NDA : Désolée pour le retard de publication totalement indépendant de ma volonté :( Bonne lecture.


Charlie

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1998 – 2001

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Harry – partie 3

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Le temps des révélations


Pâques 2001

Malgré le soleil de cette belle journée, Harry avait les joues pâles, le teint cireux et les traits tirés. Ajoutez à cela des yeux encore un peu rouges et tout le monde pouvait dire que le Survivant avait une tête de déterré.

C'était en tout cas ce que semblait penser la famille Weasley, hormis Ginny, Percy et Audrey qui étaient absents. Réunis dans la maison de Bill et Fleur, tous les Weasley s'affairaient à essayer de distraire leur membre honoraire. Le seul à avoir des pensées un peu différentes était sans aucun doute Charlie. Lui ne trouvait pas Harry horrible. Du tout. Vraiment pas. Atrocement l'inverse à dire vrai. Honteusement attirant pour être tout à fait honnête.

Merlin... son propre presque petit-frère. Notez que l'important, du moins, de plus en plus dans l'esprit tourmenté d'un certain rouquin, résidait justement dans le mot ''presque''.

Ils venaient tous de finir de manger, picorer dans le cas de Harry, et désormais, chacun vaquait de son côté. Charlie s'assit sur le canapé, à côté du seul homme brun présent.

« Alors, ça se passe bien ta formation ? » lui demanda-t-il.

Harry le regarda, totalement éberlué, mais son air de chouette s'effaça rapidement pour laisser la place au soulagement. Charlie lui offrit un grand sourire. Nul doute que le jeune homme devait en avoir ras-le-chaudron que tout le monde lui rabatte les oreilles de son histoire avec celui qui portait dorénavant le titre très demandé de Crétin Premier.

« Ça va. On va à Salem pour la finir. »

« Oui, Ron me l'a dit. C'est génial, je trouve. Vous allez pouvoir voir un peu autre chose que la grisaille britannique. »

Harry sourit enfin un petit peu.

« Oui, j'espère que ça va me faire du bien. J'ai hâte de partir. Tu connais les États-Unis ? »

« Non, pas vraiment. Un de mes collègues est Américain, il vient du Connecticut. »

Les deux hommes discutèrent un long moment. Charlie s'étonna de plus en plus de l'étrange sentiment qui l'enveloppait peu à peu concernant Harry. Le brun se mit soudain à bâiller, faisant se moquer Charlie. Les moqueries se firent bientôt douces chatouilles, le cadet Weasley ne pouvant se retenir de lui pincer et lui tripoter les flancs.

Harry était aussi sensible que lui de ce point de vue car il se mit à rire tout en se tortillant sur le canapé. Charlie apprécia le moment, bien plus qu'il ne l'avait fait dans le passé à des occasions pourtant presque similaires. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas de taquineries fraternelles dans son esprit. Non, cela ressemblait bien plus aux attouchements et câlineries qu'il avait partagés avec ses anciens amants.

Une fois remit de son fou-rire et à la surprise du rouquin, Harry se colla à lui, posant sa tête sur son épaule.

« Fatigué ? »

« Hum... Hermione croit que je ne le sais pas, mais elle met toujours des gouttes de potion calmante dans mon verre depuis ma rupture. Je pense que là, elle a exagéré la dose. »

« C'est sans doute qu'elle s'inquiète pour toi, »

« Tout le monde s'inquiète pour moi. Sauf lui... » termina Harry tristement.

Charlie passa ses bras autour des épaules fines mais musclées, pressant un peu plus le garçon contre lui.

« Harry... c'était vraiment un connard qui ne te méritait pas. »

« Je sais... Mais ça fait mal... Et puis... et s'il continue à raconter tout et n'importe quoi sur moi ? Je suis fatigué de tout ça, Charlie. J'en ai marre de ne pas pouvoir faire confiance. Je me demande vraiment si un jour je pourrais être bien, être moi-même avec un mec, sans craindre qu'en fait il se moque de moi, ne recherche de la gloire ou je ne sais qu'elle autre connerie du genre. Je me demande si en fait, tu n'avais pas raison à partir comme ça, loin d'ici, loin de l'Angleterre et des Anglais. »

Le dragonnier émit un petit rire.

« Je suis tout à fait disposé à t'accueillir, tu sais ? »

« Tu es un vrai grand frère, Charlie, » marmonna le brun en frottant son nez contre son cou, les yeux clos.

Le cadet Weasley se tendit. Tant à cause de la phrase que du geste de l'autre garçon. Il n'était pas sûr du tout que l'érection que cette caresse avait commencée à faire poindre dans son caleçon soit du même avis que Harry au sujet de leur supposé fraternité. Cependant, Charlie fit comme si rien ne se passait de suspicieux au sud de son anatomie et commença à câliner le plus jeune, lui touchant le bras, les cheveux. Comme un grand frère...

« Allez, inima mica, ça va passer, » chuchota-t-il.

« Ouais, Charlie est bien placé pour t'en parler, » fit alors la grosse voix de Ron en se vautrant à côté de son ami.

« Comment cela ? » demanda faiblement Harry en retenant avec peine un autre bâillement.

« J'ai vécu une situation similaire, » répondit le cadet en jetant un regard noir au benjamin, lui intimant l'ordre silencieux de se taire.

Son passé ne regardait que lui. Si quelqu'un devait parler de sa vie amoureuse, c'était lui-même. Que ce soit tant sur son orientation, que vis à vis d'Adrian ou de sa vie, plus sexuelle qu'amoureuse d'ailleurs, qu'il menait en Roumanie et qui avait, au tout début, fait grincer les dents de sa mère qui la trouvait trop dissolue. Les autres membres de sa famille l'avaient tous bien compris, surtout depuis l'explication houleuse avec Ginny qui avait été la dernière à la mettre en avant.

« C'est vrai ? » l'interrogea alors le brun en levant son nez vers lui.

« Oui. Et je peux t'assurer qu'on s'en remet. Allez, fais dodo va. »

De sa main, il recala l'autre garçon contre lui, le nez de nouveau délicieusement dans son cou. Puis Charlie reprit ses caresses, profitant ainsi de l'occasion qui lui était si généreusement offerte de pouvoir câliner le Survivant en toute impunité. Bientôt, le corps collé à ses côtés se fit lourd, la respiration régulière.

« Tiens, tu as hérité d'un colis ? » se moqua Bill, parlant en français à son frère.

« Ah non ! Vous recommencez ! Mais que vous êtes chiants avec votre baragouinage ! Dites le franchement si vous ne voulez pas qu'on vous écoute ! » s'énerva Ron.

« On ne veut pas que tu écoutes, » dit Bill.

« Dégage tes jolies fesses du canapé, » renchérit Charlie.

Le plus jeune rouquin bougonna mais devant l'air moqueur de ses aînés, se décida à aller rejoindre sa petite-amie à l'extérieur.

« Alors, qu'est ce que tu comptes en faire ? » rigola Bill en désignant le brun endormi.

« Aucune idée. Le mettre dans mon lit ? »

Les deux hommes rirent, chacun se demandant si cette phrase était néanmoins si risible ou ironique que cela.

« En fait, c'est vrai, il serait mieux dans un lit, » constata Bill.

« C'est clair. Je vais le mettre dans la chambre d'amis ? »

« Ouais. Tu veux un coup de main ? »

« Non, il est super léger, » répondit Charlie.

Prenant le garçon sur son torse, il passa ses bras sous les jambes et la nuque et le souleva tout en se redressant du canapé. Il gravit ensuite les escaliers, son précieux fardeau tout contre lui.

Quand il posa Harry sur le lit, Charlie se surprit à avoir envie de s'allonger à ses côtés. Les cheveux noirs en bataille lui rappelaient ceux d'Éric. Il se mit à rire doucement. Quand il était avec Éric, il pensait à Harry et maintenant... À se demander si Éric n'était pas comme une sorte de substitut à celui qu'il désirait vraiment. Cette pensée le mettant mal à l'aise, Charlie la chassa rapidement, préférant retourner à sa contemplation.

Le jeune homme fit une grimace dans son sommeil... et le cœur de Charlie, un double saut périlleux. Il détailla le visage gracile tout en s'asseyant sur le matelas. Les lèvres pleines, roses, étaient légèrement entrouvertes. Les yeux clos laissaient la vedette aux longs cils noirs, aux sourcils fins et parfaitement dessinés. Comme pris d'une volonté propre, ses doigts partirent dans les cheveux d'ébène, glissèrent sur la joue, les épaules. Se reprenant brusquement en réalisant ce qu'il faisait, le rouquin se décida à enlever les chaussures de l'endormi. Il le recouvrit ensuite d'une couverture mais ne put se décider à sortir de la chambre.

Un sentiment de protection et de douce possessivité, comme ce qu'il avait connu avec son dernier amant, l'engloutit mais d'une façon bien plus profonde. Ainsi que du désir. Un énorme désir qui n'avait pourtant rien de sexuel. Le cœur tambourinant durement dans sa poitrine, il caressa longuement une dernière fois les cheveux de nuit avant de se relever pour se diriger vers la porte, cependant, il tomba presque dans les bras de son père qui le dévisageait étrangement.

« Tout va bien ? »

« Oui... Je veux une réunion de famille. Demande à Bill et George de me rejoindre dans la cuisine, s'il te plaît, papa. »

« Et Ron ? »

« Non, trop impliqué, je ne veux pas le mêler à ça. »

Les deux Weasley descendirent les escaliers. Bientôt, les quatre hommes se firent face dans la petite cuisine de Fleur. Néanmoins, sur un signe de son fils cadet, Arthur décida de laisser ses trois héritiers régler le problème qu'il avait deviné.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda George.

« L'autre connard, il est Irlandais, c'est ça ? » attaqua immédiatement Charlie.

« Oui. Il habite à Dublin, » répondit le jumeau, comprenant de suite de qui Charlie voulait parler.

« Tu sais où ? »

« Euh... oui, pourquoi ? »

« Harry a peur que Monsieur Du Gland n'ait la délicate idée d'encore raconter certaines choses aux journaux. Bill, je comprends d'un coup beaucoup mieux ta réaction en septième année. J'ai une furieuse envie d'un Irish coffee. Pas vous ? »

« Ohoooo ! » s'esclaffa Bill. « Une expédition punitive ? J'adore l'idée, frate ! »

George plissa son nez parsemé de taches de rousseur.

« Je crois que j'ai deux ou trois petites expériences qui n'attendaient qu'un malheureux, euh, je veux dire, bienheureux volontaire pour les tester. Qu'en pensez-vous ? »

« Que tu es un génie. Rendez-vous cette nuit. Minuit. Terrier. »

« Charlie, Charlie, Charlie... tu sais que tu ferais limite peur avec ce regard-là ? » se moqua George.

Le Weasley aux cheveux roux foncé eut un sourire sadique qui fit éclater de rire les deux Weasley aux cheveux de feu.

... ... ...

Trois ombres dans un jardin, tout de noir vêtus se tenaient par la main. Il y eut un crac sonore et elles disparurent.

Grâce à George, ils arrivèrent devant l'immeuble où habitait Maître Saligaud. Les trois Weasley ricanèrent en constatant que non content d'être un pauvre type, Ultan était un crétin doublé d'un imbécile, puisque son domicile n'avait aucune protection. Ils entrèrent donc rapidement, leur masque noir mis en place sur leur visage.

Le sale type en question dormait d'un sommeil profond dans son lit. Charlie sentit son ventre se tordre à l'idée que Harry avait sans doute été dans ce lit autrefois. Sa colère augmenta, assortie d'un sentiment dont il ne pouvait ignorer la nature : la jalousie.

Sans plus réfléchir, il sortit sa baguette, lançant un premier sort.

« Petrificus Totalus ! »

Le corps du garçon tressauta, ses yeux s'ouvrirent un grand. Tous purent voir qu'il était clairement horrifié, paralysé sur son lit.

« Bonjour, bonjour, » susurra George en se plaçant en sautillant à gauche d'Ultan, pendant que Bill allait sur la droite. Charlie, quant à lui, resta au pied du lit.

« Sais-tu qui nous sommes ? » demanda à voix basse Bill. « Cligne des yeux une fois pour oui, deux fois pour non. »

Le blond cligna deux fois.

« Non ? Ça ne nous étonne pas vraiment. Nous sommes... les frères d'une personne que tu as trompée de la pire façon qui soit. Tu vois de qui je veux parler ? » Bill fit glisser sa baguette sur la joue de l'homme terrorisé qui cligna encore deux fois. « Tu ne vois pas ? Comme c'est dommage... pour toi, bien sûr. »

« Attends, » lança Charlie. « J'ai envie de m'amuser un peu mieux. »

Il jeta alors trois autres sorts sur le garçon, dont l'un annulant le premier. Mais aussitôt, des cordes le ligotèrent, tandis qu'il essayait désormais de se débattre. Il ouvrit aussi la bouche, criant visiblement, mais aucun son n'en sortit.

« Bien, maintenant, ça va être beaucoup plus drôle, » continua Charlie d'un ton tellement sadique que même ses frères eurent un frisson.

D'autres sorts fusèrent alors de sa baguette vers le corps d'Ultan qui se tordit, la bouche toujours grande ouverte en un cri silencieux.

« Rien d'illégal, » fit Charlie en haussant les épaules alors que Bill et George le regardaient.

Après plusieurs minutes, le rouquin consentit à abaisser sa baguette. Le blond était transpirant, sa poitrine se soulevait rapidement et il n'essaya ni de bouger, ni de crier. Charlie enleva donc le sort du silence.

« Alors, tu ne vois toujours pas qui tu as blessé ? Aucune minuscule idée ? Réponds ! » lança durement Bill.

« Ha-Harryy » souffla Ultan.

« Bravo ! Notre champion a deviné ! » fit joyeusement George en tapant des mains.

« Il... Il n'a pas de frères... » continua l'Irlandais.

La main de Bill s'abattit sur sa joue, le faisait couiner.

« Silence, on t'a pas demandé de causer ! Cette réflexion ne montre que ton incroyable stupidité, et aussi que tu connais bien mal notre petit frère. D'ailleurs, le silence, tu ne connais pas non plus, hein ? Espèce d'ordure, va. Alors on va te l'apprendre. Histoire de te faire passer l'envie de recommencer à ouvrir ta grande bouche. »

« En fait, cher frère, il serait peut-être judicieux qu'il l'ouvre justement, j'ai ici plusieurs choses qui nécessitent qu'il ait la bouche ouverte, » remarqua George en sortant d'une de ses poches un petit sac en papier.

Le blond ouvrit de grands yeux et tenta de recommencer à hurler, mais un sortilège fusa de la baguette de Charlie, étouffant son cri tout en lui maintenant la bouche ouverte.

« Voyons, voyons... Par quoi vais-je bien pouvoir commencer ? » chantonna gaiement le jumeau en montrant plusieurs pastilles de couleurs différentes à ses frères.

Ce ne fut là encore que plusieurs minutes plus tard que l'Irlandais fut libéré. Charlie s'approcha du corps tremblant et épuisé, l'attrapa par le col de son tee-shirt avant de le redresser du lit, les cordes ayant disparu. Elles n'étaient plus nécessaires de toute façon.

« Si tu refais encore le moindre mal à Harry, de quelque manière que ce soit... Je te jure que cette fois, nous serons beaucoup, beaucoup moins gentils. Tu as bien compris ? »

« Oui, oui, » bredouilla péniblement le jeune homme en pleurnichant.

Alors que la jalousie le reprenait de façon totalement incontrôlable, Charlie lui donna un coup de tête, lui explosant le nez. Ultan cria, du sang jaillissant de son appendice désormais cassé.

Une heure après être arrivés, les trois frères le laissèrent ainsi, le nez en sang, des tentacules violets à la place des cheveux, des épines recouvraient tout son dos et il vomissait ses tripes et ses boyaux ainsi que d'énormes limaces orange à pois verts. Le matelas était déjà foutu depuis longtemps puisque qu'il s'était fait pipi dessus au moment des sorts de Charlie, constata laconiquement George avant de transplaner de nouveau au Terrier. En tout cas, ce dernier était ravi, ses bonbons hérissons étaient parfaitement au point.

Ultan n'accorda plus jamais la moindre interview.

... ... ...

Quand les trois garçons atterrirent sur le jardin de leur enfance, Charlie se sentait pleinement satisfait. Un grand sourire étirait ses lèvres, faisant rire Bill quand il le découvrit.

« On se sent mieux, pas vrai ? »

« Oh oui, terriblement, » admit Charlie.

« Tu comprends maintenant pourquoi je bouillais quand je te voyais perdre ton cerveau à cause de ce manipulateur de Serdaigle ? »

Charlie fronça les sourcils.

« Adrian ne... » commença-t-il.

« Putain, Charlie, si tu prends encore la défense de ce connard, surtout après ce qu'on vient d'infliger à ce non moins connard d'Irlandais, je te promets que je fais ce que j'aurais dû faire en septième année ! » s'écria Bill tandis que George les dévisageait en ricanant.

Voir ses deux aînés en train de se chipoter était toujours un spectacle jouissif selon lui. Et puis, ils apprenaient très souvent leurs petits secrets de cette façon. Une fine douleur lui enserra le cœur.Fred et lui apprenaient souvent ainsi les petits secrets de leurs frères. Il n'y avait plus que lui, désormais.

« Et qu'est-ce que tu aurais dû faire en septième année ? » demanda Charlie, les bras croisés.

« Ne pas me contenter de menacer Adrian ou de lui faire des recommandations, mais carrément lui botter le cul à chaque fois qu'il posait la main sur toi. Et toi, j'aurai dû t'enfermer dans la Tour, sans oublier d'écrire à papa et maman pour expliquer que ce sale type t'avait lobotomisé. »

« J'avais seize ans, bordel, j'étais jeune et lui aussi, » soupira Charlie en levant les yeux au ciel.

« Ouais, seize ans, et presque autant de temps pour te remettre de cette relation ! »

« Merci, mais je n'ai pas trente-deux ans, je vais à peine en avoir vingt-neuf, » bougonna Charlie. « Et je n'ai pas mis dix ans à m'en remettre ! »

« Ose dire que cette relation ne t'a pas fait du mal, Charlie. »

« Mais merde à la fin, si tout le monde n'arrêtait pas de me faire chier avec lui, peut-être que j'aurai pu tirer un trait sur Adrian plus vite ! » s'énerva le cadet.

« Alors là, permets-moi de te dire que tu es sacrément de mauvaise foi, » intervint George. « On ne t'a jamais reparlé d'Adrian. »

« Pardon ? Dès que l'un de vous à un problème de cœur, comme par hasard le prénom de mon ex ressort. »

« Non, c'est Ginny qui l'a fait, quand Harry et elle ont rompu et ensuite, quand il s'est mis en couple avec Zabini, » objecta Bill.

« Oh, et Ginny est là peut-être ? » se gaussa Charlie en regardant autour de lui.

Bill et George soupirèrent en se dévisageant.

« Quoi ? » grogna Charlie.

« Rien, mon frère. Juste que tu es sur les dents, » fit Bill en le prenant dans ses bras.

Charlie bougonna un peu pour la forme avant de reprendre alors qu'ils s'avançaient vers le Terrier.

« J'admets que je te comprends. C'est vrai qu'Adrian n'était pas toujours correct et qu'il m'a souvent manipulé. Mais reconnais aussi qu'il avait vraiment des sentiments pour moi, pas comme ce...nemernic ! »

« Ouh, on sent l'insulte, » se moqua George.

« Oui, je l'admets aussi, » reprit Bill. « C'est d'ailleurs uniquement pour cette raison que je ne lui ai pas cassé la gueule quand je suis rentré du Pérou. Ça et parce que je savais qu'en le faisant, et malgré tous tes beaux discours, tu aurais été blessé si je l'avais fait. Mais ça restera l'un de mes regrets. »

« Bah, Charlie l'a plaqué à son tour après la guerre, ça compense, » lança George, faisant stopper net le rouquin concerné.

« Pardon ? »

« Euh... tu n'étais peut-être pas au courant que nous étions au courant, c'est ça ? »

Charlie leva de nouveau les yeux au ciel.

« Mais il n'y a vraiment rien que l'on puisse garder secret dans cette famille ? »

« Pas grand chose, » admit George. « Et jamais très longtemps de toute façon. »

« Bill, » fit alors Charlie, suspicieux. « Tu es bien sûr de n'avoir jamais cassé la gueule à Adrian, pas vrai ? »

Bill passa sa main dans ses cheveux, remettant une longue mèche derrière son oreille.

« Oui, je te promets que je ne lui ai pas cassé la gueule. Je me suis plus d'une fois fritté avec lui, à Poudlard ou ensuite, mais toujours en gardant mes poings dans mes poches. »

« Comment cela, ensuite ? » continua Charlie, toujours en plein doute.

« Quand je suis rentré du Pérou, je suis allé lui dire ma façon de penser quant à ce qu'il t'avait fait. Mais je ne l'ai pas touché, promis ! » avoua Bill.

« Tu oublies aussi l'année après la guerre, à Gringotts, » lui rappela George.

« Hein ? » s'exclama Charlie.

« Oui, ce crétin était venu voir son coffre et on s'est croisé. Comme il t'avait sauvé pendant la guerre, j'ai fait l'effort d'être courtois. Mais quand il a commencé son numéro d'amant éploré que tu avais plaqué pour vivre avec tes dragons, je l'ai envoyé chier. S'il te voulait tant que ça, il n'avait qu'à se démener pour te garder. Et sincèrement, je suis heureux qu'il ne l'ai pas fait.»

« Pourquoi ? » demanda Charlie, à la fois surpris et avec une petite boule au ventre.

« Même s'il t'a sincèrement aimé, Charlie, ce type n'est pas sain. C'est un manipulateur et tu n'aurais jamais été vraiment heureux avec lui. » Bill sourit étrangement. « Ton dernier choix me convient bien mieux, » murmura-t-il pour lui-même.

« En tout cas, je suis bien content d'avoir régler son compte à l'autre débile. Bon, je rentre, Angie va se demander ce que je fabrique, » déclara George. « Vous embrassez papa et maman pour moi ? »

« Tu ne rentres pas ? » questionna Bill.

« Non, je viendrai demain matin. »

Les frères s'embrassèrent puis George disparut.

... ... ...

Le retour en Roumanie lui laissa un sentiment de plénitude et d'insatisfaction. Son père et son frère lui avaient fait plusieurs fois quelques petites insinuations mais il n'avait pas relancé. Hors de question d'aborder le sujet "Harry" avec eux, en tout cas pas tant qu'il n'en saurait pas un peu plus sur ses sentiments et sur ce qu'il désirait faire avec le jeune homme. Il était, il devait bien l'avouer, assez perturbé.

Par Harry. Par sa situation.

Pour une fois, il trouvait que sa vie manquait de... d'un petit quelque chose qui la rendrait plus plaisante. Il se surprit à envier son père, Bill, George, Ron et Percy. Tous ses frères avaient trouvé chaussure à leur pied. Lui non. Il n'avait plus du tout envie de rester seul dans sa vie. Charlie désirait la présence d'une personne à ses côtés qu'il aimerait, pour de bon.

Mais le point qui le dérangeait grandement était qu'à chaque fois qu'il pensait à cela, son esprit se tournait immanquablement vers un certain petit brun aux grands yeux verts. Ça n'allait pas du tout. Il ne pouvait quand même pas avoir le béguin pour Harry ?

Pourtant, plus le temps passait, plus il devait se rendre à l'évidence. Si, il avait bien développé un béguin plus que certain pour le Survivant.

Et. Merde !

Quand est-ce qu'il avait cessé de le considérer comme une sorte de frère, quand son regard sur lui avait changé ? Charlie était bien en peine de le dire. Il se torturait parfois l'esprit, se demandant quand ce qu'il considérait à l'époque comme les preuves de la gentillesse de Harry, son humour, son caractère un peu timide et réservé, leur discussion lors des réunions de famille, bref, tout ce qui faisait "Harry" lui avait plu plus que ce qu'il n'aurait dû au regard de leur situation respective.

S'il était honnête avec lui-même, il se doutait que les choses avaient changé petit à petit, de façon insidieuse presque sournoise, après la fin de la guerre quand il avait su que Harry était gay. Pourtant, Charlie ne voulait pas vraiment l'admettre car cela aurait été aussi admettre qu'il s'était fourvoyé, qu'il s'était menti à lui-même pendant tout ce temps. Pire, Charlie en ressentait parfois une certaine tristesse, même s'il relativisait ensuite. Non, ce n'était pas du temps perdu pour rien. Harry avait profité de ces années pour mûrir et lui aussi. Le temps avait été son allié, pas son ennemi, lui permettant de reconnaître peu à peu les sentiments qui grandissaient dans son cœur.

Charlie pensait parfois que ses sentiments avaient véritablement changé à Pâques, ou du moins qu'il n'en avait pris conscience qu'à ce moment. Et puis, l'instant d'après, Charlie doutait de nouveau. Est-ce qu'il aimait vraiment Harry ? En avait-il seulement le droit ?

Lorsqu'il fermait les yeux, le visage du brun lui apparaissait avec ses grands yeux verts, ses sourires, son rire clair. Sa façon de parler quand il était passionné par un sujet ou au contraire, quand il était un peu intimidé. Charlie se repassait leurs discussions, s'étonnant de s'en souvenir si bien, le moment à Pâques où Harry avait calé son nez contre son cou, et alors son cœur s'emballait dangereusement dans sa poitrine.

Il apprit en juin que son frère et son plus du tout presque frère d'adoption - il ne pouvait décemment plus le considérer comme tel après avoir porté plusieurs fois sa main dans son caleçon en pensant à lui - avaient brillamment réussi leur formation d'Auror. Ils partaient en vacances en France avant de commencer pour de bon leur métier en août. Charlie, quant à lui, reviendrait pour l'anniversaire de mariage de ses parents, en août également.

Arthur lui avait déjà assuré que Ron et Harry seraient là aussi. Par écrit et aussi oralement. C'était la première fois que son père utilisait le numéro de téléphone que la réserve s'était vue attribué par le gouvernement roumain et une fois encore, le patriarche insista lourdement en parlant du jeune brun.

C'était le genre de nouveauté que le monde sorcier découvrait avec curiosité. Laurent était devenu un acharné du téléphone sorcier et attendait avec impatience que les premiers téléphones portables soient parfaitement au point pour s'en prendre un. Lui et son épouse avaient déjà demandé à ce qu'une ligne internet soit installée à Sibiru.

Charlie n'y comprenait pas grand chose en matière de net mais il reconnaissait que le téléphone était vraiment une invention géniale. Toujours était-il que son père n'avait pas pu attendre le retour de son hibou pour savoir si Charlie viendrait en août, « d'autant que Harry sera là, Charlie, » répéta l'homme pour la troisième fois.

Le rouquin avait soupiré tout en confirmant à son père que oui, il serait là.

Une fois le téléphone raccroché, il remercia la secrétaire et se dirigea vers le bureau de Focnebun. Trois ans après que ce dernier l'ait fait venir pour lui annoncer qu'il était promu chef d'équipe, il le rappelait de nouveau.

Charlie se demanda si cela avait un rapport, comme le supposaient tous ses collègues, avec le départ du chef du secteur sept. Il espérait que oui.

Le soir même, lui et son secteur firent une grande fête, c'est à dire une beuverie, au Dragon Bleu. Charlie Weasley était promu à la tête du secteur sept. Il commencerait effectivement son poste au 1er septembre.

... ... ...

18 au 22 août 2001

« HARRY, BORDEL ! BOUGE TON CUL ! »

« RONALD BILIUS WEASLEY, SI TU NE VEUX PAS QUE JE TE LAVE LA BOUCHE AU SAVON, JE TE PRIERAIS D'ÉVITER DE PROFÉRER DE TELLES INSANITÉS DANS MA DEMEURE ! »

Joie et bonheur. Quoi de plus merveilleux que de se faire réveiller par les doux hurlements de sa famille ?

Son plus jeune frère était arrivé, vraisemblablement par cheminette, avec Harry. Grossière erreur de débutant que plus personne dans la famille ne commettait depuis longtemps. Il avait dû se retrouver avec le brun sur lui et recouvert de suie.

Charlie s'étira puis se leva d'un bond, s'habilla rapidement d'un tee-shirt blanc moulant et d'un pantacourt en jean qui ne cachait rien de son admirable fessier, avant de filer encore plus rapidement dans la salle de bains faire un brin de toilette. Il avait hâte de revoir Ron, Hermione et Harry. Il dévala les escaliers et bondit du haut des marches pour se jeter sur le dos du grand rouquin qui hurla.

Le plus âgé rigola de concert avec Harry et Hermione tandis que Ron beuglait de nouveau.

« Putain mais quel con ! Tu veux me faire mourir d'une crise cardiaque ou quoi ? »

« RONALD ! »

« Ronnie, mon bibouchon, tu ne vois pas ton grand frère adoré pendant plusieurs mois et c'est comme cela que tu me reçois ? Quand tout à la joie de te revoir, je me jette dans tes bras ? Je suis trop malheureux, tu me brises le cœur ! »

Le dragonnier porta sa main sur son côté gauche et poussa en glapissement, avant de s'effondrer sur le canapé, la langue pendante.

« Oh! pauvre choupinet ! Tu veux un baiser pour te réveiller ? » se moqua Bill en sortant de la cuisine, Victoire dans les bras. « Tu veux que je demande au joli bébé aux cheveux noirs de te le donner ? » finit-il dans leur joyeux mélange de français et de roumain.

« Ah non ! Mais vous faites vraiment chier les mecs avec votre langage codé ! » protesta immédiatement Ron.

« RONNNAAAALDDDDDD ! » hurla de nouveau Molly en sortant elle aussi de la cuisine, une cuillère en bois menaçante s'agitant en direction de ses fils.

« ALERTE ! » cria alors Charlie en décidant de ressusciter d'un bond, faisant sursauter Hermione et Harry. « TOUS À COUVERT ! »

Poussant des hurlements hystériques face à leur cri de guerre d'enfants, les trois grands roux sautèrent par dessus fauteuils et canapé pour fuir vers la porte du salon. Ils furent rejoints par George, qui descendait les escaliers et fit comme son aîné, sautant du haut des marches pour courir lui aussi à l'extérieur en criant.

Hermione et Harry se regardèrent, éberlués, avant d'exploser de rire. Molly laissa retomber ses mains de ses hanches, totalement désabusée.

« Merlin, et dire que l'aîné aura trente-et-un ans cette année... »

Puis elle explosa de rire avec les deux autres.

« Fichtre, mais c'est quoi ce remue-ménage ? » demanda Percy en descendant les escaliers et en tenant la main d'Audrey.

« Tes frères... sont complètements cintrés ! » s'écria Harry en se tenant les côtes.

« Dis-moi une chose que j'ignore, très cher, » fit le troisième héritier en remontant ses abominables lunettes à monture en écailles sur son nez.

« Ils... Charlie a crié ''Alerte'' et ''tous à couvert'' et... » essaya d'expliquer Hermione en s'essuyant les yeux avant de regarder de nouveau Harry et de repartir dans un fou-rire.

Percy la dévisagea très calmement. Il prit ses lunettes et les confia à sa jeune épouse.

« Oh, je vois. Dans ce cas, je me vois dans l'obligation de faire une chose que je n'aurais pas imaginer faire en me levant ce matin, mais c'est un cas de force majeur. »

Il regarda les autres avant de brutalement hurler d'une voix suraiguë en levant les bras et sortit en appelant ses frères : « À l'aide ! Partez pas sans moi les garsss ! »

D'autres cris se firent entendre dans le fond du jardin. Les trois bruns se précipitèrent à la porte d'entrée pour admirer tous les fils Weasley en haut d'un grand arbre qui se tenait à la limite du jardin du Terrier.

« Percyyy, grouille ! Vite ! » hurla George.

Il se pendit par les pieds, Charlie sur ses tibias pour tendre une main à celui qui était censé être le plus sérieux des Weasley. Ce dernier la lui saisit pour se tirer lui aussi sur une branche.

Une fois tous sur l'arbre, les cinq garçons se mirent à hurler en chœur, Victoire toujours dans les bras de son père.

« Allez ma chérie, toi aussi tu es une Weasley, » lui lança Ron en lui faisant un signe d'encouragement en moulinant du poing. « WEASLEY POWER ! » beugla-t-il.

« YEEEWHHHHAAA ! » répondirent ses quatre frères en se dandinant sur leur branche tout en se mettant à chanter ce qui devait être, à l'origine, l'hymne de Poudlard revisité à la mode Weasley.

Harry, Hermione et Audrey repartirent dans un fou rire alors que les cinq garçons continuaient à remuer du popotin sur leur branche respective.

« Bienvenus chez les barrés, » fit alors Angelina, Freddy junior contre elle. « Avec le temps, on s'y habitue. Et puis, n'oubliez jamais dans vos moments de désespoir que c'est moi qui suis mariée avec George. »

Elle poussa un bref soupir tout en regardant son époux qui avait mis ses mains sur ses fesses pour les balancer de droite à gauche. Hermione et Audrey eurent un regard compatissant envers la jeune maman. Harry, quant à lui, se retint de préciser qu'il n'était marié ou fiancé avec aucun des cinq idiots qui faisaient les guignols au risque de se fracturer un os.

Son regard tomba alors sur le corps musclé du cadet, qui, s'il n'avait pas la berlue, le couvait des yeux en rigolant de toutes ses dents. Harry lui rendit son sourire.

« Bon, les garçons, quand vous aurez fini, j'aimerais pourvoir déjeuner, » annonça alors doucement Arthur. Harry se retourna tandis que le patriarche posait ses mains sur ses épaules. « Ça faisait bien longtemps que l'on n'avait pas eu droit à ce spectacle. »

Les quatre rouquins se tournèrent vers le plus massif d'entre eux. Ce dernier posa ses mains en coupe autour de sa bouche et beugla aussi fort qu'il le put.

« YEWHAAAA ! WEASLEY TEAM ! L'ALERTE EST PASSÉE ! »

« Magnifique, mon chéri. Si tu pouvait le hurler plus fort, je pense que tout Loutry Ste Chaspoule ne t'a pas entendu, Charlie, » fit Molly en les menaçant, gentiment cette fois-ci, de sa cuillère, un large sourire barrant son visage.

Les cinq mâles sautèrent de leur branche, Charlie s'amusant même à faire un petit salto avant d'atterrir sur ses deux pieds. Les rouquins rentrèrent ensuite à la queuleuleu, chacun récupérant sa moitié au passage. Alors qu'il ne s'y attendait pas, Harry eut la surprise de sentir la main calleuse de Charlie venir lui ébouriffer les cheveux avant qu'elle ne se pose surson cou.

« Alors, Harry, comment tu vas ? » lui lança le dragonnier en continuant de lui frotter la nuque.

« Bien ! » rigola le brun.

Charlie arrêta sa torture capillaire mais laissa son bras autour des épaules du garçon pour l'entraîner à la cuisine. Comme l'avait fait Ron avec Hermione ou Percy avec Audrey. À la grande satisfaction du cadet, Harry cligna bien un peu des yeux mais ne se dégagea pas de l'étreinte. Au contraire, il lui adressa un grand sourire lumineux.

Pourquoi est-ce que ces quatre jours s'annonçaient vraiment merveilleux ?

Ce samedi fut consacré à aider Molly à finir de préparer le repas pantagruélique du lendemain et surtout, à la faire enrager par tous les moyens possibles. Elle finit par baisser les bras et à envoyer toute sa marmaille bruyante dehors, avec ordre de ne revenir que le soir. Seuls Angelina et le bébé restèrent au Terrier.

Les enfants Weasley entraînèrent donc leur moitié, famille et Harry vers le plan d'eau. Arthur trouva refuge dans sa barque après avoir demandé, sans trop de conviction, à Charlie s'il voulait venir avec lui. Puis il prit courageusement la fuite et s'installa pour faire sa sieste au bout opposé d'où se tenait le reste de sa meute.

Charlie se déshabilla le premier, se mettant simplement en boxer pour avancer dans l'eau, encourageant ses frères à faire de même. Bientôt, tous les garçons se retrouvèrent à nager et à s'éclabousser. Mais, tel un aimant, le cadet Weasley se sentait irrémédiablement attiré par le seul garçon brun. Il le chahutait, profitant de chaque occasion pour le chatouiller ou faire semblant de le noyer. Harry riait aux éclats et tentait, souvent vainement, de faire de même au dragonnier.

À chaque fois qu'il le touchait, le rouquin retenait une furieuse envie de ronronner. Harry lui plaisait, c'était indéniable. De plus en plus et d'une façon qu'il n'avait plus rien à voir avec un quelconque sentiment fraternel. Loin de là. Si Charlie en avait eu besoin, cette journée lui donna la preuve irréfutable qu'il avait un énorme béguin pour le Survivant.

D'ailleurs pouvait-il encore décemment parler de simple « béguin », quelle qu'en soit la taille, à ce niveau-là ? Non, certainement pas. Charlie devait l'avouer, il semblait bien éprouver de l'amour pour lui.

Alors qu'ils retournaient au Terrier pour le souper, Charlie se rapprocha du jeune homme. Il avait envie de lui prendre la main mais se retint à temps. À la place, il se contenta d'enlever une brindille que le garçon avait dans les cheveux.

Harry se retourna en sentant les doigts du cadet dans sa tignasse, une expression surprise éclairant ses grands yeux bien trop verts et expressifs pour la santé mental du rouquin.

« Tu avais une feuille dans les cheveux, » expliqua le dragonnier en lui montrant la coupable.

« Oh, merci, » fit simplement Harry.

Puis il baissa rapidement les yeux, les joues légèrement colorées. Le cœur de Charlie fit un bond en avant tandis que Harry ralentissait le pas pour se mettre à son niveau. Charlie n'hésita pas longtemps. Comme le matin, il reposa sa main sur la nuque ébène, s'attirant un nouveau sourire du garçon. Une douce chaleur envahit le ventre du plus âgé. Harry ne se dérobait pas, au contraire. Restait à savoir si c'était par ce qu'il était heureux de l'attention ''fraternelle'' de Charlie envers lui ou si c'était autre chose. La petite rougeur entraperçue quelques secondes auparavant donnait espoir à Charlie que ce soit plutôt la seconde solution qui l'emporte.

Pendant la nuit, il se tortura allègrement les méninges. Est-ce qu'il allait pouvoir poursuivre dans cette lancée ? Après tout, c'était l'ex de sa sœur et le meilleur ami de son frère. Ses parents le considéraient comme un fils, et donc, techniquement, un frère pour lui.

Allongé sur son lit de célibataire, Charlie regardait sa petite filleule qui dormait dans le lit à côté de lui. Bill et Fleur lui avaient demandé si cela ne le dérangeait pas de la garder pour la nuit. Il avait bien entendu accepté. La petite était une pure beauté. Elle était si adorable, roulée en boule sur son lit, le pouce dans la bouche et les fesses en l'air. Ses longs cheveux blonds retombaient gracieusement sur son nez.

Il soupira lourdement. Bill avait de la chance d'être amoureux et père de famille. Le dragonnier sentit comme un creux dans sa poitrine. Il avait des sentiments pour Harry, c'était évident. Mais pourquoi, Merlin pourquoi, est-ce que de tous les amants et aventures qu'il avait eus depuis Adrian, il avait fallu qu'il développe de tels sentiments amoureux envers lui ? Cela aurait été tellement plus simple s'il était tombé amoureux d'un autre. Pourtant, il devait se rendre à l'évidence. Harry lui plaisait beaucoup trop. Il ne pourrait pas se retenir.

Une angoisse sourde le saisit. Comment sa famille réagirait s'il se dévoilait ? Comment Harry allait réagir ?

Le dragonnier se sentit démuni. À la vérité, il n'avait jamais réellement courtisé qui que ce soit. En général, ses potentiels amants lui tournaient autour ou lui faisaient carrément du rentre-dedans, attirés par son physique, son métier quand il était en tenue ou, à l'époque, par son statut de capitaine de Quidditch ou de résistant. Que ce soit avec ses aventures d'une nuit ou celles qui avaient duré plus longtemps, c'est à dire Adrian, Liam, Sorin, Loukàs et Éric, les choses s'étaient toujours déroulées ainsi. Il n'avait jamais eu beaucoup d'efforts à fournir, à part sourire et se montrer sous son meilleur jour.

Mais là, avec Harry, c'était très différent.

Bon, il décida de s'accorder les trois prochains jours pour tester le brun. Et vérifier la profondeur de son ''béguin'' envers lui. Il prit une décision radicale : malgré son appréhension et ses craintes, il voulait tenter sa chance avec le jeune homme.

Le dimanche, le Terrier tomba dans l'effervescence. Les nombreux invités allaient arriver, ainsi que Ginny et son petit-ami du moment, Cormac MacLaggen.

Bill, Charlie et Percy installèrent un petit chapiteau, comme à l'époque du mariage de Bill. George et Percy, eux, s'étaient mariés dans la famille de leurs épouses respectives. Cette journée se passa dans les rires, les chants et la danse.

Alors que la nuit tombait, Charlie trouva Harry debout, le dos collé à l'arbre où ses frères et lui avaient fait les idiots la veille. Le brun faisait tourner le liquide dans son verre, sans le voir, visiblement perdu dans ses pensées. Charlie sourit, se dirigeant à pas de loup derrière lui.

« Alors, beau brun, on est tout seul ? » susurra-t-il à son oreille.

Harry sursauta, manquant renverser son verre, alors que ses joues, pour le plus grand bonheur du rouquin, se teintaient d'un peu de rose tandis que les magnifiques émeraudes se levaient vers lui.

« Charlie ! Tu m'as fait peur ! » sourit le jeune homme.

« Pourquoi ? Je suis si affreux que ça ? »

« Mais non, idiot ! Tu m'as surpris c'est tout, » fit Harry en baissant les yeux.

Il but une gorgé de son verre en contemplant les invités qui dansaient un peu plus loin.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Charlie.

« Rien... Enfin... Pourquoi tes parents font une grande fête pour leur anniversaire de mariage ? C'est leur trente ans ? Pourtant, je pensais qu'ils étaient déjà mariés quand Bill est né. »

« Bill était né oui, ce n'est pas leur trente ans, mais leur trente-deux. C'est leurs noces de cuivre ! » s'exclama le rouquin.

Harry se retourna vers lui, visiblement surpris.

« Et alors ? »

« C'est une date importante pour les sorciers. Beaucoup de nos objets magiques sont faits en argent, or ou cuivre, voire en étain. Le cuivre est aussi associé à Poufsouffle. Mais pour les mariages, la symbolique est surtout liée à l'amour. »

Charlie s'avança, il se colla contre le tronc, son côté droit effleurant le gauche de l'autre garçon. Ce dernier le regardait toujours, attentif à ses paroles.

« Cela date des sorciers de la grande époque gréco-romaine. La couleur naturelle du cuivre est le rouge. »

« J'aurais plutôt dit orange, ou cuivrée, » intervint Harry avant de réaliser, face au regard un peu moqueur de Charlie, ce qu'il venait de dire. « Oui, bon, je suppose que c'est un peu bête de dire que le cuivre a une couleur cuivrée. Mais c'est comme tes cheveux, non ? C'est vrai, tu n'as pas les cheveux presque rouges comme Ginny, mais ils sont aussi plus foncés que ceux de Ron ou Bill. Surtout, maintenant qu'ils sont un peu plus longs, on voit bien la différence. C'est super joli, ils ont plein de reflets et... » Le garçon s'arrêta soudain, ses joues se colorant de nouveau d'un magnifique rose vif. « Enfin, je... Donc le cuivre est associé au rouge, c'est ça ? » se reprit le Survivant alors que les yeux bleus de Charlie pétillaient étrangement.

« Oui, c'est ça. Au rouge. Comme à la planète et au dieu Mars. Qui est aussi le symbole du feu et de l'homme, de la virilité. Mars était l'amant de Vénus, qui elle représente la femme, mais aussi l'eau. La couleur de Venus est le vert. Or, quand le cuivre s'oxyde par humidification, il devient vert. Le cuivre symbolise donc la symbiose parfaite entre le feu et l'eau, l'homme et la femme, le rouge et le vert qui sont donc en réalité des couleurs complémentaires. Personnellement, j'ai toujours adoré le vert. C'est ma couleur préférée. Comme tes yeux. Ils sont vraiment très beaux. »

Les dits yeux verts s'écarquillèrent un peu.

« Donc tu vois, finalement, on se complète, entre tes yeux et mes cheveux, » finit Charlie avec un grand sourire charmeur.

Le brun le lui rendit, et alors Charlie eut un heureux coup au cœur. Les magnifiques pierres vertes dérivèrent de ses yeux pour se focaliser sur sa joue droite. Elles y restèrent quelques secondes, avant de revenir se fixer dans son regard.

Harry était troublé, cela se voyait.

Pour un peu, Charlie aurait volontiers comblé le peu de distance qui les séparait pour se pencher vers les lèvres roses afin de l'embrasser. Cela n'aurait pas été Harry, il l'aurait fait, aussi sûr que deux et deux font quatre. Mais il s'agissait de lui, de son ex petit frère de cœur. Charlie se retint donc, en soupirant intérieurement. Mieux valait y aller doucement. Même si Harry était gay et qu'a priori, il le trouvait attirant, cela ne voulait pas dire qu'il fallait se précipiter. Le dragonnier préféra se tenir à sa décision de la nuit. Les deux jours restants l'aideraient encore à y voir plus clair, il en était certain.

Ils l'aidèrent, à n'en pas douter. Mais ils passèrent surtout à une vitesse effarante. Sous les regards un peu goguenards de Bill et Arthur, Charlie passa tout son temps avec le petit brun, qui en semblait ravi. Ils discutèrent souvent juste tous les deux, Ron et Hermione profitant de leurs quatre jours de congé pour se retrouver, délaissant pour l'occasion leur meilleur ami qui ne s'en plaignait pas. Les deux jeunes gens travaillaient tous les deux durement, avec des horaires souvent impossibles. Ils ne se rendirent compte de rien, trop concentrés à apprécier ces petites vacances communes.

Charlie réussit même à discuter des peines de cœur de Harry. Ce dernier s'épancha sur son épaule, dans tous les sens du terme, au sujet de sa relation avec Ultan. C'est là que Charlie comprit qu'il avait eu raison d'attendre un peu. Sans doute Harry n'était pas tout à fait prêt à repartir dans une nouvelle relation maintenant. Il lui fallait encore un peu de temps pour cicatriser et reprendre un peu confiance en lui. Néanmoins, il était ravi. Il était évident qu'il plaisait au brun, ses regards sur son corps, surpris plus d'une fois, en disant long sur ce point. Harry avait l'air aussi d'apprécier ses cheveux qu'il avait recommencés à laisser pousser. Alors, malgré les hauts cris de sa mère qui le poursuivait avec sa paire de ciseaux à la main, il refusa de se faire tondre encore une fois.

Ils retournèrent tous les deux à l'étang, simplement tous les deux, pour le plus grand bonheur de Charlie qui aurait aimé passer chaque minute qui s'écoulait en la seule compagnie de Harry.

Les deux jeunes hommes s'amusèrent une nouvelle fois à se couler et à s'éclabousser, cherchant l'un comme l'autre le plus de contact possible entre eux. Charlie prenait Harry dans ses bras, le portait à moitié soit pour l'entraîner ensuite sous l'eau, soit au contraire pour le jeter un peu plus loin, faisant rire à gorge déployé le plus jeune et manquant de lui faire boire la tasse à l'occasion.

Ils étaient parfois si proches, les mains sur leurs corps si tendres que Charlie se retint là encore avec difficulté plus d'une fois d'embrasser Harry. Si cela n'avait pas été lui, il l'aurait fait, mais là, il n'osa pas, ayant peur de précipiter les choses entre eux. Harry était différent de tout ce qu'il avait connu, il n'aurait pas su expliquer réellement pourquoi, et s'en fichait comme d'une guigne alors que le brun se cramponnait à lui en riant. Non, il voulait juste que ce moment ne s'arrête jamais. Harry était particulier et faisait vibrer son cœur d'une façon qu'il n'avait plus ressenti depuis ses seize ans.

Après qu'ils se soient baignés et aient poursuivi quelques grenouilles entre les nénuphars, ils sortirent de l'eau pour se faire dorer au soleil. Charlie ferma les yeux, les bras sous son crâne. Il sentait sur lui le regard du brun mais ne bougea pas. Alors qu'il l'entendait s'allonger à ses côtés, il ouvrit les paupières pour tomber sur Harry, qui le fixait.

« Charlie ? »

« Oui ? »

« Tu n'as pas trop de brûlures, je trouve. »

« Je suis prudent. »

« C'est quoi cette marque, là ? »

Le rouquin frissonna, malgré lui, et ses bras eurent un peu de chair de poule alors que les doigts froids du garçon lui effleuraient le ventre.

« Oh, ça ? Souvenir de guerre. »

« Tu as été blessé pendant la grande bataille ? » demanda Harry, allongé sur le ventre et redressé sur ses coudes.

« Non, pas à Poudlard. Avant. En Europe. C'est la folle furieuse qui m'a fait ça, avec un couteau. Elle me l'avait lancé dessus lors d'une embuscade. »

Le brun l'étudia attentivement, ses sourcils froncés.

« Toi, quand tu fais cette tête, c'est qu'il y a quelque chose qui te chiffonne, » constata Charlie.

Le jeune homme rit légèrement.

« Tu me connais bien finalement. »

« C'est pas faux. Bien que j'aimerais beaucoup te connaître davantage. »

Les yeux verts plongèrent vers le sol.

« Alors, c'est quoi qui t'embête ? » redemanda le dragonnier.

« J'ai l'impression que tu me connais mieux que ce que moi je ne te connais. En fait, je réalise que je ne sais pas grand chose de ce qui s'est passé, pendant la guerre. Encore moins en Europe. »

Charlie sourit, tout en admirant le garçon dont la peau dorée luisait encore de gouttelettes d'eau.

« Tu avais la chasse aux Horcruxes à faire. C'est du passé, Harry, de toute façon. »

« Est-ce que... »

Le brun s'arrêta, mordillant sa lèvre inférieure. Charlie se retourna prestement sur le ventre. Entre la vue précédente et celle-là, une certaine partie de son anatomie avait brusquement décidé de se réveiller.

« Est-ce que quoi ? »

« Tu m'en veux ? Ou tes parents ? Tu crois que les gens m'en veulent, pour tout ça ? »

Charlie le dévisagea avec surprise.

« T'en vouloir de quoi ? »

« Pour la guerre. À cause de moi, des tas de gens sont morts. J'aurais dû faire plus vite pour trouver les Horcruxes. Et puis... »

« Arrête, » lança durement Charlie.

Cette fois, ce fut Harry qui le regarda avec étonnement.

« Arrête, » reprit Charlie plus gentiment cette fois, en souriant un peu. « Ce n'est pas ta faute, mais celle de Voldemort. » Harry sourit à l'entente du nom. « Oui, je ne fais pas parti de ceux qui n'osent pas l'appeler par son nom, » reprit Charlie en lui rendant son sourire. « Le monde sorcier ne doit pas t'en vouloir, mais te remercier. Si tu penses à Fred, personne ne t'en veut, ni ne t'en a jamais voulu. Je ne savais pas que tu avais des doutes là-dessus. »

« Pas vraiment des doutes. Disons que ça fait du bien de l'entendre, surtout quand, eh bien quand je ne vais pas très bien, je suppose. »

Le rouquin se rallongea totalement, tout en avançant sa main pour ébouriffer les cheveux noirs mouillés.

« Ravi de pouvoir te faire du bien alors. N'hésite pas si tu as encore besoin de moi pour ça, tout le plaisir sera pour moi. »

Il reposa sa tête sur son bras, enchanté de voir que les joues du garçon flamboyaient en face de lui. Par contre, il laissa sa main bien plus longtemps que nécessaire sur les mèches ébène avant de la retirer à contrecœur.

Vite, bien trop vite, arriva l'heure où Harry rentra chez lui. Son sac noir sur l'épaule, il salua toute la famille Weasley encore présente au Terrier, à savoir Arthur et Molly bien sûr, Bill, Fleur et Victoire, et enfin Charlie. Ron et Hermione venaient juste de transplaner avant lui.

Comme de fait exprès, il garda le cadet pour la fin. Les femmes Weasley étaient déjà rentrées, la petite hurlant famine.

« Bon... Eh bien au revoir, Charlie. J'ai été vraiment content de te voir, » marmonna le brun d'une voix un peu étranglée.

« Moi aussi, frumos copil. J'ai été très heureux qu'on puise passer du temps tous les deux, » fit Charlie en le prenant contre lui. Il lui embrassa délicatement les deux joues. « Je reviendrai cet hiver, pour Noël. J'espère que l'on se reverra. »

« Oui ! Moi aussi, » répondit Harry avec enthousiasme.

Charlie lui adressa un immense sourire tout en lui donnant une nouvelle étreinte.

« Allez, je suis persuadé qu'Ultan sera bientôt de l'histoire ancienne. Et toi, ne m'oublie pas trop vite en attendant Noël, » murmura le rouquin, ému, à son oreille.

Il sentit avec bonheur que le jeune homme le serrait lui aussi de toute ses forces contre son torse.

« Promis. Toi non plus, m'oublie pas, d'accord ? » chuchota Harry.

« Promis. Si tu veux, je pourrais t'écrire ? »

« Oui, ce serait génial, » fit Harry avec un grand sourire.

Finalement, ils se séparèrent avec regret. Du moins, cela crevait les yeux des deux autres témoins de la scène.

« Bon, ben, salut alors, » lança de nouveau Harry, visiblement peu décidé à partir.

« Au revoir, mon grand, » dit Arthur.

« Salut, Harry, » fit Bill.

Harry leva la main tout en se reculant un peu.

« Au revoir, Charlie, » dit-il une nouvelle fois.

« Au revoir, à très bientôt, promis, » lui assura le rouquin.

Après un dernier échange de sourire, le brun tourna et disparut dans un crac.

Charlie ressentit aussitôt un immense vide dans la poitrine. Une sensation diffuse et un peu douloureuse lui enserrait le cœur.

Il resta planté là, comme un couillon, du moins à son avis, regardant bêtement l'espace où le jeune homme avait disparu. Il sentit, plus qu'il ne vit, les hautes silhouettes de son frère et de son père qui l'encadrèrent.

« Alors ? Bilan de ces journées ? » demanda Bill.

Un lourd soupir lui répondit.

« Papa, Bill. Je crois que j'ai un gros problème. »

« Vraiment ? On se demande bien lequel, » fit Arthur, un brin taquin.

Charlie leva enfin ses yeux vers le visage de son père, puis de son frère aîné. Ils étaient, l'un et l'autre plus grands que lui et le dépassaient d'environ une tête.

« Je crois... Je suis amoureux. »

Deux éclats de rire se firent entendre, alors que le patriarche passait un bras sur les épaules de son fils.

« On ne l'aurait jamais deviné, je t'assure, » se moqua-t-il gentiment.

« Et s'il tombait amoureux de quelqu'un d'autre avant que je revienne ? » s'interrogea Charlie.

Il ne se rendit compte qu'il avait parlé à voix haute que lorsque Bill lui répondit.

« Je ne pense pas. Ron me dit qu'il est toujours touché par ce que lui a fait Ultan, il n'a plus confiance en grand monde. Mais de ce que j'en ai vu, tu fais partie des privilégiés, c'est certain. T'inquiète pas, frate. Écris-lui. À mon avis, pendant tes vacances de Noël, il te tombera dans les bras comme un fruit bien mûr. »

Cette fois, ce fut au tour de Charlie de se mettre à rire.

« J'adore la comparaison. Mais cela ne vous choque pas ? Je veux dire... C'est Harry. »

« Je ne vois pas où est le problème, bien au contraire. Je désespérais même qu'un jour vous vous rendiez compte à quel point vous seriez bien ensemble, pour tout te dire, » confia alors Arthur.

Il tapa sur les épaules larges de son cadet.

« Allez, rentrons, sinon les femmes vont encore se demander ce que l'on complote. »

« Note, elles n'auraient pas tout à fait tort, » constata Bill.

... ... ...

Le retour en Roumanie fut bien différent des autres, cette fois-là.

Charlie avait des projets plein la tête. Oui, il était amoureux, il avait envie de croquer la vie, de dire à tout le monde à quel point elle pouvait être belle. Mais elle allait être encore plus belle le jour où Harry et lui seraient en couple.

Il avait, pour la première fois depuis des années, depuis Adrian en réalité, un projet personnel qui lui tenait autant à cœur que sa carrière.

Le rouquin mit donc les bouchées doubles. Il n'abandonna pas ses études concernant le Cornelongue. Hors de question. Lui et Laurent avaient fait des découvertes incroyables. Leur master en magizoologie se poursuivrait en parallèle à leur métier de dragonnier.

Il commença son travail en tant que chef de secteur, retrouvant d'ailleurs un ancien collègue chef d'équipe qui avait bougé et trois équipiers. Il était vrai que les différents secteurs de la réserve n'étaient pas très hermétiques, permettant ainsi aux dragonniers de muter régulièrement d'un secteur à l'autre.

Charlie se lança également dans la recherche d'une maison. Il voulait un vrai chez lui, pour s'installer pour de bon. Un foyer où il pourrait accueillir dignement les membres de sa famille, des amis et surtout... surtout Harry. Mais cela, il ne voulait pas trop y penser. Si jamais cela ne fonctionnait pas avec le brun, il aurait trop de regrets.

Le rouquin ne se demanda même pas comment il ferait s'ils débutaient une relation tous les deux. Enfin, si de temps en temps, il y pensait bien un peu. Il savait bien sûr que lui ne partirait pas de sitôt de Roumanie. Mais il savait tout autant qu'il était capable de survivre à une relation à distance, du moins quelques temps. Ensuite... Eh bien, puisque tant Ron que Harry lui-même, lui avaient confié que le jeune homme était assez déçu par le métier d'Auror, peut-être qu'il accepterait de le rejoindre ici ? Charlie gagnait suffisamment bien sa vie pour permettre à Harry de ne pas travailler dans l'immédiat, voire même jamais. À moins qu'il décide de trouver une équivalence et d'exercer son métier d'Auror en Roumanie ? Pour être franc, si vraiment Harry ne voulait pas le rejoindre en Roumanie, Charlie envisageait même la possibilité, pour la première fois de sa vie, de demander son transfert au Pays de Galles. Il n'en avait pas du tout l'envie, mais si c'était la seule façon de donner une chance de réussite à son couple...

À chaque fois que Charlie se perdait dans de telles pensées, il se morigénait vivement. Non, cela n'allait pas du tout, il mettait la calèche avant les Sombrals. D'abord, il fallait que Harry et lui soient un couple, le reste, il verrait bien.

Tout à son métier et ses projets amoureux, Charlie était véritablement heureux.

Son bonheur grimpa d'un cran quand il eut son deuxième coup de foudre de l'année. Pour sa maison. L'agent immobilier de Sibiu lui en avait fait visiter plusieurs, mais aucune ne convenait. Jusqu'à ce qu'il découvre celle de Savoijà.

Il connaissait ce village des Carpates, pas très loin de Sibiru et donc, des limites de la réserve. C'était un joli village composé de sorciers, facile d'accès de ce fait par transplanage et dont toutes les cheminées étaient reliées au réseau.

La seule maison encore disponible se situait un peu à l'écart, à l'orée de la forêt et au pied d'une colline. Derrière, se tenaient de plus hautes montagnes. Elle nécessitait un sérieux coup de pinceau et plusieurs travaux mais elle était, aux yeux de Charlie, magnifique. Elle était plantée sur un grand jardin, agrémentée de deux terrasses et d'un verger. Surtout, tout au fond vers le début de la forêt, se trouvait un petit plan d'eau. Oui, Charlie se voyait bien vivre ici, si possible avec Harry.

Le dragonnier l'acheta sans hésiter. Avec ses collègues et amis, ils planifièrent des travaux pour la rendre rapidement habitable et confortable. Charlie décida de conserver les boiseries extérieures bleues, c'était assez courant dans ce coin de Roumanie.

Le dragonnier voulait pouvoir raconter tout cela au jeune brun qui hantait ses pensées ainsi que ses nuits.

Pourtant, le rêve de Charlie subit un coup terrible dans la matinée du 17 septembre.

Le rouquin était légèrement inquiet. Il n'avait pas eu de nouvelles de son père ou de Bill depuis plusieurs jours, ce qui était tout à fait anormal. Les hiboux avaient à peine le temps de se reposer qu'ils repartaient déjà d'habitude. Or là, une grosse semaine s'était écoulée depuis sa dernière lettre.

Planchant avec sérieux sur sa poudre d'écaille caudale, Charlie était pourtant à des kilomètres de s'imaginer ce qui allait lui tomber sur la tête. Il entendit que l'on frappait à la porte de leur laboratoire, mais Laurent le devança en beuglant de sa table à l'enquiquineur de rentrer.

« Charlie ? »

Le rouquin releva le visage de sa table pour dévisager l'une des secrétaires de la réserve.

« Oui ? »

« Votre père vous demande au téléphone. »

Le cadet Weasley sentit sa bouche s'ouvrir d'un coup puis son corps se geler. Son père ? Au téléphone ? Depuis quand son père l'appelait lui, en Roumanie, au téléphone comme cela, sans que rien ne le laisse présager ?

Le rouquin se redressa immédiatement et se précipita dans le couloir. Si son père lui passait un coup de fil, c'était que quelque chose de grave, très grave, était arrivé à un membre de sa famille.

L'estomac jouant à faire des nœuds avec son intestin, Charlie se demanda qui était mort.

Il dévala les escaliers pour prendre le combiné que lui tendait une autre secrétaire, dans un petit bureau.

« Papa ? » Merlin, même lui pouvait entendre que sa voix était angoissée.

« Charlie ? C'est toi ? » fit celle d'Arthur.

Charlie ferma les yeux. Pas de doute, si sa voix transpirait l'angoisse, celle de son père était blanche.

« Oui, c'est moi. Qu'est ce qui se passe ? Est-ce que quelqu'un a eu un accident ? »

Un accident. Manière élégante de demander qui avait passé la baguette à gauche.

« Je... Charlie, je ne sais pas trop comment t'annoncer cela... »

« Qui, papa ? Qui est mort ? »

« Mort ? Oh Merlin, Charlie, non, personne n'est mort, rassure-toi. »

Le dragonnier poussa un bref soupir de soulagement. Puis il se reprit. D'accord, personne n'était mort mais alors, que se passait-il donc ?

« Papa, explique-moi s'il te plaît, là je m'inquiète vraiment. »

« Charlie... C'est vraiment difficile, mais je ne pouvais pas te le dire par courrier... Voilà... Il s'est passé quelque chose de terrible. Charlie... Harry... »

« Harry ? Quoi ? Papa ! » cria Charlie dans le combiné, les nerfs à vif.

« Il... On ne savait pas... Il est vivant, rassure-toi. »

« Papa, par pitié ! Arrête de tergiverser et explique ! » s'énerva Charlie.

« Il était à l'hôpital, depuis la semaine dernière. Ron et Hermione nous ont avertis jeudi. Harry ne voulait pas que l'on sache ce qui lui était arrivé. Il... Il va très mal, pas physiquement mais... Il était dans un hôpital moldu, mais a été transféré. Ta mère et moi on voulait qu'il vienne à la maison, il a refusé, à cause de sa santé, et puis... La police ne voulait pas non plus. »

« La police ? » ne put s'empêcher de l'interrompre Charlie. « Quelle police ? »

« Scotland Yard. Il lui est arrivé quelque chose chez les Moldus, à Londres. Il a été placé chez des Moldus d'ailleurs. Ron va lui rendre visite, Molly et moi allons y aller aussi, très certainement pendant cette semaine. Il a besoin de nous. Pauvre enfant... »

« Papa, mais qu'est ce qui s'est passé, par Merlin !? »

La voix d'Arthur se brisa. Charlie frémit en entendant son père se mettre à pleurer.

« Il... Le week-end dernier, il se promenait à Soho et... Il a été enlevé, Charlie, par deux hommes. Des Moldus, qui droguent leurs victimes. C'est pour cela que Harry n'a pas pu se défendre... Ils... Ils ont déjà enlevé sept garçons depuis cet été et ils courent toujours... D'habitude, ils tuent leurs victimes... Là, Harry a pu s'échapper mais...

« Mais ? » demanda Charlie, la gorge nouée.

Son père eut un énorme sanglot avec de lâcher l'information.

« Ils l'ont torturé, Charlie, il a été violé. »

... ... ...

Quand Charlie rentra chez lui, il avait un goût amer dans la bouche. Laurent l'avait raccompagné. Il lui avait tout expliqué.

Charlie versa quelques larmes et tapa du poing sur sa table, laissant libre court à sa rage et à sa douleur. Harry...

Puis il redressa la tête. Oui, Harry. C'était Harry la victime, personne d'autre. Il n'avait pas le droit de s'apitoyer sur son propre sort. Car lui serait là, cela ne changeait rien ! Il refusait que cela change quelque chose pour lui, pour eux, pour ses projets et son amour naissant.

Il lui écrirait les lettres promises, il allait se débrouiller avec Focnebun pour prendre deux semaines de congés pour les fêtes de fin d'année. Il serait là pour le plus jeune. D'accord, il avancerait beaucoup moins vite que ce qu'il avait pensé, mais il l'aimait, cela ne changeait rien à ses sentiments pour lui. Il était tombé amoureux du brun. Très vite, il l'admettait. Par contre, il prendrait tout le temps nécessaire pour que le garçon éprouve les mêmes sentiments à son égard. Harry avait besoin de lui, alors il serait là.

Charlie redoubla donc d'effort, à son travail et chez lui. Surtout, il prit contact avec un médecin de l'hôpital, qu'il connaissait bien. C'était lui qui l'avait soigné à son retour d'Angleterre quand Lestrange l'avait poignardé. Ils discutèrent longuement, sur le viol, les réactions possibles des victimes, les conséquences du choc post traumatique pour Harry et les façons de l'aider. Il ne lui cacha rien de ses sentiments pour le jeune homme.

Et enfin, un soir, Charlie s'attaqua à la tâche qu'il avait repoussée jusqu'à ce jour. Il prit une plume, un parchemin, décidant de tendre une main vers Harry.

Zavoijà, le 25 septembre 2001

Cher Harry,

J'ai appris très récemment ce qui t'était arrivé. Je confie donc cette lettre à mon père et Ron pour qu'ils te la transmettent à leur tour car je sais que tu n'es pas chez toi. Au moins, je suis sûr que de cette façon, où que tu ailles, ils pourront te la donner.

Je t'avais promis de ne pas t'oublier en retournant en Roumanie et je savais que je tiendrais facilement cette promesse car je ne t'ai jamais oublié de toute façon. Cette fois-là, plus que toutes les autres. Je pense à toi tous les jours.

Harry, je ne vais pas te faire perdre ton temps en palabres futiles. Je veux juste te dire que tu comptes énormément pour moi et que rien de ce qui a pu se passer ne changera jamais les sentiments que je te porte au fond de mon cœur.

Je regrette vraiment de ne pas avoir pu passer plus de temps avec toi jusqu'à présent. Nous ne sommes sans doute pas aussi proches que ce que j'aimerais, mais sois sûr que je voudrais que cela change dans le futur. J'espère que toi aussi, tu aimerais que nous nous rapprochions, tous les deux.

Je voudrais aussi te dire que tu peux compter sur moi. Toujours. Je serai toujours là pour toi, Harry, quoi qu'il se passe dans ta vie. Si tu as besoin de moi, je serai là. Que ce soit juste pour discuter ou pour quoi que ce soit d'autre. Si tu veux changer un peu d'air, je suis là aussi.

J'aimerais beaucoup avoir de tes nouvelles, savoir comment tu te portes. Si tu en as envie, tu peux me parler de tout ce que tu veux, de ce qui s'est passé ou non, ou même simplement de la pluie ou du beau temps, je suis là.

Je serai toujours là pour toi.

Prends bien soin de toi.

Je t'embrasse de tout mon cœur.

Charlie

Ps : Je te joins une photo d'un Magyar. C'est un jeune mâle qui est à la réserve depuis deux ans. Je me suis dit que cela te plairait peut-être. Je sais que cette lettre est courte, mais j'attends de pouvoir lire la tienne afin de te répondre plus longuement. Cette lettre n'est que la première, sois-en sûr, du moins, si tu le souhaites aussi.

À très bientôt.

Bisous.

Charlie.

Il plia la lettre, la coinçant dans celle qu'il destinait à son père. Il transplana ensuite directement à la poste sorcière de Sibiu. Il choisit un Grand Duc fort, robuste et rapide pour lui confier sa missive. En voyant le rapace s'envoler, Charlie sourit. Il était un peu inquiet bien sûr, mais gardait confiance. Il avait foi en lui, en sa bonne étoile et à ce qu'il avait vu dans les yeux du brun durant l'été.

Ce serait dur, il le savait. Tant pis, il avait pris une décision, il suivait son cœur. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre la réponse de son père et surtout, celle de son futur amour.

FIN


NDA: Oui, Charlie c'est bien fini. Je vous l'avais dit, cette fiction s'arrêterait quand Charlie admettrait ses sentiments envers Harry et quand elle rejoindrait mon autre fiction dont elle est, en quelque sorte, la pré-quelle, à savoir Identités Déclarées. Ceux qui ne la connaissent pas peuvent donc aller la découvrir afin de lire ce qui se passera entre Charlie et Harry.

Comme je l'ai annoncé à certains d'entre vous, je ferai plus tard un recueil d'OS sur la vie de Charlie et Harry. Si vous avez des idées, des envies, des moments de vie que vous aimeriez lire, n'hésitez pas à m'en faire part.

Merci beaucoup de m'avoir lue et encouragée.