Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd'hui je poste le dernier chapitre fini d'Innamoramento, j'en ai encore un mais il n'est pas terminé. Ca fait bizarre de publier un texte sur une fic en sachant qu'elle sera mis en pause. Je suis désolée pour les lectrices qui la suivaient, j'ai essayé de la reprendre sans succès.

Donc ce n'est pas un uptade hyper joice mais bon, je n'exclue pas d'y revenir par la suite. J'ai appris que dans la vie il ne faut « jamais dire jamais », et les dictons disent toujours la vérité. Je ne m'avancerais donc pas.

RaR :

Abella : Coucou ! Merci pour ta review ^^ Ah la la ! Je suis contente si ce chapitre t'a autant plu. Je ne pensais pas dis donc. Effectivement, Milo se mange un savon monumental de la part d'Hadès mais il a abusé aussi, et puis ça aurait pu être pire.

Me connaissant, la rencontre Milo/Camus ne pouvait que mal se passer, sinon ce n'est pas drôle :D

Mais bon, tout le monde l'a vu venir, normal j'ai envie de dire.

Le Shura/Shiryu est une curiosité de ma part, ce pairing m'intrigue, oui je ne sais pourquoi. Je n'ai pas vu de fanfics sur eux, à moins que je les ai loupé c'est fort probable. Mais ça change un coup, ce n'est pas si mal. Leurs caractères se confondent bien ensemble et le petit Dragon semble avoir les mêmes valeurs que le Capricorne, ainsi que le goût du labeur, ça rapproche. Je te remercie encore, Kyss !

Bonne lecture,

Perigrin.


Chapitre 11

Premier jour laborieux

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Le premier jour de tournage est là. Enfin. Alléluia !

Depuis le temps que tout le monde s'impatiente, ils vont débuter cette grande aventure cinématographique. Chacun dans son coin prépare cette journée fébrilement.

Camus boit son café dans la cuisine à la hâte, mais tout dans ses gestes traduit un calme apparent. Même quand il se dépêche, il demeure imperturbable. Il finit de se préparer et se dirige au garage comme d'habitude, il va chercher Shiryu à son hôtel.

Shiryu justement est au bord de l'explosion en finalisant sa préparation. Vu qu'il intériorise tout, les émotions le submergent, il risque de faire une embolie encéphalique (1) à ce rythme. Il n'arrive même pas à aboutonner correctement sa chemise, ses mains tremblent. Pris de panique, il ne sait à quel saint se vouer. Depuis longtemps il a rêvé de cette terre d'accueil, abritant les plus grands écrivains de ce siècle et de ceux passés. Oui mais voilà, le jour J est là et le jeune garçon ne sait pas comment gérer les évènements. Tout se précipite d'un coup, tout tourne dans sa tête. Il oublie même de se coiffer mais descend à la réception où l'attend Doko, les mains dans les poches l'air décontracté comme à son habitude. En le voyant arriver, le manager sourit de toutes ses dents.

De son côté Milo s'est levé de bonne heure, exploit en soit pour le souligner ! En vérité, son ami a programmé deux réveils et l'alarme de son téléphone portable pour que le comédien ne se loupe pas. Du coup, ce dernier s'affaire dans la salle de bain. Le trac monte mine de rien, car enfin il va pénétrer sur un vrai plateau de tournage. Un vrai de vrai et pas en toc. Là l'affaire se corse, ça devient sérieux. Il n'a pas le droit à un seul faux pas, il le sait pertinemment. Kardia a misé gros sur lui, et puis il doit bien se l'avouer mais de se trimballer à poil toute la journée n'a rien de réjouissant à la longue. Il aimerait changer de vie oui, être pris au sérieux, juste ça. La gloire et la notoriété il s'en fiche pas mal, mais d'être reconnu en tant que véritable artiste, ça c'est le rêve de sa vie. Mais il doute, Milo ne croit pas en ses talents, donc il ne se projette pas entièrement dans cette aventure. En plus il va rencontrer le reste de l'équipe aujourd'hui. Il ne pense pas au réalisateur antipathique ni à ce pingouin qui protège le jeune Shiryu. Aiolia crie à travers la porte de se manier le torchon, sans ça Milo va encore arriver en retard, ce qui serait très mal venu.

Dans le loft de Kanon tout est prêt. Il a pris soin de se préparer minutieusement, Aspros lui a fait un sermon pendant trois quart d'heures la veille sur sa tenue. Il ne doit pas déraper ni afficher trop son caractère de cochon. Sans ça il pourrait se faire éjecter de la distribution. En gros, l'acteur survolté doit se faire petit dans ses souliers pour ne pas attirer les foudres du staff et surtout du réalisateur. Kanon monte dans sa voiture de luxe en mettant des lunettes de soleil sur le nez. Il frime quoi qu'il arrive, même à l'intérieur de son bolide. Les cheveux au vent, la musique à fond il roule dans les rues de la capitale. Sur son passage des dizaines de têtes se retournent, il sait l'effet qu'il produit sur la gente féminine. Kanon gonfle le torse et pavane comme un coq dans une basse-cour. S'il arrive à percer à l'écran, alors sa carrière prendra un autre tournant. Enfin il sera reconnu à sa juste valeur et ne représentera plus la honte de la famille Arès, enfin il rivalisera avec son frère, enfin Saga le regardera en homme et non en déchet. Mais il n'est plus l'heure de cogiter, maintenant il doit prendre le taureau par les cornes et donner ses tripes pour retenir l'attention d'Eaque le grand manitou. Il respire à fond et s'enfile dans les rues bondées de Paris.

Ce matin Eaque est déjà sur le terrain, entouré de son équipe et de ses nombreux assistants. Il sait ce qu'il a à faire, ce n'est pas le premier film qu'il dirige. Il s'est déjà vu monter les marches du Festival de Cannes plus d'une fois, quelques uns de ses longs métrages ont reçu plusieurs prix, sa réputation n'est plus à faire. Oh non, ça tous la connaisse ! Son intransigeance n'a d'égal que sa tyrannie. Sur les plateaux, il fait sa loi en bon despote qu'il est. Par contre ce qu'il ne supporte pas, c'est de se voir brider par les directives de son supérieur, Mr Elis. L'homme d'affaire n'a pas à se mêler de son travail artistique car il n'évolue pas dans ce milieu. Eaque fulmine et se dit que son chef ferait mieux de rester dans ses dossiers et ses chiffres et le laisser en paix. Quand il a une bonne idée automatiquement elle est remise en question par Hadès, ce qui exaspère le réalisateur. Il espère de tout cœur que son amant dit vrai, à savoir qu'avec ce film il prendra plus d'aise et qu'il fera ce que bon lui semble. Eaque tape des mains pour rassembler ses troupes et envoie quelques piques acérées de bon matin. Il reste égal à lui-même.


Aujourd'hui l'équipe se rassemble dans un cadre intérieur, dans un hangar aménagé pour l'occasion. Ils vont déjà faire connaissance puis tourner quelques scènes.

Kanon sort de sa voiture – toujours ses lunettes rivées sur le nez – Camus entre en compagnie de Shiryu et de Doko. Les acteurs arrivent petit à petit, la foule s'amasse. Pour l'occasion, un buffet de viennoiserie a été aménagé, les gens commencent de faire connaissance. Milo arrive le dernier, il se met sur la pointe des pieds pour distinguer le fond de la salle. Chouette, à manger se dit-il. Il part incontinent droit sur son objectif en pourfendant la foule. De suite, il attrape un croissant qu'il met aussitôt à sa bouche, se retourne sur une chevelure non méconnue. Puis cette voix irritante, il la reconnaît. Non ! Abomination ! Cette voix appartient à… A Kanon Arès appelé aussi « La chiasse de Paname ». Tout mais pas ça ! Pourquoi a-t-il fallu que cette grande gueule se retrouve à ses côtés dans le même film ? C'était trop beau pour durer, à un moment donné il fallait bien qu'une anicroche ne se fasse sentir.

— Toi ! braille Milo tout de go. Qu'est-ce que tu fous là non de dieu !?

Son interlocuteur a reconnu aussi ce timbre familier. De dos, il se pose la question fatidique : pourquoi le destin s'acharne-t-il sur lui ? Kanon se reprend vite, il se retourne en affichant une mine victorieuse embellie par un sourire mesquin.

— Je te pose la même question Mi-lo… Ils t'ont laissé entrer mais pour quoi faire ? C'est toi qui sers les cafés ? provoque le second.

On entend juste un grognement émaner de la bouche adverse. Milo se met en position de défense instinctivement. Ses muscles se tendent, son dos s'arque, il est prêt à se ruer sur son ennemi juré.

— Tu as payé qui pour t'incruster sur ce tournage ? balance Milo. Ou devrais-je dire… Tu as couché avec qui ? La totalité de la prod ? Hein c'est ça ?

C'est au tour de Kanon de se rétracter de tout son être, ses yeux jettent des éclairs, sa bouche se déforme en un rictus peu avenant, ses poings tremblent.

— Retire immédiatement ce que tu viens de dire sale vermine ! Tu ferais mieux de retourner sur tes plateaux de tournage, tu ne m'égaleras pas. Je suis le numéro un maintenant, toi tu n'es qu'une pauvre doublure sans intérêt.

— Mais moi au moins j'ai le mérite d'avoir gagné ce rôle grâce à ma performance d'acteur et non de gigolo. Tout le monde connaît tes mœurs légères mon cher Kanon… Tu te sers plus de ton cul que de ton cerveau. A moins qu'il soit placé bien bas, ce qui ne m'étonnerait pas.

Sans qu'il ne le voie venir, Kanon poing en avant, fonce sur son rival en cognant son visage. Les deux individus tombent comme une seule masse sur la table du buffet, en entraînant dans leur chute la nourriture et les boissons avec eux. Comme si cela ne leur suffisait pas, ils se vautrent l'un sur l'autre en se frappant mutuellement. Ils y vont de bon cœur en plus. Inévitablement, ils attirent l'attention sur eux, les autres acteurs se retournent et commentent la scène. De loin, Eaque voit les gens s'attrouper et entend des cris percer. Le pire étant que plus personne ne l'écoute, inadmissible ! Il essaie d'apercevoir quelque chose mais n'y parvient pas, alors il se déplace pour voir de quoi il en retourne. Le combat fait rage et les lutteurs saccagent le buffet au reste, Kanon a même étalé de la marmelade sur le visage de Milo. Poings sur les hanches, regard inquisiteur, Mr Arkasana observe sans parler, seul son souffle saccadé traduit son emportement.

— Je peux savoir ce que tout ceci signifie !? braie le réalisateur.

L'assistance se tait.

Les deux gamins s'arrêtent pour examiner la mine patibulaire du brun, il n'a pas l'air de rigoler.

— C'est quoi ce bordel !? Vous vous croyez où ? Dans une cours de récréation ? Dans un de vos torchons dégueulasses ? Ce n'est pas encore la scène de cul, tenez-vous à carreau ! Qui m'a foutu des énergumènes pareils ? Et ce n'est que le premier jour…

Plus personne ne l'arrête, il continue sa tirade en criant de plus en plus fort, ses cordes vocales ne vont pas tarder de claquer dans sa gorge. Pour une fois, Milo et Kanon se la boucle : miracle !

Au bout de vingt minutes de réprimande, Eaque se calme enfin et part plus loin. Les deux zouaves sont amenés à l'infirmerie pour soigner leurs bosses et leurs hématomes. Et dire que Kanon avait reçu des consignes de la part de son manager… Bien joué Mr Arès ! Ils se regardent en chien de faïence pendant que l'infirmière répare les dégâts, puis tenant des poches de glaçon tous deux, Milo attaque verbalement.

— Mais qu'est-ce que tu fous là bon sang !? Tu me poursuis ma parole ?

Kanon tourne sa tête de côté, crache un peu de sang et poursuit.

— Je pourrais dire la même chose de toi sale rat frisé !

— Un rat n'est pas frisé, débile que tu es ! Tu n'as pas répondu à ma question !

— Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ?

— Arrête de me provoquer, j'ai posé la question le premier, réponds à la fin avant que je ne t'encastre la tête dans la roulote !

— Oh tu me fais peur tiens… Mon dieu j'en tremble, ironise Kanon en prenant une petite voix implorante. Ne me frappe pas méchant-vilain !

— Argh mais ta gueule à la fin ! Dégage Kanon !

Ce dernier rit de plus belle, se moquant ouvertement de son partenaire. Plus rien ne l'arrête, il se tient même le ventre de crampe.

— Tais-toi merde ! rajoute Milo passablement énervé.

Ce drôle de numéro a le don de faire sortir de ses gonds le trublion.

— Je joue dans ce film, réfléchis un peu ça te changera, finit par articuler Kanon.

— Quoi ? Par quel miracle ? Tu joues quoi, un figurant j'espère ! Comme ça au bout de quelques jours je ne verrais plus ta tête de pioche.

La mine de l'insulté se rembrunit tout à coup, il retrouve son sérieux.

— Pour ta gouverne je joue un des premiers rôles, alors ne t'attends pas à ce que je parte de sitôt.

— Quoi ? Quel rôle ? se lève d'un bond Milo en faisant tomber sa poche de glace.

— Celui de Klaus, le soldat SS. Et toi petit bichon frisé ?

— Arrête de me parler de mes cheveux ! Ne me dis pas que… Que… Putain la vache !

— Quoi encore ? Est-ce que tu peux arrêter de gueuler comme ça ? Tu me perces les tympans !

Milo s'emprisonne la tête entre ses mains et dévisage son compère comme si c'était le diable incarné. Puis, il le pointe de son index en bafouillant.

— Ah mais, ça veut dire que nous seront partenaire de jeu ! Au secours !

— Hein, pardon ?

— Mais oui ! Je vais interpréter Dov, le premier rôle !

Kanon se lève également en enlevant sa poche de glace et en toisant son interlocuteur.

— Non, rectification… Je joue le rôle principal, mon petit père.

— Non ! Relis le script triple buse, le premier rôle est à moi, c'est mon personnage qui détient la clef de l'intrigue. C'est flagrant, indique Milo en se désignant du doigt.

— Tu es vraiment un cornichon ! Tu ne sais même pas lire un scénario ! Je te dis que c'est Klaus le héros de l'histoire ! Tout tourne autour de lui, imite Kanon en se rapprochant de son rival.

Ils sont front contre front et plongent chacun un regard meurtrier dans les yeux de l'autre. Ils grognent tels des hommes de Cro-Magnon, quand un assistant entre dans la roulote tout penaud. Il baisse la tête en tenant fermement un porte-bloc, s'éclaircit la voix pour attirer l'attention.

— Excusez-moi mais Eaque, enfin Mr Arkasana souhaiterait, euh non… Exige que vous rameniez vos fessiers le plus vite possible sur le plateau…

Les deux hommes se détachent et examinent le jeune employé. Il parait extrêmement peureux et tremblotant.

Milo lui dit.

— Ce n'est pas la peine d'employer son patronyme, il n'est pas là. Tu peux l'appeler Eaque ou « l'emmerdeur en chef » on saura tout de suite de qui tu parles, ce n'est pas dieu tout puissant que je sache. Aller, ne panique pas on arrive.

Kanon sort de la cabine, quand il passe près de l'assistant il lui tape sur l'épaule en l'ébranlant un peu.

— Ouais. C'est un type comme les autres. J'y go moi, j'ai assez respiré le même air que l'autre frisette.

Il laisse ainsi son collègue rager seul, lui part en sifflotant, les mains dans les poches.


De retour dans le hangar, les présentations sont succinctes, le déroulement du projet également, la répartition des rôles étant faite, le réalisateur ne passe pas cent sept ans à palabrer sur ce sujet. Une heure après, le plus gros des attentes du chef de plateau a été passé en revu, il explique à tout le monde ce qu'il attend de ce film, sa manière de travailler et ainsi de suite. Il aime parler de lui c'est le moins que l'ont peut dire… Tout le monde s'ennuie, quelques bâillements se font entendre sous l'œil réprobateur de Pharaon qui scrute l'assistance. Depuis qu'il travaille pour Eaque, il connaît son tempérament et ses réactions sur le bout des doigts. Le scénariste ne veut pas que quiconque subisse les foudres du « tyran » dès le premier jour. Surtout qu'après c'est lui qui doit essuyer les plâtres, autant dire qu'il déteste servir de bouc émissaire.

Eaque parle dans le vent tandis que Shiryu interroge Camus dans un coin.

— Ca a été mouvementé tout à l'heure, tu ne trouves pas ? J'espère que les acteurs principaux vont s'entendre au moins sur le plateau de tournage…

Camus relève un sourcil.

— Ca… Je ne sais pas… En toute honnêteté, je te dirais bien qu'étant des professionnels ils savent dissocier les querelles privées du travail mais je n'en suis pas certain. Nous avons bien vu de quoi est capable ce zigoto l'autre jour, dit-il en montrant du menton Milo.

Qui se retourne au même moment pour voir ce pingouin parler de lui de manière hautaine, chose qu'il n'apprécie pas.

— Je ne veux pas te donner de faux espoirs Shiryu, mais attends-toi à des échauffourées tout au long de ces mois à venir. Tu as peut être précipité ton choix, cet homme n'était peut être pas fait pour incarner ton Dov, poursuit l'éditeur.

Pendant qu'il parle à son poulain, Camus ne se départit pas de l'accroche que Milo lui lance. Ils s'inspectent mutuellement.

— Non tu ne peux pas dire ça, défend l'écrivain. Je suis sûr que j'ai fait le bon choix, mais je ne comprends pas pourquoi ils se sont jetés sauvagement à la gorge comme ça… Je me demande ce qu'il c'est passé ?

— Il n'y a rien à comprendre, poursuit Camus en se retournant et en déposant sa tasse de café sur une table de fortune. Ce ne sont pas des acteurs professionnels si tu vois ce que je veux dire.

Il laisse un blanc pour laisser le temps à Shiryu d'assimiler ses paroles, mais le regard vide que lui fait ce dernier traduit son incompréhension.

— Tu n'as pas lu les CV c'est ça ? demande l'héritier en se passant une main sur son visage.

Shiryu lui fait signe que non effectivement.

— C'est à tes risques et périls… Les comédiens que tu as choisis ont certes fait une bonne prestation lors des castings. Même très bonne je le reconnais le premier, seulement en vue de leurs parcours, se ne sont pas des acteurs rôdés aux plateaux tel que celui-ci. Je veux dire par là qu'ils n'y sont pas accoutumés… En d'autres termes, ils sont peu être moins « professionnels » et plus ingérables. Tu aurais dû prendre des artistes ayant fait le conservatoire ou quelconque école dramatique…

Les arguments de son mentor résonnent comme une vérité dans la tête du jeune garçon, fatidiquement il ne pouvait faire autrement. Quand il a vu Milo et Kanon réciter et faire vivre son texte, les images de ses héros se sont imprimées dans son cerveau. Ma foi maintenant il est trop tard, tant pis ou tant mieux il ne sait pas.


De l'autre bout de la salle Milo rage en silence, même s'il prend sur lui il ne va pas tarder d'éclater. Ce pingouin endimanché qui le snobe lui file des boutons. Il n'aime pas qu'on le toise de la sorte et encore moins qu'on le rabaisse, cet homme le fait constamment. Cela devient insupportable à la longue, cependant notre héros se contient, tente de rester zen autant qu'il peut l'être. Se concentrer sur cette première journée, chose primordiale. Milo se répète ces mantras pour ne pas succomber à l'appel provocateur que lui envoie cet homme sans le savoir. Et puis il doit gérer un autre imprévu et de taille celui-là… Kanon le dévisage également à quelques mètres de là. Notre comédien est pris en sandwiche dans cette menace visuelle, il sent ses nerfs frétiller dans leurs gaines… Respire, Milo, respire, voilà ce que se dit note homme en expirant profondément.

La journée s'achève laborieusement. Milo est tendu comme un string, ses muscles contractés comme jamais – sûrement qu'ils ont dû rétrécir parce que des courbatures l'assaillent. Le temps s'est écoulé rapidement, il n'a pas vu les heures défilées. Entre les directives d'Eaque, la présentation du projet, les bouts d'essai qu'ils ont fait et la connaissance des autres acteurs, notre héros ne s'est pas trop posé de questions. Il a pu éviter Kanon autant que possible, mais il sait bien que les prochaines semaines, un rapprochement « professionnellement parlant » se fera. Cela ne sera pas une mince affaire que de ne pas l'étriper vivant sur le plateau.

Milo rassemble ses affaires dans son sac, deux acteurs passent près de lui, le saluent – politesse qu'il renvoie – puis se dirige vers la sortie. Sur le parking, il voit Shiryu discuter avec ses « escortes boys », machinalement Milo lui sourit et hoche la tête pour lui dire au revoir. Son attention se reporte sur ce coco endimanché, qui ne se départit pas de son exécrable air condescendant. Le comédien ouvre la bouche, s'apprêtant à prendre la parole quand quelqu'un le bouscule durement à l'épaule le faisant vaciller légèrement. Inutile de demander de qui provient ce geste de provocation…

Kanon le raille.

— A demain « frisette », dors bien. N'oublie pas, tu vas devoir te soumettre à moi dans les mois à venir ! J'ai hâte !

— Ne rêve pas trop va. Ce n'est pas prêt d'arriver !

— Relis le script mon bichon, tu verras… Enfin, je sais que c'est dur vu le peu de neurones qu'il te reste… Ils doivent tous être étouffés sous cette masse de frisottis, se moque Kanon en touchant les cheveux de son interlocuteur.

Ce dernier claque de la langue et enlève la main intrusive de son rival de manière énergique.

— Ne me touche pas, tu n'a pas la permission. Tu me salirais avec tes mains pleines de substances non identifiées. Tu n'a rien de mieux à faire que de trainer ici ? Rentre chez toi, j'ai assez à te supporter sur le plateau.

Kanon envoie un bisou aérien à Milo pour le narguer et lui fait un signe de main en partant, il conclut.

— A demain mon bichon ! Reposes-toi bien pour ne pas être énervé comme aujourd'hui surtout !

Plus loin, Camus assiste à cette scène enfantine en soufflant. Décidément, Shiryu s'est précipité pour engager ces deux zigotos, jamais il ne parviendra à les gérer.

(suite...)


NdA :

(1) ce terme n'existe pas, je l'ai inventé car il résumait l'état dans lequel se trouvait mon personnage dans sa nervosité.