Chapitre quinze : Points de suspension.

« Est-ce que vous êtes en train de vous moquer de moi ? demanda Temari, d'un calme annonciateur de destruction. »

Sasori avait serré la main de son petit-ami et s'était retenu d'en rajouter une couche.

« Oh, Temari, s'il-te-plait. Tu es la première personne de mon entourage proche à qui je le dis. Tu ne vas pas me faire le coup de l'homophobe ! s'enflamma Kankurô sur la défensive.
- Ne joue pas sur ce registre avec moi, d'accord. Tu sais très bien que ça n'a rien à voir avec ça. Sasori, LUI. Punaise mais… Je suis en plein rêve. En plein cauchemar même ! »

La blonde se prit la tête à deux main, retourna s'asseoir sur une chaise de bar et avala la consommation qu'elle avait commandé.

« Depuis quand ça dure ? Ne me dites pas que ça s'est passé pendant qu'on-
- Non, Tem'. Ne sois pas si effrayée. Ça ne fait que quelques semaines. »

Pauvre Temari, terrifié d'apprendre que son frère homosexuel copulait avec son ex-petit-ami. En plein dans cet affreux doute causé par Shikamaru Nara, elle se détestait d'être aussi négative à l'encontre de la relation de son frère.

« Tu comptes en parler aux autres ? demanda-t-elle.
- Pas dans l'immédiat, Tem'. Alors, s'il-te-plait, garde ca pour toi.
- Je gagne quoi en échange de mon mutisme, frangin ? Dois-je te rappeler que tu te tapes mon ex ? Ca mérite une compensation. »

La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine et fixa son frère d'un regard perçant. Kankurô n'avait pas intérêt à se louper.

« J'ai un secret à te révéler. Ca peut t'intéresser ? commença-t-il un sourire au bord des lèvres.
- Quel genre de secret, à quel sujet ?
- Ca concerne Nara. »

Un secret concernant Nara Shikamaru.
Son sang ne fit qu'un tour quand elle frappa sa main contre celle de son frère. Temari jura de ne rien en dire mais se promit à elle-même d'en profiter un minimum sur le dos des deux amoureux. Ça leur ferait les pieds.

« Oh. Tu sais… Il sort avec Kankurô, en vérité. Je n'arrive pas à y croire. C'est peut-être pour ça que ça marchait si mal entre nous. »

Elle n'en avait parlé qu'à Sakura à cause de sa fierté mal placée, espérant que la Haruno n'en dirait rien à qui que ce soit. Qui que ce soit excluant Shikamaru visiblement, à qui Sakura en avait parlé afin de lui expliquer la situation.

Temari en avait été dévasté quand Kiba lui avait relaté l'histoire pour la faire venir à sa rescousse ce soir-là au bar. Mais elle ferait face. Elle était une femme à assumer. Au pire, elle passerait sa mauvaise humeur et sa fatigue sur Shikamaru qui, trouvait-elle, le méritait bien !

Il avait payé, tant pis pour sa pomme.

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Sakura Haruno ne trainait que rarement avec cette bande d'amis qu'elle affectionnait pourtant du plus profond de son être. Pour la simple raison qu'elle n'en avait pas le temps. Sortir et s'amuser lui étaient exclus, elle avait les cours. Et la médecine en deuxième année n'était pas vraiment ce qu'il y avait de plus simple.

Pourtant, quand Chôji Akimichi l'appela, elle lui laissa quelques minutes pour établir le contact avec elle.

« Je suis heureux de constater que tu es venue, Sakura. Ca faisait longtemps. »

Le jeune homme la serra dans ses bras et elle profita de cette étreinte, un petit sourire à la commissure de ses lèvres.

« Le ton que tu as prit au téléphone semblait assez sérieux cette fois-ci. Que t'arrive-t-il ? demanda-t-elle en s'asseyant à la suite de son ami dans ce petit bar à deux pas du campus.
- C'est à propos de Shikamaru. »

Shikamaru Nara était de ces amis proches que Sakura avait conservée toutes ces années durant. La première raison en étant qu'eux deux avait toujours été de sacrées grosses têtes depuis la primaire et qu'ils avaient souvent eus à se côtoyer. Il en était venu à confier ses petits tracas à celle qu'il jugeait la plus apte à l'aider sur tout ce que Chôji ne pouvait pas comprendre. Les sentiments par exemple.

« Qu'est-ce qu'il lui arrive à celui-là ? soupira-t-elle.
- Cet abruti s'est jeté tête la première dans le pari le plus stupide de l'univers.»

La jeune femme laissa à son ami le temps de s'expliquer en sirotant sa boisson et leva les yeux au ciel une fois son discours terminé.

Une fois encore, Shikamaru oubliait toute cette question de discernement éthique quand sa sexualité rentrait en jeu… Sakura en était désespérée. Ce n'était pas la première fois que le Nara jouait des tours à ses propres sentiments.

Mais là n'était pas la raison de l'appel de Chôji.

« Entre lui et Temari ca se passe plus très bien. Ils se disputent dès qu'ils se croisent et le reste du temps, elle l'ignore. Je comprends plus ce qu'il se passe. Je veux dire : on sait tous à quel point il est fou d'elle. Alors, pourquoi est-ce que ca se passe si mal que ca ? »

Sakura Haruno leva de nouveau les yeux au ciel, le regard fatigué : « Tu te fiches de moi, non ?
- Je comprends pas.
- Depuis tout ce temps il est croc' de Temari et il préfère foncer dans le tas de toutes ces stupides femmes pour un pari tout aussi stupide ? Tu crois que Shikamaru réagirait comment en apprenant que Temari se tape une vingtaine de mec sur le campus pour un pari ?
- Qu'est-ce que tu essayes de me dire, Sakura ? »

Oh. Visiblement depuis tout ce temps, Nara Shikamaru n'avait pas prit la peine de dire à son meilleur ami qu'il avait roulé des patins à la femme de ses rêve pendant une unique soirée l'été dernier. Sympa. Sakura en était lassée. Toute cette histoire était d'une bêtise sans nom et sans fondement.

Quoi qu'il en soit, si Nara n'avait pas prit le risque de lui dire, ce n'est pas elle qui l'encourrait.

« Chôji. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure, tu sais. Temari à un faible pour lui depuis un petit moment déjà. Qu'il lui jette ça à la figure ne doit pas beaucoup lui plaire à cette blonde. »

Le visage de son ami s'éclaira d'un coup, prit d'une illumination qu'il se pressa de partager avec son amie : « Ca te dit un petit week-end à la campagne avec la bande ? »

Ce n'était pas une réelle proposition, constata la jeune femme au regard lourd que lui envoyait Akimichi.

Alors elle hocha la tête. Un peu de détente, après tout, ca ne lui ferait pas de mal.

De la détente, ça, elle en avait eu.

Peut-être un peu plus que ce qu'elle avait souhaité en acceptant. Shikamaru n'était pas un mauvais amant. Il y avait bien longtemps que Sakura Haruno avait comprit qu'il se débrouillait plutôt bien avec tout son attirail de bon-coup. Il devait bien faire parti de ces rares mecs avec qui elle acceptait de coucher malgré son attirance persistante pour les femmes.

Mais la ride creusée sur son front juste après avoir réalisé ce qu'il avait fait la perturbait. Shikamaru s'en voulait d'avoir couché avec elle.

Surement parce que Temari n'était pas loin. Surement aussi parce qu'après avoir couche avec elle, il se retrouvait à la lettre T. Cette putain de lettre T, ignominie suprême.

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« Coucou, mon lapin. Il y a une pizza au congélo, Kiba a acheté du champagne et Gaara a accepté de nous laisser vous martyriser en échange d'un anniversaire moins conventionnel l'année prochaine. Vous avez vingt-quatre heures. Je vous fais des cœurs partout-partout. »

Ino raccrocha rapidement, tout sourire, et dévala les marches de l'escalier pour retrouver Chôji qui l'attendait.

« Voilà-voilà. J'espère qu'ils ne s'entre-tueront pas… Le sang c'est difficile à faire partir ?
- Je crois oui, souffla Chôji. Les autres nous attendent, dépêche-toi. »

Chôji Akimichi était toujours décrit comme un garçon tendre et plein d'attention. C'était très souvent le cas. Mais pas avec Ino. Parce qu'Ino lui avait brisé le cœur d'une manière qui n'était clair pour personne.

La blonde connaissait la rancœur qui habitait cet homme et ça la chagrinait beaucoup trop. Elle comprenait le manque de compassion qu'il avait à son égard et les remarques désobligeantes qu'il lui jetait à la figure pour lui rappeler qu'elle était celle qui avait abandonné leur couple.

Une année plus tôt, ils étaient les adorables et joyeux amoureux unis depuis le lycée. À présent il l'ignorait et elle se laissait blâmer sans donner plus d'explication. Elle était fautive et s'en excusait sans cesse.

« Mince, il se met à pleuvoir. T'as un parapluie dans ton sac à main ? »

Le jeune homme, le nez levé au ciel, se tourna vers elle et la regarda avec insistance. Une insistance pourtant anodine qui fit rougir Ino de honte quand elle déclara ne pas en avoir sur elle. Chôji haussa les épaules, retira sa veste et se mit à le couvrir tous les deux de la pluie.

Ces atroces manières si galantes la faisaient se détester toujours plus et elle se rendit alors compte qu'elle avait fait le bon choix.

Pourquoi Ino avait-elle rompu avec Chôji alors que leur couple se portait si bien ?

Parce qu'il se portait justement Trop bien.

« Pourquoi tu ne lui as pas donné la vraie raison de votre rupture, alors ? s'était enquit Sakura, première informée de la rupture de ses amis.
- Tu connais Chôji, non ? Il m'aurait retenue jusqu'à ce que je change d'avis.
- Mais tu l'aimes encore alors à quoi est-ce que ça t'a servi de faire quelque chose d'aussi stupide !?
- Je… Ino soupira un long moment, réfléchissant à la manière de tourner les phrases qu'elle dirait. Chôji est un mec super, vraiment. Doux, charmant, compréhensif… Il me respecte. Il respecte la Terre entière, même, je pense. Et je suis pas comme ça. Pas du tout.
- Oh, je vois, sourit Sakura en posant son menton au creux de sa main. Tu n'es pas assez bien pour lui. C'est ça le petit pitch à deux sous que t'essaye de me faire avaler ? Tu es ridicule, Ino.
- Ne dis pas ça, tu vois très bien où je veux en venir. Dans le passé immédiat, bien sûr que ça se passait bien entre nous. Mais tu imagines dans… Je sais pas… Deux ans ? Quand je serais lassée d'être toujours avec le même Gus ? Ça arrivera, ça arrive toujours. Regarde ma mère !
- Arrête de te comparer à ta mère, merde ! s'offusquait la jeune Sakura Haruno en fronçant ses sourcils. Et tu ne vois pas l'avenir. Tu sais quoi, ma chérie… Je te parie que dans un an tout au plus, tu t'en mords les doigts et tu reviens me parler de lui en me disant que tu l'aimes toujours aussi fort. »

C'était évidemment ce qu'il s'était produit après qu'elles se soient amusées à se cajoler, toutes pleines d'alcools qu'elles étaient : « J'aime Chôji, putzain, s'exclamait Yamanaka en levant son verre.
- J'aurai du parier de l'argent j'le zavais. »

Avec un couple trop bien portant, Ino avait pris peur, se disant qu'elle n'était pas une fille assez correcte pour être celle qui attraperait le cœur de Chôji Akimichi. La blonde n'avait pourtant jamais avoué la vérité à ce pauvre bougre qui en souffrait depuis.

« Merci. »

La blonde se colla à Akimichi, retenant un pan de la veste, et marcha aux côté de son ancien ami, rongée par ses non-dits. Il fallait qu'elle l'ouvre. C'était une nécessité. Qu'elle récupère Akimichi avant qu'il ne lui file entre les doigts.

« Y'a pas de quoi.
- Je t'aime, Chôji. »

Il s'arrêta net, laissant tomber sa veste qui partit s'étendre sur les pavés boueux et regarda Ino, des yeux interrogateurs.

Voilà, elle l'avait choqué. Beaucoup trop. Il allait s'en aller, la laissant toute seule dans le froid avec cette pluie qui n'en finissait pas. Une pluie beaucoup trop romantique d'ailleurs.

Il faudrait qu'elle arrête de voir ces films à l'eau de rose un jour…

« Pardon ? »

Il souriait. Le sourire d'un homme qui a peur d'avoir bien entendu. Quand Ino croisa le regard d'Akimichi, elle ne laissa pas la place au doute.

« Je t'aime, Chôji Akimichi. »

Et elle l'embrassa sous cette pluie atrocement romantique. Point.

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Ils s'embrassaient, l'un contre l'autre, leurs jambes entremêlées. Allongé dans le canapé d'Ino Yamanaka, Shikamaru se sentait comme sur un petit nuage de pouvoir serrer contre lui cette femme qui lui avait toujours été si inaccessible quelques années auparavant.

« Oh attends, je crois que c'est une scène importante, l'interrompit Temari en tournant la tête vers la télévision. »

Il grommela mais se laissa faire. Ensembles depuis seulement une dizaine de minutes et déjà il se laissait faire tel le canard qu'il était. Il attrapa sa coupe de champagne et en but une gorgée, regardant Temari concentrée sur ce qu'il se jouait dans ce film d'action.

Shikamaru se sentait léger. D'une légèreté qu'il n'avait jamais ressentie. Pas même en vomissant après une raclette trop fournie pendant ses séjours en France. Un sourire niais s'accrochait à ses lèvres sans qu'il n'arrive à l'enlever. Ni même le veuille, tout compte fait.

« Tu sens pas une odeur bizarre, déclara Temari le nez froncé.
- Hum, t'as raison, ajouta-t-il en reniflant l'air. »

Les deux adultes se regardèrent quelques secondes et leurs yeux s'ouvrirent en grand simultanément en reconnaissant un fumet de cramé.

« La Pizza ! »

Ino allait faire la tronche en voyant l'état de son four, c'était certain maintenant.

« Coincoin ! Voilà c'est la fin finale~ Je tenais vraiment à m'occuper de cette histoire entre Chôji et Ino. Ça me tenait à cœur parce que je me voyais mal les laisser tels un plat de pommes de terre sans lardons :'(. D'ailleurs ça va sûrement être mon repas du soir étant donné l'heure à laquelle j'écris ces lignes.

Ce chapitre aura servi de fourre-tout rassemblant tout ce qui pouvait être superflu dans la fiction en elle-même. J'ose espérer que le lire ne vous a pas trop ennuyé.

Et puis surtout, merci à vous tous, lecteurs plus ou moins présents. Plus ou moins répondant. C'est atroce, j'avais déjà posté cette histoire sur ff-fr et ça m'avait brisé le cœur. C'est la deuxième fois que ça m'arrive et mon cœur se brise de nouveau. Terrible vie TT_TT.

Bisous tout partout sur vos corps de lecteurs ! »

Sandou-Soudy