WEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEESSSSSSSSSHHHHHHHH !

YOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO A VOUS TOUS, comment allez-vous ? Oh bordel de chiasse, bon sang de Titan vert, qu'est-ce que je fais avec ma vie là ? Depuis combien de temps je fais la morte ? Veuillez excusez ce big blanc, depuis septembre je n'ai pas du tout trouvé le temps de me poser sérieusement pour écrire, c'est pathétique ! Pourtant je suis hyper motivée, j'ai des tas d'idées… Mais bon sang, des journées de 24h, c'est trop court merde !

BREF, je tiens à remercier fort tous ceux et celles qui m'ont laissé d'adorables et péchus commentaires, j'espère que vous ne vous êtes pas encore lassés malgré l'attente car celui-là envoie de la masse ! .

Ezana : YOOOOOOOOOOOOOOOOOO ! SALUT BELLE GOSSE, comment vas-tu ? :D Hem, euh, pardon… Recrue Nems au rapport, Commandant !

Je suis navrée pour ce retard mais… HAW YEAAAAAAAAAAAAAAAAAH, il n'est jamais trop tard pour faire la fiesta ! Pixis ramène l'alcool, Sasha fait la bouffe, les Bataillons nous préparent une petite danse d'ambiance (Ri-vaï, strip-tease, Ri-vaï, strip-tease !) ET C'EST PARTI POUR UNE NUIT DE FOLIIIIIIIIIIIIIIIIIE ! xD (et Moblit fera le SAM pour Hanji ! Je le vois tellement bien dans ce rôle !)

…Je ne vois pas de quoi tu parles. Non. Ce n'est pas comme si ta seule review prenait DEUX PAGES WORD, espèce de fada ! xD Et moi qui m'étonne « ah tiens, ce chapitre est plus long que les précédents ? », NON, MERCI A EZA-CHAN ! Mais ça me fait kiffer de nous voir partir en débats, peu importe la place que ça prend c'est super agréable et délirant !

Oh làlààààà, mille excuses encore, je réponds à propos de tes vacances d'été, bonjour le retard ! (tu étais où à la mer au fait ? :p)

Yay, j'espère que la rentrée s'est bien passée (tu fais quoi cette année d'ailleurs ?) et que tu as pu prendre le rythme… Ne t'en fais pas pour la régularité de review, comme tu as pu le voir moi-même je suis complètement déphasée, j'arrive même pas à publier correctement (et pourtant St Dragonal sait que j'y met une putain de bonne volonté !) donc ne faisons pas les bourgeoises, chacune fait de son mieux, tes commentaires sont toujours un plaisir sans nom à recevoir et lire mais je te ferai jamais de scènes de retard ! (ce serait l'hopital qui se fout de la charité)

AAAAARF, girl t'inquièèèèèète, prends ton temps pour ces reviews… Bon, nan j'arrete de faire mon hypocrite, en vrai je trépigne comme une malade et j'ai envie de secouer comme un prunier et de te jeter dans une piscine de confettis tellement je suis impatiente, mais je comprends plus que parfaitement que ça vienne pas tout de suite et je suis honteusement mal placée pour exiger cela /

(par contre, méfie-toi… si je craque, Ô petite prisionnière, tu vas subir des vices… Mwahahahahaha !)

Ah mais ouais, ils vont finir vieux garçons ou morts avant la fin, c'est pas le genre d'hommes dans le manga a arriver au bout de l'histoire vivant et heureux… Erwin est pas passé loin de sa propre fin déjà, Rivaï bon, c'est son taf de faire genre « gloups, avalé par un Titan » mais non, coucou ! je le taillade de l'intérieur et reprends du service, jusqu'au jour où il se fera écrabouiller, décapité, broyé, ou que sais-je… Gnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnooooooooon…

AH ! NON, pas Erwin avec Hanji ! Ou alors un Threesome avec Rivaï aussi, mais je sais pas, ça me fait trop zarb de les imaginer (que) tous les deux !

En fait, le décalage « mec posé/nana déjantée » (que l'on pourrait retrouver dans le ravissant Levihan) est tentant, mais en y pensant sérieusement je vois plus Erwin avec une nana aussi posée, mais il a raté le coche là, je pense que maintenant qu'il a laissé Marie à Nile, il trouvera JAMAIS de meuf lui convenant, JA-MAIS… Bon, plan cul avec Hanji donc. Ou Rivaï. Ou les deux.

Oh làààààà, tu m'étooooonnes : les Titans shifters sont tous tellement zarbs ! Annie je l'adore, elle est sublime et je regrette qu'on l'ait si peu vue en tant qu'adversaire (je veux dire, une fois qu'on l'a démasquée, on la combat, et on apprend rien, elle finit congelée). Avec Reiner, Bert (et SPOILER : la troisième Shifter… si tu vois de qui je parle), on a causé, on pige que dalle mais y a eu un véritable dialogue, un heurt verbal entre eux et Eren, et on a vraiment compris… qu'ils étaient strange. Schizo, ouais pas loin ! Très intrigants en tout cas, très complexes, mais ça ne me fait que les aimer davantage !

(N'aie pas peur de me spoiler : je suis névrosée de SnK, ok ? Ca représente 90% de mon temps sur Internet. Je dévore les scans dès qu'ils sortent, chaque mois, je regarde les images en chinois comme une dépendante sans pouvoir attendre les traductions en anglais ou français, je cherche tout le temps des images, des fanarts, des infos, des vidéos, donc tu pourras difficilement me spoiler ^^ Si t'as envie de causer d'un fait dans le manga, n'hésite pas, j'en suis au chapitre 62, tu peux envoyer D)

Haha, c'est vrai, niveau complexes je crois que rien ne peut alourdir Rivaï… mis à part ce petit blocage physique. Oui, restons confiants, il va bien finir par se laisser apprivoiser, ce vieux renard ! Petit à petit, Petra va peut-être réussir à faire faire fondre la mauvais fonte...

Bon, t'as raison, après cette causette de la taille de trois Bibles, passons au commentaire du chapitre x)

Oh làlàààà… Je suis tellement mitigée quant à ce rêve. Il ne rendait pas du tout comme je l'espérais et je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui m'interpelle, du coup ce qui en ressort est VRAIMENT zarb, plus malsain et tordu que je ne l'imaginais. Pourtant les avis sont souvent très positifs à propos de ces visions et ça me fait évidemment plaisir que le tien aussi soit plutôt enthousiaste ! :D Mais si je m'étais lue moi-même, je pense que j'aurais dit « meuf prends deux secondes pour t'avouer que tu es une névropathe ». M'enfin, tous les fans de SnK le sont un peu donc bon…

YES ! Ils dorment ensemble ! Enfin c'est très occasionnel (et je crains que Rivaï ne dorme qu'à moitié, histoire de réveiller Petra attends pour qu'ils se séparent avant que la caserne ne se réveille, mais il arrive sans mal à lui faire croire qu'il dort comme un bébé, alors bon ^^

Tu as raison, j'ai essayé de relever un Rivaï plus « présent », compréhensif. Parfois j'ai l'impression de ne décrire dans leur relation qu'un plan cul (comme l'illustre la frustration sexuelle de fin de chapitre w''), mais si Petra a en plus un sentiment enfoui et vif pour Rivaï, lui-même a un élan du cœur vers elle, plus que pour une simple soldate, et de petits riens, des gestes de « couple » sont parfois les bienvenus pour le rappeler je pense.

Ah, et j'ADORE le fait que tu aies relevé les petits liens avec Underlife, car en effet ces deux fanfictions partent du même élan de mon délire et on retrouvera souvent dans Poing contre coeur des minuscules allusions à des détails évoqués dans Underlife. Bref bref ^^

Hehe, Rivaï n'est pas un baiseur-addict XD Ce que je disais quand il est direct sexuellement c'est qu'il est avare de petits gestes tendres et n'en prodigue que quand il prévoit d'aller plus loin (tout ou rien quoi : si tu veux pas t'envoyer en l'air, agis normalement et évite les cajoleries en gros), mais je ne voulais pas dire qu'il a tout le temps envie de coucher, au contraire c'est assez ponctuel. Bref, qu'est-ce que je disais… Oui, à propos du petit geste totalement innocent, le baiser sur la nuque, eh bien comme tu dis du coup oui, c'est comme un « petit cap », une tendresse gratuite parce qu'il n'y aura pas de rapport cette nuit-là.

…Bon, tous mes beaux arguments depuis le début, ma détermination à nuancer et relativiser l'importance du cul dans leur histoire sont désintégrés par les scènes finales en fait X'D Genre la meuf qui fait sa moralisatrice « oui mais y a pas que le sexe dans la vie… » et qui décrit deux gros addicts, EUH. Y a mieux comme crédibilité !

Haha, en tout cas c'était kiffant d'écrire sur eux, surtout sur Petra.

Ouais, écrire une scène à deux, un lemon ou un lime sans lourdeur est assez facile comparé à décrire une scène de masturbation de manière soft, ça devient étrangement complexe en fait, enfin, délicat plutôt… Je suis contente d'avoir apparemment pu m'en sortir sans être trop maladroite, d'ailleurs personne n'a semblé choqué (et si ça avait été le cas en même temps, j'emmerde un peu les concernés… Oh, quoi, les mecs peuvent se branler jusqu'à satiété dans des lemons gras sur le fandom et les nanas pourraient pas se tripoter un peu sans que ce soit vulgaire (et idem dans la vraie vie) ? LUXURE POWAAAAAAAAAAAAA, nan mais oh !)

Quant au réveil de la camarade de chambre… Haha, tu m'étonnes ! XD Vlan, volé en éclat, le petit monde rose de l'auto-plaisir… Une douche glacée !

(Je pense que Rivaï pense les choses avec un GRRRRAND naturel : tu veux chier, va chier, tu veux te moucher, mouche-toi, tu veux te branler, branle-toi. S'il savait que Petra perdait parfois un peu pied de la sorte, je pense pas qu'il serait « choqué » le moins du monde, il ferait un petit commentaire piquant à souhait (avant de la sauter pour combler les manques de mademoiselle, yolooooooooo !))

Hem… Wala, j'ai honte, j'ai vraiment l'impression d'avoir dépeint deux chauds lapins qui ne pensent qu'à la carotte xD Bon, dans ce chapitre, CERTES ! J'essaierai de me rattraper sur les autres / Nan mais c'est quoi ça, Rivaï, c'est quoi cette endurance zéro ? Plus puissant de l'humanité mon cul ouais…

Hahaaaa, te souviens-tu de qui est véritablement William d'ailleurs ? Ce n'est pas un personnage que j'ai inventé, je lui ai simplement collé un nom sur le pif… Il existe vraiment, donc je n'inventerai pas non plus sa fin ^^ Si ça peut te rassurer (…OU PAS) quant à ce qu'il adviendra dans la prochaine expédition, gnehehe…

En tout cas, merci beaucoup pour ta review, je suis désolée d'y répondre (et de publier) si tard) mais l'avoir lue une première fois, puis relue il y a peu pour y répondre m'a donné un coup de jus, c'est superbement vivifiant que de lire de tels commentaires ! :D J'espère que ce chapitre te plaira ! Je l'admets, il est peu grifouillon mais niveau action là je te jure, tu seras servie 3

Merci encore EZA-CHAAAN !

(au fait : Je me suis rendue compte d'un truc très incohérent dans c't'histoire : bon, de une Petra and Co ne sont pas censés être déjà appartenant au Bataillons d'explorations à ce moment de la chronologie de Shingeki no Kyojin, c'est-à-dire avant la première attaque des Titans Cuirassé et Colossal. De deux, l'escouade de Rivaï n'existait pas avant la mission « Protégeons Eren », il a réuni ses soldats spécialement pour ça. Mais… On s'en fouuuuuuuuuuuuut .)

BREF.

Enjoy it 3

11- Respire et frappe

- Tch.

Rivaï, en jetant un coup d'œil au soleil encore suspendit à quarante-cinq degrés au-dessus de l'horizon, ne prit même pas garde au son mécanique qu'il émettait. Ils commençaient tous à fatiguer. Leur dos, leurs cuisses et leur bassin commençaient à être endolories et la sueur à empâter les mouvements. Cependant, leur attention de décroissait pas le moins du monde, malgré les heures de chevauchées derrière eux et celles à venir. Heureusement que le temps était beau. Ciel clair, air sec, un peu de vent.

L'escouade de Rivaï, placée à l'avant-garde gauche de la formation, n'avait jusque là rencontré que quelques Titans éloignés et les avaient signalés par fumigène sans que les créatures ne s'interfèrent dans l'avancée du bataillon. Jusqu'à cette seconde précise, à laquelle Rivaï pensait presque à leur bonne étoile, et qu'il le repéra à moins d'une trentaine de mètres.

- Capitaine ! Capitaine Rivaï, à droite !

- J'ai vu ! Fumée rouge !

Alors que Gunther tirait un fumigène, un autre Titan surgit d'entre les arbres devant lui, juste sur sa droite, dans son angle mort. Rampant à moitié, il percuta Gunther en tentant de l'attraper.

Petra hurla le nom du soldat lorsque celui-ci s'abattit à terre, et Rivaï entendit crisser le filin. Elle devait déjà s'élancer au-devant de l'ennemi. Un peu trop vite peut-être. Qu'elle garde la tête froide…

- Gunther !

- Ça va ! Ça va, juste mon bras !...

Rivaï n'eut pas à ordonner quoi que ce soit : il vit aussitôt Auruo abattre un des géants tentant d'attraper le blessé et se poster devant lui, le protégeant. Bon, il n'avait pas à se soucier de Gunther, il se fiait à Auruo. Il pesta en remarquant que la zone commençait à attirer les Titans, et bientôt une petite poignée de géants de tous gabarits pullula autour d'eux. Rivaï fit bifurquer sa monture pour tenter de cercler leur champ de bataille, quand un Déviant se mit à sprinter droit devant lui, fonçant net sur le cheval de Rivaï. L'animal se cabra violemment mais le soldat ne put rétablir correctement sa monture crispée de nervosité et le cheval retomba lourdement sur le dos, écrasant son cavalier qui eut le souffle coupé lorsque son dos heurta douloureusement le sol et que la masse de sa monture s'abattit sur lui.

Il essaya trop tard de déclencher son grappin pour s'arracher à son cheval, mais finit coincé, écrasé à plat dos.

L'animal pesait sur lui, compressant douloureusement sa cage thoracique. Il connaissait la pression nécessaire exacte pour endommager celle-ci, et le poids de l'animal s'agitant au-dessus de lui risquait de dépasser cette limite. Il n'essaya pas de calmer l'animal. Blessé, ce dernier cédait complètement à la panique et était aveugle et sourd, et il tenta seulement de faire levier avec sa jambe et un réservoir, quitte à achever l'animal. Il devait sortir d'ici.

- Bouge, mon vieux !..., grinça-t-il en essayant de se dégager.

Le réservoir gauche était coincé sous l'animal, brisant les côtes de la pauvre bête qui hennissait à en mourir. Pas moins de récupérer les lames écrasées par la masse de chair et de muscles tendus. Le deuxième réservoir était tout aussi inutile, désanglé et retourné sous le corps du cheval.

Rivaï pesta. Ses reins étaient compressés contre les bobines de câbles et alors que ses hommes livraient bataille, il restait coincé sous son pauvre maudit animal qui allait finir par le briser en agonisant.

- Et merde !

Il se contorsionna pour attraper ses munitions – par miracle, intactes – et tira trois fumigènes noirs. Le premier fila vers le ciel, avertissant l'ensemble de la formation déployée dans la plaine de la présence de Déviants et du déroulement de combats. Les deux autres prirent pour cible la mâchoire d'un des Déviant. Les projectiles percutèrent le visage immense dans un chuintement étouffé par la petite bouffée noire d'explosif. L'attention du Titan visé se tourna vers la petite chose qui venait de lui titiller la figure et il la discerna, coincée sous son cheval.

Il ne fallut pas trois secondes pour que le géant domine le soldat de toute sa hauteur, et avant même que les autres combattants ne s'aperçoivent de quoi que ce soit et ne puisse réagir, Rivaï sentit la main énorme l'arracher au sol par la cape, le soulevant de sous le cheval peu à peu inerte et de plus en plus lourd, et il put respirer, enfin.

Il ne s'était jamais laissé attraper par un Titan. Aucun de ces gros balourds sans cervelle n'avait jamais réussi à le choper ni même l'effleurer. C'était une étrange sensation que d'être soulevé ainsi, sentir qu'on ne pèse rien entre les doigts grossiers et énormes. Mais là n'était pas le problème. Ce gros Titan avait agi bien comme il le fallait pour le sortir de là.

Après avoir été arraché au poids mort de sa monture, la poigne du Titan n'était rien et en un éclair, Rivaï enclencha tous les muscles de son corps et son équipement tridimensionnel siffla lorsqu'il s'activa lorsqu'il s'arracha à la pression des doigts du monstre. Le gaz détonna lors de l'expulsion et un boulet de canon s'abattit de tout son poids en plein sur le visage du Titan, dont la tête eut une petite rotation sèche sous l'impact, comme s'il se prenait un crochet.

- … C'est quoi ça ? grimaça Gunther, spectateur impuissant de la bataille de ses camarades et de son supérieur, en voyant celui-ci, attaché au visage du Titan vaguement sonné, contourner son crâne, viser sa nuque et neutraliser l'individu.

Plus loin, Auruo, cantonné à la protection de Gunther, avait vu la libération et l'intervention de son Capitaine et jubilait contre le Titan.

- Ouais ! 65 kilos dans ta gueule, la mocheté !

- Comment tu connais le poids du Caporal, toi ? demanda Gunther, sceptique et grimaçant en tenant son bras meurtri.

- On fait le même !

- Menteur ! Je suis sûr que tu en fais 10 de plus, et que c'est pas du muscle !

- Tu vas voir si c'est pas du muscle !

Sans laisser à son coéquipier plus de temps pour palabrer, Auruo l'agrippa, le hissa sur son propre cheval et s'ensella à l'arrière. Gunther sentit les bras d'Auruo trembler légèrement, ses poings serrés sur les rênes. Le blessé ne réalisa pas que ses propres muscles étaient contractés à l'extrême, et pas seulement à cause de la douleur. La fureur de l'adrénaline bouillait leur sang, et ils regardaient leurs compagnons se battre contre les Titans sans pouvoir leur prêter main-forte. Auruo prit les devants, faisant sursauter Gunther.

- Capitaine ! héla-t-il. Je vais éloigner le blessé !

- Mettez-vous à l'abri près du fossé, dans neuf-cent mètres ! hurla Rivaï pour se faire entendre à travers le vacarme. Attendez-nous là-bas !

- Roger !

Et le cheval, supportant vaillamment le poids de ses deux cavaliers, fonça sans attirer l'attention des géants, trop occupés par les mouches leur tournant autour et picotant leur peau. Le terrain était dégagé, et le combat s'enfiévra rapidement. Les soldats, le sang battant les tempes et s'efforçant de garder une lucidité froide et alerte, ne pouvaient utiliser leur équipement que de Titan en Titan, ceux-ci étant trop éloignés de l'orée du bois pour exploiter les arbres.

Ils eurent au début l'impression que plus ils en abattaient, plus il en venait et ils craignaient que les rumeurs du combat n'en attire toujours plus et qu'ils se laissent souffler par leur nombre, mais peu à peu, alors ils commencèrent à y voir plus clair : ils pourraient bientôt vaincre la bataille. Il ne restait qu'un gros Titan difforme de class dix, un classe-huit, quelques petits gabarits et un Déviant incontrôlable. Après s'être occupés du menu fretin, Rivaï et les deux hommes s'évertuèrent à cerner le Déviant et parvinrent à en venir à bout. Alors que William et Erd finissaient de nettoyer la zone des plus petits, Rivaï repéra les alentours et vit que le classe-dix, qu'il croyait abattu par Petra depuis un moment, se tenait debout et se trémoussait, essayaient d'atteindre la soldate debout sur sa nuque. Heureusement, ses bras difformes étaient trop petits pour atteindre la jeune femme, qui semblait s'acharner avec ses lames. Rivaï comprit que quelque chose clochait alors que le gros géant ne vacillait pas.

- Petra ! appela-t-il. Qu'est-ce que tu attends pour le buter ?

- Impossible, Capitaine ! La lame ne pénètre pas !

- Quoi ?

Rivaï rejoignit Petra et constata que la jeune femme peinait même à récupérer sa lame, coincée dans la nuque fumante du Titan. Elle n'était pas assez enfoncée et à présent la plaie se refermait, emprisonnant bel et bien l'acier.

- Oublie ça, fit-il à Petra qui essayait encore de la dégager.

Il dégaina les siennes et, raffermissant la prise de ses grappins sur le cuir chevelu du Titan qui gigotait en essayant d'attraper ses deux petits poux, il tenta de déchirer la chair. Malgré la force et la vélocité déployée, l'entaille ne fut pas assez profonde, comme si elle raclait du cuir. L'épaisseur de tissus adipeux entourant le cou semblait former une véritable cuirasse quasi-impénétrable, et Rivaï eut même du mal à repérer correctement la zone létale.

- Putain, un Titan obèse, merde ! siffla-t-il, à moitié incrédule.

Il ne savait pas que certains individus plus charnus pouvaient être plus difficiles à neutraliser. Il y avait vraiment de tout. Hanji devrait noter ça. Le fait était que leurs lames émoussées ne pouvaient entailler correctement cette chair robuste.

- Capitaine Rivaï, derrière !

Le soldat se retourna et vit le classe-huit, se dandinant sur place, les fixer de ses grands yeux ahuris délavés.

Petra allait enclencher la projection de son grappin pour quitter leur perchoir quand Rivaï l'agrippa juste avant qu'elle ne se fasse le moindre geste, verrouillant son bras autour de sa taille. Petra faillit glisser mais Rivaï la maintenant fermement sous le bras dans une position inconfortable qui appesantit la respiration déjà courte de la jeune femme. Elle essaya de se dégager de son emprise mais rien n'y fit.

- Capitaine…

- Pas un geste ! hurla Rivaï, si fort que Petra comprit qu'il s'adressait surtout à Erd et William, qui voyaient la scène et tentaient d'approcher pour neutraliser le Titan menaçant leurs deux coéquipiers. Face au Capitaine et à Petra, le classe-huit s'approchait, fixant son regard vide sur les deux minuscules êtres immobiles debout sur son congénère.

Petra se débattit, essayant d'enclencher une nouvelle lame, mais le bras de Rivaï ne lui laissait aucune alternative. Elle lâcha un juron. Bon sang, que faisait-il ?

- Capitaine Rivaï !

Le cri de Erd, appelant leur capitaine, retentit dans l'esprit de Petra immobilisée. Il était là. Juste là. Il lui semblait n'en avoir jamais vu d'aussi près. Elle vit la gueule du Titan s'ouvrir et eut l'impression que tout le temps lui était donné pour emplir ses yeux de la noirceur du gouffre de la gorge immense et son nez de l'odeur insoutenable s'en dégageant.

- RIVAÏ !

Son propre hurlement lui déchira la gorge et simultanément, elle sentit tous les muscles de Rivaï se détendre comme une mécanique de ressors foudroyants alors que la face hideuse se jetait sur eux. Elle entendit le crissement sec du filin, sentit le corps de Rivaï décoller de leur support, entraînant le sien en le verrouillant toujours contre lui. La mâchoire du classe-huit claqua et un bruit de chair écrasée se fit entendre tandis qu'une giclée chaude brûla le dos de Petra. Elle sentait tout, pourtant tout s'embrouillait dans un capharnaüm d'adrénaline cuisante, de terreur et de mouvements qu'elle ne maîtrisait pas. Leur envol et la suspension dans l'air ne dura qu'une seconde, fulgurante.

Ils atterrirent rudement et roulèrent sur le sol humide, le dos fumant de sang de Titan. Rivaï se releva, préférant ne pas prêter attention à l'état d'éponge marronnasse de ses vêtements, et jeta un coup d'œil à Petra pour lui demander si elle n'avait rien de cassé. Le regard noir qu'elle lui lança fut si virulent qu'elle le cloua sur place.

- Vous me paierez ça ! siffla-t-elle d'un ton hargneux.

Elle avait parlé à vois basse, encore enrouée par l'adrénaline et l'effroi, mais employa malgré tout un vouvoiement qui transpirait de colère. Rivaï n'y prêta pas garde sur le coup, cherchant du regard ses soldats.

Erd et William se tenaient tétanisés à une dizaine de mètres. Ils avaient vu leur Capitaine empêcher Petra de s'enfuir, attendre jusqu'au dernier moment, jusqu'à la plus infime étroite seconde, pour décoller… afin d'attirer le classe-huit, le laisser bondir sur eux… et refermer sa mâchoire puissante sur la nuque épaisse du Titan trop massif pour être neutralisé par les lames. Les deux monstres s'écroulèrent sous l'impact puissant de l'élan du classe-huit. Le plus petit se releva, la gueule dégoulinante de pulpe. L'autre resta inerte, la nuque grasse arrachée. Premier problème résolu. Le classe-huit, peinant à se relever, s'abattit de nouveau sur le corps inerte et fumant de son congénère lorsque la lame de William déchira la longue lamelle vitale dans sa nuque.

Rivaï balisa du regard les environs : le terrain était à déserter au plus vite. Cette bagarre là était terminée, ils pouvaient enlever les gants, les ranger momentanément à la ceinture et quitter l'arène.

- Erd ! Amène les chevaux ! William, tire un fumigène, vert !

Rivaï enfourcha le cheval de secours attaché jusque là à celui de Petra, après avoir demandé à Erd et William de leur donner à Petra et à lui une lame chacun pour compenser celles perdues, puis les deux autres hommes retrouvèrent leur cheval respectif. Petra ensella sa monture avec précipitation et partit précipitamment dans un galop nerveux, presque avant que Rivaï ne lance la troupe. La petite division quitta le champ de bataille à toute vitesse, essayant de retrouver Gunther et Auruo et de reprendre place dans la formation.

Lorsqu'ils retrouvèrent leurs coéquipiers, Auruo avait déjà replacé le bras de Gunther et ce dernier s'excusa de sa piteuse participation. Petra gardait les yeux rivés droit devant elle. Elle ne répondit pas à la poignée de main légèrement fébrile d'Auruo, ni ne sourit pour rassurer Gunther. Elle sentait la peur bouillonner encore dans son ventre, se diluant trop doucement pour ne pas dissoudre complètement l'aigreur piquante qu'elle ressentait pour son supérieur.

xXx

La nuit était tombée tard, et les heures d'obscurité étant le seul salut des soldats, ceux-ci avaient dû galoper durant ce qui leur avait paru une infinité avant de pouvoir établir un bivouac, sûrs alors de ne pas être dérangés par les Titans, inactifs.

Alors que les quelques morts déjà à déplorer prenaient repos dans les carrioles et les blessés dans la tente de soins, le reste des soldats s'était affalé sous des bâches rustiques. Seuls restaient éveillés les sentinelles autour du camp et les plus hauts gradés, en débriefing dans une petite tente précaire dans laquelle régnait un silence grave.

- Nous ne sommes jamais allés aussi loin, déclara Erwin en relevant les yeux de la carte étalée sur la table pour les plonger dans ceux de Rivaï. Notre avancée est presque spectaculaire, en si peu de temps nous avons dépassé la limite jusque là infranchie par nos troupes.

- Ça se compte en hommes tombés. J'espère que nous serons au moins assez au retour pour visiter les familles des morts, fit Rivaï sur un ton traînant.

- Nous avons bien combattu. Cette avancée devra les honorer.

Il se replongea dans la carte et après un moment de réflexion, reprit :

- Nous prendrons légèrement par l'Ouest. Nous devrions avoir assez de vivres pour tenir une semaine, même si nous n'irons pas jusque là.

Aucun des deux hommes ne le dit, mais la disparition de nombreux soldats augmentait les rations de combattant disponibles. Plus de morts il y avait, moins il y avait à s'en faire pour l'alimentation.

- Tu migreras ton escouade sur le flanc avant-droit pour ouvrir le chemin, reprit Erwin, juste derrière ma division. Il faudra que tu balises bien l'avant-poste, comme d'habitude toi et ton escouade êtes en charge du gros du travail de repérage et de d'éclaireurs pour maintenir la formation.

- Compris.

- Nous devrions sans doute profiter de cette bonne étoile pour tenter de capturer un Titan, mais gardons ce projet pour notre retour aux abords du Mur, nous ne pourrions même pas transporter un classe 3.

- Pas sûr. Un de ces attardés immobilisés ne comprendrait même pas ce qui lui arrive et n'essaierait pas de se débattre je pense. Ils ne sont pas lourds, si on l'ampute des quatre membres régulièrement il pourrait tenir sur une carriole, à condition que l'on en ait encore une de disponible, non chargée en cadavres.

- Mh. Qu'en dis-tu, Hanji ?

Un ronflement sonore lui répondit, faisant trembler toute la tente. La jeune femme, affalée dans un coin, s'était endormie lourdement. Rivaï soupira.

- Quel cas, celle-là.

- Elle a raison, tu devrais la suivre. Va te reposer, Rivaï.

Un sifflement méprisant répondit Erwin.

- Si tu voyais ta tronche, tu saurais que ce n'est pas à moins de filer me pieuter.

- Commandant, osa la voix d'un soldat situé dans l'entrée de la tente. Je suis assigné au guet pour les deux prochaines heures. Prenez donc du repos.

Rivaï mettait au défi n'importe quel soldat de la Police militaire de se proposer pour relayer leur supérieur afin de permettre à ce dernier de se reposer. Smith était décidément un drôle d'oiseau, mais il était entouré d'incroyablement valeureux et dévoués soldats, et cette simple intervention du jeune homme dans l'entrée réchauffa le cœur du Commandant.

- Bon, merci. Je vais quand même ranger ça.

Rivaï leva les yeux au ciel, exaspéré par le zèle de son supérieur qui repliait les cartes et les rangeait dans les sacoches. Ce mouvement de tête donna cependant un léger vertige à Rivaï, qui le refoula en fermant légèrement les yeux. Du sommeil. Un tout petit peu. Hanji avait raison, oui.

- Mike, fit Erwin, reste éveillé encore une heure, préviens-moi si quelque chose arrive. Lorsque tu auras besoin de te reposer, demande à Hanji de te relever. Bonne soirée, sourit-il en pressant l'épaule du jeune homme de guet, puis en sortant de la tente pour aller se rétablir dans la tente désignée.

Rivaï le suivit à l'extérieur, salua son Commandant et s'éloigna un peu du centre du camp. Il retrouva son cheval, allongé dans l'herbe. La plupart des autres bêtes somnolaient debout, mais certaines étaient si éreintées qu'elles restaient affalées sur le flanc jusqu'à ce que les soldats ne les secouent. Rivaï s'accroupit près de la tête massive de l'animal, qui ouvrit un œil brun et luisant dans le noir. Sa peau eut un tressaillement lorsque la main du soldat flatta son encolure et que sa voix réchauffa l'atmosphère quand il chuchota :

- Salut, salopard. T'as eu un sacré cul toi, hein.

Il s'assit dans l'herbe et s'adossa au flanc moite du cheval. La brave bête. Petit survivant. Il était bon, lui aussi. Un peu jeune, c'était sans doute sa première sortie. Il s'était essoufflé dans la course de la soirée, mais il prendrait vite le coup. Rivaï lâcha un juron en pensant à son cheval originel, tué par le Titan. Sans doute sa chair finirait-elle dans la gueule des animaux charognards, à défaut de l'être par celle des Titans, exclusivement anthropophages. Mourir dans la plaine n'était pas une si mauvaise fin.

Rivaï sentit un épuisement de plomb peser dans tout son corps. Ses côtes le lançaient légèrement, mais il tiendrait bien le coup, il n'avait pas besoin de se faire remarquer de l'équipe de soins. Il verra ça de retour entre les Murs. Il croisa les jambes et bascula la tête sur l'épaule du cheval somnolent, plongeant le regard dans le ciel noir.

Il ferma les yeux et, après ce qui lui parut être une seconde, sursauta sans trop comprendre pourquoi. Il scruta l'obscurité et ses yeux mirent du temps à distinguer une silhouette, debout à quelques mètres du cheval.

- Capitaine ?

La voix de Petra coula dans sa tête et lui piqua les sens. La dernière fois qu'elle lui avait adressé la parole, c'était d'une voix sanguine et piquée de colère. Pourtant, le ton de la jeune femme semblait à présent dépourvu d'animosité.

- Va te reposer, soldat, se contenta de dire Rivaï d'une voix rauque.

Elle ne bougea pas et Rivaï déclara, plus bas :

- Si tu veux m'assassiner maintenant, tu devras te débrouiller pour cacher mon cadavre, sans quoi ce serait légèrement suspect. Sauf si tu comptes camoufler le meurtre par une attaque de Titans, mais tu serais obligée de me bouffer à moitié.

- J'avais plutôt pensé à t'étouffer avec ton foulard et faire passer ça pour un suicide désespéré.

Au moins elle n'avait pas perdu son sens de l'humour.

- Tu n'as plus l'air si en colère, fit-il remarquer.

- J'ai eu peur, c'est tout, expliqua-t-elle. Il faut croire que te connaître comme je te connais n'est pas suffisant pour s'épargner les névroses.

Elle s'approcha de Rivaï et s'assit à côté de lui, s'adossant contre le flanc de son cheval. Il faisait nuit noir et on entendait presque, dans le ronflement sourd de la nuit, le souffle des soldats du camp, à une dizaine de mètres derrière eux. Rivaï soupira bruyamment pour montrer son désaccord quant à la présence de Petra ici, mais la jeune femme l'ignora. Le Capitaine se taisait et elle comprit qu'elle avait une occasion d'expliquer.

- J'ai vraiment… Vraiment cru mourir. Vraiment. La gueule de ce Titan… J'ai détesté sentir que je ne maîtrisais pas. Que ma survie ne dépendait pas de moi à cet instant, car tu l'avais empoignée et n'étais pas décidé à la lâcher. Je t'en veux pour ça.

Rivaï dodelina légèrement de la tête, continuant de fixer l'horizon noir – était-ce le ciel, ou la plaine ? Impossible de les différencier.

- Mhmm. ...Jamais je ne mettrai délibérément la vie de mes équipiers en danger. Ni les membres de mon escouade, ni un soldat lambda, ni toi. Mais je crois que c'est une bonne chose que tu m'en veuilles pour ce qu'il s'est passé. Ça montre que tu en as et que tu es déterminée à te démener pour parvenir aux choses par toi-même. C'est un peu ça non ? Tu es en colère parce que tu t'es sentie en danger par ma faute et que tu ne pouvais rien y faire.

- Mh, j'imagine.

Elle sentit la main de Rivaï se glisser contre sa cuisse et y restée nichée, comme une petite bête ayant trouvé le plus sûr endroit du monde. La chaleur de cette paume traversa l'épaisseur du pantalon et réchauffa la peau de Petra, hérissée par la fraîcheur de la nuit. Rivaï déclara doucement :

- Que tu sois ce que tu es pour moi ne change rien, tu n'as aucun traitement de faveur à ce niveau-là : tu es assez grande pour te protéger toute seule.

- Je sais qu'il s'agissait avant tout d'une manœuvre pour buter ce Titan épais, mais tu m'as un peu protégée pourtant.

- Simple entre-aide entre soldats. Je n'aurais pas agi différemment avec William, ou Auruo, ou les autres. Enfin, si, je n'aurais pas eu à les retenir. J'aurais pu leur dire simplement « Ne bouge pas », et ils auraient attendu que je leur dise de bouger. Toi, tu as tendance à paniquer quand tu es paumée au milieu d'une situation critique. Tu serais partie trop tôt, le classe-huit aurait pu t'attraper et tu aurais de toute manière fait diversion en le détournant de l'autre Titan, qu'on aurait plus pu tuer. Essaie de garder ton sang froid, pour que ça ne te coûte pas à l'avenir.

- Roger, Capitaine.

Elle avait écouté la voix de Rivaï, grave, un peu atone, un peu rude, prononcer cela sans la regarder, et elle devinait derrière ce simple conseil de combattant, une légère tendresse, voire une imperceptible inquiétude. Elle posa sa main sur celle de Rivaï, sur sa cuisse, et elle savoura la chaleur de cette main, et du corps puissant du cheval contre lequel ils étaient adossés. Elle se rappela que cet animal était le remplaçant de l'étalon de Rivaï mort écrasé.

- Comment vont tes côtes ? demanda-t-elle en revoyant son Capitaine, coincé sous le corps de sa monture blessée.

- Elles vont.

La main de Petra tâta durement le flanc de Rivaï, enfonçant légèrement le doigt dans ses côtes. Rivaï retint un sursaut et inspira sèchement.

- C'est fêlé ça, fit remarquer la jeune femme sans la moindre pitié.

- C'est toi la fêlée. Bas les pattes.

Le léger rire de Petra fit apparaître dans la pénombre quelques petites volutes de vapeur blanche.

Invisible dans le noir, elle porta une main au visage de Rivaï. Ses doigts trouvèrent sa mâchoire et l'effleurèrent. Cela faisait près de cinq jours qu'ils étaient partis, et elle était légèrement râpeuse. Petra ouvrit la bouche mais avant qu'elle ne dise quoi que ce soit, Ils s'interrompirent subitement simultanément, les sens en alerte en ayant entendu un froissement à quelques mètres d'eux.

Rivaï posa un doigt sur ses lèvres en signe de silence et sans un bruissement, désigna un point dans le noir. Petra plissa les yeux, se demandant comment Rivaï pouvait y voir quoi que ce soit. Il avait beau être impressionnant, il ne pouvait pas être nyctalope en plus, quand même ! Elle finit cependant par distinguer un léger mouvement, à une huitaine de mètres d'eux. Deux jeunes renards sortaient d'un fourré, humant l'air en jetant des regards suspicieux à la meute d'animaux étranges qui s'était établie dans la clairière. Ils devaient croire Petra et Rivaï endormis, car ils passèrent leur chemin sans précipitation. Qu'ils soient issus d'une même portée ou en promenade nuptiale, ils trottaient avec espièglerie, se donnant de petits coups de pattes et de museau, et disparurent dans la nuit, bondissant l'un sur l'autre. Petit interlude tendre et fripon d'un monde frémissant et vivant tout autour d'eux. Un monde immense et clairsemé de Minuscule, ce monde qui avait été autrefois le leur, celui des Hommes, et leur était à présent inconnu à eux, génération de maquisards terrés dans leur triple guérite. Mais Petra fut touchée par le spectacle furtif de ces animaux.

Elle tourna la tête vers Rivaï, sans un mot. Le profil du soldat se dessinait comme une ombre chinoise noire sur le fond encore plus sombre de la nuit. De légères volutes blanches s'échappaient se formaient à chacune de ses respirations, soulignant la ligne de son visage avant de s'estomper dans la pénombre. Un profil touchant, presque beau. La nuit le noyait dans un noir dense, compact, mais il semblait prêt à voler en éclat comme une feuille de givre. Il regardait droit devant et à travers la brillance de ses yeux, Petra savait que s'engouffraient tout le spectacle de ce monde impitoyable, des paysages figés dans la nuit, des arbres parcourus de petits animaux noctambules, du vol silencieux des oiseaux de proie, de la voûte étoilée parsemée de nuages grisâtres en course éternelle.

Elle se sentit légèrement émue par l'immobilité de Rivaï, cet air-de-rien qui ne trahissait par qu'il buvait tout ce qui l'entourait. Elle lui en voulait peut-être encore un peu. Tant mieux. Elle n'avait aucun traitement de faveur ? Il ne devait pas en avoir non plus d'elle. Il avait manqué la faire dévorer par un Titan et elle avait réellement cru mourir. Il méritait son ressentiment, mais celui-ci était infime par rapport à la tendresse qu'elle éprouva pour lui, comme un élan, une bouffée d'air gonflant sa poitrine.

Elle serra fort sa main, toujours posée sur sa cuisse, mais Rivaï ne pressa pas la sienne en retour. Il se contenta de caresser furtivement sa cuisse de son pouce.

- Retourne te reposer, soldat. Dans la tente adéquate, fit Rivaï, intraitable. Ça a été une rude journée, j'aimerais éviter qu'une telle situation se reproduise demain à cause d'un manque de sommeil. Il est rare qu'on ait de la chance deux fois de suite.

- Non, Rivaï, fit-elle en appuyant exagérément son nom, nu comme un ver, tout dépourvu de titre hiérarchique, et en se dandinant un peu sur place pour asseoir la place de son séant. Je reste juste là.

Elle abusait outrageusement de sa position spéciale, la bougresse.

- Et après ça se dit fière d'être sous mes ordres, à quoi bon si tu ne les écoutes même pas.

Petra retint un rire face à la mine (qu'elle devinait) désabusée et feignant d'être légèrement boudeuse du soldat. Elle se cala contre son épaule et sentit tout son corps de détendre. Elle savait qu'il la réveillerait à temps, demain matin. Il la réveillait toujours à temps.

Alors qu'il la sentait se détendre, Rivaï la sentit tirer légèrement sur sa manche et il distingua son doigt désignant quelque chose vers le haut. Il leva la tête et fut pris d'un léger vertige. La voûte, d'un noir d'encre, s'était faite dépoussiérée par le vent des quelques nuages fluorescents et offrait un spectacle de minuscules étincelles, lointaines et vertigineuses. Un firmament époustouflant.

Le hurlement d'un loup au loin, rauque et guttural, fit vibrer l'atmosphère et la nuit entière, et il ne fallut pas quelques minutes pour qu'un bouquet de hurlements similaires ne fleurisse dans le lointain, en réponse au solitaire.

Petra se tendit un peu, la chair hérissée par cette chorale mystique, étrange qui pénétrait l'âme et la pénombre.

Rivaï entendit la plupart des soldats se réveiller dans le camp, derrière eux, et il devina qu'Erwin avait ouvert les yeux sur sa couchette et écoutait en silence. Chacun, éveillé et immobile, écoutait cette mélopée triste et longue, vivante, interminable, qui s'étendait dans l'infini de la nuit. Et le chant de cette meute de loups à plusieurs kilomètres de là se répercutait comme un écho éloquent dans le cœur des soldats, serrés les uns contre les autres dans leur camp.

C'était une belle nuit et si demain la lutte devait reprendre, s'ils devaient rentrer en vie, se carapater entre leurs trois Murs, Petra était sûre de ne jamais, de sa vie, avoir à regretter son travail de soldat lui permettant de se gorger de cette vie qui flottait dans l'air de l'extérieur.

Elle s'endormit sans s'en rendre compte, la tête pleine du chant continu des loups. Rivaï réajusta sa cape afin de couvrir au mieux la jeune femme. Il ferait tout de même mieux de la réveiller avant que le camp n'entre dans l'effervescence du départ demain. Mais pour l'heure, il ferait mieux de suivre l'exemple de sa subordonnée. Il flatta doucement son cheval qui s'ébroua doucement et il ferma les yeux, lâchant la main de Petra pour serrer ses doigts autour de la poignée de son arme, au cas où.

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Non… Ce n'est pas du mélo… C'est du lyrisme, nuance. Avec une pointe de romantisme bucolique. Ouais bn ok, y a UN PEU de mélo. Un peu xD

Ah ! Ah, je suis contente de ce chapitre ! Il me plaît bien ! Je crevais d'envie d'écrire sur une expédition !

Bon, le souci c'est que comme j'ai mon cinoche qui défile dans ma tête et que je clavine comme une névropathe pour essayer de vous faire voir tous les détails et les mouvements etc des scènes, des fois à la lecture ça donne une bouillasse et je suis pas sûre que ce que vous ayez en tête soit compréhensible ^^'' (notamment le moment où Rivaï se gamelle avec son cheval… Ouais en fait ils sont surtout tombés comme deux grosses merdes, voilà) C'est très… fébrile tout ça -_-

Bon, j'espère que malgré mon big retard vous avez pu apprécier ce chapitre, j'ai en tête les deux suivants, mais méga-croustillants les trucs ! Je vous promets que dès que je le peux je tape-tape-tape à donf sur ce clavier et qu'au plus vite, je publie la suite !

Prenez soin de vous ET A TRES BIENTOT !

Cha cha ! ;D