Hermione faisait face à ce qu'elle trouvait être une énorme porte, celle du bureau de la Directrice d'Hogwarts.

C'était ridicule elle l'admettait bien volontiers mais plus d'une fois cette porte l'avait pétrifié. Elle n'était plus élève à présent donc ce n'était pas la peur irrationnelle de se faire renvoyer qui l'empêchait de l'ouvrir et d'entrer.

Non, ce qui l'empêchait de pénétrer dans la pièce était bien plus pernicieux quoique tout aussi irrationnel.

Elle allait le revoir. Enfin, après 12 ans.

La crainte de ne pas être à la hauteur ou de le décevoir d'une quelconque manière l'habitat un instant avant que son mythique courage ne lui fasse ouvrir la porte et envahir le bureau, la tête haute.

Son regard se porta instantanément sur son portrait bien qu'elle ne sût au préalable où il était suspendu, et sa respiration se coupa.

Il était là… Présent.

Il était… presque exactement comme lorsqu'elle l'avait quitté.

Et le spectacle qu'il renvoyait était éclatant.

Les larmes lui montèrent vite aux yeux.

-Hermione….

A l'entente de son prénom dans un murmure presque cassé, elle ne résista pas aux sanglots.

-Severus…

Il avait l'air tout aussi ébranlé qu'elle.

-Je vois que mon message est bien passé.

Ils partagèrent tous deux un sourire complice, soulagé.

-Oui. Sebastian ne parle plus que de toi ces temps-ci.

Le moment était grave, une entente solennelle se fit entre les deux parents.

-Tu t'es très bien débrouillée Hermione. Il est… parfait.

La jeune femme écrasa rapidement une larme.

-Il est le digne fils de son père.

-Je suis loin d'être parfait mais je suis heureux qu'il ait le goût pour les potions.

-… Et les livres !

-C'est un parfait mélange de toi et moi.

Les lèvres d'Hermione s'étirèrent dans un sourire fier.

-Je sais.

Ils s'observèrent pendant longtemps, cherchant à mémoriser tous les changements laissés par le temps, les petits comme les plus grands.

-Il m'a dit qu'il t'avais vu plusieurs fois.

-Oui, petite faveur de Minerva pour qu'on puisse rattraper le temps perdu.

-C'est bien, j'en suis heureuse. Et vous le rattrapez, le temps perdu ?

Elle était anxieuse de la réponse même si elle avait une bonne idée de ce qu'elle serait.

-Oui, comme on le peut. C'est parfois… difficile de ne pas pouvoir le toucher. J'aurai aimé pouvoir le prendre dans mes bras au moins une fois….

Hermione ravala un autre sanglot avant de s'approcher un peu plus du portrait et de le caresser du bout des doigts.

-Il aimerait aussi tu sais.

Il acquiesça douloureusement, parce que oui il le savait.

-Et toi ?

Elle le regarda, remarqua la lueur d'espoir timide dans ses yeux.

-Oui j'aimerai que tu me prennes dans tes bras….

Il ne répondit rien à cela parce qu'il n'y avait pas grand-chose à dire ni à faire.

-Je te remercie d'avoir tenu ta promesse Hermione.

Elle lui offrit un sourire mélancolique.

-Ce n'est pas comme si j'avais le choix, ma promesse a scellé un sort…

Il parut contrit une seconde.

-Est-ce que tu as… D'après le peu d'informations que Sebastian a laissé filtrer… tu ne me semble pas avoir refait ta vie…

Severus s'enfonça violemment les ongles dans la peau, se maudissant d'emmener la conversation sur ce terrain-là.

-Si tu veux savoir si je fréquente quelqu'un en ce moment, la réponse est non. Si tu veux savoir si je me suis faite bonne sœur ces dernières années, la réponse est également non.

Il fût surpris du ton léger qu'elle avait pris pour répondre, un peu moins surpris néanmoins de savoir qu'elle avait fréquenté d'autres hommes.

Il eût soudain honte de sa curiosité.

-Je suis désolé, ce n'est pas…

-Tu as le droit de savoir Severus, d'une certaine façon. …. Je ne t'ai pas oublié et je ne t'ai jamais remplacé. Je t'aimais et je t'aime encore.

Les larmes roulèrent sur ses joues sans qu'elle ne veuille les supprimer alors que lui aurait tout donné pour pouvoir les effacer.

-Je ne sais pas ce qu'une peinture est censée ressentir ou non Hermione mais je sais que je t'aime encore.

-Et nous avons un formidable petit garçon qui en est la preuve.

Oh qu'il aurait tant voulu remplacer ses larmes par des baisers. Le fait de ne pouvoir le faire lui fit mal physiquement.

-Je suis heureuse qu'il puisse, enfin, te connaitre.

-Moi aussi Hermione, moi aussi.

Leur entrevue touchait à sa fin, ils pouvaient tous les deux le sentir.

Hermione porta alors ses doigts à ses lèvres pour les embrasser puis refit le même geste sur ses lèvres à lui.

Ça n'avait pas la saveur d'un réel baiser mais c'était leur seule alternative.

-Merci d'être passée me voir.

-Merci à toi de m'y avoir invité. Au revoir Severus.

L'homme qui avait été si prudent face à ses sentiments de son vivant se laissa envahir par ses émotions.

Il était heureux.

Il était triste.

Il était amoureux.

Et il avait Hermione Granger à remercier pour tout ça.

Elle l'avait rendu à nouveau vivant.

XXXXX