Wow! Ca fait deux ans que je n'ai rien posté, et ce n'est pas faute de n'avoir pas commencé à écrire la suite. J'ai eu plein de choses qui me sont arrivées, et avec le temps que j'avais, je n'arrivais pas à trouver un bon moment pour recommencer à écrire ce que j'avais envie d'écrire. J'y ai pensé à cette histoire, il ne faut pas croire que je l'ai oubliée, c'est juste qu'avec un peu de recul, j'ai vraiment trouvé que cette histoire manquait de quelque chose, un je ne sais quoi, que j'arrive toujours pas à trouver, encore même si j'essaye d'atteindre une certaine satisfaction lorsque j'écrit, j'ai l'impression qu'il manque toujours quelque chose à l'histoire.

Bon en même temps, je ne vais pas me le cacher, j'ai un tant soit peu oublier d'écrire aussi, et les reviews que j'ai reçues, bah, elles étaient un peu comme des piqures de rappel. J'ai beau apprécier recevoir une review, je n'en ai jamais exigé une, c'est toujours sympa de recevoir un avis sur son histoire, surtout quand cela nous permet de nous améliorer, mais en fait en recevant les reviews, ça m'a aussi fait penser que j'avais des lecteurs qui attendaient une suite et que j'étais vraiment cruelle de les laisser comme cela. Donc voilà la suite, j'ai changé le rating car l'histoire devient plus mature que cela soit dans certaines scènes que dans le langage employé, ainsi que le ton. D'ailleurs dans ce chapitre, on découvrira quelque chose sur James et il démontrera que ses plans ne fonctionnent pas toujours comme prévu. Parce que personne ne peut tout prévoir et cela a un lien avec l'intrigue.

Vraiment je me remets dans le bain, donc je suis prête à accueillir n'importe quel avis pour savoir ce que cela vaut. J'ai d'ailleurs fait une légère édit des précédents chapitres, changeant légèrement certaines scènes qui me paraissaient un peu OOC pour mes personnages, notamment dans le chapitre 5, même si j'ai aussi changé le nom de Mike Teevee en Teeveeson, oui c'est presque rien mais au moins c'est plus crédible que l'autre, et oui c'est bel et bien une référence à Charlie et la Chocolaterie.

Pour le personnage de Derek, il ne sera que peu développé dans ce chapitre, mais il le sera plus tard, il y a certaines ellipses que j'ai faites volontairement, soit car les scènes qu'elles incorporaient me semblaient facile à déduire, et je vous laisse à votre imagination, et d'autres car je compte probablement les développer plus en détails. Au pire dites moi celles que vous aimeriez que je développe :)

Quant au personnage de Mary et à son apparence, personnellement, je n'ai trouvé aucune actrice qui lui ressemblait véritablement telle que je l'imaginais, mais l'actrice qui joue Mary dans le film de Pride and Prejudice avec Keira Knightley s'y rapproche, seulement je l'imagine un peu grosse et un peu boutonneuse dans le film et pendant l'histoire entre Lizzy et Darcy. Elle est un peu comme le vilain petit canard qui se transforme en cygne sans que les gens s'en aperçoivent et avec son apparence toujours négligée, il est difficile de se rendre compte que derrière c'est une véritable beauté qui ne cherche qu'à se dévoiler.

Voilà, sur ce bonne lecture!

Chapitre 10 Henry Bones

-Putain de bordel de merde Rick ! On s'est encore retrouvé dans la même cellule ! s'exclama un homme aux cheveux bruns, noircis par la saleté, son manteau rapiécé et son bandage au pied le faisait bouger dans tous les sens.

Il ne cessait de pousser des grognements de douleur et à taper la tête contre le mur auquel il était adossé. Le banc sur lequel il était assis avait un bois infesté par les mites et poussait sans cesse des grincements sous les mouvements de l'homme.

Celui-ci ne cessait de jurer sans faire attention à ce qui l'entourait. Il avait faim, il avait froid et il se retrouvait coincé une nouvelle fois dans cette maudite cellule à cause de cette putain et de ce mioche de merde en plus de l'enfoiré qui lui avait troué le pied. Lui qui voulait passer une soirée tranquille après avoir dépecer un pauvre type, voilà qu'il souffrait comme une merde, il avait un mal de chien ! S'il les attrapait , il savait ce qu'il ferait, il leur ferait payer le triple de ce qu'ils lui avaient fait, même s'il allait devoir demander de l'aide à cette personne, rien que d'y penser il frissonnait ce type n'était pas n'importe qui.

Soudain une ombre se faufila près de lui, d'un coup de poing il l'écrasa, un couinement retentit, du sang s'écoula de la chose. Il exprima un grognement de contentement.

-Rah ! saleté de rongeur ! J'ai horreur de ces trous à rats. Putain ce connard qui m'a mutilé! Si je l'attrape ! J'vais lui faire bouffer sa merde à cet enfoiré !

-Arrête de gueuler Bob, tu vas encore plus réveiller les rats, déjà calme-toi. Tu ne m'as pas entendu chialer après avoir remis mon bras en place, répondit un homme adossé au mur opposé, l'un de ses bras était légèrement raide, tandis que l'autre avait sa main enfouie dans sa poche. Il regardait la petite fenêtre de la cellule, où l'on pouvait apercevoir la Lune, seule source de lumière dans cette pièce.

La cellule était poussiéreuse, des traces de sang et de tags s'éparpillaient un peu partout sur les murs, certaines écritures étaient plus lisibles que d'autres, des dates et des noms défilaient, si ce n'étaient des insultes. La porte de fer était peinte en noire, semblant être un trou noir émanant une obscurité vorace prenant toute la pièce.

-De toute façon, reprit l'homme en levant la tête vers le plafond, le sommet de son crâne collé au mur, on va finir par sortir, je ne sais pas qui sait qui nous a foutu ici, mais je possède assez d'information sur cette personne pour que celle-ci vienne nous sortir de là, elle n'aimerait pas trop se compromettre si tu vois ce que je veux dire, Bob.

-Frangin, ne me dis pas que… ? demanda Bob.

-Yep, lui répondit Rick, ses cheveux blonds sales cachant à peine son sourire, tu vois ce papier, c'est notre porte de sortie, lui dit-il en agitant ledit papier, ce dernier comportait une signature, illisible dans le noir. Les deux frères échangèrent un regard complice avant de se mettre à rire, sachant très bien que la chance était de leur côté.

Soudain un BAM ! se fit retentir, les deux frères, le regard alerte, tournèrent la tête vers la porte. Ils aperçurent alors qu'on leur avait glissé de la nourriture.

-Hey les Rowlings ! Arrêtez de rire comme des hyènes et bouffer votre truc ! s'exclama l'un des gardiens à travers la petite fenêtre de la porte. Tss ! Dire que je pourrai être chez moi à cette heure-ci, un vrai boulot de merde, soupira-t-il en s'éloignant peu à peu, le bruit de ses pas résonnant derrière lui.

Rick qui avait l'air alerte un instant se mit à sourire, ce n'était que Deckson, ce gardien était plus stupide que la normal, impossible de le prendre au sérieux avec sa tête d'alcoolique. Il tendit un morceau de pain à son frère avant de se servir lui-même, cela faisait deux jours qu'il avait volé à cette personne ces dossiers, il était sûr qu'elle allait tout faire pour les récupérer, et pour cela, elle aurait besoin de lui, c'était parfait pour lui, pour se sortir de ce pétrin, quel dommage qu'il n'avait pas pu profiter de la demoiselle, elle était pourtant si mignonne.

Enfin, cela ne le concernait plus. Il avala avec satisfaction son pain, avec autant de satisfaction qu'on pouvait avoir quand on recevait du pain sec qui avait déjà quelques traces de moisissure. Soudain il se tint la gorge, les yeux écarquillés, essayant de recracher le morceau en vain, il n'arrivait presque plus à respirer, son souffle devenait erratique, les cris qu'il poussait n'était plus qu'un souffle coupé. Il tenta de se tenir au mur mais la force lui manqua, il s'écroula de la même façon que son frère, mort, la bave aux lèvres.

Un silence pesant s'installa dans la cellule, les nuages formés une ombre dans la cellule illuminée par la Lune. Mis à part quelques bruits venus de dehors tout était calme, il y avait un silence de mort, jusqu'à ce que des bruits de pas retentissent, la porte de la cellule s'ouvrit, laissant entrer un homme de haute stature, un sourire carnassier s'installa sur son visage tandis qu'il observait la scène.

-Mah ! Je crois qu'on va devoir me payer pour le ménage que j'ai fait ! s'exclama-t-il, n'est-ce pas chers collègues ? demanda-t-il en tournant la tête vers les gardiens assommés. Et une serrure de pétée, une ! Les Rowlings, les rois de l'évasion refont surface, que la terreur règne sur Londres ! Je vois déjà l'entête des journaux, dommage qu'ils auront tout faux, dit-il en faisant la moue et en s'accroupissant pour ramasser les corps. Va y avoir des poissons qui vont être contents en tout cas, murmura-t-il tout en ramassant le corps de Rick et de Bob avant de les déposer dans une brouette. Il referma ensuite la porte de la cellule, en ayant pris soin de laisser les preuves d'une évasion derrière, puis il s'en alla en sifflotant. Dans le noir le numéro 530 semblait scintiller de mille feux.

La charrette s'éloigna de Newgate, le son des sabots résonnant dans le silence de la nuit, à cette heure-ci il n'y avait pas âme qui vive, à peine quelques minutes plus tard, deux hommes sortirent eux aussi de la prison. Le visage caché par le col de leur veston, ils la regardaient s'éloigner. L'un d'eux sortit un cigare, le mit entre ses dents tout en sortant une allumette, il l'alluma, expirant lentement sa fumée.

-Il semblerait que l'on nous a devancés sur le coup, il va falloir prévenir le boss. Quiconque a voulu se débarrasser d'eux va se retrouver avec les dossiers, il va falloir les tuer avant qu'ils ne deviennent une gêne.

-Pourquoi on n'est pas parti après eux ? demanda l'autre homme. On aurait bien pu.

-Ils étaient trois, le gardien de tout à l'heure, le balayeur et tu-sais-qui… Et il l'aurait remarqué. T'as vu ce qu'il a fait aux gardiens ? Même moi je n'y arriverai pas, celui ou celle qui l'a embauché sait ce qu'elle veut, il va falloir enquêter et pour cela, rien de mieux que de savoir quels crimes les Rowlings ont encore commis, ils se sont faits plein d'ennemis, pas étonnant qu'on les ait butés. Dire que je me faisais une joie de le faire moi-même, soupira-t-il en secouant son cigare pour enlever les cendres qui s'y trouvaient, les écrasant de son pied par terre. Allez viens ! Faut pas traîner !


Une journée était passée dans la faste demeure de Lord Graham. Mary était restée alitée toute la journée, Lucy, la fille d'un palefrenier s'occupait d'elle et était aux petits soins avec elle, après que James ait voulu lui rendre une nouvelle visite, la jeune maid lui avait lançait un regard noir à faire fuir un pirate, lui interdisant l'accès de la chambre de la jeune femme, déclarant qu'elle se fatiguerait en discutant avec un homme aussi entêté que le Lord.

James ne sut quoi dire à ce moment-là. Il avait personnellement engagé les personnes qui travaillaient pour lui, l'un des principaux critères avaient été l'intelligence, la débrouillardise et l'honnêteté. Malheureusement il avait aussi oublié qu'il avait jugé le caractère, pensant que cela lui servirait à son profit, malheureusement, cela s'était retourné contre lui. Lucy était comme un dragon protégeant sa princesse, ses cheveux roux flamboyants lui donnaient un air farouche telle la reine guerrière Bouddica. La seule exception qui arrivait à passer l'énorme obstacle était Derek. Ce dernier n'avait cessé de rendre visite à Mary, les yeux brillants de joie. James était un brin irrité par cela, se demandant de ce qu'ils avaient bien pu discuté.

Lorsqu'ils se mirent à table et qu'après que James lui ait appris à tenir les couverts de la bonne manière, le jeune duc ne put s'empêcher de jeter des regards envieux vers le jeune garçon qui ne se doutait de rien. Celui-ci avalait sa nourriture à une vitesse ahurissante, que cela soit le morceau de viande qu'il ne pouvait s'empêcher de regarder d'un air émerveillé ou la soupe aux oignons qu'il buvait goulûment. Cela devait être la première fois qu'il mangeait de telles choses.

Jack, le cuisinier en chef qui avait préparé tous ces plats les regardait d'un air amusé.

-Je vois que le petit a bon appétit ! lança-t-il en riant à gorge déployée avant de le resservir une nouvelle fois.

James esquissa un sourire à ce moment-là. Ce garçon avait presque la peau sur les os, il faudrait qu'il pense à s'informer au sujet de la construction du nouvel orphelinat qu'il aidait à financer. C'est dans ces moments-là qu'il se sentait privilégié, aucun enfant ne devrait se battre pour survivre, malheureusement cette société ne laissait aucune chance pour les plus faibles, ils se faisaient manger par les plus forts. L'homme était un loup pour l'homme et les enfants les proies les plus vulnérables.

Lucy se dépêcha de faire coucher l'enfant pendant que James s'installa dans le salon afin de méditer sur ce qu'il allait faire désormais.

Il regarda le feu de la cheminée qui brûlait doucement, sa chaleur l'enveloppant dans un cocon confortable, il lui serait si facile de s'endormir dans cette atmosphère si apaisante.

Mais tout n'allait pas dans son sens ce soir, James se réveilla brusquement de sa somnolence par le bruit d'une porte qu'on toquait. Il se leva abruptement. Les domestiques étaient tous en train de dormir à cette heure-ci, il était presque minuit.

Il s'avança dans l'entrée, par la fenêtre, il avait reconnu une tête blonde bien trop familière à son goût, non pas qu'il détestait la personne, mais cette dernière annonçait souvent des mauvaises nouvelles.

L'homme devant lui était grand et svelte, tout en minceur, ses cheveux blonds pales, presque blancs retenus en une queue de cheval lui arrivant entre les omoplates scintillaient d'une lueur argentée sous la lumière des bougies qui éclairaient les rues et celle de la lune.

Une cicatrice le long de sa joue au visage pointu lui donnait un air sinistre. Ses yeux pales luisaient dans l'obscurité comme un félin dans le noir.

James ne put s'empêcher d'esquisser un rictus amusé en voyant ce qu'il tenait dans la main.

-Des chocolats, ça te tente Graham ? demanda-t-il d'une voix enrouillée.

-Tu as toujours été peu doué à savoir t'inviter chez les gens Selwyn, répondit ironiquement James en le laissant entrer.

-Il n'empêche que cela marche actuellement, personne ne dit non à une friandise, rétorqua Selwyn en dépassant le hall d'entrée pour s'incruster dans le salon afin de se vautrer sur le canapé, il enleva ses chaussures grâce à ses talons avant de les envoyer valser à l'autre bout de la pièce.

Si la grand-mère de James voyait cela, se dit-il en soupirant intérieurement.

-Quelles sont les nouvelles Victor ? demanda James en croisant les bras en s'adossant contre le mur.

Ledit Victor se leva soudainement et se mit à visiter la pièce du regard, s'approchant de près d'un vase aux motifs originaux.

-Oh trois fois rien ! j'ai croisé un chat et brisé un miroir pour me porter bonheur !

-Va droit au but Vic, s'irrita James. Je suis fatigué, balance tes nouvelles.

-Tes joyeux lurons que t'as salement amoché, tu t'en souviens, ceux que tu m'avais demandé de faire un rapport sur eux aujourd'hui il n'y a même pas treize heures ? commença Victor en se balançant sur ses pieds, les mains dans les poches.

-Oui qu'y a-t-il ?

-Ils ont claqué.

-Quoi ?

-Les frères Rowlings, Rick et Robert Rowling, deux malfrats de trente et trente-deux ans, plusieurs fois condamnés pour divers crimes liés au proxénétisme, au trafic d'armes et autres charmantes choses du marché noir sont morts, tués par un type que je n'aimerai absolument pas rencontré. Apparemment, d'après une source sûre, ils auraient travaillé pour Lord Mason, même si leurs clients pouvaient être différents. Ce n'est donc pas un hasard s'ils se trouvaient près de la maison de jeux ce soir-là. Ils aiment bien chopper les gars qui se sont fait de l'oseille en passant dans le coin ou se débarrasser des types qui gênent leur clients.

-Et ils sont morts ? demanda James.

-Affirmatif, en ce moment, ils doivent nourrir les poissons de la Tamise. Si j'étais toi, j'éviterais de manger du poisson ces prochains jours, l'anthropophagie indirecte, c'est pas trop mon truc si tu vois ce que je veux dire.

-Merci, je vais prendre cela en note, et tu n'as rien d'autre à ajouter ? Demanda James en se passant dans les cheveux, il avait vraiment besoin de boire un coup, un gros coup. Décidément il savait que sa soirée allait être horrible.

-Juste fais gaffe à toi, tu t'es fais beaucoup d'ennemis en refusant de faire partie de leur jeu, le simple fait que ton influence s'étend par delà les mers te fais paraître comme une menace, j'ai du me débarrasser de quatre types payés pour te tuer. Vraiment, déjà que la situation outre mer est tendue avec la guerre qui vient d'être déclarée.

-Tu crois que je ne le sais pas ? s'exclama James. Mon grand-père paternel est peut-être un lord mais c'est mon abuelo qui possèdait la fortune. Je gère le tiers de la fortune familiale de ma mère, et cela simplement à cause de ce fichu embargo. Déjà que cet embargo est mauvais pour les affaires pour certains, le simple fait que je fasse des affaires des deux côtés, il y a deux jours j'ai reçu des lettres de menaces. Encore ce groupe… siffla-t-il entre ses dents.

-Quoi tu veux que je m'en débarrasses ?demanda Selwyn en haussant un sourcil.

-Et que l'on remonte à moi ? ironisa James. Malheureusement ils sont trop importants pour que personne ne remarque leur disparition et tuer mon adversaire de manière si déshonorable n'est vraiment pas mon fort, en plus la mort est beaucoup moins pire qu'une vie complètement détruite. Je sais ce qu'ils veulent faire, m'accuser de haute trahison. Le fait que je sois né Américain les irrite au plus point et que je sois aussi écossais l'est encore plus.

-Il y a ton cousin aussi, songea Selwyn.

-Ne me parle pas de ce traître ! Siffla lourdement James en serrant brusquement les poings avant de cogner le mur à côté de lui.

-Il faudra un jour pourtant que vous régliez vos différends.

-On les réglera lorsqu'il arrêtera de vouloir me poignarder dans le dos à tout bout de champ et vienne m'affronter directement.

-Tu vas le voir au mariage ?

-Et comment, rien que d'y penser j'ai envie d'étrangler quelqu'un, grogna James en s'affalant sur le fauteuil. Le jour du mariage de mon meilleur ami, il va falloir que je le vois. Quel horreur ! Tu veux me rappeler autre chose de joyeux ou t'en as finis de me rabaisser le moral ? Demanda de manière ironique James en tournant la tête vers l'homme silencieux qui se tenait adossé contre le mur, un sourire amusé au bout des lèvres.

-Non, rien d'autre, lui répondit Victor, mais dis-moi, depuis quand es-tu fiancé ?

James le regarda fixement pendant un long moment, avant de soupirer de manière fatiguée. Il se massa le front des deux mains.

-C'est Louis qui te l'a dit?

-Il me dit tout, que veux-tu ? Lui répondit Victor en haussant des épaules, avant de s'avancer vers la porte de sortie. Par contre je n'ai aucune idée de comment elle s'appelle ou à quoi elle ressemble. J'espère au moins que tu sais que le simple fait que tu ais dit être fiancé ne te ressemble absolument pas, et t'as intérêt à savoir ce que tu fais. Mais bon je sais que tu sais prendre soin de toi, il va falloir que j'y aille dit-il en fronçant les sourcils tout en examinant sa montre de poche qu'il avait sortie de son pantalon. Surveille bien tes arrières, on se reverra peut-être en Enfer qui sait ! Lui dit-il d'un dernier salut de la main, laissant James seul dans l'immense pièce, fixant la table devant lui.

-Si tu savais… murmura James de manière désabusée. Puis il se leva en soufflant sur la dernière bougie allumée, plongeant la pièce dans le noir complet avant de monter dans sa chambre. Il sentait qu'il n'allait pas dormir de la nuit avec ce qu'il venait d'apprendre. Oui Victor Selwyn était vraiment quelqu'un qu'il ne fallait pas fréquenter si on voulait garder le moral.

Il passa devant la porte de Mary, cette fois-ci, il n'y avait plus le dragon dénommé Lucy qui la gardait. Il avança sa main vers la poignée mais se ravisa au dernier moment, lorsqu'il était dans ces moments-là, il ne pouvait se contrôler, et depuis la dernière fois il ne cessait de penser au doux parfum et à la sensation qu'il avait ressentis en embrassant la jeune fille. Victor s'étonnait qu'il se déclare fiancé, alors que d'habitude il se moquait éperdument des femmes, qui venaient dans ses bras comme des abeilles autour d'une fleur exquise, mais cette fois-ci il se sentait rempli de remords.

Si les gens savaient ce qu'il avait fait à Mary, la réputation de la jeune fille serait complètement détruite, et la seule solution qu'il y aurait pour la rétablir serait de se marier avec elle, ce qui le tentait assez, mais son côté calculateur ne le lui permettrait pas, elle n'apportait rien de bon à ses plans, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Et maintenant, elle pouvait repartir puisque les deux malfaiteurs étaient morts, il savait que les enquêteurs allaient faire taire l'affaire à cause d'eux. Pour une fois que ces gens allaient lui servir à quelque chose, alors que d'habitude ils ne pouvaient s'empêcher de mettre le nez dans ses affaires. Il soupira et se retourna pour se retrouver face à face avec la personne qu'il désirait le plus et pourtant en ce moment-même le moins rencontrer.

Devant lui se tenait Mary, une béquille dans un bras, tenant en place sa jambe, et une bougie dans l'autre main, éclairant son visage si mignon d'habitude mais qui était marqué par ses sourcils froncés et son regard décidé.

-J'ai tout entendu, je voulais te voir pour que tu m'expliques ce que tu voulais faire, mais il y a intérêt à ce que tu développes, car maintenant je comprends pourquoi Darcy m'a dit de me tenir à l'écart de toi. Alors décide toi James et éclaire moi, déclara fermement Mary en le regardant de ses yeux noirs si intenses, et si obscurs qu'il avait l'impression de se plonger dans un abysse sans fin.

James déglutit à ce moment-là.


-Donc je pourrais repartir ? Demanda Mary, assise sur le lit, en face de lui, ses longs cheveux noirs glissant lentement par dessus son épaule, le long de sa robe de chambre pendant qu'elle se penchait pour réajuster sa position; James ne pouvait s'empêcher de suivre le mouvement, complètement hypnotisé.

-Probablement, même si je préférerai que tu restes ici, le quartier où tu vis est dangereux, et avec ce qu'il vient de t'arriver, il serait préférable de ne plus y habiter. De plus tu n'auras plus à payer le loyer.

-J'ai été prise par surprise ! s'exclama Mary.

-Ça c'est l'excuse que prennent ceux qui refusent de dire qu'ils ont perdu car leur adversaire était trop puissant.

-Et tu as pensé aux rumeurs, tu as beau dire que les domestiques ici ne parleront pas, les gens finissent toujours par délier leur langue ! En plus maintenant que je viens d'apprendre que tu as des ennemis, que penses-tu qu'il va arriver en voyant une femme qui te fréquentes si souvent ?

-Pourquoi?As-tu peur d'être ciblée ? Demanda James en levant un sourcil, un sourire sarcastique au bout des lèvres.

-Non mais j'ai peur de ce que tu peux faire ! s'exclama Mary, les larmes aux yeux. J'ai vu ton visage lorsque tu as blessé ces individus! Tonna-t-elle en se levant brusquement avant de pousser un gémissement en sentant sa jambe lui lancer.

James se précipita brusquement vers elle, la tenant par le bras tendit qu'il inspectait de son autre main la blessure de Mary, soulevant légèrement la chemise de nuit, le visage concentré sur la blessure, ne remarquant pas le visage rouge de Mary. Elle ne put s'empêcher de glapir lorsqu'il effleura sa cuisse, en vérifiant que la plaie n'était pas ouverte et que le bandage était bien mis en place. Soudain il se rendit compte de ce qu'il faisait. Il fixa Mary dans les yeux, différentes émotions impossibles à définir passèrent à ce moment-là, puis il recula en soupirant, remettant la chemise de nuit en place, Mary referma brusquement sa robe de chambre qui avait été ouverte pendant ce temps, avant de se rasseoir sur le lit, les joues rouges et un étrange sentiment remontant dans son bas-ventre.

-Fais attention à ta santé, tu as été poignardée je te signale. Quant à notre discussion, sache que plus une personne possède du pouvoir, plus d'autres personnes voudront s'en emparer, je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit qui ne le mérite pas et encore moins de façon criminelle.

-Tu m'en as pourtant l'air capable ! Rétorqua Mary, les yeux enflammés.

-Peut-être mais je sais me contrôler, lui répondit James en haussant les épaules, un sourire désabusé aux lèvres.

-Je n'ai pas envie que tu le deviennes et encore moins à cause de moi, murmura Mary en regardant un point fixe imaginaire.

-Et pourquoi t'imaginerais-tu cela ? Demanda James en se penchant vers elle, un sourire gentiment moqueur lui traversant le visage.

-Ton cher ami l'assassin n'a-t-il pas dit qu'il n'était pas dans ton habitude de te déclarer soudain fiancé à qui que ce soit, te ferais-je de l'effet plus que je ne le devrais ? Demanda Mary en le défiant du regard. Quand au fait qu'il tue des gens qui te menace, je peux admettre que cela serait acceptable de les attaquer en cas de légitime défense mais je refuse que tu abuses de ton pouvoir et lui ordonne de tuer qui que ce soit d'innocent.

-Victor est sa propre personne et mon ami, je ne lui ordonne rien de ce qu'il ne veuille pas faire de son propre chef. Quant au fait que tu me fasses de l'effet, ça, je ne peux pas le nier. J'ai beau vouloir l'oublier, mais quand je te vois comme ça, je me sens encore plus frustré. Je n'ai jamais été aussi frustré de toute ma vie, grogna-t-il en se passant la main dans les cheveux tout en se tournant légèrement afin d'éviter d'observer le regard étonné de Mary.

Celle-ci le fixait toujours, brusquement surprise qu'il lui déclare cela aussi ouvertement, elle savait ce qu'il voulait, ce qui s'était passé entre eux ce matin était toujours dans sa mémoire. Elle se rappelait de son corps contre le sien, de son souffle chaud sur sa peau, elle regrettait presque de l'avoir repoussé. Elle se leva lentement, inconsciemment recherchant la sensation qui lui manquait déjà. Maintenant qu'elle y repensait, elle voulait goûter à plus. Mais soudain James était devant elle, émettant un grognement de mécontentement.

-Non mais il faut vraiment que tu te reposes, si ta blessure s'ouvre de nouveau, on ne me le pardonnera jamais. Déjà que ce gamin a passé la journée avec toi, et que Lucy est devenue ton gardien attitré, les enfants semblent te vouer une véritable admiration que je ne comprends pas.

-Tu veux dire Derek ? s'étonna Mary en laissant James la rasseoir. Il m'a déclaré que je lui rappelle sa mère.

James leva brusquement la tête alors qu'il s'affairait à retirer une pantoufle du pied de Mary.

-Hein ? s'exclama James.

-Il est tellement adorable, murmura Mary, un sourire attendri tout en fixant James du regard.

Ce dernier se rendit compte alors qu'ils se retrouvaient encore dans une situation compromettante. Décidément depuis ce matin, il avait essayé d'oublier ce qui était arrivé en s'affairant à ce qu'il devait faire. Mais voilà, il n'avait qu'une unique envie, céder à ses pulsions et en voyant l'expression de la jeune femme, il savait qu'elle y pensait aussi.

-Tu sais, je ne t'ai jamais prise pour une fille facile, souffla James.

-Et comment m'as-tu prise alors ? Demanda Mary, la voix tremblante, une courte mèche s'échappant et glissant à travers son front, atteignant ses lèvres que James regarda avec intensité .

-Comme quelqu'un que j'ai envie d'aimer, murmura-t-il avant de l'embrasser.

D'une main il se saisit de sa mâchoire, la rapprochant le plus possible de lui. Mary prit soudainement sa veste entre ses deux mains, le rapprochant d'elle, ses mains finirent par quitter sa veste afin d'enlacer son cou, plaquant le haut de son corps assis contre le sien, agenouillé devant elle. James laissa glisser son autre main le long de son dos, la saisissant par la taille, approfondissant le baiser qui devint plus intense. Mary sentit une certaine chaleur monter en elle, prendre possession de son corps entier, l'enflammant dans un brasier tentateur, laissant cette fois-ci les mains dont elle avait rêvées longer son corps, se débarrassant de sa robe de chambre et faisant glisser son ample chemise de nuit, elle était si perdue dans le moment qu'elle ne sentit pas la sensation de l'air sur sur son haut nu. Elle ne s'en rendit compte qu'après que James ait fini de planter une succession de baiser dans son cou, il s'empara d'un sein d'une main qui avait tenu sa mâchoire auparavant.

Mary poussa un gémissement lorsqu'il pinça un téton et le lécha en le titillant de la langue avant de le sucer. Elle écarta les jambes pour lui laisser plus d'ampleur d'action, il en profita pour se placer entre elle, toujours à genoux, la tête entre ses seins, les embrassant et les mordillant comme jamais. Mary se mordit la lèvre pour éviter de gémir trop fort, et passa sa main dans la chevelure de l'homme, s'extasiant de la douce sensation qu'elle ressentait en la caressant.

James releva soudain la tête pour la regarder, une seconde passa entre eux mais il semblait être une éternité.

Soudain Mary ressentit le toucher devenu habituel des lèvres de l'homme sur les siennes. Elle le laissa faire, l'embrassant de nouveau, aimant la sensation de sa langue contre la sienne. Elle massa doucement sa tête, James laissa échapper un grognement appréciateur, tout en délaissant ses lèvres pour les planter dans son cou, le mordillant encore tout en le léchant de temps en temps pendant la même action. Pendant ce temps Mary arriva enfin à se débarrasser de la veste qui atterrit par terre tout comme le reste du haut.

Ils se retrouvaient désormais tous les deux torses nus, agenouillé pour l'un et assise sur le lit pour l'autre. Ils se regardèrent, Mary laissa ses mains caresser son torse, pendant qu'il continuait à sucer son cou, pinçant son téton d'une main tandis que l'autre était prise au piège dans sa chevelure, James ne pouvait s'empêcher de murmurer des mots inintelligibles, il savait qu'il ne devrait pas faire cela, qu'il ne devrait pas aller plus loin, mais il commençait à atteindre son point de rupture. Soudain les mains de Mary effleurèrent son bas-ventre, il se braqua brusquement, mais la sensation des seins de la jeune femme contre son torse le détendit alors qu'il aurait du arrêter.

Il entraîna la jeune femme sur le lit, prenant soin de ne pas brusquer ses mouvements, ils étaient désormais allongés sur le côté, continuant leurs caresses. Mary parvint à défaire sa ceinture et à faire glisser son pantalon et son sous-vêtement, il ne put s'empêcher de ressentir un soulagement après avoir essayé d'oublier la douleur d'être aussi serré. Il regarda la jeune femme observer sa verge tendue, et dressée fièrement devant elle, elle tendit soudain une main hésitante, et la toucha, essayant de tester cette nouvelle découverte, James ne put s'empêcher d'émettre un grognement rauque, tandis que les mouvements de la main de la jeune femme s'accélérait.

-Sers plus fort ! Gémit-il, la tête enfouie dans l'oreiller.

Mary obtempéra, serrant à deux mains cette fois-ci le sexe, et par pure curiosité se mit à toucher les couilles du jeune homme, qui s'empêcha de grogner encore plus fort qu'il ne le faisait. Mary commençait à y prendre la main avec ces nouvelles sensations, voir un homme nu pour la première fois avait été étonnant, surprenant car elle ne s'attendait pas à ce genre de physique sous ses vêtements mais cela l'excitait, elle découvrait quelque chose de nouveau, ressentait des sensations qu'elle n'avait jamais ressenties auparavant, se sentait libre, libre d'oublier ce qu'elle était à un moment passé de sa vie, ce moment où elle était réservée, pudique, où personne ne lui portait attention où tout le monde la dédaignait d'un regard et voilà qu'un homme ne cessait de la regarder, l'appréciait à sa juste valeur, lui faisait découvrir le monde sous un nouveau jour, elle se sentait femme désormais.

Continuant ses mouvements autour de la verge rigide, elle fut tentée de faire une nouvelle expérience en voyant un liquide blanc commencer à s'échapper du petit trou, elle le lécha de sa langue.

A ce moment-là James repoussa un grognement et laissa échapper un juron par-dessus le marché, Mary ne put s'empêcher de sourire face à cela car en temps normal, elle le lui aurait reproché mais dans cette situation, c'était approprié. Le goût était inattendu, salé mais passable, elle retenta de nouveau, passant ses lèvres autour du pénis, essayant de le faire entrer le plus possible dans sa bouche mais s'arrêta en le sentant cogner l'arrière de sa bouche, les larmes aux yeux, elle continua à faire des mouvements de va-et-viens sous les encouragements de James, qui lui indiquait ce qu'il aimait qu'elle fasse, la main dans ses cheveux, les lui tirant d'une telle manière qu'elle sentait son bas ventre s'enflammer de plus bel. Elle se sentait débauchée et elle aimait cela. Elle continua ardemment ses mouvements, essayant de tâter de sa langue le membre dur et chaud qui la laissait sans voix. Elle sentait la veine sous son toucher pulser avant de sentir soudain un liquide jaillir à l'intérieur d'elle, étonnée par cela, elle l'avala de travers avant de tousser brusquement tout en enlevant le sexe de sa bouche. James se redressa brusquement.

-Désolé je n'ai pas pu me retenir plus longtemps, tu vas bien ? Où as-tu appris à faire ce genre de chose ? Demanda-t-il soudainement l'air suspicieux.

Mary, après avoir toussé un bon coup, le regarda, l'air étonné, tout en s'essuyant les lèvres du liquide blanc qui s'en échappait.

-Mon père n'a pas que des livres savants dans sa bibliothèque et je suis la troisième fille d'une famille de cinq enfants, tu crois que mes parents sont toujours restés discrets pendant leur mariage ? Certaines fois, leurs discussions secrètes se font entendre et on en apprend des choses avec eux. Et puis j'ai toujours été curieuse par nature ! Dit-elle de manière mécontente.

James la regarda avec un sourire amusé.

-Et dire que ce matin tu me repoussais ! On va peut-être vite en besogne tu sais ? J'espère que tu t'en es rendu compte.

Il attendit une réponse de sa part mais les pensées de la jeune fille étaient soudain figées. Elle venait de se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Si sa jambe n'était pas blessée, elle était sûre qu'ils auraient fait ce qu'ils savaient ce qu'ils auraient fait dans cette situation-là. Désormais elle était une femme bafouée, elle avait eu une relation avec un homme, il n'était peut-être pas allé jusqu'au bout, mais il l'avait vue presque à moitié nue, ils se trouvaient dans le même lit, tandis que lui était nu comme un vers, enlacés, leurs peaux collées entre elles. Et Mary savait qu'elle ne le devrait pas mais elle était heureuse, heureuse même si peu à peu elle perdait contrôle de la situation.

Dès leur première rencontre ils s'étaient embrassés, et à chaque fois cela escaladait, si cela continuait ils entretiendraient une véritable relation sexuelle, elle ne se faisait pas de faux espoirs sur le fait qu'il puisse l'épouser, il était un duc et elle une simple fugitive d'une famille sans titre et dont la richesse se limitait à quelques bouts de terre qui ne leur appartiendraient même plus après la mort de son père. Elle serait alors sa maîtresse s'il décidait de se marier, un mot qu'elle avait souvent méprisé pour ce qu'il voulait dire mais en ce moment-même elle n'en avait que faire, elle voulait juste pour une fois savourer l'instant présent.

Elle se laissa blottir dans les bras de James, enfonçant son nez dans son cou, respirant son odeur pendant que ce dernier les recouvrait de couvertures.

-Laisse-moi dormir, tu me poseras tes questions plus tard, marmonna-t-elle.

Ce dernier ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la referma aussitôt, cette femme allait le rendre dingue, s'il ne l'était pas déjà devenu. Il soupira et se contenta de lui caresser la tête en sachant que demain il allait vraiment falloir qu'ils discutent, du futur, de l'avenir et des nouveaux plans à établir. James avait toujours su qu'une femme affiliée à lui serait un moyen utile pour l'exploiter, il avait eu en horreur de s'attacher, car s'il s'attachait trop, il aurait peur de perdre les personnes qu'il aime, mais peut-être que cette fois-ci, il devrait laisser son cœur décider. Décidément il commençait par avoir mal à la tête.

Lorsque Mary se réveilla, il faisait déjà jour et James n'était pas là. Elle voulait se lever mais se savait nue et n'osait se lever tout en sachant qu'à n'importe quel moment, la jeune Lucy allait débarquer, prête à la couver, pour qu'elle aille mieux. La jeune fille avait quatorze ans et déjà le caractère d'une mère poule prête à tout pour pouvoir protéger ses œufs, quant à Derek, après lui avoir rendu visite tout en affichant au départ une très grande timidité, il s'était vite rattrapé lorsqu'elle l'avait mis en confiance, lui demandant ce qu'il aimait, à sa grande surprise, ce qu'il aimait par-dessus tout était la musique et pendant toute une après-midi, ils avaient chanté ensemble, Lucy était aussi venue les rejoindre de temps en temps, ils s'étaient amusé. Et à ce moment-là, elle s'était sentie nostalgique de sa vie passée avec ses sœurs, elles avaient aussi échangé certains de ces moments mais en sept ans elle n'en avait pu énumérer que quelques uns sur les doigts de la main. Elles avaient toujours étaient divisées, les deux cadettes étaient les plus frivoles et les deux aînées étaient les plus posées tandis qu'elle n'était qu'au milieu tentant de s'intégrer dans un groupe, puis dans un autre. Elles se faisaient facilement des amis, elle n'en avait eu aucun, lorsqu'elle parlait, les gens l'écoutaient poliment avant d'essayer de s'éclipser, elle n'avait jamais réussi à capter leur attention.

Jamais de la manière dont Lydia égayait les gens, ou celle dont Kitty faisait sourire de manière attendrie la galerie, elle n'avait pas la beauté éblouissante de Jane et son doux sourire, son attitude régalienne bienveillante. Quant à Elizabeth, et bien elles avaient beaucoup de points en commun, elles aimaient lire, s'entendaient sur cela, elles aimaient la musique même si elle l'appréciait beaucoup plus que les autres, elles s'exprimaient sur les idées qu'elles défendaient mais voilà, là où Elizabeth semblait briller d'intelligence lorsqu'elle s'exprimait, Mary ne cessait de bafouiller et de buter sur les idées qu'elle voulait exprimer, les gens la prenait pour une personne bête qui voulait se faire passer comme intelligente. Ils ne savaient pas qu'elle n'avait jamais été à l'aise avec eux, elle détestait être entourée de gens, tout ce qu'elle avait voulu, c'était de vivre une vie en ermite si elle le pouvait.

Mais voilà qu'elle avait rencontré James et il l'avait changée, bien sûr elle avait aussi changé, il y a deux ans, jamais elle n'aurait pu penser aller à Londres seule, mais voilà elle n'en pouvait plus du monde dans lequel elle vivait, de ce monde où elle avait vécu sans vivre véritablement, les choix qu'elle faisait étaient désormais pour elle, elle se comportait de la manière dont elle souhaitait. Et sa rencontre, sa correspondance avec James l'avaient changé. Elle n'était plus la même personne désormais.

Mais où était passé ce goujat d'ailleurs? Irritée, elle finit par se lever, et alla dans la salle adjacente à sa chambre, une bassine l'y attendait, l'eau était froide mais cela allait faire l'affaire. Elle se lava soigneusement, faisant attention à sa blessure, soudain elle aperçut une trace blanche sur l'un de ses seins, elle se sentit rougir en sachant pourquoi elle était là. Elle se prit la tête entre les mains, se traitant de tous les noms d'oiseau qu'elle connaissait. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Elle ne savait pas ce qui leur avait pris mais ils avaient vraiment fait fort cette fois-ci.

Elle repensa à la question qu'il lui avait posée, oui tout ce qui se passait en ce moment dépassait l'entendement. Elle s'était faite agresser, presque violer et tuer, avait appris pourquoi James était regardé avec méfiance par Darcy, et c'est avec cet homme qu'elle avait dévoilé son intimité, il connaissait plus sur elle que ce que sa famille connaissait d'elle.

Elle posa une main sur son cœur qui palpitait comme jamais en ce moment, à tel point qu'elle avait l'impression qu'il allait jaillir hors d'elle.

-Hum ! J'apprécie la vue ! s'exclama soudain une voix derrière elle.

Mary sursauta et fit tomber le savon avec lequel elle se lavait. Elle se retourna pour faire face à l'objet de ses pensées. Il était là, une simple chemise blanche recouvrant son torse, un pantalon noir serrant ses hanches, allongeant sa silhouette taillée en V, ses cheveux légèrement humides se collant légèrement à ses joues et son front.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Mary, avant de se rendre compte qu'elle était désormais entièrement nue devant lui, et non plus à moitié et que ce dernier se rinçait l'œil sans retenue.

-Je regarde le spectacle, les gens ne sont pas encore levés dans la maisonnée. Donc je profite qu'on soit tous les deux. De plus il faut qu'on parle.

-Et tu ne pouvais pas attendre que je me change ? Demanda Mary exaspérée tout en essayant de se cacher derrière une serviette.

-Pas la peine de te cacher ma belle, j'ai déjà tout vu, laisse moi au moins commencer ma journée par quelque chose de positif.

A ces mots, la brunette se sentit rougir. Il était vraiment…

-Très bien ! Soupira -t-elle, fais comme tu veux.

-Si tu le dis, répondit James nonchalamment avant de s'avancer vers elle tel un prédateur vers sa proie, mais au moins laisse-moi te rendre la pareille.

Mary écarquilla les yeux à ces mots et recula d'un pas avant de heurter une commode où se trouvaient les gants et les serviettes. Quelques instants plus tard, elle perdit connaissance de ce monde.

-Au fait, déclara James en la serrant un peu plus fort dans le fauteuil dans lequel ils étaient confortablement blottis après avoir fait une nouvelle fois découverte de leurs corps respectifs et s'être lavés et habillés, je n'ai pas encore de bague mais je veux t'épouser.

-Comment ? Demanda soudainement Mary en levant brusquement la tête.

James sourit de toutes ses dents.

-Tu m'as bien entendu, je veux t'épouser, au départ j'avais prévu de rester célibataire toute ma vie et léguer une bonne partie de ma fortune à quelqu'un que j'aurais adopté sous le coup, probablement en le faisant passer pour l'un de mes bâtards ou celui de mon oncle. Mais bon tu es arrivée, tu as tout chamboulé autour de moi, m'a fait questionner sur mes décisions pourtant si bien prises et si bien réfléchies. Je n'arrête plus de penser à toi, à ta voix, à ton odeur, à la sensation de ta présence à côté de moi, lui murmura-t-il tout en la serrant un peu plus fort. J'adore quand ton nez se retrousse lorsque tu t'énerves ou veux te concentrer. Et t'ai-je déjà dit que je suis fou de tes yeux et de tes cheveux? Oh! Et j'adore lorsque tu écris tes «f» en inversant la boucle du bas!

-Tu aimes bien mes «f»? s'étonna Mary.

-Hey! Je viens de te faire une belle déclaration et toi tout ce que tu retiens c'est le fait que j'ai parlé de ton écriture? s'indigna James tout en souriant légèrement.

Mary se sentit rougir, elle ne savait que penser de ce qu'il venait de dire. La sensation qu'elle ressentait, ces sentiments qu'elle éprouvait.

-Je ne sais pas, je veux dire es-tu sûr de faire le bon choix ? Et puis personne n'acceptera notre relation.

-On n'a besoin de personne pour affirmer ce que l'on veut être, affirma James, le visage sérieux et soudain grave. J'ai beaucoup réfléchi cette nuit, on ne peut plus continuer ainsi. Et puis ce n'est pas comme si on avait besoin de l'approbation de qui que ce soit pour pouvoir faire ce qu'on a envie de faire. Tu me sembles être la bonne personne pour passer le restant de ma vie à côté et tu sais que je ne t'empêcherai jamais de faire ce que tu as envie de faire, dans tes lettres, tu me parlais bien des histoires que tu voulais écrire, en plus de celles que tu avais déjà écrites. Je veux être la première personne à les lire.

Mary écarquilla les yeux, soudain les larmes vinrent à flot. James se mit soudain à paniquer en voyant cela.

-Désolé, as-tu mal ? Oh non c'est ce que je viens de te dire? Tu l'as mal pris ? C'est ça? Oh! Je ne suis qu'un idiot ! Espèce de crétin ! s'exclama-t-il en se tapant le front de la paume de la main.

-Haha ! Se mit à rire Mary, non tu n'es pas un idiot ! Tu es mon idiot! Et ce que tu viens de me dire, cela me touche vraiment ! Je ne sais pas c'est si soudain, cette déclaration et l'envie de m'épouser, je ne m'y attendais pas. Je ne sais pas si je peux me marier comme cela, je veux dire, je m'étais toujours dit que je terminerai vieille fille.

-Qu'est-ce qui te dérange ? Tu veux que ta famille soit là ? Demanda soudain James gravement.

-Je ne pense pas qu'ils apprécieront le fait qu'après avoir fui de la maison pour échapper à un mariage sous prétexte que je veuille devenir bonne sœur, je décide soudainement de me marier, en plus Darcy ne t'aime absolument pas, et déjà que l'une de mes sœurs est mariée à ce Wickham de pacotille qu'il déteste, je n'ai pas envie qu'il y ait plus de tensions dans ma famille. Si je l'ai fuite en laissant comme dernier message que je resterai dans un couvent, c'est pour éviter qu'ils puissent s'inquiéter, et je ne veux pas détruire l'image qu'ils avaient de moi.

-Pourquoi ?

Mary soupira tout en laissant une larme couler le long de sa joue.

-Parce je ne sais pas si je saurais supporter ce qu'ils en pensent. Ils ont toujours gardé cette image de moi, comme une fille insipide et négligeable, je ne veux pas qu'ils aient mal en pensant qu'ils se sont trompés. Ou qu'ils n'aient pas mal et s'en fichent totalement. Vivre une vie solitaire a toujours été quelque chose à laquelle je pensais être vouée, mais si tu veux tant de moi auprès de toi, alors d'accord, va pour la vie à deux.

-Une vie à deux en solitaire, sourit James de toutes ses dents avant de l'embrasser.

-Attends ! Tu as oublié quelqu'un ! s'exclama Mary en rompant le baiser.

James la regarda surpris avant que celle-ci ne se mette à sourire, si elle pouvait faire quelque chose pour améliorer la vie de quelqu'un, alors elle le ferait, et il semblerait qu'elle paraisse très persuasive auprès de son futur mari.


Derek fut très surpris du changement de plan de cet homme si étrange à ses yeux, mais le simple fait qu'il ait inclus dans son autre plan, ou plutôt projet futur lui apporta une brusque émotion. Sa mère était partie très tôt, il n'avait plus de famille et voilà que ces gens voulaient qu'il fasse partie de la leur, il sentit les larmes monter en lui. Il ne savait comment les remercier. Il se mit à pleurer bruyamment avant de sentir deux bras l'enlacer et sentir la chaleur réconfortante de la jeune femme.

Elle lui murmura des mots doux, le rassurant et le berçant de mille et un mots réconfortants.


Quatre jours plus tard...

Dr. Scott savait que dès lors que le jeune Lord lui avait demandé de faire confectionner une bague pour la jeune fille, il serait dans de grands ennuis. Et encore plus dans le simple fait qu'ils l'avaient choisi comme témoin, en plus de ce jeune Armstrong qui souriait de toutes ses dents, l'air pas le moins du monde décontenancé que son meilleur ami décide du jour au lendemain de se marier. Il fallait vraiment s'appeler James Graham pour faire les choses de cette manière et faire fi des convenances et des traditions. Quant au prêtre, ce dernier récitait les fameuses paroles scellant l'acte de façon parfaitement imperturbable.

-Que celui ou celle qui veuille s'opposer à cette union s'exprime ou se taise à jamais, déclara-t-il d'un ton ennuyé.

Un silence s'installa dans l'Église de ce petit village aux alentours de la capital. Billy et une jeune fille blonde avec des tâches de rousseur ne cessaient de pleurer bruyamment, perturbant le silence établi, le gamin avait l'air très content dans son costume. L'idiot d'Armstrong souriait de toutes ses dents tout en s'essuyant une larme du coin de l'œil.

Quant aux mariés, ces derniers semblaient être dans leur petit monde à eux. Cette fois-ci Lord Graham avait fait fort, l'un des célibataires les plus convoités de tout le royaume se mariait clandestinement avec une parfaite inconnue n'ayant aucun rang et aucun argent.

Si Lady Graham apprenait cela… pensa-t-il , mais il frissonna, non il ne préférait pas être là, mais il s'agissait du bonheur de son unique petit-fils et elle lui avait ordonné d'exaucer les moindres souhaits de son petit-fils, qu'il soit heureux, il ne pouvait s'y refuser lorsque ce fut elle qui le sauva lui et sa famille de la misère, qui l'avait encouragé à réussir sa vie, qui avait sauvé sa femme enceinte alors de trois mois. Non il ne pouvait s'y refuser. Et puis, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'au moins Lord Graham avait bon goût, la mariée était une réelle vision de beauté. Des perles et des fleurs blanches étaient fixées dans sa chevelure coiffée en un chignon lâché, sa longue robe blanche s'évasait le long de son corps petit mais svelte, ses épaules étaient dévoilées et son bustier moulait sa taille et sa poitrine, qui était au goût du très bien développée. Le léger rouge à lèvres qu'elle avait contrastait avec son teint diaphane et sa noire chevelure, elle ressemblait à une nymphe, une nymphe de la nuit, qui venait d'apparaître au grand jour.

-Je vous déclare donc unis par les liens du mariage, vous pouvez embrasser la mariée, finit par dire le vieux prêtre, toujours aussi imperturbable, son visage ridé et ses cheveux blancs dégarnis témoignaient qu'il en avait vu des choses, il devait être habitué à ce que toute sorte d'individus viennent le voir pour se marier.

Le marié s'empressa de faire ce que lui avait dit le prêtre et souleva le voile, avant d'embrasser avec ferveur la jeune femme, qui lui répondit avec la même fougue. Ah les jeunes ! le docteur soupira en secouant la tête, ils n'avaient aucune retenue, cela le rendait nostalgique.

-Au fait nous avons décidé d'adopter Derek ! Annonça James haut et fort à tous ceux qui étaient présents tout en mettant une main sur l'épaule de l'enfant en question.

Le pauvre docteur faillit avoir une crise cardiaque en entendant cela. Non Lady Graham allait vraiment le tuer si elle apprenait qu'il savait cela, il allait falloir faire profil bas, ne plus exercer pendant un certain temps, ces jeunes gens avait une santé de fer, la jeune fille avait été poignardée cinq jours plus tôt et elle arrivait à tenir debout, même si désormais son mari la portait comme une princesse, son bouquet entre les mains avant qu'elle ne le lance vers Armstrong qui le reçut en souriant de toutes ses dents. Enfin avec la chance qu'il avait, elle était déjà enceinte et ce sera à lui de se coltiner l'accouchement, non vraiment, il allait vraiment mourir avant l'heure.


Louis savait que James ne faisait jamais les choses à moitié, et lorsqu'il décidait de quelque chose, il finissait par l'obtenir, peu importe l'avis des autres. Certains auraient pu penser que ce genre de comportement conduirait à une certaine marginalisation de la part de la société, qui n'appréciait guère les excentriques faisant fi peu des convenances, mais il n'en était rien.

Lord Graham était recherché pour son intelligence, son sens des affaires, sa manière de voir le monde, certains le méprisaient car il maintenait une entreprise comme les roturiers au lieu de simplement vivre de ses rentes mais d'autres savaient que c'était quelque chose à laquelle il fallait de plus en plus s'habituer chez les nobles à l'avenir, le monde changeait, se modernisait et avec lui la société et le peuple qui ne sauraient supporter une certaine élite reposant uniquement sur les mérites de leur travail. La Révolution française et la Guerre d'indépendance l'avaient bien démontré.

James avait été convoité par les jeunes filles faisant leur début dans la société, espérant trouver un bon parti, alors que les malheureuses auraient du savoir que jamais il ne s'intéresserait à elles, elles représentaient pour James tout ce qu'il détestait chez la noblesse, une certaine obéissance, une façon niaise de voir les choses et toujours avides d'avoir sa fortune.

Alors qu'il veuille épouser cette jeune fille était assez surprenant, mais en réalité Louis s'y attendait, en faisant connaissance avec elle, Louis avait pu voir que James l'aimait, c'était une jeune femme qui se voulait indépendante, qui était écrivaine de surcroît, d'ailleurs il ne voulait pas le dire mais son livre faisait un succès en ce moment, elle allait bientôt avoir une petite fortune personnelle, dans un sens elle ressemblait à James, mais son côté plus réservé permettait de calmer ce dernier. Non vraiment, il se complimentait, et lorsqu'ils lui avaient demandé d'être témoin à leur mariage, il avait accepté, il était habitué à ce que James le surprenne, à tel point que cela ne le surprenait plus du tout, et voir ce dernier décider de se marier avant lui le faisait rire de plus en plus fort. Peut-être que c'était lui qui avait une certaine influence sur lui ironiquement.

Le mariage se voulait secret, aucune personne présente ce jour-là n'allait révéler au grand jour ce qui s'était passé. Louis préférait personnellement attendre de les voir apparaître tous les deux en société surprenant la galerie, ou voir James simplement annoncer qu'il était déjà marié devant les autres nobles, étant donné que son épouse semblait détester la foule et être le centre du regards des autres. Ils seraient alors étonnés de savoir qui était la mystérieuse épouse, et lui il rirait comme jamais.

Oh oui, les choses en ce moment devenait de plus en plus intéressantes. Dommage que Cécilia n'ait pu assister au mariage mais ses mouvements étaient suivis par les chaperonnes qui ne la quittaient pas des yeux, à croire qu'elles pensaient qu'il allait l'enlever et l'enfermer dans un donjon. Si elles savaient que c'était plutôt l'inverse, la femme qu'il aimait était forte et avait du caractère, tout comme son cousin. Il regarda les mariés s'installer dans la voiture, accompagner par l'enfant qu'ils voulaient adopter; là encore ils ne faisaient pas les choses à moitié.

Et le Dr Scott qui n'en menait pas large, et s'essuyait son front moite avec son mouchoir de poche, Louis lui lança un grand sourire lumineux auquel il répondit par un regard noir. Les familles respectives des mariés, mise à part Cécilia n'était au courant de rien, il ne savait comment elles réagiraient mais il aimerait bien voir cela. Non il n'allait vraiment pas s'ennuyer. Il attendait juste de voir ce que l'avenir leur réservait.


Mary regarda la pluie s'abattre dehors, tandis qu'elle était assise, écrivant un nouveau texte pour sa maison d'édition. Elle jeta un coup d'œil sur sa main gauche où se trouvait son alliance, étincelante de mille feux, elle avait été forgée en or blanc, avec une suite de diamants formant une rosace qui l'ornait et la laissait briller. James y était allé fort pour cela, mais c'était tout lui. Voilà cinq jours qu'ils s'étaient mariés clandestinement, sans que personne ne le sache, à part les personnes de confiance, enfin ceux en qui James pouvait avoir confiance, Mary n'ayant pas vraiment d'ami proche pour faire l'affaire. Le choix qu'ils avaient fait pouvait être considéré comme spontané, mais après mûre réflexion, c'était la meilleure solution. Ils ne pourraient empêcher leur relation de continuer, et si elle continuait de vivre à Whitechapel, son secret finirait par tôt ou tard par se savoir. lorsqu'elle avait revu Mr. Broom pour reprendre ses affaires et lui payer le loyer, il l'avait regardé d'un air goguenard, elle ne savait toujours pas ce qu'il avait pensé, mais elle le soupçonnait de savoir qu'elle était une femme, si lui l'avait deviné sous le déguisement qu'elle avait remis à porter, alors d'autres le pourraient.

Désormais, elle envoyait par courrier ce qu'elle écrivait. Ce n'est pas qu'elle ne voulait plus revoir la maison d'édition, mais déjà que sa cuisse était toujours mal en point, au point que James faisait toujours attention sur cela lorsqu'il la prenait dans ses bras, en outre, elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre ne sache qu'elle était Henry Bones, son livre devenait de plus en plus célèbre. John Murray l'avait prévenu que sa paye serait augmentée grâce à cela.

Demain serait le premier juillet. Plus de trois semaines et demi étaient passées depuis qu'elle était partie de chez elle. Elle n'avait pas vu le temps passé. Elle repensa à ses parents, se demandant ce qu'ils avaient pensé de sa fuite. Pour elle, cela avait été justifié, sa mère pensait peut-être que la marier sans son accord était pour son bien, et son père la laissant faire aussi, mais elle n'était pas du tout de cet avis. Et les revoir lui faisait trop de mal, revoir ses sœurs aussi. A côté d'elle, Derek s'appliquait à écrire ses lettres et à lire les petites comptines qu'elle avait écrite. Mary sourit en le voyant froncer les sourcils d'un air concentré, il n'avait même pas neuf ans et pourtant à son âge, elle savait déjà lire. C'est dans ces moments-là où elle avait su qu'elle avait tout de même vécu une vie privilégiée.

Il y a deux jours, ils avaient signé les papiers d'adoption pour le jeune garçon. James avait souri en la voyant enlacer le jeune garçon avant de froncer les sourcils et de l'enlacer elle aussi, une once de jalousie se pointant sur son visage, avant qu'il ne se mette à rire aux éclats en se rendant compte à quel point il était ridicule.

Désormais ils étaient les gardiens du garçon jusqu'à sa majorité. Ce petit avait avoir de l'avenir, il le sentait, et puis quand on démontre autant de courage à son âge, cela voulait dire qu'on était destiné à quelque chose de grand, James voulait le voir évoluer, savoir ce qu'il deviendra à l'avenir.

Et Mary ne pouvait s'empêcher de vouloir le protéger, lorsqu'elle avait appris comment sa mère était morte, ce qu'il avait vécu et les blessures le long de son corps, elle serra le poing avant de jeter un coup d'œil vers l'intéressé qui continuait à apprendre tranquillement.

-Ça veut dire quoi ça ? Demanda-t-il soudainement en pointant un mot qu'il n'arrivait pas à comprendre.

Mary fronça les sourcils avant de voir ce qu'il voulait montrer, soudain son visage s'éclaircit.

-Tu ne comprends pas le mot mythologie ? Lui demanda-t-elle en souriant.

Derek hocha de la tête, un air sérieux qui le rendait adorable. Mary ne put s'empêcher de le serrer dans ses bras et entreprit de lui raconter le fameux mythe d'Ulysse et son odyssée afin de retrouver la femme qu'il aimait.

Elle en était à raconter les douze travaux d'Hercules, lorsqu'elle sentit une présence familière à ses côtés. C'était James qui les regardait amusé, les bras croisés, avant de se mettre à l'enlacer. Derek fit une grimace en voyant cela.

-Vous êtes pire que certaines personnes dans les quartiers où j'habitais ! Grogna-t-il en se cachant les yeux des deux mains.

James le regarda amusé, avant de lui ébouriffer les cheveux, accueillant un nouvel grognement de la part du jeune garçon.

-Il y a Lucy qui te cherche, elle veut te montrer quelque chose, lui annonça James. On a une jument qui a mis au monde des poulains.

Le visage de Derek s'éclaircit avant de se précipiter vers la sortie, ignorant le couple qui le regardait sortir amusé.

-Il fallait vraiment que tu le fasses partir comme cela ? Demanda Mary, en plissant des yeux, un sourire néanmoins étayait son visage.

James haussa des épaules.

-J'ai le droit de passer un peu de temps avec toi,non ?

Mary leva les yeux vers lui, des cernes pointaient le bout de leur nez sur son visage, elle le regarda inquiet.

-Tes affaires te préoccupent ?

James soupira avant de s'avancer vers la fenêtre du petit salon privé, où Mary s'était installé pour travailler sur ses écrits.

-Les enquêteurs ont définitivement lâché l'affaire sur ton agression, ils n'ont rien trouvé vu que ceux qui vous ont fait cela sont en train de nourrir les poissons. Ils pensent qu'ils sont en fuite, mais en ce moment, le taux de criminalité bat des records, donc ils laissé l'affaire de côté. Et je suis convié dans la chambre des Lords demain.

Mary écarquilla les yeux.

-Tu dois y être ?

James se retourna, un sourire amusé aux lèvres.

-Ma chère, depuis que mon grand-père a décidé de partir au fin fond de l'Ecosse, je suis obligé d'y être, et avec la guerre qui vient d'être déclarée avec les Etats-Unis, je n'ai que peu de temps pour moi-même. Déjà que la situation était tendue en Europe avec Napoléon, voilà qu'on doit désormais partir en guerre contre mon pays natal. J'ai beaucoup de gens qui m'observent, en sachant que je suis né et que j'ai vécu dans un autre pays rival au leur. Que penses-tu qu'ils vont penser en ne me voyant pas?

Mary se mordit la lèvre, elle savait que la situation actuelle ne faisait pas rêver, hormis l'accident qui lui était arrivé, le pays lui-même était en situation précaire. James s'avança vers elle pour la réconforter, déposant une main sur son épaule.

-Ne t'inquiètes pas, je n'ai beau pas toujours pu savoir vous apprécier comme il se doit vous les Rosbeef, il n'empêche que ce royaume a toujours su faire face aux ennemis qui le menaçaient. C'est juste que de nouvelles lois vont être établies, certaines qui vont faire progresser la société, d'autres qui vont faire taire les dissidents. Ce que je n'aime pas, c'est que certains encouragent la guerre et qu'ils sont soutenus. Elle a beau être pour les intérêts économiques de ce royaume, il n'en demeure pas moins que l'on va devoir envoyer des soldats servir de chair à canon. De plus, le simple fait que le régent ne prête aucunement attention à ce genre d'affaire, si tu savais ce que j'ai entendu… soupira James.

Mary écarquilla les yeux en apprenant cela.

-Tu ne penses pas que cela va être comme avec Cromwell ?

-Je ne sais pas, fit James en secouant la tête, il est peu probable maintenant que le Parlement prend en main l'avenir du royaume. C'est juste que ce genre de comportements de la part d'un monarque ne peut qu'entraîner des révoltes du peuple. Et même au sein du Parlement, les tons sont en train de monter. J'ai de nouveau papiers à gérer maintenant. Mais je voulais te voir pour autre chose.

Il sortit soudain un journal de sa poche.

-Qu'est-ce que c'est ? Demanda Mary en le saisissant.

Soudain elle resta sans voix en voyant le titre de l'une des pages.

« Henry Bones : un nouvel arrivant dans le monde de la littérature qui fait sensation ! ».

Elle leva les yeux vers James qui la regarda d'un air grave.

-Félicitations, ton alias est devenu quelqu'un de célèbre.

Mary ne sut que dire face à ces propos, elle savait que son nom allait être connu si ses livres étaient bien vendus, mais de la à ce qu'un article parle d'elle, enfin spécule sur qui elle pourrait être la laissait sans voix, elle ne s'y attendait pas. Mais ce n'était pas tout, en lisant l'article, elle se rendit compte que le journaliste avait essayé de savoir plus sur elle en allant enquêter dans sa maison d'édition, qui d'ailleurs n'avait rien déclaré à ce propos. Mary poussa un soupir de soulagement en lisant cela mais elle sut désormais que même après être rétablie, et même en se déguisant bien, elle ne pouvait plus revenir là-bas.

-Je crois que je vais devoir définitivement travailler par correspondance, soupira-t-elle en reposant le journal sur la table.

-Et c'est tout ce que cela t'inspire ? Demanda James en haussant un sourcil.

Mary lui lança un regard outré.

-Que veux-tu que je fasse ? Personne ne sait qui je suis de toute façon, et ce n'est pas comme si j'allais sortir dans des fêtes mondaines pour dévoiler mon identité en plein jour.

-Tu es pourtant conviée à une fête je te signale, lui répondit James en lui tendant une autre enveloppe.

Mary la lut rapidement avant de se taper le front avec la paume de la main. C'était la meilleure, le journaliste en question avait profité de son intrusion dans la maison d'édition pour y laisser une enveloppe au sceau de Lord Byron qui organisait une fête où il voulait réunir tous les auteurs qu'il adorait et apparemment elle en faisait partie.

-Je suis presque jaloux, déclara James en faisant la moue.

Mary haussa des épaules.

-De toute façon je n'irai pas.

James la regarda, surpris.

-Je pensais que tu adorais ce qu'il écrivait.

-C'est son travail que j'adore, pas lui.

-J'ai aussi reçu une invitation tu sais ? Lui déclara nonchalamment James en l'enlaçant par derrière.

-Comment ? s'exclama Mary.

-Je suis le mécène de beaucoup d'artistes, ce n'est pas que j'aime l'art mais bon, je peux faire du profit avec cela et tout ce qui est profit m'intéresse.

-Je ne vais pas me présenter là-bas, ils vont deviner qui je suis !

-Tu n'as qu'à jouer le rôle de la servante.

-Quoi ? s'étrangla à moitié Mary en le tuant des yeux.

James rit doucement tout en se rapprochant de son oreille.

-Personne ne fait attention aux domestiques et j'ai besoin d'un guetteur pour faire quelque chose d'important…

-Demande à Billy!

-Ils le connaissent, mais pas toi. Et personne ne soupçonnera une jeune fille. Par contre, tu changeras complètement d'apparence, je refuse que quiconque te reconnaisse.

-Alors pourquoi veux-tu que je vienne avec toi ? s'exaspéra Mary.

-J'ai envie de danser avec toi au clair de Lune, et puis de toute façon ce sera aussi un bal masqué, même les domestiques devront porter quelque chose pour cacher leur identité.

-Encore un bal masqué ? Vous les nobles et vos masques pendant les bals ! C'est vraiment exaspérant !

A ces mots James s'esclaffa, tandis que Mary fit une mine boudeuse. Soudain il la regarda d'une toute autre manière et s'empressa de l'enlever de son bureau avant de la conduire dans leur chambre. Leur mariage avait beau être secret pour le moment, cela ne l'empêchait pas pour le moins d'en profiter.


Elizabeth se saisit du journal posé sur la table, lisant attentivement l'article qui avait captivé son attention. Son mari la regardait interloqué et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour savoir ce qui l'interpellait tant que cela.

-A oui ! Ce jeune auteur ! Si mes souvenirs sont bons, Lord Byron a envoyé une invitation pour qu'il vienne à sa fête.

Elizabeth tourna brusquement la tête.

-Que veux-tu dire par cela ? Demanda-t-elle avec empressement.

-Que cet Henry Bones auquel tu sembles si attachée depuis que tu as acheté ses livres sans même les lire va probablement être chez Lord Byron. Même si je ne vois pas pourquoi tu sembles si obsédée par ce…

Fitzwilliam ne put terminer sa phrase qu'il sentit Lizzy le dépasser brusquement, monter quatre à quatre les escaliers de la demeure de Pemberley sous les regards effarés des autres domestiques. L'une des servantes se précipita vers elle, tentant de la raisonner afin qu'elle se calme et que ce n'était pas bon pour le bébé.

-Que veux-tu faire Lizzy ? Demanda Darcy en haussant d'un ton pour qu'elle puisse l'entendre.

-Partir pour Londres ! Tonna-t-elle, et le plus tôt possible, autant que nous soyons là pour ce fameux mariage !

Darcy afficha une mine confuse.

-Pourquoi est-elle si pressée ? Se demanda-t-il en fronçant des sourcils.

Il jeta un coup d'œil sur l'article en question qui avait causé tant d'émotions à son épouse.

-Ce Henry Bones doit cacher quelque chose et je n'aime pas ça du tout, dit-il en serrant les dents.