Hi ! Un deuxième chapitre, clairement pas prévu, pour cette fic ! Il va dans la continuité du premier, bien entendu, aussi déprimant, aha. Normalement, ce sera la dernier. Mais c'était déjà sensé être un one-shot, donc je vais éviter de me prononcer. Même si là, je suis pas très inspirée pour une éventuelle suite, voilà.

Sinon, merci à Kikoo-Kiloo, Seiren-dit-pity et Miyako Shinohara pour vos reviews, qui m'ont faite très plaisir *^* J'ai conscience que mon texte un peu déprimant n'étant pas des plus attrayant, il avait peu de chance d'enclencher un quelconque postage de review, mais j'ai été ravie de voir que certaines l'avaient apprécié !

(et si je ne vous ai pas répondu, milles excuses, c'est juste pure étourderie de ma part Q_Q)

J'arrête de digresser et vous laisse la lecture, en espérant que ça vous plaise !

Remember

Noir.

Les nuages sont noirs, et ils rendent le ciel tout aussi noirs, ces imbéciles.

Comme les gens présents dans la salle qu'il vient de quitter.

Noir.

Et c'est comme si toute ces silhouettes d'invités – peut-on vraiment être invité à un enterrement ? - avaient fusionnée pour ne former plus que cette masse noirâtre et compact.

Même Nagumo était habillé en noir au fond de son cercueil en bois sombre.

Sa cravate droite, alors que lui, les rares fois où il en a mis une, la mettait toujours de travers. Le costume sans aucun plis, ni tâche de boue, alors qu'on en retrouvait souvent sur ses vêtements.

Mais malgré ça, Suzuno trouve que le costard n'est pas une tenue qui lui va. Il n'est - n'était - pas fait pour les habits chic.

Il n'en mettait pas souvent, en faite. Et pour lui, Nagumo reste cet abruti constamment en survêtement, ou en maillot de foot. Mais pas cette fois, puisque les gens doivent visiblement toujours être habillé en costar au fond d'un cercueil – volontairement, il ne pense pas ''bien'' habillé, vu que pour l'autre, être bien habillé à toujours été de s'habiller avec ces foutus survêtements.

Oh, il y avait bien eu une occasion où deux durant laquelle il s'était retrouvé obligé de mettre des costard.

« Pourquoi on y va ? On le connaissait à peine, ce type, et de toute façon, tout les enterrements se ressemblent ! »

S'il se met à entendre la voix de Nagumo, maintenant, même si elle est issue de vieux souvenirs, ce n'est pas très bon.

Mais cette phrase semble résonner dans son crâne. A cause du costard, surement, vu qu'il en portait un, lorsqu'il l'avait dite, et que l'image de Nagumo exprimant son mécontentement, le visage rouge, coincé dans cette tenue trop chic, ne semble pas vouloir le quitter.

Il se souvient aussi qu'il s'était pris une gifle bien placée de la part de Hitomiko, après avoir dit ça, et il s'était tut, après, se contentant d'un regard meurtrier. Qui n'était pas très convaincant, d'ailleurs. A cause du costard, justement.

Mais il avait raison, d'une certaine façon, tout les enterrements se ressemblent. Ce n'est que tristesse, une masse de gens silencieux, des sanglots qui résonne et un prêtre qui débite des âneries.

Et pourtant, jamais un enterrement ne lui a parut plus différent que celui-ci.

Il se dit que parfois, dans les films, des types hurlent ou cris pendant les enterrements. Parce qu'ils ont mal, qu'ils sont en colère, qu'ils ne voulaient pas que l'autre meurt.

C'est idiot. Ca n'arrive jamais dans la vrai vie. Pendant les enterrements, on se contente de d'avoir mal. Et même si on hurlait, rien ne changerait.

Rien.

Mais c'est stupide de comparer les films et la vrai vie, songe aussitôt Suzuno. Ils ne sont que dans la triste réalité.

(Et il ne sait pas, ne saura jamais, que Nagumo à pensé la même chose juste avant de mourir.)

...

Les nuages continuent de s'amonceler, mais Suzuno ne songe pas un seul instant à retourner dans la salle. Il ne veut pas. Il ne veut pas se mêler à cette masse de gens en noir – même s'il en fait déjà parti, même sans y être, parce qu'il est bien trop triste pour ne pas en être.

C'est un peu risible, dans le fond. Nagumo n'aimait pas le noir. Son monde était rouge, vif, brulant et vivant. Son monde était à mille lieu de l'ambiance pesante, étouffante de la salle qui leur sert à accueillir l'habituel pot qu'on sert après les enterrements.

Mais c'est débile. C'est son enterrement. La dernière fois qu'on pourra rassembler des gens en son nom. Pourquoi ce dernier souvenir le concernant doit être comme ça ?

Il aurait voulu hurler, peut-être, de laisser tomber tout ça, parce que c'était douloureux, c'était inutile, et que ça ne lui ressemblait pas, après tout. Mais c'était lui qui hurlait pour exposer ses pensées à la face du monde, et faire la même chose ne le fera pas revenir.

Il hurlait tout le temps ou presque, ce con.

A côté de lui, qui restait silencieux, il exprimait ses émotions pour deux – voir pour trois, parfois.

« Ta mère est venue ?! »

Cette fois encore, il avait hurlé. Il aurait dû être celui qui aurait dû le faire. Qui avait eu envie de le faire, qui s'était tut. Malgré sa colère, et sa tristesse envers sa génitrice.

Mais Nagumo était arrivé, et il avait hurlé les mots qu'il aurait voulu exprimer, et même si c'était bête et injustifié, ça lui avait fait assez de bien pour qu'il lui accorde un petit sourire – mais juste un petit.

C'était Nagumo, après tout.

Il restait lui.

« Je reste moi, je reste moi...Ca veut rien dire tes conneries ! »

Pour lui ça avait toujours voulu tout dire – on ne définissait pas Nagumo.

Et cette deuxième phrase est comme le petit quelque chose en trop qui fait exploser le barrage, et ce sont des souvenirs qui affluent, des idioties, toutes ces petites choses qui faisaient qu'il était un imbécile – mais qu'il restait fidèle à lui-même.

« Pourquoi c'est l'équipe de Gran qui a été nommée Génésis ?! »

Parce que nous, nous n'étions pas assez bon.

« Bordel, j'arrive pas à croire qu'on ai encore perdu contre Endou ! »

Moi non plus.

« Eh, fais pas trop ton fier, tu vas voir, la prochaine fois, je t'exploserais, alors sois prêt ! »

Moi aussi, j'aurais adoré qu'il y ait une prochaine fois.

...

Lui n'avait pas lâché une seule larme. Personne ne lui avait fait remarquer, pas plus qu'on ne lui avait parlé de ses yeux rouge et secs d'avoir déjà trop pleuré. Avant. Lorsqu'il n'y avait personne – enfin, si, Aphrodi était passé le voir à certains moments, mais Aphrodi ne comptait pas.

Il doit être le seul qui n'a pas sangloté durant la quasi-totalité de la cérémonie. Ce qui ne l'empêche pas de n'avoir, comme unique souvenir de ladite cérémonie, qu'un brouillard flou de paroles qu'il n'a pas capté.

« Il ne faut pas prendre cet événement comme la célébration de sa disparition, mais comme une ode à sa vie. »

C'est la seule phrase qu'il a retenu de part du prêtre. Peut-être la seule qu'il a entendu. Mais dès qu'elle a franchie les lèvres du vieil homme pour résonner dans le silence de l'endroit, il a eu envie de le frapper. Monter devant l'autel, pour lui gueuler d'arrêter avec ses belles phrases surfaites.

Il n'y a qu'une seule vérité, c'est qu'il est mort. Et que l'on y peut rien.

L'on y peut rien mais merde, ça fait mal.

...

Il se souvient de Nagumo.

Et c'est étrange à quel point c'est calme, comme souvenir, en comparaison de tout ce qu'il a pu se remémorer précédemment.

Il est dos à lui. Debout, alors que lui est assis. Et de la voix qu'il prend parfois, presque uniquement quand il est sérieux – plus sérieux qu'à l'ordinaire, en tout cas – il lui dit :

« Tu restes là, et je prends le relais, t'inquiète. »

C'est tellement lui. De jouer les héros. De faire son intéressant. C'était lors d'un match de foot, à n'en pas douter. Et s'il voit la silhouette de Nagumo de façon très nette, il est incapable de dire quel maillot il porte.

C'était peut-être avec les Fire Dragons. Ou à Sun Garden. Lors d'un entrainement. D'un match. Lors de Chaos. Avant tout ça. Ou même après. Il ne sait même plus. Il a passé trop de temps avec lui pour pouvoir comptabiliser le nombre de fois où ce moment à pu se dérouler.

Il est resté longtemps avec Nagumo, finalement. Pour deux mecs sensés se détester, ils ne devaient pas être convaincants.

« Nagumo, et toi, je suis sûr que vous ne vous détestez pas autant que vous le dites ! Vous étiez bien ensembles l'autre jour, non ?

Ah, ça ? Mais c'était rien, ça. »

En effet, ce n'était rien.

Un tout petit rien bien réel, et tout ces souvenirs de Nagumo, tout ces petits rien, il faut croire qu'ils sont plutôt bien ancrés dans sa mémoire.

Si bien que finalement, tout ces petits rien, formaient un ensemble de quelque chose qui était tout, sauf rien. Mais ça, il ne pourra pas lui dire. C'est un peu con de ne s'en rendre compte que maintenant.

Il se met à pleuvoir. Une goutte tombe sur son visage, au coin de son oeil, et suit ce chemin déjà emprunté par des dizaines et des dizaines de larmes.

Putain.

Même la météo se fiche de lui.

Ou alors peut-être qu'elle veut l'aider.

Après tout, maintenant qu'il pleut, personne ne peut voir les larmes qui ont recommencées à couler sur ses joues, n'est-ce pas ?