Disclamer : L'univers et les personnages appartiennent à Masami Kurumada

Attention, il s'agit ici d'un OS avec un rating MA.

Présence de lemon / Yaoi

Bonne lecture si vous vous aventurez par ici.

Déclaration

Assit dans le sable et adossé contre un rocher, il regardait, sans la voir, la mer. Il était perdu dans les méandres de ses pensées. Depuis leur retour à la vie, Bouddha ne lui parlait plus, pourquoi ? Pourquoi celui qui lui avait tant apprit le boudait-il ? Shaka ignorait la réponse et s'évertuait à la trouver dans la méditation mais rien n'y faisait. Le fier chevalier lâcha un soupire las. Son " Ami " lui manquait, d'autant qu'il parlait peu avec ses compagnons d'armes. Il y avait Mû qui venait lui rendre parfois des visites, mais les autres ne voulaient jamais le déranger. Il y avait aussi celui qui occupait ses pensées, cela arrivait de plus en plus souvent surtout lorsqu'il se sentait particulièrement seul.

— Pourquoi ne me parlez-vous plus ? pria encore Shaka.

— ...

— Je vous en pris, dites-moi ce que j'ai fait pour mériter votre ignorance ? Pourquoi ? le chevalier se mit à pleurer sur les derniers mots. Il était complètement perdu.

Allons, Shaka ! N'as-tu donc pas compris ?

Le chevalier releva la tête, il avait dû rêver. Oui c'était cela, un rêve.

Non, chevalier ! Tu ne rêves pas. Je suis bien en train de te parler. Vas-tu cesser de te lamenter ? Tu devrais aller à la rencontre de tes amis.

— Mais, je n'ai pas besoin d'eux pour vivre, juste de vous !

C'est faux, Shaka ! Grâce à Athéna vous avez tous eu une seconde chance. Tous les autres profitent au mieux de cela. Et toi ? Que fais-tu ? Tu te lamantes car je ne te parle plus ! Tu n'es pourtant plus un enfant, Shaka !

Le ton de Divinité était blessant, jamais le chevalier n'avait entendu Bouddha lui parler ainsi.

— Vous ... voulez dire que vous ne me parliez plus pour que je sois plus avec les autres chevaliers ? demanda Shaka incrédule.

C'est exact ! Et tu vas me faire le plaisir de le faire ! Et ouvres ton coeur, pour une fois !

— Que voulez-vous dire ?

Ton coeur réclame une chose importante, mon ami.

— Mon ...coeur ... réclame ...une chose ...importante ... ! ?

Oui, il s'agit d'amour, et de lui !

— De lui ... ? Amour ? Mais non enfin ! dit Shaka dont les joues s'empourprèrent.

Ha, oui ! Alors pourquoi rougis-tu ? le taquina la Divinité.

Le chevalier ne savait pas quoi répondre à cela, et essaya de reprendre contenance.

— C'est vrai que je pense souvent à lui mais ...

Mais, quoi ? De quoi as-tu peur, Shaka ?

— ….

Tu as peur d'être rejeté et de perdre son amitié, n'est-ce pas ?

Le chevalier d'or baissa la tête, les joues rosies de gêne. La divinité avait mis le doigt sur ce qui bloquait Shaka. Le Gold était un preux protecteur d'Athéna et un vaillant chevalier mais ses sentiments lui faisaient peur, tout comme aux autres chevaliers d'ailleurs. Comment avouer à quelqu'un, de plus à un autre homme, que l'on est attiré ou même que l'on est amoureux de lui ? Comment être sûr de ne pas se faire rejeter ? Comment rester maître de soi après s'être « ridiculisé » ? Et comment se regarder en face, le regarder en face après cela ? La Divinité comprenait le désarroi de son disciple mais il ne voulait plus le voir souffrir. Il fallait donc le pousser à se déclarer au risque de ne pas voir ses sentiments partagés, mais au moins il saurait ….

Vas le voir, et parle lui ! Dis lui ce que tu ressens et tu verras ce qu'il te dira.

— Et si mes sentiments ne sont pas partagés, je perdrais son amitié et s'il en parle aux autres je deviendrais la risée de tout le Sanctuaire ! Il n'est pas question que je lui avoue quoique ce soit !

Shaka ! Tu es censé être le chevalier le plus sage et tu te montres bien plus têtu que lui.

— Mais, …

Cesses te te comporter comme un enfant, comment crois-tu que les autres ont fait ? demanda la Divinité.

— Les autres ne sont pas moi !

Tu as le droit d'aimer et d'être aimé, au même titre que n'importe qui d'autre ! termina Bouddha dans un souffle. Il avait planté une graine dans l'esprit de Shaka, il ne restait plus qu'elle pousse !

Shaka avait senti la présence de Bouddha le quitter. Cependant, il ne se sentait pas mieux. Pourquoi le Dieu lui avait-il parlé ainsi ? Son cerveau était en ébullition et son coeur ne cessait de battre à tout rompre. Il resta encore de longues heures assit contre ce rocher face à la mer. Puis, il reprit le chemin de son temple toujours en se demandant pourquoi ….

Le chevalier de la Vierge resta enfermé plusieurs jours, omettant les entraînements, refusant de méditer et même de parler avec la Divinité. Il dormait peu, se nourrissait juste pour avoir assez de force, juste au cas où. Au cas où, quoi, d'ailleurs ? Tous les Sanctuaires étaient en paix depuis la résurrection, même s'il régnait de grande tension ! Les âmes n'étaient pas encore apaisées. Shion, qui avait accepté de reprendre son rôle de Pôpe, avait ressenti le mal-être de son chevalier d'or. Saga était présent, il venait aider le Pôpe de temps à autre. C'était pour lui comme une rédemption.

— Que pouvons-nous faire s'il refuse de voir qui que ce soit ? demanda le Gémeaux à Shion.

— J'avoue que je l'ignore, mais nous ne pouvons pas le laisser ainsi.

— Nous pourrions demander à Mû d'aller le voir, ils s'entendent bien, reprit Saga au bon d'un moment de silence.

— C'est une idée, et puis à vrai dire c'est la seule !

Le Pôpe appela mentalement son ancien disciple, lui demandant de venir les rejoindre immédiatement au palais. C'est quelques minutes plus tard que le Bélier se présenta devant ses aînés. Un genoux à terre, il leur demanda pourquoi un tel empressement.

— Mû, nous t'avons fait venir pour te parler de Shaka, intervint le Pôpe.

— Shaka ?

— Sais-tu ce qui lui arrive ? demanda Saga.

— Non pas vraiment, il ne veux rien me dire. Et cela fait plusieurs jours qu'il ne me laisse plus entrer chez lui. Je le surveille avec mon cosmos mais j'avoue que depuis hier soir, je n'arrive plus à le détecter.

— Très bien, je vais y aller. Saga, merci pour ton aide d'aujourd'hui.

— De rien Shion ! Veux-tu que je termine ce que nous avons commencé avant de partir ? demanda le Gémeaux.

— Et bien ce n'est pas si pressé, fais comme tu veux ! Mais ensuite tu rentres ! ajouta l'ex-Bélier en lui faisant un clin d'oeil.

— Très bien, je termine et je rentre, soupira Saga.

Mû, qui était toujours dans le bureau, observait cette scène particulièrement étrange pour lui. Voir ainsi son ex-maître et son bourreau le mettait toujours un peu mal à l'aise. Pourtant depuis quelques temps son coeur commençait à pardonner à Saga. Mû se rendait bien compte de tous les efforts que le Gémeaux faisait. Bien sûr, Athéna lui avait pardonné, Shion aussi d'ailleurs néanmoins il y avait un petit quelque chose qui gênait le Bélier, mais il ne savait pas vraiment quoi. Etait-ce dû au passé de Saga ou autre chose ?

— Je vous accompagne, Maître, intervint Mû.

— Non Mû, toi tu restes ici un moment. Le temps que je descende jusqu'au temple de Shaka. Je préfère y aller seul !

Shion quitta le Palais, laissant Saga et Mû. Il savait que Saga était attiré par son ex-disciple et que celui-ci n'était pas totalement indifférent au charme du Gémeaux, même si celui-ci l'ignorait, il profita de l'occasion pour trouver une excuse afin de les laisser seuls. Shion souriait tandis qu'il s'approchait du sixième temple.

— Tu veux un coup de main, demanda timidement Mû à Saga.

— Non, merci. Ca va aller ! Je n'en ai pas pour longtemps, juste une lettre à terminer pour Shion, répondit Saga sans regarder Mû car il sentait ses joues rosir.

Mû se sentait mal à l'aise. Etre si proche de Saga le troublait particulièrement. Mais pourquoi ? Et puis, il vit le Gémeaux l'accrocher du regard, déglutir difficilement et ouvrir la bouche mais le Bélier n'entendit pas un seul son franchir la barrière de sa bouche. Au bout d'un moment, Saga se reprit.

— Mû, commença t-il timidement, accepterais-tu de dîner avec moi ce soir ? Saga avait eu un mal fou à formuler cette demande qui lui tenait à coeur.

— Je ..je …

— Tu ne veux pas, c'est cela ? Ce n'est pas grave, je comprends, murmura Saga vraiment très triste du refus apparent de son ami.

— Je n'ai pas dit que je refusais, j'ai juste mis du temps pour répondre ! Je …j'accepte, avait répondu le Bélier qui voulait savoir d'où venait ce trouble qui n'avait cessé d'augmenter depuis le départ de son ancien maître.

— Tu … tu acceptes ? ! Je suis très heureux, Mû. Pour dix neuf heures cela te convient-il ? s'empressa de demandé le troisième gardien.

— Cela me conviens, veux-tu que j'apporte quelque chose ?

— Non, rien ça ira, merci.

Saga était heureux de recevoir chez lui le beau Mû, il devait faire vite s'il ne voulait pas tout gâcher. Mû prit congé de son ami afin de le laisser terminé sa tâche. Le Bélier avait l'esprit un peu confus, il venait d'accepter de dîner avec le bourreau de son ancien maître mais au fond de lui il ne le voyait plus ainsi. Saga était un bel homme, grand avec une musculature digne des plus belles statues Grecques. Un regard vert envoutant, une longue chevelure qui tombait en cascade jusqu'au creux de ses reins. Non vraiment, Saga était attirant, sexy même ! Le Bélier ne cessait de penser à son compagnon d'arme alors qu'il redescendait vers son temple.

Pendant ce temps au temple de la Vierge, Shion, qui avait réussi à entrer, tentait d'en savoir plus sur l'état émotionnel de son chevalier.

— Shaka, que t'arrive t-il ? demanda le Pôpe.

— Il n'y a rien ! répondit-il dans le vague.

— Shaka, je sens ton cosmos osciller, et cela fait des jours que tu ne sors plus !

— Je … je, le chevalier de la Vierge ne savait pas comment avouer sa conversation avec Bouddha.

— Shaka, tu peux tout me dire. Allons ! Cela ne doit pas être si terrible ? demanda avec délicatesse le Pôpe.

Le sixième gardien lâcha un soupire las et proposa un thé à Shion qui accepta. Les deux hommes étaient assis face à face dans le petit coin salon qu'avait aménagé le Gold. Shaka se perdit un moment dans la contemplation de sa tasse. Shion attendait patiemment, il savait que la Vierge n'avait pas l'habitude de se confier à des humains, en général il discutait plus avec Bouddha !

Après un long silence, Shaka releva les yeux vers le Pôpe et commença à lui retranscrire sa conversation avec la Divinité. Il avait parfois beaucoup de mal à exprimer ses sentiments et émotions mais il termina son récit.

— C'est donc pour cela que tu vis enfermé depuis des jours ! Mais enfin, Shaka, Bouddha a raison. Tu devrais lui parler ! Mais au fait, tu ne m'as pas dit de qui il s'agit ?

— Ca, je ne préfère pas, souffla le Gold.

— Très bien, mais tu ne peux pas rester ainsi ! Je te laisse encore une journée pour réfléchir, mais après je te forcerais à sortir de là !

— Shion ! Tu ne peux pas faire ça ! s'inquiéta le Gold.

— Peut-être pas en tant que Grand Pôpe, mais en tant qu'ami je le ferais !

C'est sur ces dernières paroles que Shion quitta le temple de la Vierge, laissant le chevalier dans ses profondes réflexions.

Tout en remontant vers le Palais, Shion souriait. Il avait perçu un trouble dans le cosmos de son ancien disciple et dans celui de Saga.

Saga ? Je t'avais dit que tu pouvais rentrer, pourquoi es-tu encore au Palais ? demanda télépathiquement le Pôpe.

Je voulais terminer le courrier que nous avions commencé, répondit de la même manière le Gémeaux.

Il ne t'a quand même pas fallut autant de temps pour écrire trois ou quatre lignes ?

Non, tu as raison. C'est que j'ai … j'ai… invité Mû à dîner et maintenant je me demande si c'est une bonne idée.

Saga, tu vas aller faire un tour dans les cuisines du Palais, prendre ce dont tu vas avoir besoin pour le dîner et rentrer vite pour tout préparer.

Mais, je … je ….

Arrête de bafouiller comme un gosse, Saga ! Tu as eu raison de l'inviter, maintenant dépêches toi ! Sinon, Mû risque d'être déçu et pour rattraper le coup après ça …. Ce n'est pas une bête à corne pour rien ! finit-il sur un ton ironique.

Très bien, Shion ! Et merci ! Comment va Shaka ?

Et bien, j'ai réussi à le faire parler mais s'il n'y met pas du sien ...

Lorsque Shion arriva au Palais, Saga n'y était plus. Il sonda l'ensemble du Sanctuaire avec son cosmos. Il constat que Saga était dans son temple, un peu angoissé mais apparemment heureux. Mû était dans un état proche de celui du Gémeaux et tournait en rond dans son temple ! Shaka avait fini par se poser, son cosmos était un tantinet plus serein. Pour les autres, Shion savait que tout n'allait pas pour le mieux, mais tout finirait par s'arranger. Du moins, il l'espérait. Cette nouvelle vie, ils l'avaient tous mérité et Shion veillait, veillait sur ses chevaliers.

Dans le troisième temple, la cuisine commençait à ressembler à un champ de bataille. Saga aimait cuisiner mais il ne savait pas le faire sans mettre le chaos ! Aussi lorsque Kanon arriva, il fut surprit de voir son jumeau à l'oeuvre. En général c'était lui qui préparait les repas.

— Saga ? ! Mais qu'est-ce que tu fous ?

— Kanon ?! Mais, …. mais qu'est-ce …. qu'est-ce que tu fais ici ?

— Euh ! Bah ! Je sais pas, peut-être que j'habite là ? ironisa Kanon.

— ….., désolé ! Je pensais pas que tu rentrerais si tôt.

— Je pensais dîner avec toi, c'est pour cela que je suis rentré. Dis-moi, j'ai l'impression que tout ça n'est pas pour moi, je me trompe ? fit-il en faisant un clin d'oeil à son frère.

Saga se mit à rougir comme un gamin, ce qui ne manqua pas d'amuser Kanon.

— Tu as enfin invité Mû, c'est ça ?

— Ou … oui, répondit le Gémeaux.

— Très bien, dans ce cas je te laisse ! dit Kanon heureux pour son frère.

— Mais enfin, où vas-tu aller ? s'inquiéta Saga.

— Je vais aller voir Milo. T'inquiètes pas pour moi. Tu n'auras qu'à m'envoyer un message télépathique quand Mû sera parti. S'il part ! termina Kanon en souriant à son frère tout en quittant le temple.

— Merci ! dit Saga en se remettant au travail.

Tout en montant les marches menants au temple du Scorpion, Kanon ne put s'empêcher de soupirer. Il était heureux pour son jumeau, c'était indéniable, mais son propre coeur le faisait atrocement souffrir même s'il ne montrait rien afin de ne pas inquiéter Saga, ni les autres d'ailleurs !

Cela faisait plus d'une heure que le calme chevalier du Bélier tournait en rond dans son temple. L'heure de son rendez-vous approchait et le noeud dans son estomac ne cessait de grandir.

Mû ? appela télépathiquement l'ex Bélier.

Maître ? répondit-il de la même manière.

Tu devrais te calmer ! dit Shion.

Je sais, mais je n'y arrive pas ! Saga … m'a invité à dîner ce soir et ….

Et ? insista le Pôpe.

J'ai …. accepté et je ne sais pas vraiment pourquoi. Je me sens mal à l'aise en sa présence…

Allons Mû, tu as bien fait d'accepter. Profite de ce moment pour faire la connaissance de l'homme qu'est devenu Saga.

Mû ne répondit rien, mais se dit qu'il pouvait faire confiance à son ancien maître. Il s'assit par terre, prit une grande inspiration, ferma les yeux et essaya de se calmer. Quelques minutes plus tard, il était plus serein et prêt à affronter Saga.

Shaka était retourné dans le jardin des Sals Jumeaux, lieu ou personne ne pouvait sentir son cosmos. Il ne méditait pas. Il était simplement assit contre l'un des arbres, ressassant sa conversation avec Bouddha et avec Shion. Il savait que l'un et l'autre avait raison, mais il ne se sentait pas le courage d'aller avouer ses sentiments à l'un de ses pairs, un autre homme qui plus est.

Pourtant, une petite partie de son coeur voulait savoir. Mais savoir quoi ? Si lui, Shaka de la Vierge, était capable d'aimer et d'être aimer ou si lui serait capable d'aimer un homme comme Shaka ?

Le Gold laissa échapper un soupire las. Il leva ses yeux bleus vers les étoiles et indéniablement son regard s'arrêta sur une constellation. En voyant la brillance des astres, il prit enfin une décision. Il ira lui parler, demain.

Sa décision prise, il sentit son cosmos s'apaiser. Il décida, néanmoins, de rester dans son jardin car ce lieu l'apaisait.

De son côté, la Divinité sourit. Il avait gagné. Il admit tout de même que l'intervention de Shion y était aussi pour quelque chose.

Mû était devant le temple des Gémeaux. Il se sentait nerveux, mais pourquoi ? Il prit une profonde inspiration en fermant les yeux et se décida à enflammer légèrement son cosmos pour informer Saga de son arrivée. De son côté, le troisième gardien était proche de l'état de Mû. Mais à la différence c'est que lui savait pourquoi. Il avait un faible pour lui, et ne voulait surtout pas commettre d'impair. Il voulait tant que ce rendez-vous, car pour lui c'en était un, ne soit pas le seul.

— Entres, Mû. Je suis dans la cuisine, j'arrive dans une minute. Assieds-toi, dit Saga en haussant un peu le ton pour que son invité puisse l'entendre.

— Merci, Saga, répondit le Bélier en prenant place dans le canapé.

Enfermé dans la cuisine, Saga faisait tout son possible pour contrôler ses émotions et son cosmos. Il ne voulait pas que Mû prenne peur et parte en colère. Il souhaitait que ce dîner se passe bien pour se rapprocher de celui qu'il aimait. Il se décida enfin à quitter son refuge emportant avec lui un plateau avec des petits fours et deux verres remplis d'un cocktail de fruit sans alcool, il savait que Mû n'en buvait pas.

— Excuses-moi de t'avoir fait attendre, j'étais en train de sortir les petits fours du four, se justifia le Gémeaux.

— Ce n'est rien ! Tu t'es donné beaucoup de mal apparemment. Je ne savais pas que tu savais cuisiner, ça sent bon ! se hasarda à dire Mû.

— Merci, j'espère surtout que cela te plaira. Et oui, j'aime cuisiner, mais en général c'est surtout Kanon qui s'en charge, ajouta Saga.

— Pourquoi ? Il n'aime pas ta cuisine ?

— Si, beaucoup même ! C'est juste …. comment dire ? Hmm ! Après mon passage, la pièce ressemble plus à un champ de bataille qu'à une cuisine, avoua le gardien du temple en souriant.

Mû regarda son hôte, éberlué. Le sourire ironique que Saga affichait le fit rougir légèrement. Suffisamment pour sentir son visage chauffer mais heureusement pas assez pour que Saga ne voit rien. Le Bélier lui rendit son sourire, pensant qu'il devait surement amplifier le désordre de la cuisine.

Saga se sentait étrangement léger et se sentit fondre d'amour, un peu plus, devant le sourire pure et franc du premier gardien. Il lui tendit un verre, précisant qu'il n'y avait pas d'alcool. Mû fut étonné de l'attention de son hôte. Décidément, Saga cachait bien des facettes. Les deux chevaliers discutèrent un moment avant de passer à table.

La table, où se dirigeait les deux Gold, était dressée très simplement. Une nappe beige avait été posé probablement pour cacher les défauts de la table. Les assiettes, les couverts et les verres faisait surement partis du service pour les occasions particulières. L'ensemble était harmonieux et sobre, cela plut au Bélier. Ils s'installèrent et commencèrent à manger.

— C'est délicieux, Saga !

— Merci, sourit le Gémeaux.

Mû était épaté. Saga était serviable, prévenant, et plein de surprise. Les deux Golds passèrent ainsi une bonne soirée. Discutant de choses et d'autres, ils purent se rapprocher un peu. Les assiettes étaient vides, et les estomacs remplis. Saga se leva et commença à débarrasser la table, invitant Mû à aller se détendre dans le canapé.

— Je vais t'aider, proposa l'Atlante.

— Non, non, tu es mon invité, tu n'as pas à m'aider ! s'empressa de dire le Gémeaux, trop honteux de l'état de la cuisine.

Saga s'engouffra dans la pièce saccagée avec les assiettes dans les mains. Le chaos qui y régnait le dépita au plus haut point.

— Dire que je vais devoir ranger tout cela ….., Saga soupira.

— Et dire que je pensais que tu exagérais quand tu me disais que la cuisine ressemblait à un champ de bataille ! pouffa Mû.

— Mû ? ! Mais que fais-tu ici ? Saga était rouge de honte.

— Je ne pouvais pas te laisser débarrasser seul ! Invité ou pas !

Devant la mime déconfite de son hôte, Mû ne put s'empêcher de rire aux éclats.

— Le Sanctuaire a subit deux attaques dévastatrices, mais j'avoue qu'il est en moins piteux état que ta pauvre cuisine, continua Mû qui tentait de se reprendre.

Saga regardait son bel adonis. Le voir aussi détendu et rire de la sorte lui réchauffa le coeur. Mû était si beau et se sourire le rendait plus sexy aux yeux du Gémeaux. Saga sourit et se mit à rire à son tour. Au bout d'un long moment de douce torture - bah oui rire ainsi ça fait mal au ventre - les deux amis se calmèrent un peu.

— Saga, je vais t'aider à nettoyer et ranger !

— Non, je refuse. Je t'ai invité, et en tant que tel tu n'as pas à faire cela.

Mû s'approcha de son ami et lui sourit en posant une de ses mains sur l'épaule, faisait tressaillir Saga.

— Saga, en tant qu'ami je ne puis te laisser dans un tel chaos ! Et puis à deux ça ira vite ! sourit-il.

— Très bien, si tu insistes, je m'incline ! Par quoi veux-tu commencer ? demanda t-il rougissant.

— On va déjà commencer par rassembler toute la vaisselle que l'on va laver et ranger ! Ensuite on fera le reste.

Les deux amis se mirent à la tâche dans une bonne ambiance. C'est Mû qui prit la charge de laver, et Saga essuyait et rangeait. Il arrivait de temps à autre que leurs mains s'effleurent, ce geste les troublait chaque fois un peu plus. Mû devait s'avouer que Saga était redevenu celui qu'il était avant, celui qui faisait déjà battre son coeur. Son coeur …. qui s'était arrêté dés qu'il avait senti un changement de comportement dans l'attitude du Gémeaux. Dés lors, il ne pouvait plus le regarder sans qu'il lui inspire de la haine. Mais aujourd'hui, tout était différent. Saga était redevenu Saga, et le coeur de l'Atlante s'en trouva soulagé. Mû pouvait de nouveau espérer.

L'aspect original de la cuisine lui ayant été rendu, les deux amis retournèrent au salon et s'installèrent dans le canapé.

— Merci, Mû !

— De rien ! Je ne pouvais pas te laisser affronter ce chaos seul ! souligna le Bélier en faisant un clin d'oeil à son hôte.

Les Golds se mirent à rire comme des gosses. Au bout de quelques minutes, leurs regards s'accrochèrent et ils cessèrent de rire. Saga s'approcha de Mû. Chacun d'eux pouvait sentir le souffle de la respiration de l'autre sur son propre visage. A son tour Mû s'approcha de Saga. Les yeux rivés dans le regard de l'autre, ils firent le reste de la distance les séparants encore, en même temps.

Lorsque leurs lèvres se frôlèrent, leurs coeurs ratèrent un battement. Leurs mains se mirent à trembler et devinrent moites. Ils reculèrent légèrement, les joues rosies et les yeux brillants de bonheur. Puis, leurs lèvres se soudèrent à nouveau, les yeux se fermèrent. Une myriade de sensations les submergea. Leur respiration se saccada. Des papillons naissaient dans leur bas ventre.

D'instinct, ils approfondirent ce baiser. Leurs bouches s'ouvrirent, et les langues se trouvèrent naturellement, se mêlèrent et se mirent à danser langoureusement. Les joues empourprées et à bout de souffle, ils s'écartèrent pour mieux se dévorer des yeux. Pendant de longues minutes, le silence régna.

— Mû, murmura Saga en posant une de ses mains sur la joue du Bélier.

— Sa .. Saga..

— J'ai tellement attendu ce jour, dit le Gémeaux en posant son front contre celui du Bélier.

Sans bouger, Saga proposa un thé à son aimé qui accepta. Le gardien du troisième temple, bien qu'il ne le voulait pas, se leva et alla préparer le breuvage. Lorsqu'il revint, Mû avait changé de place. Il était devant la fenêtre, un doigt effleurant ses lèvres fines, comme pour garder en mémoire le doux contact des lèvres de Saga.

Saga l'observait devant la pénombre de la lune, Mû était si beau à ses yeux. Il s'approcha, posa les tasses sur la table et rejoignit son petit ami pour l'enlacer. Mû ne sursauta pas, un peu comme s'il l'attendait. Il appuya sa tête contre le torse de son bellâtre, soupirant d'aise. Ils restèrent ainsi un long moment, mais le Bélier se mu.

— Qui a t-il, Mû ? demanda inquiet Saga.

— Je crois…. je crois que je vais rentrer, murmura le Bélier.

— Pourquoi ? Ne souhaites-tu pas rester avec moi ? s'inquiéta le Gémeaux.

— Si, biensûr ! Au contraire, même. Mais cela ne serait pas une bonne idée ! souffla Mû.

— Pas une bonne idée ? répéta Saga.

— Nous savons tous les deux comment cela se finira si je reste ! Et je n'ai pas envie de faire cela sur un coup de tête ! Et toi non plus, je me trompe ? fit Mû en souriant à son petit ami.

— Tu as surement raison, mais te laisser partir ….

— On se voit demain, nous n'avons qu'à passer la journée ensemble ! invita le Bélier.

Saga se mit à sourire et accepta sans hésiter l'invitation de Mû. Les deux hommes se quittèrent non sans échanger un long baiser passionnel.

Pendant ce temps au temple de la Vierge, Shaka était toujours en proie à ses sentiments. Il avait quitté le jardin des Sals Jumeaux et avait rejoint ses appartements privés. Il s'était préparé un thé, cela lui suffirait car il n'avait pas d'appétit, et s'était installé dans le coin salon de son temple. Son esprit ressassait sans cesse ses conversations avec Bouddha et avec Shion. D'un côté il savait qu'ils avaient raison et qu'il devrait lui parler, ne serait-ce que pour soulager son coeur. Mais d'un autre côté, il ne souhaitait pas se ridiculiser auprès de lui, ni perdre son amitié pour peu que lui le considérait comme un ami, et encore moins être la risée du Sanctuaire.

Il commençait à se faire tard, et le gardien du sixième temple ne semblait toujours pas avoir retrouvé sa paix intérieur, aussi il décida d'aller prendre l'air. La brise fraiche de la nuit pourrait peut-être l'aider à trouver le sommeil. Il entreprit de descendre les marches des temples pour se rendre au bord de la plage qui jouxtait le Sanctuaire. En bon chevalier, il annonça se présence dans le temple du Lion, qui ne semblait pas être là.

— Il est surement chez Aioros, souffla t-il.

Pour le coup, le Gold fut soulagé de ne pas croiser Aiolia, ni Angelo d'ailleurs ! Lorsqu'il approcha du troisième temple, il sentit immédiatement la présence de Mû avec Saga. Les deux cosmos semblaient être en harmonies et heureux. Il sourit, comprenant qu'ils s'étaient déclarés. Aldé étant absent, il ne croisa donc personne sur son chemin. Quelques minutes plus tard, il marchait le long de la plage. Il avait ôté ses chaussures et remonté son pantalon de toile légère jusqu'aux genoux. De temps à autres, une vague venait s'échouer sur ses chevilles. Il marchait droit devant lui, les yeux dans le vague, se demandant toujours ce qu'il devait faire.

Il était maintenant debout face à la mer, tenant toujours ses chaussures dans une main, sa longue chevelure virevoltait au gré de la brise. Ses yeux étaient ouverts, pour une fois il voulait voir avec ses yeux et non avec son esprit.

— Shaka ? Que fais-tu là à cette heure ? demanda une voix qui fit sursauter la Vierge.

Le Gold se retourna et fut surprit. Il écarquilla les yeux et laissa tomber ses chaussures dans le sable. Il était là, devant lui. Le reflet de la lune dans l'eau permettait à Shaka de deviner son visage, ses muscles qu'il avait durement gagné au fil de nombreuses années d'entrainement intensif, son sourire. Il lui souriait. Shaka se concentra afin que son trouble ne puisse se lire aux travers son cosmos.

— Je n'arrive pas à trouver le sommeil, alors je prends l'air. Et toi ? demanda t-il presque timidement.

— Pareil ! Je ne sais pas pourquoi mais je sens comme une présence toujours près de moi. Ca me dérange, alors je prends l'air ! dit-il en lui faisant un clin d'oeil.

— Que veux-tu dire par « présence » ? interrogea le blond.

— Je ne sais pas vraiment ! Mais bon, ça passera ! Ne reste pas trop longtemps dehors à cette heure là, le fond de l'air est frais et cela fait plusieurs jours que tu n'as pas mit le nez dehors ! Je me trompe ? fit le Lion en lui souriant.

— …, Shaka ne répondit rien trop abasourdit par les paroles de celui qui hantait qui ses pensées.

— Bonne nuit, termina Aiolia en levant la main en en guise de salut puis reprit le chemin des temples.

Shaka le regardait s'éloigner, impossible de bouger alors que tout son être voulait le retenir. Il ouvrit la bouche mais aucun son ne se fit entendre. Pourtant, Aiolia s'arrêta et se retourna.

— Tu m'as appelé, Shaka ? demanda t-il.

Shaka se crispa, aucun son n'était sortit de sa gorge mais il l'avait appelé avec son esprit. Il devait réagir, mais pour lui dire quoi ? Et puis, il prit une décision.

— J'ai …. j'ai ….. à te parler ! avoua timidement la Vierge.

— Qu'y a t-il ? demanda surprit le beau Lion.

Shaka prit une grande inspiration, et s'approcha lentement d'Aiolia. La nuit cachait son visage rougit par la gêne que cette conversation allait forcement faire surgir. Il ne savait pas encore comment lui dire qu'il était amoureux de lui, et encore moins comment il allait éviter le poing du Lion quand il lui aura tout avoué.

Devant l'hésitation de son compagnon d'arme, Aiolia fit quelques pas en sa direction.

— Pourquoi hésites-tu ? De quoi veux-tu me parler ? demanda doucement le Lion qui commençait à avoir un drôle de sentiment le gagner.

— Je … je …suis …amoureux …, Shaka ne put terminer sa phrase car il se vit couper la parole.

— Et bien, je suis ravi pour toi ! Mais quel est le rapport avec moi ?

— Je suis amoureux de …. toi, finit par avouer la Vierge rouge de honte.

Un silence lourd s'installa entre les deux hommes. Aiolia regardait Shaka avec un regard nouveau. Empli d'incompréhension. Son cerveau bouillait, Shaka venait de lui dire qu'il était amoureux de lui. Mais qu'attendait-il en retour ? Lui, ne le voyait que comme un ami. Que pouvait-il répondre ?

Shaka voyait le trouble et l'incompréhension dans le regard de son aimé, aussi il essaya de reprendre la conversation.

— Je … je ne te demande rien, et je n'attends rien en retour. Il fallait que je te le dise. Pour moi, je l'avoue. Et je pense que tu étais en droit de savoir. Je sais que je ne t'intéresserais jamais car tu es hétéro et que tu passes tout ton temps avec Marine. Il vous faudra officialiser votre relation, vous faites un beau couple ! Pardon, Aiolia ! Je comprendrais que tu ne veuilles plus être ami avec moi, fit Shaka en prenant la fuite.

Aiolia était resté planté là et le regardait partir. Lui et Marine ? Mais quelle mouche l'avait piqué ? C'est totalement désorienté qu'Aiolia reprit son chemin en direction de son temple. Il ne cessait de repenser à cette conversation, ou plutôt à cet aveu. Cela avait dû demander un sacré courage à Shaka pour lui avouer ses sentiments sachant pertinemment qu'ils ne seraient pas partagés.

De son côté, Shaka s'était réfugié dans son temple. Bouddha et Shion lui avait dit que ça le soulagerait que d'avouer son amour à Aiolia. Mais, il n'en est rien. Son malaise, ses douleurs du coeur et de l'âme n'en étaient que plus fortes. Il n'aurait jamais dû les écouter. Plus jamais, il n'osera regarder le Lion en face. Le pire, c'est que celui-ci allait certainement en parler à tout le monde et il deviendra la risée de tout le Sanctuaire.

Shaka voulait partir, rentrer en Inde. Son pays.

Allons, Shaka ! Tu es un chevalier, tu dois te reprendre ! dit la Divinité.

Je ne veux pas vous parler, laissez moi ! dit la Vierge en colère.

C'est ainsi que tu parles à un Dieu ?

Je suis désolé, mais je ….

Je sais ce qu'il vient de se passer ! Et tu as bien fait, quoique tu penses pour le moment.

Non, c'est faux ! Aujourd'hui ou plus tard c'est pareil : je n'aurais pas dû lui parler !

La Divinité se retira de l'esprit de son ami. Il savait que rien ne le soulagerait, pour le moment.

Le lendemain Aioros, comme à son habitude, arriva de bonne heure chez son frère pour prendre le petit déjeuné. C'était devenu un rituel entre les deux frères depuis la résurrection. Ils avaient été séparés alors qu'Aiolia était encore très jeune et se voir ainsi tous les matins leur permettaient de rattraper le temps perdu. Mais ce matin, lorsque le Sagittaire pénétra dans le temple de son félin de frère, il sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas.

— Aiolia ? Ca n'a pas l'air d'aller ? Que t'arrive t-il ? demanda Aioros inquiet.

— Rien, tout va bien. T'inquiètes pas ! répondit évasivement le Lion.

— 'lia, je te connais alors arrêtes de me prendre pour un con et dis moi ce qu'il y a ! ordonna presque le Sagittaire.

— Ca va, arrêtes de me prendre pour un gosse !

— Alors comportes toi en adulte et parles moi !

Aiolia soupira, mais il consentit à parler.

— Hier soir, j'ai croisé Shaka sur la plage.

— Et c'est ça qui te perturbes ?

— Si tu veux que je te raconte, laisse moi parler ! s'agaça Aiolia.

— Désolé, je t'écoute.

— Donc, j'ai croisé Shaka sur la plage. Il a profité de cette rencontre fortuite pour …. pour ….

Aioros trépignait d'impatience mais il ne voulait plus couper la parole à son frère. Il prit sur lui et attendit que les mots veuillent bien sortir de là où ils étaient bloqués.

— … pour me dire qu'il était …., Aiolia soupira, … était amoureux de moi, termina t-il en murmurant.

Un silence s'installa entre les deux frères. Puis Aioros se mit à sourire et à rire même. Le Lion ne comprenait pas.

— Ca te fait rire ? s'énerva Aiolia.

— C'est à cause de cela que tu fais cette tête ?

— Tu as entendu ? Shaka est amoureux de moi ! A cause de lui, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit et ….

— Et quoi ? Tu lui as dis quoi au juste ?

— J'ai eu le temps de rien, figures toi !

— Bon, premièrement tu vas te calmer et deuxièmement tu vas tout me dire, ok ?

Le Lion s'installa à table pendant que son frère versait le café dans les tasses. Il but une gorgé qu'il sentit descendre dans sa gorge. Cela lui fit un bien fou. Puis il reprit. Il détailla, cette fois, toute sa conversation avec la Vierge. Sans omettre de parler de Marine.

— Voilà, tu sais tout, content ?

— Il t'as dit de te déclarer à Marine alors qu'il était entrain de d'avouer ses propres sentiments ? C'est bien lui, ça ! Mais dis moi ? Qui a t-il entre l'aigle et toi au juste ?

— Rien, il n'y a rien d'autre qu'une grande amitié fraternelle.

— Vous êtes pourtant très souvent ensemble ? s'étonna le Sagittaire.

— Oui, c'est vrai. Mais il n'y a rien de plus.

— En as-tu discuté avec elle ? s'inquiéta Aioros.

— Oui, biensûr. Elle m'a dit la même chose, d'autant qu'elle tente de se rapprocher d'Aldé.

— Aldé et Marine ?

— Oui.

— Du coup, que ressens-tu pour Shaka ? demanda coquin le Sagittaire.

— Mais rien !

— Alors pourquoi tu t'énerves ?

En fait, le Lion ignorait pourquoi il s'emportait ainsi.

— J'en sais rien, murmura t-il.

— Qu'est ce que cela t'a fait lorsque Shaka t'a parlé ?

Aiolia, qui avait terminé son café, se leva et prit sa tasse pour la remplir de nouveau puis revint s'assoir. Il regarda son frère.

— A vrai dire, je ne sais pas trop. Un frisson, je crois. Et j'ai eu une boule dans le ventre toute la nuit. C'est assez confus, en fait.

— Que vas-tu faire?

— Je pense, …. je pense qu'il lui a fallut un certain courage pour me dire cela de but en blanc. Alors, je vais garder ça pour moi et je veux que tu gardes ça pour toi.

— Très bien, mais que vas tu lui dire ? insista Aioros.

— Rien, biensûr ! Je ne veux pas lui donner de faux espoirs.

Aioros soupira, décidément son frère était un poil borné. Mais il préféra ne rien ajouter, son frère ne dirait rien de plus de toute manière !

Dans le troisième temple l'ambiance était plus légère, quoique ! Kanon s'était levé après Saga, comme à son habitude. Ils étaient, maintenant, tous les deux dans la cuisine devant leur petit déjeuné.

— Alors ? demanda le cadet.

— Alors, quoi ?

— Comment ça s'est passé avec Mû ? Kanon souriait à son frère pour l'encourager à parler.

— Ca c'est bien passé ! Nous avons passé une excellente soirée.

— Et ? insista l'ex Dragon des mers.

— Tu ne me lâcheras pas, hein ? questionna le gémeaux.

C'est par un signe de tête négatif que Kanon répondit à son jumeau.

— Bon très bien, soupira t-il, on s'est embrassé.

— Génial ! s'écria Kanon. Mais pourquoi n'est-il pas là ?

— Parce qu'il a pensé que ce ne serait pas raisonnable, mais on a prévu de passer la journée ensemble.

Kanon se leva et alla enlacer son frère pour le féliciter. Saga semblait heureux et cela réchauffa le coeur de son cadet.

— Mais au fait, tu ne m'as pas dit comment cela c'était passé de ton côté ? demanda Saga.

— Je l'ai vu il y a quelques jours, je lui ai dit ce que j'avais à lui dire, …..

— Et que s'est t-il passé ? insista Saga.

— Il m'a regardé droit dans les yeux en fronçant les sourcils et il a tourné les talons sans un mot. Voilà, fin de l'histoire !

— Je suis désolé, Kanon, pourquoi ne m'avoir rien dit ? demanda tendrement l'ainé.

— Parce qu'il n'y a rien à dire ! Je vais passer à autre chose, c'est tout !

— Retournes le voir !

Kanon ne voulait plus parler de cela, pour lui c'était un affaire classée, point barre. Il préférait voir son frère heureux, lui il passait après. Quelques minutes plus tard, Mû fit son apparition pour le plus grand bonheur de Saga qui ne s'attendait pas à le voir si tôt. Mû salua Kanon qui lui répondit en souriant, puis il s'approcha de Saga, les pommettes légèrement rosies, et déposa ses lèvres sur les siennes. Saga était aux anges, son bel adonis avait pris les devants.

— Mû…., souffla le Gémeaux.

— Je ne pensais pas vous déranger, je suis désolé ! s'excusa le Bélier.

— Pas de problème, Mû ! Je suis content pour vous, ajouta l'ex Dragon des mers.

— Merci, Kanon.

— Je suis content de te voir, mais….

— Nous devions passer la journée ensemble ! As-tu changer d'avis ? demanda tristement le Bélier.

— Non pas du tout ! Je suis surpris de te voir si tôt, je vais prendre ma douche et je suis tout à toi ! s'empressa de dire Saga tout en s'éloignant vers la salle de bain.

Mû et Kanon se retrouvèrent seuls. Le cadet des jumeaux proposa un thé à son beau-frère qui accepta avec plaisir. Lorsque le breuvage fut servit, Kanon revint s'installer à table devant son bol de café.

— Je suis arrivé à un mauvais moment, je suis désolé d'avoir interrompu votre conversation, dit Mû.

— Ce n'est rien, en fait cela m'a bien arrangé à vrai dire. Mon frère n'aurait pas lâché l'affaire ! sourit Kanon.

Mû fronça très légèrement les sourcils mais l'ex Dragon des mers s'en aperçu.

— T'inquiètes pas ! Je n'ai pas eu sa chance, ce n'est pas grave ! soupira Kanon.

— Sa chance ? interrogea le Bélier.

— Ses sentiments sont partagés, pas les miens !

— Je suis désolé, Kanon, je ne savais pas que ….

— Que j'étais amoureux ? Il n'y a que Saga et Milo qui savent, et toi maintenant !

Mû se sentait coupable. Voir Kanon, d'habitude si enjoué, totalement désemparé en parlant de ses sentiments, gênait le doux Bélier. Se sentant bien en la présence de son beau-frère et sachant qu'il pouvait lui faire confiance, Kanon se jeta à l'eau.

— Je suis amoureux de Rhadamanthe. Il y a quelques jours, je me suis rendu aux Enfers pour lui parler.

Mû laissait Kanon parler, il pensa qu'il en avait surement besoin.

— Je lui ai avoué mes sentiments, et lui m'a regardé dans les yeux et à fait demi tour ! Pas un mot, pas un geste de sa part.

— Il ne t'a rien dit ? Que vas-tu faire maintenant ?

— Je vais essayé de passer à autre chose, voilà !

— Mais enfin, tu devrais retourner le voir !

— Là, on dirait mon frère ! Sois gentil, Mû, n'en parlons plus ! Ok ?

— Très bien, mais tu devrais retourner le voir ! insista Mû.

Une fois encore, l'ex Dragon des mers fut sauvé mais cette fois par son frère qui revenait de la salle de bain. Après quelques minutes, le couple décida d'aller sur Athènes et d'aviser au fur et à mesure de la journée. Saga se sentait mal par rapport à son jumeau. Lui, pouvait profiter de l'élu de son coeur alors que Kanon venait de prendre une claque, et pas une petite….

De son côté, Shaka avait passé une autre sale nuit. Il ressemblait plus à un zombie mal nourri qu'à un Gold. Shion ressentait la détresse de son chevalier mais ne savait pas comment l'aider. Mû étant parti avec Saga, le Pôpe ne savait pas qui pourrait aller le voir aujourd'hui.

Shaka passa dans la salle de bain, se prépara un thé - seul aliment qu'il ingurgitait depuis plusieurs jours - et se décida à faire une séance de médiation. Il alla s'installer sur le lotus de son temple. Il se sentait affaibli, mais décida de poursuivre.

Shaka, tu devrais prendre soin de toi et manger, dit Bouddha inquiet pour son ami.

Je n'ai pas faim. Et puis c'est de votre faute !

Je sais ce que tu penses. Mais laisses lui le temps, Shaka !

Lui laisser le temps de quoi ? De prévenir tout le Sanctuaire ? Je me suis ridiculisé par votre faute et celle de Shion !

Shaka ! Tu te comportes comme un enfant !

A peine, Bouddha avait terminé sa phrase que le Gold s'écroula au sol. Shion arriva immédiatement pour porter secours à son chevalier et ami ce qui rassura la Divinité qui s'éclipsa.

— Shaka ! Shaka ! appela le Pôpe mais le chevalier ne répondit pas.

— Shion ? Qu'est ce qu'il se passe ? demanda une voix derrière le Pôpe.

Shion se retourna rapidement. Il avait reconnu la voix. Il allait tonner de sa propre voix lorsqu'il vit la mime déconfite de celui qui avait parlé.

— Aiolia ? ! Mais que fais-tu ici ? interrogea Shion.

— Je passais par là et j'ai senti le trouble dans le cosmos de Shaka, et en sentant ta présence ici je me suis dit que c'était peut-être grave.

— Et ça l'est ! Il ne mange rien depuis des jours, il a beau être un chevalier d'Athéna s'il ne se nourrit pas il s'affaiblira de plus en plus !

— Je ne savais pas qu'il était si mal, dit songeur le Lion.

— Ne t'a t-il pas parlé ces jours-ci ?

— Il l'a fait, oui, hier soir ! soupira Aiolia.

— Et ? Veux-tu que je te fasse cracher le morceau par la force, chevalier du Lion ? s'énerva le Pôpe, juste pour faire réagir son compagnon d'armes.

— Il m'a avoué ses sentiments, en me disant qu'il ne voulait rien en retour et que je devais me déclarer à Marine car nous formions un beau couple ! C'est tout, après il s'est enfuit et je ne l'ai pas revu !

— Il se déclare et te conseille de faire pareil avec Marine ? C'est Shaka tout craché, ça !

Aiolia ne savais pas vraiment quoi faire ou ajouter à cela. Peut-être aurait-il dû venir le voir plus tôt ? Peut-être aurait-il deviner qu'il n'irait pas mieux après cela ? Peut-être ... ? Le Lion soupira. Shion porta Shaka dans les appartements du temple et demanda à Aiolia d'ouvrir les portes et de chercher la chambre du maître des lieux. Le Lion s'exécuta sans broncher, se sentant plus que coupable de l'état de son ami.

Une fois son fardeau posé sur le lit, Shion observa Aiolia et reprit la conversation.

— Tu dois lui parler, lui dire ce que toi tu ressens. Même si cela ne va pas dans son sens, il doit savoir ! reprit affectueusement le Pôpe qui voyait le Lion au plus mal.

— Tu as raison ! Je vais rester ici et veiller sur son repos. Quand il sera réveillé je le forcerais à se nourrir et tant qu'il ne sera pas en forme je resterai près de lui. Et je lui parlerai.

— Tu es sûr de vouloir faire ça ? s'inquiéta Shion.

— Non, mais je lui dois au moins ça !

— Très bien, dans ce cas je t'envois une domestique du Palais pour établir avec elle une liste de course. Elle ira en ville et te déposeras le tout ici !

— Très bien. Merci, Shion ! murmura le Lion.

Shion quitta la pièce, non sans observer une fois de plus Shaka. Aiolia, quant à lui, alla dans la cuisine pour regarder ce qu'il y avait dans les placards, et comme il le pensait, ils étaient vides. Cela devait faire plusieurs jours que son ami ne devait plus manger. Il établit une liste précise avec Eumélia, dès son arrivée et la jeune domestique partie en ville. Elle revint quelques heures plus tard, les bras chargés.

Aiolia resta près de son ami et compagnon d'arme toute la journée, ne s'absentant de la chambre qu'à de rare occasion. Shaka semblait, parfois, aux prises de cauchemars, le faisant tantôt transpirer, tantôt fier chevalier du Lion se sentait désemparé. A plusieurs reprise, il scruta Shaka dans les moindres détails. Son visage d'abord, fin et délicat. Ses lèvres fines et rosées. Ses mains filiformes et pâles. Et son corps amaigrit, il pouvait s'en rendre compte malgré le drap posé sur lui. Aiolia prit l'une des mains de son compagnon d'arme dans les siennes, constatant qu'elle était froide, le Lion se demanda ce qu'il pouvait faire pour réchauffer Shaka. Il enflamma légèrement son cosmos pour essayer de lui redonner de la chaleur, mais cela n'eut aucun effet. Il ne sut quoi faire d'autre.

A suivre…