Bonjour, Bonsoir!


Le blabla de l'auteur : (Ouais, cette fois, j'ai pas mal de choses à vous dire, haha.)

Bon. Eh bien, me voilà avec une autre histoire. J'ai commencé cette fiction il y a bien longtemps. Ça doit peut-être faire trois ans qu'elle stagne sur mon ordinateur. Actuellement, elle n'est toujours pas finie mais j'approche de la fin. Je tenais quand même à la mettre en ligne avant la fin du manga Naruto (même si cette histoire ne se déroule pas du tout dans l'univers de nos chers ninjas).

Bref que dire de plus ? Cette histoire compte beaucoup pour moi, parce que l'idée me vient d'un témoignage d'un de mes proches et parce que j'ai mis beaucoup de moi en l'écrivant. J'ai fait beaucoup de recherche sur le sujet afin d'être précise. Après, ce n'est pas un sujet facile donc, on va dire que j'ai fait de mon mieux.

Pour le couple :C'est du SasuNaru. Mon tout premier SasuNaru \o (Habituellement, je suis plus NaruSasu mais fallait que ça arrive *sors le champagne*).

Rating :T. Il n'y a pas de lemon mais il y aura peut-être une lime. (C'est quoi une lime déjà ? xD)

Disclamer :Bah les personnages de Naruto ne m'appartienne toujours pas. Autrement, le NaruSasu aurait déjà été déclaré comme THE couple officiel du manga.

Il y aura deux points de vue tout au long de l'histoire : Le point de vue de Naruto & le point de vue omniscient.

Sur ce, je vous souhaite bonne lecture !


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Chapitre 1

Toute fin à un début.


Elle n'avait que 8 ans à l'époque et pourtant, ses mèches corbeaux aux reflets bleutés qui caressaient sa peau porcelaine, une vraie peau de poupée dont les joues avaient tendance à rosir aisément à l'effort, ses yeux, pareils à une nuit d'hiver, entourés d'épais cils qui capturaient si facilement les regards, ses lèvres, un peu trop rose pour être celle d'un garçon mais alléchante au point de donner envie d'y gouter, tout cela faisait battre son petit cœur et retourner son estomac comme si une centaine de papillons y avaient fait leur nid. Il était beau, il était le plus beau pour elle. Le seul qu'elle désirait vraiment voir, plus que les cadeaux qu'elle recevait chaque noël au creux de son sapin, et dont elle voulait être vue. Quand son regard se posait sur elle, c'était comme un feu d'artifice dans sa poitrine. Quand il lui offrait un sourire, elle avait l'impression qu'il lui poussait des ailes. Quand leurs mains s'agrippaient, elle était comme au paradis. Elle se sentait entière à ses côtés. Les autres ne comprenaient pas ses sentiments, ils la jugeaient trop jeune pour comprendre l'amour, mais elle n'avait pas besoin d'une définition parfaite de ce mot si compliqué et merveilleux à la fois. Elle n'avait pas besoin de comprendre l'amour. Il était son tout et cette certitude lui suffisait.

Elle était aussi son tout, le soleil qui faisait disparaitre ses larmes et réchauffait son cœur. Ses grands yeux étaient, pareils au ciel d'été, d'un bleu parfait et sans nuage. Sa chevelure blonde, remontée en deux hautes couettes de chaque côté de sa tête, ondulait comme une cascade de vagues dorés. Sa peau caramel lui rappelait la chaleur des vacances tout comme son sourire lumineux entouré de 6 petites cicatrices, semblables à des moustaches de chat, qui accentuaient le côté espiègle de ses rictus. Il aimait tout chez elle, sa silhouette colorée, son manque de féminité et de délicatesse autant dans son comportement que dans son franc parlé, sa maladresse adorable, et l'éclat avec lequel elle le regardait comme s'il était la plus belle merveille du monde. Il ne l'était pas. C'était elle qui l'était.

Ils s'étaient rencontrés début Avril, le jour de la rentrée des classes à l'école élémentaire de Konoha. Elle était une habituée des lieux, puisqu'elle avait déjà fait sa moyenne section, son CP et son CE1 ici. Lui était nouveau. Il venait d'arrivé en ville, par conséquent, il ne connaissait personne, mais cela n'avait pas semblé le déranger. Au début, il s'était contenté d'ignorer tout le monde comme si personne dans cette salle de classe ne valait le moindre intérêt. Jusqu'à ce qu'il la voit ou, plutôt, jusqu'à ce qu'il la sente... Un jour, dans la cour de récréation, elle lui avait sauté dessus comme une chiffonnière pour lui coller une droite qu'il n'avait jamais pu oublier. La raison de tant de violence ? Apparemment, il avait fait pleurer sa meilleure amie en lui adressant un regard qu'elle n'avait pas supporté. La petite fille était amoureuse de lui et il l'avait snobé sans pitié, c'était inacceptable !

Ce jour-là, il s'était battu contre elle. Il avait frappé une fille, c'était mal, il en était conscient, mais, il avait une excuse : elle, elle était différente, elle n'était pas une vraie fille parce qu'une vraie fille ne donnait pas de coups de poings aux autres ! Il l'avait donc frappé comme il aurait frappé un garçon, n'ayant aucune retenu dans ses coups, aucun scrupule à lui tirer ses longues boucles d'or. Il s'était battu pour de vrai, comme un homme le ferait et, au fond de lui, il avait été fier de gagner ! Mais, la joie fut de très courte durée quand la maitresse les attrapa par les oreilles et les tira, sans pitié, jusqu'à l'intérieur où ils furent sévèrement puni. Mais, la punition fut rien à côté de ce qu'il reçut de son père.

Le lendemain, lorsqu'il la revit, il put constater les bleus encore présent sur son visage enfantin. Mais, ils étaient beaucoup moins visibles que les siens ce qui l'énerva au plus haut point car, en la regardant, on aurait pu croire qu'elle avait gagné le combat de la veille ce qui était complètement faux ! Elle avait juste une peau plus foncée. Il l'avait détesté juste pour ça.

Ce jour-là, le combat fut visuelle mais tout aussi intense.

Les jours qui suivirent furent peuplés d'autres duels, physiques, visuels mais aussi verbaux. Il fallait dire qu'elle avait une langue bien pendu et qu'il ne manquait pas de réparti. Mais, comme on disait souvent, entre la haine et l'amour, il n'y avait qu'un pas. Un pas qu'ils ne mirent pas longtemps à faire et, comme leur haine, leur amour fut intense.

Mais tout bonheur à une fin, du moins, sur cette Terre. Ils étaient jeunes mais déjà certains que l'amour pouvait être une chose éternelle. Peut-être auraient-ils pensé autrement s'ils avaient eu plus d'expérience, peut-être pas. La vie avait choisi de les séparer et, malgré la passion qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, ils ne purent rien faire contre.


« La vie est une chose étrange parfois, elle nous donne ce qu'on désire le moins et nous l'enlève lorsqu'on ne peut plus s'en passer.»


Quatre ans s'était écoulés. Naru Namizake jeta un regard désabusé à l'uniforme qu'elle devait revêtir tous les matins depuis un an déjà. Chemise blanche, cravate noir et gilet beige. Le haut n'était pas le problème. Par contre, elle ne pouvait pas en dire autant du bas.

Une jupe plissée.

Elle n'avait jamais aimé ça, les jupes. Ce n'était pas pratique, ça volait pour un rien et ça donnait moult occasion aux garçons de voir sa culotte. Après, ces enfoirés se mettaient à ricaner comme des hyènes. Bien sûr, elle en avait déjà frappé un ou deux à cause ça. Elle avait fini dans le bureau du CPE mais à aucun moment elle n'avait regretté la droite phénoménale qu'elle avait collée à ces crétins. Par contre, elle n'avait du tout aimé le regard que Mr. Osato lui avait lancé la priant de bien vouloir se tenir correctement.

« Vous êtes une fille, que diable, ayez un peu de tenue ! » avait-il clamé sur un ton amer avant d'ajouter vicieusement : « Même si on ne dirait pas ».

Naru s'était contenté d'un sourire arrogant en écartant un peu plus les jambes faisant rougir de rage Mr. Osato.

Bien fait ! Ce n'était pas parce qu'elle ressemblait à Raiponce qu'elle devait se comporter comme une petite princesse !

Ouais, Raiponce, c'était son deuxième surnom. Elle avait de longs cheveux blonds et de grands yeux bleus expressif alors, évidemment, les gars de sa classe n'avaient pas trouvé mieux.

Le premier, c'était Scratch. C'était le nom du personnage principal d'un thriller qui faisait un sacré carton en ce moment. Scratch, c'était l'arracheur de dents, le désosseur, celui qui ne faisait pas de quartier mais c'était aussi un type cool, bizarrement charismatique et chevalier servant de ces dames. Scratch n'attaquait jamais les femmes, seulement les hommes suffisamment stupides pour oser se mêler de ses affaires. Il n'était pas gentil en soi, il n'était pas méchant non plus, il était juste le gentleman du monde des ténèbres.

Naru avait plutôt aimé le film et le personnage de Scratch. Par conséquent, le surnom ne la dérangeait pas. Puis, c'est vrai qu'elle aimait autant se battre que Scratch. Mais, attention, elle ne le faisait pas sans raison ! Uniquement quand on la provoquait ou quand on s'en prenait à une de ses copines.

En dehors de ça, Naru était assez populaire. Auprès des garçons comme auprès des filles. Enfin, c'était étrange. Si elle s'était fait « draguer » par quelques mecs au début de l'année, ce n'était plus le cas maintenant. Actuellement, la moitié des gars de sa classe la considéraient comme l'une des leurs. Elle était « le garçon manqué », « Scratch en jupe plissé », « un mec dans le corps d'une nana » et ça les faisait bien rire de la taquiner avec ça mais Naru prenait ces réflexions avec légèreté. Ils étaient potes après tout.

Du côté des filles, les avis étaient aussi divisés. Il y avait celles qui la reluquaient d'un mauvais œil et la critiquait derrière son dos et l'autre partie qui l'admirait pour sa force et son petit côté « Bad boy ». Elle avait même déjà reçu des lettres d'amour mais avait préféré garder cela secret.

C'est un peu plus tard que les choses avaient commencé à déraper.


Aujourd'hui, Naru n'existait plus. Il ne restait plus que Naruto. En un sens, j'étais soulagé que cette farce est enfin prit fin même si j'avais l'impression d'être revenu des enfers.

Trois autres années s'étaient écoulées depuis. Trois ans pour se reconstruire. J'avais aujourd'hui 16 ans, je m'appelais Naruto Namizake et j'étais un garçon. Non, je ne me travestissais pas. J'avais dû aller beaucoup plus loin pour obtenir ce corps qui aurait dû être mien dès ma naissance. Malheureusement, les choses ne se passaient pas toujours comme on l'espérait. Mon cas était compliqué. J'étais né avec les attributs féminin et masculin. C'était rare, très rare même. Seulement, j'étais un garçon et au fond – tout au fond de moi – j'avais toujours eu le sentiment d'en être un.

« Je suis un garçon ». C'était si simple à dire maintenant, preuve que j'avais fait du chemin. Il y a trois ans, j'avais réellement faillit me perdre. Quand la vérité avait éclaté, tout s'était effondré autour de moi. Je m'étais sérieusement demandé la raison de mon existence. Je n'étais pas normal. J'étais différent. Pire, j'étais un monstre qui faisait souffrir ceux qu'il aimait le plus au monde. Ils ont essayé de me le cacher mais je sentais leur détresse, elle faisait écho à la mienne.

Pourquoi ? Pourquoi étais-je comme ça ? Pourquoi j'existais ? A quoi bon la vie ?

J'étais comme perdu dans un néant total, un véritable cauchemar, et mon seule échappatoire m'avait semblé être cette lame de rasoir qui reflétait si bien les rayons de la lumière. J'avais pensé qu'elle me permettrait de tout effacer et recommencer. Je croyais à la possibilité de revivre sous une toute autre forme mais j'avais aussi très peur. Peur de ce qui pouvait m'attendre de l'autre côté, peur de la douleur, peur de tout quitter. J'avais à perdre mais j'avais aussi beaucoup à gagner. D'abord, la délivrance car je ne me voyais pas continuer ainsi, c'était au-dessus de mes forces.

Mais, au final, j'avais réussi à m'en sortir sans cette lame si tentante grâce à mon père, grâce à ma mère, grâce à lui. Surtout à lui car il était la seule personne extérieure à ma famille à m'avoir accepté.

Gaara no Sabaku.

Il n'y avait qu'à travers ses yeux que je me sentais réellement bien, qu'à ses côtés que j'avais l'impression d'avoir une place. Il ne me cachait pas ses larmes parce qu'il n'en avait pas. Il n'avait pas pitié de moi, il m'estimait et foudroyait du regard ceux qui me scrutaient de travers. Il me parlait normalement, il n'était pas dégouté de manger à mes côtés, il ne riait pas quand je me cachais pour me changer après le sport, il ne me repoussait pas quand je lui montrais ma souffrance. Il m'avait accepté exactement comme j'étais.

Depuis, ma vie s'était plus ou moins stabilisée. Ce matin, je m'étais réveillé avec une étrange sensation. Je venais encore de faire ce même rêve. Combien de fois cela m'était-il arrivé depuis le début du mois ? Au moins trois.

Je m'extirpai de mon lit pour rejoindre mon ami la douche où je passai de longues minutes à me frotter, ma brosse à dents dans la bouche, tout en chantonnant un air que j'avais récemment entendu à la radio. Un truc comme « I'm sexy » et je ne savais plus quoi. Bref, un truc anglais avec le mot sexy. Je n'étais pas très doué pour retenir ce que je ne comprenais pas et, comme j'étais une bouse en anglais… vous connaissez la suite !

J'enfilai mon peignoir et descendit au rez-de-chaussée.

Je retrouvai mon père dans la cuisine, vêtu de son peignoir rayé, une tasse de thé à la main droite et un journal à la main gauche.

-'Lut p'pa, le saluai-je avant de sortir tout ce dont j'avais besoin pour manger correctement le matin, soit un grand bol de lait, une grosse cuillère et ma boite de céréales.

-Bonjour Naruto. Bien dormi ?

-Mouais, répondis-je en m'installant en face de lui, j'ai encore fait le même rêve, tu sais, celui avec Sasuke.

-C'est la troisième fois ce mois-ci, me confirma-t-il l'air soucieux. Tu penses souvent à lui ces derniers temps ?

-plus du tout. Enfin, si, comme je rêve de lui j'y repense mais je veux dire… ça date du primaire, ça fait longtemps que je suis passé à autre chose.

-hm… Dans ce cas, je ne sais pas quoi te dire. Ta mère est plus douée que moi pour ce genre de chose, tu devrais lui en parler.

Pensif, j'acquiesçai d'un hochement de tête tout en revoyant le visage angélique de mon premier amour. Les années avaient beaux être passées, il m'était toujours aussi facile de me souvenir de lui. Je n'avais pas besoin de me creuser la mémoire pour revoir sa frimousse enfantine, ses mimiques princières avec lesquelles je l'avais de nombreuses fois taquinées à l'époque, et ses petits sourires à peine visible par rapport aux miens. Tout ce qui se rapportait à lui était resté graver dans mon esprit. Je me souvenais de tout, dans les moindres détails, du début jusqu'à la fin de notre histoire.

Parfois, je me demandais ce qui se serait passé s'il n'avait pas déménager ce cinq mars. S'il était resté, s'il m'avait vu changer, est-ce que les choses auraient été différentes ? Même si j'avais énormément souffert de son départ, une partie de moi était soulagé que les évènements se soient déroulés ainsi car, s'il avait été là, s'il m'avait rejeté et insulté de monstre comme l'avaient fait ces autres qui s'étaient dit être mes camarades, je ne l'aurais surement pas supporté.

Je remplis mon bol à ras-bord, faisant tomber quelques pétales de chocolats sur la table qui ne mirent pas longtemps à finir dans ma bouche, avant d'enfoncer ma cuillère dans le tas, tout en faisant gaffe à ne rien faire tomber cette fois.

Malgré tout, une partie de moi aurait bien aimé le voir grandir. A quoi pouvait-il ressembler aujourd'hui ? Et quel genre de personnes fréquentait-il ? Des européens. Sa famille avait déménagé en Angleterre. Il devait parler parfaitement anglais maintenant, tout le contraire de moi en somme, pour ne pas changer. On avait toujours été opposé, après tout.

A vrai dire, après son départ, je m'étais maintes fois posé ces questions. Il m'avait fallu du temps pour digérer notre séparation forcée. Les premières jours, j'étais resté cloitré dans ma chambre, recroquevillé sous mes draps, avec tous les souvenirs que j'avais de lui autour de moi. J'avais passé mes journées à pleurer, à bouder, à m'énerver tout seul, jusqu'à sombrer dans le sommeil, tout en m'abreuvant de son odeur toujours présente sur les quelques peluches qu'il m'avait offertes pour mes anniversaires. Il m'avait fallu à peu près un mois pour arriver à voir le drapeau d'Angleterre sans ressentir l'envie de tout casser. Elle venait peut-être de là, mon aversion pour l'anglais.

Deux coups de sonnette me sortirent de mes pensées. Je me levai aussitôt, la bouche pleine de céréales, devinant de qui il s'agissait.

-Chalut Gaara ! Le saluai-je en souriant.

-on ne parle pas la bouche pleine, me rappela-t-il en m'adressant un petit sourire.

Je me poussai pour le laisser entrer. Il me suivit jusqu'à la cuisine où je me réinstallai à ma place. Il salua mon père et s'assit entre nous.

-tu veux quelque chose à manger ? Lui proposa mon père.

-Non merci, Minato, j'ai déjà mangé, refusa-t-il poliment.

Je me dépêchai de finir m'en bol pour ne pas le faire trop patienter. On avait prévu de sortir cette après-midi. On vivait nos derniers jours de vacances, il fallait en profiter.

-attention Naruto, tu vas finir par t'étouffer, m'avertit mon père.

-t'inquiète pas, j'ai l'habitude, le rassurai-je avant de faire entrer une énorme cuillérée dans ma bouche encore pleine.

Les joues gonflées comme celles d'un hamster, je mâchai énergiquement.

Papa leva les yeux au plafond avant d'adresser un regard complice à Gaara qui semblait amusé par ma goinfrerie.

C'était ma dernière bouchée de céréales. Je bus mon lait d'une traite avant d'émettre un « Ah ! » satisfait.

-Je vais m'habiller, annonçai-je en me levant.

Gaara acquiesça d'un hochement de tête.

Je les quittai pour aller enfiler quelque chose. J'optais pour mon sweet à capuche orange et mon jean bleu déchiré tout le long de mes cuisses, celui que ma mère avait en horreur. C'était simple, à chaque fois qu'elle le voyait, elle voulait le jeter. Elle ne comprenait pas pourquoi je continuai à porter ce pantalon déchiré alors que j'en avais des neufs que je ne mettais presque jamais. J'avais beau lui dire que c'était un style, elle ne m'écoutait pas. Pourtant, je l'avais acheté ainsi ce jean.

Je m'asseyais sur le bord de mon lit pour lacer mes vieilles converses avant de glisser mon portefeuille dans ma poche et de quitter ma chambre.

-je suis prêt, on peut y aller, Gaara, déclarai-je en faisant irruption dans la cuisine.

-Ok.

Nous saluâmes mon père avant de quitter la maison. Le soleil m'éblouit lorsque je mis un pied dehors. Il faisait beau aujourd'hui. Tant mieux, il avait beaucoup plut ces derniers jours.

Je demandai à Gaara ce qu'il voulait faire.

-ce que tu veux, me répondit-il comme toujours.

Gaara me laissait toujours choisir sans jamais se plaindre. Il était très difficile de deviner ses pensées. Il parlait très peu de lui et ne laissait que rarement ses émotions paraitre sur son visage. D'ailleurs, il m'avait fallu énormément de temps pour comprendre, un tant soit peu, qui était réellement Gaara.

J'avais fait sa connaissance en première année de collège. En classe, il avait été placé juste devant moi. Cependant, en une année scolaire nous n'avions eu aucune véritable conversation, juste un « tiens » qu'il m'avait adressé un jour où il avait ramassé ma gomme que j'avais malencontreusement fait tomber sous sa chaise. Quand je lui avais dit « merci », il s'était contenté d'un hochement de tête avant de se retourner. Néanmoins, j'avais tout de suite su que Gaara était quelqu'un de bien. Cela m'avait paru comme une évidence même si, dans un premier temps, j'avais été le seul à le penser. Les autres n'aimaient pas Gaara. Sa marginalité les dérangeait. Pourtant, à côté de moi, il était tout ce qu'il y avait de plus normal. Cependant, il n'aimait pas se mêler à la masse. Il m'avait un jour avoué la trouver stupide et dénuée d'intérêt. Il n'avait jamais cherché à s'intégrer dans un groupe. J'étais son premier ami, son seul et vrai ami, m'avait-il un jour confié.

« Le seul que je ne veux pas perdre. »

C'était plus qu'un honneur. J'étais fier d'avoir cette place dans son cœur, pourtant, je ne la méritais pas. Je n'avais jamais rien fait pour Gaara, c'était moi qui lui devais tout. En cinquième, lorsque mon corps avait commencé à changer, il avait été le seul à ne pas me rejeter. Je me souvenais d'un jour en particulier. J'avais passé ma journée à fuir les autres collégiens. Cette journée, l'une des pires de mon existence, où j'étais revenu au collège après avoir passé quelques jours à l'hôpital. L'horrible vérité avait fini par éclater. Pourtant, ce jour, j'avais été dans l'obligation d'aller à l'école comme si de rien n'était, dans mon uniforme féminin. Cet uniforme, que je portais depuis mon entrée dans l'établissement et que je m'étais efforcé d'accepter comme la fille que j'étais forcé d'être. Des efforts qui semblaient ridicules maintenant, j'avais eu envie de le déchirer à main nue, cependant, je ne l'avais pas fait. J'étais entré dans mon collège, honteux ou honteuse, il n'y avait plus vraiment de terme pour me désigner, sans avoir idée de la journée que je m'apprêtais à vivre.

Comment la nouvelle était arrivée jusqu'aux oreilles de mes camarades ? Encore aujourd'hui, je l'ignorai. Ils ne m'avaient pas laissé le temps de mener l'enquête, j'avais juste eu le droit de subir. Insultes, moqueries, regards de travers, brimades verbales et physiques. Un concentré de méchanceté qui m'avait fait l'effet d'un bain d'acide. Je m'étais fait pulvériser sans aucune pitié. J'étais passé de la jolie blonde aux yeux bleus à la monstruosité tout droit sorti des enfers. A la fin des cours, je m'étais fait coincer dans les toilettes des filles par les garçons de ma classe. Ceux avec qui j'avais partagé de bons moments cette année. Parmi eux, trois m'avait même avoué me trouver mignonne. Malgré tout, ils m'avaient tabassé sans vergogne. Je m'étais recroquevillé sur le carrelage humide en priant pour que cela cesse. Les larmes coulaient à flot sur mes joues rendant ma vision floue. Au bout d'un moment je m'habituai aux coups et aux insultes. A côté de ce que je ressentais, ce n'était rien. Un grand vide et une douleur lancinante. Mon esprit entier était consumé par le néant. Trop de choses. J'avais entendu trop de chose. Je n'arrive plus à suivre, j'avais perdu le fil. Je ne réagis pas lorsque l'un d'eux s'exclama :

« Et si on déshabillait la chose maintenant ? Vous croyez qu'elle a des couilles ? »

Je sentis leurs doigts agripper ma jupe.

Je fermais les yeux, je n'avais qu'une envie : mourir.

Puis la porte claqua. Un silence gêné s'ensuivit. Je ne comprenais pas, j'avais toujours les yeux fermés.

-Tu veux te joindre à nous Gaara ? On allait…

La suite de la phrase mourut dans la gorge du garçon. Je me forçai à entrouvrir les yeux pour comprendre ce qui se passait. Gaara se tenait face à mes bourreaux. Seul, face à lui, ils étaient cinq, pourtant il semblait dominer la situation. Pour la première fois, le masque impassible de Gaara s'était brisé. Son regard de glace exprimait une telle fureur que je sentis mes poils se dresser sur ma chair.

Contre qui était-il si en colère ? Etait-ce encore ma faute ?

-Disparaissez de ma vue, gronda-t-il d'une voix bouillonnante.

Ce n'était pas qu'un ordre, c'était presqu'un conseil. Il semblait sur le point d'exploser.

Les gars décampèrent rapidement alors que j'essayais vainement de me redresser pour en faire autant. Mais, contre toute attente, lorsque nous nous retrouvâmes seuls, sa colère s'en alla peu à peu. Il affaissa les épaules dans un soupir las. Son regard de glace se posa sur moi. Il me détailla d'un regard indéchiffrable avant de me tendre sa main pour m'aider à me relever. Il me hissa d'un coup sec. Je me retrouvais titubant sur mes jambes qui me semblaient aussi molles que de la guimauve. La douleur se faisait à nouveau ressentir, j'avais peine à tenir debout. Je puisai dans mes dernières forces pour ne pas m'écraser lamentablement au sol.

-tu ne vas pas pouvoir rentrer chez-toi comme ça. Je vais te porter, me proposa-t-il en me tirant dans ses bras.

-Non ! M'exclamai-je instinctivement en le repoussant.

Je baissai la tête, gêné. Je ne savais plus où j'en étais.

-Ok, accepta-t-il simplement. Rentre bien.

Je relevai la tête pour croiser son regard indéchiffrable.

Il tourna les talons sans un mot de plus avant de s'arrêter à l'embrassure de la porte.

-Naru, m'appela-t-il me faisant légèrement sursauter, si quelqu'un te fait encore du mal, appelle moi.

Depuis ce jour…

Gaara...

Gaara…

Gaara…

Gaara…

Gaara...

Gaara…

…je l'avais appelé maintes et maintes fois.


Fin du premier chapitre.

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