Salut à tous !

Je suis vivante !

J'espère que tout vas bien pour vous et vos proche en cette période de pandémie mondiale !

(que celui qui a commencé une partie de JUMANJI se dénonce !)

Je sais que je vous ai fait sacrément attendre pour ce chapitre (comme toujours) genre... *regarde sur son compte fanfiction* nom de Zeus !

4 ans et 1 mois ! 0_0

Et bin, pour ceux qui sont encore là : Merci pour votre attente ! Je ne le mérite vraiment pas !

J'espère que ce chapitre sera à la hauteur (vous avez le droit de m'insulter dans le cas contraire, si si si j'insiste !)

Je vous aime !

ENJOY

Chapitre 9

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La gorge en feu, les poumons arrachés d'une respiration haletante, les muscles brûlant, Kathe courait. Elle courait à toute vitesse à travers l'ombre.

Elle faisait tout son possible pour ignorer les douleurs lancinantes qui battaient ses jambes à chaque foulé et le point de côté atroce qui semblait lui percer les entrailles à chaque respiration. Elle ignorait depuis combien de temps elle courrait de la sorte, dans cette course éperdue au milieu du vide. Mais une chose était sûre : elle ne devait en aucun cas s'arrêter, ou ralentir la cadence…

Sinon la flamme la rattraperait.

Kathe ne s'était pas retourné une seule fois pour la regarder, ne voulant pas perdre une seule seconde d'avance dans cette course poursuite éperdue. Elle pouvait néanmoins sentir sa chaleur, les flammes s'étirant dans son dos pour venir lui lécher la pointe de ses longs cheveux ou l'arrière de sa longue robe virevoltant au rythme de ses longues foulés. Elle avait trop peur pour tenter de regarder par-dessus son épaule ce brasier infernal. Elle préférait fuir. Fuir à toute vitesse. Elle voulait s'éloigner, s'éloigner si loin et si vite que la lueur même des flammes ne sauraient plus l'atteindre. Elle voulait se rouler en boule au sol et ne plus bouger, disparaître dans les ténèbres, s'évanouir et ne plus jamais se réveiller.

Mais la présence infernale s'acharnait à la poursuivre et Kathe fouillait le décor tout autour d'elle, sans jamais rien trouver pour se cacher. Partout où elle portait son regard il n'y avait que les ténèbres. Dans sa fuite elle n'avait rencontré aucune surface contre laquelle s'appuyer, aucun recoin, aucune issue, aucune fin... Et le sol lui-même semblait parfois s'échapper sous ses pieds, ses jambes se dérobant sous son poids, ses pieds nus comme aspirés par le vide. Elle dégringolait alors dans tous les sens, sa longue robe blanche et légère s'enroulant autour de ses jambes dans une envolée de voile vaporeux, ses cheveux dansant follement tout autour de sa tête. Elle tombait et tombait, mais finalement la gravité elle-même finissait par se tordre et elle se retrouvait à nouveau collé au sol, la respiration haletante et le cœur battant. Et c'est sans jamais réussir à réellement distinguer le haut du bas qu'elle repartait en courant à travers l'ombre. Il n'y avait que ça, partout au-dessus, en-dessous et tout autour d'elle. L'ombre, lourde, immense, absolue. Un vide abyssal qui l'avalait toujours un peu plus à mesure de sa fuite. L'air lui-même semblait manquer, lui brûlant la gorge et crispant sa poitrine autour de son cœur battant.

Quelle distance avait-elle déjà parcourut ? Il lui semblait faire du sur place, ses pieds foulant cet immense espace fait de rien. Elle aurait tout aussi bien pu courir à reculons, plonger dans le vide, grimper toujours plus haut vers des hauteurs vertigineuses sans jamais réussir à atteindre quoi que ce soit.

Il n'y avait rien. Rien.

Si ce n'est cette lueur perçant sa prison de ténèbres, juste derrière elle. Une présence étrange et effrayante qui accompagnait sa course et la rattrapait inexorablement. Depuis qu'elle était là, depuis qu'elle s'était mise à courir éperdument au milieu du vide, la lueur rougeoyante n'avait jamais cessée de la poursuivre.

…Depuis combien de temps cela durait-il ? Elle n'en savait foutrement rien. Tout comme elle ignorait le nombre de kilomètres, de mètres, ou tout simplement de centimètres dérisoires qu'elle avait réussi à courir jusque-là. Elle pouvait avoir commencé sa course folle depuis une éternité, ou depuis une seule seconde seulement. Elle n'en savait rien. Car le temps, les distances, son corps lui-même et sa douloureuse fatigue, n'avaient ici plus aucune importance. Il n'y avait que les ténèbres, les battements effrénés de son cœur et cette chose dangereuse qui tentait de la saisir chaque fois qu'elle faisait mine de ralentir.

Si elles la rattrapaient les flammes des enfers la dévoreraient toute entière, lui arrachant ce qui lui restait de raison et consumant son corps jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle. Une poussière dans le cosmos, un souffle à peine perceptible, un souvenir depuis longtemps effacé. Elle s'effacerait dans les flammes, tout son être brûlé jusqu'à la moelle, son esprit évaporé, son âme dissoute, ses souvenirs d'humanité…arrachés.

Elle ne serait plus jamais Kathe. Elle pourrait dire adieu à l'humaine de la Terre, adieu à ses parents pourtant déjà perdus, à ses amis déjà oubliés, ses amours et ses chagrins, à tous ses petits drames de sa vie mortelle qu'elle avait tant chéris. Tous ses souvenirs, bons ou mauvais, tous ses petits riens qui faisaient ce qu'elle était. Kathe ne voulait pas s'en séparer. Elle ne voulait pas que tout s'arrête, elle refusait de tout perdre. Elle voulait continuer à vivre comme elle l'avait toujours fait. Ne rien changer, ne pas voir la réalité en face, continuer de courir et tenter, par n'importe quel moyen, de se cacher des flammes infernales.

Parce que si elle les regardait en face, si elle s'arrêtait de courir et trouvait enfin le courage d'affronter son destin, elle savait qu'elle perdrait absolument tout. Elle perdrait le peu de raison qui lui restait, le peu d'innocence encore cachée tout au fond d'elle.

« Et de quelle innocence tu parles ? Il t'a tout pris à l'instant même où il a posé ses yeux sur toi ! »

Quoi ?! …Qui ?

Kathe eut subitement la vision de deux yeux d'un bleu limpide s'ouvrant sur les ténèbres, se braquant sur elle et semblant scruter les moindres recoins de son âme. Kathe sursauta et son cœur s'envola dans sa poitrine alors même que les flammes semblaient grossir derrière elle. Elle ferma les yeux une seconde et trébucha. L'ombre l'envahit aussitôt tout entière dans une nouvelle chute interminable, les ténèbres virevoltant une nouvelle fois tout autour d'elle jusqu'à ce que ses pieds touchent à nouveau le sol.

Quand elle rouvrit les yeux, les ténèbres ne la regardaient plus, les yeux bleus évanouis. Il ne restait à nouveau plus qu'elle, l'ombre et la flamme. Sans chercher à reprendre son souffle Kathe fila à nouveau comme le vent, le noir le plus totale défilant sous ses yeux, la lueur rougeoyante des flammes léchant ses traces sans jamais ralentir.

Souviens-toi Kathe…Souviens-toi… Car Lui, il ne t'a pas oublié…

Il ? Se demanda-t-elle alors au rythme fou de sa fuite. Son esprit se mit à divaguer presque malgré elle, malgré sa course folle. Ses mouvements étaient devenus depuis longtemps mécaniques, bien que toujours autant affolés, et entre la peur et la panique elle se demanda qui pouvait bien encore penser à elle.

… Qui était-ce ?... Qui ? … Elle l'avait sur le bout de la langue… C'était important, elle le savait…

… De qui on parlait déjà ? Ah oui, un homme… Ou plutôt un Dieu ? … Il l'attendait non ? Il avait besoin d'elle pour… pour… Ah ! Qu'elle idée stupide ! Pourquoi un Dieu aurait besoin d'elle ? ...Mais, ce n'était pas plutôt un géant ? … Non, il était grand, mais pas si grand. Et pourtant elle ne pouvait plus s'enlever le mot de la tête. Géant…Géant…Et du froid, du froid partout. Elle l'imaginait, silhouette sans visage au milieu d'un océan de glace. Elle pouvait presque sentir la froideur quasi calculatrice de ses yeux sur elle, de ses mains sur son corps, de ses lèvres sur les siennes…Elle savait qu'il était froid, presque dans tous les sens du terme, et pourtant… Elle savait aussi qu'il était le seul à pouvoir allumer un feu de passion en elle.

« Comme c'est romantique... »

Les flammes crépitèrent juste derrière elle et grossirent un peu plus encore. Malgré sa surprise devant le ton méprisant de cette dernière pensée Kathe repris de plus belle sa course folle. Ses pieds nus foulaient le grand vide, ses jambes pulsants, aussi vite et aussi fort qu'elles le pouvaient, sans jamais réussir à se donner assez d'élans pour s'élancer suffisamment loin. L'atmosphère l'engloutissait de plus en plus, l'empêchant de s'échapper en l'engluant dans une lourde mélasse ténébreuse.

… Comme dans un rêve.

Ce n'est pas un rêve, Kathe…

« Non… C'est un cauchemar…»

Un cauchemar fait de labyrinthes sans couloirs ni lumière. Un abysse éternel s'étalant jusqu'à l'infinie sous ses pieds, ses voiles d'ombres s'épluchant lentement sous ses yeux. Elle s'y perdait, la lueur des flammes dans son dos devenant peu à peu sa seule source de réconfort. Son seul ancrage, son seul refuge…

Le feu sembla grossir un peu plus encore, inondant sa course d'une lueur infernale, ses flammes démoniaques soufflant de plus en plus fort une litanie sans fin dans ses oreilles bourdonnantes.

« Souviens-toi.

Souviens-toi.

Souviens-toi. »

Souviens-toi !

Me souvenir… ? Kathe savait bien qu'elle oubliait quelque chose...Quelque chose de très important, une chose qui fit s'envoler une nouvelle fois son cœur quand elle y pensa. Mais aussitôt la flamme gonfla encore plus dans son dos, commençant à lui chauffer désagréablement la peau, la forçant à ne plus penser et à accélérer l'allure. Malgré la fatigue et la douleur.

« Tu as préféré oublier…Mais ce n'est pas aussi facile…Tu auras beau courir de toutes tes forces, on n'échappe pas à son passé… On n'échappe pas à l'enfer Kathe ! »

Kathe gronda en se mordant la langue, un goût métallique emplissant sa bouche. Les poings serrés à l'extrême, s'enfonçant les ongles dans la chaire, elle tenta de garder le rythme. Une foulée après l'autre, une respiration après l'autre… Mais ça devenait de plus en plus difficile.

Et ces voix qui n'arrêtaient pas de hurler dans sa tête ! L'écho était tout simplement insupportable.

C'est parce que ton cœur refuse d'oublier qu'un jour il a eu une âme…

Une âme ?

Le cœur de Kathe eut un violent raté. Il sembla s'effondrer tout entier dans sa poitrine, lui coupant la respiration et les jambes. Dans un sursaut crispé Kathe trébucha dans le vide et s'étala de tout son long au milieu de l'ombre. La flamme n'attendit pas et la baigna toute entière de sa lueur, éclairant sa robe éclatante et distordant les ombres tout autour d'elle.

Le souffle encore coupé Kathe resta tétanisée une seconde de trop, ne sentant plus que les battements frénétiques de son cœur et sa gorge crispée de terreur. La peur et la panique semblaient alourdir son corps, rendant tous ses gestes plus lents et difficiles. Aveuglée par la flamme, les ombres de son corps dansant tout autour d'elle, Kathe eut la très nette impression d'être cernée de toute part.

A moitié affalée par terre, elle se retourna vivement pour faire face à son poursuivant, se préparant déjà à recevoir la brûlure atroce du feu sur sa chaire. C'est alors que ses yeux se posèrent sur la fine silhouette lui faisant face au milieu des flammes, son ombre la surplombant totalement, ses yeux rouges démoniaque sur un visage terrifiant braqués sur elle. Un gémissement de terreur passa alors douloureusement sa gorge crispée et Kathe chercha à se relever pour s'enfuir à nouveau.

Seulement les flammes se jetaient déjà sur elle, l'engloutissant toute entière dans une danse infernale.

- NON ! Hurla Kathe en se tordant de douleur. Le feu la mordait de toute part mais sa chaire refusait littéralement de se laisser carboniser. Ici elle ne pouvait pas mourir. Mais la douleur d'une centaine de mort était, elle, était bien réelle. LAISSE-MOI ! Par pitié, laisse-moi !

- C'est impossible Kathe, lui répondit cette maudite voix, la sienne.

Mais cette fois de l'extérieure.

A travers la douleur et les flammes Kathe discerna la silhouette ténébreuse tandis qu'elle se rapprochait lentement d'elle, ses yeux de feu semblaient la brûler plus surement encore que le brasier les entourant. Ses yeux la regardaient avec tellement de mépris que Kathe elle-même faillit en vomir de dégoût.

C'était ce qu'elle refusait de voir depuis le début... L'ombre cachée dans la flamme…

« TON ombre petite idiote » cracha une nouvelle fois sa propre voix dans sa tête, son mépris la griffant de l'intérieur et lui tordant les intestins.

Kathe poussa un hurlement déchirant, tout son corps se glaçant d'effrois. La Reine des enfers, son double, sa moitié, celle jetée en pâture aux Démons pour la suprême absolution, se tenait juste devant elle. Celle que Kathe tentait par-dessus tout de renier, de fuir, mais dont elle ne pourrait jamais se défaire. Son visage maigre et pâle était contracté d'impatience, sa bouche ensanglantée crispée par une pointe de dégoût. Et sa couronne en flamme, dressée autour de son front, lui carbonisait la chaire, noircissant le haut de son visage et assombrissant bien plus encore son regard démoniaque.

- Non ! Gémit Kathe, son corps tremblant plus d'angoisse que de douleur malgré la fournaise l'entourant. Ses yeux s'accrochaient à un regard noir baigné de flammes, presque hypnotisée. Laisse-moi tranquille ! Va-t'en ! La supplia-t-elle.

Elle ne voulait pas la voir. Surtout pas ! … Elle voulait oublier. Oublier cette chose… Oublier cette femme…

Tu sais bien que tu ne peux pas…

Les lèvres striées de gerçures à la chaire à vif tiquèrent vivement et son double fit une grimace abjecte pouvant presque servir de sourire. Sa couronne d'ombre et de feu irradiait de chaleur tout autour d'elle, écrasant sa présence dans l'atmosphère pourtant vide derrière les flammes. Elle laissa échapper un rire sinistre, mélange de grincement méprisant et d'intonation aigüe hargneuse.

- Tu ne pourras jamais te débarrasser de moi… Je suis toi, sombre idiote.

Sa voix, qui aurait très bien pu être la sienne, résonna en un murmure inquiétant tout autour de Kathe. Son écho sembla se multiplier, créant l'illusion parfaite d'un millier de murmures abyssaux cherchant à la maudire. Ça ne lui perçait pas les oreilles, ça s'insinuait sournoisement sous sa peau jusqu'à l'os et vibrait à l'intérieure pour la creuser toujours un peu plus de désespoir.

Kathe sombra dans une folle panique.

- Tais-toi ! Tu ne sais rien ! RIEN DU TOUT ! Tu n'existes pas ! Tout ça n'existe pas ! Ce n'est qu'un rêve, un maudit rêve !

La Reine des enfers partit dans un grand éclat de rire tranchant, coupant net la tirade de Kathe. Cette fois sa voix claqua violemment dans l'air, rien qu'un instant, les flammes tout autour d'elles tremblant furieusement.

- Un rêve ?! ... Mais c'est loin d'être un rêve ma pauvre Kathe. Les choses de cet Univers ne sont jamais aussi simples. Non… C'est très réel. Et c'est ta faute si ça nous arrive…

Elle n'est pas responsable… Commença l'autre voix –toujours la sienne- dans sa tête, mais aussitôt la reine démoniaque poussa un cri de rage télépathique pour la faire taire.

- Arrête ! La supplia Kathe en se tordant de douleur au sol, ses mains s'accrochant à ses tempes dans l'espoir vain de faire cesser l'écho de sa colère et de sa haine à l'intérieur de ses pensées.

- Oh je te fais mal ? Cette fois-ci ce n'était pas intentionnel, lâcha simplement la reine des enfers en commençant à lui tourner lentement autour, ses robes glissant en voiles de ténèbres à chacun de ses mouvements, ses yeux de feu braqués sur la jeune femme à ses pieds. Tu verras la différence quand je commencerai vraiment à te faire souffrir.

C'était le jeu du prédateur s'amusant un peu avec sa proie avant de lui sauter à la gorge ne put s'empêcher de noter Kathe.

- Mais qu'est-ce que tu veux ?! Hurla-t-elle entre ses larmes, complètement à bout de nerf. Qu'est-ce que tu attends de moi ?!

- J'attends que tu paies pour ce que tu as fait ! Cracha alors la reine en se précipitant face à son visage pour lui claquer ses dents acérées sous le nez.

- Mais qu'est-ce que j'ai fait ?! Je …Je ne me souviens pas…, continua Kathe dans une vaine tentative de défense, sa voix se brisant malgré elle dans un sanglot de panique, tout son corps à la fois parcouru de tremblement et complètement tétanisé devant les yeux monstrueux de son double démoniaque.

- Qu'est-ce que tu crois que tu as fait Kathe ? La nargua presque la reine, sa voix doucereuse rendue encore plus menaçante par la moue rageuse tirant un peu plus ses traits carbonisés. Hein ? Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour qu'on se retrouve bloqué ici ?!

Kathe couina sous la chaleur dégagée par la colère de cette ombre démoniaque.

- Mais je ne sais même pas où je suis ! Je ne sais pas ce que j'ai fait ! Je ne sais rien ! RIEN ! Répondit-elle dans un élan de bravoure hystérique tout en cherchant à se protéger la tête des mains.

Son éclat sembla faire son effet car son sombre reflet démoniaque cessa de montrer les crocs. Elle resta impassible quelque seconde, la fixant comme si elle la voyait pour la première fois. Son regard déstabilisa la jeune femme et elle resta tétanisée lorsque la reine se rapprocha encore un tout peu plus d'elle.

- N'as-tu pas encore deviné Kathe ? Où nous nous trouvons…, siffla-t-elle tout près de son oreille, son souffle brulant lui piquant désagréablement la peau. Décidément il avait raison depuis le début sur toi… Tu es vraiment aussi bête que tu en as l'air. Regarde-toi ma pauvre. J'ai presque honte qu'on soit lié toi et moi. « Naaann, pitié, laisse-moi tranquille, j'ai peur. Bhooouuu »,la singea-t-elle dans une grimace avant de se redresser à nouveau de toute sa hauteur devant elle. Tu es tellement pathétique, même pour une humaine, ça me dégoûte.

Sa voix était pleine de hargne et de mépris mais ça ne l'empêcha de partir aussitôt après dans un grand éclat de rire quasi hystérique, les flammes dansant follement à travers son regard sombre et tout autour d'elle.

- Pas étonnant qu'il ait pris le large après en avoir terminé avec toi, cracha-t-elle encore. Il a eu ce qu'il voulait entres tes jambes et il s'est tiré ! HAHAHAHAHA ! Mais tu sais quoi ? Enchaina-t-elle d'une voix quasi hystérique. C'est bien le seul exploit que je veux bien te reconnaître ! Même si je me demande encore ce qu'il a bien pu te trouver pour vouloir se reproduire avec toi ! Une simple mortelle !

N'écoute pas ce qu'elle dit, ce n'est pas vrai…

- Hahahaha, ce que vous pouvez être naïve ! Répondit aussitôt la reine des enfers, comme si elle aussi était capable d'entendre cette troisième voix dans sa tête, plus douce et calme que les leurs. Loki ne nous a jamais aimés ! Il s'est juste servi de nous ! Il nous a baisé, abandonné et laissé crever sans rien éprouver du tout ! Et ça a marché ! Il a très certainement pris le contrôle sur la Relique et d'Asgard à présent ! Il s'est joué de nous depuis le début et on est toutes tombées dans le panneau !

Tu n'as aucun moyen de le savoir, tu n'étais pas là…

- Ha ! Renifla méchamment la reine. J'oubliais que toi si ! La petite chanceuse qui a passé tout ce temps auprès de « notre » prince charmant. Sort donc de ta cachette et viens jouer avec nous…Ou peut-être que toi aussi tu es une lâche, comme elle, cracha-t-elle encore avec un geste rageur vers Kathe qui tentait toujours de disparaître dans le sol, sans grand espoir. Il n'y a donc que moi qui ai des tripes ici ?! Je suis la seule à accepter de voir la réalité en face ?! Loki nous a trahis encore une fois ! Et vous l'avez laissé faire !

Kathe trembla de tout son corps, ses dents se crispant douloureusement sur ses sanglots. Après une seconde qui lui sembla durer une éternité, elle releva doucement la tête pour faire face au Démon. Les yeux tremblants, réussissant à peine à soutenir son regard démoniaque, elle souffla du bout des lèvres et d'une voix tremblante :

- Tais-toi.

Elle ne savait pas très bien pourquoi, mais l'écouter lui tordait les tripes sous une colère de plus en plus violentes. Elle ignorait même de qui elle parlait –ne connaissant aucun Loki- mais l'entendre lui dire toutes ces choses…ça faisait mal. Et elle savait que la reine des enfers en était parfaitement consciente.

- Que je me taise ? Minauda la Reine sous son nez. Mais je commence à peine à m'amuser. Faisons donc un peu durer le plaisir. Après tout il nous reste encore toute une éternité à passer ensemble.

Arrête, ça ne t'avancera à rien de faire ça…

La reine ricana durement entre ses dents serrées avant de continuer :

- Si, ça va me calmer les nerfs, cracha-t-elle à la voix dans leur tête, avant de glisser ses yeux démoniaques sur Kathe. Jouons encore un peu, toi et moi. Je suis sûr que tu vas aimer ça…

Kathe ne l'écouta pas plus longtemps. Elle se redressa comme un diable, bousculant le Démon au passage avant de plonger toute entière dans les ténèbres.

- Petite malpolie ! Je n'ai pas encore fini de parler ! Hurla la Reine dans son dos, son exclamation outrée rendu encore plus menaçante par le grand éclat de rire hystérique qui suivit juste après.

Kathe, non !

La seconde d'après un poids énorme s'effondrait sur le dos de l'humaine. Elle couina de douleur et s'écrasa de tous son long dans les ténèbres et les flammes. Des mains aux griffes acérées la retournèrent durement, l'obligeant à faire face à un visage calciné barré d'un sourire infernal et une paire d'yeux effroyables.

- Tu veux me fuir ?! Grogna le Démon, sa voix vibrante de mépris bien que son sourire sadique ne cessa de s'étirer sur ses dents acérées. Mais pour aller où ? Il n'y a nulle part où t'enfuir ! Il n'y a rien autour de nous ! Il n'y a que toi, moi et miss-lucky dans nos têtes ! Elle ria à nouveau comme une hystérique, son visage à quelque centimètre de celui de Kathe. On est bloqués ici pour l'éternité ma chérie ! Et tout ça à cause de toi ! Parce que tu as été incapable de garder les cuisses fermées !

- Mais je ne sais même pas où nous sommes ! Je ne sais pas de quoi tu parles ! Hurla-t-elle de toutes ses forces. Il ne lui restait rien d'autre à faire, les griffes du démon la plaquait trop bien au sol.

- Nous sommes mortes sombre idiote ! Répondit la reine de enfers, sa voix explosant milles fois plus que celle de l'humaine, son grondement rauque et sombre résonnant longuement dans le vide tout autour d'elles. Ici c'est l'ente deux ! Le monde des âmes perdues et des guerriers trop lâches pour entrer au Walhalla ! Nous sommes mortes et prisonnières ! Seules pour l'éternité ! Moi parce que je suis damné et toi parce que tu n'es qu'une misérable lâche !

Puis ce fut le silence. Le cœur de Kathe semblait avoir arrêté de battre et pendant un instant elle oublia sa peur et plongeant tout entière dans les yeux démoniaques de son double. Même la voix dans leur tête resta silencieuse, l'humaine pouvant presque ressentir son malaise dans son propre corps.

- … Tu mens, souffla-t-elle dans un début de sanglots.

- … J'aimerai bien, grinça son double, la peau calcinée de son front sous sa couronne se plissant de craquelure tandis qu'elle fronçait toujours plus les yeux sous sa fureur contenue. Mais tu sais bien que c'est la stricte vérité… Tu peux le sentir, si tu fermes les yeux tu sens que tu es morte, lui renifla-t-elle mauvaisement au visage. Demande donc à notre amie miss-lucky si tu ne me crois pas. Allez, demande-lui…

- …Non…, et Kathe ne put rajouter rien d'autre alors qu'elle éclatait en sanglot.

Parce qu'elle savait, tout au fond d'elle, que la reine des enfers disait vrai. Elle pouvait le sentir. Elle était morte. Et elle errait, perdue à tout jamais entre les voiles de la réalité, incapable de disparaître dans le néant mais à jamais bannie du monde des vivants.

Kathe, ne perd pas espoir…

Mais elle n'écouta pas la voix douce dans ses pensées. A la place elle se recroquevilla sous la prise violente de la reine des enfers et laissa les larmes et les pleurs la noyer toute entière.

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Loki se tenait dans la grande salle du conseil d'Asgard, légèrement en retrait et dans l'ombre, détaillant la scène sous ses yeux sans être vu. Sauf de Thor bien sûr. Son frère était posté face à la longue table réunissant les anciens et les sages de la cité. Et il ne cessait de lui lancer des petits regards –qu'il imaginait sans doute discrets-, vérifiant toutes les cinq minutes s'il ne s'était pas une nouvelle fois évaporé.

Le débat était houleux autour de la table, et durait depuis bien trop longtemps au goût de Thor. Il ne pouvait qu'imaginer alors l'impatience de Loki. Il était étonné qu'il ne se soit pas déjà enfui, les vieux Asgardiens dans la grande pièce ne se privant pas pour dire tout le mal qu'il pensait de lui et de sa… « Progéniture ».

Thor était vraiment surpris par le calme Olympien du Dieu de la Malice, surtout quand le mot avait pour la première fois éclaté au-dessus de la table du conseil. Mais au lieu de tuer sur place le vieil homme qui s'était permis une telle insulte, sa pulsion meurtrière clairement visible au fond de ses yeux bleus, Loki s'était contenté de renifler de dédain en leur rappelant à tous les exploits de sa dite « progéniture ».

Malgré son très jeune âge, Hanna avait réussi à utiliser le cube à pleine puissance, effaçant le carnage des Démons, le sang et les morts et reconstruisant la cité quelques heures à peine après la fin des combats. Elle avait réussi à reconstruire le Bifröst, permettant ainsi aux exilés de revenir sur leurs terres. Elle avait pensé les plaies comme si cela ne s'agissait que d'un simple jeu pour elle, sa petite silhouette courant d'un coin à un autre de l'ile tout en riant et en tirant Loki d'une main, le Cube Cosmique vibrant de puissance sous son petit bras.

Il n'y avait pas un Dieux ou une Déesse sur Asgard à ne pas avoir bénéficié des miracles du Cube. Et lorsque l'enfant de la prophétie se mit à ramener les morts à la vie, ceux qui étaient encore septiques finirent par se prosterner devant elle en la proclamant Reine de Tout. Elle était un don du ciel, un miracle qui dépassait la simple grâce divine, une énigme d'un temps perdue qui était revenu pour les guider tous à travers les ténèbres.

- Mais pourquoi l'enfant ne peut-elle ramener Odin parmi nous ? S'acharna une nouvelle fois l'un des anciens conseillers du roi.

La nouvelle situation politique d'Asgard inquiétait grandement les anciens du conseil. En effet Hanna avait très rapidement expliqué qu'elle ne pourrait pas ramener Odin car le Roi Démon avait purement et simplement carbonisé son essence divine jusqu'à la dernière miette – ce qui avait dû demander le sacrifice de millier de Démons pour y arriver- effaçant son existence dans ce monde ou dans l'autre et détruisant toute chance de réincarnation. Hanna le leur avait expliqué d'une petite voix télépathique, et Loki l'avait serré fort contre lui lorsqu'elle avait soufflé un tout petit « pardon » avant de cacher son visage dans son cou.

Thor et Freya avait tout de suite compris…. Malgré tous ses pouvoirs, l'enfant ne pourrait rien pour Odin.

Malheureusement les anciens conseillers d'Odin, mal à l'aise face aux pouvoirs incroyables de l'enfant, avait du mal à accepter sa nouvelle position de Reine dû à son très jeune âge. Et ils avaient encore plus de mal à accepter la présence toute proche de son père dans les affaires du royaume. Ils n'oubliaient que Loki était un « traître » et « ancien criminel ». Et qu'il était également le responsable de tout ce chaos.

- Je suis d'accords, enchaîna un autre conseiller. Je trouve cela suspicieux que l'enfant ne puisse ramener Odin. Cela bénéficie un peu trop à votre frère, si vous me le permettez, continua-t-il en lançant un petit regard vers Thor.

- Je ne vous le permets pas, grogna ce dernier.

- Moi non plus je ne vous le permets pas, gronda à son tour Freya en foudroya l'homme du regard. C'est de mon regretté époux dont nous sommes en train de parler, et de sa petite fille !

- Ma Dame, tenta un autre conseiller alors que le premier se ratatinait sur sa chaise. Ce que mon humble homologue tente de dire c'est que cette enfant ne doit pas devenir un moyen pour Loki de s'emparer une nouvelle fois du royaume.

- Nous sommes reconnaissants à l'enfant de nous faire grâce de ses dons pour reconstruire la cité et aider le peuple d'Asgard…, continua un autre en se penchant sur la table. Mais n'oublions pas qu'elle reste la fille du Dieu de la Malice, la situation serait...

- Essayez-vous d'insinuer qu'une enfant de cinq ans pourrait monter une manipulation diabolique pour ensuite laisser son père prendre le contrôle d'Asgard ? Siffla Freya sans y croire ses oreilles.

Thor vit Loki serré les poings, ses yeux de glace vrillés sur les conseillers au point de les faire se tortiller sur leur siège et jeter des regards anxieux par-dessus leurs épaules. Ils pouvaient sentir les ondes glacées et dangereuse que le Dieu de la Malice et du Chaos leur envoyait.

- Non, Ma Dame, bien sûr que non, répondit le conseillé. Ce que je veu…

- Je crois que ce que vous essayez de dire, mon cher Lord, c'est que vous craignez pour votre place au sein de la cour royale si jamais Odin n'était pas ressuscité.

Les mots grinçant de Freya plongèrent la pièce dans un silence de mort, les conseillers continuant à se tortiller sur leur siège.

- Vous avez peur de cette enfant, continua Freya d'un ton glacial. Pas à cause de son père ou de sa lignée, mais bien parce qu'elle représente le futur pouvoir royale d'Asgard et que vous n'avez aucun moyen de la contrôler.

Plusieurs conseillers déglutirent nerveusement.

- Pour pouvoir la contrôler et garder vos petits avantages de nobles il faudrait d'abord que vous puissiez contrôler mon fils, Loki, son père. Et je vous souhaite bon courage avec ça messieurs.

Thor se permit de lâcher un petit rire, et Loki se paya un instant le luxe de tous les regarder avec un grand sourire goguenard.

- Ma Dame, tenta encore un conseiller d'une voix tremblante, les conséquences pour Asgard seraient…

- Les conséquences seraient qu'Asgard deviendrait plus puissante qu'elle ne l'a jamais été ! Tonna Freya devant l'immense tablée. Notre peuple n'a jamais autant été en sécurité qu'en cet instant !

Un nouveau silence accompagna ses paroles, l'ancienne reine scrutant chaque Dieux et Déesses présents cherchant le moindre signe de désaccord.

- Hanna est l'enfant de la prophétie. Et nous savons tous ici qu'elle est destinée à régner, lâcha alors Heimdall de sa voix grave et puissante. Elle a déjà accompli de nombreux miracles, juste sous nos yeux. Elle nous a ramené nos proches, réunit nos familles et reconstruit nos foyers. Nous lui devons déjà tous allégeance.

Une nouvelle fois Loki fut surprit devant le ton révérencieux qu'Heimdall utilisait toujours en parlant de sa fille. Depuis qu'elle l'avait fait revenir à la vie – parmi les premiers- il n'avait eu de cesse d'accepter toutes ses demandes, se laissant balader -aussi surement que lui- à travers le palais au rythme de l'incessante curiosité de la petite. Le Dieu de la Malice avait d'abord eu du mal à accepter la présence quasi constante du gardien autour de sa fille. Mais très vite il avait su apprécier la manière avec laquelle Heimdall s'inclinait devant Hanna. Le géant de muscles embrassait presque le sol derrière ses pas et Loki ne pouvait effacer son petit sourire satisfait chaque fois qu'il voyait Hanna le mener par le bout du nez. A la manière dont le guerrier la regardait Loki savait qu'il serait prêt à mourir pour la protéger.

Ce qui était, à ses yeux, une très bonne chose. Car malgré l'admiration de presque tous les Asgardiens pour l'enfant, Loki ne pouvait pas empêcher une boule d'angoisse de lui tordait le ventre à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose.

Si Loki n'avait pas été sûr d'avoir laissé Hanna auprès d'un guerrier encore plus féroce qu'Heimdall, il n'aurait sans doute pas accepté de participer à cette réunion. Mais la stabilité de la cité dépendait aussi des hommes et des femmes présents autour de cette table et il savait qu'il ne pouvait échapper au débat. Ne serait-ce que pour mieux repérer ses alliés de ses ennemis, et commencer à échafauder un plan ou deux pour se débarrasser des dits ennemis.

Le plus dure serait de convaincre Hanna de ne pas les ressusciter…

- Heimdall à raison, enchaina Thor en croisant ses bras surdimensionnés sur sa poitrine musclée. Hanna est la future reine d'Asgard, et nous sommes ici pour savoir comment protéger son trône jusqu'à sa maturité. Pas pour tenter de remettre en doute son pouvoir.

- Mon prince, vous êtes l'héritier légitime du trône vous ne pouv…, lâcha l'un des conseillers avant de se faire aussitôt couper la parole par le prince en question.

- L'enfant de la prophétie est l'unique héritière légitime du trône d'Asgard ! Et même si cela n'était pas le cas, je tiens à vous dire que je refuse d'accéder au trône. Je n'ai pas l'étoffe d'un roi, comme beaucoup le savent déjà, continua-t-il plus doucement, son regard accrochant celui de son frère. Asgard s'effondrerait à nouveau si je devais monter sur le trône. Mais il se trouve que nous avons l'enfant de la prophétie. Nous avons Hanna… Et nous avons Loki.

Il y eut un murmure autour de la longue table, plusieurs regards se tournant vers le fameux Dieu de la Malice. Freya lança un regard d'encouragement à Thor et il continua d'un ton grave, ses yeux braqués dans ceux de son frère.

- Loki aime profondément Asgard, peut-être plus que je ne l'aimerai jamais. Il connait ce palais, sa politique, sa vie et son peuple. Il s'est battu à nos côté durant la guerre contre les Démons et c'est grâce à lui si nous sommes encore, et à nouveau, vivant. Il est le père biologique d'Hanna, notre future reine…Je suis d'avis de lui confier les rênes d'Asgard en attendant qu'elle soit en âge de régner.

Il y eut un sursaut général, Loki lui-même relevant ses deux sourcils bien haut sur son front et fixant Thor comme s'il venait de lui pousser une deuxième tête. Seuls Freya et Heimdall hochèrent de la tête en un consentement tout aussi surprenant qu'immédiat.

Tous ceux qui rencontraient Hanna semblaient tomber immédiatement sous son charme et lui promettaient presque aussitôt le ciel et les étoiles. Freya semblait à deux doigts de s'évanouir de joie chaque fois que la fillette courait vers elle pour lui sauter dans les bras. Thor ne pouvait s'empêcher de la porter sur ses épaules ou de la faire tourner dans les airs en le jetant de toutes ses forces sous ses cris et ses rires télépathiques. Loki se contentait encore une fois de crisper les poings en tentant de ne pas hurler comme une mère poule hystérique en voyant sa fille faire des bons de plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Mais elle ne semblait pas effrayée le moins du monde et retombait toujours dans ses bras avec un immense sourire, ses boucles noires en pagailles tout autour de son petit visage rond. Thor était un oncle en admiration la plus totale pour sa nièce, particulièrement depuis qu'il lui avait avoué à quel point son marteau lui manquait et qu'elle n'avait mis qu'une seconde à le faire réapparaître grâce au cube cosmique.

Le Dieu du tonnerre regardait à présent l'enfant avec autant d'étoiles dans les yeux qu'Heimdall. Loki s'inquiétait un peu de l'étrange fascination de Thor pour son marteau retrouvé. Il jurait l'avoir vu le prendre dans ses bras et le caresser comme un petit chiot en lui soufflant des mots d'amours. Mais comme pour tout le reste Loki avait préféré l'ignorer, ayant d'autres préoccupations bien plus importantes.

Comme par exemple protéger sa fille et assurer la pérennité de son règne sur Asgard.

Mais il semblerait que son dingue de frère réussisse à lui tout seul à convaincre le conseil de couronner l'enfant et de le nommer intendant royal en attendant sa maturité. Rien que ça ! Les choses n'auraient pas pu mieux tourner. Et encore une fois Loki ne put empêcher un petit sourire fier étirer le coin de ses lèvres. Sa fille les avait tous charmé au point de se les mettre dans la poche en un tour de main. Il était impressionné, car même lui n'avait jamais réussi à tous les manipuler de la sorte.

…Même si chez elle cela n'avait rien à voir avec une quelconque manipulation. Si tout le monde l'aimait autant c'était uniquement parce qu'elle leur inspirait cet amour. Quelque part il trouvait ça encore plus impressionnant.

Elle était vraiment la perfection incarnée, et il ne doutait pas que son règne serait le plus long et le plus glorieux de toute l'histoire d'Asgard.

Le petit discours de Thor souleva une légère vague d'inquiétude et il fallut à nouveau l'intervention de Freya pour tous les faire taire. La pression retomba complètement lorsqu'il fut enfin clair pour tout le monde –après encore une autre longue heure de débat- qu'Hanna serait la prochaine reine de la citée des Dieux et que son père, Loki, hériterait de la gérance du royaume en attendant la maturité de l'enfant.

Le Dieu de la Malice et du Mensonge scruta les visages et nota mentalement tous ceux qui lui envoyèrent des regards farouches, méprisants, ou énervés. Il les garderait à l'œil à l'avenir, juste au cas où…

Finalement l'assemblée se dispersa peu à peu, les derniers récalcitrants se laissant une dernière fois convaincre par Freya ou Thor qui ne cessaient de démontrer en quoi tout ceci était la seule solution possible. Thor devrait tôt ou tard retourner sur Terre, et Freya ne pouvait –et ne voulait- assurer la régence du trône. Seul Loki, de sang royal, et père de l'enfant, pourrait assurer une telle position. Il protégerait Asgard et son trône, car cela était à présent l'héritage même de sa fille. C'était le seul moyen pour empêcher Asgard de tomber dans une guerre intestine de pouvoir, et le seul moyen d'assurer un futur de stabilité et de sécurité aux neuf royaumes.

Loki, rendu légèrement mal à l'aise par le discours flatteur de sa mère et de son frère, profita du départ d'un groupe de conseiller pour disparaître à son tour.

Alors en pleine conversation avec l'un des plus anciens sages de la citée, Thor oublia un instant ce qu'il disait et voulut poursuivre son frère pour savoir ce qu'il pensait de la décision prise par le conseil… Et plus particulièrement par lui et leur mère.

Seulement cette dernière le retint par le bras avant qu'il n'ait eu le temps de faire un pas vers les grandes portes, le retenant d'un geste doux.

- Laisse-lui un moment mon fils, souffla-t-elle en lui offrant un sourire réconfortant. Ton frère a besoin d'un peu de temps. Laisse-le donc rejoindre Hanna pour y trouver du réconfort. Vous aurez tout le temps de vous parler plus tard.

- Mère…, commença Thor d'une voix inquiète. Loki, je…je m'inquiète pour lui. Il est…Il est différent, plus calme… plus silencieux. Comme si plus rien ne lui importait vraiment… Il n'a même pas cherché à se défendre contre les insultes du conseil…

Le sourire réconfortant de sa mère ne glissa pas d'un centimètre, gardant sa douce chaleur, mais Thor vit parfaitement ses beaux yeux clairs se voiler de tristesse.

- N'oublie pas que ton frère est en deuil, souffla-t-elle tristement. Je ne suis pas la seule à avoir perdu l'amour de ma vie dans cette guerre…

- Si je puis me permettre Madame, commença doucement le vieux sage près d'eux, la seule autre personne encore dans la pièce avec eux. Pourquoi l'enfant n'a-t-elle pas utilisé son pouvoir pour ressusciter également l'humaine ?

- Parce que la mère d'Hanna n'était plus humaine quand elle est morte, répondit l'ancienne reine d'un ton triste. La pauvre enfant a été damnée par le Roi Démon lors de son séjour aux enfers.

- C'est peut-être ce qui lui a sauvé la vie là-bas, grogna Thor, les muscles puissants de ses bras se contractant sous la colère. Une mortelle en enfer, entourée de Démons et sans aucun moyen de défense. Je n'imagine même pas les horreurs qu'elle a dû vivre.

- Elle était donc à moitié Démon elle-même lorsqu'elle est morte ? demanda le sage, en commençant à comprendre.

- Oui, souffla Freya. Le Roi Démon à damné son âme, lui permettant certes de survivre à l'enfer mais la condamnant à une éternité dans le vide de l'entre-monde si son enveloppe corporelle venait à être détruite. Il lui a retiré la capacité de se réincarner, son âme humaine à jamais perdu dans le Grand Vide.

- Une fin tragique, murmura le vieux sage, un frisson d'angoisse lui glissant le long de l'échine. Il n'imaginait pas lui-même la souffrance de se voir arracher le repos éternel auprès de ses ancêtres au Walhalla.

Freya serra à nouveau doucement le bras de son fils, son sourire se voulant toujours aussi réconfortant mais ses yeux ne perdant rien de leur tristesse quand elle continua :

- Loki a besoin d'encore un peu de temps avant de redevenir celui que nous connaissions. Et le plus grand bien que l'on puisse lui faire pour le moment est de le laisser tranquille avec Hanna. Occupons-nous plutôt d'arranger la succession avant ton départ pour la Terre, cela lui fera déjà ça de moins à penser.

Thor regarda sa mère et hocha finalement de la tête, convaincu bien que toujours légèrement anxieux devant la mine morte et le regard vide de son frère chaque fois qu'Hanna disparaissait de son champ de vision. Quand le Dieu du Chaos n'était pas occupé à admirer sa fille, à lui parler, à lui raconter des histoires ou à l'aider à utiliser le cube cosmique afin de finir de reconstruire Asgard, il était presque comme mort. Il semblait ne s'intéresser à rien d'autre qu'à sa fille. Il n'ouvrait la bouche que pour la défendre ou la complimenter et se gardait même de toutes moqueries envers les autres. En réalité quand il n'était pas obligé de parler il se contentait d'ignorer les gens autour de lui, suivant simplement sa fille comme une ombre silencieuse –leur conversation le plus souvent télépathiques-. Et s'il lui arrivait encore de sourire de temps en temps, tendrement lorsqu'il s'agissait de sa fille ou sadiquement lorsqu'il s'agissait d'effrayer un conseiller, Thor voyait bien que son frère avait perdu cette petite étincelle de joie si particulière qui n'appartenait qu'à lui.

Loki était malicieux, il prenait du plaisir à se moquer des autres et à leur faire des farces. Une joie quasi innocente si on oubliait un instant son autre plaisir plus sadique de manipuler les gens. C'était cette malice qui avait toujours plut à Thor. La malice de Loki avait rythmé leur enfance, leurs blagues et leurs farces, ne finissant jamais d'inquiéter leur mère ou d'agacer leur père. Il avait tant de bons souvenirs liés à son frère et à cette manière si particulière qu'il avait de voir le monde comme son propre terrain de jeu et de s'amuser de tout et de n'importe qui. Et même de lui-même lorsqu'il le fallait. Il n'était pas aussi égocentrique et narcissique que les autres le pensaient. Thor avait toujours été capable de voir bien au-delà des illusions du Dieu du Chaos, et d'apprécier le farceur d'une joyeuse naïveté qui sommeillait en lui.

Mais depuis la mort de l'humaine Loki avait perdu cette malice, l'étincelle joyeuse et d'éternel amusement totalement éteinte dans ses yeux. Il ne restait que le calcul froid, ses yeux bleus comme figés derrière un voile d'indifférence. Et Thor remerciait chaque jour un peu plus le ciel de lui avoir au moins laissé sa fille à chérir… Car sans ça il n'était pas sûr de ce qu'il serait arrivé de son frère.

Ou d'Asgard d'ailleurs.

Il regrettait la mort de l'humaine… De Kathe. Et il regrettait de ne jamais avoir eu la chance de réellement la rencontrer autrement qu'au milieu d'une guerre divine et démoniaque ou d'une course poursuite sur Terre. Cette drôle de fille avait réussi à s'emparer du cœur de son frère et avait même réussi l'impensable en atténuant la rage et le chaos au fond de son cœur. Quelque part elle lui avait rendu son frère, son vrai frère. Et elle lui avait même offert la plus incroyable des nièces… L'Univers l'avait envoyé pour sauver Asgard. Cette fragile mais courageuse humaine avait réussi à tous les sauver…

… Il aurait tellement aimé la rencontrer…Pour l'acclamer comme l'héroïne qu'elle était et la remercier pour tous les sacrifices que l'Univers lui avait imposés malgré elle. Il aurait aimé rencontrer cette sœur de cœur et la serré si fort dans ses bras qu'elle ne risquerait plus jamais rien, ne la lâchant que pour mieux la rendre à Loki. Et s'assurer qu'ils vivent ensemble et heureux pour le restant de l'éternité.

Mais il savait que ce n'était que rêves futiles…

… Personne ne revenait jamais de l'entre-monde… Jamais…

.

.

.

Loki retrouva Hanna exactement là où il l'avait laissé, à savoir courant comme une folle au milieu des jardins du palais, son garde du corps de la journée tentant de l'attraper sans jamais réussir à y parvenir.

A bout de souffle Sif finit pas abandonner la partie et s'écroula presque dans l'herbe sous l'ombre de l'arbre dans lequel la fillette venait de monter. Positionner sur la plus haute branche Hanna se laissa balancer d'avant en arrière et tirant une langue malicieuse vers l'invincible guerrière. Loki admira une nouvelle fois son agilité, souriant tendrement en la regardant faire les mêmes gestes que sa mère pour se dégager de ses mèches bouclés rebelles s'éparpillant autour de son petit visage. Sif lui lança une fausse moue menaçante en levant le poing vers elle, bien qu'encore à bout de souffle, et la petite partit dans un grand éclat de rire. Loki put presque entendre d'ici l'écho de son rire de cristal s'insinuant par télépathie dans ses pensées.

Hanna était muette, du moins elle ne pouvait pas parler avec ses cordes vocales et utilisait systématiquement la télépathie pour parler, crier ou rire, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Son champ d'action télépathique était particulièrement impressionnant. Elle avait été plus d'une fois capable de l'appeler par la pensée quelle que soit sa position sur l'ile. Pas qu'il ait essayé de s'éloigner d'elle pour que cela soit utile, mais il pensait tout de même à vérifier un jour l'étendue de son pouvoir.

Il n'avait pas pu s'empêcher de la présenter à un guérisseur dès qu'Asgard fut enfin remise sur pieds et légèrement calmée, et il dû se retenir de ne pas tout détruire à nouveau lorsqu'on lui apprit que les cordes vocales de sa fille avaient été purement et simplement arrachées par magie démoniaque. Surement pour faire taire ses pleurs de bébés avait souligné le guérisseur avant de ravaler sa langue et de s'esquiver rapidement devant le regard fou de rage que Loki lui jeta.

Seul le sourire joyeux et la petite main d'Hanna dans la sienne lui avait permis de ne pas perdre la raison sous la rage et la violence bouillant en lui à la simple idée de faire subir cela à un enfant. A son enfant.

- Il ne faut pas s'inquiéter papa, lui avait-elle dit de sa petite voix de cristal dans sa tête. Et bêtement ses yeux s'étaient mis à lui brûler comme à chaque fois qu'elle l'appelait « papa » et qu'il essayait furieusement de retenir ses larmes. Ça ne m'a rien fait, je ne peux pas avoir mal.

Et il s'était calmé, laissant cette toute petite créature le rassurer et le consoler, sa petite voix lui soufflant parfois des mots de réconforts alors même qu'il pensait réussir à masquer sa tristesse ou sa colère. Elle ne semblait pas lire totalement dans ses pensées –il avait vérifié – mais elle semblait tout de même capable de capter l'état général des gens autour d'elle. Et elle avait toujours un petit mot timide ou un geste doux pour le calmer.

Finalement l'enfant se retourna vers son père et poussa un petit cri télépathique avant de littéralement bondir de l'arbre et de courir vers lui pour se jeter dans ses bras. Loki sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine lorsqu'elle atterrit enfin contre lui et il ferma presque les yeux de bonheur en la sentant glisser ses petits bras autour de son cou pour le serrer fort.

Il ne savait pas pourquoi la gamine semblait l'aimer à ce point. Elle avait compris toute seule qui il était, et ce qu'il représentait pour elle. Il ne lui avait rien dit, et si Loki était resté un peu choqué la première fois qu'elle l'avait appelé « papa » ce fut comme la chose la plus naturelle du monde à faire pour elle. Elle s'accrochait à lui quand il était présent, le cherchait toujours du regard malgré ses jeux et ses aventures d'enfants qu'elle s'inventait auprès de Sif ou d'Heimdall. Lorsque Freya tenta pour la première fois de pousser d'autorité l'enfant dans un bain pour la débarbouiller, c'est vers lui qu'Hanna se refugia. Elle cria et pleura entre ses bras, avouant avoir peur de l'eau et de la grande baignoire. A cet instant il s'était senti tout puissant, le héros invisible de sa fille, son cœur gonflé de fierté et d'amour.

Il l'avait réconforté doucement, lui promettant de la protéger quoi qu'il arrive et de lui apprendre à dompter ses peurs. Bien sûr il n'avait eu d'autre choix que de la forcer à son tour à prendre un bain, les remarques de Freya sur son état de saleté ayant piqué son tout nouvel ego de parent.

Il avait réalisé un peu tard le travail que demandait un enfant. Hanna avait l'essence d'une divinité, autant dire qu'elle n'avait pas particulièrement besoin de manger, de dormir ou de se laver. Mais son innocence d'enfant et son ignorance concernant les règles de bonnes conduites avait vite obligé Loki à prendre les choses en mains avant que sa fille ne devienne une petite sauvage. Elle découvrit les joies de la toilette, découvrit les mets raffinés d'Asgard et apprenait à vivre comme une vraie princesse sous le regard bienveillant mais attentif de Freya. Bien que Volstagg l'initia tout de même à une bataille géante de nourriture dans la salle des banquets, laissant la gamine aussi échevelée et barbouillée de saleté de la tête aux pieds qu'avant son premier bain. Loki pouvait encore entendre les cris d'excitations et de joies d'Hanna résonner dans ses oreilles alors qu'elle courrait d'un bout à l'autre de la pièce en attrapant au vol la nourriture aux milles saveurs pour s'en gaver jusqu'à plus faim. Et il avait dû être vif comme l'éclair pour l'empêcher de plonger tête la première dans un tonneau rempli d'hydromel, imitant en riant le gros guerrier légendaire qui criait à tue tête qu'un seul tonneau ne lui suffirait jamais pour fêter dignement leur miraculeuse victoire.

Loki avait ensuite eu un mal fou à tirer la petite créature toute excitée hors de la salle des banquets avant que le simple repas entre amis ne se transforme en énorme fiesta royale rameutant la moitié du palais. Hanna s'était plainte, boudant et se débattant même un instant entre ses bras sans vraiment chercher à le lâcher non plus.

- Ce n'est pas juste ! Avait-elle gémi avant qu'il ne réussisse à détourner son attention en lui racontant une nouvelle histoire tirée de ses aventures de jeunesses.

Elle avait tout de suite accepté bien sûr, et après une petite toilette elle s'était roulée en boule au milieu de son immense lit, s'emmitouflant dans les draps fins et les cousins de soie, ses grands yeux bleus le fixant avec attention. Quand il lui parlait – et plus particulièrement quand il lui racontait une histoire- elle tournait toujours son petit visage vers lui, presque avidement, ses yeux plein de curiosité cherchant les siens et le poussant à lui en dire toujours plus. Il avait l'impression qu'elle cherchait à graver chaque mot sortant de ses lèvres dans sa mémoire. Il faisait donc très attention à se mettre en valeur dans chacune de ses histoires, minimisant le plus souvent au maximum la force et le courage de son frère pour se concentrer sur son intelligence et son charme. Elle riait alors et ne cessait de le couper dans son récit en demandant un millier de détail jusqu'à ce qu'il ne lui révèle enfin que son plan malicieux s'était retourné contre lui –encore une fois- et que son frère et lui avait fini par être puni cette fois-là encore.

Il avait certes toute son attention, sa fille buvant chacune de ses paroles, mais elle était aussi loin d'être dupe et n'hésitait pas à le lui faire remarquer quand son histoire devenait trop incohérente pour être vraie. Et au lieu de s'en inquiéter, il n'en fut que plus fier.

Elle s'était alors endormie, comme ça lui arrivait parfois. Elle semblait avoir totalement récupérée de son séjour aux enfers et de la guerre. Quelque jour à peine avait suffi pour effacer toute trace de fatigue sur son petit visage. Et il s'était assuré lui-même de brûler ses anciens vêtements pour faire disparaître le souvenir même de sa naissance en Enfer. En la regardant à présent, quelque semaine après la fin de la guerre, c'était comme si cette enfant avait depuis toujours appartenu à Asgard. Plus rien ne la distinguait des autres enfants Asgardiens, si ce n'est son aura de puissance qui faisait se tourner les regards sur elle et son grand sourire qui captait les cœurs les plus engourdis.

Il pensait à lui faire installer une chambre d'enfant dans ses quartiers royaux même si elle semblait adorer se rouler en boule au milieu de son immense lit. Il voulait lui offrir un vrai foyer…Autant qu'il puisse en être capable. Bien sûr il n'avait aucune idée de la façon dont il devait se comporter pour être un bon père. Il avait passé quasiment toute sa vie à critiquer son propre père pour la manière déplorable avec laquelle il les avait élevés, lui et son frère. Pour ses mensonges, sa distance et sa froideur, et pour tout ce qu'il avait toujours considéré comme des trahisons. Mais aujourd'hui il n'était plus sûr de rien. Lorsqu'il regardait sa fille dormir, fragile et innocente, il comprenait qu'à présent chacune de ses décisions auraient des conséquences qui iraient au-delà de lui, au-delà de sa propre vie. Et il restait à la fois émerveillé et paniqué à l'idée d'être père, d'être responsable d'un autre être que lui, de devoir l'élever et le protéger. Il ne pouvait plus haïr ou critiquer Odin comme il l'avait toujours fait jusque-là, car à présent il lui semblait comprendre. Comprendre pourquoi son père n'avait jamais lui-même osé les serrés dans ses bras et leur ouvrir son cœur complètement. Odin avait eu peur, exactement comme lui-même avait peur à présent. Une peur effroyable de blesser son enfant par sa propre violence, son passé de guerre et de sang souillant ses mains et son cœur au point qu'il craignait parfois de la souiller elle aussi en la touchant.

Loki comprenait à présent, et quelque part il pardonnait également. Même s'il trouvait qu'Odin était toujours un vieux grincheux égoïste et sournois. Et que lui au moins avait réussi à surmonter sa peur. Et au lieu de se cacher de son propre enfant, au lieu de la fuir et de vivre dans l'ombre en laissant Freya s'occuper d'elle, il avait décidé d'embrasser cette nouvelle vie de parent. Hanna l'aimait de manière inconditionnelle, aussi étrange que cela puisse être pour lui. Et elle avait besoin de lui et de son soutient. Il n'avait pas l'essence d'un papa poule mais il pouvait au moins faire l'effort d'être présent pour elle, et de lui tendre la main pour la soutenir chaque fois qu'elle le lui demandait.

Et puis de toute façon il aimait trop la manière dont elle s'accrochait à ses tuniques comme un petit singe dans le creux de ses bras, ou la manière dont elle tirait sur son bras, sa petite main dans la sienne, pour l'obliger à la suivre et à lui demander pourquoi telle fleure est orange et l'autre rouge, ou pourquoi il y a des couleurs dans la lumière du soleil près des fontaines à eaux. Il n'aurait pas supporté d'être séparé d'elle plus d'une demie journée. Il l'aimait déjà trop pour ça.

Il ne lui restait qu'elle… Elle était tout ce qui lui restait de Kathe, et c'était à présent comme si un bout de son cœur battait dans la poitrine de cette enfant. S'il venait un jour à lui arriver malheur, il en mourrait certainement sur place, son cœur lâchant instantanément.

…Ça arrivait parfois lorsqu'un Dieu était séparé de manière violente et dramatique d'un être particulièrement chère.

Ne voulant pas s'enterrer une fois de plus dans ses pensées sombres Loki se força à se vider l'esprit et à simplement profiter de la présence de sa fille.

- Tu t'amuses bien aujourd'hui ? Lui demanda-t-il en se permettant son premier vrai léger sourire depuis le début de la journée – depuis qu'il lui avait dit au revoir en la confiant à Sif en réalité-.

- Oui ! Sif et moi ont a été voir les cheveux ! Et je suis même monté sur le plus grand de tout le royaume ! S'exclama-t-elle joyeusement, si excitée que sa voix télépathique monta dangereusement dans les aiguës.

- Vraiment ? Lui sourit son père en s'avançant tranquillement sous l'ombre des arbres. Et est-ce qu'il a un nom ce cheval, tu t'en souviens ? Peut-être que l'on pourra retourner le voir si tu as tant aimé le monter.

- Je…, hésita alors Hanna en le regardant droit dans les yeux, son petit visage tout à coup très sérieux. J'ai oublié de demander, avoua-t-elle finalement en rougissant légèrement, ce qui arracha un sourire un brin moqueur à son père. Elle rougissait de la même manière que sa mère.

- Elle a monté Sleipnir, lâcha alors Sif, toujours aux pieds du grand arbre, mais cette fois en position assise et ayant retrouvé suffisamment de souffle pour exploser de rire en voyant Loki perdre instantanément son petit sourire et toutes ses couleurs. Je t'assure que tout s'est très bien passé ! Ajouta-t-elle ensuite vivement lorsqu'elle remarqua qu'il était prêt à lâcher Hanna pour venir l'étrangler.

Après tout Sleipnir était le cheval de leur ancien roi, Odin, et il était réputer indomptable. Pour Loki s'était surtout une bête au sale caractère qui avait tenté de le mordre et de lui donner des coups de sabot plus d'une fois. Il n'arrivait pas à croire que Sif ait laissé sa fille le monter, et il arrivait encore moins à croire que le monstre à huit pattes l'ait laissé faire également.

Encore une preuve des nombreux talents de sa fille. Il allait bientôt devoir tenir un journal pour noter ses nombreux records et miracles, ne serait-ce que pour mieux narguer Thor la prochaine fois qu'il cherchera à lui parler de l'un de ses –trop- nombreux exploits. Il pourra alors lui balancer que sa fille de 5 ans avait fait mieux que lui, en moins de temps que lui, et ce sans se salir.

- Hanna a tout de suite su comment lui parler, et en moins de deux minutes elle était sur son dos, continua encore Sif en lâchant un petit sourire crispé vers Loki. Sleipnir n'a pas bougé une oreille, je suis sûr qu'il ne l'a même pas senti sur son dos. Hanna est tellement légère.

- C'était super ! S'exclama encore la fillette, sans sembler se soucier de la mine crispée de Sif ou du regard meurtrier de son père. J'espère qu'on pourra recommencer demain ! Oh, Heimdall !

Sans même laisser le temps à Loki de se baisser pour la reposer au sol elle bondi de ses bras et s'élança en courant vers les grands escaliers de pierres du jardin.

- Tu as laissé Hanna monter Sleipnir, grinça Loki à l'intention de Sif bien que ses yeux ne quittent pas sa fille alors qu'elle grimpait aussi vite que possible les grands escaliers malgré ses petites jambes.

- Loki, je t'assure qu'Hanna ne risquait absolument rien, répéta la guerrière en se remettant enfin debout.

Elle réajusta son armure, ne quittant elle-même pas des yeux l'image saugrenu de cette toute petite fillette se jetant à bras ouvert contre Heimdall le géant de muscles, légendaire gardien d'Asgard. Le voir se pencher aussi bas que possible, malgré sa lourde armure et son immense épée, pour attraper délicatement l'enfant comme si elle était faite de verre la fit sourire une fois de plus.

La gamine était aussi costaud et coriace que n'importe lequel des guerriers d'Asgard, et pourtant tout le monde autour d'elle la traitait avec autant de délicatesse et de révérence que si elle était la plus rare et la plus fragile des fleurs. Sif avait elle-même expérimenté la ténacité d'Hanna, utilisant des jeux d'enfants de cache-cache, de chat et de bagarres de chatouille pour découvrir qu'elle était plus rapide que la plupart des soldats et que lorsqu'elle vous frappait sur la tête à coups de pieds – même juste pour rire- elle n'était souvent qu'à un petit coup de vraiment vous assommer.

Sif avait déjà hâte de commencer à l'entraîner, et se demandait déjà comment réussir à convaincre son père de la laisser faire. Elle n'aurait jamais imaginé une telle situation où elle devrait supplier Loki pour quoi que ce soit mais elle n'était pas non plus prête à passer à côté d'une future recrue tout aussi prometteuse que redoutable. Si elle avait la chance de devenir le maître d'arme de leur future reine, faisant d'elle la reine guerrière la plus brave et la plus puissante des neuf royaumes, alors son propre nom aurait une chance d'entrer dans les mémoires.

Mais pour ça, encore fallait-il réussir à convaincre le fameux papa. Ce dernier poussa alors un soupir, et elle le regarda lever une main pâle pour se frotter l'arête du nez alors qu'il fermait les yeux d'impatience.

- J'ai confiance en toi pour garder Hanna entière lorsque j'ai besoin de m'absenter, commença-t-il avant de lui lancer un regard de reproche par dessous ses longs doigts. Mais j'aimerai aussi que tu évites de me rajouter des angoisses inutiles en cherchant à faire d'elle la nouvelle guerrière légendaire.

- Quoi ?! Mais non, Loki qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?! S'exclama-t-elle presque en bégayant.

Il se contenta de relever un simple sourcil devant elle, presque indifférent à ses tentatives pour nier l'évidence et Sif comprit rapidement qu'elle était coincée. Il l'avait percé à jour plus vite qu'elle ne l'aurait cru, et nota pour plus tard qu'il s'était amélioré au cours des dernières années pour lire et deviner les intentions des gens.

- Oui, bon d'accord j'avoue ! Grimaça la guerrière en levant les bras au ciel. Ta fille est bourrée de talent et je rêve de pouvoir lui apprendre à utiliser une épée !

Elle crut qu'il allait exploser de colère pour de bon et la traiter de folle mais à la place il se contenta de soupirer. Etonnée, Sif se contenta de baisser les bras et de le regarder bizarrement.

- J'imagine qu'il est inutile de chercher à t'en dissuader, souffla Loki en croisant simplement ses bras sur sa poitrine tout en surveillant de loin Hanna et Heimdall tentant d'attraper un lapin sauvage entre les buissons. Tu serais capable de profiter que j'ai le dos tourné pour lui apprendre à transpercer un homme à bout portant avec une lance.

Sif ouvrit la bouche pour se défendre – bien que sachant elle-même qu'il avait parfaitement raison- mais il ne lui laissa pas la parole.

- Et je refuse de te voir gâcher tout son potentiel dans un simple entrainement aux armes. Si Hanna doit apprendre à se battre, elle doit aussi l'apprendre par la magie. En tant que maîtresse du Cube elle doit pouvoir s'en servir en cas de besoin, pour se défendre ou pour attaquer.

- Tu…Tu es d'accord alors ? Demanda la Déesse brune sans réussir à y croire.

- Oui, commença-t-il et Sif levait déjà les poings en l'air en ouvrant la bouche pour crier victoire quand il enchaîna : Quand Hanna aura atteint l'âge des recrues du palais.

- Quoi ?! S'exclama Sif, si fort qu'Hanna et Heimdall se détournèrent de leur chasse pour les regarder bizarrement. Mais elle aura quinze ans ! C'est dans une éternité ! Thor et toi vous avez commencé à vous entraîner à l'épée beaucoup plus tôt que ça.

- Mais Thor et moi avons tous les deux eu le temps de profiter de notre enfance avant ça, répliqua aussitôt Loki, sa voix grave restant néanmoins calme et posé tandis qu'il jetait un regard à Sif pour voir si elle comprenait où il voulait en venir.

Et la guerrière comprit tout de suite, son outrage personnel s'envolant pour ne laisser qu'un voile de tristesse et de compassion dans ses yeux lorsqu'elle lui rendit son regard.

- Jouer, courir, s'amuser, manger des sucreries jusqu'à en être malade et faire des bêtises comme n'importe quel enfant, Hanna n'a rien eut de tout cela, continua le Dieu du Chaos en fixant à nouveau sa fille du regard. Je veux qu'elle ait le temps de savourer son enfance, qu'elle n'ait à se soucier de rien d'autre que la prochaine tunique qu'elle voudra porter ou du prochain jeu auquel elle voudra jouer. Laissons-la grandir un peu, elle aura ensuite toute l'éternité pour apprendre à se battre et à survivre dans cet univers.

Ils gardèrent un moment le silence, Loki surveillant sa fille des yeux alors qu'elle tentait à nouveau d'escalader un arbre, surement pour aller y cueillir un fruit au vu de sa détermination. Heimdall se tenait aux pieds de l'arbre, bras presque tendus vers elle pour la rattraper à tout moment. Même si tous les adultes savaient qu'elle ne risquait absolument rien. Si elle était capable d'escalader les colonnes d'or de la salle du trône pour se retrouver bloqué sous la voûte de pierre jusqu'à ce que son oncle ne vienne la chercher en volant jusqu'à elle, elle était capable d'escalader les quatre branches la séparant de la pomme mure à la cime de l'arbre.

- Hanna à de la chance de t'avoir, souffla alors Sif, la douceur de son ton le surprenant légèrement. Elle lui offrit un petit sourire, peut-être le premier sourire sincère qu'elle lui offrait depuis qu'ils se connaissaient.

Ce fut plus fort que lui, il ne put tout simplement pas s'en empêcher, et un large sourire moqueur étira lentement ses lèvres, ses yeux brillant pour la première fois depuis longtemps de malice.

- Tu regrettes de ne pas avoir saisi ta chance pendant que tu en avais encore l'occasion hein ? Quel dommage ! Et dire que pendant toutes ces années tu as refusé mes avances. Mais qui aurait cru que je deviendrai un homme honnête un jour; n'est-ce pas ?

- Qui aurait cru en effet ? Renifla Sif en levant les yeux au ciel face à ses moqueries. Ancêtres, il ne changerait donc jamais ?

- Ça me brise le cœur, douce guerrière, mais je suis un homme fidèle et la princesse que vous voyez là-bas détient déjà mon cœur, continua-t-il en tendant une main vers Hanna tout en plaçant l'autre sur sa poitrine. Je ne peux, en ma nouvelle conscience d'honnête homme, vous retourner vos doux sentiments… Sif ! Allons ma douce, ne partez donc pas fâchée ! S'exclama-t-il encore lorsqu'elle lâcha un grognement et fila à travers le jardin pour fuir sa scène mélodramatique.

Ce sale serpent se moquait d'elle ! Et dire qu'elle avait failli commencer à s'inquiéter –comme les autres- devant son mutisme soudain et ses airs indifférents. Bien mal lui en pris de tenter de lui dire quelque chose de gentil ! Cet homme était tout simplement insupportable !

Et pourtant lorsqu'elle l'entendit encore faussement gémir d'amour solitaire dans son dos, Hanna fixant son père en riant de l'autre côté du jardin devant son jeu d'acteur certainement horrible, Sif ne put s'empêcher de sourire à son tour. Bizarrement ce petit sursaut moqueur chez Loki la rassurait, lui affirmant ainsi que le Dieu de la Malice n'avait pas totalement disparu et que, tôt ou tard, il réussirait peut-être par surmonter la perte de son humaine.

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Kathe, ne perd pas espoir…

Mais Kathe n'écouta pas la voix douce dans ses pensées, ses pleurs redoublant de puissance sous la prise violente de la reine des enfers sur elle.

- Arrête ça ! Tu n'as pas le droit de pleurer ! Cracha alors son double démoniaque en l'écrasant un peu plus de son poids, ses griffes s'enfonçant dans ses épaules pour la secouer nerveusement. C'est moi qui devrai être en train de me lamenter ! C'est moi qui ai gardé nos putains de souvenirs ! Tu n'as rien à pleurer ! Tu ne te souviens plus de rien ! RIEN ! Tu as choisi de tout oublier ! Tu as choisi d'être lâche ! Hurla-t-elle comme une furie avant de lui asséner une violente gifle.

Kathe cria de douleur et se recroquevilla entre ses griffes, ses yeux écarquillés guettant avec angoisse un nouveau coup qui ne tarda pas à venir.

- Non ! Hurla-t-elle. Arrête ! Je t'en prie laisse-moi !

- Que j'arrête ?! Ooohh mais ma douce petite Kathe je ne fais que commencer ! Tu ne te débarrasseras pas aussi facilement de moi ! Je compte bien te faire payer pour l'éternité ce que tu nous as fait ! Je n'arrêterai que lorsque tu auras absous tous tes péchés ! Tu dois payer ! JE VEUX QUE TU PAIES ! Hurla la reine des enfers en lui assénant une gifle à chaque phrase.

Dans un sursaut de désespoir Kathe tenta de se défendre, ou du moins de se dégager de la prise du Démon. Elle se tortilla sous son poids, parant aussi bien que possible les coups tout en cherchant à ravaler ses larmes. Elle avait mal. Elle avait peur. Et elle voulait plus que tout mourir et disparaître. Mais elle ne pouvait pas mourir, pas plus qu'elle ne pouvait disparaître. Et dans son malheur elle savait -sentait- qu'elle ne pouvait pas encore baisser les bras. Pas encore… Pas comme ça…

Oui Kathe…Souviens-toi…Souviens-toi… Ce n'est pas la fin …Pas encore…

Non pas encore.

Elle réussit à se dégager de son double démoniaque, s'étonnant presque elle-même de découvrir qu'elles n'étaient pas si différentes l'une de l'autre finalement. La reine des enfers n'était pas plus forte qu'elle, du moins pas ici. Elle était simplement plus en colère. Et si Kathe arrivait à mettre sa peur et son désespoir de côté suffisamment longtemps peut-être réussirait-elle à prendre le dessus.

Et pourquoi pas à se débarrasser d'elle au passage.

Non… On ne peut pas…

Kathe grogna contre le son clair de cette voix dans sa tête. Fallait savoir ! Était-elle avec elle, ou contre elle à la fin ?! Elle voulait qu'elle se souvienne – et Kathe n'avait foutrement aucune idée de quoi- mais pour ça fallait-il encore qu'elle soit en capacité de réfléchir ! Avec un Démon hystérique vous sautant dessus pour vous hurler des insultes ça risquait quand même d'être compliqué ! N'y avait-il donc personne pour la soutenir un peu ?!

La douce voix – la sienne- ne répondit rien et Kathe laissa peu à peu la colère la prendre tandis qu'elle roulait sur le côté pour tenter de plaquer à son tour la reine des enfers au sol. Mais plutôt que de calmer ses ardeurs cela ne sembla au contraire qu'alimenter un peu plus sa folie démoniaque.

- Hahahaha ! le petit chat sort ses griffes ! Ria-t-elle à gorge déployée, pas le moins du monde déstabilisé par le poids de Kathe à présent à califourchon au-dessus d'elle. C'est ça ! Bats-toi donc contre ton passé ! Réveil la rage qui dort en toi ! Fais-moi mal ! Tue-moi ! Si seulement tu en es capable !

Kathe poussa un hurlement de rage et sans vraiment réaliser ce qu'elle faisait leva le poing au-dessus de son double et la frappa en plein visage. Son poing la brûla aussitôt d'être entré en contact avec le démon. Malgré la pression douloureuse qu'elle sentait dans ses phalanges après ce premier coup son double sembla totalement inconsciente de la douleur et continua simplement à rire comme une hystérique. Kathe fut alors comme aveuglé par la colère et n'attendit pas une seconde de plus avant de lui asséner un autre coup, et un autre, et autre…Et un autre.

- Oui ! Hurla la reine, sa bouche striée de gerçures ne cessant de lui sourire, ses dents acérées et noires ne se desserrant que pour mieux lui rire au visage. -Continus ! Laisse-toi aller ! Laisse éclater ce qu'il y a de plus sombre en toi ! Ta chute n'en sera que plus délicieuse ! Hahahaha !

Kathe ! Arrête ! Ne fais pas ça !

Mais Kathe n'écoutait plus. Elle voulait la faire taire, les faire taire toutes les deux. Les faire sortir de sa tête, les faire disparaître, les anéantir et ne plus jamais entendre parler d'elles. Elle n'avait pas besoin d'elle, pas besoin d'entendre leurs moqueries ou leurs douces paroles de réconforts. Elle ne voulait rien d'elles ! RIEN !

Kathe… !

Sa voix douce sembla tout à coup venir de plus loin, comme repousser loin dans son inconscient et Kathe compris qu'avec un peu d'effort et de volonté elle pourrait peut-être y arriver. Les faire disparaître et rester enfin seule.

. Je t'en prie … ! …Tu ne …sais pas…ce que tu es entrain de faire… ! … Il ne faut …pas … !

Mais déjà Kathe ne l'entendait presque plus, le rire dément de son double maléfique prenant peu à peu le dessus sur cet échos devenu de plus en plus lointain.

- Continu Kathe ! Vas-y frappe moi ! Frappe de toutes tes forces !

Et c'est exactement ce qu'elle fit. Kathe hurlait à présent de toutes ses forces et même lorsque ses phalanges craquèrent sinistrement sous ses coups de poings répétés elle continua. Bientôt la couronne de la reine lui fut arrachée, les deux femmes roulant l'une sur l'autre tandis que Kathe tentait d'arracher sa longue tresse, ses doigts comme des griffes s'accrochant à ses vêtements pour mieux lui griffer la peau. Elle se battait plus sauvagement et furieusement qu'un animal fou et elle perdit le peu de raison qui lui restait quand elle se jeta littéralement à sa gorge pour mieux la morde et faire couler le sang.

- Hahahaha ! Continua de rire le démon sans même tiquer sous la morsure douloureuse, les dents de Kathe perçant sa peau pâle juste à dessus du col de sa robe, son sang noirâtre de démon s'écoulant déjà abondamment. C'est bon n'est-ce pas ?! Il n'y a que la rage et le goût du sang pour nous faire sentir aussi vivant ! Hahahaha !

Kathe relâcha sa prise de ses dents sur son cou, crachant ce sang immonde dans un grognement de rage et de dégoût, avant de relever la tête devant la reine, ses deux mains se refermant dangereusement autour de la blessure. Et elle commença à serrer, serrer aussi fort qu'elle le pouvait.

- Tais-toi ! TAIS-TOI ! Tu ne sais rien de ce que je ressens ! Rien du tout ! Tu ne me connais pas ! Tu ne sais rien ! RIEN ! Hurla Kathe au point presque de s'en arracher les cordes vocales.

La reine ne cherchait même pas à se défendre, se contentant d'attraper ses poignets comme pour soutenir son geste. Son rire devint plus étouffé, sa respiration à moitié coupé à mesure que Kathe serrait son cou de toutes ses forces.

- J'en sais… toujours plus que toi… idiote ! Haleta-t-elle sans jamais cesse de lui sourire dangereusement.

Kathe se demanda une seconde pourquoi elle la laissait la dominer ainsi. Mais balaya aussitôt cette pensée absurde. Si elle était à présent au-dessus de la reine, ses mains l'étranglant petit à petit, c'était parce qu'elle était sans aucun doute plus forte qu'elle. C'est elle qui avait le pouvoir ici ! Pas la reine des enfers, pas la voix douce et stupide dans sa tête ! Mais elle ! Elle !

- Tais-toi démon ! Tu n'es rien ! Je n'ai plus peur de toi ! Je vais te faire disparaître une bonne fois pour toute ! On verra si tu riras autant une fois que je t'aurai tué !

- Hahaha..Ha, s'étrangla son double sous elle. Tu ne peux pas me tuer Kathe… On…est …déjà… morte ! Mais continus donc…d'essayer… Bientôt ce sera toi… le démon…

Cette pensée effrayante déstabilisa Kathe et sa prise se relâcha autour du cou de son double. Et alors que les yeux de la reine semblaient avoir perdu de leurs flammes le feu explosa à nouveau en elle dès les premiers signes d'hésitation. Elle gronda et la renversa sur le côté.

Les deux femmes roulèrent au milieu des ténèbres et des flammes démoniaques tout autour d'elles, se frappa de coups de poings et de coups pieds, attrapant tout ce qui leur tombait sous la main pour mieux le déchirer, l'abîmer, le griffer, grognant et grondant comme deux furies.

- Quand est-ce que tu vas comprendre Kathe ?! Quand on veut quelque chose, on ne peut l'avoir que par la force ! Lui hurla la reine au visage. Laisse-toi envahir par la rage ! C'est le seul moyen !

- NON ! Hurla à son tour Kathe en la repoussant de toutes ses forces pour mieux lui sauter dessus une nouvelle fois. Elle ne voyait plus les ténèbres à présent. Il n'y avait plus que les flammes, partout autour d'elles. Et alors qu'elle frappait à nouveau la reine de toutes ses forces, au point de lui faire cracher du sang, elle sentit qu'elle prenait peu à peu le contrôle du combat… et du brasier les entourant. Je ne serais jamais un démon comme toi ! Je suis humaine ! HUMAINE !

- Mais pourquoi te mentir ?! Regarde la vérité en face ! Rétorqua l'autre en riant une nouvelle fois aux éclats. Le reflet dans le miroir, c'est le tiens ! C'est Toi ! Tu ne pourras jamais t'en débarrasser !

La reine la frappa à son tour, cherchant surement à reprendre le dessus mais Kathe ne la laissa pas faire et s'est en s'accrochant douloureusement à ses cheveux qu'elle lui plaqua la tête au sol pour mieux la regarder alors qu'elle lui hurlait du plus profond de son cœur :

- Tu n'es pas moi ! Tu n'es rien ! Rien qu'un démon pathétique que personne ne voudra jamais ! Que personne n'aimera jamais !

A ses mots la reine des enfers sembla se tétaniser sur place, son regard perdant instantanément ses flammes démoniaques pour ne plus être que deux puits d'ombre infini qui s'écarquillaient de stupeur et …d'effrois ? Kathe n'en revenait pas.

- Tu…Tu n'es rien ! Continua-t-elle, son poing levé devant elle pour la frapper une nouvelle fois. Mais, étrangement, le coup ne voulait plus partir. Bien que les mots eux ne cessent de déferler d'entre ses lèvres déchirées de dégoût, plus assassins et douloureux que n'importe lequel de ses coups. Tu n'es qu'un être abject ! Un déchet des enfers, horrible et cruel ! Ton cœur aussi noir et immonde que ton visage ! Tu es à vomir ! Pas étonnant que tu te retrouves dans le néant avec moi ! Tu n'as ta place nulle part ailleurs ! Je suis peut-être une lâche qui s'enfuit ! Mais moi au moins je sais d'où je viens ! Je sais qui je suis ! Et je sais aussi que quelque part il y a eu des gens pour m'aimer ! Pour attendre mon retour ! Mais personne n'aimera jamais un monstre comme toi ! Personne ne t'attend ! PERSONNE !

Le visage de son double maléfique se crispa de douleur et dans un cri plus près du désespoir que de la rage elle la repoussa plus violemment que jamais. Kathe poussa un cri de surprise et se retrouva sur le dos, déstabilisée et le souffle court. Elle se redressa aussi vite que possible, sûre que l'autre en profiterait pour se jeter sur elle et lui faire à nouveau du mal.

Pourtant rien ne vint. Et au lieu de profiter de la surprise de Kathe pour l'attaquer et enfoncer ses ongles noirs dans sa chaire, la reine des enfers se recroquevilla presque sur elle-même comme prise d'une douleur affreuse. Elle porta ses mains à son cœur, son visage déchiré de douleur, des larmes de cendres perlant de ses yeux noirs et roulant sur sa peau carboniser avant de s'évaporer sous la chaleur infernale.

- Tu … ! Commença-t-elle avec force avant de s'étouffer sur un sanglot. Tu crois que je ne le sais pas ?!

Kathe resta tétanisée sur place, les yeux écarquillés devant la douleur et les sanglots du démon. Elle n'aurait jamais imaginé qu'un démon puisse pleurer… Ou ressentir quoi que ce soit d'autre que de la rage et un plaisir sadique.

- Tu crois que j'ignore ce qui va se passer si jamais tu arrives à sortir d'ici ?! Si jamais tu réponds à leur appel ?! Lui hurla-t-elle sans même la regarder, tout son corps prostré au sol, les bras toujours repliés sur son cœur pourtant mort, son visage baissé presque en signe de défaite. Vous allez m'abandonner ! M'abandonnez toutes les deux ! Parce que je sais que personne ne m'attend ! Que…Que personne ne veut de moi ! Que personne n'a jamais voulu de moi !

Kathe reprit une respiration hachée, incapable tout à coup de s'avoir quoi faire…ou quoi dire devant une telle souffrance. Parce qu'il fallait bien que cela soit terrible pour que la reine des enfers elle-même se mette à gémir et à pleurer. Elle se balançait à présent d'avant en arrière, comme hypnotisée par sa douleur, par ses larmes. Et ses mots de désespoirs déferlaient à présent comme une pluie sans fin, transperçant Kathe de part en part au point qu'elle se mit soudainement à regretter de lui avoir de telles horreurs.

Pourtant c'était bien elle qui avait cherché la bagarre, elle-même n'avait fait que se défendre. Elle n'avait fait que dire la vérité…Alors pourquoi elle avait autant mal ? Mal comme si c'était elle et non le démon avachi au sol qui souffrait. Désespérée, anéantie, brisée…Seule.

- Tu crois que ça m'amuse de vous dégoûter ?! D'être un démon ?! D'être la reine damnée des enfers ?! Continua-t-elle d'une voix déchirante. Mais sans moi tu serais morte il a longtemps Kathe ! Sans moi personne n'aurait été là pour défendre Hanna !

A ce nom Kathe fut comme frapper violemment à l'estomac. Elle perdit son souffle et recula presque de douleur et d'effrois devant la reine. Elle ne connaissait pas ce nom, ne le rattachant à aucune présence connue, aucun visage aimant. Elle ne s'en souvenait pas… Mais le démon lui s'en souvenait, et sa souffrance de ne jamais revoir cette Hanna était également la sienne.

Parce que la reine des enfers c'était…

- Sans moi miss-lucky n'aurait plus aucun corps à habiter ! Sans moi tu aurais brûlé ce qu'il te reste de raison et de corps en enfer ! Et mon bébé aurait été toute seule ! TOUTE SEULE ! C'est moi, MOI, qui vous ai sauvé ! Moi qui vous ai ramené à Asgard ! Moi qui ai sacrifié tout ce que j'avais ! TOUT ! Pour qu'Hanna sois libre et heureuse ! Et pour que même ces pathétiques Dieux ne soient pas tous exterminés jusqu'aux derniers ! Sans moi, sans ma damnation, rien de tout cela n'aurait été possible ! Tu serais morte, et Hanna aurait été enfermé et damnée à tout jamais ! J'ai tout perdu ! Pour elle, pour TOI !

…Oui, Kathe connaissait cette douleur…Elle s'en rappelait à présent…Elle ne pouvait que s'en rappeler…Par que la reine des enfers c'était…

- Et maintenant que tout est fini, maintenant que plus personne n'a besoin de moi, plus besoin de ma rage et de ma cruauté, vous allez m'abandonner ! Parce que je sais bien que personne ne m'attend, là dehors ! Personne ne peut aimer un démon hein ?! Cracha son double maléfique en lui lançant un regard de reproche mais aussi de douleur. Je suis à vomir n'est-ce pas ?! Et ni toi, ni miss-lucky, ni même Hanna ne voudront de moi ! Comment pourriez-vous ?! Après tout je ne suis qu'une âme damnée ! Et Loki…!

Elle ne sembla pas pouvoir aller plus loin, ses paroles soudainement brisées par un sanglot plus déchirant que tous les autres. Kathe ignorait encore tout de cette Hanna, ou de ce… Loki. Mais elle comprenait, elle sentait, que ces deux seuls noms pouvaient mettre à terre la plus coriace des reines infernales. Loki… elle devait vraiment l'aimer pour être à tel point terrifié de ce qu'il pourrait bien penser d'elle, de sa damnation, de son passé démoniaque…Oui, la reine des enfers était terrifié à l'idée d'être rejetée par cet homme…ce géant des glaces…ce Dieu…Et Kathe comprenait, savait, parce qu'elle aussi était terrifié par cette moitié d'elle démoniaque… terrifié d'être brûlée par ses flammes, souillée par ses ténèbres, rejetée par le reste de l'univers si elle avait le malheur de se laisser rattraper…de se laisser tenter.

Mais elle savait maintenant. Elle regardait la reine pleurer à ses pieds, plus malheureuse et désespéré qu'aucun démon ne l'a jamais été. Et elle comprit qu'elle ne pourrait plus fuir.

Parce que la reine des enfers c'était…elle.

Elle faisait partie d'elle. Et plus elle chercherait à se fuir, plus elle se briserait elle-même. Elle ne pouvait – ne devait- plus détourner le regard. Elle devait accepter…s'accepter. Le bon comme le mauvais, le bien et le mal, ce qu'elle avait d'innocence et aussi tous ses péchés… Parce que c'était elle…elle toute entière.

La reine des enfers avait à présent enfouit son visage démoniaque dans ses mains pâles et griffus, ses sanglots étouffés, cachés comme une faiblesse honteuse dont elle ne semblait pas pouvoir se remettre. Et Kathe ressentit toute sa douleur, et toute sa peur d'être laissé derrière, abandonnée comme une moins que rien, uniquement parce que plus personne ne semble avoir encore besoin d'elle. Et peut-être que c'était le risque… Peut-être qu'en acceptant cette part infernale, cette part sombre d'elle-même, elle risquait de se salir, de souiller son humanité, et qu'alors plus personne ne voudrait d'elle. Trop dégoûté, trop effrayé…

Mais pas elle. Non pas elle. Parce que ce démon…cette reine des enfers…c'était elle. Et jamais elle n'abandonnerait une part d'elle-même…

Et au diable le reste de l'univers.

Au son des pleurs du démon Kathe s'approcha doucement. Elle leva la main et d'un simple réflexe de volonté elle adoucit les flammes autour d'elles, comme si ces dernières avaient été sous son contrôle depuis le début…Et c'était le cas, les pouvoir du démon était ses pouvoirs. Car la reine et elle ne formait qu'un seul et même être.

Elle s'approcha encore jusqu'à se trouver tout près de son double toujours avachi au sol. Et ne sachant trop comment faire, mais aussi certaine tout au fond d'elle de faire le bon choix, Kathe s'agenouilla près d'elle et posa une main calme et réconfortante sur son épaule. Et elle l'appela…de son vrai nom, pour la première fois depuis des années.

- Kathe…

La reine des enfers sursauta violemment et releva son visage démoniaque strié de larme de cendre vers son reliquat d'humanité, un désespoir infini voilant son regard de ténèbres alors qu'elle plongeait ses yeux dans les siens.

- Je ne peux pas t'abandonner, souffla doucement Kathe en lui souriant. Je ne pourrais jamais…Parce que je suis toi, et tu es moi.

Les pleurs du démon se coincèrent au fond de sa gorge tandis que ses yeux semblaient s'écarquiller de plus en plus au point de lui manger la moitié du visage.

- Et jamais je ne pourrais te juger pour ce que tu as fait en enfer… Parce que ce que tout ce que tu as m'appartient aussi. Tes péchés sont aussi les miens Kathe, souffla-t-elle encore doucement. Pardon de ne pas l'avoir compris plus tôt… Pardon d'avoir été … lâche. Mais c'est fini maintenant. Promis, j'arrête de fuir. Alors n'ai pas peur, je ne te laisserais pas. Je serais toujours avec toi, je te le promets. Et toi aussi, tu seras là…

Pendant une seconde Kathe cru que son double démoniaque allait perdre définitivement la raison, et tout espoir avec. Seulement, au bout d'un interminable moment qui ne dura en réalité qu'un battement de cœur, la reine damnée se jeta finalement dans ses bras en sanglotant de plus belle.

- Pardon ! gémit-elle tout contre elle tandis que Kathe refermait tendrement ses bras autour de sa maigre silhouette parcourue de tremblements. Pardon, pardon, pardon, pardon. Je ne voulais pas… Je ne voulais pas faire tout ce mal… Mais on ne pas laisser le choix…

- Chuuuut, tout va bien, la consola Kathe en se mettant à la bercer doucement contre son cœur. Et elle se souvint tout à coup d'un autre corps, plus petit et plus frêle encore, tout contre elle. Un corps qu'elle aimait sentir près d'elle, qu'elle aimait bercer et cajoler… Un petit corps… Une petite fille…Sa fille… Hanna. Tout va bien se passer Kathe. Tout va bien se passer. Je ne te laisserai pas. Personne ne te laissera…Hanna ne nous abandonnerait jamais. Tu m'entends ? Jamais.

Et alors qu'elle était peu à peu envahie de souvenirs, des souvenirs de l'enfer, des démons, de l'horreur, des souvenirs d'ombre et de feu, la reine des enfers se mit lentement à disparaître entre ses bras. Et bientôt les mains de Kathe se refermèrent sur du vide, se crispant contre sa poitrine, contre son cœur, là où son double avait sa place. Là où personne ne pourrait plus jamais lui faire du mal. Là où elle devait retourner depuis le début… Elle ressentit sa chaleur et sa force, se laissant envahir par ce feu à présent doux et crépitant, battant au même rythme que son cœur.

A présent elle se souvenait. Enfin. Elle se souvenait des horreurs de l'enfer, de ses années de terreurs qui l'avait poussé à devenir elle aussi un monstre pour survivre. Mais surtout elle se souvenait d'Hanna. Sa fille. Elle se souvenait de ses longs mois de grossesses, prisonnière du Roi Démon, de la viande carbonisée pour seul nourriture, du sang bouilli pour seul boisson. Elle n'avait réussi à survivre que grâce au pouvoir de l'énergie noire vibrant dans ses entrailles. Elle se souvenait de la naissance de son enfant, de la douleur de la délivrance et de ses hurlements déchirants quand elle avait senti ce qui lui restait d'âme la quitter pour toujours pour l'offrir à sa fille. Sa petite Hanna. Elle se souvint de la damnation qui suivit, du sang et de la rage. Elle se souvint avoir eu le droit de garder son bébé près d'elle pendant plusieurs années, la regardant grandir au milieu des enfers. Elle se souvint de sa peau bleutée et de ses yeux rouge sang, son apparence si étrange et si belle qu'elle aurait pu douter être sa mère si elle ne l'avait pas elle-même mise au monde dans la douleur. Elle se souvint avoir pris en puissance, sombrant peu à peu dans une démence démoniaque à mesure qu'elle perdait ses derniers reliquats d'innocence et d'humanité. Et elle se souvenait aussi de la douleur et du désespoir qui avait presque manqué d'écraser son pauvre cœur déjà bien trop fragile lorsque le Roi Démon lui avait arraché sa fille pour l'enfermer dans le pendentif lors de la toute dernière année en enfer. Puis l'attaque d'Asgard, la guerre entre les Démons et les Dieux.

Elle se souvint de Loki… Son Loki, son Dieu. Le père de son enfant.

Il avait été là. Il l'avait attendu. Il l'avait poursuivi, encore et encore, ses yeux bleus se fixant sur elle pour ne plus la lâcher. Lui promettant l'enfer…Lui promettant le paradis. Et il l'avait embrassé, alors même qu'elle avait essayé de le tuer, son esprit rendu à moitié fou par sa puissance démoniaque. Mais pas une seule fois il avait cherché à se venger d'elle…Pas une seule fois il ne chercha à l'abandonner. Et alors qu'il avait embrassé cet être infernal qu'elle était devenue bien malgré elle, son apparence de Jotün se révélant à elle, ses yeux rouge sang lui avaient fait cette promesse d'éternité.

Il la traquerait, la retrouverait et s'emparerait d'elle quelle que soit sa cachette dans l'univers ou l'apparence -démoniaque ou non- qu'elle choisirait. Il serait là. Toujours. Pour elle.

Kathe se sourit à elle-même, la peur et la colère à présent totalement évanouit, un sentiment de bien-être et d'accomplissement la berçant à présent toute entière.

Tu as réussi Kathe…

La voix douce dans sa tête était revenue, et le sourire de Kathe s'élargit un peu plus. Doucement, lentement, alors qu'elle entait son corps guérir ses blessures, elle se releva avant de se retourner pour mieux regarder ce nouveau double d'elle-même, plus lumineux, plus vaporeux, qui se tenait à quelque mètre.

- Non, souffla-t-elle doucement à cette nouvelle -et dernière- apparition. On a réussi.

Et son double fantomatique lui rendit son sourire, finissant une fois pour toute de lui réchauffer le cœur.

Est-ce que tu es prête à présent ?

- A rentrer ? Lui demanda-t-elle, même si elle devinait déjà la question muette. Oui, ajouta-t-elle avec certitude quand son double hocha lentement de la tête. Et toi ? Demanda-t-elle à son tour.

Cela fit sourire encore plus son double, qui ne put s'empêcher de lâcher un petit rire clair et doux.

Oui, je suis prête… Ils nous attendent tu sais.

- Hanna ? Souffla-t-elle doucement, le nom de sa fille comme une révérence, une caresse tendre entre ses lèvres. Son double hocha à nouveau de la tête en souriant. Et…Et Loki ?

Son double sembla s'amuser un peu devant la petite pointe de doute voilant sa question.

Il n'a jamais cessé de nous attendre… Et il nous attendra encore toute une éternité s'il le faut…Et tu sais pourquoi.

- Parce… qu'il nous aime… ?

Nouveau sourire, et nouveau hochement de tête de son double vaporeux.

- Alors…Mieux vaut ne pas les faire attendre une éternité tu ne crois pas ? Rétorqua Kathe, son sourire tendre devenant un brin plus malicieux.

Non, ne les faisons pas attendre plus longtemps…Viens…

Son fantôme lui tendit la main et Kathe n'hésita pas une seule seconde avant de s'avancer vers elle. Elle leva sa main pour prendre la sienne et ne fut pas plus surprise que ça lorsqu'elle disparut à son tour dans un murmure, sa forme vaporeuse l'envahissant toute entière pour reprendre à son tour sa place au plus profond de son cœur.

Viens Kathe…Rentrons…Ensemble…

Kathe se retrouva alors seule dans les ténèbres et les flammes. Mais elle n'était pas vraiment seule, elle ne l'était plus. Car avec ce dernier fragment d'elle-même, elle retrouva enfin la totalité de sa mémoire. Et bien plus encore. Des souvenirs de lieux et d'époque lointains l'inondaient toute entière pour lui rendre enfin ce qu'elle avait pourtant cherché à fuir, même sans le savoir. L'amour de sa fille… L'amour de son Dieu. Elle retrouva les souvenirs de leur rencontre et de leur étrange fuite en voiture sur Terre. Elle se souvint comme elle avait eu peur de lui; puis à quel point elle était tombée follement amoureuse de lui. Aussi fou que cela puisse paraître. Elle se souvint de tous les mauvais moments passés en sa compagnie. Mais aussi, et surtout, de tous les bons et merveilleux moments. De sa voix, grave, cinglante au début, puis peu à peu plus douce et enfin plus tendre. De ses yeux bleus, de son odeur fraîche et enivrante et de ses lèvres si douces contre les siennes. Elle se souvint de leur unique nuit d'amour, du commencement de cette nouvelle vie qui avait peu à peu grandit dans son ventre. De son amour…De sa marque.

Kathe compris alors que cette part fantomatique d'elle-même lui avait été volé à ce moment-là. Son cœur et son esprit liés à ce Dieu, dans la douleur et le plaisir. Il la voulait plus près de lui, lui volant malicieusement ce morceau d'elle pour pouvoir la protéger et l'emmener partout avec lui. Elle vit d'effiler dans sa tête des images de voies lactées et de cette lune solitaire et ténébreuse perdue au milieu de l'immensité du vide qu'il avait trouvé pour seul refuge. Elle vit à travers les souvenirs de cette part fantomatique d'elle toute la souffrance et la solitude de son Dieu. S'il l'avait abandonné ce n'avait été que pour mieux la protéger de son Chaos. Et il en avait souffert, hurlant parfois sa douleur aux étoiles et perdant lui aussi peu à peu la raison face à cet arrachement qui semblait avoir brisé son cœur aussi surement que le sien.

Elle ne pouvait plus douter à présent. A nouveau entière, et bien plus encore, Kathe su au plus profond d'elle qu'il l'aimait. Et qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Pas plus qu'elle ne pouvait vivre sans lui.

Il l'attendait... l'avait attendu depuis le premier jour.

Et tout à coup, même seule, même au milieu des ténèbres, les flammes de l'enfer l'accompagnant silencieusement, Kathe n'était plus perdue. Elle savait exactement où aller. Car elle pouvait à présent les entendre pleinement l'appeler. Ceux qui l'aimaient et l'attendaient. Ils l'appelaient à travers les ténèbres, à travers les mondes et la mort. Ils l'appelaient et elle avait à présent la force d'une reine et l'espoir d'un cœur amoureux pour répondre à leur appel.

Où qu'ils soient…Et qu'importe les obstacles, elle allait les retrouver. Son Dieu…Sa fille. Sa vie.

Le cœur léger, toutes ses forces retrouvées et bien plus encore, Kathe se remit à courir à travers l'ombre. Sauf que cette fois elle ne fuyait plus. Cette fois, elle savait exactement où aller.

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- Attrapez là ! Cria Volstagg en pointant Hanna du doigt tandis qu'elle s'enfuyait déjà à toutes jambes entre les grandes tables du banquet. Elle m'a volé mon fromage !

Son cri d'effroi ne rencontra qu'une vague de rire parmi les Dieux, et aucun d'eux ne bougea pour laisser l'imposant guerrier passer entre les sièges et les tables et tenter de rattraper la petite souris chapardeuse. De toute façon elle semblait déjà loin, ayant disparue comme par enchantement à travers les nombreux invités du palais.

Volstagg compris très vite que la partit de chasse s'était fini avant même de réellement commencer, et qu'il ne reverrait certainement jamais son morceau de fromage. Il en avait presque les larmes aux yeux.

- Loki ! S'indigna-t-il tout même en se tournant vers la tablée royale en bout de salle pour lancer un regard désespéré au Dieu de la Malice. Je t'en prie fais quelque chose ! Ta fille n'arrête pas de voler dans mon assiette !

Le père de la progéniture en question se contenta de relever un sourcil, coupant un instant court à la conversation qu'il partageait avec son frère pour lui répondre à travers l'immense salle.

- Ce n'est qu'un morceau de fromage Volstagg. Il y a toute une table qui en déborde juste derrière toi.

- Mais c'était mon fromage !

Loki leva les yeux au ciel et souffla entre ses dents :

- J'ai l'impression d'avoir non pas un mais deux enfants depuis le début de la soirée.

La bataille de chapardage de nourriture entre Hanna et Volstagg avait commencé dès l'entrée, et ils en étaient à présent au fromage, ayant passé plats, soupes et desserts dans le même chaos de pleurnicheries et d'attaques vicieuses. Les pleurnicheries venant de l'énorme guerrier légendaire tandis que les attaques vicieuses étaient menées par sa fille. Et aucun doute elle était douée. A sa droite Freya pouffa de rire dans sa serviette, ravie qu'Hanna donne à Loki un peu de ce que lui-même lui avait fait subir dans son enfance.

- Si tu n'es pas capable de défendre ton assiette face à une simple enfant c'est que tu te fais trop vieux Volstagg, releva Loki de manière un peu plus forte, tout en faisant les gros yeux au guerrier. Et dans ce cas peut-être est-il temps de te relever définitivement de tes fonctions de gardes royales.

Menace en l'air, tout le monde pouvait s'en douter à l'air plus agacé que réellement énervé de Loki, le nouvel intendant officiel du royaume. Sa remarque souleva une nouvelle vague de rire et des exclamations commencèrent déjà à s'élever ci et là.

- Tu es trop vieux !

- Se faire avoir par une gamine !

- Quel guerrier terrifiant !

- Au moins cette fois il pleur pour du fromage et pas pour des fraises !

Prenant très au sérieux la remarque de Loki – son supérieur royal- de le mettre à la retraite forcée, Volstagg se précipita d'ajouter de sa grosse voix :

- Mais je disais ça simplement pour rire ! Hahahahaha ! Bien sûr j'ai laissé cette petite pest… - il dégluti et changea instantanément de terme devant le regard soudainement meurtrier de Loki- … Je veux dire, ce petit ange fabuleux, prendre mon fromage. C'était un teste ! Pour voir ses réflexes de jeune guerrière ! Et elle a de très bons réflexes ! Oui oui oui !

A côté de lui Sif leva les yeux au ciel et lui attrapa le poignet pour l'obliger à se rasseoir de force et en finir une fois pour toute avec ses simagrées. C'est qu'elle aimerait bien finir son repas dans le calme non d'un ancêtre ! Mais bien mal lui en prit de forcer Volstagg à s'asseoir à côté d'elle. Car même si elle savait qu'Hanna le laisserait tranquille si elle était dans les parages -Hanna avait de très bons réflexes certes, mais ils n'étaient pas encore aussi bons que les siens-, Sif devint du même coup auditrice malgré elle des plaintes et gémissements de son partenaire d'arme concernant «le meilleur morceau de fromage de tous les temps. Le côté le plus doux et croustillant à la fois. Et c'était le dernier bout… ». Elle se contenta pourtant de simplement lever les yeux au ciel une nouvelle fois tout en se décidant à finir sa propre assiette le plus vite possible pour pouvoir se sauver d'ici en courant. C'est qu'elle avait encore son entrainement du soir à pratiquer.

De son côté Loki reprit tout naturellement sa conversation avec Thor, terminant de préparer avec lui son retour sur Terre.

Il fut interrompu quelque seconde plus tard à peine quand la petite souris chapardeuse lui tapota sur les bottes sous la nappe de la table. Thor ne comprit d'abord pas ce qui se passait, se demandant pourquoi Loki soulevait soudainement la nappe d'une main et passait sa tête sous la table, avant de retenir un rire en voyant sa nièce tranquillement installée entre les jambes de son père et mâchouillant un morceau de fromage presque aussi gros qu'elle.

- Et que puis-je faire pour vous petite chipie ? Lui demanda Loki d'une voix faussement colérique.

- Je peux avoir du pain s'il te plait ? Demanda-t-elle de sa petite voix télépathique tout en lui envoyant un sourire qui aurait pu être qualifié d'éblouissant si sa bouche n'avait pas été à moitié rempli de fromage. Le tout manquant presque de déborder.

- Mais certainement, répondit-il le plus naturellement du monde tandis que Thor et Freya s'étouffait presque de rire devant la petite bouille malicieuse et très fière d'elle de la petite fille sous la table.

Après l'une de ses petites farces, déjà aussi légendaires que celles de son père au même âge, elle ressemblait plus que jamais à Loki, malgré son visage barbouillé de fromage et d'autre reste de nourriture certainement aussi volé à Volstagg. Freya ne put tout de même pas s'empêcher d'intervenir et se pencha à son tour sous la table pour débarbouiller la petite avec sa serviette. Loki en profita pour récupérer l'énorme fromage de ses petites mains et couper un morceau qui ne pèserait pas le double de son poids avant de le lui tendre en même temps qu'une tranche de pain. Si Hanna fut déçue de perdre la plus grosse part de son trésor de guerre elle n'en montra rien, se contentant de remercier son père mentalement avant de continuer à s'empiffrer sans chercher à bouger de place.

Retournant à sa conversation Loki profita de s'avoir sa fille juste à côté de lui pour se détendre enfin totalement. Il n'était rassuré que lorsqu'il savait très exactement où elle se trouvait. Et même s'il n'aurait pas choisi lui-même de la placer sous la table, tranquillement assise sur le bout de ses bottes, il savait que s'était peine perdue que d'essayer de l'en déloger pour la forcer à s'asseoir à côté de lui. Freya avait déjà essayé, de nombreuses fois, de très nombreuses fois. Mais avait dû faire face à un échec cuisant à chaque tentative. Hanna préférait observer le banquet vu du sol, et elle semblait adorer foutre la frousse à certains Dieux inattentifs en faisant exprès de leur passer entre les jambes. Ce monde souterrain semblait la fasciner et Loki n'avait pas le cœur à lui enlever son petit plaisir enfantin. Surtout quand il pouvait lui-même en profiter, un petit sourire satisfait sur le bout des lèvres chaque fois qu'elle arrivait à surprendre et à faire couiner de terreur les guerriers les plus entraînés.

Elle marchait fièrement dans ses pas de Dieux du Chaos et de la Malice et n'aurait pour rien au monde tenter de se mettre entre elle et son destin. Il avait hâte de voir ce qu'elle leur ferait tous subir une fois qu'elle serait suffisamment grande et maligne pour mettre au point des farces un peu plus élaborées. Même s'il se doutait qu'il en serait lui-même victime tôt ou tard. Ne serait-ce que parce que les Dieux et Déesses ne cesseraient de se tourner vers lui pour réclamer un minimum d'autorité parentale. Même s'il adorait les ignorer et la laisser faire à peu près tout ce qu'elle voulait, il se doutait qu'un jour ou l'autre il allait aussi devoir y mettre le Holà.

Si Freya l'avait laissé faire la moitié des bêtises qu'il aurait aimé faire plus jeune, Asgard se serait certainement effondrée sur ses fondations depuis longtemps déjà. Et donc à un moment ou à un autre un peu de discipline deviendrait certainement une obligation vitale. Pour la survie de l'Univers tout entier.

Mais heureusement pour Hanna, et aussi pour lui, il leur restait encore quelque année devant eux avant le début des querelles parents-enfant et des limites imposées.

Et dire qu'il allait être seul face à l'être le plus puissant de l'univers. Il avait déjà du mal à la mettre au lit ou à lui faire prendre un bain, il n'imaginait même pas l'enfer de lui interdire de voir un garçon en cachette ou de ne pas utiliser le Cube pour rendre fou Volstagg.

…Kathe lui manquait tous les jours un peu plus. Et même s'il gardait le moral -devant les autres- et le sourire -pour sa fille- il était aussi régulièrement pris d'angoisse à l'idée de mal s'y prendre. Si son cœur lui-même semblait s'effondrer dans sa poitrine chaque fois qu'il pensait à son humaine… et à ses tout derniers instants entre ses bras, ce qui le terrifiait à présent particulièrement était bel et bien de se retrouver comme seul parent et figure d'autorité pour leur enfant.

Si on lui avait dit un jour que ce serait à lui d'imposer des règles tout en s'assurant qu'elles soient tenues, il serait certainement mort sur place d'un fou rire foudroyant. Le Dieu du Chaos et de la Malice ne créait que ses propres règles, qu'il s'amusait la plupart du temps à contourner ou à violer. Et il n'avait pas du tout le cœur à restreindre les folles farces et malices de qui que ce soit. Et encore moins de sa propre fille. Et pourtant il allait bien falloir qu'il le fasse.

Depuis des semaines maintenant Loki ne pouvait plus que rire de l'ironie de son propre sort. Si seulement Odin le voyait.

Lorsqu'il termina enfin d'énoncer ses instructions à son frère, tout en prenant soin d'écouter ses demandes, Loki laissa Thor finir leur conversation avant de s'empresser de sortir de table. Au plus grand damne du Dieu du Chaos qui aurait adoré pouvoir en faire autant. Seulement contrairement à son frère, qui n'avait plus vraiment d'obligation royale à présent, Loki était tenu de rester jusqu'à la fin du banquet. Après tout c'était en son honneur que tous les nobles et guerriers du palais s'étaient réunis ce soir. Thor semblait satisfait par l'assurance de Loki de rester en contact avec la Terre – et même si ça l'agaçait prodigieusement- avec les Avengers également-. Il claqua une main forte sur l'épaule de son frère, manquant de renverser le verre de vin que Loki était entrain de porter à ses lèvres, avant de rejoindre Heimdall de l'autre côté de la salle pour choisir une date et un lieu d'arrivé lorsqu'il serait enfin prêt à rejoindre ses alliés humains.

- Espèce de brut, souffla le brun entre ses dents alors qu'il essuyait quelque goutte de vins tombé sur sa tunique.

Freya pouffa doucement à côté de lui. Elle allait souffler une petite remarque attendrie à l'oreille de son fils lorsqu'elle fut sournoisement coupée par une jeune Déesse qui eut le culot de s'asseoir sur la place vide de Thor tout en plaçant une petite main gracieuse et pas si innocente sur le bras du nouvel intendant royal.

- Loki ! s'exclama-t-elle en ayant l'air faussement surprise, alors même que c'était elle qui s'incrustait à sa table, avant de lâcher un petit gloussement stupide qui eut le don d'énerver instantanément la Reine mère. Quel plaisir d'avoir enfin l'occasion de discuter avec vous ! Vous êtes presque impossible à approcher ces derniers temps !

Loki releva un sourcil devant la jeune – et très belle- Déesse, n'arrivant pas à se souvenir de son nom, et ne comprit pas instantanément ses intentions. Hanna bougea à ses pieds, l'une de ses petites mains ayant surement lâché son sandwich au fromage pour venir s'accrocher lourdement à son pantalon. Il espérait qu'elle ait les mains propres.

- Vous m'en voyer navré, Lady…, commença-t-il lentement en cherchant son nom dans ses souvenirs sans réussir à la remettre vraiment. Il l'avait déjà vu au palais dernièrement. Elle devait sans aucun doute être la fille de l'un des nobles ou des conseiller du royaume.

- Lady Ingrid, glissa la Déesse d'une voix suave.

Freya faillit s'étouffer dans son verre de vin lorsqu'elle vit la jeune femme se pencha un peu plus vers son fils, affichant sans vergogne son décolleté plus que plongeant. Mais c'est à peine si son fils réagit, ses yeux bleus perçant résolument fixés sur le visage de la Déesse. A vrai dire il ne semblait pas vraiment intéressé, ni par elle, ni même par cette conversation rudement imposée.

- Lady Ingrid, continua-t-il, avec un petit hochement de tête dans sa direction pour la saluer avec un minimum de révérence dû à son rang. Je n'ai malheureuse pas le temps à consacrer à qui que ce soit en ce moment.

- Oui, oui ! J'imagine bien ! Gloussa la Déesse, sans sembler se refroidir malgré le geste du vif du Dieu pour récupérer son bras. Être le nouvel intendant royal doit vous prendre un temps fou ! Vous devez certainement crouler sous le travail ! Sans parler de la petite et de son éducation ! Vous devez avoir un mal à vous en sortir tout seul parfois !

Loki releva un nouveau sourcil devant elle. Il ne pouvait tout simplement pas s'en empêcher. Est-ce qu'elle faisait exprès de parler aussi fort ? Avait-elle vraiment envi que la salle de banquet toute entière l'entende chaque fois qu'elle ouvrait la bouche ? Surtout si c'était pour lui lâcher des banalités pareilles.

- Mais il est loin d'être seul ma chère Lady, répondit Freya à ses côtés et clouant la jeune Déesse sous son regard acéré.

Et tout le monde se demandait encore où il tenait sa froideur et son regard de glacial, se dit Loki. Certainement pas des géants des Glaces. Non, c'était bel et bien l'héritage de sa mère adoptive.

- Oui, j'imagine, gloussa la Déesse, en semblant ne pas capter les ondes de plus en plus meurtrières de la reine mère pourtant à moins de deux mètres d'elle. Et Loki se demanda si elle savait dire autre que chose que « Oui, j'imagine », et faire autre chose que de glousser. Apparemment non puisqu'elle gloussa encore une fois avant d'ajouter : Je m'inquiétais simplement de la position précaire de notre nouvel intendant concernant l'enfant, voilà tout.

- Précaire ? Demanda Loki en ne pouvant s'empêcher de froncer les yeux cette fois. Sous la table Hanna remua un peu plus sur le bout de ses bottes avant de filer soudainement.

Il aurait aimé passer sa tête sous la table pour savoir exactement où elle comptait filer comme ça mais il craignait soudainement que la Déesse ne prenne son geste pour une quelconque avance. Il commençait enfin à comprendre son petit jeu -n'ayant pas été la première à essayer de le coincer dans un coin sombre du palais pour lui faire les yeux doux-. Et il n'était pas près du tout à lui donner de fausses idées. Depuis qu'il était devenu officiellement intendant royal il s'étonnait de son succès auprès des Déesses les plus jeunes -et les plus stupides-. Toutes semblaient être plus intéressé par sa nouvelle position que par lui, et autrefois il aurait été tenté de jouer de son statut pour ramener des femmes dans son lit aujourd'hui rien n'aurait pu le dégoûter plus que ça. Premièrement parce qu'il avait appris à avoir un minimum de dignité. Et deuxièmement parce que de toute façon il aurait été incapable de seulement les toucher. Et encore moins se laisser toucher.

Kathe était bien trop présente dans son cœur et dans ses pensées pour qu'il se laisse ainsi avoir par les appels de la chair. Après avoir connu l'amour, le vrai, tout le reste lui semblait bien fade et sans intérêt. Et si la plupart des Déesses avaient fini par le comprendre et le laissaient à présent tranquille, celle-ci se montrait plus entreprenante que les autres. Elle semblait avoir reniflé un bon partit et ne semblait pas prête à lâcher le morceau.

- C'est-à-dire mon seigneur, minauda la Déesse, pas le moins du monde subtile. Élever une enfant si jeune tout seul, et alors que – si je puis me le permettre- vous êtes un homme, ne doit vraiment pas être évident. Il faut bien le doigtée doux et délicat d'une femme, d'une épouse, pour stabiliser un foyer. Et pour éduquer comme il se doit un enfant. A moins bien sûr si on veut que l'enfant en question devienne un petit animal sauvage, ajouta-t-elle les yeux brillant et en gloussant comme si ce qu'elle venait de dire était réellement drôle et pas simplement insultant, aussi bien pour lui que pour Hanna.

- Je vous…remercie pour votre inquiétude Lady Ingrid, grinça poliment Loki malgré son effort pour écarter sa chaise de la sienne. Il était subitement très énervé par les paroles de cette petite idiote. Elle venait d'appuyer exactement là où ça faisait le plus mal, utilisant sans le savoir ses doutes les plus affreux pour tenter de le séduire de la plus vile des façons. Il aurait pu être impressionné par ses tentatives de manipulation malicieuse si elles n'étaient pas aussi grossières et cruelles. Mais comme ma très chère mère vous l'a déjà dit, je suis loin d'être seul. Et j'ai toute confiance en ma famille pour m'orienter vers ce qu'il y a de mieux pour ma fille. Nous nous en sortons très bien comme ça.

- Oh ! Mais oui bien sûr, bien sûr ! Continua-t-elle sans voir la manière dont Loki tentait de s'écarter d'elle et de son décolleté plongeant ou la manière dont Freya serrait de plus en plus sa fourchette, à deux doigts de la lui planter dans l'œil. Seulement un père est aussi un homme n'est-ce-pas ? Quelle tristesse de vous savoir si seul ! Vous êtes encore si jeune, et déjà veuf ! Même si vous n'étiez pas vraiment marié à l'humaine m'a-t-on dit. Je... Ah ! Qu'est-ce que c'est ?! Cria-t-elle soudainement, sa tirade assassine violemment coupée alors qu'elle faisait un bond d'un mètre sur sa chaise tout en soulevant la nappe devant elle.

Loki se pencha pour voir sa fille sereinement installée en tailleur aux pieds de Lady Ingrid, barbouillant joyeusement ses orteils de son reste de sandwich au fromage à travers ses sandales ouvertes. Il lui rendit son petit sourire victorieux, et fut parfaitement conscient de sa mère lâchant un « brave petite » derrière sa main alors qu'elle essayait mieux que lui de ravaler son amusement.

- Le petit monstre ! S'exclama Lady Ingrid.

- Je ne vous permets pas, gronda dangereusement Loki sans chercher à empêcher sa fille d'écraser à nouveau un morceau de fromage sur les pieds de la Déesse. Je vous rappelle que ce « monstre » comme vous dites n'est autre que votre future reine. Je vous demanderai donc d'avoir un peu de respect.

Cette fois la Déesse ne put rester inconsciente plus longtemps du ton parfaitement glacial et quasi meurtrier du Dieu du Chaos à côté d'elle. Et elle trembla de frayeur lorsqu'il se pencha lentement vers elle pour lui souffler d'une voix parfaitement menaçante :

- A présent j'aimerai que vous déguerpissiez de la tablée royale ma Lady, car vous n'y êtes pas invité. Et la prochaine fois que je vous entends insulter ma fille, ou mes capacités à l'éduquer convenablement, je m'arrangerai pour que vous et toute votre lignée soyez envoyés dans l'uns des royaumes les plus éloignés de l'empire. A vrai dire je suis actuellement à la recherche d'un nouveau gouverneur à envoyer à Jotunheim, continuez comme ça et vous aurez une toute nouvelle position au sein de la cour. Mais pas forcément celle que vous espérez tant.

- Vous…Vous…, bégaya Lady Ingrid, tétanisée de terreur sous les yeux de son supérieur royal qui devenait plus dangereux à chaque seconde. Elle n'osa même pas réagir quand Hanna commença à essayer ses petites mains sur sa robe pour se débarrasser des derniers restes de son sandwich.

- Vous n'avez pas compris ? Grinça Loki. Levez-vous et partez d'ici. Et à l'avenir ne vous approchez plus ni de moi, ni de ma fille; votre stupidité risque fort d'être contagieuse.

La Déesse se releva aussitôt en tremblant et c'est presque en titubant d'angoisse qu'elle commença à s'échapper.

- Et par tous les ancêtres, apprenez donc à vous habillez un peu plus décemment jeune fille, lui siffla-t-il encore, pas suffisamment fort pour que les invités l'entendent, mais suffisamment méchamment pour l'humilier une dernière fois avant qu'elle ne disparaisse dans la foule.

Quand il fut sûr qu'il ne la reverrait pas de sitôt Loki se vautra lourdement dans sa chaise en poussant un très long soupir de fatigue et d'agacement mélangé. Freya lui tapota gentiment la main et lui lançant un petit regard satisfait.

- Je suis fière de toi mon fils, lui dit-elle.

- Pourquoi ? se renfrogna-t-il. Pour avoir insulté une jeune femme ? Pour avoir menacé toute sa famille ? Ou pour l'avoir effrayé au point qu'elle n'osera certainement plus parler à un homme pour les cent prochaines années ? lâcha-t-il nerveusement tandis qu'il aidait Hanna à sortir de dessous la table. Cette dernière escaladant ses genoux pour finalement se glisser entre ses bras et lui imposer un câlin de réconfort malgré lui.

- Pour ne pas l'avoir tué sur place au moment où moment elle à insulter ta fille.

Il lâcha un petit rire à peine amusé, ses doigts fins glissant dans les mèches soyeuses d'Hanna pour tenter de dompter sa chevelure éternellement en pagaille.

- Je suis étonné que tu ne l'aies pas assassiné toi-même lorsqu'elle a insinué qu'on était incapable d'éduquer Hanna comme il faut sans son aide.

Freya lui fit un simple geste impatient de la main, préférant passer sous silence qu'elle avait bien été à deux doigts de sauter sur la table pour lui enfoncer la tête dans les restes de l'assiette de Thor.

- Elle est vilaine la dame, lâcha alors sa fille tout en s'installant sur ses genoux, ses petites mains attrapant un fruit sur la table pour croquer dedans. Le goût ne sembla pas lui plaire du tout parce qu'elle grimaça, le lâcha et en choisi un nouveau. Et elle fait semblant. Dans sa tête je pouvais voir qu'elle ne voulait que s'asseoir sur la grande chaise dorée et faire la belle.

Loki et Freya tiquèrent, sachant pertinemment qu'à chaque fois qu'Hanna parlait de « la chaise dorée» elle voulait en réalité parler du trône. Ils avaient donc bien deviné ses intentions. Et encore une fois Loki ne put qu'être fière devant la compréhension et les pouvoirs psychiques de sa fille. Il attendait de voir de nouveau crétin essayer de la mener en bateau à l'avenir et se jurait d'être assis au premier rang pour la regarder percer tout leur secret et les remettre méchamment à leur place. En grandissant elle apprendrait certainement d'autre technique d'éloignement et de vengeance qu'un barbouillage de doigts de pieds au fromage. Par tous les ancêtres qu'il l'aimait et l'admirait !

- Je te crois ma petite chérie, minauda Freya en lui lançant un regard tendre, ses réflexes de grand-mère la poussant à attraper les mains de la petites avec sa serviette pour y essuyer machinalement les restes d'orange et de poire. Et malheureusement tu risques de rencontrer encore beaucoup de méchantes personnes comme cette jeune imbécile.

- Elle n'est pas si terrible, lâcha Hanna en regardant sa grand-mère très sérieusement du haut de son perchoir sur les genoux de son père.Elle ne me fait pas plus peur que les méchants voiles noirs aux yeux de feu qui n'arrêtaient pas d'embêter maman. Elle m'a appris à me défendre contre eux ! Je suis sûr que je suis assez forte pour me défendre ici aussi.

- Je n'en doute pas un seul instant ma douce, souffla tendrement Freya, sans réussir à cacher la tristesse de son regard ou son petit coup d'œil vers Loki qui s'était soudainement crispé en entendant sa fille parler de l'enfer et … de sa mère.

Hanna ne parlait que très rarement de son expérience en enfer et si elle avait toujours répondu aux questions de sa famille, ou des guerriers qu'elle respectait le plus, elle préférait en règle générale faire comme si tout ceci n'était jamais arrivé. Elle n'était pas particulièrement effrayée face à tous ses souvenirs démoniaques. A l'époque cela lui avait semblé être une vie normale, mais elle sentait bien qu'ils étaient tous mal à l'aise dès qu'elle en parlait. Et son père se crispait toujours de la tête aux pieds chaque fois qu'elle y faisait allusion, ses yeux bleus dansant d'une rage contenue et de milles promesses de vengeance. Et comme elle n'aimait pas quand il était trop énervé -pas que ce soit tourné vers elle ou qu'il lui face peur-, Hanna gardait le plus souvent le silence sur tous ce qui concernait l'enfer et les démons.

Et pour ce qui était de sa mère… Hanna pouvait presque sentir le cœur de son père se briser une nouvelle fois dans sa poitrine chaque fois qu'elle y faisait allusion. Elle avait bien essayé de le réconforter, de lui dire que sa maman allait bien et qu'elle serait très bientôt de retour près d'eux, il n'avait pas semblé être seulement capable de l'entendre. Elle voyait qu'il l'aimait de tout son cœur et qu'il souffrait de ne pas l'avoir tout près de lui. Et quand il la prenait dans ses bras elle pouvait sentir que c'était sa maman qu'il essayait d'avoir contre lui, comme si sa présence à elle seule pouvait l'aider en remplir le vide immense qu'elle sentait tout au fond de lui. C'est pourquoi elle essayait d'être toujours à ses côté, prête à lui faire des câlins de réconfort comme sa mère le faisait avec elle en enfer. Mais la douleur ne disparaissait jamais complètement, et même s'il était plutôt bon acteur et qu'elle avait du mal à lire dans ses pensées, il ne pouvait pas totalement se cacher derrière son masque devant elle. Elle était plus maligne que ça, comme il aimait si souvent le lui dire.

- Ta maman devait être vraiment très courageuse pour se battre contre les voiles d'ombres. Et elle a vraiment bien fait de t'apprendre à te défendre comme une grande, continua doucement Freya en lançant un regard inquiet à Loki.

Elle savait qu'ils ne pourraient pas ignorer le souvenir de l'humaine pour toujours, même si cela signifiait raviver la douleur de son fils. Hanna avait besoin de se souvenir de sa mère, et de chérir tout ce qu'elle lui avait appris. Jusque-là la reine mère devait avouer que l'humaine avait fait du très bon travail dans l'éducation de la petite, considérant le contexte et sa situation déjà particulièrement précaire. Elle avait élevé une petite chipie encore un peu sauvage mais il ne fallait pas s'en étonner quand on savait qu'Hanna était née en enfer. Seulement la petite était aussi d'une gentillesse infinie. Elle avait toujours un geste ou un mot gentil et elle passait son temps à rire et à courir joyeusement dans tous les sens. Il fallait bien que quelqu'un lui ait offert de l'amour et de la tendresse pour rendre l'enfant aussi douce et heureuse. Elle se demandait encore comment l'humaine avait pu réussir un tel miracle, surtout après sa propre damnation. Après les démons étaient connus pour leur incapacité à aimer. Mais pas la reine des enfers apparemment. Son amour pour sa fille avait été plus fort que toutes les malédictions démoniaques des enfers. Humaine, elle avait dû avoir un cœur immense et puissant pour réussir à le conserver suffisamment intacte en enfer. Un cœur si fort qu'elle avait même réussi à attendrir son fils, le Dieu du Chaos et de la Malice. Un exploit jusque-là encore jamais atteint. Par aucune Déesse d'Asgard ou d'ailleurs. Même elle n'avait jamais vraiment réussir à éteindre la colère profondément enfuit en lui. Mais l'humaine avait réussi là personne où tous avait échoué.

Freya était vraiment impressionné par Kathe, même sans vraiment la connaître. Et elle remerciait chaque jour les ancêtres et l'Univers pour sa présence auprès de son fils. Et pour cette petite fille incroyable qu'elle leur avait à tous offert.

- Maman est la plus courageuse ! Elle n'a peur de rien ! Et je suis sûr qu'elle réussira à éloigner toutes les méchantes dames autour de papa quand elle rentrera ! S'exclama Hanna le plus naturellement du monde.

Freya sursauta et se retourna vivement vers Loki. C'était la première fois qu'elle entendait Hanna dire une chose pareille. Pourtant son fils réagit à peine, se contentant de froncer doucement des yeux devant sa fille.

- Hanna, on en a déjà parlé, souffla-t-il doucement en lui caressant tendrement la joue du bout des doigts. Ta maman est dans l'entre-monde à présent. Il déglutit difficilement avant de continuer dans un murmure douloureux : Elle ne reviendra pas.

Hanna fit la moue, fronçant elle aussi des yeux devant lui.

- Mais je t'ai dit que je l'ai vu, dit-elle sans se laisser impressionner par la grimace d'agacement de son père. Dans un rêve ! Elle va revenir !

Freya les regardait l'un et l'autre avec des yeux écarquillés à présent, n'osant croire sa petite fille, mais tiquant tout de même devant la façon avec laquelle Loki balayait ses paroles d'un simple revers de la main.

- Oui, et tu m'as aussi dit que dans ton rêve c'était Volstagg qui allait la rattraper alors qu'elle allait tomber du plafond et qu'elle allait lui sourire et le remercier avant de lui voler son verre d'hydromel pour le boire cul sec, lâcha-t-il, légèrement à bout de patience. Il n'aimait vraiment pas avoir cette conversation avec Hanna; encore une fois. C'était bien trop douloureux. Ça n'a pas de sens. Ce n'était qu'un rêve.

- Non ! Je sais que ça va arriver ! Je l'ai vu ! Insista plus fort la petite.

- Loki, tu ne crois pas qu…, commença Freya, prise d'un sérieux doute devant l'insistance de l'enfant.

- Laissez mère, elle ne sait pas ce qu'elle dit. Elle m'a raconté ce fameux rêve plus d'une fois et croyez-moi il est tellement farfelu que ça ne peut-être que ça : un rêve, la coupa-t-il en lançant un regard fâché à Hanna, qu'elle se fit une joie de lui rendre.

- Tout de même, elle est l'enfant de la prophétie, la maîtresse du Cube, souffla doucement Freya. Peut-être à t'elle la capacité de voir le futur…

Loki lui lança un regard à la fois dangereusement énervé et douloureux.

- Vous savez aussi bien que moi que personne ne revient jamais de l'entre deux, grinça-t-il entre ses lèvres fines. Vous n'allez pas vous aussi vous mettre à soutenir ses fantasmes illusoires. Hanna veut juste retrouver sa mère, c'est normal qu'elle s'invente des rêves où elles pourront se retrouver.

- Tu m'embête ! Tu ne veux jamais me croire quand je te parle de mes rêves ! Se plaignit la petite en cherchant à se dégager des bras de son père.

Voyant bien qu'il l'avait énervé autant qu'elle l'avait énervé, Loki n'eut pas le cœur à la forcer à rester. Ils allaient certainement avoir besoin de quelque minute pour se calmer tous les deux dans leur coin avant de pouvoir à nouveau se parler calmement. Ils avaient vraiment le même sale caractère, se dit-il.

- Moi « aussi » ? Demanda Freya alors qu'elle suivait des yeux Hanna tandis qu'elle filait à travers la salle du banquet pour rejoindre Sif et Volstagg. Tu veux dire que quelqu'un d'autre crois en ce rêve.

Loki soupira lourdement, s'enfonçant encore un peu plus dans son siège si cela était possible.

- Oui, grogna-t-il. Heimdall est persuadé qu'elle a le don de troisième vue et qu'elle est capable de prédire le retour de sa mère.

- Loki ! Mais c'est une nouvelle merveilleuse ! S'exclama Freya, ses yeux se noyant déjà de larmes et d'espoir.

- Ce n'est qu'un rêve, insista plus durement encore Loki. J'ai demandé à Heimdall s'il était capable de voir Kathe. Si, comme Hanna l'affirme, elle est bien quelque part là-haut et qu'elle va bientôt revenir, il aurait normalement dû sentir sa présence. Mais Heimdall est resté incapable de la voir. Ni son corps, ni même son esprit. Il n'y a rien là-haut. Il ne reste rien de Kathe. Elle ne peut pas revenir, parce qu'elle n'est plus ! Finit-il cracher.

Et il en était parfaitement convaincu. Après tout, même son fantôme, qui l'avait pourtant suivit partout depuis qu'il avait quitté la Terre, avait fini par disparaître lui aussi. Il ne l'avait pas revu depuis qu'Hanna avait utilisé le Cube pour détruire le Roi Démon -et le Bifröst avec- et il devinait qu'il ne la reverrait plus jamais. En mourant Kathe avait brûler ce qui lui restait de son essence et de son esprit dans le vide de l'Univers. Le simple fait que son fantôme soit resté suffisamment longtemps pour le conduire à sa fille et l'aider à combattre le Roi Démon était déjà un exploit. Il devinait que la marque qu'il lui avait apposé alors qu'elle encore humaine sur Terre lui avait permit d'emmener ce fragment d'elle avec lui à travers les étoiles. Mais en mourant, sa damnation détruisant son esprit et son essence, même cette part fantomatique de Kathe avait fini par disparaître dans le néant de l'entre monde.

Il ne savait pas encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Il aurait aimé pouvoir continuer à contempler son beau visage pour l'éternité. Mais il savait aussi qu'il aurait par devenir fou de ne pouvoir la toucher.

Non.. il ne restait absolument plus rien d'elle. Et c'était mieux ainsi.

- Mais…, commença-t-elle avant qu'il ne la coupe durement.

- Non ! Ce n'est qu'un rêve d'enfant, et je ne veux plus en parler. Il se calma aussitôt devant le regard choqué et douloureux de sa mère. S'il-vous-plait mère…., continua-t-il d'une voix plus calme, plus brisée. Je…Je ne veux pas de faux espoir. Personne ne peut revenir de là où elle est. Et imaginez le contraire, alors que je sais que c'est impossible, c'est…C'est trop douloureux mère.

- Loki…, souffla Freya dans un murmure tout aussi brisé que le nouveau soupir de son fils. Mais devant la douleur de ses yeux clairs, alors qu'il la regardait avec toute la souffrance d'un homme ayant perdu à jamais la femme qu'il aime, la mère de son enfant, la reine mère ne trouva rien à dire de plus.

- Laissez mère, lâcha-t-il finalement en fermant les yeux quelque seconde pour reprendre contenance. Quand il les rouvrit, ils avaient repris leur apparence terne et vide, le masque à nouveau bien en place. Il n'y a rien à dire de plus. Maintenant si vous voulez bien m'excuser je dois encore profiter de cette soirée pour discuter avec quelque conseiller concernant le départ de Thor.

C'était clairement une tentative d'évasion de sa part mais Freya le laissa faire, se contentant de glisser une main tendre sur la sienne alors qu'il se relevait doucement à côté d'elle. Il lui serra la main rien qu'une seconde, refusant de croiser son regard, avant de se faufiler entre les tables pour rejoindre les sages d'Asgard.

La reine mère aurait tellement aimé effacer à tout jamais la souffrance de son fils, mais savait également que rien de ce qu'elle pourrait tenter ne marcherait. Il n'y avait que le retour de son amour pour lui rendre sa joie de vivre.

Les paroles d'Hanna résonnèrent encore longtemps dans son esprit, un brin d'espoir perçant les ténèbres de ses pensées à l'idée que peut-être, seulement peut-être, sa petite fille avait bel et bien vu l'avenir dans l'un de ses rêves. Après tout Heimdall lui-même la croyait sur parole, et il était le dernier d'une longue lignée ayant le don rare et puissant de troisième vue. Bien sûr il était lui-même incapable de voir l'avenir, son pouvoir se limitant à la vision de l'Univers tout entier. Mais tout de même. Il était celui le plus à même de comprendre comment les pouvoirs d'Hanna fonctionnaient. Et il la croyait. Il croyait en ses rêves.

Elle pouvait donc bien y croire elle aussi, quoi qu'en dise son fils. Ce dernier trop blessé pour se laisser aller à un tel espoir… Il était dans le déni, cela ne faisait aucun doute.

Mais Freya voulait encore espérer. Pour son fils, pour Hanna, et pour elle-même aussi. Elle voulait le retour de Kathe parmi eux. Elle voulait rencontrer cette jeune femme si courageuse et incroyable. Elle le voulait tellement qu'elle commença à prier l'Univers silencieusement. Prier pour que les rêves les plus fous d'Hanna se réalisent. Prier pour que son fils retrouve son humaine. Prier pour qu'elle leur revienne. Enfin. Et elle pria pour garder cette étincelle d'espoir tout au fond de son cœur.

Oui, Freya avait de nouveau l'espoir.

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.

.

Thor repartit sur Terre quelque semaine plus tard. Une cérémonie lui fut consacré et tout un attroupement d'amis, de noble et de guerriers l'accompagnèrent jusqu'au Bifröst pour l'embrasser et lui dire aurevoir. Hanna s'accrocha longuement à sa cape flamboyante, trottinant derrière lui en lui posant milles et unes questions sur la Terre, tout en lui faisant promettre que la prochaine il l'emmènerait avec lui. Il le lui promit bien sûr, échangeant un regard avec Loki qui hocha de la tête doucement comme pour donner son consentement. Il tenait lui-même à ce qu'Hanna se rende un jour sur Terre, la planète originelle de sa mère. C'était, après tout, aussi les origines de sa fille. Il aimait à penser qu'il aurait aussi un jour l'occasion de l'emmener sur Jotunheim. Ce royaume faisait également partit de son histoire, et comme toutes planètes de l'empire des Dieux Hanna devrait bien un jour apprendre à échanger avec leurs peuples et leurs coutumes.

Il comptait tout de même empêcher les Jotuns d'appliquer le rituel des scarifications à sa fille, malgré son statue royale qui l'imposait normalement à tout enfant ayant du sang de Géant des glaces. Il réduirait la planète toute entière en cendre si un seul de ses occupant tentait d'approcher un couteau aiguisé vers Hanna.

Sa mère et sa fille embrassèrent longuement Thor, et il attendit patiemment d'avoir lui-même l'occasion de serrer l'avant-bras de son frère et d'échanger avec lui une tape d'amour fraternel sur son épaule. Ils étaient des hommes, ils n'allaient certainement pas s'embrasser longuement l'un et l'autre. Et ce malgré leur complicité si chèrement retrouvée.

Thor leur promis de revenir aussi souvent que possible, même si Freya et Loki se doutait qu'il serait partit pour un bon moment. Il y avait des rumeurs venant de la Terre, de combats épiques et d'aventures dangereuses. Et Loki se demanda encore comment un si petit monde faisait pour attirer autant de problèmes. Personnellement il était plus que ravie de rester en retrait concernant ce royaume en particulier, ne voulant pas risquer de contaminer une nouvelle fois Asgard avec les mauvaises ondes issues de ce monde.

Avec de la chance leur dérèglement climatique pousserait très bientôt tous les humains à l'extinction. Même si cela lui piquait le cœur de voir sa fille perdre ses racines, et l'empire de perdre un allier de plus en plus puissant. Seulement Loki serait ravie d'avoir enfin l'esprit tranquille. Penser à la Terre le mettait toujours dans un drôle d'état, mélange d'agacement, de douce nostalgie, de rage et de désespoirs.

Heimdall profita du départ de Thor pour montrer à Hanna comment utiliser le Bifröst, lui permettant même de se tenir entre lui et son immense épée, les toutes petites mains de l'enfant l'aidant à abaisser l'arme dans le mécanisme du pont étoilé. Elle ria et cria de plaisir quand la puissance d'Asgard toute entière se mit à courir sous ses paumes et c'est en criant un dernier au-revoir télépathique à son oncle adoré qu'elle le regarda partir à travers l'espace.

- Hooooo ! C'était trop géniaaaaaal ! Cria encore Hanna, ses grands yeux bleus fixant avec fascination la puissance du pont arc-en-ciel et la boule d'énergie qui emmenait Thor de l'autre côté de l'Univers. Loki leva les yeux au ciel, reconnaissant l'une de ces expressions terriennes qu'elle tenait sans aucun doute de sa mère. Encore ! S'exclama-t-elle ensuite. Et elle se tourna presque avidement vers les nobles, les scannant les uns à la suite des autres comme pour décider lequel d'entre eux elle allait balancer en premier dans le Bifröst.

Tous reculèrent d'angoisse, commençant à bien connaître les petites farces malicieuses de leur future reine. Elle était loin d'être cruelle et ne mettait jamais vraiment quiconque en danger. Seulement ils savaient aussi qu'elle adorait se rire d'eux à leur dépend – tout comme son père- et qu'elle n'hésiterait pas à mettre sa petite idée à exécution du moment que cela pouvait lui apporter de l'amusement – tout comme son père encore une fois-.

- Non, ça suffit pour aujourd'hui, intervint Loki en l'attrapant par la main alors même qu'elle s'approchait en sautillant d'un jeune conseiller terrorisé pour mieux le pousser dans le vide intersidéral. Laisse donc nos sages tranquilles, on a besoin d'eux sur Asgard, continua-t-il en la prenant dans ses bras avant de continuer plus bas, seule sa fille pouvant l'entendre : Même si je me demande bien pourquoi.

Rassuré d'avoir Loki pour les défendre, la petite troupe de noble et de conseiller suivirent l'intendant royal et leur future reine, remontant lentement le pont pour rejoindre le palais. Hanna fit la moue bien sûr, pas particulièrement ravie d'être éloigné de son tout nouveau jouet. Elle frétilla dans les bras de son père avant de soupirer de défaite quand elle comprit qu'il ne la laisserait pas partir. Il voyait bien à son petit sourire en coin qu'elle serait capable de courir à nouveau vers Heimdall et son épée, juste pour le plaisir de voir à nouveau son pouvoir en action. C'est qu'il le connaissait ce petit sourire. Elle le tenait de lui.

Elle se calma plus rapidement que prévu et s'installa finalement plus confortablement contre lui, ses petites jambes enroulées autour de sa taille, ses bras autour de son cou, tout son poids reposant sur le côté de sa hanche. Elle lui offrit un petit sourire ravissant avant de poser tranquillement la tête sur son épaule, ses yeux curieux suivant les reflets du pont arc-en-ciel sous les bottes de son père.

Finalement de retour au palais, après une longue balade où Hanna en profita une nouvelle fois pour poser tout un tas de question sur Asgard, sa faune et sa flore,Loki fut décida d'organiser un simple repas en famille et ami pour terminer la journée. Il en avait assez des banquets royaux officiels à cent cinquante invités.

Freya avait alors insisté pour que l'enfant enfile l'une de ses nouvelles tuniques aux milles couleurs pastelles après son bain, coiffant ses cheveux noirs de broche en or. Hanna couru dans tous les sens pendant tout le temps qu'il fallut pour la préparer, inondant la salle d'eau, et sa grand-mère au passage, avant de se jeter une nouvelle fois dans les bras de Loki lorsqu'il revint enfin la chercher.

Il avait eu l'intelligence de se faufiler hors de porté du joyeux chaos de son enfant, profitant de ces quelques instants de tranquillité pour se débarrasser de sa tenue d'apparat et enfiler lui-même quelque chose de plus décontracté, bien que toujours aussi sombre et aussi verte. En passant près de lui Freya le maudit en lui faisant les gros yeux, s'exclamant qu'elle refuserait de s'occuper une fois de plus d'Hanna s'il osait encore l'abandonner en pleine bataille -les toilettes de l'enfant prenant toujours des proportion quasis épiques-. Seulement sa mine dangereuse et ses yeux froncés étaient rendus presque pitoyables avec ses cheveux mouillés en pétard au-dessus de sa tête, sa coiffe en or de travers et ses robes froissées et complètement trempée. Loki lui lança une grimace contrite mais n'osa rien promettre – ravi de laisser l'honneur de ce calvaire à Freya aussi longtemps que possible… Jusqu'à ce qu'Hanna soit en âge de se débrouiller toute seule si possible-. Après tout la toilette et l'habillement était une histoire de femme. Et il savait aussi que Freya ne lui faisait absolument pas confiance pour habiller sa fille de manière décente de toute façon. La dernière fois qu'elle l'avait laissé faire Hanna s'était retrouvé à porter une tenue de garçon -à sa demande- avec un haut rouge écarlate et un pantalon vert émeraude – aussi à sa demande-, ses cheveux bouclés presque dressé au-dessus de sa tête après qu'il ait essayé en vain de la coiffer. Hanna avait été ravie du travail soigné de son chère papa, Freya beaucoup moins.

La reine mère les laissa rejoindre la salle à manger familiale tandis qu'elle partait elle-même se faire une petite toilette, priant pour réussir à récupérer sa coiffure avant le début du repas. Elle n'avait certes personne à impressionner ce soir, le dîner ne rassemblant que son fils, sa petite fille, les trois guerriers légendaires, dame Sif et Heimdall. Mais c'est qu'elle avait tout de même sa fierté de Déesse !

- Il faut que tu arrêtes d'embêter ta grand-mère, souffla Loki à sa fille alors qu'ils avançaient doucement dans les couloirs du palais. Elle va finir par se fâcher si tu n'es pas plus sage pendant ton bain.

- Mais c'est trop drôle de jouer dans l'eau papa ! Et mamie est trop rigolote quand elle est toute mouillée et fait semblant de s'énerver, se moqua-t-elle gentiment en trottinant à ses côtés, sa petite main dans la sienne.

Loki lui lança un petit sourire en coin.

- Bon très bien, mais ne vient pas te plaindre si elle refuse de t'aider à te préparer la prochaine fois.

- C'est pas grave ! Tu pourras m'aider, toi ! Rétorqua-t-elle du tac au tac. J'aime bien quand tu utilise ta magie dans la salle d'eau ! Comme la fois où tu as fait des vagues dans les bulles et qu'on a glissé tout partout jusque dans la chambre !

- Humph, grimaça-t-il en jetant des regards en coins pour s'assurer que personne ne l'avait entendu. Parfois ses pouvoirs télépathiques étaient si puissants qu'elle se faisait entendre de tout le monde. Tu te souviens aussi qu'on avait promis de ne plus parler de cette histoire ? Si ta grand-mère apprend que c'est moi, et pas sa petite fille adorée, qui a laissé la salle d'eau moussé jusqu'à ce que ça atteigne les étages inférieurs elle risque de m'arracher la tête.

Hanna lâcha un petit rire complice et hocha vivement de la tête pour lui assurer que leur petit secret était bien gardé. Jamais elle n'oserait trahir son papa.

Lorsqu'ils arrivèrent finalement à la salle à manger, Heimdall, Sif et les trois guerriers étaient déjà attablés et n'attendaient qu'eux pour commencer à manger. Volstagg tenait déjà un énorme morceau de viande au bout de sa fourchette, prêt à le dévorer dés que le père et la fille se serait enfin installés. La politesse et le respect du à leur rang l'obligeait à attendre que Loki lance le signal pour commencer à manger. Les autres avaient au moins eut la décence de ne pas remplir leur assiette à ras bord en les attendant.

- Notre reine mère ne se joint pas à nous ? Demanda Sif et regardant Loki s'asseoir devant elle, Hanna prenant place juste à côté de lui. Cette fois la petite prit la peine de s'installer sur une chaise et pas directement par terre.

- Elle a dû faire face à quelque…dégât lors de la toilette d'Hanna, expliqua-t-il en lançant un regard faussement outré vers Hanna- qui se contenta de pouffer de rire dans sa main-. Elle est partie se changer et ne devrait pas tarder. Mais je vous en prie, dit-il encore en tendant la main vers leur grande tablée déjà rempli de mets succulents, ne l'attendez pas et servez-vous.

Volstagg ne se le laissa pas dire deux fois et porta aussitôt son morceau de viande à la bouche, son autre main déjà entrain de sélectionner une cuisse de poulet prête à être dévorée à son tour.

Le repas se passa relativement dans le calme, excepté pour Hanna qui ne cessait de défier Volstagg à un concours du plus gros mangeur. Elle allait sans aucun doute perdre, pensa Loki. Le concours de nourriture certainement la seule discipline dans laquelle il la surpasserait toujours. Pour sa part il mangea plus lentement, discutant avec Sif et Hogun, tandis qu'Heimdall et Fandral discutaient également un peu plus loin. Freya les rejoingnit rapidement et tous passèrent un agréablement moment, se racontant des histoires et n'hésitant pas à profiter de l'absence de Thor pour raconter à Hanna ses aventures les plus désastreuses.

- Quoi ?! Grand-père à exilé tonton sur Terre après sa bêtise sur Jotunheim ?! S'exclama Hanna, la bouge à moitié rempli de mousse au chocolat.

- Oh oui, répondit Freya dans une grimace. Il était vraiment très en colère contre Thor. Il lui a même retiré ses pouvoirs pour l'empêcher d'utiliser son marteau et vivre sur Terre comme un simple mortel. C'était vraiment une sacrée punition. Mais ça lui a fait le plus grand bien.

Hanna sembla hésiter un moment et Loki lui lança un petit regard en coin, se demandant bien se qui pouvait se passer dans sa tête alors qu'elle lançait un regard particulièrement sérieux à sa grand-mère.

- Si je ne suis pas plus sage au bain, commença-t-elle doucement, toi aussi tu vas me punir en me laissant sur Terre sans pouvoir ?

Les adultes autour de la table rirent de bon cœur, la grosse voix de Volstagg dominant toutes les autres avant qu'il ne étouffe sur un morceau de poulet.

- Non, ma chérie, lui sourit tendrement Freya. Même si tu fais des grosses bêtises, personne ne t'enverra de force sur Terre, crois-moi. Mais j'avoue que j'aimerai quand même que tu sois un plus sage à l'avenir, je commence à être à court de robe décente moi.

Hanna se tourna vers son père, son regard interrogateur lui demandant silencieusement de confirmer les dires de sa grand-mère.

- Personne ne te poussera dans le Bifröst sans mon autorisation, petite chipie, lui dit-il. Et comme je serais incapable de vivre sans toi, tu n'as vraiment rien à craindre.

- Et puis, même si vous vous retrouviez un jour toute seule et sans pouvoir sur Terre, les guerriers légendaires et notre chère dame Sif viendrait aussitôt pour vous venir en aide princesse, ajouta Hogun en inclinant respectueusement la tête devant elle de l'autre côté de la table.

- On est bien venu aider ce bon vieux Thor lorsqu'il en avait besoin, enchaîna aussitôt Fandral dans un sourire charmeur. Pour vous, princesse, nous irions à l'autre bout de l'univers et bien plus encore ! Et Sif serait capable de raser des mondes entiers juste pour pouvoir retrouver sa bien-aimée recrue !

- Sans parler qu'Heimdall n'a qu'à regarder les étoiles pour savoir exactement où tu te trouves, aucun risque donc que tu te retrouves un jour toute seule et sans défense, continua la Déesse guerrière avec un petit sourire rassurant. Et c'est vrai que je pourrais détruire des mondes pour te retrouver et te protéger, où que tu sois.

Hanna leur rendit à tous leur sourire, rassurée de ne rien risquer malgré ses nombreuses bêtises. Elle savait bien qu'elle en faisait un peu trop parfois, mais elle ne pouvait tout simplement pas s'en empêcher. C'était bien trop rigolo !

Loki lui passa un bras autour de ses petites épaules pour la serrer tendrement contre lui un instant, prenant garde au passage de ne pas se mettre de la mousse au chocolat sur sa tunique émeraude toute neuve. En la relâchant il en profita pour la débarbouiller avec sa serviette. Hanna faisait de plus en plus d'effort pour rester présentable à table mais elle était encore trop insouciante pour faire attention à quelque chose d'aussi futile qu'un peu -beaucoup- de chocolat sur son visage. C'était déjà un miracle qu'elle ait réussi à garder sa jolie robe toute propre.

Elle sembla sur le point d'ajouter quelque chose quand Volstagg renversa accidentellement l'une de ses assiettes alors même qu'il était entrain de se resservir pour la quatrième fois. Il grogna et se leva de table pour tenter de rattraper une de ses grosses pommes de terre fumées qui roulait déjà loin de la table. Il avait suffisamment de respect pour la nourriture pour ne pas laisser sa pomme de terre en telle disgrâce. Et il comptait bien la manger même si elle décidait de rouler à travers Asgard jusqu'au Bifröst. C'était sa pomme de terre après tout !

Sa corne d'hydromel à la main, sa fourchette dans l'autre, il rattrapa sa patate au milieu de l'immense salle à manger familiale, à mi-chemin entre leur table et les hautes doubles portes menant au reste du palais, totalement inconscient des yeux bleus perçant d'Hanna suivant tout à coup chacun de ses gestes.

- Hanna ? Questionna Loki d'une voix soudainement très sérieuse et particulièrement grave.

Le reste des adultes relevèrent leurs yeux pour fixer l'enfant. Tous sauf Heimdall qui fixait à présent le plafond en écarquillant les yeux de plus en plus. Il fit sursauter toute la table lorsqu'il se releva brusquement, son imposant corps musclé manquant de tout renverser devant lui. Il resta comme tétanisé en bout de table, le nez collé au plafond, ignorant complètement Freya qui lui demandait ce qui se passait.

Loki avait bien capté la réaction étrange du gardien mais ne détourna pas une seule seconde ses yeux de sa fille, les poils sur sa nuque et ses avant-bras se dressant soudainement sur sa peau, tout son être vibrant de sentir la puissance magique de sa fille crépiter violemment juste à côté de lui.

- Hanna ! S'écria-t-il finalement lorsqu'il vit ses yeux se remplir d'une lumière violette puissante alors qu'elle se redressait presque violemment en position debout sur sa chaise, s'accrochant de ses deux mains au dossier et ouvrant en grand la bouche comme pour crier.

- Elle arrive… ! Cria sa voix télépathique.

Son cri fut si fort que tous les adultes autour de la table plaquèrent instinctivement leurs mains sur leurs oreilles, bien qu'ils sachent que cela ne servirait à rien si elle décidait de hurler à nouveau comme ça.

Une bourrasque de vent violent s'infiltra alors par l'ouverture immense offrant une vue panoramique sur la cité et Sif fut la première à voir arriver la lueur bleutée du Cube Cosmique vers eux à toute vitesse.

- Attention ! hurla-t-elle en attrapant Hogun par le bras pour le plaquer à terre avant qu'il ne se fasse fracasser la tête quand le cube passa au-dessus d'eux pour atterrir dans un fracas terrible entre les mains de sa maîtresse.

Les plats et les assiettes volèrent dans tous les sens, la table manquant de se renverser pour de bon tandis que les adultes terminaient de tous se coucher à terre pour se protéger. Loki tenta d'attraper sa fille, cherchant à la protéger sans trop savoir lui-même ce qui était entrain de se passer. Il se retrouva malgré lui projeté en arrière avec sa chaise et ne put rien faire de plus alors que sa fille utilisait le pouvoir du Cube pour lancer une décharge d'énergie directement vers le plafond d'or de la salle à manger.

Le pauvre Volstagg, le seul encore debout car miraculeusement éloigné de la table, sa corne d'hydromel dans une main et sa patate au bout de sa fourchette dans l'autre, regarda avec effarement la puissance du Cube ouvrir un portail cosmique à quelque mètre seulement au-dessus de sa tête. S'il ne fut pas aspirer comme une vulgaire mouche par la puissance du portail ce fut uniquement grâce à ses centaines de kilos -dont il était particulièrement fière- qui le clouait au sol alors que ses compagnons d'armes se retrouvaient obligés de s'accrocher aux pieds de l'immense table pour ne pas risquer de s'envoler comme des feuilles. Son poids monumental avait toujours été un avantage et non un inconvénient sur le champ de bataille, quoi qu'en dise ses compagnons, et à cet instant ce fut la seule chose qui lui sauva la vie.

Le portail cosmique s'ouvrait comme une bouche béante au-dessus de lui, ses rebords semblant se courber sur eux-mêmes tandis qu'un vide sidéral semblait vouloir aspirer la pièce toute entière. Il perdit sa fourchette et sa patate, hurlant un cri de désespoir quand elles disparurent à travers le portail et posa instinctivement sa main au-dessus de sa corne d'hydromel pour empêcher la précieuse liqueur de s'envoler à son tour. Dans les bourrasques de vent d'énergie, sa barbe et ses cheveux roux s'envolant dans tous les sens, il réussit à distinguer Hanna qui lui faisait de grand geste dans sa direction. Elle tendait les deux bras en avant, l'une de ses paumes tenant fermement le cube malgré sa petite main, l'autre tourner vers le haut, doigts parfaitement écartés.

- Rattrape là ! Lui hurla-t-elle de toute sa puissance télépathique au point presque de lui faire plier les genoux et de lui exploser la tête.

« Quoi ? Ma patate ? » Se demanda bêtement Volstagg au milieu du Chaos, alors même que les adultes qui s'étaient réfugié sous la table le regardaient tous avec des grands yeux. Hormis Loki qui s'acharnait à rester sur des deux pieds, tout son corps poussant en direction de la chaise de sa fille pour tenter de rester près d'elle. Tout allait trop vite pour lui -comme pour tout le monde- et la puissance quasi destructrice de l'enfant l'électrocutait littéralement de la tête pieds, mais qu'il soit dépecé vivant s'il n'essayait pas par tous les moyens de la protéger.

Elle n'avait jamais utilisé le Cube de cette façon, et il n'aimait absolument pas la manière dont ses yeux semblaient brûler d'énergie violette, sa bouche grande ouverte comme tordue par un hurlement terrible mais muet. La dernière fois qu'il avait eut aussi peur pour elle c'était quand elle s'était retrouvée prisonnière de la poigne du Roi démon.

- Non pas la patate ! Cria Hanna dans la tête de tout le monde, et tous sans exceptions se demandait ce qu'elle voulait bien entendre par là dans un moment pareil.

Seul Volstagg comprit sa réponse à sa question mental, retenant malgré lui une petite larme en comprenant que sa patate était perdue à tout jamais dans le vide de l'autre côté du portail. Seulement il faisait aussi confiance aux nombreux dons de la maîtresse du Cube, il choisi de suivre ses ordres et imita ses gestes en tendant lui aussi ses bras devant lui. L'une de ses mains tenait toujours fermement sa corne d'hydromel, ses yeux écarquillés de terreur surveillant le liquide qui menaçait de s'envoler à son tour, tandis que son autre main s'ouvrait dans le vide.

Son geste sembla convenir à l'enfant car elle lui lança un hochement de tête avant de lever les yeux au plafond d'or et de fixer le portail creusant un trou béant au milieu de sa voûte. Le portail semblait se refermer lentement, l'énergie du Cube bien qu'infinie et inégalé, ne semblait pas être suffisante pour le garder ouvert sous les brusque envolée d'onde magique crépitant partout dans la salle à manger.

- MAMAN ! Hurla alors Hanna en levant ses petites mains au ciel alors que Loki arrivait enfin à s'approcher suffisamment d'elle pour enrouler l'une de ses grandes mains autour de son bras libre.

Lorsqu'il entendit dans son esprit l'appel quasi désespérée de sa fille il se tétanisa sur place et leva les yeux instantanément vers le portail, son regard fixant le noir total de l'autre côté. Son cœur se crispa de douleur dans sa poitrine, car il ne voyait rien et fut il une seconde convaincu qu'Hanna était entrain de tous les mettre en danger pour rien. Il n'y avait que les ténèbres de l'autre côté de l'ouverture. Puis son cœur eu un violent raté, chutant presque violemment dans sa poitrine, avant de repartir à toutes vitesse alors qu'il lui semblait tout à coup distinguer une flamme violente et particulièrement vibrante filant à travers le vide au-dessus de leur tête.

La flamme semblait se battre avec la même force gravitationnelle qui semblait tous vouloir les repousser sous le portail -excepté Volstagg, bien trop lourd pour que cette gravité magique ait la moindre emprise sur lui-. Loki s'accrocha plus fermement au bras de sa fille, inconscient pendant un moment de la force de sa prise. Il aurait pu la blesser. Seulement il profita aussi en même temps qu'elle de la puissance du cube pour éviter de se faire emporter, la chaise d'Hanna la dernière encore debout autour de la table à présent vide, tout son continue balayé et envolé à travers le portail. Les autres profitaient que la table en chêne massif soit vissée aux dalles de pierre pour ne pas s'envoler. Le Dieu du Chaos serra les dents et ancra ses bottes au sol, le nez collé au plafond, ses cheveux lui fouettant le visage sous les bourrasques de puissance magique dégagées par sa fille. Pour une fois il ne s'occupait pas d'elle, ne la regardait même pas, tout son être et toutes ses pensées tournées vers cette flamme puissante qui s'approchait de plus en plus vite du portail à mesure que celui-ci semblait également se refermer de plus en plus vite. Ce fut alors plus fort que lui, un appel aussi désespéré que celui de sa fille franchit la barrière de ses lèvres fines pour aller résonner à travers tous le palais et le portail inter-dimensionnel.

- KATHE !

Et elle sembla les entendre, leur appel combiné comme un coup de fouet puissant qui fit exploser la flamme en une immense boule de feu de l'autre côté du portail.

Le cube cosmique craqua dangereusement dans la main d'Hanna et elle fut obligé de le lâcher avant qu'il ne se brise sous son pouvoir. Même lui ne pouvait continuer d'user autant de puissance pour maintenir le portail ouvert entre ce monde et l'entre-deux. C'était déjà un miracle que le portail se soit ouvert, le Cube ayant lui aussi ses limites malgré son immense pouvoir associé à celui de l'énergie noire d'Hanna.

Il y eut un éclair violent, un prisme de lumière éclatant de toute part et les forçant tous à fermer les yeux pour ne pas risquer de se brûler la rétine. Et Loki eut juste le temps de voir la boule de feu exploser derrière le portail avant qu'il ne se referme violemment.

L'onde de choc qui suivit les repoussa tous en arrière, Hanna elle-même poussant un cri alors que son père la tirait sur lui et refermait durement ses bras autour d'elle pour la protéger. Le Cube retomba au sol en tournoyant follement, l'écho de sa puissance vibrant encore une seconde dans un grondement qui fit trembler tout le palais avant qu'il ne s'immobilise totalement, son pouvoir s'estompant peu à peu. La boule de feu avait réussi à passer le portail in extrémiste et ses flammes gonflèrent et grondèrent en vagues brûlants qui allèrent lécher le plafond d'or avant de disparaître à leur tour le long des murs.

Un silence sourd retomba et Loki eut juste le temps de se redresser contre le rebord de la table, Hanna parfaitement enfouit entre ses bras, lorsqu'il vit une fine silhouette apparaître là où les flammes avait fini d'exploser. La silhouette sembla se libérer des dernières attractions gravitationnelles du portail et retomba dans une envolé de robe banche et de long cheveux bruns et bouclé directement dans les bras tendus de Volstagg.

L'énorme guerrier ne fléchit même pas sous le poids de plume de la femme à présent entre ses bras, cette dernière s'étant accrochée machinalement à ses larges épaules. Elle le regarda avec de grands yeux aussi éberlué que le sien. Il se passa encore une seconde de silence pesant avant que l'apparition n'ouvre enfin la bouche.

- Bonjour, lui dit-elle d'une voix claire et douce et le plus naturellement du monde. Merci beaucoup de m'avoir rattrapé.

Complètement sous le choc, et alors que le reste de la salle se redressait lentement, sans réussir à croire ce qu'il venait de se passer, Volstagg s'apprêtait à ouvrir à son tour la bouche pour lui répondre bêtement mais gentiment qu'il était toujours là pour aider les demoiselles en détresses quand elle le coupa vivement en remarquant sa corne d'hydromel dans ses mains.

- Oh ! Vous permettez ? Demanda-t-elle en direction du liquide dorée sans pour autant attendre sa réponse avant de glisser de ses gros bras jusqu'au sol et de s'emparer de la corne pour aussitôt la porter à ses lèvres et la vider cul sec. Vous n'imaginez pas à quel point je meurs de soif ! Les flammes démoniaques c'est pratique mais qu'est ce que ça donne chaud !

Il y eut encore une micro seconde de silence stupéfait alors qu'elle lui rendait sa corne avec un grand sourire, puis Hanna poussa un cri strident qui résonna violemment dans la tête de tout le monde. A tous les coups elle avait été entendue dans neuf royaumes réunis.

- Maman ! Cria-t-elle en repoussant presque violemment les bras de son père autour d'elle pour courir vers l'apparition et se jeter toute entière dans ses bras.

- Hanna mon bébé ! Cria à son tour la jeune femme en robe blanche alors qu'elle se jetait elle aussi dans sa direction pour l'attraper au vol et la serrer vivement contre elle, ses longs cheveux en pagaille s'emmêlant à ceux plus sombres de sa fille alors qu'elles s'embrassaient encore et encore en riant et en pleurant toutes les deux.

Loki quant à lui resta tétanisé.

Il ne vit même pas les autres se relever difficilement autour de la table, prenant appuis sur ce qui restait de chaises et de table, ni même Volstagg qui plongeait un œil attristé au fond de sa corne d'hydromel en reniflant. Il venait encore de se faire voler son repas et sa boisson. Telle mère, telle fille, pensait-il pendant que Loki cherchait tout simplement à réapprendre à respirer, son cœur battant si durement sous sa cage thoracique que ça en devenait presque douloureux.

Finalement il réussit à reprendre une inspiration tremblante, quasi gémissante, lorsque Kathe releva enfin le visage du cou de sa fille pour plonger ses yeux marrons dans les siens.

Il pouvait sentir sa puissance de reine des enfers, son feu démoniaque lui offrant une prestance dépassant son humanité originelle. Et pourtant elle ne se parait d'aucun des traits déformé ou carbonisé des démons – pas qu'il en ait quelque chose à faire de toute façon-, elle se dressait fière et belle devant lui, son visage fin ayant presque retrouvé les traits qu'elle avait encore sur Terre. Ses yeux marrons étaient parfaitement humains, fini les ténèbres et les flammes. Elle avait perdue sa cicatrice sur sa joue, et ses cheveux bouclés avait retrouvés leur texture et leur couleur naturelle bien qu'il lui tombent à présent en pagaille jusqu'au fesses. Sa robe blanche était si longue sur ses jambes qu'elle lui cachait ses pieds nus. Et même si elle était très simple et innocemment taillée, le fin tissu épousait les courbes gracieuses de sa silhouette pour la rendre encore plus majestueuse si c'était possible.

Elle était si belle qui oublia une nouvelle fois de respirer, croyant à un rêve fou, une hallucination incroyable. Il avait presque peur de seulement cligner des yeux au risque de la voir disparaître à nouveau. Le souvenir de sa mort terrible entre ses bras étaient encore bien trop douloureux, bien trop présent. Il serait mort si elle venait à s'évanouir encore une fois dans le néant devant lui.

- Loki…, souffla-t-elle doucement, presque timidement. Elle laissa Hanna glisser doucement le long de son corps, la petite s'accrochant fermement à sa main mais restant sage et silencieuse près d'elle alors qu'elle se mettait elle aussi à fixer le Dieu du Chaos. Comme tout le monde dans la salle.

Des gardes du palais commençaient à arriver en courant devant les doubles portes mais Freya leur fit aussitôt vivement signe de déguerpir, leur lançant à tous un regard si givrant qu'ils devinèrent tout de suite qu'ils risqueraient leur vie à lui désobéir. Ils s'éclipsèrent tous, laissant la famille royale et leurs plus proches amis au milieu du chaos de vaisselle et de nourriture éparpillé tout autour d'eux.

Kathe sembla vouloir faire un pas vers Loki, son petit sourire timide se crispant un peu devant la posture figée de ce dernier.

- Je suis rentré…, souffla-t-elle enfin tout doucement et ces quelques mots semblèrent enfin libérer le Dieu de sa stupeur.

Sans trop y croire, mais aussi incapable de rester une seconde de plus loin d'elle, Loki s'avança lentement sans jamais quitter ses yeux des siens. A travers son regard il pu sentir tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui, et la joie immense de les retrouver lui et sa fille. Elle semblait elle-même avoir un peu de mal à trouver son souffle, sa poitrine se soulevant rapidement sur ce cœur qu'il imaginait battre au même rythme fou que le sien. En osmose parfaite.

Quand enfin il arriva tout près d'elle, ses jambes tremblantes le lâchèrent définitivement et il tomba à genoux devant elle, ses bras partant aussitôt s'enrouler fermement autour de sa taille fine tandis qu'il plongeait tout son visage contre elle pour la tenir si serré qu'elle aurait certainement étouffé si elle avait été toujours parfaitement humaine.

Hanna, plus immobile et silencieuse que jamais, se décala légèrement pour laisser son père se coller à sa mère, sa petite main serrant elle-même très fort la sienne, refusant de lâcher sa maman elle aussi. Elle la regarda alors qu'elle portait tendrement son autre main fine et pâle sur la tête de Loki pour venir plonger ses doigts dans ses cheveux noirs et lui rendre son étreinte. Quand il se mit à gémir un chant à la fois brisé et heureux contre elle, répétant encore et encore «Tu es là…Tu es là…Tu es là… » elle finit par perdre elle aussi l'usage de ses jambes et préféra tout simplement se jeter dans ses bras pour le serrer contre elle de toutes ses forces. Son autre bras s'enroula vivement autour d'Hanna et elle ramena la petite dans leur étreinte, Loki glissa lui même son bras contre la petite pour l'enfermer entre lui et sa mère, et ils restèrent simplement immobiles les uns contres les autres. Totalement inconscient des paires d'yeux choqués et stupéfaits des autres autours d'eux, de leur silence révérencieux devant cette scène pour le moins miraculeuse et de la vague de bonheur presque palpable qui se dégageait soudainement partout autour d'eux.

Loki avait presque toujours du mal à le croire, et il douta même un instant d'être lui-même mort au contacte de la puissance du Cube Cosmique.

Mais même si c'était bien le cas, même s'il venait sans même s'en rendre compte, il s'en fichait complètement.

Parce qu'il avait sa fille contre lui. Parce qu'il avait Kathe contre lui. Parce que ces deux princesses lui étaient revenues du fin fond de l'univers et qu'à cet instant il était le plus heureux des Dieux.

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Fin chapitre 9

Done !

Pfiou ... Alors vous avez aimez ?

...Quoi ? Comment ça il manque encore une scène... Hey ! Qui a crié "Lemon" ?! J'ai entendu ! Bande de pervers...

Bon d'accord :D

Un ptit dernier chap pour finir tout ça en beauté !

(Je vous rassure je bosse comme veilleuse de nuit depuis le début de la pandémie et maintenant que j'ai réussi à ne plus m'endormir dans ma loge en bavant sur le bureau *merci redbull* et bin j'ai tout mon temps pour écrire ! Laissez moi une semaine ou deux pour vous sortir un truc potable et sexy ;p)

BIZOU