Un ÉNORME merci pour votre présence, chers lecteurs (et lectrices !)
Voici donc ce nouveau chapitre, ce nouveau "pilot" de saison. Il a été inspiré par une nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle.
En espérant que cela vous plaira, car c'est sans doute un de mes chapitres favoris.
Soyez attentifs... Et rendez vous en note de fin de chapitre !
SPOILERS SAISON 2
CETTE FICTION EST LA SUITE DIRECTE DU CAMBRIOLEUR DU 221B [SAISON 1]
JE VOUS INVITE GRANDEMENT A LA LIRE.
SINON, LES REGLES DU JEU SERONT EXPLIQUÉES EN FIN DE CHAPITRE.
ooO Le Cambrioleur du 221B Ooo
- Jours 1 à 4-
Quand Sherlock posa sa lourde valise sur le pallier du 221B Baker Street, il se dit qu'il était enfin chez lui. Il frappa à la porte, laissant apparaître une Mrs. Hudson hors de contrôle, bien trop heureuse de retrouver son locataire préféré. Cela faisait longtemps qu'ils étaient partis. L'appartement avait été nettoyé de fonds en combles, et dieu merci, la chambre de John avait été totalement remise à neuf. Baskerville avait été éprouvante pour les deux amis, et John n'en était pas sorti indemne. Sherlock devait plaider coupable, il avait participé à toute cette folie. Mais au moins, il avait pu comprendre ce qui se passait réellement là bas. Le détective soupira, avant de se laisser tomber dans son fauteuil. Celui d'en face était désespérément vide. John n'était pas rentré avec lui. Cette idée lui faisait mal, mais les faits étaient là.
« Sherlock ? Demanda doucement Mrs. Hudson. Quelque chose ne va pas ?
- Avez-vous déjà eu l'impression de perdre quelqu'un ?
- On ne perd pas quelqu'un. On ne perd que les objets. »
Mrs. Hudson adressa un sourire radieux à Sherlock, qui s'empara de son téléphone portable. Aucun message, mais au moins les mails se bousculaient. Il avait des tonnes d'affaires à résoudre, son absence n'avait pas été sans conséquence. Un léger bruit attira son attention, et il se rappela avec un certain dépit qu'il avait emmené un souvenir de Baskerville, malgré les protestations de John. BlueBell s'agitait dans sa cage, renversant graines et bol d'eau. Mrs. Hudson adorait déjà le petit animal. Elle ne l'avait sans doute pas encore vu dans la pénombre. La mère de la petite propriétaire de l'animal avait refusé que le lapin lui soit rendu, elle ne connaissait pas les effets à long terme de ses expériences. Sherlock s'était donc empressé de l'embarquer, décision qu'il regretta très rapidement en se rendant compte que ce genre de bestiole avait besoin de se nourrir en permanence.
« Tu devrais t'appeler GreenBell, dit Sherlock à l'adresse du lapin. »
Mrs. Hudson pouffa de rire en caressant la fourrure du lapin, sans comprendre l'intérêt de ce nouveau surnom.
« Où est John ?
- Pardon ? Bredouilla Sherlock, tiré de ses pensées. John ? Il... Il est resté avec sa famille. »
En vérité, John n'avait pas eu son mot à dire. Sherlock avait insisté pour qu'il reste là bas. Les dossiers et son implication dans les suicides de l'armée britannique avaient eu le don de remuer l'esprit du détective. Il ne lui en voulait pas, il en était certain. A vrai dire, il se disait qu'il aurait fait de même. Mais John était en danger, et il voulait à tout prix le laver de ce passé douloureux. Moriarty était toujours là. Il avait été emprisonné, quelques heures. Puis relâché, faute de preuves... Ou de jurés assez courageux pour faire face au terrible criminel. Mais, curieusement, ce fou ne se manifestait plus. Était-il parti, lui aussi ? Sherlock n'en savait rien.
« Sa famille, murmura Mrs. Hudson. J'ai quelque chose pour John, il me l'a demandé.
- Qu'est-ce ? Je lui donnerai.
- Une nouvelle clef. Il a voulu que je change la serrure de sa chambre. Il ne se sentait pas en sécurité. »
Mrs. Hudson jeta un regard lourd de sous entendu à Sherlock, avant d'afficher un sourire. Le détective pouvait lire dans ses yeux : elle savait. Elle savait pour lui et John. Elle avait toujours su. La clairvoyance de cette femme avait quelque chose d'incroyable, et même Sherlock serait incapable de faire de telles prédictions. Elle aurait fait des merveilles avec une boule de cristal et des gens trop crédules. A nouveau, Sherlock consulta sa messagerie. Aucune trace de John, et ce détail l'énervait. Non pas qu'il avait quelque chose à lui dire, mais il repensa avec une certaine émotion à la dernière nuit au goût d'interdit qu'ils avaient partagé. Il se mordit la lèvre discrètement, avant de s'emparer de la cage de BlueBell. Non, GreenBell. C'était mieux ainsi. Il la posa sur le bureau, à la place de l'ordinateur de John. Oui, la bestiole allait être bien là, le temps de trouver un nouveau propriétaire.
« Les enquêtes vont reprendre, dit finalement Sherlock après un long silence. Je dois payer le loyer.
- Dois-je vous rendre l'argent ? Dix ans de loyer... »
Sherlock baissa les yeux. Oui, il avait donné cette somme à Mrs. Hudson, quand il avait prévu de rejoindre Moriarty. Il ne l'avait jamais réclamée en retour, en se disant que la femme en profiterait d'une façon ou d'une autre. Il était loin de se douter qu'elle s'était procuré plusieurs armes à feu et tout un système de sécurité dans l'appartement. Elle en avait assez, de tous ces intrus chez elle !
« Gardez-le. Je vais continuer à payer le loyer... Mais ne dites rien à John.
- Il vous manque ?
- Atrocement.
- Alors pourquoi ne pas aller le saluer ? Dit Mrs. Hudson en regardant par la fenêtre. Un taxi vient de se garer en bas. »
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Jour 1-1
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Sherlock se précipita en bas des escaliers, et il manqua de tomber dans les escaliers. Effectivement, un taxi attendait. Il distingua une silhouette immobile à l'intérieur, et il s'engouffra dans le véhicule sans la moindre hésitation. Il se rendit rapidement compte en se retrouvant face à une inconnue, aussi grande que John. Elle lui sourit avec une certaine nonchalance, avant d'ordonner au taxi de partir.
« Ce n'est pas poli d'entrer dans un taxi déjà utilisé, dit la femme avec un certain amusement.
- Je vous ai prise pour quelqu'un d'autre.
- Suis-je donc si commune ? Pourtant je me souviens de votre visage. »
Sherlock marqua un arrêt, et il eut envie de se jeter en dehors du taxi. La couleur auburn de ses cheveux lui rappela de douloureux souvenirs, et sa joue le brûla instantanément. Cette femme, il l'avait croisée chez Irène Adler, dans une chemise blanche et une jupe noire. Elle avait été frappée, laissée inconsciente.
« A en juger votre expression, vous me situez enfin.
- Je n'oublierai pas votre visage, dit Sherlock en croisant ses longues jambes, mais votre nom s'est échappé.
- Irène avait le don d'effacer les personnes qui l'entouraient. Radieuse. Belle. Intelligente. Qui pourrait faire le poids à côté de tout cela ? »
La jeune femme semblait amère, mais elle indiqua l'adresse d'un bar au chauffeur du taxi. Celui-ci fit alors demi tour, conformément aux ordres. Elle dégrafa légèrement son chemisier vaporeux, sous le regard confus de Sherlock. Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Mais à en juger son visage, elle avait dû beaucoup pleurer, et elle manquait de sommeil. Ses ongles avaient l'air négligés, dépourvus de verni. Un accro sur ses collants confirma les pensées du détective : depuis le départ d'Irène, elle n'avait plus trouvé d'emploi, du moins pas avec le même genre de patron.
« Vous l'aimiez, Kate, dit Sherlock après un long moment de réflexion. Vous étiez amoureuse d'Irène.
- Je n'étais pas la seule, loin de là. Je me trompe ?
- Je l'ai aimée. Où allons nous ? Demanda Sherlock en constant qu'ils s'éloignaient du centre ville.
- Quelqu'un veut absolument vous voir.
- Votre employeur ?
- C'est le cas. Il arrivera demain matin à la première heure. Il vous a loué une chambre dans un hôtel proche du lieu de rendez-vous.
- Et vous êtes là pour me tenir compagnie ?
- Je ne suis pas Irène. Mais disons cela ainsi. »
Sherlock détourna soigneusement le regard, voyant où la jeune femme voulait en venir. Une heure plus tard, ils arrivèrent ensemble au bar. Le détective eut une pensée pour John, resté bien loin, avec sa sœur. Ce n'était pas le moment. Qui voulait le voir ? Il n'en savait rien, Kate refusait de le dire. Malgré son apparente douceur, elle restait incroyablement ferme. Quand elle tourna la tête, Sherlock aperçu une fine cicatrice dans le cou de la jeune femme. Sans doute un souvenir d'un jeu quelconque qui aurait mal tourné. En sirotant son verre, Sherlock se laissa bercer par un profond silence plus que bienvenu. John était si loin...
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Jour 1-2
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John appuya sa tête contre la vitre de son taxi. Sherlock et Harry s'étaient formellement opposés à son retour au 221B. Deux heures après le départ du détective, il s'était enfui, laissant une sœur absolument furieuse. Puis elle avait su. Elle avait su que Sherlock avait définitivement hanté son esprit. John avait eu de nombreux amours, il avait même frôlé le mariage. Dieu soit loué, il avait renoncé à ce projet fou en partant en guerre. Et de toute manière, Harry ne l'avait jamais aimée. Elle noua ses longs cheveux, avant de retourner à sa cuisine. Ils avaient passé trois jours chez elle, et tout ce qu'elle pouvait dire, c'est qu'ils s'étaient trouvés. Ils se complétaient, peu importe le domaine. Son frère on le lui avait donné boiteux. Sherlock le lui avait rendu en parfait état, capable de courir des heures avec elle. Puis Harry était certaine que John avait eu une bonne influence sur Sherlock. Quand ils avaient débarqué chez elle, elle s'était presque attendu à abriter un homme lunatique et bizarre, mais doté d'une intelligence redoutable. Mais elle s'était lourdement trompée. Elle avait découvert un Sherlock rieur et protecteur. Harry soupira d'aise en découpant soigneusement ses légumes. Oui, le détective avait tout changé. Lui et ses affaires étaient devenus le principal sujet de conversation de son frère. Elle haussa les épaules, avant de tous les mettre dans une casserole.
Quand John frappa à la porte, il s'attendit à voir Sherlock. A la place, c'était Mrs. Hudson qui l'attendait de pied ferme. Elle tenait dans ses bras l'étrange lapin fluorescent, et son air sincèrement surpris étonna John.
« Vous... Vous ne m'attendiez pas ? Demanda John en posant son sac de vêtements à terre.
- Je vous croyais parti avec Sherlock.
- Parti ? Non je... Qui est avec lui ? »
Mrs. Hudson haussa les épaules, elle n'en savait strictement rien. A la place, elle invita John à regagner ses appartements. Elle lui montra les nouveaux meubles de sa chambre, et elle insista lourdement sur le fait qu'elle avait tout nettoyé. John souffla de soulagement en comprenant qu'il ne trouverait pas de sang ici. Il remarqua également une nouvelle serrure, et Mrs. Hudson s'empressa de lui donner une clef. Un côté était gravé « 221 » et l'autre simplement « 2 ». Il était simple de déduire qu'il y avait une seconde clef, et que Sherlock devait s'en être emparé depuis bien longtemps. Il attrapa son portable pour envoyer un message à Sherlock. Il avait voulu en envoyer plus tôt, mais à chaque fois il s'était ravisé, de peur que le détective devine qu'il était en route vers l'appartement.
Occupé ? JW
Je suis sur une affaire. La cliente est directement venue me chercher. SH
… Tu es rentré ? SH
J'en suis désolé. JW
Tu me manquais. JW
Rends toi utile, le frigo est vide. SH
John adressa un léger sourire à son téléphone en lisant la dernière réponse. Certes, Sherlock n'avait jamais été très démonstratif. C'était sa façon d'aimer.
« J'emporte le lapin avec moi, dit Mrs. Hudson en caressant l'adorable bestiole. Je ne pense pas que Sherlock soit capable de s'en occuper. »
John étouffa un léger rire. Oui, il était enfin de retour chez lui. Quand il se retrouva enfin seul, il se décida à vérifier les chambres. Celle de Sherlock lui semblait être l'option la plus intéressante. Ce lit. Une idée lui traversa l'esprit, et il dû se gifler mentalement pour ne pas se laisser submerger. Il s'allongea sur les draps frais, et sa tête heurta doucement la tête de lit. Il se retourna, et il constata qu'il se sentait minuscule dans ce lit si grand. Les pieds de Sherlock touchaient le bout du lit, et parfois à ses côté il passait pour un nain aux grands pieds. Il s'étira, et sa main toucha une petite table de chevet. Il se mordit la lèvre. Tous les deux, ils s'étaient promis de ne plus rien dérober. Mais là, c'était trop tentant ! John inspira profondément, avant d'ouvrir rapidement le petit tiroir. Ce qu'il y découvrit lui rappela avec une grande surprise le merveilleux magasin de broutilles chinoises. Cette affaire du banquier aveugle l'avait marqué jusqu'au fond de son âme. C'était un minuscule vase blanc, aux motifs bleus, fermé par un petit couvercle de porcelaine. John le secoua, et un tintement lui indiqua que le vase n'était pas vide.
Je pars faire les course dès que possible. JW
Tu n'aurais pas dû emporter BlueBell. JW
C'est GreenBell maintenant. Je suis dans un hôtel de Threadneedle Street, rejoins moi. SH
Comment veux-tu que je fasse ? JW
Comment as-tu fais pour venir au 221B ? SH
John grogna de dépit. Il refusa, il devait se concentrer sur son travail en retard. Il reporta son attention sur le petite vase, et il glissa un doigt dedans. John laissa échapper un petit cri, quelque chose l'avait piqué. Il en extirpa une aiguille à coudre, un fil pendait à son extrémité. Tout au bout du fil, une petite perle orangée était accrochée. L'étiquette du prix avait été retirée. Sherlock avait dû l'acheter discrètement, après que la vendeuse ait proposé un petit chat pour amoureux. John souffla, avant de glisser le tout dans sa poche. Après tout, Sherlock était parti sans prévenir.
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Jour 2
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Sherlock se retourna dans son lit. L'hôtel était confortable, il n'avait pas à s'en plaindre. Ce qui l'irritait, c'est qu'il était seul, et il ne pouvait pas avoir un œil sur John. Peut être que Moriarty rôdait encore, mais il ne pouvait se focaliser dessus. Kate frappa à la porte, et cette fois elle était habillée d'une longue et somptueuse robe rouge. Ses cheveux étaient attachés en un élégant chignon, piqué de quelques pierres sans doute précieuses. Cependant, ses pieds nus s'enfonçaient dans la moquette.
« Votre employeur vous attend en bas.
- Il peut attendre un peu plus longtemps.
- Je ne pense pas, Monsieur Holmes, dit Kate en détachant ses cheveux. Il vous attend avec son carnet de chèques.
- Le temps fait partie des rares choses qui ne s'achètent pas. »
Kate esquissa un léger sourire, avant de quitter les lieux. Sherlock enfila son long manteau, et il en fouilla les poches avec application. Il y découvrit quelques feuilles, et il ne se souvenait pas les avoir mises ici. Il en déplia quelques unes, et il découvrit le papier à entête de l'hôpital où travaillait John. Puis soudain, tout s'éclaira. Le détective s'était emparé des feuilles auprès de John pour prendre quelques notes, mais jusque là, il ne s'était jamais rendu compte qu'elles avaient été utilisées. Sur l'une d'entre elles, un croquis attira son attention. Sherlock souffla en reconnaissant son visage, très maladroitement taillé dans le papier. C'était lui, les yeux fermés, endormis. A en juger les tâches de café, John avait dû travailler dessus tard le soir. Sherlock replia le papier, et se promit de le rendre. Ou pas. Il y jeta un nouveau coup d'œil et il se promit de faire de même, avant de glisser le papier dans sa poche.
Sherlock donna ses chaussures à Kate, qui attendait patiemment à l'entrée d'un grand salon privé. Un homme attendait là, et lui portait d'élégants mocassins noirs. Le détective comprit tout de suite qu'il souffrait d'un étonnant complexe de supériorité... Ou un étrange fétichisme.
« Monsieur Holmes ! Dit l'homme en tendant la main.
- J'aimerai connaître le nom de mon client.
- Vous l'avez en face de vous. Alexander Holder.
- Holder. Le célèbre banquier. Ceux pour qui j'enquête ont de bien tristes fins, dit Sherlock en se retournant pour jeter un coup d'œil à Kate. Vous exercez à Londres. Pourquoi me faire venir ici ?
- Cet hôtel m'appartient. »
Kate apporta une mallette, et l'ouvrit devant Sherlock. Il y découvrit une somme considérable en liquide, ainsi qu'un chèque posé sur le sommet. Il était signé, mais il ne comportait aucun montant. Le détective comprit vite qu'il pourrait y mettre la somme de son choix.
« Il m'arrive de prêter d'immenses sommes d'argent. Des millions, précisa Alexander. Et je demande toujours un gage de bonne... Volonté en retour.
- Rien d'illégal, je suppose.
- Vos sarcasmes sont ils inclus dans vos tarifs ? »
Sherlock secoua la tête, mais toute cette fortune ne l'intéressait pas. Il commençait à deviner ce qui l'attendait, et il serra son téléphone à l'intérieur de sa poche. Ce dernier vibra, sans doute un message de John. Tout contre, il sentit la feuille de papier plié. Il en caressa la douce surface, avant de se reprendre.
« Cinquante millions de livres, prêtées à un client très influent. Voici ce qu'il m'a donné en guise de garantie. »
Une jeune femme arriva, un coussin entre les mains. Ses pieds étaient nus eux aussi. Le coussin servait de support à une magnifique tiare, recouverte de diamants multicolores. Le plus gros d'entre eux était rose, bordé de jaunes plus petits. Cependant, quelque chose attira l'attention de Sherlock. Il manquait plusieurs pierres, blanches cette fois. A elles seules, les pierres manquantes devaient valoir au moins un million de livres.
« Vous allez retrouver ces diamants, dit calmement Alexander. Si jamais cela venait à se savoir, mon client de me remboursera pas mes cinquante millions.
- Des suspects ?
- Une histoire plutôt. Cela s'est passé à Londres, dans un de mes appartements.
- Combien de maîtresses ? Coupa Sherlock en joignant ses longs doigts.
- Une pour chaque ville. Mais j'étais là pour mon fils, Arthur. Je dormais, j'ai entendu un grand fracas. Je suis arrivé, il avait la tiare entre les mains. Les pierres manquaient déjà.
- Tout accuse votre fils.
- C'est pour cela que je l'ai fait enfermer à Londres. Vous allez l'interroger, et lui faire avouer où sont les pierres.
- J'enquête sur des meurtres, dit Sherlock. Pas sur la disparition de quelques atomes de carbone. »
Sherlock se redressa, et tourna le dos au banquier. Kate se rapprocha, pour guider le détective vers le taxi qui l'attendait déjà dehors. Alexander lui emboîta le pas, forçant le détective à prendre la mallette. Ses doigts se refermèrent malgré lui sur la poignée.
« Réfléchissez Monsieur Holmes. Cela pourrait avoir des conséquences regrettables.
- Une menace ? Dit Sherlock, tout en dominant de toute sa hauteur le banquier.
- Maintenant cela peut en devenir une. Réfléchissez. Recontactez moi, Kate vous indiquera comment. Passez une bonne journée Monsieur Holmes. Saluez votre frère de ma part, et dites lui que son boîtier est en sécurité. »
La porte du taxi se referma sur Sherlock, et il démarra immédiatement. De quel boîtier pouvait-il parler ? Agacé, le détective s'empara de son téléphone. C'était bien John qui lui avait écrit plus tôt.
Les courses sont faites. Le thé coulera à flots. JW
Enfin une bonne nouvelle. Ce soir nous dînons. SH
Affaire bien payée ? JW
Frère à faire chanter. SH
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Jour 3-1
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Sherlock n'avait jamais envisagé la joie des retrouvailles. Mais c'était un fait, John était là, au 221B. Ils ne s'embrassèrent pas, mais ils partagèrent un thé brûlant et un café trop amer. Le silence était pesant, mais réconfortant. Au bout d'un long moment, Sherlock se décida enfin.
« Tu dois repartir. Tu n'es pas en sécurité.
- Tu me fuis depuis que... Que Moran a été incarcéré, dit faiblement John en terminant son mug. Je comprends pourquoi, mais par pitié, ne m'éloigne pas. »
John se rapprocha de son ami, qui détourna soigneusement le regard. Il devait être trois heure du matin, et la fatigue se faisait sentir chez les deux hommes. Sherlock s'étira longuement, avant de se pencher vers John, les yeux à demi fermés.
« Je t'avais demandé de rester là bas, j'avais mes raisons, annonça Sherlock. Et tu y retourneras dès demain.
- Je n'ai pas besoin de ta protection. Je sais me battre, j'ai une arme. Ne t'inquiète plus pour moi. »
Sherlock secoua la tête, et John posa sa main sur sa joue anguleuse. Ce contact réconforta le détective. En vérité, le détective était terrifié. Terrifié à l'idée que Moriarty se venge et se décide à envoyer des représailles. Et cette fois, il ne se tromperait pas. Sherlock inspira profondément, avant de se rendre dans le canapé. John s'empressa de le rejoindre, et ses bras offrirent une agréable étreinte.
« Es-tu toujours ainsi avec tes conquêtes ? Demanda Sherlock en savourant le contact.
- Oui, dit John. Question piège ?
- Effectivement. Je dois aller voir Arthur Holder à la première heure ce matin.
- Tu penses que c'est lui ?
- Ce serait trop facile, dit Sherlock en enlaçant la taille de John. Non, je dois avoir sa version, et comprendre. Ces diamants sont sans doute déjà vendus depuis longtemps. Les retrouver sera plus difficile que de savoir ce qu'il s'est réellement passé. Je reste ici. Va dormir, tu viens avec moi tout à l'heure.
- Je dois aller travailler.
- Un samedi ? Grommela Sherlock. Non, non. Tu viens avec moi. »
John croisa le regard de Sherlock, et il était inutile d'être un génie pour comprendre qu'il n'aurait pas le dernier mot avec le détective. Il haussa les épaules, avant de se relever. Il se pencha pour réclamer un baiser, qui électrisa sa peau. John gravit les escaliers, et il posa sa main sur la poignée de sa porte. Elle ne lui inspirait pas confiance. Quelques notes de violon montèrent à ses oreilles, et il décida que cette nuit, il dormira dans le lit de Sherlock. John repensa au petit vase qu'il avait dérobé. Certes il s'en voulait, mais le détective n'avait toujours rien remarqué. Il soupira, avant de s'installer confortablement. Le sommeil ne venait pas, il était trop tendu pour cela. Un livre attira son attention, posé sur le petit bureau de Sherlock. C'était un roman, à en juger l'écriture serrée. John déchiffra difficilement le titre « La Chartreuse de Parme ». Du français ? Il fronça les sourcils, depuis quand Sherlock lisait du français ? Il ouvrit une page au hasard, mais le tout était parfaitement illisible. Des mots étaient soulignés, d'autres surlignés. De nombreuses annotations noircissaient le bord des pages. Oui, le détective étudiait. Cette question n'avait jamais effleuré l'esprit de John. Combien de langues était-il capable de parler ? Le livre avait l'air très récent, malgré le fait que le texte soit ancien. Il constata amèrement qu'il ne comprenait pas grand chose. Puis John étouffa un petit rire, il avait décidé de rendre ce bouquin au détective le jour où il lui ferait une démonstration de ses talents.
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Jour 3-2
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Arthur Holder ne ressemblait absolument pas à son père. Son visage était rond, ses épaules étroites et sa démarche pataude. Il vivait dans un appartement à l'extérieur très chic, mais l'intérieur était laissé à l'abandon par son propriétaire pourtant riche. Sherlock le détaillait du regard, tandis que John restait en arrière.
« Votre père m'a demandé d'enquêter sur la disparition de plusieurs diamants.
- Ce n'est pas moi, grommela Arthur. Je n'ai pas besoin de cet argent.
- La drogue et la prostitution payent bien.
- Comment ?
- Vos avant bras. Ils sont couverts de bleus. Votre démarche laisse penser que vous souffrez d'une infection. Drogue et maladie. Votre père vous a déshérité il y a longtemps. Il est simple de déduire que vous avez trouvé un « nouveau » moyen de gagner votre vie. »
Arthur secoua la tête avant de cacher ses manches. Oui, cet homme avait tout d'un junkie, et John se demanda un instant s'il n'était pas dangereux. Il se demanda également s'il n'était pas drogué en ce moment même. Ses pupilles dilatées et ses doigts crispés indiquaient qu'il venait de s'injecter quelque chose.
« Ce n'est pas moi. J'ai assez de fric et d'emmerdes comme ça.
- Pourquoi l'avoir prit dans vos mains alors ?
- Je suis arrivé en même temps que le voleur. Il était habillé en noir, petit, agile. Quand il m'a vu, il a lâché la tiare et s'est barré par la fenêtre. Je l'ai ramassé, mon père est arrivé. Puis sa nièce et son mari. Elle est tombée dans les pommes et jure que c'est moi qui ai volé le tout.
- Un... Voleur ? Dit John en frottant son front. La maison était pourtant sécurisée.
- Vous n'aviez rien à faire là, s'il vous a déshérité, ajouta Sherlock.
- Vous êtes venus pour m'accuser ?
- Pour comprendre. Vous n'êtes pas le voleur. »
John se retourna vers Sherlock, aussi étonné qu'Arthur. Ce dernier rejeta sa tête en arrière, et son ventre s'agita de quelques soubresauts. Il devait avoir un peu abusé sur sa dernière injection, ce qui inquiéta le médecin.
« Les pierres étaient toutes serties, et les crochets n'étaient pas abîmés. Il fallait une grande précision pour cela. Mais vous tremblez tellement que vous êtes incapable de viser correctement une veine. Trois tentatives pour en atteindre une. A quel point étiez vous drogué ce soir là ?
- Assez pour avoir les tripes de retourner chez lui.
- La personne qui a fait ça est quelqu'un de très habile, qui connaît les lieux et les arrangements de votre père. Vous n'êtes qu'un raté à ses yeux, et il veut vous faire porter le chapeau. Vous faites un coupable idéal. Vous salissez le nom de votre famille, il vous fait emprisonner.
- Notre nom a toujours été sale, ça ne pouvait pas être pire. »
Cette fois, Arthur ferma les yeux, un étrange sourire au visage. Ses doigts pianotaient sur le rebord de son fauteuil, et il ne tarda pas à s'endormir. John se tourna vers Sherlock, l'interrogeant du regard.
« On devrait le surveiller, dit John. Il est en overdose.
- Fais venir une ambulance et... Un dératiseur. »
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Jour 4
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John comprit qu'il faisait tâche, dans cet étrange château. Certes il transpirait la richesse, mais les gens qui y vivaient, ainsi que les divers domestiques, avaient l'air très simples. Les peintures qui habillaient les murs n'avaient rien de prestigieux, et ressemblaient plus à un loisir du propriétaire des lieux.
« Messieurs ? »
John et Sherlock se retournèrent comme un seul homme. Une jeune femme les observait, très élégante dans un tailleur noir. Ses cheveux bruns étaient noués en une élégante tresse. Ses yeux étaient cernés, et elle était relativement petite. Sherlock se dit avec amusement que même John la dépassait.
« Mademoiselle Holder, dit Sherlock.
- Appelez moi Mary. »
John eut un pâle sourire en entendant le prénom. C'était une très belle femme, il devait bien l'avouer. Cependant, son visage ne lui était pas inconnu. Il raya la pensée de sa tête en apprenant qu'elle était une brillante avocate. Mary emmena les deux hommes en direction de la cuisine.
« Ce n'est pas votre château, dit pensivement Sherlock.
- C'est exact. Il a appartenu à mon père. Il est décédé il y a quelques années. J'ai hérité de cela ainsi que de la protection de mon oncle.
- Le connaissiez vous avant cela ?
- Quelques souvenirs de jeunesse. C'est moi qui suis venue à lui. »
Sherlock marqua un arrêt face à une toile, qui représentait Mary Holder avec Alexander. Elle était très récente. Au fur et à mesure de sa visite, il découvrit de nombreuses toiles de la même sorte. Mais aucune pour retracer l'enfance de Mary. Cette dernière s'arrêta face à la grande porte qui menait aux jardins.
« Mon père ne me portait pas dans son cœur. Quand il est mort, pauvre alcoolique qu'il était, il m'a confié ces terres.
- Vous ne l'aimiez pas ? Dit John en observant la longue étendue de pelouse.
- Il a toujours voulu avoir un fils. Une fille... Il m'a mise de côté. C'est pour cela que mon oncle ne me connaissait qu'à peine. Vous êtes venus pour la tiare ?
- Oui, dit Sherlock en rivant ses yeux dans ceux de Mary. Vous savez quelque chose ?
- Arthur a été prit la main dans le sac. Vous êtes détective, non ?
- C'est le cas. Et il a été innocenté par mes soins.
- Votre jugement peut-il être mauvais ? Je me trompe rarement sur les personnes et leur caractère. Arthur a l'âme d'un voleur. Un égoïste joueur, drogué. Et pour couronner le tout il gère un bordel.
- J'avais cru comprendre. Vous vous êtes évanouie ?
- Oui, dit faiblement Mary. J'ai eu un moment de faiblesse. »
Tous s'approchèrent d'un immense étang à l'eau verdâtre. Des canards nageaient tranquillement, à peine dérangés par le vent qui se levait. Sherlock remarqua un homme allongé dans l'herbe, le sourire heureux.
« Qui est-ce ? Dit Sherlock en s'approchant.
- Oh. George, un ami de la famille, dit froidement Mary. Il est ici car mon oncle l'apprécie énormément.
- Vous ne l'aimez pas ?
- C'est une relation purement professionnelle. »
John fronça les sourcils. Le dénommé George s'était relevé et avait adressé un chaleureux signe de la main à Mary. Cette dernière avait rougit d'une façon si peu discrète que cela n'échappa pas au détective. Il remarqua également une alliance au doigt de la jeune femme, alors que l'homme n'en possédait pas. Ensemble ils rentrèrent à nouveau dans le château. Une odeur de nourriture avait commencé à imprégner les couloirs. Un détail attira l'attention de Sherlock. Une petite carte de visite blanche avait été oubliée sur une table basse. Le détective s'en empara et la glissa dans sa poche. Une désagréable sensation traversa son corps, confirmée par le sourire suave de Mary Holder.
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John passa ses bras autour des épaules de Sherlock. Il jouait nerveusement avec la carte qu'il avait volée chez Mary. Elle était blanche, et rien n'était écrit dessus. Le papier était cependant plus brillant à certains endroits, et il était surtout très collant.
« Des cendres, murmura Sherlock. Il me faut des cendres.
- Est-ce une excuse pour fumer ?
- Non. Laisse en brûler une dans un cendrier. Tu as caché toutes mes cigarettes.
- Ne fais pas semblant d'ignorer leur cachette. »
Sherlock leva les yeux au ciel, avant de se diriger vers une petite boîte posée sur la cheminée. Les cigarettes étaient bien là. John avait comprit que chercher une planque potable ne servait à rien. Quatre cigarettes se consumèrent ensemble dans un cendrier, et Sherlock dû se faire violence pour ne pas en attraper une. Enfin, après une longue attente, les cendres étaient prêtes.
« Pourquoi ? Dit John en voyant que Sherlock était en train de retourner le cendrier sur la carte de visite.
- Il y a une partie collante, je ne vois pas de quoi il s'agit. »
Sherlock secoua la carte pour retirer l'excédent de poussière grise, et un motif se dessina de lui même sur le fond blanc. C'était une pie, tenant dans son bec un ver, et perchée sur une branche. John s'empara de la carte de visite, pour mieux voir le motif en plein jour. Leurs regards se croisèrent, perdus.
« Une pie, murmura John.
- Il est encore dans les affaires. »
John ravala sa salive. Le détective et lui avaient reconnus cette pie. La même utilisée par Moriarty quand il fermait ses lettres d'un sceau de cire rouge. A cette pensée, le cœur de Sherlock se serra. Le criminel était partout.
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Et voilà, un retour en fanfare de notre détective !
Ce chapitre ainsi que les deux suivants sont librement inspirés de la nouvelle :
Le Diadème de béryls.
Si vous ne tenez pas à vous faire spoiler le museau, n'allez la lire que quand les deux chapitres seront publiés. Je l'ai adorée !
Vous n'avez pas rêvé : Il y a bien une Mary Holder ! Si vous avez envie de revoir le sceau de la pie : "Moriarty's seal" sur Google !
Voici les règles du jeu : Dans une review ou un Message Privé, vous pouvez proposer plusieurs objets (maximum 5) qui seront dérobés soit par Sherlock ou John.
Ces objets, qu'ils soient farfelus ou non, feront avancer l'histoire.
TOUT DÉPENDRA DONC DE VOUS CHERS LECTEURS !
N'hésitez pas à laisser un commentaire, même si vous ne voulez pas participer.
Remerciements : Ilyream et son vase chinois, NyxBanana, son roman et sa carte de visite, Camissun et son croquis de Sherlock.
Encore merci, et bonne chance pour les prochains tirages au sort !
(Je m'excuse pour le doublon de chapitre, mais ce sera plus simple pour moi ainsi !)
AFIN DE M'ACCORDER UN PEU DE TEMPS POUR MES AUTRES FICS,
CHAQUE CHAPITRE SERA RÉDIGÉ A PARTIR DE 30 PROPOSITIONS.
Nombre actuel de propositions : 29