Voici la première partie d'une histoire qui se passera en 3 tomes.

L'univers de l'histoire et les personnages (que vous reconnaîtrez sans mal) appartiennent à J.K Rowling.

Je me suis toutefois permis d'enrichir son univers d'éléments supplémentaires et parfois d'anachronismes avec ce qu'elle a écrit, alors ne soyez pas surprit en les lisant.

J'ai écrit cette histoire sur le modèle d'un journal intime comme vous allez vite vous en rendre compte. C'est la première fois que je fais ce choix, et j'espère que j'arriverais à bien manipuler le style. Je sais que c'est souvent rebutant pour les gens, mais prenez quand même la peine de lire les premiers chapitres ! L'histoire est un peu lente à démarrer.

Je suis ouverte à tout commentaires / remarques / conseils pour améliorer mon style.

Bonne lecture !

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Dimanche 4 septembre 1977 : dans le Poudlard express

Cher Journal,

En ce jour de rentrée scolaire j'inaugure ta première page alors que je viens juste de monter dans le Poudlard Express. Comme chaque année je suis l'une des premières à y entrer et j'ai donc toujours tout le loisir de choisir mon wagon, bien qu'en fait je me mette toujours au même endroit depuis 7 ans. C'est-à-dire tout au fond du train loin, très loin des Serpentards qui investissent toujours l'avant. C'est un choix stratégique en fait.

En regardant à travers la vitre, je viens de voir mes parents quitter le quai avec ma petite sœur Aileen qui ne prendra le chemin de Poudlard que d'ici deux ans. Leur départ veut sans doute dire que mon petit frère Oliver, entrant en deuxième année, et ma sœur jumelle Queenie ont rejoint leurs amis respectifs.

Pourquoi je ne suis pas avec eux ? Question très pertinente. Il se trouve qu'il y a entre le reste de ma famille et moi-même un léger différent qui m'a très vite appris à m'en aller en vitesse une fois sur le quai. Même si cette année c'est un peu particulier, vu que je vais à l'école avec dans ma valise tout ce que je possède et l'interdiction formelle de revenir chez moi une fois l'été arrivé. Le privilège d'avoir atteint la majorité. Ça n'est pas vraiment une perte, mais je suis quand même à la rue.

Je dois bien être l'une des rares de ma maisonnée à vouloir quitter si vite le domicile familial pour l'école, qui n'est pas franchement un sanctuaire de paix et de bonheur pour nous autres Poufsouffles. Oui, je suis membre de la « Maison Poubelle» comme on la nomme très péjorativement parmi les élèves de Poudlard. Et c'est bien pour ça que je suis obligée de tenir ce journal, sinon je crois que je deviendrais folle. J'ai très vite compris en première année que pour conserver au mieux ma santé mentale c'était soit le psy, soit l'écriture. Et comme je n'ai pas de quoi payer un psy, je n'ai pas vraiment eu le choix. Mais finalement, plus qu'une thérapie, c'est devenue une passion. J'adore écrire.

La porte du compartiment s'est brusquement ouverte il y a quelques minutes, me faisant sursauter. J'ai levé les yeux pour détailler le garçon qui se tenait dans l'encadrement. Enfin, ce n'est plus vraiment un garçon... Si on tient compte du fait qu'il a eu 17 ans le 15 août dernier, c'est plutôt un homme maintenant. Il s'agit de Gregory Levis, mon meilleur et plus proche ami. Il est plutôt mignon avec ses grands yeux bleus et ses cheveux blonds qui auréolent son visage fin. Il avait dit qu'il les couperait pendant les vacances, mais il ne l'a visiblement pas fait. Il m'a souri, faisant ainsi ressortir la fossette qu'il a au coin des lèvres. Il ferait sans doute le bonheur de ces dames s'il n'était pas gay jusqu'au bout des ongles. Hé oui.

Il a déjà enfilé sa robe de sorcier ou se détache distinctement un blaireau qui est en réalité plus une cible qu'un blason. Ses deux parents sont moldus alors pour eux, peu importait où il serait envoyé au moment de la Répartition, vu qu'ils étaient déjà sous le choc que leur fils soit un sorcier. J'aurais bien aimé pouvoir dire la même chose des miens. Je viens d'une « noble et puissante » famille de Sang –Pur, les Entwhistle, et j'aurais pu avoir attrapé la dragoncelle que je n'aurais pas autant été mise à l'écart.

- Salut, m'a t-il dit. Déjà en train de griffonner dans ton carnet ? C'est un nouveau non ?

- Oui.

- Tu m'expliques à quoi ça t'avance d'en acheter un nouveau pour chaque année alors qu'avec un sort tu peux faire en sorte qu'il ait autant de pages que tu veux ?

- Si jamais quelqu'un tombe dessus, au moins il n'a pas le compte rendu de tout ce que j'ai fait, pensé ou ressenti durant ces 7 dernières années.

Et c'est la stricte vérité. Combien de fois j'ai eu peur que quelqu'un tombe sur l'un des journaux que j'ai écrit ? Comme j'y note absolument tout, l'idée qu'on puisse en lire un n'est pas juste gênante, mais carrément terrifiante. Et je n'ai pas le cœur à brûler les centaines de pages écrites. Ça représente des heures de travail. Le seul que je laisse parfois lire au dessus de mon épaule, c'est Greg.

- Tu dors avec ces foutus carnets, m'a t –il reproché. J'ai toujours l'impression qu'il y a une troisième personne entre nous.

- Chéri, considère ces journaux comme mes maris, tu ne peux pas te mettre entre eux et moi.

Il a gloussé tout en s'asseyant en face de moi. Il porte au poignet la montre que je lui ai offerte pour ses 17ans. C'est une tradition d'offrir une montre lorsqu'un sorcier devient majeur. Comme ses parents n'étaient pas au courant –forcément –je m'en suis chargée. Techniquement les sorcières devraient recevoir un bijou (collier, bague ou bracelet), mais ma famille semble avoir oublié que j'ai eu 17 ans le 28 février derniers. Bon, en théorie, je suis née le 29 mais comme ça n'arrive que tous les quatre ans je serais bien embêtée pour le fêter tous les ans si j'étais vraiment pointilleuse sur la date. Donc, je fête toujours le 28. On pourrait penser que mes parents se souviendraient d'une date aussi bizarre ou alors qu'ils se rappelleraient que Queenie est ma jumelle et que par conséquent on fête en même temps, mais ça semble leur avoir totalement échappé. Juste une façon comme une autre de me montrer que mon sort ne les concerne plus.

Bref, ça ne m'étonne plus mais ça fait quand même mal. Et tout ça est arrivé qu'à cause d'un bout de tissu décrépit qui a décidé que j'avais " beaucoup d'amour en moi et un don d'empathie dont je retirerais beaucoup une fois que je saurais l'utiliser" et donc que nulle autre maison que Poufsouffle ne me convenait. Pour être tout à fait honnête, je pense plutôt que mon envoi à Poufsouffle a servi de prétexte à mes parents. Je préfère me dire qu'il y avait une autre raison plus logique derrière. C'est un poil plus rassurant.

Je crois que si l'amour dont cet infâme Choixpeau parlait a un jour existé, il est totalement mort et enterré à l'heure actuelle. Si je regrette de ne pas avoir fini à Serpentard comme ma sœur ou à Serdaigle comme mon frère ou même à Gryffondor ? Oui. Quand je regarde Greg, et que je me rends compte que je ne l'aurais jamais rencontré si j'avais été envoyée ailleurs je me dis que je ne suis peut être pas si mal à Poufsouffle. Mais le reste, le mépris quand on nous regarde, les "blagues" douteuses auxquelles on a le droit, l'état mental et physique complètement saccagé de mes condisciples, ne valent pas la peine. Vraiment pas.

- Alors Crystall, tu nous rédiges quoi cette fois? s'est exclamé une nouvelle voix en entrant dans le compartiment.

Il s'agit d'Anna McGarden, une rouquine qui possède un entrain à toute épreuve. Et un caractère en acier trempé. Elle veut devenir psychomage et elle a déjà du boulot dans notre Maison. Quand on lui raconte quelque chose, c'est une vrai tombe. C'est certainement celle qui a entendu le plus d'horreur dans ses 7 années à l'école. Mais elle est terriblement maladroite. La magie ne lui réussit pas et elle est capable de trébucher sur ses propres pieds alors que le sol est totalement lisse. Comme preuve je veux qu'elle vient de manquer de se manger la vitre en pleine tête après avoir trébuché en entrant dans le compartiment. Elle s'est installée à côté de Greg qui lui a demandé avec sa sollicitude habituelle si elle ne s'était pas fait mal.

Il est parfaitement représentatif du cliché Poufsouffle. Il est rempli de gentillesse, de sollicitude, de pardon, d'innocence et de naïveté. Et les autres en profitent. Comprends bien, cher journal, que je l'adore. Mais il n'a jamais réussi à développer ce qu'on appelle communément l'instinct de survie. Il a donc connu plusieurs moment douloureux voir carrément affreux et immondes. Je l'ai vu dans un état qui me hante parfois encore aujourd'hui.

Et tout ce que cet idiot finit a réussi à dire c'est qu'il pardonnait à ces connards de Serpentards qui s'en donnaient à cœur joie. Surtout depuis que l'un d'eux avait appris qu'il était gay. Ils aiment déjà persécuter les nés moldus et les Poufsouffles, mais un né moldu Poufsouffle et homosexuel c'était Noël avant l'heure pour eux. Mais malgré tout, il a réussi à rester lui même. Ce qui force mon admiration.

Ah, le train démarre. Pour moi, c'est quitter un enfer pour un autre juste un peu plus doux. Les autres n'ont pas cette chance, chez eux c'est le paradis et ce train les amène dire bonjour à Satan. On pourrait penser que les professeurs, qui ont tout à fait conscience de la précarité de notre situation, essayent d'arranger le tout mais non. C'est comme ça depuis près d'un millénaire ça ne va pas changer maintenant, ce serait trop intelligent ! On pourrait seulement sauver la santé mentale de quelques dizaines d'enfants !

*Train, plus tard*

On vient d'avoir la visite de Tobias Magg. C'est notre préfet. Il n'a pas été nommé Préfet en Chef, mais ça ne surprend personne. Depuis quand un Poufsouffle n'a pas été promu à ce poste? Plus d'une décennie, je crois. Il s'est rasé le crâne durant l'été. Ça n'est pas plus mal vu le nombre de sortilège de Crâne Chauve qu'il se prend durant une année. Moi, je dis que c'est juste de la jalousie. Il a une texture de cheveux et des boucles à se damner. Dommage qu'il soit obligé d'en arriver à de telles extrémités.

C'est juste un peu choquant de le voir soudainement avec la boule à zéro après 7 ans d'acharnement pour garder ses cheveux longs. Ça met en avant sa mâchoire carrée et son regard d'obsidienne. Quand on ne le connaît pas, il peut paraître un peu dur d'apparence (et plus encore maintenant), mais c'est quelqu'un de très droit qui a toujours des bonbons dans ses poches. Il les distribue pour tenter de réconforter les Poufsouffles en déroute, même les plus âgés. Mais qu'est ce qu'il peut être chiant parfois ! Personnellement, je ne fais que le tolérer dans mon environnement et je pense qu'il doit être dans la même situation de son côté.

- Je cherche encore des tuteurs pour les premières années, nous a t –il annoncé de but en blanc. Il y a des volontaires?

J'ai donné un coup de pied dans le tibia de Gregory qui allait se proposer. Il m'a lancé un regard de reproche en se massant la jambe. Tout le monde a vu ce que j'ai fait et je ne cherchais pas à être discrète. Comme je l'ai déjà dit il est très gentil, trop en fait, et il veut toujours aider. Sauf que ça se retourne contre lui. Quand je peux lui éviter de faire une connerie, je le fais. Il ne peux tout simplement pas être tuteur parce qu'il a déjà du mal à se défendre lui-même.

- Alors tu te proposes peut être Crystall ? m'a lancé Tobias.

J'ai manqué de m'étouffer avec ma propre salive quand j'ai entendu ça. C'est un fait, je n'aime pas les gosses. Enfin, ce n'est pas exacte. Je ne suis pas quelqu'un de facile à vivre, et j'ai beaucoup trop de colère en moi pour pouvoir m'occuper de qui que se soit. A moins que ce quelqu'un supporte tout, comme Greg. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas d'ami proche en dehors de lui.

- Sans façon, lui ai –je répondu avec toute la hargne dont je suis capable.

Tobias a souri, sans doute parce qu'il se doutait que je répondrais ça. Mon ton n'a pas eu l'air de l'intimider. J'imagine qu'après 7 années, il doit y être trop habitué. Ce qui est dommage.

- Je note.

- Tobias, si tu me désignes comme tuteur, je te le ferais regretter.

- Oui oui, a t –il chantonné en refermant le compartiment.

Cet enfoiré de Tobias Magg n'a pas l'air de me prendre au sérieux. Je vais lui faire sa fête s'il me refile un de ces gamins naïfs de première année pour que je lui enseigne comment survivre durant ses 7 années à Poudlard. C'est une petite tradition poufsoufflienne malheureusement très nécessaire. Il faut vite que les nouveaux venus comprennent la situation et puissent se débrouiller tout seuls. L'influence du Seigneur des Ténèbres se ressent même dans les couloirs : les Serpentards prennent un malin plaisir à s'en prendre aux Nés-Moldus, et par extension aux Poufsouffle puisque nous avons le plus fort pourcentage de Nés-moldus de tout Poudlard.

Bien sûr, ils s'attaquent aussi aux autres Maisons, mais moins. Les Gryffondors et les Serdaigles ne se laissent pas gentiment faire et leur rendent coup sur coup. J'ai essayé de faire pareil quand j'étais en première année. J'avais de la rage à revendre et n'importe quel bouc-émissaire aurait fait l'affaire. Mais c'est difficile de se battre seule. Les Poufsouffles ne sont pas courageux et ils n'aiment pas les conflits. Ils préfèrent se terrer et attendre que ça passe puis prendre soin des victimes et essayer que ça n'arrive plus. Du coup, j'ai fini par abandonner et m'adapter à cette manière de faire. Chacun pour soit et Merlin pour tous quand quelqu'un s'est fait avoir.

Enfin, ça c'est le cas pour la majorité d'entre nous, mais je dois dire qu'il y en a deux ou trois qui ont dans l'idée de se sacrifier à la place des autres. C'est pour ça que je tiens Greg en laisse. S'il pouvait prendre tous les malheurs de la Maisonnée sur son dos, il le ferait ce crétin. Personnellement je ne suis pas adepte de la théorie sacrificielle. Mais je suis très douée pour la vengeance. Et je suis tout à fait disposée à utiliser la magie pour ça. En faisant en sorte que personne ne sache que c'est moi bien sûr, j'ai pas envie qu'on me rende la monnaie de ma pièce.

*Train, encore plus tard*

La porte de notre compartiment s'est à nouveau ouverte mais sur Kathie Holmes cette fois, notre préfète. La première chose qui frappe quand on la voit, c'est le bleu intense de ses yeux. Elle est métisse alors forcément avec la couleur de sa peau et ses cheveux noirs les yeux bleus ressortent. Sauf que ses cheveux étaient remplacés par des serpents quand elle est entrée. Anna qui n'aime pas du tout ces bestioles là a gémi de peur et a échangé sa place avec Gregory qui regardait avec intérêt la nouvelle coupe de cheveux de la jeune femme.

- Avery a appris un nouveau sort pendant ces vacances, nous a t –elle dit. Crystall, si tu as une idée pour les faire partir, j'apprécierais. Heureusement que ça n'a pas touché Anna.

- Bouge pas, ai –je ordonné.

Elle sait que je ne risque pas d'aggraver la situation contrairement à d'autres. J'ai beaucoup étudié les contre-sort ces dernières années. Sortant ma baguette (plume de phœnix et aulne 31cm) je l'ai agitée dans sa direction lançant le très banal "finite incantatem". Qui a, à ma grande surprise, marché. Je m'attendais à quelque chose de moins simpliste venant d'un futur Mangemort… De la racine aux pointes, ses cheveux sont redevenus noirs et crépus. Ils ne sont pas très longs mais ils entourent sa tête comme un casque.

Il ne s'est pas passé grand-chose durant ce voyage en définitive. Chacun a raconté un peu ses vacances et la dame avec le chariot de bonbon avait été dévalisée avant d'arriver chez nous. Il ne lui restait que des susacides. Ça a fait grimacer les autres, mais moi j'adore ça. Les plus délicats se retrouvent avec un trou dans la langue quand ils y gouttent, moi j'ai le temps de savourer leur goût acidulé même si ça n'est jamais plus de quelques minutes d'affilé. On arrive à Poudlard, je vais devoir te ranger, Journal.

*Dans la Grande Salle pendant le discours du directeur*

Les pauvres petits nouveaux. Ils me font de la peine, tous les 11. Ils ont encore le regard brillant d'excitation et leurs frimousses émerveillées montrent qu'ils n'ont aucune idée de l'enfer dans lequel le Choixpeau magique, communément haït parmi nous, les a mis en les envoyant à Poufsouffle. Dumby nous fait son petit discours sur la fraternité entre élève qu'il s'attend une fois de plus à constater. Fraternité, mon cul !

Si les Serpentards n'étaient pas à l'autre bout de la salle, on pourrait même pas manger tranquillement ! Mais ils sont à côté des Serdaigles, la maison avec laquelle ils ont le moins d'embrouilles, alors les repas sont en général civilisés. Je dis en général parce que parfois les quatre zigotos de Gryffondor surnommés communément Les Maraudeurs (nom qu'ils se sont donnés eux-même ce qui prouve qu'ils ont la tête plus gonflée que ce que les moldus appellent des montgolfières) décident de briser notre monotonie rassurante et d'emmerder tout le monde. Mais en même temps il ne semble pas exister d'aiguille capable de dégonfler leur tête alors ils n'ont aucune raison de revoir leur façon de faire.

James Potter l'attrapeur crâneur, Sirius Black le playboy, Remus Lupin le premier de classe mystérieux, et Peter Pettigrow le faux Gryffondor. Je dis faux parce qu'il n'a aucun courage. Il se pavane comme un paon quand il se trouve avec ses potes qui peuvent le protéger, mais quand il est seul, il détale encore plus vite que les Poufsouffles les mieux entraînés. Il est pitoyable en fait et il fait tache au milieu des trois autres. Aussi bien au niveau de l'intelligence que du charisme ou du physique. C'est à se demander comment il a pu devenir leur ami.

Greg vient de me faire remarquer que c'est très impoli de ne pas écouter les gens quand ils parlent, surtout si c'est pour en insulter d'autres. Sur le fond, il n'a pas tord. Mais ce que les autres ignorent ne peut pas leur faire de mal. Dumby, bien qu'on ait l'impression qu'il peut tout transpercer avec ces foutus yeux bleus derrière ses lunettes, ne voit pas jusque dans le coin de la table Poufsouffle où je me trouve (et je doute qu'il nous regarde tout court en fait) et les quatre Maraudeurs chuchotent dans leur coin, probablement en train de préparer un nouveau mauvais coup. Je ne vois aucune raison qui pourrait conduire les uns ou l'autre à brusquement remarquer mon existence et deviner que je parle d'eux.

Tiens, les plats viennent d'apparaître sur la table. Ça, au moins c'est une bonne raison d'arrêter d'écrire.

*Dans mon dortoir*

Tu sais, Journal, quand les gens sont décidés à vous emmerder ils le font jusqu'au bout. Tu te souviens que j'ai dis à Tobias qu'il était hors de question que je devienne tutrice d'un des petits nouveaux ? Hé bien, j'avais raison, il n'a pas pris mon refus au sérieux. Le pire, c'est que je n'ai pas pu lui répondre "non". Comprends moi bien, ce ne sont pas ses beaux yeux qui m'ont empêchés de l'envoyer bouler, mais ses paroles. "N'oublie pas que tu me dois une faveur depuis que je t'ai évité le renvoi de Poudlard. Voici Betty, ma sœur et je veux que tu sois sa tutrice". Je l'ai assassiné du regard quand il m'a rappelée mon presque renvoi qui date d'il y a deux ans maintenant. Et le fait est que j'avais vraiment une dette envers lui, mais que je pensais qu'il avait oublié ou qu'il n'oserait pas me la réclamer. Oui, je peux être flippante à ce point parfois.

Voilà pourquoi je me retrouve à présent face à cette gamine qui a les mêmes cheveux que son frère (la pauvre, elle va en baver), et des yeux verts énormes qui lui donnent un air adorable et perdu. Et elle doit certainement l'être, vu qu'elle se retrouve seule avec moi qui noircis tes jolies pages pour essayer de me calmer et de ne pas crier. Elle doit penser que je suis timbrée. Si je tenais son frère en ce moment même! Je te jure que j'ai vu de la menace dans ses yeux si je faisais mine de refuser. Les Poufsouffles remplis d'amour tien! Les élèves les plus paumés de Poudlard peuvent aussi se montrer désagréables pour arriver à leur fins.

Et elle m'agace cette gamine, comment déjà? … Ah oui, Betty je l'ai écrit plus haut. Pourquoi elle reste debout à se dandiner au lieu de s'asseoir ? D'accord, on se trouve dans mon dortoir et si elle s'assoit, c'est sur le lit d'une des autres filles qui le partage avec moi. Mais elles ne s'en fâcheraient pas. Je vais lui dire de s'asseoir le plus gentiment possible.

Zut mon ordre a quand même ressemblé à un aboiement. Et pour couronner le tout, maintenant elle a l'air vraiment effrayée. Je la vois presque trembler tandis qu'elle se pose à l'extrême bord du matelas face à moi.

- Écoute, je n'ai rien contre toi, mais je n'aime pas qu'on me force ma main, ce que ton frère a fait. S'il avait plus de considération pour toi, il t'aurait confiée à quelqu'un d'autre.

D'accord, j'aurais pu m'abstenir de dire la deuxième phrase, mais c'est sorti tout seul. Contre tout attente, elle esquisse un sourire timide.

- Toby m'a dit que tu aboies beaucoup, mais que tu ne mords pas.

Ah ouais, il croit ça? Il ne dira plus la même chose quand il aura la trace de mes dents dans sa peau. Je compte remédier à tout ça au plus vite, si l'occasion se présente. Il a de la chance, mes dents sont parfaitement droites et ordonnées, alors il aura une jolie marque. Et elle vient de l'appeler Toby? Ça ressemble à un nom de chien. Je vais l'appeler comme ça à partir de maintenant. Douce vengeance.

- Toby dit beaucoup de chose, mais il mériterait que je lui mette un coup de pied au derrière. C'est pas parce qu'il est préfet qu'il a tous les droits.

- Il pense que si.

Tiens, une information utile. Le sourire que m'adresse Betty, plus franc cette fois, m'apprend qu'elle a toute sorte de choses à me révéler sur son frère. Après tous, les frères et sœurs se font souvent des crasses entre eux. Finalement, peut être que je vais avoir une contrepartie honorable en échange de ce que je vais lui enseigner.

- Dis moi, Betty?

- Oui?

Elle semble s'être détendue. Tant mieux, parce que la suite ne va pas être joyeuse.

- Tu cours vite?

Elle m'a jeté un regard étonné. Mais c'est important : Merlin sait qu'elle risque d'en avoir besoin !

A suivre...