l'entrée de l'appart en la laissant plantée là au milieu de l'escalier dans sa petite robe noire. Sa main est agrippée à la rambarde, et le souvenir du premier jour me revient en pleine face, exactement ce à quoi je m'attendais, mais en plus violent.

« Qu'est-ce que tu fous James ?
_ Attends. Ecoute. Tu te rappelles ? Moi oui. C'était la première fois que je te voyais. Je me suis dit, c'est qui cette fille ? Tes doigts, ta main, et le bras qui va avec, j'avais jamais rien vu d'aussi élégant. Tes jambes sans fin... Ta bouche... J'avais déjà envie de la sentir sur la mienne. Tes yeux... Merde tes yeux... Comment c'est possible d'avoir des yeux aussi beaux ? Je me suis senti mal d'un coup, je venais d'agir comme un connard avec une fille juste devant toi. J'avais honte. Pour la première fois de ma vie, j'avais honte de la façon dont j'avais agi, et ce, seulement parce que tu m'avais vu. Viens là, Lily. »

Elle monte les quelques marches sans trop comprendre, et elle s'arrête devant moi. Je lui souris, et j'inspire profondément.

« Ce parfum me fout en l'air. Je ne pensais qu'à ça. Et quand je ne l'ai plus senti, je me suis demandé à quoi ça me servait de continuer à respirer. Tu m'avais accroché. Viens. »

Elle prend la main que je lui tends et me suis sur le balcon. Je me penche pour regarder les lumières dehors. Elle ne bouge pas. Elle ne comprend pas.

« Salut Lola, je lui dit. »

Elle sourit. Elle se rappelle. Il y a une petite étincelle dans son regard.

« Raté... Elle me répond.
_ Tant pis. »

Il y a un silence. Puis elle ravale un rire en détournant le regard du mien. Elle rougit.

« J'étais là comme un con, et je ne disais plus rien parce que j'attendais juste que tu me donnes ton prénom et tu ne le faisais pas. Je pensais mettre ma fierté de côté pour te le demander, et finalement, un mec t'a fait rentrer dans ton appart. J'avais envie de tout casser. Je n'avais rien eu le temps de dire. Et puis on s'est retrouvé dans la cage d'escalier. Plusieurs fois. Et à chaque fois j'avais un peu plus envie de te connaître. »

Je lui tends à nouveau la main et je l'emmène dans l'appart d'à côté qui est maintenant occupé par Sirius. Il m'a filé les clés quand je les lui ai demandé avant qu'il s'en aille avec Agathe. Je les ai plus ou moins forcé à se barrer, en fait... Peu importe. Je m'assois sur le canapé vert bouteille de Lily qui n'a pas bougé de place.

« C'était la première fois que je rentrais chez toi. Tu as renvoyé ce mec qui t'attendais à la porte, et tu t'es occupée de moi. Tu pouvais me faire ce que tu voulais à ce moment précis. J'aurais fait n'importe quoi. Je t'ai dit des conneries, j'essayais de te provoquer pour tester tes limites. Tu m'as renvoyé la balle, j'aimais ça. Et puis je t'ai fait rire. Et là, je ne pensais plus à rien d'autre qu'à toi et à ce merveilleux son qui venait de sortir de ta bouche. Puis tu m'en as dit un peu plus sur toi. Enfin ! Ça m'a fait plaisir. Je me suis réjouis un peu trop vite, tu m'as lancé une pique. J'étais frappé par ton arrogance. J'étais en colère contre toi. Tu t'étais foutu de ma gueule comme personne ne l'avait fait avant. J'avais envie de te casser, mais j'ai choisi de m'en aller. Deux jours plus tard, je proposais à Sirius et Rémus d'aller à la Chope-Sans-Fond parce que je n'arrivais pas à te sortir de ma tête. »

Je descends les escaliers du bâtiment quatre à quatre en la tenant toujours fermement par la main. Une fois en bas, je la fait transplaner dans ce club où elle travaillait qui ne ferme qu'à l'aube. Je l'invite à s'asseoir au bar à côté de moi, et je commande deux whisky pur feu.

« Je t'attendais, mais je ne savais pas si tu bossais ce soir là. J'essayais de me remémorer notre discussion de l'autre fois, mais il n'y avait rien à faire, je ne me souvenais pas t'avoir entendu mentionner tes horaires. C'était une véritable obsession. Je te cherchais partout mais tu n'étais pas là. J'étais déçu. Je me suis perdu dans mon verre jusqu'à ce que Sirius me donne un coup de coude. Et puis je t'ai vu. Tu discutais avec ta collègue. Tu portais ton Tshirt blanc et ton petit short en jean. Tu étais si belle que je me suis presque étouffée avec mon whisky pur feu quand tu t'es approchée de nous avec ton sourire confiant. Je suis devenu jaloux quand je t'ai vu discuter avec Sirius, et je bouillonnais quand le mec que tu es allée servir t'a touché la cuisse. C'est pour ça que je t'ai rejoint dehors. Tu m'as fais rire quand tu m'as dis que tu ne fumais pas alors que je venais de te prendre en flagrant délit. De la provocation, de l'humour, du Lily tout craché. J'avais envie de t'embrasser. Tu m'as foutu un vent avant même que je ne tente ma chance. Ça m'a déstabilisé. J'avais l'impression que je venais de me prendre un mur en pleine gueule. J'avais mal à mon ego. Alors je me suis vengé en me foutant de toi. Et puis je suis rentré chez moi en me disant qu'encore une fois, j'avais merdé. Je suis revenu plusieurs heures plus tard parce que Sirius m'avait averti qu'il y avait eu une attaque. Je ne pensais qu'à toi. Je te cherchais partout et tu n'étais nulle part. J'avais peur Lily. J'ai défoncé ta porte et tu n'étais pas chez toi. J'espérais presque que tu étais chez un de ces pauvres mecs que tu ramènes chez toi d'habitude, mais finalement je t'ai trouvé dehors, dans la ruelle, contre le mur. Putain je me sentais mal de te voir comme ça. Tu ne peux même pas imaginer ce qu'il s'est passé dans ma tête. J'étais fou. Tu saignais. Je voulais tuer le connard qui t'avais fait ça mais il était déjà mort. Ça ne changeait rien que je m'accuse à ta place. Si tu ne t'en étais pas occupé, je l'aurais fait. Je t'inspectais dans le moindre détail parce que j'avais trop peur de te perdre, et je te jure que je n'en profitais pas. J'étais trop flippé, j'étais dans un état second, je voulais juste être sûr que tu n'avais rien de plus, que tu allais bien. Et puis avant que le médicomage t'emmène, tu m'as foutu un vent. Encore un. Le lendemain, pareil. J'étais perdu. J'étais à abandonner, mais tu as fini par m'inviter chez toi à ta soirée. J'ai fait semblant de ne pas savoir si je pourrais venir ou non. Je savais que je pourrai. Je voulais juste t'en faire baver un peu. Un millième de ce que tu m'en avais fait baver, moi. Tu as flirté avec moi pendant un bon moment, mais tu m'as freiné dès que j'ai tenté quelque chose. Je ne savais pas sur quel pied danser. Je ne savais pas ce que tu attendais de moi. Finis ton Whisky-pur-feu, je lui ordonne. »

Ses yeux jonglent entre le verre et moi, et finalement, elle le descend d'une traite et me suit à nouveau à l'extérieur. Nous transplanons une nouvelle fois à l'appartement.

« Je t'ai entendu te disputer avec Sirius, et là tu t'es ramenée avec ton trench noir.
_ Oh non James pitié ne me fais pas revivre ça. »

Je lui souris et je la serre contre moi.

« Tu étais belle. Tu es belle. Mais je savais que tu ne voulais pas encore de moi. C'est pour ça que j'étais en colère contre toi. Tu ne me devais rien, et surtout pas ça. Je voulais que tu sois à moi quand tu l'aurais décidé, et pas parce que tu voulais me remercier de quoi que ce soit. Tu es la première fille que je respecte. Je voulais que tu te respecte aussi. Je voulais faire les choses bien. Je voulais être correct avec toi, alors je me suis retenu, même si j'avais très envie de te sauter dessus et j'étais content de m'être contenu quand tu t'es mise à me parler de toi, parce que c'est à ce moment là que j'ai réalisé que nous étions pareils et que je ne voulais pas te faire plus de mal que la vie t'avait déjà infligée. Tes mots me touchaient. Je voulais te connaître plus. Je voulais toujours plus. Toujours. Alors je t'ai proposé de me rejoindre aux Trois Balais. Tu as accepté. Je n'y croyais pas. J'étais bien obligé de me rendre à l'évidence quand tu t'y es pointée. C'est fermé à cette heure là, alors on ne va pas y aller, Lily, mais je te revois encore t'asseoir sur la banquette. Tu étais trempée et tes cheveux mouillés étaient plus foncés que d'habitude. Tu pestais parce que tu les trouvais horribles sans savoir que moi je n'étais pas d'accord avec ça. Tu étais sublime. Puis tu m'as accompagné au ministère, et tous les gens nous fixaient dans les couloirs. Tu croyais que c'était moi qu'ils regardaient, mais moi je savais que c'étaittoi parce que tu étais rayonnante. Alors je t'ai emmené au restau, qui est aussi fermé à cette heure là, et j'ai passé un moment super. Je buvais tes paroles. J'en voulais encore. Alors quand on s'est retrouvé devant chez nous, je t'ai proposé de rentrer, tout en me répétant que tu allais probablement refuser. Mais tu m'as surpris une fois de plus en acceptant. »

J'ouvre le placard de la cuisine pour attraper la boîte de chocolats. Le sourire de Lily s'agrandit et elle va immédiatement s'asseoir à la même place qu'i peine 6 mois. Je fais pareil et je lui tends la boîte. Elle attrape un chocolat, avale une moitié et me tend l'autre. Elle lève son pouce. J'éclate de rire. Encore une fois, il est dégueulasse.

« Et tu te payes ma tête... Encore et toujours. Mais je m'en fous autant que je m'en foutais ce soir là, parce que ta bouche a touché cet infâme morceau de chocolat qui est par conséquent le meilleur que j'ai jamais mangé. Je sais, c'est paradoxal, mais tu comprends où je veux en venir... Pendant toute la soirée tu as continué à me rentrer dedans sans ménagement, à me provoquer, à m'agacer... Lily j'avais tellement envie de toi à ce moment précis... Et puis tu m'as touché encore avec tes paroles. On était tous les deux au bord de l'autoroute Lily, on était tout seuls, et j'étais bien avec toi. Je suis bien avec toi. »

Elle plonge sa main dans mes cheveux, et je la lui enlève à contrecœur. Pas maintenant Lily. Je n'ai pas terminé. Je sors l'échiquier et replace les pions exactement au même endroit que lorsque j'étais à deux doigts de la battre et qu'elle l'a balancé par terre. Elle sourit de plus belle et vient s'asseoir sur mes genoux.

« Tu n'as pas pris mon roi la première fois, tu ne le prendras pas maintenant, me dit-elle en détruisant toute ma mise en scène.
_ Je m'en fous de prendre ton roi Lily, je lui dis très sincèrement. »

Sa main retourne se promener sur ma tête, et elle rapproche son visage du mien. Elle ne m'embrasse pas. Je ferme les yeux. Je ne respire plus. Je suis submergé par les souvenirs qu'elle m'a laissés, et qu'elle me laisse encore. Ma main glisse dans son dos. Elle soupire de bonheur. Non. Pas maintenant Lily.

« Respire, elle me dit en passant son index sur ma joue. »

Je lui obéis. Encore. Mes sentiments m'oppressent. Ses doigts passent sous ma chemise, je l'arrête. Non Lily, je n'ai toujours pas fini.

« Ce qu'il s'est passé entre nous cette nuit là, je ne l'avais jamais vécu avant. Je ne savais pas ce que c'était de se donner à quelqu'un et d'accepter que quelqu'un se donne à soit. C'était comme... Comme crever de plaisir. Ta peau contre la mienne, c'était... Inespéré... C'était bon. C'était bien, Lily. Je suis tombé amoureux de toi. Et puis je t'ai vu partir au milieu de la nuit. Je voulais que tu restes. Je n'ai pas réussi à te le dire. J'avais peur qu'on ne soit pas sur la même longueur d'onde, et j'ai réalisé : pourquoi tu voudrais de moi ? Je ne suis rien. Et tu m'as conforté dans mon idée quand tu es parti en France.
_ James... Me coupe t-elle avec un regard d'excuse.
_ Je sais. Ce n'est pas grave. J'étais heureux quand je t'ai vu revenir, même si je ne l'ai pas montré. Tu étais si gentille avec Nymphadora. Je me sentais bien et mal à la fois. Bien parce que tu étais là, mal parce que je ne savais pas à quoi tu jouais. Alors je t'ai puni à ma façon après mon entraînement de quidditch. J'ai pris ce dont j'avais besoin, et je t'ai laissé réfléchir à tout ça dans ton coin. Ensuite j'ai reçu tes lettres, et j'étais tout aussi troublé que toi, et je souriais comme un con. Je ne savais pas ce qu'il y avait entre nous, je ne comprenais pas. Je voulais comprendre. Alors le lendemain, j'ai été te voir à la bibliothèque, même si je m'étais juré de ne jamais y foutre les pieds. Je n'y pouvais rien, j'avais envie de te voir. Surtout qu'une mission de merde se rapprochait, j'avais juste besoin de te voir. Comme on a besoin de respirer pour vivre. Tout allait mieux quand tu t'es retrouvée devant moi, et je voyais clair à nouveau, mais ce soir là, tu t'es pointée chez moi en me disant que tu étais fiancée. Et Lily c'est comme si tu m'avais flingué. Mon cerveau ne répondait plus. J'avais envie de te foutre dehors mais j'en étais incapable parce que tu étais belle, tu étais intelligente, tu étais pleine de contradictions, pleine d'incertitudes et ça, encore une fois, ça m'a touché. Tu m'as raconté toute l'histoire et tout ce temps je n'arrêtais pas de me demander ce que tu foutais chez moi. Ce mec était parfait, et moi je n'étais rien. Je n'étais que le connard de bourge qui vivait à côté. Et puis toi, naturellement, comme si c'était la chose la plus simple du monde, tu as sous-entendu que les vingts premières années de ta vie avaient été une perte de temps puisque tu ne me connaissais pas. Tu t'es amusée avec mon cerveau Lily. Moi je ne pouvais rien faire. Je ne peux rien faire quand tu me regardes comme ça, quand tu me dis des choses comme ça.
_ James arrête, elle me supplie les yeux brillants de larmes.
_ Non. Je n'ai pas terminé. Ce jour là, j'ai fait l'amour avec toi Lily. Pour la deuxième fois. Parce que je ne compte pas ce qu'il s'est passé après l'entraînement de quidditch. Bref, c'était encore mieux que la première fois. Je ne pensais pas que c'était possible, mais tu me démontre constamment qu'on peut aller plus loin. Et après ça Lily, tu m'as fait la peur de ma vie. »

Je la tire par le poignet pour l'emmener dans la salle de bain. Je m'arrête devant l'immense miroir et la prend par les épaules pour qu'elle se tienne devant moi. Elle me regarde silencieusement à travers la glace. Je crois que maintenant, elle sait où je veux en venir. Ou du moins, elle en a une vague idée.

« Regarde toi. Tu es forte. Tu es belle Lily. Tu es la plus belle personne au monde à mes yeux. Tu t'en rends compte ou pas ? Tu comprends maintenant ? Je ne suis plus une énigme là, tu vois, tu sais tout. Je ressens toute la douleur qu'il y a au fond de toi. J'ai envie de te la prendre. Je ne veux pas te revoir dans cet état. Jamais. »

Elle baisse la tête vers ses pieds en rougissant.

« Regarde moi.
_ James, s'il te plaît...
_ Regarde moi Lily. »

Elle fini par obtempérer et ses yeux verts croisent les miens dans le miroir. Elle rougit d'avantage. J'ai un petit sourire.

« Tu vois comme je tiens à toi ? Je serai toujours là pour toi. Ok ?
_ Ok, souffle t-elle dans un murmure à peine audible. »

Parfait. On est presque au bout Lily. Je retourne dans le salon et elle trottine derrière moi. J'attrape son manteau et je lui tends. Je réponds à sa question silencieuse. Oui, on repart. On transplane devant la bibliothèque. La fille du guichet a accepté de désactiver l'alarme pour moi quand j'ai été la voir cette semaine, et j'ai à peine eu besoin de lui faire du charme. Je fais signe à Lily de ne pas me demander de quelle façon je m'y suis pris quand je la fais rentrer dans le bâtiment. Il fait noir. C'est étrange comme les endroits changent en fonction de l'heure à laquelle on y vient. Enfin bref. J'emmène Lily jusqu'à son bureau, j'ouvre la porte, j'allume la lumière, et elle s'assoit instinctivement sur le coin de la table.

« Si je suis venu, c'est parce que j'étais anxieux. J'avais ma mission ce soir là, et j'avais peur de ce qu'il pouvait m'arriver. Je n'avais jamais eu peur avant. Tu as changé la donne. Je ne veux pas te laisser seule Lily. Je ne voulais pas que tu me supplies, je m'en foutais, je voulais juste passer un bon moment avec toi avant d'y aller mais on a fini par s'engueuler. Je me suis énervé parce que tu m'as dit que tu ne m'appartenais pas. J'avais envie que tu m'appartiennes.
_ Maintenant je suis toute à toi.
_ Non, pas encore. Tu es trop impatiente Lily. Tu sais quoi, je n'aime pas la façon dont ça s'est passé entre nous ce jour là, alors on va la refaire. Tu es prête ? »

Elle hoche la tête et me regarde partir et rerentrer, dubitative. Je lui lance un petit sourire en coin en m'adossant à la porte. Elle s'avance vers moi.

« Ça devient une habitude, Mr Potter.
_ Une bonne ou une mauvaise ?
_ Une très, très, très, très, très bonne. »

Elle noue ses bras autour de ma nuque. Les miens la serrent un peu plus contre moi.

« Il y a un truc qui te tracasse ?
_ Oui. Je pars en mission avec l'Ordre tout à l'heure. Je ne dis pas ça pour t'inquiéter. Je veux juste te prévenir... et te dire au passage que je t'aime.
_ James... Moi aussi je t'aime. »

Ben voilà. C'est sorti. C'est la première fois que je lui dis, et la première fois qu'elle me le dit, et ça fait du bien. De se l'entendre dire, et de l'entendre dire. Je ne peux pas m'arrêter de sourire. Elle lève la tête, et se met sur la pointe des pieds pour m'embrasser.

« Tu vois, c'est beaucoup mieux comme ça, je lui fait remarquer.
_ Aucune comparaison.
_ Maintenant, on rentre.
_ Encore ?
_ C'est le dernier transplanage. Promis. »

Je la pousse doucement jusqu'au canapé où je l'oblige à s'asseoir.

« Tu te rappelles de ce soir là, quand je suis rentré de la mission ?
_ Oui. Comment veux-tu que j'oublie ? Tu m'as dit que tu voulais passer ta vie avec moi.
_ Oui. Et tu ne me croyais pas. Tu te souviens de ce que j'ai dit après ?
_ Tu... Tu m'as dit oui quand je t'ai... Quand je t'ai demandé si tu le pensais vraiment... Elle bafouille.
_ Oui, et ensuite ? »

Mes yeux pétillent. Les siens aussi. Tellement que je crois qu'elle va pleurer. Je l'aime à en crever.

« Lily, qu'est-ce que j'ai dit ensuite ? Je répète.
_ Tu as dit que tu ne te moquais pas de moi.
_ C'est ça. Et... Après ? »

Elle rougit violemment. Elle me dévisage. Je devine qu'elle ne sait pas trop si elle doit penser ce qu'elle pense, alors je tombe à genoux devant elle pour mettre fin à ses interrogations silencieuses.

« Epouse moi.
_ C'est pas une demande ça, c'est un ordre ! Elle me fait remarquer.
_ Exactement. »

Elle ravale un rire. Je lui tends la bague. Elle la prend, joue avec pendant plusieurs secondes qui me semblent interminables. Ses yeux jonglent entre mon visage et la bague. Je la décourage de me faire la moindre réflexion sur le prix d'un simple coup d'œil. Elle me comprend. Elle a un sourire mystérieux scotché sur le visage.

« Bon, bah si c'est un ordre alors... Elle finit par dire en la glissant autour de son annulaire avant de me sauter au cou. »

Fin !

Merci à tous de m'avoir suivi sur cette fiction et surtout à ceux qui m'ont laissé de super reviews !

RDV sur Les Désirs Dérangés qui est loin d'être terminée !

Bonnes fêtes de fin d'année à tous !