Mentir, moi, jamais ! La vérité est bien trop amusante ! - Steven Spielberg.


«Poudlard - 11:01»

Le ciel était gris de nuages en ce mois de septembre. Cela faisait bientôt un mois que l'école de sorcellerie avait rouvert ses portes et cela faisait un mois également que la pluie ne cessait de tomber sur le domaine. La gaieté apportée par la rentrée s'estompait de jour en jour et ce temps grisâtre aidait à dégrader le moral de la plupart des élèves. Où que l'on soit dans ce grand château, et à moins de lancer des sorts d'insonorisation, on entendait les grosses gouttelettes d'eau tomber frapper le toit, les murs et les vitres de la bâtisse.

Ce dimanche-là ne faisait pas exception. Les habitants de Poudlard profitaient de cette journée de repos pour se détendre au chaud à l'intérieur. Toutefois, un vacarme impressionnant provenant des cachots venait interrompre la quiétude dominicale. En effet, au plus profond des entrailles de Poudlard s'élevaient les voix agacées de Hermione Granger et Drago Malefoy. Les deux élèves étaient enfermés dans la salle de potion afin d'effectuer les heures de colle qui leur avait été donné.

« – Espèce de fouine ! grogna Hermione en récurant avec force le fond d'un chaudron. Je n'arrive pas à croire que je sois bloqué ici, avec toi, alors que je pouvais respirer un air digne ce nom !
– Tu vas le répéter combien de fois encore, Granger ? soupira Drago avec lassitude. Après tout, je ne t'ai jamais dit de me menacer avec ces stupides véracrasses.
– Ton maudit parrain n'a-t-il jamais daigner t'apprendre qu'il ne fallait jamais déconcentrer une personne en pleine préparation de potion, surtout si c'est pour te moquer !
– C'est tellement facile de te faire sortir de tes gonds, je n'y peux rien ! ricana-t-il de son côté.
– On a failli faire exploser la classe si Parkinson n'avait pas éteint le chaudron à temps ! Exploser la classe,Malefoy ! Et je m'emballe pour rien ?! s'exclama la brune en jetant avec rage l'éponge souillée sur la table.
– Ce n'est pas arrivé que je sache ! Personne n'a été blessé, la salle n'a pas explosé ! Drago leva les yeux au ciel, comme ennuyé par Hermione.
– Facile à dire pour un serpentard, tu as fait perdre 30 points à notre maison avec tes conneries. Et si Rogue me lance à nouveau ce regard... marmonna la brune d'un air sombre
– Arrête de râler, bon sang ! Ces chaudrons ne vont pas se récurer tout seuls ! »

Hermione assassina du regard Drago et loucha sur l'éponge qui gisait sur la table. Il ne lui fallait faire qu'un mouvement pour la lancer sur la tête de ce blond. Elle l'a prit entre ses doigts, la serra si fort qu'un jus brunâtre en sortit. Elle prit une longue respiration, compta jusqu'à dix, et reprit son dur labeur. Cela faisait déjà cinq heures qu'ils étaient dans cette salle et une heure l'attendait encore. Elle ne souhaitait pas sacrifier ne serait-ce qu'une heure de plus sous prétexte qu'elle ne s'était pas contrôlée, encore une fois.
Elle lança un dernier regard torve au garçon en se remémorant de la scène.


La classe de sixième année avait potion plus tôt dans la semaine. Drago, faisant équipe avec Pansy, coupait en lamelle des feuilles de saule, et profita pour se moquer d'Hermione qui était leur voisine de paillasse. Celle-ci, déjà agacée par sa potion qui n'avançait pas assez vite à son goût à cause de Neville, s'insurgea et commença à le menacer avec la seule chose qu'elle tenait entre ses mains à ce moment-là : un véracrasse.

Lorsque le blond vit la pauvre créature se tortillant dans les mains d'Hermione, dégoulinant de bave, il ne put s'empêcher de rire. Ce n'état même pas un rire moqueur, il trouvait au contraire la situation plutôt amusante et franchement ridicule.

Hermione ne le vit pas de la même façon, se yeux se plissèrent sous la colère et, fière comme un Hippogriffe, elle lança la bête sur le visage du Serpentard. La chose visqueuse atterrit sur le front de Drago, coula tout doucement sur son visage, glissant de son front, jusqu'à ses lèvres en passant par son nez puis, dans un léger "plouf", termina dans la potion qu'il partageait avec Pansy.

La Gryffondor avait vu l'action, avec horreur, tel un ralenti de film dramatique. La potion bleuâtre jusqu'à maintenant tourna brusquement au rose après l'ajout du nouvel ingrédient. Le liquide commença à produire de grosses bulles, et déborda soudainement en s'attaquant au bois de la table comme le ferait de l'acide.

Pansy fit la première chose qui lui vint à l'esprit : choquée, elle éteignit le feu à l'aide de sa baguette. La substance rose, quant à elle, commença à attaquer le fond du chaudron ainsi que la table qui se trouvait au dessous, y créant un trou difforme.

Inutile de décrire la colère noire dans laquelle Rogue était entrée. Alors qu'il commençait à élever la voix, le chaudron explosa, suivi par la table et tous les objets qui étaient entré en contact avec ce curieux liquide rose. Alors que la panique prenait les élèves, Drago éclata de rire devant la situation grotesque : tout cela à cause d'un petit véracrasse.
Lorsque la salle fut évacuer, Rogue dérogea à sa règle suprême : ne jamais punir les serpentard. Les dégâts étaient tels qu'il insulta autant Hermione que Drago et leur donna à tout les deux pas moins de six heures de colle. Il enleva toutefois des points uniquement aux Rouge et Or, comme à son habitude.

Voilà comment ils en étaient arrivé à récurer les chaudrons à l'aide d'éponges et de brosses antédumbledorienne. Rogue avait prit soin de bloquer tout sort de nettoyage de leur baguette pour que les deux élèves puissent profiter pleinement de ces six heures.


Il ne pouvait pas le cacher : Drago écoutait avec un plaisir certain les râles de la Gryffondor. On aurait pu croire que cinq heures après il se serait lassé, mais pas du tout. Ayant assez de ce sourire en coin qu'elle devinait sans voir réellement son visage, Hermione décida de faire léviter ses chaudrons jusqu'au fond de la salle pour les nettoyer au plus loin du blond et de son aura épuisante.

Quelques minutes après avoir entendu le vacarme de ce déménagement, Drago s'autorisa à jeter un regard discret à la jeune fille. Il la vit dans l'obscurité de la salle, marmonnant dans sa barbe inexistante. La pièce n'étant pas si grande que cela, il put capter quelques bribes de son charabia et identifia le cours de métamorphose de la veille. Peut-être était-ce une illusion, son cerveau mesquin voulait sans doute trouver une bonne excuse afin de l'embêter.

Il profita qu'elle soit totalement concentré dans sa tâche pour s'approcher silencieusement

« – Alors, Granger. On s'ennuie autant que ça pour réviser ses cours ? Je vais finir par être vexé ! »

Hermione sursauta et regarda Malefoy les sourcils froncés.

« – Ta gueule Malefoy ! cracha-t-elle. »

Attendant plus de réactions, il continua de la titiller.

« – Tu sais, ça ne m'étonne même pas que tu aies le teint si pâle, à trop rester dans tes livres, forcément... Leur crasse semble avoir pris possession de tes cheveux, d'ailleurs ! il fit un geste vers ses boucles lorsqu'elle éclata.
– Mais laisse-moi en paix à la fin !
– Il faudrait parfois me croire et essayer de faire quelque chose, je ne mens jamais, tu sais ! dit-il en ramenant son bras près de lui de peur qu'elle lui fasse du mal.
– Ah oui ?! Toi, tu ne mens jamais ?! Bien sûr, tu es Monsieur Parfait, j'avais oublié ! s'exclama-t-elle l'ironie suintant de ses pores. Voyons voir ça. »

Une expression sadique s'empara alors de son visage. Elle attrapa sa baguette, qui malgré l'impuissance face au nettoyage, fonctionnait toujours autant pour les autres tâches. Elle leva le bâton et le dirigea vers le blond qui la regardait, horrifié, et celui-ci n'avait même pas pu déguainer sa propre baguette pour se protéger.

«Nasus elongatus»*

Le sort était inconnu à Drago, mais ayant entendu nasus, il toucha son nez dans l'espoir qu'il soit intact. Et en effet ce fut le cas. Il fit un sourire moqueur.

« – La prochaine fois , Grangie, révise tes sortilèges plutôt que la métamorphose !
– Si j'étais toi, menteur, je ne serais pas si fière, Hermione croisa ses bras contre elle, un sourire vainqueur aux lèvres.
– Je ne mens jamais, je te l'ai déjà dit, s'exclama-t-il, un peu moins sûr de lui face à l'attitude de la jeune fille»

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, il sentit son nez s'allonger. Affolé, il le palpa avec empressement. Ayant déjà un nez assez long, il prit peur face à cette attaque plus que personnelle.

« – Qu'est ce qu'il m'arrive ! s'écria-t-il.
– Tu connais le conte de Pinocchio ? demanda Hermione en le regardant avec amusement
– Pinoquoi ? essaya-t-il de répéter sans succès.
– Un conte moldu sans doute, répondit Hermione en faisant un geste de la main comme pour changer de sujet Et bien, figure-toi que le petit Pinocchio est réputé pour son nez qui s'allonge lorsqu'il ment.
– Mais je n'ai pas menti ! insista Drago. Son nez s'allongea. Comment fait-on pour qu'il cesse de grandir ! cria-t-il, horrifié.
– Soit honnête, vil serpent. Le sort ne sera plus effectif d'ici la fin de la journée.
– Je n'ai qu'à ne pas parler, conclut-il comme ayant trouvé l'idée du siècle.
– Pipelette comme tu es, ça m'étonnerait que tu puisses t'en empêcher ! la brune ne put s'empêcher de rire.
– Je ne suis-. il réfléchit quelques secondes et se ravisa de répondre, la mine renfrognée.
– Ahahah, j'adore ce sort !
– Rira bien qui rira le dernier ! »

Drago retourna avec rage à sa table, tandis qu'Hermione continua de nettoyer ses chaudrons, chantonnant cette fois-ci. Elle repassa inlassablement la discussion qui venait de se passer avec un sourire étonnamment grand sur ses lèvres. Le plaisir qu'elle ressentait devant le génie de la situation en devenait presque indécent.

Cependant à force d'y réfléchir, elle vit que quelque chose clochait. Il avait affirmé ne pas avoir menti plus tôt, mais son nez s'était tout de même allongé. Se pourrait-il qu'il mente lorsqu'il se moquait sans cesse de ses habitudes, de son apparence, d'elle ?

Le petit sourire sadique qu'elle avait déjà eu quelques minutes plus tôt revint de plus belle. Hermione se se rapprocha de Drago avec une moue d'ange qu'il ne voyait pas encore. Elle s'avança tout doucement et s'assit près de lui. Le blond sursauta et la regarda avec méfiance.

« – Malefoy ? roucoula-t-elle
– Qu'est ce que tu veux ? grogna le blond
– Ça te dérange si je te pose une question ?
– Non, bien sûr, tu sais que j'adorerai t'entendre ! son nez s'allongea, le sort ne sachant pas identifier l'ironie. Bordel ! Qu'est-ce que tu peux être chiante à la fin !
– Ah tiens, bizarrement il ne grandit pas. Je suis vexée ... Hermione mit une main sur son visage pour camoufler son sourire.
– Je m'en fous que tu sois vexée, Granger, retourne dans ton trou !
– Je sais, je suis laide et ne mérite pas ton attention.
– Exactement ! lâcha-t-il rapidement sans réfléchir. Hermione vit avec surprise le nez du Serpentard s'étendre. Celui-ci rougit et jeta un regard froid au possible à la brune. Il allait lancer une remarque acide, mais se fit doubler par son interlocutrice.
– Et bien, c'est intéressant ça...
– Il doit y avoir un dysfonctionnement dans ton sort, il ne marche absolument pas, il prit encore quelques centimètres.
– Je pense qu'il marche parfaitement bien, Malefoy, au contraire. Ne te voile pas la face.
– Je ne me voile absolument pas la face et je le dis haut et fort : ce stupide sort est mensonger, je te trouve moche comme une pousse de mandragore, tes cheveux sont semblables à mon nimbus 2001, plus conne que Bulstrode et tu ne m'intéresse pas pour un sou ! il ne fit même plus attention au nez qui s'allongeait de plus en plus jusqu'à atteindre une longueur terrifiante.
– Malefoy ... Hermione était à présent véritablement gênée par tout ça.
– Par Morgane, je te déteste, sale sang de bourbe ! »

Au loin, les douze coups de midi sonnèrent et Drago se leva avec hâte en rangeant ses quelques affaires dans son sac sans faire attention à son long nez qui s'était encore allongé et ses joues rouges de honte qui juraient totalement avec ses cheveux blonds.

Il sortit du cachot en claquant la porte aussi fort que possible, laissant derrière lui une Hermione choquée et perplexe. Elle ne s'attendait clairement pas à ce genre de révélations en ayant lancé le sort. Elle se demanda même si elle l'avait bien lancé d'ailleurs.

Serait-il possible que ...?

Rougissant légèrement face à cette réflexion incongrue, elle rangea elle aussi ses affaires avec empressement et se promit de se renseigner sur le sort avec Molly qui l'utilisait parfois sur ses enfants.

Lorsqu'elle entra dans la Grande Salle, à l'heure du déjeuner, elle chercha le blond. Ce dernier n'avait plus son long nez et elle soupçonnait quelqu'un d'avoir annulé le sortilège. Sentant sans doute le regard insistant d'Hermione, Drago tourna instinctivement la tête. Il la fusilla du regard, mais ses joues rosirent à nouveau. Il prit un verre d'eau et détourna les yeux.

Elle ne put s'empêcher, dès lors, de le voir sous un nouveau jour, et sans s'en apercevoir son regard s'égarait de plus en plus souvent sur le Serpentard et ses joues prenaient de plus en plus une couleur rosée lorsqu'il était question de lui.

Tout avait changé.


*manque d'imagination, bonjour.