Ce que veulent les autres

Disclaimer : Ils ne sont pas à moi. Sherlock appartient à Conan Doyle, son interprétation moderne à Moffat et Benedict et Martin s'auto-appartiennent.

Ce qui m'appartient un peu sont mes rêves 3

Rating : M mais pas tout de suite

Bonjour, bonjour,

Voici une petite fic sans prétention sur l'univers de Sherlock. Certains le savent peut-être, je suis actuellement en train d'écrire une fanfic dans l'univers d'Harry Potter et je voulais les rassurer sur le fait que cette fic continue bien mais que j'ai eu un tel coup de cœur pour la série Sherlock que je me suis dit qu'il fallait que j'écrive quelque chose tant que j'avais encore le cœur qui bat à cent à l'heure.

Cette fic sera donc écrite rapidement. Le premier chapitre a été écrit en trois jours et j'espère bien la finir en deux semaines. Il y aura encore deux chapitres !

J'espère que vous apprécierez la merveilleuse image de présentation que j'ai fait en 5mn montre en main ;)

Et un merci spécial à miss Tachika qui a accepté d'être ma béta! 3

Enjoy!

Chapitre 1 : Un plan concernant le sulfate de Zinc

-POV Sherlock-

J'aime ton visage.

Et comme je l'aime alors le contempler m'apporte une sensation d'apaisement que je sais être la simple combinaison de molécules dans mon cerveau et cela m'agace.

J'aime tes traits nonchalants et la courbe busquée de ton nez quand tu es de profil. Et pourtant à cet instant je te hais. Et cela me bouleverse davantage, car c'est un sentiment plus puissant que le bien-être.

Il ne reste plus qu'à fermer boutique. Clore le rideau. Fermer la porte. Mais rester à la fenêtre, toujours. Jeter des regards dans la rue, subrepticement, afin de soigneusement noter chaque détail.

J'ai sans doute l'air de taper un nouvel article dans mon blog sur les différentes textures de poils de chien mais en réalité…

Je t'observe.

Trois fois déjà tu as jeté un regard dans le miroir. Tes cheveux sont bien coiffés, ton pull est propre, bien ajusté.

Cinq fois, tu as levé les yeux du journal pour contempler l'horloge. Bientôt 19h. Tu aimes les chiffres carrés. Comme un relent de ta vie de militaire.

Tout à l'heure, je t'ai croisé en allant à la salle de bain et l'espace d'une seconde, j'ai été envahi par l'odeur d'eau de Cologne que tu as déposé en un point derrière chaque oreille.

Ce soir tu sors.

Il n'y a pas de suspense.

Je me sens seul et mon ennui se teinte d'une sensation sourde d'abandon. Malgré mes efforts, je ne peux cesser de haïr ton visage qui se tourne sans arrêt vers l'espoir d'un autre être. D'une personne entre nous, qui creuserait son nid dans notre quotidien, comme le ferait un termite.

Il est 19h moins trois minutes.

Tu décroises tes jambes pour les croiser dans l'autre sens, ta main tapote ton accoudoir en signe d'impatience. Bientôt l'aiguille des secondes aura fini ses tours, tu vas te lever et tu vas m'annoncer que je ne dois pas t'attendre ce soir. Ton ton sera faussement nonchalant car je sais que depuis ce matin, tu ne penses qu'à ça. Tu y penses tellement que tu n'as pas remarqué que j'étais un peu plus froid que d'habitude.

Ah voilà, plus que quelques secondes! Je vois tes mains sur les accoudoirs. Tu t'apprêtes à te lever. Mais je ne peux pas décemment te laisser faire si facilement :

- John ?

Aussitôt tu ressembles à un animal sauvage pris au dépourvu. Les yeux grands ouverts qui se sont tournés vers moi attendent quelque chose avec une expression à la fois inquiète et agacée. Sans arriver à en être sûr, tu te demandes si je le fais exprès. Mais je ne vais pas te regarder, non, non. Pas te donner de confirmation.

Tu adoptes un timbre prudent :

- Oui, Sherlock ?

- Tu me préparerais une tasse de thé ?

Je continue à fixer mon écran, tout en ignorant la grimace blasée qui se peint sur tes traits affables.

Et maintenant que vas-tu faire ? Je sens l'hésitation qui t'envahit. Tu as plusieurs phrases sur le bout de la langue. Langue qui pointe entre tes dents. Mais tu refermes la bouche, aussi vite.

« Je m'apprêtais justement à partir… », « Tu es assez grand pour te lever tout seul… », « Tu ne crois pas que j'ai autre chose à faire ? »…

Mais non, tu ravales tes protestations, tu te lèves, tu vas à la cuisine et tu me prépares mon thé.

Je le sais pourtant. Tu détestes être en retard pour tes rencards. Et moi j'aime mon thé parfaitement préparé. Tu attendras patiemment à coté du sablier qu'il soit infusé juste comme il faut.

Deux sucres et du lait, merci bien.

Pourquoi t'es-tu résigné à te mettre en retard à cause de moi ?

Je compte mentalement mes hypothèses.

Peut-être par habitude? Parce que si tu n'obéis pas alors tu sais que je serai infect, que je me comporterai comme un enfant insupportable.

Ou bien par compassion? Parce que je me suis ennuyé toute la journée (boring, boring, boring…) et que jusqu'ici tu étais mon compagnon d'ennui. Te sens-tu coupable de me livrer en pâture à mon auto-emmerdement ?

Je l'interprète aussi comme un potentiel pas en arrière. La fille n'est pas la bonne. Mais tu as envie de coucher, pas vrai ? Un comportement qui me laisse perplexe, mais qui est important pour toi. Tu vas y aller, mais déjà tu sais qu'il n'y aura rien qui puisse aller plus loin entre vous. Rien qui puisse t'empêcher finalement de rentrer à la maison. Ici. Ouf.

Le thé se pose devant moi.

Je souris froidement comme tout remerciement et tu te mords la lèvre en fronçant les sourcils. Tu en as marre de moi mais tu restes.

Tu m'annonces que tu as un rendez-vous. De ne pas t'attendre. Tu enfiles rapidement ton blouson et j'ai à peine le temps de répondre que tu as déjà filé.

Mais ce n'est pas grave. Je trempe mes lèvres dans le thé.

Dans deux heures, je ferai une expérience et j'aurais désespérément besoin que tu ailles me chercher un truc –n'importe quoi !- à la station service la plus proche.

Une angoisse m'envahit alors… C'est la même que la dernière fois, et que la fois d'avant, de plus en plus fréquente…

Et si tu ne venais pas cette fois ? Et si tu m'ignorais pour rester avec elle ?

La porte a claqué en bas. Je me lève et vais allumer une cigarette –tu n'en sauras rien…-.

Cette fois encore, tu m'as fait mon thé.

Je suis le plus important. Tout va bien.

Une semaine plus tard…

POV Watson

L'averse m'est tombée dessus comme si tous les nuages du ciel avaient soudainement décidé de s'essorer au dessus de mon crâne.

Oh bordel !

Pourtant une demi-heure auparavant, il faisait parfaitement beau. Une fois de plus, je me sentis stupide de ne pas avoir écouté Sherlock quand celui-ci m'avait conseillé de prendre un parapluie.

J'eus juste eu le temps de me réfugier sous l'auvent d'un café quelconque tout en pataugeant dans mes chaussures de ville.

Il n'y avait pas de quoi faire un drame. Il me suffisait de prendre le métro après tout...

Je soupirai doucement. Moi qui fantasmais sur cette marche à pied, après cette semaine enfermé entre mon cabinet et l'appartement où un Sherlock fou tournait en rond comme un fauve dans sa cage.

J'enfonçai ma main dans ma poche à la recherche d'un ticket de métro.

En parlant de Sherlock, je l'avais quitté inhabituellement calme. La dernière fois que je l'avais engueulé avait peut-être porté ses fruits.

Après la soirée qu'il m'avait fait admirablement écourter la semaine dernière en prétextant une urgence - urgence étant que Monsieur avait un besoin immédiat de petits gâteaux dans son thé pour son expérience-, j'avais craqué. C'en était trop. Cette fois, Sherlock avait été trop loin.

Je m'étais permis de lui faire savoir ma façon de penser qui était surtout de ne plus jamais mettre son nez dans mes affaires dès qu'il s'agissait d'une affaire de c... De cœur...

Il l'avait prit beaucoup mieux que ce que j'aurais cru et quand je lui avais annoncé tout à l'heure que j'avais de nouveau un rencard avec la même fille, il n'avait même pas levé le nez de son expérience, se contentant de me conseiller « de prendre un parapluie, il va bientôt pleuvoir... », conseil que j'aurais dû suivre.

Je fouillai de mon mieux dans mes poches. J'avais beau les retourner, les seuls tickets que je pouvais retrouver étaient tous usagés. Avec agacement, je m'aperçus également que j'avais stupidement oublié mon portefeuille dans mon autre veste. Celui dans lequel j'avais laissé mes tickets de métro, évidement !

Comment avais-je pu être aussi stupide ?!

J'essayai de prendre une décision le plus rapidement possible. J'avais quitté l'appartement il y a un quart d'heure et je me trouvais encore loin du centre ville. En retournant en courant jusqu'au 221B Baker Street, je devrais avoir le temps de récupérer des vêtements secs, un parapluie, et d'être à l'heure en sautant dans le premier taxi.

Je fixais le rideau gris et opaque qui tombait devant moi et transformait le paysage de la rue en un gros amas flou. Un petit chien de mémère accroché sous l'auvent aboya avant de me lançer un regard morne auquel je répondis par une moue chagrinée.

Je supposais n'avoir pas vraiment le choix

Tout en rabattant le col de mon manteau sur ma nuque -et durant l'espace d'une demi-seconde, je me sentis tel Sherlock-, je m'élançai en courant dans la rue. La pluie me martela de toute part et je fus bientôt aussi ruisselant qu'une gouttière.

Oh mon Dieu, je détestais ce genre de situation idiote !

D'un geste de la main, je chassai l'eau qui me coulait dans les yeux et je continuai de courir en direction de notre appartement.

Il me fallut à peu près dix minutes pour franchir le perron. Je grimpai les marches quatre à quatre pour arriver jusqu'à la porte.

Je notai mentalement et avec une légère surprise que la porte était restée entrouverte.

Je poussai le battant et entrai.

La maison était silencieuse et les lumières étaient éteintes.

Rapidement, j'enlevai mes chaussures trempées pour enfiler mes chaussons. Le silence me crispa. J'appelai à mi-voix :

- Sherlock? Tu es là ?

Seul le bruit des gouttes qui cognent contre la vitre me répondit.

Sherlock ne m'avait pas spécifiquement dit qu'il comptait rester à l'appartement, mais la porte entrouverte m'inquiétait un peu.

Je fis rapidement le tour des pièces. Il n'était pas dans sa chambre et son microscope était rangé. Je retournai rapidement dans l'entrée. Ses chaussures étaient toujours à leur place.

Je fronçai les sourcils, ne sachant trop si je devais juste aller me changer ou si je devais paniquer.

J'entendis du bruit en bas et je descendis les marches rapidement.

Je vis Mrs Hudson qui revenait de la boite aux lettres. Elle me lança un regard étonné :

- Et bien mon cher, je vous croyais en rendez-vous... Que se passe t-il ? Vous avez l'air tout à fait troublé...

- Est-ce-que vous auriez vu Sherlock ? Il est absent et ses chaussures sont toujours là...

Elle se rapprocha de l'escalier avec ce charmant dandinement qui faisait sa démarche :

- Sherlock ? Il est sur le toit. Il est passé me demander les clés tout à l'heure...

- Sur le toit ? Qu'est ce qu'il fabrique là-haut avec ce temps épouvantable !?

Elle haussa les épaules et ouvrit de grands yeux:

- Je n'en ai absolument aucune idée. Il était... Un peu bizarre... Mais c'est Sherlock. Il est toujours un peu bizarre, le pauvre chéri...

Et puis elle retourna tranquillement dans son appartement en haussant à nouveau les épaules, comme si l'étrangeté de Sherlock était une fatalité et qu'il fallait faire avec.

Troublé, je gravis l'escalier jusqu'à notre appartement, puis après une hésitation, je montai la salve de marches qui menait sur le toit. L'immeuble était séparé du dehors par une épaisse porte de métal avec un hublot grillagé.

Avec un grognement, je réalisai que le hublot était à une taille parfaite pour Sherlock, ce qui signifiait qu'il était trop haut pour moi.

Dressé sur la pointe des pieds, je me sentis parfaitement ridicule.

L'image dansa un peu devant mes yeux, le temps que je trouve mon équilibre.

Sherlock était dehors.

- Nom d'un chien, qu'est ce qu'il fabrique encore ? grommelai-je entre mes dents. Il veut attraper la mort ou quoi ?

Sherlock était dos à moi et il portait sa robe de chambre bleue, la même qu'il avait enfilé juste avant que je parte.

Je ne sais pas très bien pourquoi je n'ai pas ouvert la porte, pourquoi j'ai continué à observer sa grande silhouette dégingandée et trempée qui restait debout, presque immobile, effectuant simplement quelques mouvements absurdes avec les bras.

Je plissai les yeux pour mieux le discerner parmi la densité des gouttes.

Il y avait quelque chose de merveilleusement doux à contempler les boucles noires qui dessinaient leurs accroche-cœurs sur la peau blanche du cou, à voir le poids du vêtement trempé épouser le triangle des épaules.

La vision de ses pieds nus sur les dallages de pierre me fit frissonner avant que je ne me rappelle que moi aussi j'étais trempé.

Combien de temps je suis resté là ? A moitié inquiet, sans trop savoir si je devais intervenir ou non. Et puis soudain, je l'ai vu jeter quelque chose par terre, que j'ai -en fronçant le nez- deviné être une cigarette.

Je suis retombé sur mes talons alors même que Sherlock se retournait et j'ai senti la panique m'envahir.

J'ai redescendu les escaliers quatre à quatre en faisant le moins de bruits possibles.

J'ai disparu dans l'appartement à l'instant même où la porte de métal s'ouvrait en grinçant. J'ai remercié le ciel de porter des chaussons et j'ai machinalement dissimulé mes chaussures mouillées dans le placard. Et puis j'ai filé dans le couloir où je me suis dissimulé dans un coin en me disant que tout cela était parfaitement stupide et que cette fois, j'allais vraiment être en retard à mon rendez-vous.

Sherlock entra dans l'appartement une poignée de secondes plus tard et referma la porte derrière lui. Pendant quelques instants, il n'y eu que le silence et je me demandais nerveusement ce que j'avais pu laisser comme indices qui pourraient faire deviner à Sherlock que son colocataire était en train de l'épier au sein de sa propre maison.

J'entendis le bruit humide de ses pieds dans le salon qu'il traversa en direction du couloir. Je frémis en réalisant que si Sherlock allait jusqu'à sa chambre, je serais découvert dans une position des plus ridicule.

Cependant, Sherlock entra dans la salle de bain en fermant à moitié la porte derrière lui.

J'entendis le bruit du robinet du lavabo s'ouvrir un instant, se refermer, et puis plus rien.

Le silence s'égrena pendant quelques secondes où je dus me contenter de bouillir de curiosité.

Finalement, je me rapprochais à pas de loup et osait glisser un œil sur ce qui se passait à l'intérieur.

Sherlock s'était débarrassé de son peignoir et il avait à moitié déboutonné la chemise blanche et trempée qui lui collait à l'épiderme dans une parfaite indécence.

Un léger malaise s'insinua en moi.

Sherlock était immobile devant le miroir, son regard gris acier planté dans celui de son double, ses mains posées de façon étrange sur son visage. Les doigts glissaient sur sa peau comme pour en apprendre les contours. Ils en testaient l'élasticité, déformant la bouche, épousant les pommettes taillées à la serpe.

Il me fit penser à un bébé qui apprendrait à jouer avec ses orteils.

Sherlock apprenait son visage.

Cette scène était si terriblement intime que je voulus fuir. Ce qui me troubla davantage, c'est la sensualité écrasante qui se dégageait de sa silhouette filiforme durant cet instant. Et moi je me sentis coupable de le penser comme un corps, lui qui n'était qu'esprit et intellect.

La parfaite innocence de mon colocataire devant son reflet me fit faire une grimace de dégoût tant je m'identifiai soudain à un type douteux attendant qu'une gamine sorte de l'école.

Le sang pulsa dans mes veines et je le sentis battre à mes tempes.

Je me demandai vaguement comment j'allais pouvoir sortir de tout ce bazar, quand soudain, Sherlock se retourna à moitié vers l'ouverture de la porte.

Je retins mon souffle. Il sourit doucement, un peu rêveusement, avant de murmurer :

- Tu gouttes, John…

Je fermai les yeux en me maudissant. Quelle était la probabilité que Sherlock ignore les gouttes qui tombaient de mon pull trempé sur la moquette ? Sans parler des traces que j'avais dû laisser dans l'escalier.

Quand il sortit de la salle de bain, j'étais rouge de confusion mais je n'essayai plus de me cacher. Je me sentais déjà suffisamment ridicule comme ça.

Je fis un effort pour me reprendre. Ma voix manquait d'assurance mais elle ne tremblait pas :

- Est-ce que tu vas bien ?

Je n'osai pas jeter un coup d'œil sur sa silhouette humide qui se découpait sur l'encadrement de la salle de bain illuminée.

- Je vais bien, John.

- Tu es sûr ?

Mon ton était peut-être un peu trop empressé de trouver un alibi à ma traque et si Sherlock le remarqua – oh il le fit, j'en suis sûr !- il n'en parla pas. Et d'ailleurs il ne répondit pas non plus à ma deuxième interrogation.

- Tu es trempé. Tu n'avais pas un rendez-vous ?

J'humectai nerveusement mes lèvres. Ce qui était sûr, c'est qu'il n'était pas dans son état normal. Je fis un geste négligeant de la main :

- J'avais oublié mes tickets de métro et mon parapluie, j'ai dû revenir…

Sherlock baissa ses yeux froids sur mon visage et me fit un petit sourire narquois avant de retourner dans la salle de bain pour en ressortir avec une épaisse serviette de couleur crème. Je le regardai faire, un peu hagard et ce n'est que quand il posa la serviette sur mon crâne et qu'il se mit à me frictionner les cheveux que je réalisai qu'il était plus près de moi que d'habitude. Il émanait de lui une odeur de pluie et de tabac.

Je sentis ses longs doigts sur mon cuir chevelu à travers le tissu éponge.

Il me fallut quelques instants pour oser lever les yeux vers lui – oh mon Dieu qu'il est grand l'enfoiré ! -. Il n'avait pas l'air en colère mais ses yeux reflétaient un sentiment étrange. Une sorte d'avidité sans pitié et puis la même excitation que celle qui les traversait quand on lui proposait une nouvelle affaire.

Je sentis ma bouche devenir sèche et je lui pris la serviette des mains.

Pour éviter ses mains justement.

Et sa putain de chemise transparente qui collait à ses clavicules. Et puis ses boucles d'encre délicieusement collées à sa peau.

Et puis ses yeux. Et sa putain de silhouette immense tant qu'on y était.

Je m'éloignai rapidement pour reprendre contenance.

Sherlock était comme ça. Sexy naturellement.

Pour tout le monde. Les hommes, les femmes, les petites cuillères… Pour les loutres et les hérissons aussi… Surtout pour les hérissons…

Un esprit d'une parfaite austérité enfermé dans une apparence et une attitude conçue sur mesure pour baiser. Je me donnai des baffes mentales. Sherlock était mon ami le plus cher et c'était une insulte à son égard que de le considérer comme un tas de chair où assouvir mes pulsions.

Je m'enfuis en direction de ma chambre.

- Où est ce que tu vas ?

- Il faut que je me change, je suis déjà en retard !

Sherlock ne bougea pas. Il me regarda m'en aller sans frémir d'un pouce et je me suis vaguement demandé à quoi il pensait.

Il fallait que je baise un truc pour me vider le crâne, n'importe quoi. Même une loutre…

POV Sherlock

Depuis trois jours, tu m'évites un peu.

Je peux voir les pensées qui tournent en rond dans ta tête et ça me fatigue. L'autre jour, tu n'es pas revenu avant le lendemain. Mais tu es rentré à l'aube, de méchante humeur, ce qui me confirmait que tu avais eu envie de sexe mais pas d'un petit déjeuner romantique au lit.

A ce moment là, tu es monté dans ta chambre. Tu sentais le parfum de femme et la colère. Je me suis sentit à la fois amer et ravi, ce qui est une sensation intéressante.

Je devrais faire des expériences sur les sentiments contradictoires...

...

Revenons-en à toi...

Tu as fini par redescendre mais tu ne lâches pas ton PC une seconde. Quand je te demande du thé, tu obtempères sans broncher, sans éviter mon regard mais sans jamais lancer de conversation.

Tu as l'air en colère contre moi. Mais surtout contre toi-même.

J'essaie de deviner ce qui se passe dans ta tête pendant que je verse dans un bécher une quantité précise d'un liquide douteux.

A vrai dire, tu ne réagis pas vraiment comme je l'aurais souhaité.

Quelque chose a foiré dans mes calculs.

Il y a trois jours, tu m'as dit que tu allais aller voir ta conquête du moment et profiter du beau temps pour y aller à pied. Quand tu m'as ri au nez, j'en ai conçu un profond agacement qui s'est soldé par une petite expérience de mon cru.

Il ne fallait pas grand chose. Juste sournoisement glisser ta veste du moment au fin fond de la penderie et mettre à sa place une autre veste, approximativement de la même couleur.

Comme prévu, tu n'y as vu que du feu et tu es parti en laissant ton portefeuille et tes tickets de transport confortablement dans la penderie.

Quand à moi, je connais ton rythme, tes habitudes. Et je sais voir aussi quand le vent se lève et apporte les nuages.

Ils sont apparus quelques minutes à peine après que tu aies quitté l'appartement. J'ai terminé mon article sur mon blog et je suis descendu pour toquer à la porte de Mme Hudson afin de lui quémander les clefs.

J'ai remonté les escaliers quatre à quatre. J'ai récupéré le paquet de cigarettes que je cache soigneusement dans mon crâne depuis une semaine et puis je me suis délesté de mes chaussons que j'ai posés soigneusement à coté de mes chaussures dans l'entrée.

En prenant soin de laisser la porte entrouverte, je suis monté sur le toit et j'ai allumé l'objet du délit.

Je t'ai attendu John. J'ai pris tout mon temps. Depuis le toit, bien après que la pluie ai imprégné tout mes vêtements, j'ai attendu que tu reviennes en surveillant la rue.

Je t'ai vu courir en tenant ta veste au dessus de ta tête. Avec le col relevé, tu faisais semblant d'être moi.

Et puis j'ai entrebâillé la porte en métal et je t'ai écouté tourner en rond avant de croiser Mme Hudson.

Alors j'ai savouré ton inquiétude et je lui ai sacrifiée une cinquième cigarette.

Tu allais venir et me rejoindre sur le toit.

M'engueuler. Me reprocher de fumer dans ton dos. Et puis t'inquiéter.

Alors j'aurais recommencé à sentir tes yeux sur moi qui ne pourraient s'empêcher de me surveiller.

Tu aurais commencé à te poser cette question là :

Est ce que je vais bien ? Est-ce que ce n'est pas qu'un caprice quand j'espère que tu restes ?

Seulement ça ne s'est pas passé comme ça: Tu n'es pas venu. La dernière cigarette est partie en volutes de fumées sous la pluie froide et j'ai décidé de redescendre.

J'ai ouvert la porte et j'ai souri intérieurement.

D'infimes gouttes de pluies maculaient les marches.

Je suis retourné dans l'appartement. Tu n'étais pas là. Tes chaussures non plus.

Qu'est ce qui n'avait pas marché dans ce plan?

J'avais pourtant tout calculé...

Je suis allé à la salle de bain pour me passer de l'eau chaude sur le visage et prendre une douche.

Il ne m'a fallut que quelques secondes pour comprendre que tu étais là. Il y avait le bruit minuscule des gouttes sur le tapis.

Tu étais inquiet et tu m'observais.

Pour me donner du temps, je me mis à faire des choses absolument stupides devant la glace. Le genre de chose que ferait un pré-ado gothique pour montrer son mal-être. Ça allait plaire à John tout ce mélodrame.

Et puis finalement, il y eu la goutte en trop. Une grosse goutte bien lourde qui faisait trop de bruit.

Alors même que j'avais décidé de te laisser un espoir de fuite, j'ai craqué:

- Tu gouttes, John...

Et puis, c'est là, vraiment, que tout a dérapé.

Avec la serviette et ton drôle d'air de chiot mouillé.

...

Il y avait tes yeux dilatés et ton pouls erratique.

Ton teint rouge d'embarras qui était devenu d'un blanc crayeux.

Il y avait tes lèvres soudainement plus gonflées et les mouvements embarrassés de tes paupières.

Je t'ai vu fuir comme un lâche et j'ai même oublié d'être triste quand tu m'as laissé une fois encore. J'ai juste fait semblant que tu étais encore là et je t'ai parlé à voix haute.

« Fais-moi du thé, John… »

Et le thé ne vint pas.

Ce n'était pas cette conclusion là que j'attendais. Mais je sais lire dans les lignes.

John...

John.

Est-ce que tu me...

BAAAAAAAOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOMMMMMM !

Il est bon de noter, que même les génies peuvent se comporter comme des imbéciles. Ou même parfois se comporter comme des imbéciles de leur plein gré.

Comme par exemple effectuer la synthèse du sulfure de Zinc en une quantité légèrement supérieure qu'une pièce de monnaie.

Sulfure de Zinc qui comme chacun sait est un explosif et un fort irritant.

Mon bécher avait justement explosé de façon tout à fait discrète tout en me recouvrant violemment de morceaux de verres. Je sentis les fragments s'enfoncer dans ma peau et je ne pus m'empêcher de grimacer de douleur. Heureusement pour moi, j'avais placé des lunettes de protection devant mes yeux mais une grande estafilade avait zébrée ma joue.

En une poignée de secondes, tu es sorti de ta léthargie et tu t'es rué vers moi pour m'éloigner de la table.

- Mon Dieu, Sherlock ! Qu'est ce que tu as encore fabriqué !

La phrase était pleine de reproches mais le ton était inquiet.

L'expérience pouvait alors commencer. Qui a dit que j'en avais quelque chose à foutre du sulfure de zinc ?

POV John

Je cours plus que je ne fonce dans l'entrée pour récupérer ma sacoche de secours. En une poignée de secondes, je suis de retour aux côtés de mon colocataire qui s'est assis sans un mot sur le canapé en levant les mains vers le haut, de sorte à ne pas effleurer le tissu de ses mains blessées.

Je m'assieds à ses côtés et retrousse mes manches avant de désinfecter mes mains et mes instruments.

- Il va falloir que tu retires ta chemise Sherlock. Et je crois qu'elle est foutue…

Quel dommage d'ailleurs, comme la plupart de celles qu'il porte, cette chemise lui allait merveilleusement bien.

Sherlock me vrille de ses grands yeux bleus et secoue devant moi ses grandes mains recouvertes d'éclats de verre comme une mante religieuse géante.

- Je crois que je vais avoir besoin de ton aide…

Je soupire avant de remarquer que son pantalon est constellé de sulfure de Zinc.

- C'est pas vrai. C'est dangereux comme pas possible ce truc, à quoi tu pensais ?

- Je rêvassais, c'est tout.

- C'est malin, répondis-je en me levant à nouveau.

Je fais un passage à la cuisine afin de chercher un sac poubelle puis repasse à la salle de bain où je récupère une serviette ainsi qu'une bassine d'eau et un gant.

Je reviens me mettre à côté de lui avec un air blasé :

- Debout, il faut qu'on jette tous tes vêtements, sinon tu vas mettre de cette saloperie partout dans l'appart.

Sherlock se lève docilement, tout en me lançant un regard étrange de sous ses sourcils froncés.

Il étend les bras et je lui déboutonne rapidement sa chemise, vaguement mal à l'aise après l'incident de l'autre jour. Sa haute taille me gêne également. Il me fixe si fort que j'ai l'impression qu'il est une sorte de chauve-souris géante prête à me tomber dessus au moindre faux pas.

Un fois sa chemise ouverte, je l'aide à s'en débarrasser. Le vêtement finit rapidement dans le sac poubelle. Aussitôt, je reprends un regard professionnel devant les multiples coupures qui traversent son torse.

- N'oublie pas mon pantalon, John.

Il y a presque de l'amusement dans sa voix et je ne peux retenir un claquement de langue agacé.

- Oui, oui…

Je lève un sourcil moqueur. Qu'est ce qu'il croit celui-là ? Je suis médecin et je vois des hémorroïdes à longueur de journées. Comme si baisser son froc allait m'impressionner. Sherlock me renvoie mon regard tandis que je glisse mes doigts sur sa braguette pour déloger le bouton et baisser la fermeture. D'un geste vif, je descends son pantalon sur ses genoux et alors qu'il reste totalement immobile, je le pointe de l'index d'un air menaçant, sans pour autant trouver mes mots, alors finalement c'est Sherlock qui prend la parole :

- Tu veux que je t'aide ?

- Non, ironisais-je, j'adorerai m'échiner à descendre ton pantalon trop serré pour t'en sortir alors qu'il suffirait que tu te tortilles pour t'en débarrasser.

Sherlock sourit et je repensais soudainement à notre visite à Buckingham Palace. Sherlock se gondola de façon étrange jusqu'à ce que son pantalon atterrisse sur ses chevilles. Je fus prit d'un fou rire nerveux dans lequel il me rejoignit bientôt.

Après avoir libéré ses pieds, il se rassit sur le canapé et me tendit ses pieds avec malice :

- Un coup de main pour les chaussettes ?

- Je ne crois pas que tes chaussettes aient été atteintes par ta substance explosive Sherlock.

- Oui, mais ça me parait extrêmement douteux que d'être nu avec ses chaussettes.

- Tu n'es pas tout nu ! protestais-je en tirant tout de même sur les deux sous-vêtements avant de les jeter le plus loin possible.

- Pour l'instant. Je vais avoir besoin de ton aide pour ça.

Je fis une grimace en voyant que le liquide corrosif avait traversé son pantalon et formait une tâche humide sur les sous-vêtements de mon colocataire.

- Oh putain Sherlock !

- Dépêche-toi, je vais commencer à saigner sur le tapis.

- Oui et bien excuse-moi de m'intéresser d'abord à ton futur pénis désintégré.

Tout en regardant soigneusement ailleurs, je fis glisser son dernier vêtement le long de ses jambes et le jetai avec soulagement dans le sac poubelle. Avec le même détachement, je lui lançai le gant de toilette et la serviette tout en plaçant la bassine à sa droite.

Il me fallut quelques secondes avant de réaliser qu'il ne pourrait pas se laver tout seul. J'entendis sa voix de baryton qui murmura d'un ton goguenard :

- Tu rougis, John…

Dansant d'un pied sur l'autre, je me mis à rire, pas gêné du tout que Sherlock m'ait percé à jour :

- Oui. Oui, je suppose que je rougis, Sherlock.

Avec maladresse, je saisis le gant de toilette et le plongeait dans la bassine avant de l'essorer au dessus de l'aine de Sherlock qui glapit sous la sensation de l'eau glacé tout en me traitant de tous les noms.

- On va se contenter de ça pour le moment.

Je lui jetais la serviette par-dessus les hanches, puis m'asseyant à côté de lui, je me mis à désinfecter les plaies une par une après avoir soigneusement retiré les bouts de verres de la chair.

POV Sherlock

A quel moment est-ce que tu as basculé ?

Jusqu'ici tu as été remarquablement normal. Professionnel comme il faut. Mal à l'aise comme il faut.

Je sens tes yeux qui glissent sur moi pendant que tu me soignes et tu es soudain incroyablement doux et précautionneux. J'ai l'impression d'être l'objet chéri de ton attention et c'est moi qui suis troublé soudain.

Tu n'as plus du tout l'air mal à l'aise. Juste précautionneux et presque… Heureux.

Tu passes un temps incroyable à soigner mes mains. Parfois, quand ma peau frôle la tienne, j'ai la sensation de te faire frémir, mais peut-être que cela ne se passe que dans ma tête.

Je me demande ce que ça ferait de t'embrasser. Un baiser est peut-être acceptable...

Et de coucher avec toi ?

L'imaginer me procure une sensation douceâtre de nausée.

Mon corps contre celui d'un autre. Ma sueur mêlée à la tienne. Je frissonne d'angoisse.

Est-ce que tu resterais si je comblais le désir de sexe en toi ?

Depuis combien de temps ses pensées tournent en rond dans ma tête ?

Je regarde avec fascination mes mains bandées.

- Merci beaucoup John, murmurais-je.

Le silence me répond et je retourne à mes pensées.

Depuis une heure déjà, tu es allé chercher de quoi manger ce soir.

Je ne m'en rendrai pas compte avant que tu ne rentres…

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POV John

Durant les trois semaines qui suivirent, Sherlock se montra étrangement complaisant. Il faut dire qu'il avait eu à résoudre une affaire particulièrement complexe qui lui avait donné des orgasmes neuronaux. J'avais même mis la main sur l'endroit où il avait caché ses cigarettes et les lui avait confisquées. Et il n'avait rien dit !

La seule chose qui m'avait légèrement interpellé était que Sherlock avait de plus en plus la manie de me parler durant mon absence. Mais si ça pouvait me permettre une plus grande liberté, je n'allais pas me plaindre.

Sherlock était gentil, serviable, presque câlin le soir quand il se collait contre moi pour regarder la télé, les yeux embués de sommeil.

J'en profitais pour sortir beaucoup, afin de rendre visite à ma copine du moment qui était la nana la plus sympa avec qui j'étais sorti depuis une sacrée décennie.

J'étais parti pour la rejoindre ce jour-là mais mes projets furent réduits à néant...

Cependant ce ne fût pas complètement la faute de Sherlock pour une fois...

Il était même d'une humeur particulièrement complaisante puisqu'en sortant de la salle de bain, rasé de frais, je le trouvai en train de disputer une partie de « Qui-est-ce ? » avec Mycroft – partie qui avait la particularité de n'être jouée qu'en posant une seule question, on ne déconnait pas avec ces deux là-.

J'étais en train d'enfiler ma veste quand mon téléphone bipa en même temps que celui de Sherlock.

Je jetai un œil au texto de Lestrade qui nous suppliait ardemment de lui donner un coup de main immédiat dans une affaire de gangs qui tournait mal. Ils avaient déjà plusieurs blessés dans leurs rangs, un tueur s'était glissé parmi des otages et Lestrade comptait bien sur Sherlock pour le démasquer.

Sherlock me lança un regard aiguisé :

- Qu'est ce que tu en penses, Doc' ? Tu annules ton rendez-vous pour te joindre à moi ?

J'hésitai un instant. Après tout, j'avais déjà vu Elisabeth deux fois cette semaine. J'acquiesçai rapidement et envoyai un message rapide à la jeune femme.

Sherlock bondit aussitôt sur ses pieds et enfila son manteau en le faisant virevolter autour de lui de façon théâtrale.

- Tu ne finis pas notre partie ? protesta Mycroft en se retournant vers nous. Tu n'as même pas encore posé de question !

- C'est inutile, je sais que tu as choisi ce bonhomme ridicule avec des cheveux blancs, des lunettes et de grosses joues.

Je jetai un regard à la carte de Mycroft et fit une moue faussement impressionnée.

- Comment est ce que tu as fait ? demandais-je, avec un petit sourire émerveillé accroché aux lèvres.

Sherlock me montra un visage bouffi d'orgueil :

- Très facile ! Mycroft a jeté trois fois un œil à la pendule de la cuisine, ce qui signifie qu'il a faim. Cependant, il lui faudra attendre midi s'il ne veut pas faire une entorse à son régime. C'est pour ça qu'il a choisi inconsciemment le personnage le plus gros, afin de se faire culpabiliser.

- Pourquoi ne pas choisir un personnage maigre au contraire, pour se donner du courage ?

Sherlock répondit du tac-au-tac tout en faisant ses lacets :

- Parce que je connais mon frère et ses penchants masochistes...

Sherlock fit une grimace auquel Mycroft répondit par un rictus. Celui-ci se leva et nous accompagna jusqu'à la porte tandis que nous disparaissions dans les escaliers :

- Et bonne chance pour ton plan, mon cher frère, claironna t-il.

Nous avons sauté dans le premier Taxi et je lui demandai :

- Ton plan ? De quoi est-ce qu'il parle ?

Sherlock se tourna vers la fenêtre et observa au dehors en fronçant le nez :

- Rien d'important. Un truc qui concerne le sulfate de zinc.

Sans dire que l'enquête du jour se révéla un fiasco, elle nous fit cependant très peur. Le groupe criminel que l'équipe de Lestrade essayait de dissoudre était remarquablement bien organisé et ils étaient nombreux.

Certes, il avait fallu 7 mn montre en main pour que Sherlock trouve le coupable en prouvant par A plus B que « Regardez ses chaussures ! Même vous devriez être capable de voir ça ! Il y a sur le cuir le même dépôt de poussière rouge que celles sur les chaussures de ses complices. Cette poussière vient des souterrains au sous-sol qu'ils ont emprunté pour parvenir à l'intérieur de l'entreprise ! C'est totalement enfantin ! ».

Et puis tout s'est emballé. Les terroristes se sachant découverts, ils ont ouvert le feu et tout le reste n'était plus qu'une immense panique où Lestrade était actuellement en train de patauger pour protéger les civils au mieux.

Une balle avait effleuré mon cuir chevelu et je tentais d'ignorer le sang frais qui coulait sur mon front. La tête me tourna vaguement. Quelques secondes plus tard, je sentis que Sherlock se trouvait auprès de moi. Il passa un bras autour de mon épaule avant de m'entraîner vers une sortie.

Il me traîna jusqu'à un bureau quelconque et m'aida à m'appuyer contre un mur. Des tâches de lumières dansaient devant mes yeux bien que la pièce soit plongée dans l'obscurité et les vertiges augmentèrent. Un bruit de course retentit dans le couloir.

- Sherlock, murmurais-je en m'agrippant furieusement à son duffle-coat.

- Tais-toi, murmura t-il contre ma bouche tout en m'aidant à marcher pour nous dissimuler contre une colonne en plâtre.

La porte fût ouverte brutalement et Sherlock me serra contre lui tandis que nous retînmes nos souffles.

Le malfaiteur alluma la lumière et un néon sinistre s'alluma à moitié, clignotant par intermittence, baignant la pièce d'un éclat jaunâtre. Je devinais la silhouette de l'homme qui balaya la pièce du regard, son arme à la main.

J'avais le nez dans l'écharpe de Sherlock, juste entre les deux pans relevé de son col et il me regardait. Ses pommettes étaient rosies par l'action et le sang battait à ses tempes. Son bras s'enroula silencieusement autour de mon épaule, ses doigts contre mon cou, et je fus complètement submergé par son odeur.

Derrière nous, l'homme sortit de la pièce en fermant grossièrement la porte.

Nous restâmes seuls dans le silence. Sherlock ne desserra pas sa prise.

Je ne sais pas très bien combien de temps nous restâmes comme ça mais au bout d'un certain temps je me sentis raide et j'essayai de me sortir de son emprise, mais il résista.

- Sherlock, marmonnais-je... Je vais mettre du sang partout sur ton manteau.

- ...

- Sherlock ?

Je levai les yeux vers son visage éclairé une seconde sur deux par la lumière glauque du néon. Les yeux étaient presque noirs, mangé par une pupille énorme et les lèvres étaient pincées.

Au bout d'un instant d'hésitation, je sentis la main qui me tenait la nuque s'enfoncer dans ma chair et Sherlock se pencha vers mon visage.

Ses lèvres embrassèrent ma tempe humide de sang avec une tendresse qui me fit presque mal. Mon cœur rata quelques battements.

Il embrassa mes joues, mon nez, mes yeux, tandis que je n'arrivais pas à faire quoi que ce soit à part fixer son visage parfait d'un air hébété. Mon rythme cardiaque s'emballa alors que ses doigts labourèrent ma peau.

Quand il se pencha vers ma bouche, mes yeux se dilatèrent et mes deux mains agrippèrent son col pour l'arrêter.

Ma voix se fit sourde, grondante, autoritaire :

- Non !

Il ne recula pas plus qu'il ne s'avança et ce fût une bataille entre nos deux regards. C'est à cet instant que je pris totalement conscience de ses doigts contre ma jugulaire.

« Oh mon Dieu ! Réalisai-je avec effroi. Il est en train de mesurer mon pouls, nous sommes en pleine expérience... »

Pendant quelques secondes, la tension fut si insupportable que je me demandai si j'allais devoir frapper le détective pour qu'il recule.

Heureusement, à cet instant-là, Lestrade entra dans la pièce avec Anderson, tout en appelant :

- Il y a quelqu'un ?

Aussitôt Sherlock recula et j'expirai bruyamment.

- Nous sommes là !

Je sortis en titubant :

- Sainte merde ! Merci !

Sherlock leva les sourcils très haut mais son visage demeura impénétrable.

L'affaire étant close et les malfrats en route pour un petit séjour derrière les barreaux, tout redevint calme de façon presque surréaliste.

Je me suis retrouvé assis dehors, entouré de sirènes de police, avec une couverture sur les épaules et un bandage à la tête. Au loin, des otages pleuraient pendant que la police prenait leurs dépositions.

J'avais un verre d'eau dans la main et la sensation de nager dans le brouillard.

Sherlock s'approcha de moi :

- J'ai appelé un taxi. Il nous attend.

- Je vais rentrer à pied, merci.

- Ça va aller pour ta blessure ?

J'opinai d'un hochement rapide de la tête. Il hésita un instant puis s'éloigna. Je l'appelais brutalement :

- Sherlock !

Il se retourna à moitié et je continuai d'air buté :

- Il va falloir qu'on parle quand je serais rentré.

Il me sourit distraitement, tendrement :

- Oui, John. Il va falloir qu'on parle.

Il dansa d'un pied sur l'autre du haut de ses grandes jambes et rajouta :

- Je t'attendrai...

A suivre!