Et voici veniiiiir... le dernier chapitre d'Impitoyable. Oui oui, vous ne rêvez pas. Intervalle de quatre jours, si c'est pas un événement ! Enfin, le chapitre était à peu près clean et je ne voyais pas l'intérêt de vous faire soupirer plus longtemps.

Ana : Lis bien la note de fin. S'il te plait. Et toutes les femmes ne sont pas sanguinaires, je te le promets. Ah, et je ne t'ai pas dit ? Dans ce chapitre, le programme c'est les serpe- [SPOIL] *vasecacher*. Et -oh tu as vu ma référence ! Bon sang Ana, je t'aime ! (sauf que je pensais à Mauguine xD). Tu as vu comme je respecte mes psychopathes ? Ce sont des gens biens. Si si. Oui, pour Mello, tu as aussi noté le combat du début, contre la femme. Pour la violence, j'ai fait au mieux pour avoir une gradation, histoire que ça n'arrive pas trop brutalement... Oui, c'est du M. Quant au suspense... (niark niark)

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On se retrouve donc en fin de chapitre. Bonne lecture et cœur sur vous !

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IMPITOYABLE

Chapitre 7 : Il était une fois dans la Mafia.

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PAN !

La déflagration synonyme de mort lui explosa les tympans.

Il revient de loin, chantonna la voix de Matt, Mr. Explosion- Mello se change en flammes. Mello avait détesté cet air que le roux sifflotait derrière son écran en complotant pour obtenir ses précieuses cigarettes, et il détesta plus encore qu'il lui revienne à cet instant.

Puis il se rendit compte qu'il ne sentait plus rien. Le projectile avait dû lui rentrer dans le crâne directement par l'occiput, mais la drogue – il en avait pris trop – l'anesthésiait totalement.

Il y eut le son d'un objet en métal qui giflait le sol, et Mello sentit l'arme qu'il avait volée lui glisser des doigts sans qu'il puisse déterminer dans quel ordre les deux événements s'étaient produits. Il devinait confusément que son corps n'allait pas tarder à basculer en avant.

Il ne comprit pas par quel mystère il se retourna pour faire face, une dernière fois, à son assassin. Rosselli, un rictus affreux sur sa face d'ancêtre, remonta une main jusqu'à son visage. Ses pommettes, contractées, lui offrirent un sourire cauchemardesque pour au revoir. Se crispèrent.

Lentement, le corps du parrain s'affaissa.

Derrière, il y avait une silhouette. Les dix doigts tremblants resserrés sur la crosse d'un calibre 22. Bras joints, parcourus de secousses. Les jambes chancelantes. Une pluie de cheveux roux et lisses tombant sur sa paire de goggles.

Matt abaissa son arme, et vida le chargeur sur le corps sans vie de Rosselli.

Puis il la jeta.

Se précipita sur lui.

Mello sentit confusément son crâne s'embraser tandis que deux bras qu'il ne sentait pas l'empêchaient de fléchir les genoux dans sa propre mare de sang. Puis il n'y eut définitivement plus rien.

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Matt rejoignit l'esplanade à l'entrée de la planque avec un visage de marbre. Ce qui avait autrefois été un No man's land grouillait désormais de personnages en uniforme qui s'agitaient sous les sifflets de leurs supérieurs, entre deux vrombissements de pales d'hélicoptère. Au centre droit, il y avait encore une traînée de sol vierge qui séparait les hommes en armes d'un petit groupe. A côté gisait une voiture aux pare-chocs défoncés qui aurait davantage mérité le nom de poubelle, et que le centre de l'attroupement, un tout petit bout de femme engoncée dans la tenue bleu nuit du FBI, observait d'un œil froid.

Matt rejoignit le groupe, les mains enfoncées dans ses poches.

-Rien à déclarer, signala-t-il d'une voix indifférente.

Cin lui jeta un regard revolver qui indiquait son envie de le tuer sur place. Il le soutint, haussa les épaules, et se tourna vers la fille en uniforme qui quêtait son attention. Elle faisait anorexique et surtout ridicule dans son blouson rigide. Ses cheveux blancs et lisses, coupés au carré, tentaient sans succès de démentir les traits enfantins de son visage – avec tous les efforts du monde, on ne lui aurait pas donné plus de quinze ans –. Elle avait l'air sévère. Ou plutôt, elle essayait de se le donner. C'était à peu près aussi efficace que si on avait menacé Matt de le priver de sortie.

-Et alors ?

Elle jeta un coup d'œil agacé vers la poubelle ambulante qui lui servait d'accoudoir, que Cin, dans son dos, doubla d'une fusillade. Tu ne m'avais pas dit qu'on travaillerait avec le FBI, articulèrent silencieusement ses lèvres.

Matt haussa les épaules.

-C'est une voiture volée, fit remarquer la fille aux cheveux platine. Je peux expliquer beaucoup de choses à mes collègues – la débandade des mafieux, la troisième guerre mondiale qui a eu lieu là-dessous et même ta présence dans ce bordel – mais ça, je vais avoir du mal. Qu'est-ce qui t'a pris de collaborer avec des gens qui trouvent amusant de faire du slalom sur l'autoroute avec le bolide du chef de cabinet de la Maison Blanche ?

Flare observa piteusement la pointe de ses chaussures.

-Tu te souviens de la petite zouave ? demanda Matt en donnant un coup de menton vers elle. Fais-moi plaisir, invente quelque chose pour elle.

Cin continua d'assassiner son dos à coups d'œillades empoisonnées. Flare se rétracta davantage, et Matt devina que, si on lui en avait donné la possibilité, elle serait bien disparue sous terre. Il lui fit un signe rassurant.

La fille en uniforme soupira.

-Ecoute, Oscar, fit Matt. Si tu acceptes, je te le revaudrais au centuple.

-Je ne veux rien avoir à faire avec quelqu'un qui exploite ses connaissances du côté du mal ! fulmina la petiote.

-Ouh, dit le rouquin en chassant un moustique imaginaire.

Il lui fit un grand sourire.

Derrière eux, la masse grouillante des forces de l'ordre entrait et sortait de la base au pas de course, changeant les lieux en une immense fourmilière à échelle humaine. Matt vit qu'ils ressortaient des morceaux de corps et des preuves en abondance. Escape s'était tiré avant le feu d'artifice. Matt ne doutait pas que son ami viendrait aux nouvelles, rien que pour courir les ragots quant aux hypothèses farfelues qu'Oscar échafauderait avec eux.

-Tu n'étais pas censée débarquer si vite, avoua-t-il. D'habitude, le FBI est un peu… lent.

La petite se renfrogna.

-Merci de nous avoir aidés à anticiper la crise des dénonciations.

-De rien. Aide-moi plutôt à inventer ce que tu vas pouvoir raconter à cette bande de charognards, répliqua-t-il en désignant les soldats d'un mouvement de tête.

Il y eut un silence ennuyé.

-Dis-leur que tu es un crétin suicidaire, persiffla Cin.

Matt lui adressa un grand sourire et dessina les mots sur ses lèvres : blondie va te faire toucher ton poids en or alors ta gueule. Cin parut troublé, et il se tut. Il croisa les mains dans son dos et attendit, l'air de s'emmerder ferme, que les Ô Si Grands Cerveaux De La Bande aient fini d'échafauder leurs plans foireux pour le sortir d'ici. Il regarda plusieurs fois sa montre, signe qu'il avait une cuve de dérivé morphinique sur le dos et personne pour s'en occuper à sa place, et qu'il serait préférable que la réunion soit écourtée au plus vite.

Il sembla cependant que les génies étaient à court d'idées brillantissimes.

-Je vais leur expliquer, réfléchit Oscar, que toi, là, en noir, tu étais un agent double à mon service que j'ai envoyé infiltrer tout ça en secret et que je ne pouvais décemment pas ruiner ta couverture avant que le coup final soit assené.

Cin, qui avait été désigné, ne cacha plus son irritation et envoya son poing dans la figure d'un Matt tordu de rire.

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On ne trouva pas d'autres corps que ceux de mafieux tués par les bons soins d'Escape et de Mello, qui furent tous mis sur le dos d'un agent anonyme à propos duquel Oscar prétendit qu'il prenait une retraite bien méritée dans le Connemara. La consultante abandonna l'idée d'y coller le portrait de Cin, au grand soulagement de celui-ci qui ne souhaitait pas perdre ses derniers clients encore en lieu sûr, et chacun reprit son chemin de son côté, ou presque. La horde d'agents dépêchés par le FBI mit un temps certain pour ramasser des échantillons de tout le sang qui repeignait le sol du repaire et Oscar plus encore à les convaincre qu'analyser tout ça serait une pure perte de temps – tout en faisant subtilement disparaître ce qui aurait pu incriminer Mello.

Matt ne retrouva pas le bon vieux Beretta.

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Mello ouvrit les yeux sur un plafond haut grisonnant de crasse. Si le purgatoire était une pièce aussi minable, il ne voyait pas l'intérêt qu'il avait eu à le craindre toute sa vie. Il imagina, assis sur une chaise, recroquevillé sur lui-même dans un angle de la pièce, L qui suçait son pouce en le scrutant d'un regard déçu, et il changea immédiatement d'avis. Peut-être que son purgatoire était une cellule d'interrogatoire dirigée par Near. Ç'aurait été pire encore.

-Ah, tu es réveillé ! s'exclama une voix de femme.

Il pivota un peu la tête et aperçut une blonde aux cheveux noués en queue-de-cheval au-dessus de sa tête qui le détaillait d'un œil critique. Elle fit le tour de la surface sur laquelle il était étendu et vérifia quelque chose au niveau de ses mollets lorsqu'il y eut comme le bruit d'une porte qui claque.

Elle leva les yeux vers quelque chose qu'il ne vit pas, et qui, apparemment, ne la réjouissait pas des masses, puisqu'elle jeta vers la provenance du son une œillade assassine.

-Je ne vais pas passer ma vie à soigner tous les ploucs que tu me ramènes, Matt ! gronda sèchement la blonde d'un air mécontent.

Mello eut la vague sensation qu'il venait de se faire insulter. Cependant, lorsque l'apparition repoussa son pied avec une délicatesse qui trahissait son humeur, il ne ressentit que de l'émerveillement. Son purgatoire, c'était ça…

Il crut même entendre un sourire.

-Commence pas ! tempêta la blondasse. Celui-là a encore failli me clamser entre les doigts ! Tu crois que je les explique comment, moi, ces culots de sang qui se volatilisent dans la nature ? Par la volonté du Saint-Esprit ?!

Son sourire grandit sur ses lèvres à s'en faire mal aux joues. Il remarqua qu'elle portait des gants en latex, ces trucs blancs et râpeux que portaient les médecins légistes dans les photos explicatives à la Wammy's House. Elle avait également un sweat-shirt gris un peu pourri, avec une capuche, et un survêtement bleu marine informe… mais pas de blouse. Il mit un temps pour reconnaître la blonde exaspérée qui lui avait ouvert pour la première fois à la porte de l'appartement de Matt. Sa tenue manquait de panache en comparaison avec ses souvenirs.

-Tu vas lui exploser les tympans, statua la voix calme de…

…Matt.

Soit ils étaient tous morts, soit Mello était en vie.

-On s'en fout, il est sans doute sourd, raya la blondasse avant d'embrayer sur son combat personnel. Avec l'explosion qu'il s'est pris dans la gueule.

-Il revient de loin, Mr. Explosi…

-Ta gueule, Matt. Je te parle de nous, pas de ton pote cachet-d'aspirine !

Mello entendit le rouquin ricaner et en conclut que si, comme il l'avait soupçonné, Matt s'était tapé la blonde, le rapport entre les deux restait assez ambigu pour que l'une s'écrive des histoires et que l'autre ne prenne pas la peine de les nier en l'échange de quelques petits services. Très Matt, ça. Il retint un ricanement pour mieux profiter de la scène.

La blondasse perdait tout crédit à ses yeux dès le départ, de toute manière : elle s'était décolorée.

-Cachet-d'aspirine a l'air très intéressé par ce « nous », observa Matt. Tu verrais les grimaces qu'il se paye…

Le rouquin entra enfin dans son champ de vision. Mello eut envie de le gifler mais il suspectait qu'il n'en aurait pas la force. Le crétin de geek avait les mains enfoncées dans ses poches, son éternelle marinière tachée de brun-ocre et pour l'heure, ô miracle, pas de goggles mais une clope au bec. La blonde la lui arracha avant de l'écraser sous ses baskets et Mello fut étonné de se trouver un point commun avec elle.

-Pas de tabac devant les malades, claqua-t-elle sèchement.

Il voulut l'approuver.

-Toi, je sais ce que tu penses, dit le rouquin tandis que la blonde sortait de la pièce à grands pas pour aller chercher un quelconque objet.

Il tourna la tête, attendit d'être certain qu'elle avait disparu et se ralluma une cigarette.

-C'est un vrai dragon quand elle s'y met. Elle te ressemble, se moqua-t-il, sauf qu'elle n'a aucun self-control. Je crois que c'est ce que j'adore chez elle, dit-il en tirant une bouffée songeuse. A propos, tu me dois toujours un Zippo.

Il se pencha au-dessus de son oreille.

-Elle a perdu la mémoire, lui glissa-t-il sur le ton de la confidence.

Mello voulut répondre qu'il n'en avait rien à foutre.

En plus, ça la foutait mal, ces confidences intimes comme s'ils étaient potes depuis des décennies. Il avait l'impression que Matt causait à un mort. Et que c'était pour ça qu'il se permettait de raconter des trucs sans craindre ni de se faire contredire, ni de se prendre une beigne.

-Putain, fais pas genre que t'entends pas. Rosselli t'a pas coupé la langue, à ce que je sache.

Matt s'arrêta une seconde.

-Va pas me dire que tu l'as pas reconnue ? s'étonna-t-il, mu par une pensée subite. C'est Linda !

Il lui souffla un peu de fumée dans la figure, et Mello ne toussa même pas, estomaqué par la nouvelle. Matt ne le prit cependant pas de cette manière parce qu'après s'être allumé une nouvelle cochonnerie pour repeindre l'intérieur de ses poumons, il reprit :

-Ok, c'est pas ça. J'ai l'impression de causer à un cadavre, là. Ça craint.

Il se pencha de nouveau à son oreille, l'air soudain très amusé.

-Mello est une fille, souffla-t-il.

-CONNARD !

Mello se redressa d'un bond.

-Ah, enfin, soupira Matt d'une voix soulagée. J'ai cru que tu avais gardé des séquelles et que tu étais paralysé.

-J'aurais préféré finir sourd plutôt qu'entendre ces conneries, bougonna Mello.

Mais l'inquiétude de son camarade lui fit plaisir.

Il se rendit compte qu'il avait la voix rauque. Il avait l'impression qu'on lui avait planté des milliers d'aiguilles dans les cordes vocales, ça et d'autres douleurs qui lui firent réviser sa conception de l'anatomie humaine. Sans rage ni sédatifs, son épaule avait l'air d'occuper dix fois sa place.

Il chancela sur ses coudes et retomba avec une grimace.

-J'en ai pour combien de temps ? demanda-t-il.

-Aucune idée, avoua Matt. La chef, c'est Leane. On dirait pas comme ça mais elle est calée en traumato.

Il baissa d'un ton, songeur.

-Et elle a des doigts plutôt efficaces.

-Si c'est de la marque de gifle que tu as sur la joue que tu parles, je crois que tu peux dire que c'est sa main toute entière qui marche bien.

-Je t'ai racheté du chocolat, rétorqua Matt, mais si tu préfères le régime « une pomme par jour » qu'elle va te prescrire, tu peux continuer de cette manière, je ne t'empêche pas. Remarque, continua-t-il d'un ton absent, elle te trouve maigre. Tu as bien de la chance.

Mello grogna.

-Ne profite pas de ma faiblesse comme ça.

-Comme si j'allais laisser filer ma chance, rétorqua le rouquin en esquivant un coup assassin.

La porte s'ouvrit à la volée sur une blondasse survoltée et Matt recula précipitamment en cachant sa cigarette dans son dos, l'air aussi innocent qu'un gamin devant un paquet de bonbons éventrés. La blonde renifla d'un air suspicieux et Mello ricana, ce qui lui arracha un froncement de sourcils.

-On dirait que notre malade va beaucoup mieux, observa-t-elle d'une voix méfiante en surveillant le culot de sang qui finissait de se vider en intraveineuse.

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Mello débarqua aux quartiers de Los Angeles deux semaines plus tard. Les entrepôts où Rod Loss élisait domicile pour l'été se trouvaient dans la banlieue de la Cité des Anges, dans une zone routière où la terre ocre s'envolait au moindre effleurement des pneus. Mello adora le soleil, l'horizon et le ciel bleu à perte de vue lui qui était resté enfermé pendant une semaine avec un médecin oublieux et un geek sarcastique dans ses neuf mètres carrés avait plus que besoin de l'air libre et des grands espaces de la Californie.

Il aima plus encore l'accueil qu'on lui réserva. Rod Loss n'allait pas non plus lui baiser les pieds, mais la rumeur des événements de New York avait fait le tour de la pègre, ce qui lui valut un certain respect. Mello aurait voulu être élu bras droit dès son arrivée mais, comme disait Matt, fallait pas pousser Roger dans les orties, il avait quand même coupé la tête d'un frère.

Et à propos de tête :

-Je n'ai pas pu la ramener intacte, déclara Mello au grand manitou qui acceptait de le recevoir pour obtenir son gage, un abruti a cru malin de la faire exploser.

Le parrain eut l'air très déçu et Mello suspecta qu'il avait caressé l'envie de l'empailler pour l'aligner dans son cabinet de curiosités personnel. Il savait que Rod Loss avait du goût, qu'il soit bon ou mauvais, pour avoir jeté personnellement un coup d'œil dans sa collection un jour où il lui avait fallu être intrusif.

Matt, qui décidément ne pouvait plus se passer de lui – il lui avait dit qu'il le trouvait « intéressant » et Mello avait eu la désagréable sensation d'être de l'autre côté des grillages du zoo pour la première fois de sa vie –, avait décidé de le suivre dans sa cavale, « des fois qu'il se passe des trucs passionnants ». Il avait par contre jugé plus prudent de rester en retrait et c'est par oreillette interposée que Mello l'entendit éclater de rire, ce qui le renfrogna légèrement.

Mello était, au fond de lui, furieux de ne pas avoir descendu Rosselli lui-même. Il n'était pas prêt de l'avouer à voix haute, ce n'était pas son style et puis ça amplifiait le mythe, mais Matt le voyait bien dans les regards noirs qu'il lui jetait parfois lorsqu'il croyait le rouquin trop occupé à perfectionner l'art de faire des ronds avec la fumée.

Pourtant, Matt ne pouvait accepter les lauriers de la victoire. Il aurait fallu être un abruti – et quoi qu'en dise Mello, le rouquin n'en était pas un – pour s'imaginer qu'il avait effectué ne serait-ce que la moitié du boulot, ou qu'il aurait, pire encore, pu triompher seul. Matt appelait ça les circonstances et Mello le – imiter un crachat – travail d'équipe. Non, Mello n'aimait pas partager ses petites gloires.

Rod Loss, comme les autres, ne devait jamais en être informé.

Après tout, Mello était son « consultant ». Et il se devait, comme tout bon mythe, d'être un cowboy solitaire très efficace.

L'incident fâcheux de New York, celui qui ne fut connu ni du grand public ni des colporteurs clandestins, eut au moins le bon goût de calmer en partie les coups de sang de Mello qui devint, pour le plus grand plaisir de son larbin attitré, un jeune homme raisonnable et humain qui cessa de penser avec sa colère et devint, ou presque, un monstre de logique et de mathématiques à faire frémir son albinos d'adversaire. Ou presque.

-Je te jure que je vais faire voler la tête de ce Garrett un de ces jours, déclara-t-il une fois où il rejoignait son hackeur favori dans leur appartement commun de LA.

-J'espère que je ne serai pas de corvée de nettoyage, rétorqua Matt qui commençait à s'habituer à la chose.

Mello lui envoya ses tablettes à la figure et le rouquin remit le couvert pour un plus long, plus stratégique mais aussi plus politique spectacle. Bref, c'était ennuyeux et l'hémoglobine ne coulait plus à flots, mais au moins Mello ne mettait-il plus sa vie en jeu sur le plateau, histoire de la réserver à une fin plus intéressante, et Matt ne fut pas déçu de ne pas avoir à le trimballer d'hôpital de campagne en hôpital de campagne pour des raccommodages express. Au moins, Mello acquérait plus d'allié que d'ennemis et une force de frappe qui lui évitait d'aller plonger ses doigts dans la gadoue, tout en rassemblant assez de fric pour que Matt puisse y prélever de quoi refaire sa collection de consoles sans en être inquiété.

Bref, la routine, que Matt concrétisait en errant comme un fantôme pour espionner le blond en milieu naturel chaque fois que le prenait l'envie de se dégourdir les jambes.

Il se rendit compte d'ailleurs qu'il n'était pas le seul admirateur secret du monstre.

-Fais gaffe, il mord, confia-t-il avec un clin d'œil à la gamine qui lui fournissait son alcool contre quelques piécettes, lorsqu'il était en mal de divertissements.

Et c'est dans ce climat d'agréable routine que Matt découvrit, non sans stupéfaction, que l'un des plus ennuyants des congénères de l'orphelinat pouvait se révéler, si l'on s'y intéressait, comme étant aussi le plus insupportable et le plus attachant de la bande. Et lui faire vivre en prime des aventures épiques, dangereuses, mais aussi délicieuses, gonflées d'adrénaline… et potentiellement mortelles.

Il ne devait pas se tromper, puisque c'est le même homme qui un soir lui déclara d'une voix enjouée, rentrant de bonne humeur de son travail quotidien de mafieux sans scrupule :

-Ça te dirait d'aller flinguer Kira ?

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THE END.

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Notes d'une auteure incapable de se détacher de son histoire :

Nous y voilà. C'est la fin. J'en suis triste et soulagée moi-même. Triste, de devoir la quitter et vous quitter, et soulagée, d'avoir réussi à l'achever en un temps pas trop scandaleux.

Vous avez été géniaux. Je n'ai pas souvenir d'avoir dévoré avec autant de bonheur des reviews, pour aucune histoire. Chaque fois, j'avais l'impression de relire mon chapitre en cent fois meilleur. J'avais pourtant craint, en n'affichant pas Romance dans les genres et en doublant la faute d'un "OC", de faire fuir tout le monde et de me trouver désespérément seule sur mon chemin. J'ai l'impression d'avoir vécu une aventure. A balancer, euphorique, des extraits de reviews sur skype à des amis qui avaient le malheur de passer dans le secteur au mauvais moment.

J'aimerais particulièrement remercier Ana et Atsuka-chan, pour vos nombreuses, longues et fantastiques reviews qui me laissaient avec un sourire à se fendre les joues, et pour avoir suivi Impitoyable jusqu'au bout. Je remercie également calyspo (ma petite première !), Diamly, Thina Fayr, Kymika, Vilbbes (tu m'as suivie jusqu'au bout 3), Cocobanane, Simple demoiselle et Youwan, pour vos nombreuses et chaleureuses reviews qui ont allumé une flamme dans mon petit coeur fragile. C'était fantastique. J'espère franchement que vous n'avez pas été déçus de la fin. J'angoisse (pour changer xD).

De gros remerciements également à Luce Li, ma bêta, sans qui mon français parfois approximatif m'aurait discréditée depuis longtemps. Vous lui devez le non-massacre de la chute du chapitre 6, d'ailleurs xD.

Mais l'aventure n'est pas finie ! Eh oui, comme le trahissait le nom de la note, il y aura... des bonus ! Et notamment un micro making off sur les secrets de l'histoire. J'ai déjà quelques idées pour les bonus mais vous êtes vivement encouragés à me dire si quelque chose vous ferait plaisir. Après tout, je les écris pour prolonger l'aventure avec vous !

J'ignore cependant s'ils arriveront avant le siècle prochain...

Impitoyable s'inscrivait dans la lignée des Successeurs, et les micro fictions sur mes chéris reviendront un de ces jours. Une histoire de Linda et Matt est en construction, ainsi qu'un futur de Cin, celui de Near... et leur passé, bien évidemment. Pareil, aucune date à la décennie près n'est certaine.

Cependant, ce weekend a été délicieusement fécond, puisqu'une nouvelle fiction de onze mini chapitres est sur la table de ma bêta lectrice ! Ce sera sur Deah Note, bien sûr, et l'histoire portera le doux titre de Code MSK : Mary Sue Killer. J'espère vous y retrouver nombreux !

En attendant, n'hésitez pas à me proposer vos fantasmes de bonus, à me laisser vos impressions sur ce chapitre final, votre ressenti quant à l'histoire, et tentez de deviner de quel Western spaghetti dérivent les titres des chapitres ! Votre auteure qui vous aime,

Lou Celestial.