Tout d'abord, merci à tous pour vos critiques positives de ma première fic, Me and the Dragon.

Voici la deuxième et j'espère qu'elle vous plaira autant.

Elle est beaucoup plus courte, donc je la publie en une fois. C'est toujours du drarry et c'est toujours (très) guimauve. Vous voilà prévenus !

Bonne lecture !


Disclaimer : tous les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling

Rating : M - slash/yaoi - HPDM


Chapitre 1

- Ginny ! C'est moi ! Je suis rentré !

Il était 21h30 et Harry Potter venait de passer la porte de sa maison. Il avait transplané devant le perron et les quelques mètres qui le séparaient de la porte d'entrée suffirent à le faire greloter. Ce mois de novembre était décidément épouvantablement froid et humide.

La chaleur de son foyer le réconforta immédiatement.

Depuis 5 ans, il vivait avec Ginny dans un petit manoir de Godric's Hollow.

Il l'avait acheté sur l'insistance de la rouquine. Au départ, il ne souhaitait pas vivre dans ce village où il était né et surtout, où ses parents étaient tragiquement décédés. Tout ça lui rappelait trop de souvenirs douloureux, le renvoyait à la perte de tant de personnes qui lui étaient chères.

Il finit cependant par faire abstraction de l'histoire et apprécier la jolie demeure que Ginny avait décorée avec beaucoup de goût.

Il se débarrassa de son manteau et de ses chaussures dans l'entrée.

- Ginny ?

La maison était silencieuse. Les lumières étaient éteintes dans la plupart des pièces sauf dans le salon qu'il gagna immédiatement.

Il trouva Ginny pelotonnée dans le grand sofa beige clair, une tasse de thé entre les mains. Un feu ronflait agréablement dans l'âtre.

- Bonsoir ma belle, dit-il en se penchant vers elle et en l'embrassant tendrement.

Elle ne répondit pas, se contentant de se lever pour aller vers la cuisine.

Harry la suivit dans la pièce. Elle s'affairait devant le plan de travail.

Harry lui enlaça la taille par derrière et nicha sa tête dans le cou de la jeune femme, respirant son doux parfum de fleurs qu'il connaissait si bien.

- Qu'y a-t-il ma chérie ?

- Ce qu'il y a Harry ? Dit-elle en se dégageant. C'est que j'en ai franchement assez de te voir rentrer à des heures impossibles ! J'ai encore une fois dîné seule ce soir !

Harry soupira. Cette discussion revenait un peu trop souvent à son goût ces dernières semaines. Calmement, il répondit :

- Ginny, tu sais bien que je ne décide pas quand une enquête est terminée ou non ...

Ginny souffla avec exaspération.

- Je sais mais tu pourrais très bien laisser une partie du travail à tes hommes ! A quoi ça sert que tu sois devenu Chef des Aurors si c'est pour continuer à trimer comme les autres ?

A ce stade-là de la conversation, Harry était franchement agacé. Il adorait son travail et ne supportait pas qu'on lui dise comment le faire !

- Ecoute Gin', on a déjà eu cette conversation des dizaines de fois. J'aime mon travail ! Le fait que je sois devenu Chef des Aurors ne change rien à mon implication dans mes enquêtes ! C'est comme ça que j'ai gagné le respect de mes hommes !

- Ton travail ! Tes enquêtes ! Tes hommes ! Et moi là-dedans ? Je suis où moi ? Je suis ta femme Harry ! Et je passe toujours après ton boulot ! Et j'en ai marre ! Ça doit changer !

Sur ces mots, elle quitta la pièce et monta s'enfermer dans sa chambre.

Harry se servit un whisky pur feu et regagna le salon. Il aurait pu la suivre, lui demander pardon et lui dire qu'il ferait un effort. Mais la réalité, c'est qu'il n'avait pas envie de faire d'effort. Pourquoi elle, n'en faisait-elle pas ?

Il s'installa par terre, sur la moquette, devant la cheminée. Regarder danser les flammes l'apaisait et l'aidait à réfléchir. Et comme souvent ces derniers temps, il se remémora comment il en était arrivé là.

Après la guerre, en qualité de Sauveur, Harry avait reçu d'autorité du Ministère une dérogation lui permettant d'accéder, sans ses ASPICs, à l'Académie des Aurors. On lui avait même offert la possibilité d'obtenir son diplôme en 3 mois au lieu des 3 ans requis.

Harry, déjà gêné d'intégrer la prestigieuse école sans ses ASPICs, avait refusé tout autre traitement de faveur. Finalement, après d'âpres négociations et compte tenu de ses indiscutables aptitudes, il accepta que sa formation se limite à un an.

Ses amis de toujours Ronald Weasley, Seamus Finnigan et Dean Thomas bénéficièrent également de ce régime de faveur réservé aux « héros de guerre » sans toutefois rouspéter autant.

Après la chute de Voldemort, le poste de Ministre de la Magie avait été confié à Arthur Weasley. Le monde sorcier tout entier avait salué ce choix qui sonnait comme une rupture avec les pratiques politiciennes d'autrefois. Tout le monde connaissait et appréciait la personnalité d'Arthur.

De fait, il s'était directement montré à la hauteur de sa tâche.

Entre autres réalisations, Arthur Weasley avait réussi très vite à faire admettre par le monde sorcier le recours aux technologies moldues. Ainsi, l'électricité avait été installée dans presque tous les foyers et les sorciers étaient devenus accros aux écrans plats, aux chaînes HIFI, aux ordinateurs et aux téléphones portables.

Mais sa toute première grande action ministérielle fut de réorganiser la Prison d'Azkaban et d'en confier la garde à des sorciers et non plus aux Détraqueurs.

Dans la foulée, il donna au Bureau du Procureur, au Bureau des Aurors et au Magenmagot des moyens supplémentaires pour entamer les poursuites contre les Mangemorts et autres adeptes du Lord Noir encore dans la nature.

Les premiers à subir les effets de la nouvelle machine judiciaire furent ceux qu'on avait surnommé les « Neuf grands », étant les plus proches partisans du Seigneurs des Ténèbres : Mulciber, Avery, Nott, Crabbe, Goyle, Lestrange, McNair, Dolohov et surtout « le » bras droit de Voldemort, Lucius Malefoy.

Ils furent tous condamnés à la prison à perpétuité, ainsi que leurs épouses qui n'étaient parfois pas les moins fanatiques.

Quant à leurs enfants, il fut acquis à la suite d'un long procès qu'ils avaient reçu la Marque des Ténèbres uniquement par la volonté de leurs parents et non par choix assumé de devenir mangemorts. Ce qui était d'autant plus avéré dans le chef de Draco Malefoy qui, bien avant la bataille finale, avait demandé à rejoindre l'Ordre du Phoenix avec Blaise Zabini.

Fort de ces éléments, le Magenmagot avaient prononcé l'acquittement de Grégory Goyle, Théodore Nott, Draco Malefoy et Blaise Zabini.

Et là, curieusement, le Ministre de la Magie prit une décision qu'Harry ne comprit absolument pas. Nonobstant leur acquittement, tous les quatre furent contraints à l'exil pendant 7 ans. Il s'agissait d'une mesure exceptionnelle qui pouvait être prise d'autorité par le Ministre, hors du contrôle du pouvoir judiciaire, pour des raisons liées à la sûreté publique.

Harry en avait parlé à Arthur un soir où il dinait chez les Weasley. Le Ministre avait donné une réponse assez vague suivant laquelle il fallait donner à la population sorcière un signe fort, surtout vis-à-vis de Malefoy à qui on pardonnait difficilement les faits et gestes de son père.

Au final, il semblait toutefois embarrassé par la question. Ne voulant pas gêner inutilement son futur beau-père, Harry n'avait plus insisté.

Dans l'intervalle, Harry qui avait terminé sa formation accélérée, avait intégré le Bureau des Aurors. Il avait gravi les échelons à une vitesse phénoménale. Et aujourd'hui, à 26 ans, il était le plus jeune Chef des Aurors jamais nommé.

Bien sûr, personne ne mettait ses qualités et ses compétences en doute. Après tout, il était le Sauveur, celui qui avait vaincu Voldemort. Mais le temps passant, il remarquait que les commentaires sur sa prodigieuse ascension se faisaient plus nombreux. Dernièrement, il avait surpris une conversation de couloir de laquelle étaient ressortis les termes « beau-fils du Ministre », « pas étonnant » et « passe-droit ».

Cela l'avait fort affecté parce que s'il était une chose qu'Harry avait toujours détesté, c'était sa célébrité et l'hypocrisie qu'elle générait.

Ainsi, le jour où Harry apprit qu'il allait être nommé Chef des Aurors, il se rendit sans attendre auprès du Ministre.

- Arthur, je ne veux pas de ce poste ! Je suis beaucoup trop jeune !

- Voyons Harry ! Tu es le plus qualifié ! Jamais je ne t'aurais permis d'accéder à ce poste si je ne t'en croyais pas capable.

- Il n'y a eu aucun test de sélection ! Comment pouvez-vous savoir si j'en suis capable ?

- Le taux de réussite de tes enquêtes parle pour toi !

- Ces enquêtes, je les ai menées à bien avec l'aide de mes coéquipiers ! Pourquoi serais-je plus qualifié qu'eux ? Plus qualifié que Ron, Dean ou Seamus ?

Arthur soupira et un éclair de lassitude passa dans son regard.

- Ecoute Harry. Tu te donnes à fond dans ton travail et c'est formidable. Ton équipe a le meilleur taux de réussite de tout le Bureau. Le Procureur ne tarit pas d'éloges à ton égard. Je suis très fier de toi ... Mais Ginny, ma petite Ginny, elle se plaint que tu n'es jamais là. Elle t'aime tu sais. Elle voudrait que tu lui fasses un enfant et elle me dit que ce boulot est en train de briser votre vie de couple ...

- QUOI ? Mais ... Arthur, sauf votre respect, tout ça ne vous regarde pas ! Et je suis consterné non seulement que Ginny aille se plaindre chez vous mais qu'en plus, vous preniez des décisions me concernant sans même m'en parler !

- Harry, le bonheur de ma petite fille compte plus que tout. Le poste de Chef des Aurors te permettra de te consacrer à ta famille sans te désintéresser de ton travail... Je pense que c'est un bon compromis.

- Je ne veux pas d'un compromis ! Je refuse le poste tant qu'un test de sélection n'a pas été organisé ! ... Et Arthur, une dernière chose : je refuse qu'on se mêle de mes affaires !

Il partit en claquant la porte.

Le soir même, Harry connut sa première grosse dispute avec sa femme.

- Comment as-tu osé aller te plaindre chez ton père ? Comment as-tu osé lui demander que je sois nommé Chef ? Tu n'as donc aucun respect pour moi ? S'énervait-il. C'est ma vie Ginny et je refuse qu'on décide toujours tout pour moi !

- Il s'agit aussi de ma vie Harry ! Et je ne t'ai pas épousé pour que tu sois un vulgaire rond-de-cuir dans un ministère !

- QUOI ? Non mais tu t'entends ! J'aime mon métier Ginny ! Comment peux-tu être aussi méprisante ?

- Tu es le Sauveur Harry ! Et tu n'as aucune ambition ! C'est Ministre de la Magie que tu devrais devenir et pas ...

- ET PAS QUOI ? CE QUE TU VEUX GINNY, C'EST PARADER AVEC MOI A TON BRAS COMME UN TROPHEE !

- J'AI SACRIFIE MA CARRIERE DE JOUEUSE DE QUIDDITCH POUR TOI !

- ET JE NE TE L'AI PAS DEMANDE ! J'ETAIS HEUREUX POUR TOI ! J'ETAIS HEUREUX DE TON SUCCES ! POURQUOI NE L'ES-TU PAS POUR MOI ?

C'était la première fois qu'Harry en venait à douter de la sincérité de Ginny à son égard. Lui qui avait toujours pensé qu'elle l'aimait pour lui et non pas pour ce qu'il représentait, il n'en était plus aussi sûr.

Finalement, Arthur Weasley dut se résoudre à organiser un test de sélection, ... qu'Harry remporta haut la main. Il ne put donc plus refuser d'être nommé Chef des Aurors et les mauvaises langues en furent pour leurs frais.

Il en était là de ses réflexions quand il décida de monter se coucher. Il était crevé. Demain serait une dure journée : un groupe de renégats fanatiques de Voldemort sévissait dans le nord du pays et Harry avait enfin une piste quant à leur lieu de rendez-vous.

Avant d'entrer dans la chambre, il passa par la salle de bain prendre une longue douche. S'il prenait suffisamment de temps, Ginny serait endormie et il ne serait pas obligé de lui faire l'amour.

Debout sous le jet brûlant, il se demanda depuis quand il s'arrangeait pour ne plus devoir toucher sa femme.

Un bon moment à vrai dire.

S'il voulait être parfaitement honnête avec lui-même, il dirait que le sexe ne l'avait jamais enthousiasmé plus que ça. A tout le moins avec Ginny mais comme elle était la seule femme qu'il ait jamais connu, la comparaison s'arrêtait là.

Ginny et lui s'étaient mis ensemble un an avant la guerre. Et tout naturellement à la fin de celle-ci, il l'avait demandée en mariage. C'est ce que tout le monde attendait de lui et donc, il le fit.

Au début de leur mariage, Harry s'appliquait à honorer son épouse avec passion. Il remarqua cependant bien vite qu'il n'agissait pas de manière naturelle. Il se forçait à traduire un empressement qu'il ne ressentait absolument pas.

Ginny finit même par l'agacer. Elle gémissait trop fort, de sa voix trop haut perchée et ses contorsions lascives devenaient franchement obscènes au goût de Harry.

Harry était appuyé contre le mur carrelé de la cabine de douche, l'eau ruisselant toujours sur lui.

Il coupa le jet d'eau et tendit l'oreille vers la chambre à coucher. Ses sens aiguisés d'Auror lui permettait de reconnaître la respiration régulière d'un dormeur et c'est exactement ce qu'il entendait. Il serait tranquille pour cette nuit.

En se séchant et en enfilant un bas de pyjama et un t-shirt, Harry se prit néanmoins à espérer que ses songes l'emmènent une fois de plus dans ce qu'il appelait son Paradis Interdit.

Car Harry Potter avait un secret. Chaque nuit ou presque, dans l'intimité de ses rêves, il visitait un monde de sensualité sauvage, de sexualité débridée, où les corps à corps étaient passionnés, et les ébats brutaux. Chaque nuit ou presque, il rêvait d'un corps fin, dur et pâle, couvert de sueur, et d'une voix rendue rauque et basse par le plaisir. Au petit matin, seuls ses draps restaient les derniers témoins de la ferveur de sa nuit.

La première fois que ce « phénomène » se produisit, peu après son mariage avec la rouquine, Harry avait été mortifié par ce comportement digne d'un adolescent. Puis il s'était résigné. Mais maintenant, il en venait à espérer presque toutes les nuits rejoindre son paradis interdit.

La seule à qui il avait osé en parler, non sans une gêne incommensurable, c'était Hermione.

Fort heureusement, sa meilleure amie, médicomage de son état, avait l'habitude d'analyser les faits et rien que les faits sans état d'âme. C'est donc avec une rigueur toute scientifique qu'elle dit à Harry :

- Ecoute, Harry. Ne le prends pas mal mais t'es-tu déjà demandé si tes préférences n'allaient pas aux hommes ?

- Quoi ? Non, non, pas du tout ! Enfin, Hermy ... J'aime Ginny, je ne suis pas ...

- Je crois que tu devrais consulter un psychomage Harry. Il me semble clair que ton subconscient essaye d'exprimer quelque chose. Je vais te recommander un excellent confrère, le docteur Pierre Jung.

Cette conversation datait déjà d'il y a quelques semaines mais Harry n'avait pas encore pris rendez-vous. Il n'arrivait pas à s'y résoudre.

- Harry, tu es allé voir le docteur Jung ? Demanda un jour Hermione

- Non, pas encore ...

- Tu as peur de ce que tu pourrais apprendre ?

- Non ! ... oui, peut-être. Que dirais-je à Ginny, à Ron ?

- Ne te préoccupe pas de ça pour le moment. Prends rendez-vous !

- Mais Hermy, si j'étais gay, je l'aurai su à Poudlard, non ? Je partageais mon dortoir avec 5 autres garçons ...

Mais Hermione ne répondit pas. Elle se contenta de regarder Harry avec un mélange d'inquiétude et de consternation.

Dans son lit, Harry sentait le sommeil le gagner. Il souriait : dans son subconscient flottait une douce odeur d'orange amère, annonciatrice de mille et un plaisir dans le paradis interdit.


Harry se laissa tomber lourdement sur sa chaise. Il frappa son bureau d'un geste rageur.

- MERDE, MERDE et MERDE ! Des semaines qu'on prépare cette opération ! Des semaines ! Et pour quel résultat ? RIEN !

- Harry, calme-toi, lui dit Ron. Ce n'est pas la première fois qu'on fait chou blanc avec les renégats. On finira par les avoir !

- Je sais Ron mais c'est frustrant ! Ils semblent toujours avoir une longueur d'avance sur nous. Je vais finir par penser qu'ils sont renseignés de l'intérieur !

- Tu crois ? Interrogea Ron sérieusement

Depuis la guerre, Ron avait bien changé. Il n'était plus le grand benêt, copain du célèbre Harry Potter. Il avait fait ses preuves pendant la guerre et il excellait dans son métier d'Auror. Et il avait surtout gagné en maturité. Pour le faire enrager, Harry lui disait souvent qu'Hermione, avec qui il était marié depuis 4 ans, avait déteint sur lui.

- S'ils sont renseignés de l'intérieur, on n'est pas dans la merde repris Ron. Tu crois qu'on devrait se pencher sur la question ?

- Ouais, je pense bien. Des soupçons ?

- Pffff... dans notre équipe, je ne veux pas y croire.

- Moi non plus ... Bon soyons méthodiques. Dressons tout d'abord la liste de ceux qui ont accès à l'information.

- Bonne idée !

A ce moment, une note volante urgente fit irruption dans le bureau de Harry.

- Pffff... c'est ton père ! Il veut me voir immédiatement ... Désolé Ron, il faut que je te laisse.

- Pas de problème ! A plus !

Harry traversa les couloirs pour enfin arriver devant la porte rouge capitonnée des bureaux du Ministre de la Magie.

- Bonjour Arthur, vous vouliez me voir ?

- Bonjour Harry, merci d'être venu si vite. Tu connais Peter Markov, Chef des US ...

- Oui, on se connaît. Bonjour Peter.

- Bonjour Harry.

Les US, ou unités spéciales, étaient un petit groupe de baguettes d'élite, spécialement formées pour intervenir dans les situations de crises, telles que prises d'otage ou forts chabrol. Ils assuraient également la protection rapprochée de dignitaires étrangers. Un temps après sa formation d'Auror, il avait été question pour Harry d'intégrer ce groupe mais Ginny en avait fait une crise de larmes, prétendant qu'elle refusait de vivre dans la crainte qu'Harry se fasse tuer.

- Bien Harry. Voilà la situation. Tu sais qu'il y a sept ans, j'ai ordonné l'exil des fils de trois des neuf grands, en plus de Blaise Zabini. La période d'exil est officiellement terminée aujourd'hui et ils rentrent demain en Angleterre. Pendant leur exil, deux d'entre eux ont acquis des compétences impressionnantes qui leur permettent de prétendre à un haut poste au sein de nos institutions. Ils ont passé les examens avec succès sous des noms d'emprunt et je n'ai aucun motif pour m'opposer à leur nomination. Ils seront donc accueillis avec les honneurs lors d'une réception organisée par le Ministère ce samedi.

- D'accord. Et qu'est-ce que je viens faire là-dedans ?

- Eh bien, Peter et moi craignons que l'un d'entre eux ne soit menacé par les renégats parce qu'il a tourné le dos à Voldemort, à son père et ses idéologies ...

- Bien. Je suppose qu'on parle de Malefoy, là. Mais qu'attendez-vous de moi au juste ?

- Il s'agit en effet de Draco Malefoy. Et je souhaite que tu sois présent à la réception de samedi pour l'encadrer et le surveiller. Peter et ses hommes seront là pour intervenir le cas échéant. Mais je te demande de préparer dès à présent sa protection avec Peter et son groupe.

- Arthur, c'est impossible ! Je suis sur l'affaire des renégats ! On a des pistes et je ne peux pas tout laisser tomber pour baby-sitter Malefoy !

- Je vais confier la direction de l'opération Renégats à Ron. Toi tu te consacres à l'organisation de la réception et à la protection de l'héritier Malefoy. Les questions de protocole sont du ressort du Chef des Aurors.

Harry serra les poings de frustration. Il ne put cependant s'empêcher d'ajouter :

- Arthur, j'espère vraiment que votre décision de me confiner à des tâches administratives et de protocole ne vous a pas été dictée par une tierce personne ...

Devant la mine contrite du Ministre et ses yeux baissés, Harry sut qu'il avait vu juste. Ginny.

- C'est un ordre Auror Potter, dit simplement Arthur.

Harry quitta la pièce en claquant la porte – encore.


De retour dans son bureau, il enrageait littéralement.

- Désolé Harry ... dit Ron un peu piteusement. Je viens de l'apprendre par une note interne.

- Je ne t'en veux pas Ron ... à tout prendre, je préfère que ce soit toi qui diriges l'opération. C'est toi qui en sais le plus ...

Harry s'affala dans son fauteuil en cuir et se passa la main dans les cheveux en soupirant.

- Harry ? ... c'est ma soeur, c'est ça ? Demanda le roux avec perspicacité

- On s'est disputé hier soir. Elle me reproche de rentrer à pas d'heure ... je me demandais combien de temps elle mettrait avant d'aller se plaindre chez son père ... eh bien, ça n'a pas tardé !

- Je comprends que tu râles ... je n'accepterais pas qu'Hermione m'empêche de faire le boulot que j'aime ...

- Ouais, sauf que le père d'Hermy n'est pas Ministre de la Magie. Tu peux l'envoyer paître si tu veux ... ragea Harry.

- Je peux essayer de lui parler si tu veux ... bien que ça ne servira pas à grand-chose. Depuis la guerre, il est devenu complètement gâteux avec Ginny. Maman dit que c'est à cause de la mort de Fred ...

- Je ne sais pas à cause de quoi il agit comme ça mais crois-moi Ron, je ne vais pas pouvoir supporter ça longtemps ...

Ron contemplait le désarroi de son ami.

- Harry, c'est ma soeur et je l'aime plus que tout. Mais toi tu es mon meilleur ami et je ne veux pas que tu te détruises à petit feu parce que Ginny fait n'importe quoi !

Harry sentit une vague de soulagement le submerger.

- Merci Ron ! T'as pas idée ... dit-il en lui donnant une accolade.

- Pas de problème vieux !

- Bon, voilà ce que je te propose. Je m'occupe cette semaine de cette satanée réception mais toi, tu me briefes régulièrement sur l'avancée du dossier Renégats, histoire que je ne perde rien en route. D'accord ?

- Oui, Chef !

Et Ron partit en claquant les talons et en faisant un salut militaire.

Harry souriait. Si Ron le soutenait, peut-être allait-il enfin voir le bout du tunnel. En attendant, autant s'atteler à sa mission. Au plus vite il aurait fini, au plus vite il retournerait à ses enquêtes.

Il ouvrit le dossier noir posé sur son bureau à son attention. Il contenait deux sous-fardes.

La première concernait Blaise Zabini. Il regarda la photo qui ornait sa fiche d'identification. Blaise n'avait pas vraiment changé. A Poudlard, il était déjà un bourreau des cœurs. Grand et mince, il avait une jolie couleur de peau chocolat au lait héritée de sa mère d'origine égyptienne. Mais le plus impressionnant était ses yeux bleus verts hérités de son père italien.

Sur la photo sorcière qu'Harry tenait entre les mains, le métis souriait malicieusement et adressait un imperceptible clin d'oeil à l'objectif. Toujours aussi séducteur ...

Harry lut sur sa fiche qu'il avait suivi une formation en relations internationales aux Etats-Unis et qu'il avait réussi le concours diplomatique. Il parlait parfaitement plusieurs langues étrangères et allait être désigné par le Ministère comme sorcier ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris.

Pour la millième fois, Harry se dit que l'exil du métis était totalement incompréhensible. Aucun de ses deux parents ni des sept autres maris de sa mère n'avaient été proches de Voldemort. Finalement, son seul crime était d'être le meilleur de Draco Malefoy ...

En parlant de Malefoy, Harry ouvrit la deuxième sous-farde.

Une photo sorcière était également jointe au dossier. Le blond était assis dans un grand siège en cuir vert bouteille, ses bras nonchalamment posés sur les accoudoirs. Il portait un costume trois pièces gris anthracite coupé sur mesure. Harry se demanda comment il était possible de dégager autant de classe et de puissance en étant simplement assis.

Ses yeux gris orage scrutait l'objectif, le menton relevé. Il ne souriait pas.

Harry se prit à contempler la photo plus longtemps que nécessaire, à la recherche des moindres détails, des moindres changements.

Bien sûr, le blond semblait toujours aussi hautain, arrogant et imbu de lui-même. Mais quelque chose dans son regard avec changé. Ses yeux étaient plus profonds, plus chauds. Il était clair également qu'il avait pris en musculature. Les traits de son visage, pourtant toujours fins et aristocratiques, étaient plus marqués. La ligne de sa mâchoire était plus forte.

Merlin, il est toujours aussi beau, songea Harry en se reprenant tout de suite après.

Pourquoi toujours ? Depuis quand trouvait-il que Malefoy était beau ?

Il délaissa la photo pour la fiche d'identification.

Son passé de fils de mangemort y était relaté en détails ainsi que son ralliement tardif à l'Ordre du Phoenix.

Durant son exil aux Etats-Unis, manifestement en compagnie de Blaise, il avait obtenu son diplôme de chirurgien médicomage, spécialisé en neurochirurgie.

Avec les mains qu'il a, pas étonnant, se dit Harry qui observait de nouveau la photo et plus particulièrement les doigts, fins et longs qui reposaient sur les accoudoirs.

Il était également Maître des Potions et avait suivi une formation en psychiatrie médicomagique.

Harry savait que Malefoy était un étudiant brillant à Poudlard mais à ce point là ...

Il avait obtenu le poste de Chirurgien en Chef à l'Hôpital Sainte-Mangouste.

Harry referma le dossier dans un soupir non sans avoir jeté un dernier coup d'oeil au visage pâle de Draco Malefoy.


De retour chez lui à une heure raisonnable, Harry se rendit directement dans son bureau à l'étage.

Ginny apparut sur le seuil quelques secondes plus tard.

- Harry ? Tu rentres tôt ! Ça me fait plaisir, dit-elle d'un ton enjôleur en venant s'asseoir sur ses genoux.

Le brun la repoussa sans ménagement.

- C'est la dernière fois que tu vas te plaindre chez ton père de mon emploi du temps Ginny ! Tu m'entends ? La dernière fois !

- Mais Harry ... commença-t-elle un sanglot dans la voix. Je t'aime, tu me manques ... je te vois si peu ...

- Tu m'aimes ? Laisse-moi rire ! Je vais te dire une chose Ginny : recommence encore une fois et je passe cette porte de manière définitive ! Tu m'as compris ?

Devant la mine on ne peut plus sérieuse de son mari, Ginny opina du bonnet et rebroussa chemin.

Cette fois elle avait été trop loin et elle avait intérêt à être plus stratégique à l'avenir. Elle rangea la fiole de potion de fertilité qu'elle tenait dans sa poche : elle n'obtiendrait pas les faveurs de son mari ce soir.

Elle s'exhorta cependant au calme. Elle connaissait Harry. D'ici quelques jours, tout redeviendrait comme avant.

Elle ne pouvait pas se tromper davantage.