LA VIE D'ATHÈNES

Chapitre 1 : La Nuit des Chouettes


"Bien, le vote aveugle semble favorable au projet proposé par Patroclus. Il commence à se faire tard, je suggère que nous mettions fin à notre réunion, nous la reprendrons la semaine prochaine." clôtura le doyen. Les citoyens se levèrent et repartirent chacun de leur côté. Dans les dédales obscurs, Saga fulminait intérieurement. Le vieux Patroclus commençait à être vraiment gâteux, Ayoros lui glissait ses idées suicidaires à l'oreille et le patriarche exécutait. Son influence s'était même accrue depuis que sa fille était devenu la grande prêtresse d'Athéna. Tout le monde se mettait à aller dans son sens sans réfléchir juste pour s'attirer les bonnes grâces de la gamine.

L'homme à l'élégante toge aux riches couleurs se glissa dans l'ombre jusqu'à disparaître, loin des regards, dans un recoin des murs de pierre froide. Pour réapparaître dans une alcôve dissimulée des regards du grand public. Un petit repli où se trouvait déjà un homme qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Allongé sur une causeuse, avalant tranquillement quelques grains de raisin noir.

"Alors Saga ? Au vu de ta tronche ça s'est mal passé, tu veux me raconter tes malheurs ?" se moqua Kanon tranquillement couché sans cesser de se gaver de raisin.

"Patroclus a trop d'influence pour un vieillard sénile, Ayoros pilote à sa place dans l'ombre. Ils vont mener Athènes à sa perte avec une telle politique, limiter le marché des esclaves de guerre c'est se foncer droit dans le ravin. Alors que nous manquons de main d'œuvre et que certains champs sont même laissés à l'abandon nous ne pouvons pas nous permettre une telle folie. Mais nous avons un avantage mon frère, si Patroclus a de l'influence... Ayoros en a beaucoup moins." nota l'aîné des deux jumeau devant l'air amusé de Kanon.

"Je vois. Tu veux donc que ton bien cher frère se charge d'aider cet aimable vieillard à rejoindre Hadès en son royaume, n'est-ce pas ?" ronronna le cadet en se redressant, sa grappe maintenant dépouillée de ses baies.

"C'est bien cela. Mais dans un secret absolu, Kanon. S'il pouvait mourir de vieillesse dans quelques jours cela me serait bien plus utile."

"Bien sûr ! S'il devenait une victime ce ne serait pas bon pour les affaires. Puisque nous sommes d'accord je rentre, tu n'auras qu'à partir après moi. Il ne manquerait plus que tout le monde sache que ton bien regretté jumeau est encore en vie finalement." sarcasma le cadet en se levant. Saga rit doucement, personne n'était au courant que le jeune Kanon alors âgé de quatorze ans disparu en mer et présumé mort noyé était finalement réapparu à moitié mort de faim une semaine après sa disparition. Depuis le jeune garçon avait été gardé secret au grand public. Rares étaient ceux à connaître le secret du jeune cadet.

Kanon disparu dans l'obscurité, il était bien plus doué que son aîné à ce jeu là. Capable de se fondre dans le décor avec une habileté effrayante qui lui permettait facilement de circuler sans être inquiété. Ses pas résonnaient à peine sous ses sandales de cuir alors qu'il avançait vers la sortie. Il pourra récupérer son cheval et retourner vers la Maison Alhen. Mais c'était sans compter l'arrivée d'un autre protagoniste.

"Alors Pollux, encore occupé avec tes malversations politiques ? Tu voudrais pas lâcher un peu de lest et partir en voyage avec moi ?" proposa Milo avec un grand sourire, le plus jeune général de l'armée Athénienne. Le plus talentueux aussi. Et le 'Pollux' dont Kanon s'était vu gratifié était le code utilisé par son ami d'enfance pour lui signaler qu'il savait auquel des deux frères il s'adressait. Saga étant Castor et Kanon Pollux. Pollux l'increvable.

"Partir en voyage ? C'est ainsi que tu qualifie les batailles que tu mènes ? Je préfère mes malversations politiques, elles ne me demandent pas de verser mon propre sang pour la victoire." ironisa Kanon en contournant tranquillement le blond.

"Allez ! Ne soit pas aussi ronchon ! Viens donc me rendre visite demain, j'irai chercher quelques esclaves de ma dernière bataille le matin. J'ai demandé à DeathMask de me les mettre de côté. Ce fourbe essayait de les faire passer en contre-bande juste sous mon nez."

"Et tu t'es vengé pour avoir essayé de te rouler en lui piquant ses meilleures prises." Milo lui envoya un grand sourire satisfait. Ce genre de punition était tout à fait dans le genre du guerrier, je prends ce que tu me voles. En l'occurrence une poignée d'esclaves de guerre et connaissant DeathMask quelques bricoles précieuses que le général se sera empressé de faucher également. "Bien puisque tu sembles si fier de tes prises je me ferai une joie de passer pour déjeuner. Je m'en vais mettre au point ma malversation nocturne et me coucher. À demain Milo." salua Kanon en repartant dans les couloirs sans se retourner vers son ami.

Milo était précieux à ses yeux. D'une part parce qu'il était un des seul à n'avoir jamais admis sa disparition jusqu'à venir lui même le débusquer dans sa propre maison après un an de recherches puis pour avoir été le seul à l'assommer sous l'emprise de la colère à l'idée de s'être fait flouer pendant un an.

Depuis le général détestait qu'on lui mente. Presque maladivement. Aussi maladivement qu'il était attaché à Kanon. Celui qu'on avait essayé de lui voler. Mais peu importe, parce qu'il n'y avait qu'avec Milo que Kanon pouvait être vraiment lui-même. Ces occasions lui semblaient si rares qu'il sautait dessus à la moindre excuse et son ami le savait.

Kanon sortit sur le parvis. Il faisait nuit noire, les étoiles brillaient tendrement dans le ciel. Les chevaux étaient bien sagement attelés, son fier destrier à la robe pie noire, lui, piaffait régulièrement pour montrer son impatience. Mais un véhicule attira particulièrement l'attention du jeune homme. Une carriole de riche, celle d'un des citoyen du conseil. Celle de Patroclus. Avec la souplesse d'un chat, Kanon se glissa dans l'ombre du véhicule. Patroclus devait encore être en train de converser avec Ayoros dans les longs couloirs conduisant à la sortie, délaissant son char. Kanon rit discrètement et ôta le large bracelet qu'il portait au poignet pour en ouvrir le compartiment secret.

De la ricine. Son poison favori, discret, indécelable, mais surtout, on y connaissait aucun remède. Kanon en déversa sur l'accoudoir et la rampe dont se servait le vieux bouc pour monter. Cette vieille branche passait son temps à se triturer la barbe et les lèvres. Il ne lui faudra pas longtemps pour se mettre du poison plein la bouche. Si la Ricine ne le tuait pas dans quelques jours, au moins aurait-elle le mérite de l'affaiblir suffisamment pour que sa prochaine tentative soit la dernière. Son devoir accomplit, Kanon disparu rejoindre son cheval qu'il enfourcha pour détaler sans demander son reste. Repartant au grand galop vers la maison Alhen.


L'aube se levait doucement à l'horizon, sur le quai, Milo attendait paisiblement, appuyé sur son char. Au loin le bateau des esclaves commençait à apparaître.

"Maître Milo ! On va encore devoir attendre longtemps ? Il reste encore plein de préparatifs pour Pollux, on va encore être en retard." râla une femme aux cheveux roux coupés comme ceux d'un garçon.

"Prends ton mal en patience Leslie. Ils accosteront dans quelques minutes. Je récupère ceux que DeathMask m'a promis et on repart illico. On aura tout notre temps." ronronna le général en regardant les matelots amarrer le navire marchand. "Nous serons à la maison avant même que Kanon ne soit réveillé." plaisanta le blond avec un grand sourire.

Les mousses déployèrent la passerelle et DeathMask descendit le premier, suivit d'un de ses servant qui tirait les esclaves hors du bateau avec sa chaîne. Le marchand d'esclave l'aperçu sur le quai et s'approcha de lui avec un grand sourire.

"Général Scorpio ! Quel plaisir de vous voir !"

"Tu me raconteras tes bobards plus tard. Où sont mes prisonniers de guerre ?" DeathMask eu un mouvement de recul face à l'agressivité du guerrier. Il semblait évident que sa tentative de séduction s'était avéré infructueuse. Le marchand fit un signe à son second qui décrocha un des être au visage baissé. Un blondinet d'à peine quatorze ans en haillons, il semblait terrifié alors que le sous-fifre le traînait vers le général.

"Voilà Seigneur Milo, le jeune que vous vouliez."

"Où sont les deux autres ?" gronda le blond sur la défensive.

"Je suis navré Monseigneur, mais ils n'ont pas survécu au trajet." tenta le marchand d'une voix mielleuse. Leslie soupira. Cet abruti n'apprendra jamais de ses erreurs.

"DeathMask, tu sais bien que j'ai horreur que l'on me mente. Je sais que tu voulais à tout prix ses deux là pour ton marché noir. Tu ne voudrais tout de même pas que je dénonce tes activités, n'est-ce pas ?" feula le général en empoignant lentement le col du petit homme. DeathMask siffla d'agacement et fit un autre signe au type du bateau qui détala vers la cale pour en tirer deux autre têtes. Un homme, assez fin aux longs cheveux rouges et une jeune femme aux cheveux d'un vert excentrique retombant en crinière ébouriffée sur son visage.

"Sont-ce bien ses deux enfants que vous vouliez général ? Ils valent très cher, ce sera dur pour moi de combler le déficit." miaula DeathMask avec un air faussement penaud.

"Combler le déficit ? Quel déficit espères-tu combler si tu n'es plus en vie ? D'autant que tout ceux que tu ramènes à quai aujourd'hui ne t'ont rien coûté si ce n'est l'aller-retour." siffla Scorpio en faisant signe à Leslie de s'occuper de ses trois nouveaux servants. DeathMask siffla en regarda la jeune femme faire grimper sa précieuse cargaison dans la carriole du général. Il se dégagea de la poigne du blond avec prudence et lenteur, montrant clairement qu'il s'avouait vaincu.

"Je ne puis vous contredire mon général. Vous êtes la force et celui grâce auquel je renflouerai mes caisses dans les jours à venir. Je m'en retourne à mon commerce. Et espère que vous ne gâcherez pas de si beaux spécimens." minauda-t-il avec dédain.

"Voyons DeathMask, tu me connais. Le gâchis n'est pas dans ma nature." ronronna Scorpio en tournant le dos au marchand d'esclaves pour grimper dans sa carriole. "Et puis de nous deux je suis celui qui a le plus besoin de main d'œuvre." se moqua le général en faisant signe à son cocher, un gamin maigrelet aux cheveux verts comme ceux de la femme qu'il avait chapardé à DeathMask quelques instants auparavant. Le garçon claqua les rênes et les deux chevaux de traits repartirent au petit trot laissant le port et le marchand amer derrière eux.


"Je suis inquiète maître Ayoros. Maître Patroclus ne se remet pas de sa fièvre, il respire mal et s'épuise vite. Son état ne cesse d'empirer, je crains qu'il ne faille envisager le pire." expliqua la jeune femme que le vieux citoyen avait engagée pour veiller sur sa santé. Il y avait fort à parier qu'elle ai à bientôt se chercher un nouveau travail.

"Merci de m'avoir prévenu Marine. Je vais faire avertir sa fille." la remercia le jeune homme en s'inclinant rapidement pour repartir sur le champ. Si le vieil homme était en si mauvais état mieux valait ne pas perdre de temps sur le chemin. Ayoros bondit dans sa carriole et Seiya lança la calèche.

"Nous ne rentrons pas tout de suite, Seiya. Nous passons par le temple d'Athéna chercher mademoiselle Saori. Je crains qu'elle n'arrive que pour entendre les derniers mots de notre ami." expliqua le politicien au garçon d'écurie qui guida les chevaux vers le Parthénon.


Eaque furetait tranquillement dans les couloirs du palais de Crète. Minos avait toujours eu bon goût, bien que cette demeure fut celle d'Astérion auparavant. D'ailleurs voila son cher demi-frère arriver devant lui. Le brun le salua d'un révérence exagérée approuvée par le sourire amusé du nouveau souverain.

"Bien le bonjour mon cher demi-frère. Que me vaut l'honneur de la visite du Roi des Myrmidons en Crète ? Tu n'avais rien d'autre à faire ?" demanda le jeune homme aux cheveux pâles. S'approchant du brun avec légèreté. Eaque sourit tranquillement.

"Allons Minos, je n'abandonne pas mon peuple. Je viens seulement rendre visite à mon frère, fraîchement nommé Roi. Où se trouve Rhadamanthe d'ailleurs ? Je comptais également le saluer au passage mais je ne le trouve pas." demanda Eaque en tendant le cou comme pour épier les présences qui erraient dans les couloirs du palais dans l'espoir de repérer les mèches blondes.

"Rhadamanthe est en voyage. Il compte avertir Athènes en personne de ma nomination. Je lui ai bien dit qu'un messager suffirait mais il s'entête à penser qu'une annonce fracassante par un proche du nouveau Roi suffira à leur faire comprendre que nous ne comptons pas faire montre de la moindre faiblesse pour ce changement de main."

" Il est parti seul ? "

" Non, Valentine et le reste de sa garde rapprochée l'accompagne mais je pense qu'il va faire comme d'habitude, les semer et se promener seul en ville. " répondit Minos avec lassitude.

"Il a plutôt l'air de vouloir prendre un peu de bon temps à Athènes." s'amusa Eaque avec un sourire entendu. "Tu penses que le lupanar y est mieux là-bas ?" se moqua-t-il.

"Cesse de faire l'idiot ! Tu vois Rhadamanthe inspecter des filles de basse naissance ? D'un autre royaume qui plus est ? Ne me fais pas rire Eaque ! Rhadamanthe à sa façon de penser bien à lui, c'est tout." argumenta le souverain en balayant les remarques du Roi d'Egine d'un geste de la main.

"Et est-ce qu'il vit bien ta nomination ? Je veux dire, techniquement il était tout aussi légitime que toi à ce poste."

"Il n'a pas l'air de mal le prendre. Je lui ai offert un poste de second. Nous sommes en train de discuter une loi qui semble lui tenir à cœur. Il l'appelle la Loi du Talion. Elle semble justifiée, avec quelques rajustement nous pourrons la faire appliquer sans problème."

"Je vois. Et bien si Rhadamanthe va bien, je ne vois aucune raison de nous inquiéter. Que dirais-tu si nous allions manger un morceau ?" proposa le brun avec un large sourire.

"Eaque, il est dix heures." nota Minos avec un soupir de dépit.

"Et alors ? Nous sommes libre de manger quand bon nous semble, non ?"


"Alors Leslie ? Qui ai-je à mon service ?" demanda le général à la rousse alors que les trois nouveaux trophées du blond descendaient lentement de la charrette.

"Bon. Le rouquin s'appelle Camus, c'est le plus vieux, il a vingt ans, c'était un peu l'érudit de son village après ce que j'ai compris il sait lire et écrire. Le blondinet était son élève, Hyoga et la fille s'appelle Shaïna elle vient pas du même coin. En tout cas pour l'instant ils sont trop maigres pour que tu les envoie aux champs. Gardes-les ici le temps de les remplumer un peu, tu pourrais même garder le roux, s'il sait lire tu pourra t'en servir pour la compta je suis débordée avec tout le boulot que tu me refourgues maître !" expliqua Leslie avec une moue désobligeante.

"Haha ! Ça va j'ai compris. Mets-le à l'épreuve pour savoir s'il pourrait être scribe et s'il est efficace on le gardera. Et forme les deux autres à être domestiques. Le petit pourrait devenir échanson. Et la fille, confie-la à Moïshe. Elles s'occuperont toutes les deux de nous servir Kanon et moi." trancha le blond avec un sourire amusé.

"Bien maître. Je m'en occupe." clôtura-t-elle en retournant auprès des trois prises confuses. Milo sourit et repartit vers sa demeure, probablement piquer un petit roupillon après sa nuit raccourcie histoire d'être frais pour son déjeuner.

"Bon. On ne va pas y passer mille ans. Les garçons avec moi et Shaïna je vais te conduire à Moïshe, elle se chargera de te former. Je sais que c'est un coup dur pour vous mais il faut vous accrocher. Si vous étiez restés entre les pattes de DeathMask il vous aurait vendu à des cinglés qui vous auraient fait passer à la moulinette." tenta la rousse pour leur remonter le moral.

"Je ne comprends pas. Je vivais dans un village paisible, sans faire de mal à personne, et un jour des hommes en armures sont arrivés sur leurs gros chevaux pour détruire et brûler nos maisons. Ils ont tués les enfants, pris les femmes et asservi les hommes. Maintenant vous prétendez que mon sort est enviable. Je ne comprends pas." souffla Camus animé d'une fureur froide et contenue. Les chaînes à ses chevilles étant la seule chose l'empêchant de commettre un meurtre. Leslie soupira et planta son regard noisette dans celui du roux.

"Je connais ce sentiment, Camus. Je suis arrivée ici lorsque j'avais cinq ans. Les Scorpio m'ont récupérée, mais mes parents ont étés vendus à un des clients du prédécesseur de DeathMask. Ils sont morts en quelques jours dans d'horribles souffrances alors que les Scorpio me formaient à m'occuper de leur fils. J'avais une paillasse, des compagnons pour me réconforter quand je pleurais la nuit, de la nourriture, de l'eau, des vêtements et le jeune maître était incroyablement prévenant malgré mon statut. Il m'a traitée comme sa sœur en me pardonnant mes erreurs. Quand je dis que vous avez de la chance je pèse mes mots. vous ne pouvez pas changer ni le passé ni le besoin de conquête des Hommes, en revanche vous pouvez relativiser et apprécier votre présent." expliqua Leslie d'un ton calme et mesuré. Camus baissa les yeux. Bien sûr que cela pouvait être pire. Sur le chemin Leslie avait tout fait pour les rassurer. Et ce DeathMask ne lui aspirait absolument pas confiance, il n'y avait qu'à entendre ses rires de fou lorsqu'il complotait sur le pont.

"D'accord. Je vais... essayer de suivre. Mais je ne suis pas sûr d'y parvenir." murmura le jeune homme approuvé par ses deux compagnons de fortune.

"Je vous aiderai autant que possible." sourit Leslie avec douceur.


La carriole d'Ayoros arriva au Sanctuaire d'Athéna avec fracas. Il bondit presque de la charrette pour foncer vers la salle des prêtresses. Un homme l'arrêta dans l'entrée.

" Shaka, laisse-moi passer, je dois parler à Saori de toute urgence. "

" Je suis navré Ayoros mais les prêtresses sont en pleine séances de prières. Je ne peux pas te laisser entrer. " expliqua le blond.

" Shaka, Patroclus est sur son lit de mort! Tu dois me laisser la voir ! Ou au moins la laisser choisir de venir ou non ! Préviens-la, je t'en prie ! Il risque de rendre l'âme à tout instant, elle sera dévastée si elle ne peut pas le voir une dernière fois ! " négocia le brun face à l'adepte du culte d'Athéna. Shaka hésita. La situation semblait grave. Saori était la grande prêtresse d'Athéna, on prétendait qu'elle en était la nouvelle réincarnation et cette jeune femme était particulièrement attachée au doyen de la cité.

" Bien, reste-ici. Je vais l'avertir. " céda le blond en tournant le dos au protégé du doyen. Il disparu dans les couloirs tortueux du temple. Toute personne qui s'y risquait sans les connaître par cœur était certain de s'égarer voire de périr dans les détours du chemin. Tout était mis en place pour perdre les intrus.

Ayoros s'impatientait, laissant son regard courir sur les fresques pour s'occuper l'esprit. L'histoire entière d'Athéna était retranscrite sur ses pierres. Toute celle du culte également. Les femmes en toge portant leurs rameaux d'olivier. Saori était l'une d'entre elles. Elle portera l'Égide lors du prochain festival. Ayoros piaffait dans le hall, rapidement des bruits de pas accompagnèrent sa danse impatiente. Il se tourna vers un des couloirs d'où débouchèrent Shaka accompagnée de la jeune femme en tenue rituelle.

" Ayoros ? Que se passe-t-il ? Shaka m'a dit que c'était urgent mais- "

" Mademoiselle Saori, je crains que Patroclus ne rende l'âme avant que le soleil n'atteigne son zénith. " asséna le jeune homme déférence. La jeune prêtresse pâli instantanément. Faillit perdre l'équilibre, Shaka la rattrapa au vol.

" Mademoiselle Saori ! "

" Emmène-moi le voir. " souffla-t-elle en se redressant à l'aide de la toge de Shaka.

" Mademoiselle Saori, ce n'est pas raisonnable, vous tenez à peine débout et- "

" Je ne tiendrais plus jamais debout si je ne peux pas lui parler une dernière fois, Shaka ! Ayoros ! Emmène-moi voir mon père ! " rugit-elle vers le protégé de Patroclus.

" Bien mademoiselle, ma calèche attend dehors. " concéda le brun en lui indiquant la sortie. Shaka leur emboîta le pas, refusant catégoriquement de laisser le jeune prêtresse seule.


Rhadamanthe mit pied à terre dans le port d'Athènes. À cette heure matinale tout s'agitait autour de lui sans se préoccuper de sa présence. C'était mieux. Il ne voulait pas être dérangé. Il était venu prendre l'air après avoir été écarté du trône pas se voir assaillit de toutes part par des intéressés. Il avança paisiblement au milieu des porteurs cavalant, des marins beuglant et des esclaves suant d'effort en direction de la ville.

"Monseigneur Rhadamanthe ! Attendez-nous enfin ! " appela une voix familière derrière lui.

" J'attendrais un peu plus loin, Valentine, le temps que vous déchargiez la carriole et les chevaux. " répondit le blond sans se retourner alors que le jeune homme aux cheveux roses trottait à ses côtés.

" Je commence à vous connaître Monseigneur ! Vous allez encore profiter du fait que nous ayons le dos tourné pour filer vous promener sans surveillance. " protesta le chef de la garde rapprochée le ton plein de reproche à l'encontre de son employeur.

" Je suis suffisamment grand pour me débrouiller seul Valentine. " gronda le blond offensé par la remarque de son suivant un peu trop maternel.

" Ce n'est pas ce que je voulais dire, Monseigneur ! Ce que je voulais dire c'est que nous ne sommes pas en terre alliée ! Vous risquez de vous faire agresser, kidnapper, assassiner ! Je m'inquiète pour vous ! S'il vous arrivait quelque chose pendant notre séjour ici, je ne me le pardonnerai jamais ! " se justifia le jeune homme confus.

" Excuse-moi Valentine, je ne voulais pas te faire de reproches. Je voulais seulement que tu me comprennes, j'ai besoin de prendre l'air moi aussi. En Crète j'ai à peine le droit de sortir du palais. Même dans le palais je suis constamment sous surveillance et qui plus ai je n'ai pas tant de responsabilités. Je suis juste là comme doublure de remplacement au cas où il arriverait malheur à Minos. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Je ne compte pas m'éloigner des grandes rues. Mais j'ai besoin de rester seul un moment. " expliqua Rhadamanthe un peu plus tranquillement. Valentine soupira et baissa les épaules. Il semblait encore plus petit dans sa toge de guerrier.

Il semblait tout chétif malgré l'épée qu'il portait à sa ceinture. Pas vraiment le profil type du chef de garde, pourtant Valentine était le combattant le plus expérimenté qu'il connaissait, et de loin le meilleur escrimeur de Crète.

" Bien Monseigneur. Mais jurez-moi de ne pas sortir des rues passantes, et vous rentrerez avant le coucher du soleil ! "

" Ne t'inquiète pas Valentine. Je serai prudent. Et ce n'est pas comme si je ne savais pas me défendre. " s'amusa le blond avec un sourire amusé.

" Dans ce cas, prenez ça. " Valentine décrocha son fourreau et tendit sa lame à son Seigneur. Rhadamanthe sourit en prenant le cadeau.

" Merci Valentine. Je t'en offrirai une nouvelle. " répondit le blond avec un léger sourire. Il passa le lien de cuir autour de sa taille et disparu sans plus attendre dans les longues rues athéniennes.

" Monseigneur... Jamais je ne recevrai plus beaux cadeaux que ceux qui viennent de vous... "


Tout d'abord merci d'avoir lu ce chapitre et merci à ceux qui liront le prochain. Je ferai de mon mieux pour respecter une certaine cohérence historique et serait ravie que quelqu'un me prévienne en cas d'anachronisme, d'erreur de nomenclature ou d'invention incorrecte, n'hésitez pas, donc à m'envoyer vos remarques, avis, commentaires ou critiques de tout poils ^^

Il n'y aura que quelques OCs présents, Leslie et Moïshe, donc et je ne pense pas en utiliser d'autres mais mis à part ses deux là ils ne tiendront pas de rôles majeurs dans la narration. J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira et qu'entre l'espace de ses lignes je saurai vous changer les idées pour vous faire voyager dans le temps ;)

Cette histoire est une expérience d'écriture très importante our moi et je l'espère fructueuse et aussi en apprendre un peu plus sur l'art de l'écrit