Attache moi à toi

Chapitre 6 : (Edward)

Le soleil pénétrait par la fenêtre. Ses rayons filtrant à travers les rideaux. La nuit avait été agréable. Sommeil de plomb sans rêves ni cauchemars. Réveil sans douleurs. Aujourd'hui s'annonçait bien, même très bien. Il souriait pour lui même. Se réveiller naturellement pour la première fois depuis des semaines était réellement très agréable.

Il s'étira longtemps avant de se lever et d'aller à la salle de bains. Quand il en revint soulagé et douché, il s'habilla avec les vêtements que lui avait apportés son frère la veille. D'ailleurs il n'allait pas tarder à arriver. Il arrivait toujours avec le petit déjeuner. Et Winry peu de temps après.

Il s'installa à une des fenêtres qu'il ouvrit en grand afin de respirer à plein poumons l'air frais du matin. Il promena son regard sur les grands arbres du parc. Il suivit des yeux les oiseaux qu'il repérait, s'émerveillant de la beauté de la nature le matin. Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi bien. Tant physiquement que moralement.

Il avait surmonté sa dernière blessure avec Roy. En repensant à ce qu'il s'était passé, il rougit. Il avait aimé. Certes, il était resté très passif et il aurait bien voulu en faire un peu plus. Mais il avait compris. Le fait que Roy prenne tout en mains l'avait aidé à se concentrer uniquement sur ses sensations et à lâcher prise pour que ça se passe au mieux. Et cela s'était très bien passé. Il regretta une seconde que se ne soit que pour une fois. Mais une histoire entre lui et Roy n'était pas possible. Différence d'age. Différence de caractère. Différence de carrière. Différence de statut dans l'armée. L'armée elle même ne verrait pas cela d'un bon œil. Et puis, il ne pouvait pas penser à ça alors que son frère était toujours pris dans son armure.

Il entendit toquer à la porte, celle-ci s'ouvrir et Jinna s'avancer avec son plateau.

-Déjà réveillé, lavé et habillé ! S'étonna-t-elle

-Oui. J'ai bien dormi. Lui répondit-il en se retournant.

Il lui offrit un superbe sourire. Elle ne lui demanda pas si la visite hier soir d'un certain brun y était pour quelque chose, mais elle sentait un petit changement dans l'attitude du jeune homme en face d'elle.

Elle posa le plateau sur la table et s'éclipsa sans rien dire de plus. Al en profita pour rentrer dans la chambre et serrer son frère dans ses bras.

-Niiiii-saaannnnn ! ! ! ! ! ! !

-Al, lâche-moi !

-Tu as l'air en pleine forme ce matin.

-Oui. J'ai très bien dormi. La preuve, je me suis levé tout seul.

Ce qui fit rire le plus jeune des deux. En effet, il était légendaire que le Full Métal Alchimiste n'était pas du matin.

Edward pris donc son petit déjeuner en compagnie de son frère. Ils parlèrent de bien des choses dans la joie et la bonne humeur comme cela faisait longtemps qu'ils ne l'avaient fait. Winry les rejoint un peu plus tard dans la matinée. Elle avait encore quelques réglages à faire sur les automails d'Edward. Le blond s'y prêta de bonne grâce. Après tout, elle avait travaillé dur dessus et voulait que tout soit bien réglé, que tout soit vérifié une dernière fois.

Ce qui le mettait de bonne humeur aussi était le fait qu'il sortait demain. Fini l'inaction. Fini les nuits ici. Enfin un peu de tranquillité.

Il passa comme ça la journée, entre son frère et Winry, entre médecin et infirmière, entre promenade dans le parc et sa chambre.

Le soir arriva et il se retrouva seul pour faire ses valises. Pas qu'il eu beaucoup de choses mais il voulait partir le plus tôt possible le lendemain. Il ne lui restait plus qu'à vider le tiroir de la commode. Il sortit le paquet qui s'y trouvait. Pourquoi l'avait-il garder ? Il n'en savait rien. Il soupira et l'ouvrit.

Il resta un moment à regarder le paquet ouvert. Qui y avait touché ? Qui savait ?

Qui l'avait pris ? Car il manquait un des deux bracelets en cuir qu'il portait quand il avait été retrouvé. Entre ses mains, il n'y avait plus qu'un bracelet et le collier.

-C'est ça que tu cherches ?

La voix venait de l'ombre. Ed tourna vivement la tête car il avait reconnu la voix. Lui. Comment était-il entré ? Comment l'avait-il trouvé ?

Il vit peu à peu le brun sortir de l'ombre en tenant devant lui le bracelet. Le brun ne montrait aucune agressivité et le blond le regardait avancer bien trop sous le choc pour réagir de quelque manière que ce soit.

-Pourquoi ?

Ce n'était qu'un murmure mais Envy l'avait bien entendu. Cette question, ce simple mot… plus qu'un simple mot, mieux qu'un discours.

Envy avançait toujours. Ed n'avait pas bougé et il ne bougea pas quand le brun s'assit à coté de lui sur le lit. Le blond avait son regard fixé sur l'homonculus et il le détaillait, il le regardait comme s'il le voyait pour la première fois. Son corps fin et musclé. Ses longues jambes. Sa chevelure sombre. Ses doigts longs et fins capables de bien des frissons et délices. Son visage dans lequel se dessinait cette bouche si sensuelle. Son regard de braises qui pouvait enflammer les sens de son partenaire. Mais à quoi je pense moi ? Ed détourna la tête en rougissant.

Mais Envy avait remarqué le regard et le rougissement du blond et cela le rassura sur sa décision.

Ils restèrent un moment, assis sur lit, cote à cote, dans un silence profond. La nuit était tombée au dehors et la lune commençait à éclairer le parc de sa pale lueur. Au bout d'un certain temps, Ed réitéra sa question.

-Pourquoi ?

Envy arrêta de jouer avec le bracelet en cuir. Il ne regarda pas le blond quand il commença à parler.

-Tu sais… j'ai beaucoup réfléchi après… après qu'ils t'aient retrouvé. J'ai beaucoup réfléchi à se qu'il s'est passé entre nous… à pourquoi j'avais fait ça… à pourquoi j'étais tant en colère…

Ed l'écoutait sans rien dire. Il gardait la tête baissée et contemplait le bracelet et le collier en cuir. Envy, de son coté, s'était remis à jouer avec celui qu'il avait entre les mains.

-J'ai cru devenir fou… j'ai cru que j'allais tout exploser… tout casser … et j'ai en grande partie démoli l'entrepôt d'ailleurs.

Un sourire fugace passa sur le visage d'Ed, Envy le remarqua et sourit pour lui-même. Il devait continuer comme ça, amener sa proposition tout doucement, ne pas faire peur au blond, bien que lui-même soit quelque peu effrayé par ce qu'il avait imaginé.

-Tu vois… je ne suis pas tel que je me montre aux autres… je n'ai été moi-même… vraiment moi-même qu'avec toi. Je sais que je n'ai agi que pour moi durant le temps qu'a duré notre … cohabitation. Mais je sais qu'il peut en être autrement… avec la bonne personne… avec toi.

-Moi ?

Ed n'en revenait pas. Il avait relevé brusquement la tête et regardait le brun qui avait gardé la sienne baissée. Son cœur battait un peu plus fort dans sa poitrine. C'est vrai qu'il avait fait le tri dans ses sentiments durant sa convalescence. Il avait admis qu'il était attiré par le brun, qu'il avait aimé être avec lui, ne faire qu'un avec lui. Mais il avait en même temps rejeté cette violence et cet égoïsme dont il faisait preuve parfois. Il n'aurait jamais imaginé même dans ses rêves les plus fous que le brun soit à ce point attaché à lui.

Envy finit par relever la tête. Leurs regards se croisèrent et ils purent voir dans le regard de l'autre la même chose. Envy ramena son regard sur le bracelet qu'il tenait et se l'attacha au poignet.

-Comme ça je suis lié à toi. Expliqua-t-il devant le regard étonné du blond.

Ed ne voulait pas comprendre ce que ce geste représentait, il attendait que l'homonculus le dise à voix haute. Envy pris une grande inspiration et se lança à l'eau.

-Voila ce que je te propose. Viens avec moi. Pars loin de tout ça. De l'armée. De la pierre. De Central. De ta quête. De tout. Laisse tout derrière toi et viens avec moi. Je ferai de même. Je laisse tout derrière moi. Pas que j'ai grand-chose, mais j'échange tout contre toi.

Edward resta un moment à regarder Envy sans rien dire. Celui-ci redoutait sa réaction.

-Pourquoi ? Et mon frère ? Je ne peux pas le laisser comme ça. C'est de ma faute s'il est dans cette armure. Je ne peux pas le laisser. Je dois lui rendre son corps avant de pouvoir penser à moi !

-Justement. J'y ai pensé. Et je t'offre le moyen de lui rendre.

Envy pris la main d'Ed et y déposa un petit caillou rouge.

-Mais…

-C'est une des miennes. Je pense qu'elle est assez grosse pour que ton frère puisse retrouver son corps avec.

Le regard de l'alchimiste passait de la pierre à Envy. Celle-ci n'était pas complètement solide, un peu comme de la gelée. Ed put sentir la douce chaleur qu'elle répandait à travers sa paume.

-Une des tiennes ?

-Oui. Ne m'en demande pas plus pour l'instant.

Leurs regards se croisèrent à nouveau et le silence les enveloppa tout les deux.

Envy espérait ne pas avoir fait peur au blond. Il espérait qu'il avait les mêmes sentiments que lui, les mêmes aspirations.

Edward ne savait plus que penser. L'homonculus venait de lui offrir ce après quoi ils avaient tant cherché en échange d'une vie avec lui. Ou tout du moins c'est ce qu'il avait compris, mais il voulait en être sur.

-Tu veux qu'on parte… tout les deux…qu'on disparaisse… c'est bien ça ?

-Oui. Je te veux rien qu'à moi. Et je serai rien qu'à toi. Sans rien d'autre. Plus de maitre, plus d'armée, plus de combat, plus de recherches. Rien que nous deux et …

-Et ?

Envy se leva et commença à faire les cent pas devant Ed qui ne faisait que le regarder. Il soupira.

-Et ? Merde ! C'est déjà bien assez dur comme ça ! Quelle idée j'ai encore eu là !

Il trouva enfin le courage de regarder le blond.

-C'est pas assez clair ce que je viens de dire ? Faut que je te fasse un dessin ? Faut que je te dise que j'ai envie de te baiser si fort que tu pourrais même plus t'asseoir ? Que j'ai envie de te faire jouir rien qu'avec ma bouche ? Que j'ai envie de te caresser et de t'embrasser partout ? Que j'ai envie de te tenir dans mes bras ? Que j'ai envie de passer mes jours et mes nuits prés de toi ? Que je veux sentir ta chaleur réchauffer mon corps et mon cœur ?

Il avait murmuré ses derniers mots. Ed l'avait écouté et avait rougi au fur et à mesure. Il n'en croyait pas ses oreilles : le brun venait de lui faire une déclaration ! il ne lui avait pas dit « je t'aime » mais ça y ressemblait fort.

Envy le regardait toujours et attendait sa réaction. Il commençait à se demander si s'était une bonne idée. Il vit le blond poser sur le lit le collier de cuir et s'attacher le bracelet restant à son poignet gauche. Puis il se leva et s'approcha de l'homonculus.

Envy n'en croyait pas ses yeux. Il acceptait ! Il acceptait son marché !

-Je pense que je peux faire ça maintenant.

La voix d'Ed était douce et légèrement tremblante. Envy ne bougea pas et laissa le blond l'embrasser. Ce ne fut d'abord qu'une caresse. Mais bientôt ils approfondir davantage le baiser. Leurs langues se rencontrèrent et entamèrent un ballet lent et savoureux. Toutes pensées cohérentes avaient désertées leurs cerveaux. Rien n'existait plus que ce baiser.

-Je suppose que c'est oui, alors ?

-Tu as vu juste.

Ils restèrent un moment, enlacés, front contre front, le temps que leurs respirations redeviennent normales.

-Dans ce cas, allons-y !


Cher Al,

Tu sais que je suis pas très doué avec les paroles et que j'agis souvent sur un coup de tête mais cette fois si c'est différent. Je n'agis pas à la légère.

Je suis parfaitement conscient de tous les tenants et aboutissants de cet acte.

Tu trouveras ci-joint ma montre d'alchimiste d'état. Je compte sur toi pour la remettre au colonel. Tu lui diras qu'il est inutile d'essayer de me chercher. Je suis déjà loin. Et puis comme ça il sera tranquille, je ne l'embêterais plus.

Tu trouveras également un petit cadeau d'adieu avec une notice d'utilisation. Garde ça pour toi, ne le montre à personne. Je t'explique tout dans la notice.

Je sais que je vais te manquer et que tu vas me manquer. Que ça va être dur au début. Mais j'ai pris ma décision.

Dis à Winry qu'elle a fait de l'excellent travail et que maintenant j'ai beaucoup moins de risque de les abimer.

Je quitte l'armée car j'ai trouvé le moyen de réaliser notre but.

Je quitte la ville pour aller quelque part où je serai enfin moi-même avec quelqu'un qui sera enfin lui-même. Même si ça risque d'être assez conflictuel entre nous.

Je te quitte et c'est ça qui me fait le plus mal mais je ne pouvais pas t'imposer la vie que je vais vivre maintenant et puis Winry a besoin de toi plus que tu ne crois.

Soyez heureux tout les deux.

Il n'est pas impossible que je te donne de mes nouvelles un jour ou l'autre.

Ton frère qui t'aime,

Ed


(Al)

Al laissa tomber la lettre qu'il tenait à la main.

Il n'avait pas besoin d'ouvrir le petit paquet qu'il tenait dans son autre main pour savoir ce qu'il contenait.

Il ne pouvait pleurer mais il savait que bientôt… oui bientôt il pourrait.

Il sentit Winry s'approcher de lui et ramasser la lettre.

Il la sentit se tendre au fur et a mesure de sa lecture.

Il la sentit sur le point de pleurer et il la prit dans ses bras. Même s'il ne pouvait pas la sentir et si son contact était froid, il savait que ça faisait du bien à la jeune fille d'être serrée dans des bras aimants.


(Envy et Ed)

-Viens. Il faut y aller maintenant.

Il sentit les deux bras qui l'entouraient le quitter et l'aider à se relever.

-Tu es rassuré. Il l'a trouvée avant l'Autre.

Il y avait tant haine dans ce simple mot l'Autre.

Ils descendirent de l'arbre en silence et quittèrent le parc. Ils marchèrent un moment dans les rues de la ville. Toujours en silence. Ils arrivèrent à la planque et montèrent à l'étage. Toujours en silence.

Le blond se dirigea vers la salle de bains, se dévêtit et entra dans la douche. L'eau se mit à couler sur lui froide au début puis de plus en plus chaude. Mais il s'en fichait. Il venait de quitter son frère. Il ne savait si un jour il pourrait le serrer dans ses bras. Ses larmes se mêlaient à l'eau.

-Tu vas finir par cuire si tu mets pas un peu d'eau froide.

Il ne vit pas la main ouvrir le robinet d'eau froide et régler la température de l'eau. Il sentit deux bras le serrer contre un torse. Il sentit une respiration contre son oreille.

-Ce n'est rien, va. On va le surveiller pour voir si tout se passe bien. On partira après.

Il se sentit soulagé à ses mots, tellement soulagé. Il avait eu peur que le brun ne veuille partir directement.

Il se retourna et enfouit sa tête dans le cou de son compagnon.

-Merci.

Ce n'était qu'un murmure mais un murmure qui leur fit du bien à eux deux.

Le brun resserra sa prise sur le blond et commença à lui caresser le dos pour le rassurer pour lui prouver que même s'il avait quitté son frère, son unique famille, il n'était pas seul, il ne serait plus jamais seul. Aucun d'eux.


FIC TERMINEE