Disclaimer : Merlin et son univers ne sont pas à moi mais à la BBC. J'ai fait de mon mieux pour conserver les personnages.

Beta-reader : Abeille, je la remercie infiniment :)

C'est ma première fiction, l'histoire commence 6 mois après le final de la saison 4.

Rythme de publication : Toutes les semaines, deux semaines au maximum.

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Ne jamais déranger un Catha…

Pendant des mois, Morgane avait poursuivi Alator le Catha, tout d'abord à travers tout Cathare, puis dans les cinq royaumes, récoltant quelques témoignages généreux par-ci, ou les obtenant à sa manière par-là. Le prêtre semblait avoir constamment une longueur d'avance sur elle, s'arrangeant pour partir avant qu'elle n'arrive trop près de lui. Ce petit jeu du chat et de la souris l'avait rapidement lassée.

Connaître son ennemi, un conseil qui l'avait bien aidé. A force de patience et de persévérance, elle avait observé le Catha. Il s'était avéré que celui-ci se déplaçait selon une logique bien précise, réussissant toujours à se placer non loin de druides ou de magiciens, ou encore de sympathisants de la magie. Apparemment, même les Cathas préféraient avoir une issue de secours contre une Grande Prêtresse de la Triple Déesse. Cela amusait Morgane.

Alator ne se rendait jamais deux fois au même endroit. Ainsi, en recensant tous les lieux où des personnes appréciaient ou acceptaient la magie de près ou de loin, elle en était venue à une stratégie : manipuler Alator pour qu'il tombe dans le piège tendu.

Le prêtre avait mordu à l'hameçon : il s'était enfui droit vers Aldor, vers le nord, la seule solution possible, mais également celle qui avait causé sa capture. Morgane en personne l'attendait ici, la jeune femme n'avait eu qu'à le cueillir.

Oh, bien sûr, le combat avait été rude, mais Alator avait fini par perdre, trop sûr de lui et trop arrogant pour qu'il en aille autrement. Morgane avait été au plus simple : une poupée vaudou. Bien sûr, ça l'avait aussi privée de ses pouvoirs, mais les Southrons qui étaient avec elle lui obéissaient en toute circonstance, trop apeurés pour qu'il en aille autrement, et s'étaient rapidement chargés de neutraliser le Catha.

Et maintenant… Eh bien, maintenant, la sorcière se retrouvait dans la salle d'un ancien château, avec un corps sur les bras. Un corps inerte. Peut-être même mort.

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Le Catha observait Morgane d'un coin de la pièce. Lorsqu'il s'était effondré, apparemment sans vie, la réaction de Morgane avait été belle à voir : la jeune sorcière s'était précipitée vers son corps pour le secouer énergétiquement, dans l'espoir insensé qu'il se réveille. Elle n'en savait visiblement pas autant qu'elle le prétendait au sujet des Cathas… Il se remémora sa capture.

Il avait gardé une longueur d'avance constante sur la sorcière en consultant régulièrement sa déesse, Cautha. Il la vénérait, et celle-ci le lui avait bien rendu en lui indiquant la position de la jeune femme et de ses mercenaires. Le Catha avait donc toujours réussi à se rendre jusqu'à une ville où il était en sécurité relative. Mais un soir, il n'avait pas pu contacter sa déesse, n'étant pas assez en sécurité, et en avait payé le prix fort…

Il avait commis une erreur monumentale en se disant que les Southrons étaient bien les seuls qui pouvaient tendre une embuscade à un homme en lui laissant un moyen de s'échapper. Ceci aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Mais au lieu de ça, il s'était précipité vers Aldor, là où il savait que des partisans de la magie le protégeraient et l'aideraient si nécessaire. Il avait foncé tête baissée dans le piège.

Ce jour-là, la Grande Prêtresse, dans toute sa splendeur, l'attendait dans la même salle où il se trouvait aujourd'hui. Une salle sombre et sale, la cave de l'ancien château d'Aldor. Il y avait des piliers, et du lierre courait tout autour et sur les murs. L'entendant arriver, elle s'était redressée, et avait déclaré de toute sa puissance :

- Alator, comme c'est gentil de vous joindre à nous.

Le prêtre s'était immobilisé, prudent. Morgane était une sorcière puissante, et il ne devait surtout pas la prendre à la légère. Les Southrons qui l'accompagnaient ne représentaient pas une grande menace, ils étaient idiots et cupides, ne voyant que l'argent qu'ils récolteraient probablement au bout du compte et qu'ils dépenseraient aussitôt à la taverne la plus proche.

Le problème principal était donc Morgane. Il pouvait la battre, après tout il était un Catha, entraîné à la magie dès son plus jeune âge. Mais s'il présumait de ses forces, et qu'elle réussissait par un quelconque moyen à lui résister, il se retrouverait à sa merci, ce qu'il ne voulait surtout pas. Il n'avait pas peur d'elle ni de ses moyens, mais il préférait éviter ou retarder ce moment le plus possible.

Alator avait donc lancé un sort qui ne lui demandait pas trop d'énergie :

- Forp fleoge !

Bien utilisé, ce sort pouvait faire des ravages tout en préservant son lanceur. De plus, par l'intermédiaire de son bâton qui ne le quittait jamais, il était renforcé. Le sort aurait dû provoquer une surcharge de pouvoir qui aurait frappé Morgane pour l'envoyer contre un mur et l'assommer, lui donnant ainsi le temps de fuir.

Mais il ne s'était rien passé. Morgane, si c'était possible, avait juste semblé encore plus fière d'elle :

- Eh bien, vous êtes beaucoup moins puissant que dans mon souvenir, Catha.

Alator était resté impassible, mais en lui-même, il était perplexe. Pourquoi le sort ne fonctionnait-il pas ? La Prêtresse était peut-être extrêmement puissante, mais elle n'avait tout de même pas le pouvoir de bloquer ainsi ses pouvoirs.

Quelques secondes après, il réessayait le sort. Toujours rien. Et pendant qu'il réfléchissait, tout en gardant la sorcière à l'œil, des Southrons s'étaient approchés par-derrière sans qu'il les voie. Et ensuite, le noir complet.

Le prêtre s'était réveillé dans cette même salle, les mains attachées dans le dos et, après vérification, toujours incapable d'utiliser ses pouvoirs. Il se retrouvait à la merci de Morgane, qui se tenait debout devant lui. Exactement ce qu'il ne voulait pas.

- Venez-en au fait, Morgane, vous n'obtiendrez rien de moi, avait-il dit, sûr de lui.

Elle l'avait peut-être capturé, mais il ne lui donnerait aucune information. Alator savait résister à la torture. Et il savait aussi ce qu'elle voulait. Il avait soigneusement dissimulé cette information, ne la répétant à personne.

- Vous semblez savoir pourquoi je vous ai pourchassé à travers les cinq royaumes pendant des mois, avait-elle susurré. Je ne serais pas si sûre que vous, à votre place. J'obtiendrai ce que je veux : Emrys.

Bien sûr, c'était ceci que la jeune femme voulait savoir.

- Il faudra que vous cherchiez ailleurs. Je ne vous dirai jamais qui est Emrys.

- Si vous m'aviez donné ce que je voulais ce jour-là dans la vallée de Chemary, nous n'en serions pas là. Dites-moi qui est Emrys, Alator. Je ne vous le demanderai pas deux fois aussi gentiment.

- Emrys est le plus grand sorcier de tous les temps, il est destiné à réinstaurer la magie dans Albion. Plus que tout autre, il a besoin d'être protégé, et surtout contre ceux qui lui veulent du mal.

Morgane sembla un peu surprise à cela. Peut-être qu'elle ne connaissait pas la légende d'Emrys. Mais ça ne l'avait en rien déviée de son but.

- Peu m'importe ce qu'il est destiné à faire, je veux savoir qui il est afin de l'anéantir ! avait-elle explosé.

Alator avait refusé. Pas question qu'il trahisse celui qui lui permettrait de vivre libre à nouveau !

Et depuis sa capture, une semaine auparavant, la sorcière multipliait les trésors de torture. Elle avait commencé par les athers, des petits serpents qui faisaient extrêmement mal. Mais le Catha avait résisté. Puis elle avait juré de le faire brûler vif par Aithusa s'il ne lui disait pas qui était Emrys. Alator ignorait qui était Aithusa, mais il avait à nouveau refusé : Morgane ne le tuerait pas avant d'avoir obtenu ce qu'elle voulait. Elle avait également essayé tout un tas d'autres choses, sans succès.

Mais ce matin, le prêtre en avait eu assez de jouer au jeu des questions sans réponses. Alors, il avait utilisé une technique que tous les Cathas se transmettaient de père en fils : séparer son corps de son esprit. Il n'avait pas besoin de magie pour le faire, sinon ça aurait été impossible. Ça demandait juste des années d'entraînement, et il fallait accepter de laisser son corps sans défenses derrière.

Alator s'était donc caché dans un coin de la salle, même si son esprit était invisible à ceux qui ne savaient pas quoi chercher ni où chercher. Mais en faisant cela, il était presque sûr de laisser son corps se faire détruire, et était condamné à errer en esprit pour l'éternité, puisqu'il n'était pas mort, ou à trouver un animal généreux qui voudrait bien lui offrir son corps.

C'était un problème qu'il réglerait plus tard. Pour l'instant, il voulait voir jusqu'où Morgane pouvait aller pour obtenir le nom d'Emrys. La jeune sorcière, après avoir secoué son corps frénétiquement, était ressortie, puis rentrée avec un bébé dragon couleur d'ivoire à ses côtés.

Ceci rendit Alator perplexe : qu'est-ce qu'un dragon faisait avec une Prêtresse de l'Ancienne Religion ? Les bébés dragons étaient en général élevés par leurs congénères adultes, et le Catha savait que le dernier d'entre eux, Kilgharrah, avait été libéré par Merlin. Alors, le dragon blanc aurait dû être avec Kilgharrah.

Morgane s'approcha à nouveau de son corps, tout en parlant, apparemment pour elle-même.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Il n'a pas pu se tuer, il est incapable d'utiliser ses pouvoirs et n'a aucune arme tranchante à sa portée… Non Aithusa, il n'a pas pu mourir de faim, déclara-t-elle, catégorique… Parce qu'il avait un minimum de nourriture !... Aithusa, qu'est-ce que tu fais ?

Alors c'était elle, Aithusa… La jeune dragonne s'était approchée de son enveloppe charnelle pendant que Morgane parlait, et observait attentivement le visage du corps sans âme. Puis elle émit un grondement et recula, l'air mal à l'aise. Si la dragonne percevait sa présence et qu'elle en parlait à la sorcière, il serait grillé…

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La dragonne blanche sentit quelque chose dès qu'elle entra dans la salle. Morgane était venue la chercher pour qu'elle l'aide à comprendre ce qui était arrivé à l'homme qu'elle torturait. Probablement mort, avait déclaré la jeune femme. Et ça la rendait furieuse car si c'était le cas, elle avait perdu des mois à le traquer pour lui soutirer le nom d'Emrys.

Aithusa n'y connaissait pas encore grand-chose en prophéties : son seul savoir était celui d'un bébé dragon de huit mois, autant dire très peu de choses. Elle savait cependant qu'Emrys était le destin et la perte de Morgane, de son amie. Et ça lui déplaisait, elle avait sauvé la jeune femme parce qu'elle avait senti quelque chose de lumineux en elle, Emrys n'avait aucune raison de lui vouloir du mal.

Morgane s'était toujours montrée gentille et attentionnée avec la jeune dragonne d'ivoire, encore incapable de parler et pourtant magnifique. Elle arrivait à peine à la taille de son amie humaine, mais celle-ci lui avait juré qu'elle ferait une grande et magnifique dragonne, et représentait le dernier espoir de son espère avec l'autre dragon, Kilgharrah, qu'elle avait quitté deux mois après sa naissance.

Dans la salle du vieux château, Aithusa observa attentivement l'homme, tout en écoutant Morgane et en émettant des hypothèses.

« Peut-être mort de faim ? »

Ce à quoi Morgane fut ferme : non, il n'était pas mort de faim.

« Et pourquoi pas ? »

- Parce qu'il avait un minimum de nourriture !

Aithusa s'approcha de l'homme et, après l'avoir inspecté, recula et tourna la tête en direction d'un coin de la pièce en fronçant les sourcils. Elle percevait quelque chose, une infime touche de… d'une mini-présence vivante qui pourrait tout aussi bien être un rat.

- Aithusa, quelque chose ne va pas ?

« Non non, tout va bien… »

La jeune dragonne était distraite, mais elle ne commenta pas et fit demi-tour pour sortir de la salle. Une fois dehors, elle déclara à Morgane :

« Je ne sais pas comment il a pu mourir, ni même s'il est mort. Je ne ressens aucune étincelle de vie en lui. »

- S'il est mort avant de m'avoir donné le nom d'Emrys… fulmina Morgane. Tu connais un moyen d'obtenir des informations sur les morts ?

Aithusa se doutait que son amie allait lui poser cette question. Ce savoir faisait partie des connaissances innées d'un dragon.

« Oui… »

- Lequel ? Aithusa, dis-le moi s'il te plaît !

Morgane semblait désespérée. La dragonne d'ivoire n'aimait pas la voir comme ça, elle sentait le flux de magie s'agiter dans le corps de la jeune femme.

« - L'anthropomancie… »

Le visage de son amie se crispa à ce nom. Elle savait ce que c'était. Elle avait même probablement déjà pensé à l'utiliser, mais avait retardé le moment le plus possible.

« Ça te permettra peut-être de trouver ce que tu cherches. Mais c'est aussi possible que tu n'obtiennes rien de plus que maintenant. »

- Il faut que j'essaie… Je dois trouver qui est Emrys !

« Je sais, Morgane. Je t'aiderai. »

- Merci infiniment, ma chère amie.

Morgane plaça une main sur le museau de la dragonne pour la caresser. Aithusa adorait ça : c'était leur petit moment d'intimité entre elles deux.

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Après avoir consulté Aithusa, Morgane alla chercher deux Southrons afin qu'ils l'aident à porter le corps d'Alator. Elle ne savait toujours pas si celui-ci était mort ou vivant quelque part, mais elle devait essayer ce qu'Aithusa lui avait conseillé : l'anthropomancie.

Elle connaissait cet art de torture : le principe était de suspendre un corps par les pieds, puis de lui ouvrir les entrailles afin d'y chercher l'information qu'on voulait. Souvent, l'expérience se révélait infructueuse. Mais dans certains cas, le bourreau – ou à défaut, la jeune femme – trouvait ce qu'il cherchait. En l'occurrence, elle cherchait le véritable nom d'Emrys : celui qui causerait sa perte un jour. Elle devait le retrouver, afin de l'anéantir et de pouvoir vivre tranquillement avec la jeune dragonne qui était devenue son amie, sans avoir à surveiller chaque ombre de chaque arbre ou à toujours regarder par-dessus son épaule. Cet acte la révulsait tout de même légèrement.

Elle arriva devant les Southrons ceux-ci s'empressèrent de se redresser en la voyant.

- Toi, et toi, déclara-t-elle en désignant deux hommes du doigt, vous venez avec moi.

Les Southrons ne répondirent pas – ils avaient appris à rester silencieux lorsque leur maîtresse était d'une humeur pareille – et la suivirent jusqu'à la salle où se trouvait Alator. Morgane ouvrit la porte et fit signe aux deux mercenaires d'entrer.

- Prenez ce corps, et débrouillez-vous pour le suspendre par les pieds !

La salle n'était pas prévue pour ce genre de choses… Néanmoins, les Southrons, désireux de faire plaisir à leur maîtresse, ou au moins de faire ce qu'elle disait, se précipitèrent et, pendant que l'un d'entre eux redressait le corps du Catha, l'autre dénicha une vieille corde et réussit à l'accrocher à un pilier de sorte que le corps d'Alator se retrouvait à l'envers et prêt pour ce qu'elle allait faire.

- Bien, maintenant, disparaissez !

Les deux hommes s'éclipsèrent. Une fois partis, la jeune femme inspira un bon coup et sortit une dague de sa robe noire. Elle s'approcha du corps d'Alator et fit ce que la dragonne, qui avait attendu devant la salle, lui indiquait.

« Un peu plus haut… Non, à droite… Incurve un peu ta dague. Voilà, parfait ! »

Morgane ferma les yeux et entama sa besogne.

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Quelque temps plus tard, une sorcière pâle, soutenue par son amie dragonne, sortait de la salle. Elle était couverte de sang, mais ça n'était rien comparé à ce qu'elle ressentait : elle avait trouvé ce qu'elle cherchait !

Elle avait trouvé le nom d'Emrys, enfoui au plus profond des entrailles d'Alator. Elle savait maintenant qui était celui qui était son destin et sa perte. Et cela la rendait perplexe.

Le nom qu'elle avait trouvé n'était autre que celui de Merlin, le serviteur idiot d'Arthur qui avait tenté de l'empoisonner plusieurs années auparavant. Et il lui semblait inconcevable que cet idiot, ce pathétique petit valet de chambre soit un magicien, encore moins le plus grand sorcier de tous les temps !

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Quand Alator avait compris que Morgane avait trouvé ce qu'elle cherchait, le vrai nom d'Emrys, il s'était enfui de la salle le plus vite possible. Morgane avait utilisé l'anthropomancie, et avoir assisté à tout cela le révoltait. Elle était ensuite ressortie de la salle avec le bébé dragon, très pâle.

Il parcourut de nombreuses lieues, traversa de nombreux villages et de nombreuses forêts, avec un but précis en tête. Au bout d'une journée de voyage, il atteignit sa destination : une vieille grotte gigantesque et à flanc de montagne, assez proche du royaume de Camelot.

Il fallait qu'il fasse cela. Il le devait au plus grand sorcier de tous les temps, à Merlin. Peu importe ce qu'il deviendrait après, tant que le jeune magicien survivait. Un magicien qui, un jour, aiderait le Roi Présent et à Venir à unifier les terres d'Albion. Il n'était rien comparé à cela.

L'esprit du Catha pénétra dans la grotte, espérant y trouver son propriétaire…

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Et voilà, premier chapitre fini. N'hésitez pas à dire vos remarques, bonnes ou mauvaises, en review :)