The Generation of Miracles : Us !
Last chapter
Disclaimer : Rien à moi sauf l'intrigue et les Dieux Traîtres, bien sûr.
Note de l'auteur : Pas la peine que vous lisiez ce chapitre avec des a priori, on se retrouve à la fin. Juste une chose : Je suis profondément désolée de vous avoir fait autant attendre mais l'année d'étude qui vient de s'écouler est impitoyable, celle qui arrive sera pire.
Un conseil : c'est fichtrement long, c'est le dernier chapitre alors bon, installez-vous confortablement. Mouchoirs ?
Il y a un résumé du reste de la fic au chapitre 22. Effectivement, il y a une erreur dans le résumé au ch 23 :
« Barane repense au moment où les DT ont kidnappé Kuroko et l'ont arraché à Aomine […], cache le corps inconscient de Kuroko, et affirme à ORENJITE qu'il n'y a personne ».
Bah oui, il se parle pas tout seul... Je vous invite à relire le chapitre 23, pour cette fin qui vous a tellement mis en rogne !
Présent pour le présent qui se déroule UN AN après la fin du 23.
Temps passés pour les flashbacks. Les flashbacks ne sont pas des souvenirs d'un personnage sur lequel on s'arrête. Ce sont des morceaux du passé.
Hurlements. Halètements.
Il se redresse. Se frotte le visage. Ses yeux observent ensuite ses mains tremblantes. La droite vient enserrer la gauche et la frotte doucement. Ses pieds touchent le sol et il se lève.
Aujourd'hui est le Jour. Pas le temps de rester cloîtré dans son lit.
Il enfouit tout sentiment au fond d'une boite qu'il fait sombrer comme eux ont sombré.
Il marche, ses pieds s'enfonçant dans la moquette beige.
Il ouvre la porte de la salle de bain, sans se regarder dans le miroir. Il sait ce qu'il y verrait : un fantôme, une ombre, une expression sans âme.
Il s'habille. Tout en noir. Et part. Ignorant les aboiements du chien restant enfermé dans la maison.
Quelques minutes de marche.
Il se faufile dans l'espace entre les deux imposantes grilles en fer.
Pas un bruit. Rien ne trouble le silence. Il déambule, les poings serrés enfoncés au fond de ses poches.
Et il Y arrive.
Comme toujours, il ne tient pas debout plus de quelques secondes.
Tombe à genoux.
Ne réagit pas quand une longue main se pose sur son épaule.
- Je sais… je sais … murmure le nouvel arrivant.
- Je n'y arrive pas
- …
Et les deux jeunes adultes ferment les yeux alors que des souvenirs différents les assaillent.
Flashback – Après l'accident
Kise se réveilla et contrairement à tous ces personnages de mangas qui émergent et qui passent par de la pure confusion avant de comprendre, il n'eut pas de moment d'absence avant de se souvenir de ce qu'il s'était passé. Il se mit à genoux et contempla avec horreur la scène autour de lui.
Leur voiture en flammes enfoncée dans le camion devant eux mais pas de front, plus dans une sorte de diagonale. L'arrière du véhicule écrasé par une seconde voiture où le feu s'étendait. Kise chercha du regard Aomine et le soulagement s'étendit dans tout son corps quand il le vit, à moitié allongé, redressé sur ses coudes, hagard. Le blond se précipita vers la lumière qui le prit dans ses bras. Ils ne prononcèrent pas un mot, sous le choc. Le dos d'Aomine le brûlait et il mordit sa lèvre pour ne pas montrer sa douleur. Rapidement, le basketteur vérifia que Kise n'avait rien et poussa un soupir de soulagement quand il vit que le blond était intact, mis à part quelques coupures.
- Daikicchi, bredouilla Kise. Où sont les autres ?
Aomine ne le savait pas. Ils se relevèrent tant bien que mal, sous les yeux stupéfaits des conducteurs sortis pour leur prêter assistance et qui avaient déjà appelé les secours. Aomine laissa échapper un cri quand il s'appuya sur sa jambe. Kise se tourna immédiatement vers lui.
- … ça … va ?
Aomine secoua la tête. Il savait que sa jambe avait été sacrément touchée et il savait également qu'il fallait qu'il détourne le sujet sinon il allait s'effondrer.
- Mais comment on a pu se retrouver hors de la voiture ? murmura-t-il.
- Je ... crois avoir entendu deux déclics avant l'impact… et j'ai l'impression d'avoir été poussé… hésita Kise.
Ils se regardèrent.
Akashi.
- … Non… S'il a eu le temps de se détacher, de nous détacher et d'appuyer sur le bouton qui déverrouille les portes… commença le blondinet.
- Ne dis rien, Kise, s'il te plait… Les autres… Ils étaient devant… Oh mon…
Le copieur comprit. Alors, ils les virent.
Un corps étendu sur le ventre, un bras sous la tête, yeux clos, visage détendu et défiguré.
Un autre sur le dos, yeux ouverts et aveugles, le liquide pourpre coulant sans interruption de son front.
Et le dernier ensanglanté, recroquevillé sur le côté, comme s'il dormait.
Kise hurla et sa voix déchira l'âme d'Aomine.
Ils se précipitèrent mais avant d'avoir atteints les corps inanimés de leurs amis, des personnes avec de lourdes vestes blanches et d'imposants sacs rouges les dépassèrent avant de se mettre à créer une vague d'agitation autour des trois personnes au sol. Kise enfouit son visage dans le cou basané d'Aomine et ce dernier sentit les perles liquides glisser contre sa peau. Alors il se contenta de resserrer son étreinte.
- Bonjour.
Kise sursauta et Aomine écarquilla les yeux. Devant eux se trouvait Shirogane Higeki.
Le basané grimaça malgré lui.
Si Kuroko était un fantôme, la personne devant lui était une … apparition.
Aomine se souvenait d'un type aux cheveux noirs corbeau, aux yeux d'argent liquide brillants de détermination et de quelqu'un de … bah plutôt bien foutu.
Seuls les yeux n'avaient pas changé.
Le teint translucide, les pommettes et la mâchoire saillantes, une carrure musclée mais qui n'était plus baraquée, juste de quoi le rendre fin et dangereux, Shiro n'avait plus rien du leader des Dieux Traîtres de l'époque Teiko. D'ailleurs, les cernes violettes dessinées sous ses yeux et sa perte de poids indiquaient surtout qu'il était malade.
- T'es dans un sale état, connard, cracha Aomine.
Le basané jeta un œil aux ambulances et sentit l'horreur et la panique monter en lui. Il la réprima tant bien que mal. Il se focalisa sur Shiro pour ne pas se laisser aller. Celui répondit.
- Je sais.
Le Dieu Traitre haussa les épaules.
- Plus que quelques mois à vivre. On fait avec.
- Comment ça ? interrogea Aomine, méfiant.
L'autre le regarda. Et sourit.
- Cancer. Et j'ai refusé tous les traitements, chimio incluse.
Aomine resta bouche bée avant que la colère et la tristesse ne le reprenne. Il jeta un œil sur le côté et déglutit en voyant les brancards.
- Si tu crois que je vais pleurer sur ton sort, tu peux bien aller te faire foutre !
- Je n'ai que faire de ta pitié ou de ta compassion, gronda Shiro en le défiant du regard.
- Et, petite enflure que tu es, tu as décidé de nous emmener dans la tombe ?! hurla Aomine avant d'armer son poing et de frapper violemment.
La tête de Shiro partit sur le côté. Il essuya du revers de la main le sang coulant de sa lèvre explosée.
- Non. Honnêtement je m'en fous. La prison calme, crois-moi. J'étais jeune quand il s'est passé … ce qu'il s'est passé avec Tetsuya et Kise. Je ne regrette pas d'avoir tenté le tout pour le tout pour garder Testuya à mes côtés, je regrette les dommages… collatéraux.
- Je rêve ou tu es en train de te faire passer pour un saint ? siffla Aomine entre ses dents.
Shiro leva les yeux au ciel.
- Je me fiche de ton avis. Je dis les choses comme elles se sont passées. Je n'aurais pas du m'absenter et laisser Kuroko et Kise seuls avec Kasshoku. Ce type n'est à laisser seul avec personne.
Et Aomine craqua, les larmes dans les yeux, et désigna d'un ample mouvement les ambulances qui partaient et les médecins qui se dirigeaient vers eux, ne semblant pas comment faire pour les interpeller alors que Daiki hurlait.
- ET EUX ?! Quelle raison avais tu pour cet accident ?!
Shiro se contenta de le regarder avant de répondre.
- Je n'ai absolument rien fait dans cet accident. Rien du tout. Je n'aurais jamais réussi à empêcher Kas' de le programmer. Au contraire, que ferais-je ici si je n'étais pas de votre côté ? Je suis arrivé trop tard mais j'ai essayé.
- Espèce de taré…
- Pense ce que tu veux. Je n'ai qu'un but. Tuer Kasshoku pour mettre Kuroko définitivement à l'abri.
Et avant qu'Aomine n'ait pu l'arrêter, Shirogane disparut parmi les gens s'étant arrêtés et les médecins le forcèrent à lâcher Kise qui semblait pétrifié. Aomine fut couché sur un brancard et c'est à ce moment que les douleurs dans son dos et celle, bien pire, de sa jambe explosèrent et qu'il perdit connaissances.
Fin du Flashback.
Présent
Il tend une main et effleure la tombe du bout des doigts.
- Comment a-t-on pu en arriver là ? murmure-t-il.
Et sa voix est brisée. L'autre ne répond pas.
- Que va-t-on faire maintenant ?
- Vivre.
- Revivre.
La voix derrière eux les fait sursauter et ils se détendent en voyant la personne qui vient d'arriver. Elle s'agenouille.
- Je ne sais même plus comment faire.
- Pas sûr que ça s'apprenne.
Flashback – Hôpital
Aomine ouvrit les yeux. Et fixa le plafond. Il avait mal. Tout son corps lui faisait mal. Et son cœur aussi le faisait souffrir. Une infirmière rentra et prit ses constantes. Aomine la détesta d'office.
Il détestait la manière qu'elle avait d'éviter son regard, de faire comment s'il n'était pas réveillé.
- Je vous dérange peut-être ?
Sa voix était rauque et, alors qu'il voulait parler suffisamment fort pour la brusquer, sa voix n'était qu'un murmure. L'infirmière, sans jamais le regarder, répondit :
- Je vais prévenir le médecin de votre réveil.
Et Aomine la détesta encore plus. Il se sentait lourd. Complètement engourdi. Il peinait à aligner deux pensées cohérentes. La porte s'ouvrit sur deux médecins. Leur visage était profondément sombre.
- Mes coéquipiers… Kise…
Sans un signe annonciateur, la panique se saisit brusquement d'Aomine. La machine se mit à hurler et il commença à suffoquer. Un cri s'échappa de ses lèvres alors qu'une douleur semblable à un coup de couteau irradiait dans sa cage thoracique. Ses mains se pressèrent sur son cou alors qu'il ne pouvait plus respirer. Les battements de son cœur se firent erratiques. Il chercha désespérément de l'aide auprès des médecins mais ceux-ci étaient déjà auprès de lui, l'un regardant sa jambe, l'autre hurlant des ordres.
Et avant de sombrer il ne put saisir que quelques mots.
- Phlébite… Embolie…
Fin du flashback
Présent
- Il est temps d'avancer. Même si je m'en sens incapable.
Les deux autres se tournent vers lui.
- Vous voulez aller aux States. Je vous suivrai là-bas.
- Mais …
- Je n'ai plus rien ici. Rien.
- Arrête… Ton avenir est ici.
- Pas sans lui.
Petit rire désabusé.
Flashback – Accident. Du côté de Kuroko.
Kuroko se tendit brusquement et une main gelée effleura sa colonne vertébrale, le glaçant au plus profond de lui-même. La main fantomatique retraça la courbure de son dos avant de se poser sur son épaule.
« Il est mort. Il est là. »
Il tourna lentement la tête vers Kasshoku. L'enflure souriait. Kuroko se rapprocha de Kagami et murmura :
- Il s'est passé quelque chose, Kagami. De grave.
« Il a raison » susurra Asmodée dans l'esprit du dunker. « L'éclat dans les yeux de Kasshoku est … vicieux, pour autant qu'un éclat puisse être vicieux. » Kagami ne répondit rien et serra les dents. Lui aussi avec son instinct digne de celui d'un hareng mariné pressentait quelque chose de mauvais.
Kuroko réfléchissait à toute allure et ferma les yeux. Il avait deux possibilités, soit tenter de rejoindre la Zone en prenant le risque de s'y noyer soit ne rien faire et devoir attendre avant de savoir ce qui venait de se passer –car il était sûr qu'il s'était passé quelque chose. Sans plus hésiter, Kuroko tenta de faire le vide dans sa tête pour se retrouver dans l'obscurité qui envahissait son esprit quand il fut soudainement rejeté, incapable de plonger dans l'ombre ou dans la Zone.
De plus en plus paniqué, il retenta de nombreuses fois, sans succès, sous les yeux perplexes de Kagami et ceux victorieux de Kasshoku.
Quand Kuroko rouvrit les yeux, un éclair acéré y avait pris place. Et chaque mot qu'il articula était plus glacial et amer que le précédent :
- Qu'as-tu fait à Seijuro, espèce d'enflure ?
Kasshoku se leva et s'approcha, un sourire doucereux sur le visage.
- J'ai fait ce que je sais faire de mieux, petit frère. Je calcule. J'élimine les obstacles et je te garde à mes côtés.
Kagami ne put s'empêcher de rire. Le regard émeraude se braqua sur lui.
- Mais pour qui tu te prends ô grand méchant mégalo ?
- Pour celui qui tue les miracles. Plutôt revanchard le mégalo.
Le rire s'arrêta aussitôt. Kuroko et Kagami se relevèrent dans un même geste. Kasshoku ne fit aucun geste pour les dissuader mais prit un air faussement boudeur.
- Hey angelot, pourquoi tu ne lui as pas dit ? Combien nous étions heureux Shiro, toi et moi ?
Kagami fronça les sourcils. Cette histoire commençait à le chauffer. Le brun se mit à faire les cents pas.
- Notre .. père était un monstre, commença Kasshoku.
- Tel père tel fils, toussa Kagami.
Sans faire attention à lui, l'ex d'Akashi poursuivit, imperturbable.
- Quand le père de Kuroko m'a nommé héritier, Kuroko a fui, sachant très bien que notre géniteur allait vouloir se débarrasser de lui. Shiro l'a ramassé à la petite cuillère et Kuroko est rentré à la maison. Là, j'ai soumis un ultimatum à notre père. Soit il ne touchait plus à Kuroko et je faisais mon rôle d'héritier parfait soit nous partions tous les deux. Avouons tout de même que c'était bien gentil de ma part sachant que je ne connaissais pas mon adorable petit frère. Il a accepté et tout allait bien.
Devant le regard perplexe de Kagami, il ajouta :
- Non, vraiment. Nous étions heureux. Tout le monde en couple avec tout le monde. Un truc foutrement incroyable. Shiro, le sauveur de mon petit frère. Seijuro et moi nous tirant mutuellement de l'ennui. Barane, cette loque, retrouvant son caractère doux chez le grand machin violet qui vous sert d'ami. Orenjite titillant Midorima, ce dernier se laissant faire. Et les jumeaux avec les deux crétins restant.
- Et tout s'est brisé, murmura Kuroko. Seijuro a voulu m'initier au basket. On s'est rapproché. Les Miracles se sont élevés et m'ont entraîné avec eux.
Le regard bleu et profondément fier de Kuroko se leva pour affronter le vert, rageur.
- Tu es devenu invivable. Crachant sur eux à la moindre occasion. Montrant ton vrai visage. Jaloux comme un enfant. Un jour la situation a explosé. Aomine a fait une erreur et a trompé Nezumi, l'un des jumeaux.
Kasshoku ne dit rien.
- C'était une erreur, bien évidemment, poursuivit Kuroko. Mais nous étions jeunes. Et humains, tout le monde fait des erreurs. Après ça, tout a changé. Nezumi est devenu si froid. Son frère, Haiiro, s'est battu contre Aomine. Par la suite, quand Haiiro a voulu faire payer Aomine davantage, il s'est rendu qu'il était beaucoup plus simple de s'attaquer à Kise.
Pause. Et toujours aucun bruit.
- Kise, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'était pas la personne avec qui Aomine avait trompé Nezumi. Cette personne était un type du club de basket. Aomine se contre fichait de lui mais ne supportait plus Nezumi, trop doux, trop calme, trop admiratif, tellement pas comme lui. Une erreur. Juste une erreur…
Kuroko scandait presque ce mot. Erreur. Son visage était sombre mais sa voix résonna à nouveau.
- Kise n'avait rien fait de mal. A partir de ce moment, deux clans se sont formés. La Génération des Miracles et les Dieux Traîtres, appelés comme ça à partir du moment où ils ont quitté Teiko. J'ai choisi les Miracles. Et Kasshoku ne l'a pas supporté, fit Kuroko en regardant Kagami.
- Tellement pas supporté qu'il a profité de la faiblesse de Nezumi, de l'envie de vengeance d'Haiiro, de la folie d'Orenjite, de la peur de Barane de se retrouver seul et de l'amour que me portait Shirogane pour … m'enlever.
Sa voix se brisa sur le dernier mot et ne fut plus qu'un chuchotement quand il réussit à continuer son récit.
- Des semaines enfermé loin du monde. Je n'ai vu que Kasshoku et Shirogane pendant cette période. Les autres Dieux Traîtres réglaient leurs comptes sur le parquet. Se faisant inlassablement détruire par les Miracles. La violence atteint son apogée quand Barane s'en prit physiquement à Murasakibara, frustré de ne plus avoir droit à un seul regard. Orenjite n'avait qu'un but après la séparation : faire souffrir Midorima. Pareil, agression en plein match. Et Haiiro n'a jamais loupé une occasion de se battre. Surtout s'il pouvait faire mal à Kise.
- Mais, l'interrompit Kagami, pourquoi aucune recherche n'ont été menée pour te retrouver ?
- Qui a trouvé un endroit pour me séquestrer d'après toi ? Mon père, bien heureux que la nuisance que j'étais puisse éventuellement disparaître et que son héritier se soit découvert une passion pour me brutaliser.
Le mot sonnait terriblement faible et Kasshoku restait étrangement silencieux.
- Personne ne saura jamais ce qu'il m'a fait. Personne ne sait ce qu'il s'est passé là-bas. Sauf Kise, enlevé après moi, ce qui précipita la chute de Kass et de Shiro d'ailleurs, puisque la disparition d'un mannequin fait davantage d'émules que celle d'une ombre.
Kuroko se rapprocha de Kagami qui l'entoura d'un bras dans une étreinte protectrice. Kasshoku prit alors la parole :
- Je savais que cette guimauve de Barane vous aidait en douce. Peu importe maintenant.
Le brun se dirigea vers la porte.
- Sur ce, mon angelot, j'ai terminé ce que j'avais à faire. Tu es à moi, tu resteras à mes côtés, il n'y a plus personne pour m'en empêcher.
« Définitivement mégalo. » commenta Asmodée dans l'esprit de Kagami. « Et il ne te considère même pas comme une menace. C'en serait presque triste si ça ne te mettait pas à l'abris d'une mort certaine »
- Shiro … commença Kuroko.
Kasshoku tourna la tête et le regarda.
- Exclusivité.
Et il partit.
Kagami se retourna vers Kuroko. Celui-ci pianotait sur son portable, mordant anxieusement sa lèvre inférieure.
- J'ai peur pour Seijuro et pour tous les au…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un numéro s'afficha sur son écran et il fronça les sourcils. D'une main tremblante il décrocha.
« Hôpital central… »
Fin du flashback
Présent
- Qu'est-ce qu'il va se passer pour eux ?
- Je m'en fous, honnêtement.
Silence.
- … Vous croyez qu'ils ont souffert ?
Les deux regards accrochent le visage de celui qui vient de parler. L'un se fait très dur, l'autre se remplit de larmes. Le « eux » et le « ils » ne désignent pas du tout les mêmes personnes.
- … J'aimerais te dire non mais…
Sa voix se brise.
- … C'était long. Pour lui, en tout cas. Les autres… non
Les trois regards se portent sur la tombe devant eux.
Et sur les deux autres à côté.
Toutes portent une inscription juste en-dessous de leurs prénoms et noms.
« Génération des Miracles »
Flashback
Du côté de Kuroko et de Kagami – A l'hôpital
- Nous n'avons rien pu faire, ils sont décédés mais …»
Les jambes de Kuroko le lâchèrent immédiatement et Kagami le rattrapa de justesse. Le médecin leur faisant face les regardait droit dans les yeux mais Kuroko ne voyait que les tâches écarlates sur sa blouse.
C'était impossible.
IMPOSSIBLE.
De violents spasmes tordirent son corps pendant quelques secondes avant qu'il ne s'immobilise totalement. Ses mains se refermèrent sur le blouson de Kagami pour ne plus jamais le lâcher.
- Non … non … non … non …
Il ne pleurait pas. Le vide s'installa lentement en lui. Il effleura son ventre avant de remonter lentement, sans hâte, mais avec une volonté de douleur jusqu'à sa poitrine. Là, il planta ses crocs dans son cœur. Kuroko tressaillit.
Il savait que jamais plus il ne ressentirait de bonheur. Que jamais plus il ne ressentirait quoique ce soit. Etait-ce la fin de tout ce qui faisait « Kuroko Testuya » ?
- Kuroko ? bredouilla Kagami.
Kuroko resta prostré au sol. Une main à terre, l'autre tenant d'une poigne de fer le blouson de Kagami. Ce dernier s'accroupit et l'amena contre lui. Après un bref instant, le fantôme se redressa, le corps rigide, le visage totalement inexpressif.
Le médecin grimaça.
Choc.
L'absence d'émotions reflétait-elle du déni… ?
Kagami refluait au mieux les siennes. Ces joueurs étaient morts. C'était impossible. Comment des gens qu'il avait côtoyés, des personnes qu'il avait admirées et qui avaient son âge pouvaient-elles avoir disparu en une fraction de seconde ?!
Une lueur froide métallisait les yeux de Kuroko.
Ce n'était pas de la colère. Juste une immensité claire et indéchiffrable qui fit peur au médecin.
- Monsieur ? Voulez-vous vous asseoir ?
Kuroko le regarda et le dépassa.
- Monsieur ! Vous ne pouvez pas les voi..
L'ombre se dirigea comme son instinct le lui dictait jusqu'à arriver devant une chambre portant le numéro six. Ô fatalité. Il la poussa et la douleur le poignarda quand il regarda sur la droite et vit les corps immobiles, blancs, simplement recouverts d'un drap.
Il n'y avait aucune perfusion, aucun fil.
Ils auraient été inutiles.
Il tomba à genoux et leva la tête, la bouche ouverte en un hurlement muet alors que ses joues étaient ravagées par les larmes.
Son cœur eut une violente contraction quand il entendit les bips de deux monitorings distincts. Lentement, sans y croire, il regarda vers la gauche. Incapable de se relever, ses jambes soufflées par la violence de ses émotions, il tendit la main vers les deux lits, tirant son corps de l'autre. Il ne voyait pas les visages des deux personnes. Il n'avait pas la force de se redresser suffisamment, il ne l'avait plus.
Tout à coup, une violente douleur griffa sa tête et sa vision se troubla.
C'était plus que ce qu'il pouvait supporter. Ne pas savoir. Alors qu'il se recroquevillait lentement, abandonnant ce qu'il lui restait de courage, une vague de soulagement et de bonheur pur déferla sur lui et le sauva.
Une voix triste et timide résonnait derrière lui :
- Kurokocchi ?
Fin du flashback.
Présent
Les trois personnes sont immobiles. Le silence est inconfortable, le chant des oiseaux, déplacé.
- On va s'en sortir, affirme Kise.
Malgré l'air assuré qu'il veut prendre, sa voix tremble comme jamais elle n'a tremblé.
- Bien sûr. Nous brillerons pour eux.
La plus petite silhouette sourit. Enfin, presque.
- Briller hein…
Les deux autres la regardent, un air amusé sur le visage. Une mimique qui s'efface bien trop vite, chassée par la peine.
Flashback
(Kuroko est à l'hôpital avec Kagami et Kise, dans la chambre où se trouvent les quatre autres miracles.)
Kasshoku Higeki avait de graves troubles du comportement.
Et le savait.
Mais s'en foutait.
Il sifflotait gaiement alors qu'il pouvait sentir la satisfaction ronronner en lui. Aaaah… Anticiper le trajet des miracles, payer le chauffeur du camion pour qu'il actionne un petit gadget de sa conception qui arrêtait brutalement le véhicule au moment voulu tout en faisant passer ce pilage pour un accident, rien de bien compliqué, au final. Ce petit emmerdeur d'Akashi avait réussi à minimiser le tout mais le résultat était bien là :
Les Miracles étaient morts.
Et s'ils ne l'étaient pas tous au sens propre, ils l'étaient au sens figuré.
Plus de belle équipe. Leurs rêves ? La Free Cup ou quelque chose du genre ?
Terminé.
Ils étaient beaux avec leurs espoirs, leur attachement mutuel et profond, leur confiance en l'avenir mais il suffisait d'un accident pour tout détruire en quelques secondes.
Ils se croyaient supérieurs ? Ils ne l'étaient pas. Mortels, par contre…
Kasshoku replaça une mèche de cheveux derrière son oreille avant de fouiller dans son paquet de cigarettes et d'en placer une entre ses lèvres. Un sourire carnassier les étira. Expiration.
La mort mettait trop de temps selon lui à venir prendre Shirogane mais Kasshoku rechignait à se salir les mains. D'un autre côté, s'il gardait Kuroko pour lui en l'enfermant quelque part, l'argenté n'aurait de cesse de le chercher –jusqu'à en crever, d'ailleurs. Mais pourquoi prendre des risques inutiles alors que la Grande Faucheuse examinait déjà Shiro ?
Oh et puis merde. Il n'était plus à ça près.
Shirogane allait payer pour s'être retourné contre lui.
- Quel abruti, murmura le jeune homme.
Il s'appuya sur le mur, clope au bec, yeux levés vers le ciel.
- T'avais aucune raison pour retourner ta veste. Qu'est-ce qui t'a fait changer ? L'annonce de ta maladie, de ta mort si tu refusais les traitements, la prison ? De toute façon, Higeki, c'est terminé.
Kasshoku lança sa cigarette au sol avant de l'écraser sous les semelles épaisses de ses bottines en cuir. Il sourit avant de lancer un clin d'œil charmeur à deux nanas passant par là. Elles rougirent furieusement avant d'accélérer, piaillant. Le visage de Kasshoku se referma aussitôt et il s'attacha les cheveux. Quelles dindes. De quoi le dégoûter de la gente féminine mais ça, c'était déjà fait.
Il reprit sa marche, sachant très bien où aller. Il connaissait Shiro par cœur. Ce dernier devait déjà avoir deviné que les retrouvailles entre les frères avaient précipité la folie exclusive de Kasshoku. Le capitaine des Dieux Traîtres se contrefichait du basket, des miracles. Seul lui importait maintenant de protéger Kuroko de Kasshoku et si celui-ci lui avait bien servi à une époque –quand il voulait éloigner Kuroko d'Akashi- il était néfaste à présent.
Kasshoku avait conscience de tout ça. Il prit alors la direction d'une des résidences de la famille de Kuroko.
Celle où tout s'était passé.
Celle où tout terminerait.
Quelques kilomètres plus loin, des yeux d'argent avaient pris la même lueur décidée que ceux d'émeraude. Deux personnes, un seul but : éliminer l'autre.
Fin du flashback
Présent
- Ce qu'il nous est arrivé me semble encore tellement… impossible, souffle Kise. Comment des histoires d'amour comme les nôtres ont-elles pu virer à une tragédie pareille ?
Les yeux clairs semblent soupirer, acquiesçant silencieusement aux propos du blond.
- Ils sont partis … Et ne reviendront pas… C'est horrible de dire ça mais…
La voix de la plus grande des trois silhouettes hésite, bute sur les mots, les sachant cruels mais ayant besoin de les exprimer. Sachant également les deux autres d'accord avec lui.
- … C'est lui qui me manque le plus.
Le plus petit ne réagit pas. Il ne réagit plus.
Flashback - Hôpital
- Kise… pleura doucement Kuroko avant de se jeter vers lui.
Le blond le serra de toutes ses forces contre son torse. Là. Kurokocchi était en sécurité. Kurokocchi allait bien. Kurokocchi était sain et sauf.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? souffla le joueur fantôme, sa voix assourdie par les vêtements de Kise.
- On a eu un accident… Akashicchi a réussi à nous détacher, Aominecchi et moi… Mais…
Kuroko secoua la tête. Le reste, les médecins le lui avaient expliqué. Morts sur le coup, coma.
Des mots qu'il n'arrivait pas à associer à ses coéquipiers. Qu'il n'arriverait JAMAIS à associer. Il fut pris d'un haut le cœur alors qu'un vertige le reprenait.
- On n'a plus de monde, Kise…
Kuroko passa ses bras autour de la nuque du blond qui le souleva mécaniquement, le portant au plus près de son corps. Tous deux tremblaient sous les yeux impuissants de Kagami et des infirmières. Après un dernier regard, Kise sortit Kuroko de la chambre sans prendre en compte les signes de son désaccord.
- Ils vont les emmener, Kurokocchi… Laissons-les…
Les emmener à la morgue. Les sanglots de Kuroko se firent encore plus déchirants alors qu'il peinait à respirer… Kagami sentit les larmes couler le long de ses joues, sans qu'il ne puisse rien y faire. Ils n'avaient plus de monde.
Kise porta Kuroko jusqu'à sa propre chambre, les médecins ayant voulu le garder en observation mais n'ayant osé s'interposer quand leur patient avait appris la présence de l'ombre dans l'hôpital.
Kise fit entrer Kagami et referma la porte. Le mannequin sourit tristement. Elles paraissaient soudainement bien loin, leurs rancunes. Il cala son dos contre la tête de lit, Kuroko toujours niché au creux de ses bras. Kagami alla s'installer à la fenêtre. Asmodée était mortellement silencieuse.
- Qu'est-ce qu'on va devenir … Qu'est-ce qu'on va faire ? souffla Kise.
Kagami répondit d'une voix faible :
- On attend.
Kuroko souffrait à un point tel qu'il n'entendait pas leurs paroles. Son ventre était broyé, il avait le cœur au bord des lèvres. Tout lui paraissait soudainement insurmontable, se relever en premier. Il ferma les yeux.
Deux flammes s'étaient éteintes. Celle de l'espoir était morte. Celle du rêve aussi.
Deux vacillaient.
Il avait si mal. Il tenta vainement d'imaginer un « après ». Il en était incapable.
Comment vivre sans eux ?
Et sans lui, surtout …
La main fine de Kise se posa sur le haut de son crâne.
- Je suis là, Kurokocchi … Je suis là.
Il lui caressa doucement les cheveux.
Mais les larmes ravageaient également le visage du blond.
Kagami les couvrait d'un regard triste. Il ne pouvait pas les aider. Il n'avait rien.
Salle blanche. Un lit. Deux Miracles sanglotant l'une sur l'autre. Quelqu'un les couvant du regard.
De l'autre côté une salle transparente. Deux lits. Deux personnes dans le coma.
En bas, dans une salle sombre. Deux corps.
Inlassablement, Kise caressait la tête de Kuroko, même après que celui-ci se soit rendormi.
- C'est trop violent. Trop soudain. On allait bien. On souriait, on vivait. Et d'un coup tout s'est terminé.
Les yeux ambre rencontrèrent les rouges.
- … Non, ça ne peut pas être possible.
Le visage de Kise se tordit dans une grimace désespérée alors que le cœur de Kagami se serrait en voyant l'expression du copieur.
- Non…
Kagami le regarda et ancra toute sa volonté dans ses paroles :
- Tu ne peux pas t'effondrer, Kise. Il reste Kuroko. Deux sont encore là… Ils sont encore là.
Deux regards qui s'affrontèrent dans le désespoir. Le miraculé détourna le sien.
Il déposa doucement un Kuroko endormi sur le lit et partit aux côtés de ceux perdus dans un sommeil trop profond.
Shirogane avançait lentement. Ses yeux de métal scrutaient tout ce qu'il y a autour de lui. T-shirt blanc, veste en jeans noire, il passait pour un étudiant banal. Normal.
Mais lui était tout sauf normal.
Il était en route pour tuer quelqu'un qui avait le même âge que lui.
- Ils ne brûleront jamais en enfer… murmura-t-il.
En réalité, il se fichait royalement des miracles. Sauf du sien. Il n'avait voulu empêcher l'accident que pour une unique raison : éviter une peine immense à Kuroko. Maintenant, que les joueurs soient morts ou dans le coma, il s'en fichait. C'étaient eux qui lui avaient volé l'Amour de sa vie.
Ses mâchoires se serrèrent en pensant à Akashi. L'Enfoiré qui avait amené son ombre à ses côtés. Celui qui l'avait aveuglé.
Shiro avait été oublié en quelques semaines.
Il se souviendrait toute sa vie où il avait compris que Kuroko serait à jamais hors de portée. Il était allé au collège, comme tous les jours. Comme à son habitude, il s'était dirigé vers la salle de classe du bleuté. Il souriait, c'était une belle journée après tout. C'était surpris qu'il avait croisé un Kasshoku tremblant de rage.
- Kass' ? avait-il demandé. Un problème avec Akashi ?
Un problème de couple ? avait pensé le jeune homme. Kasshoku avait éclaté de rire et c'était un rire sinistre qui avait fait reculer les autres élèves présents dans le couloir.
- Oh oui ! Et toi aussi tu vas en avoir, cher Shirogane ! avait susurré Kasshoku.
C'est inquiet au possible que Shiro avait poussé la porte de la salle de classe de Kuroko… Pour trouver son petit ami assis en face d'Akashi.
Les lèvres scellées à celle de l'Empereur. Ils s'étaient séparés, gardant leurs mains serrées ensemble. Puis le regard d'Akashi s'était posé derrière Kuroko qui s'était retourné.
Quand il avait vu Shiro son visage s'était transformé, passant de la joie amoureuse à l'effarement. Il s'était levé en vitesse mais c'était trop tard.
Shirogane était sorti rapidement de la salle, entendant avec soulagement la sonnerie retentir et retenir l'Ombre pour son cours.
- J'aurais du m'y attendre … Qu'est-ce que je pouvais contre ce sale arriviste d'Akashi…
Le jeune homme aux cheveux noirs secoua la tête pour se sortir de ses souvenirs. Il avait tenté de garder Kuroko auprès, de lui de la pire des manières, et avait bien évidemment échoué. L'annonce de son cancer l'avait fait réfléchir et son refus des traitements n'était qu'un moyen d'expier sa faute.
Mettre fin aux jours de Kasshoku n'en était qu'un de plus pour mettre Kuroko à l'abri.
Les yeux argent voyaient au loin la maison de ses cauchemars.
La veste noire de Shirogane dissimulait une longue lame qui appuyait de son éclat glacé sur ses côtes.
Barane courrait. Barane courrait, remerciait le ciel de lui avoir donné sa carrure d'athlète, et courrait. Son cœur battait bien trop fort dans sa poitrine, bien trop rapidement.
« Priorité au direct. On annonce un accident impliquant deux véhicules sur … Victimes… »
La phrase saisie alors qu'il passait devant un café résonnait dans sa tête. Alors il courrait vers l'hôpital.
Il courrait mais ne priait plus. Soudain, son téléphone se mit à sonner. Sans ralentir, il décrocha, manquant de faire tomber l'appareil dans son empressement.
- Allo ?
« Putain Barane, t'es où ? »
La voix, désagréable, d'Orenjite le fit grogner.
- Qu'est-ce que tu me veux, sale con ?
« Oh mais c'est qu'il se rebelle le chewing-gum. Range tes crocs, le tien est mort. »
Barane ne broncha pas. Au fond de lui il le savait.
Il savait. Il savait que Murasakibara était mort. Son ancien amour était toujours à l'avant de la voiture, à cause de ses longues jambes.
Et Barane avait vu les images de l'accident. La place passager avait complètement été broyée dans l'accident. Pire, Atsushi était souvent loin. Loin dans ses pensées, dans son propre monde. Il en oubliait souvent de mettre sa ceinture.
Alors Barane avait compris.
Mais avait aussi compris que la lueur dangereuse dans les yeux de Shirogane n'était pas dirigée vers lui mais vers Kasshoku.
Alors il courrait pour arriver à l'hôpital et prévenir Kuroko. « Mais pourquoi n'ai-je pas son numéro bordel de merde ? »
- Qu'est-ce que tu me veux ? répéta Barane.
« Rien. » La voix d'Orenjite s'était brusquement apaisée et l'ex de Murasakibara se souvint du visage angélique d'Orenjite quand il était assoupi. Le monstre s'était-il rendormi ?
« Je t'informe juste que, sans grande surprise, les jumeaux ont disparu. »
- Tant mieux.
Il raccrocha sans attendre. Il le pensait sincèrement, c'était tant mieux, pour eux mais surtout pour les autres. Barane atteignit l'hôpital et s'y faufila. Il entendit les cris des infirmières qui tentèrent de le retenir mais s'en fichait comme de son premier maillot.
Une silhouette se dressa devant lui et il reconnut le médecin sportif des Miracles, le visage infiniment grave.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'ai besoin de voir Kuroko. C'est urgent.
- Il n'est pas en l'état, gronda Karan.
- J'ai besoin de quelques secondes.
Il fallait qu'il le dise. Son esprit paniqué lui hurlait de le dire.
Inori, la femme de Karan, arriva derrière lui et posa sa main sur son épaule. Ses yeux gris étaient gonflés.
- C'est Barane Jun. L'ex de Murasakibara Atsushi. C'est bon, Karan. Kise a retrouvé le portable de Murasakibara, il y avait un message de Barane. Je n'en sais pas plus mais il nous a dit de lui faire confiance.
Barane se sentit touché. Avant que la tristesse et le désespoir ne le reprennent, il fit signe qu'il voulait rentrer dans la chambre barrée par Karan. Celui-ci s'écarta à contrecœur et attrapa la main d'Inori.
Sans attendre, le joueur de basket rentra dans la chambre et serra les dents en voyant dans quel état se trouvait Kuroko, assis seul au milieu du lit.
Kagami était parti prévenir ses coéquipiers et Kise s'était absenté dans la chambre d'à côté, pensant que Kuroko dormait.
Il s'en voulut profondément de faire souffrir davantage cette petite chose perdue et fragile posée là.
- Kuroko ? appela-t-il.
Les yeux bleus se levèrent vers lui. Barane s'approcha, voyant que l'ombre ne semblait pas apeurée.
- Je dois t'avouer plusieurs choses. Kasshoku est le seul et unique responsable de l'accident. Shirogane a tenté, en vain, de l'en empêcher. Ils vont s'entretuer. Tout est terminé, Kuroko.
La bouche du plus petit s'entrouvrit alors qu'il semblait sous le choc.
- Non… Pas Shiro.
Il le haïssait autant qu'il l'aimait. Il ne pouvait pas le perdre. Pas lui.
- Reste ici, mumura Barane. Tout ira bien. Je suis sincèrement désolé, Kuroko.
Les larmes coulaient à nouveau sur le visage pâle.
Il perdait absolument tout.
Barane le salua et sortit.
Il avait fait ce qu'il avait faire.
Le médecin, avec sa petite amie juste derrière lui, le dévisagea. Barane rompit le silence :
- Est-ce que je peux voir Atsushi ?
Et il y avait tant d'amour dans cette voix rauque que Karan hocha la tête.
Fin du flashback
Présent
- Bonjour.
La voix fait sursauter Kise, pas les deux autres. Le mannequin s'anime un peu, sans grand enthousiasme.
- Bonjour Barane, lance-t-il.
- Appelle-moi, Jun. Laisse tomber les politesses. Salut vous deux.
Les interpellés le saluent d'un mouvement sec de la tête. Ils ne lui ont jamais pardonné. Kise lui est plus … ouvert, plus prompt à pardonner, moins rancunier envers tous depuis l'accident. A tort, peut-être.
L'ancien membre des dieux traîtres aux cheveux rosés s'agenouille devant la tombe de Murasakibara.
- Je passe en coup de vent, mon amour. Mon train part dans quelques heures, il fallait que je te dise au revoir.
Kise sourit tristement. Il prend des nouvelles du rosé quand il y pense et n'avait pas été surpris d'apprendre que Barane s'était inscrit dans une école de pâtisserie et qu'il était même très doué. Il voulait ouvrir un jour son propre établissement.
Le rêve de Murasakibara.
Barane effleure du bout des doigts la tombe avant de se redresser.
- Je suis désolé de ne pas rester plus longtemps, chuchote-t-il. Mais il faut que j'y aille.
Ses yeux se portent sur les deux silhouettes silencieuses. Et sur la tombe qu'elles fixent.
- Encore une fois… Je suis désolé. Je ne savais pas... Je suis désolé.
- C'est bon. Va-t'en, maintenant. S'il te plait.
Kise pose une main sur l'épaule de Barane avant de secouer la tête. L'ancien ennemi secoue la tête et après un dernier regard sur la tombe, part.
Silence. Ryota attrape la main de la personne à sa gauche.
Les yeux bleus étaient perdus.
Flashback – Hôpital
Kise était assis sur un tabouret, juste à côté du lit blanc portant son amour. Ses deux mains tenaient celle, bien plus foncée, d'Aomine.
- Il faut que tu te réveilles, Aominecchi. Je t'en supplie. Ne me laisse pas. Ne nous laisse pas, Kuroko ne supportera jamais de vous perdre tous les deux.
…
- Je sais que tu vas te réveiller… hein ? Les médecins ont dit que tu finirais par ouvrir les yeux. Mais fais vite… J'ai un mauvais pressentiment…
Les yeux ambre courraient sur le visage crispé du joueur. Un tube était enfoncé dans sa gorge, des fils étaient branchés un peu partout. Le son du moniteur troublait la quiétude inquiète qui régnait.
Mille pensées se bousculaient dans l'esprit du blond.
Comment faire sans eux ? Il n'arrivait même pas à ne serait-ce qu'imaginer ne plus jamais leur parler alors vivre avec leur absence …
Comment avoir la patience d'attendre ? Il tremblait sur place, ses yeux balayaient la pièce sans arrêt, il allait devenir fou.
Comment aider Kuroko alors qu'il continuait de pleurer…
Il avait si mal.
Il posa son front sur le bord du lit. Il avait l'impression qu'un poids qu'il ne parviendrait jamais à porter était posé sur lui.
Alors qu'il calmait lentement ses pensées, une à une, des cris explosèrent dans le couloir. Il se retourna brutalement et se leva d'un bond. En quelques enjambées il traversa la chambre et ouvrit la porte.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Kagami ?
Le dunker lui fit face, affolé.
- On ne trouve plus Kuroko !
Kise eut l'impression de se prendre un camion de plein fouet. Quand les mauvaises nouvelles s'arrêteraient-elles bordel ?
- Il n'est pas avec…
- Non ! le coupa Kagami.
Le cœur de Kise se contracta brusquement et il tomba à genoux, geignant de douleur. Il n'en pouvait plus. Kagami et Karan furent immédiatement à ses côtés.
- Calme-toi… doucement, Ryota. Doucement.
Pour la première fois depuis l'accident, le blond eut peur pour lui-même.
- Tu as des antécédents cardiaques, Ryota ? demanda Karan, d'une voix calme
Le jeune homme lui lança un regard effaré.
- Non ! Ils ne me … laisseraient p..pas jouer… sinon, haleta-t-il.
- Ce n'est que de l'angoisse alors. Reste calme. Respire. Vous allez vous relever.
Le son angoissant des sanglots envahit le couloir. Inori s'agenouilla et passa lentement un mouchoir sur les joies marbrées de larmes de Kise. D'un regard, elle fit comprendre à Karan qu'elle gérait la situation. Elle articula silencieusement :
- Cherche Kuroko.
Le médecin acquiesça et se releva.
- On a un patient psychologiquement instable qui a disparu. Trouvez-le et fissa.
- Docteur ? l'interrompit une infirmière. Kuroko Testuya n'est pas un patient.
Le médecin se dressa de toute sa hauteur et la dévisagea.
- C'est mon patient. Allez alerter la sécurité, s'il vous plaît.
Il se mit à marcher rapidement vers l'entrée des urgences quand une voix l'interrompit. Une main agrippa sa blouse.
- Docteur ?
Karan rangea son agacement et regarda la femme qui se tenait devant lui.
Grande, les cheveux blonds qui tiraient presque vers le vert, des yeux émeraude, elle lui rappelait vaguement quelqu'un. Il eut l'impression qu'un glaçon glissait le long de sa colonne vertébrale alors que son cerveau réalisait.
- Je suis la mère de… d'une des victimes de l'accident… Midorima Shintaro.
Karan s'inclina légèrement.
- Toutes mes condoléances, madame.
Alors qu'il relevait les yeux vers la dame face à lui, il entendit un cri de joie poussé par une voix qui pleurait :
- Aominecchi ! Tu vas bien ...! Oh merci...
Le médecin ne sourit pas.
Fin du flashback
Présent
Aomine serre la main de Kise avant de la relâcher. Il a hâte d'arriver aux Etats-Unis, il n'en peut plus de l'ambiance sombre et pesante qui s'est installée dans son entourage, dans sa famille, dans son lycée, partout en fait.
Etre dans un cimetière, là, en face de ces tombes, ne lui apporte rien. Pas de réconfort en pensant qu'ils sont peut-être encore là, près de lui. Ils sont partis. Et voir leurs tombes ne fait que le déprimer.
Il veut partir. Il se lève.
- On peut y aller ?
Sa voix n'est pas sûre. Il ne veut pas blesser les deux autres mais lui n'en peut plus. Il faut qu'il parte de cet endroit triste et sombre.
Kise hoche doucement la tête et saisit la main tendue d'Aomine.
Le troisième ne bouge pas.
Aomine serre les lèvres mais comprend.
- On t'attend dans la voiture.
Le couple part, chacun puisant sa force dans l'autre. Laissant là, une âme écorchée.
Flashback
Kuroko arrêta sa course folle contre la montre. Il ne prit pas le temps de se reposer et entra dans la maison de ses cauchemars. Etrangement, il en faisait totalement abstraction. La mort de ses amis, le coma dont Akashi ne se réveillerait jamais selon les médecins, celui d'Aomine, moins grave mais dont l'annonce l'avait terrorisé, tout ça l'anesthésiait.
« Sa tête a frappé de plein fouet la route. Les dommages sont … très importants. S'il se réveille un jour nous ne savons pas s'il aura conservé toutes ses facultés. Nous voulons être franches. Au vu des derniers examens pratiqués, nous pensons qu'à moins d'un miracle, Akashi-san ne se réveillera pas et que son décès est fortement probable dans les prochaines heures... »
Alors il n'a plus rien à perdre. Cependant, apprendre que Shiro avait essayé d'empêcher l'accident, savoir –au fond- que c'était de toute façon Kasshoku qui portait les pires tords, avait convaincu Kuroko de se jeter dans la gueule du loup. Tout le monde trahit tout le monde. Certaines trahisons font juste plus mal que d'autres. Kuroko voulait que Shirogane s'explique pour son kidnapping. Il avait été son sauveur avant tout. Le sixième miracle serait mort, tué par son propre père sans Shiro.
Il ne voulait pas qu'il meure. Pas plus de morts. Pitié.
L'ombre s'immobilisa dans le hall d'entrée, cherchant à savoir où étaient Kasshoku et Shirogane. Son instinct lui hurlait qu'ils étaient tout proches. Il entendit des éclats de voix à l'étage. Lentement, Kuroko monta les marches avant de s'immobiliser au milieu quand un vertige le prit. Il se vit tomber des escaliers. Pourtant il était bien debout. Il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de flancher.
Le joueur des miracles reprit sa progression, plus rapidement, le stress broyant son ventre, le cœur affolé. Il finit avança dans le couloir et finit par arriver à proximité de la chambre où se disputaient les deux personnes qui avaient scellé son destin.
- Oh ? Mais nous avons de la visite, rentre, angelot susurra la voix du brun.
Kuroko jura avant de se montrer. Ses yeux s'écarquillèrent en voyant Shirogane.
Pâle, les cernes rognant ses pommettes, mince, très mince. Il ne ressemblait plus à celui qui l'avait enfermé. La prison l'avait-il à ce point transformé … ?
Les yeux argent, affolés, et les yeux turquoise, effarés, se retrouvèrent.
- Qu'est-ce que tu fais là ? s'étrangla Shirogane.
Kuroko ne répondit pas. Il ne savait pas lui-même. Il s'approcha simplement, des larmes dans les yeux. L'ange démon aux cheveux noirs avança vers lui également.
Kasshoku frappa dans ses mains, comme un enfant, attirant vers lui les regards des deux anciens amoureux.
- Trop mignon vos petites retrouvailles ! s'exclama le joueur des Dieux Traîtres. Mais tu interromps quelque chose, petit frère.
Un flash noir traversa les iris de Kuroko. Il ne supportait pas du tout les surnoms de Kasshoku et encore moins avec Shirogane dans la pièce, dans cette maison.
- Laisse-moi régler mes comptes avec ce lâche et après je serai tout à toi. Ou plutôt tu seras tout à moi, ronronna le monstre.
Kuroko eut un haut le cœur avant de siffler :
- Mais pour qui te prends-tu ?! Dans quel monde vis-tu ?! Tu n'es qu'un simple lycéen, juste complètement dérangé. Tout le monde se fout de toi, Shinrei. Tout le monde. Tu ne me fais pas peur. C'est ta folie qui est dangereuse.
Les émeraudes se plissèrent.
- Tout ça va beaucoup trop loin, Shinrei, posa Shirogane.
Il se tourna vers Kuroko et inspira profondément.
- Il faut que je te le dise. Je suis désolé. Ce que j'ai fait est impardonnable. Je ne demande pas ton pardon car je sais que tu ne me l'accorderas pas mais sache que je suis désolé.
Kuroko le regarda longuement.
Les paroles d'Akashi –oh Seijuro- lui revinrent en mémoire.
« L'aimes-tu toujours Testuya ? » Le bleuté s'était tout de suite emporté mais … Haine, amour… La frontière n'existait quasiment pas. Son cœur se fit douloureux.
Non il ne l'aimait plus.
Mais avait pardonné. L'accident le poussait à pardonner.
Lui aussi avait fauté. C'était lui qui s'était laissé embrasser alors même que Shiro et lui étaient encore ensemble.
Ce que personne ne savait.
Ce que personne ne saurait jamais.
Ce qui le plongeait dans la Zone Sombre.
Ce qui faisait hurler Kuroko en pleine nuit.
Ce qui le hanterait jusqu'à sa mort.
Tout ça n'avait été en aucun cas fait par Shirogane. Facilité, peut-être. Mais pas fait.
Lui n'était qu'un amour jaloux comme il y en avait des centaines d'autres. Excessif, extrême, bien sûr mais … pas criminel.
S'il avait été condamné à une peine plus longue que celle de Kasshoku ce n'était pas parce que ce qu'il avait fait était plus grave, non.
Mais parce que le père de Shirogane n'était pas quelqu'un avec une influence incroyable au Japon. Et surtout parce que personne ne saurait jamais ce que Kasshoku avait fait.
Le silence minimisait grandement les actions de l'héritier.
Tetsuya n'était pas naïf. Son premier amour était très, très loin d'être innocent et immaculé. Il ne supportait pas les autres Miracles, les haïssait même, et n'avait jamais souhaité leur bonheur. Il exécrait Akashi. Pour lui, de son point de vue, les traîtres étaient bels et bien ceux qui l'avaient fait souffrir en lui prenant Kuroko. Mais…
Le pardon était le seul moyen d'avancer.
Kuroko sourit et leva la main à hauteur du visage blanc de Shirogane.
- Shiro… C'est bon… Je te pardonne.
Les yeux gris s'écarquillèrent.
Une lueur infiniment belle, soulagée, apparut dans les prunelles du jeune homme.
La lueur se transforma en une seconde en effroi quand le corps de Kuroko bougea vivement et tomba. La main ne toucha pas la joue.
L'ange pardonné tourna la tête. Lentement. Les épaules se soulevant de plus en plus vite alors que sa respiration se faisait chaotique.
Alors il le vit.
Kasshoku, une arme encore fumante à la main et pointée vers eux.
Visage fermé, émeraude éteintes.
- Qu'est-ce que tu croyais ? Tout est bien qui finit bien ? Il était à moi. Et cet imbécile s'est interposé. Tu l'as tué, Shiro. Son pardon l'a tué. Putain… Il s'est interposé pour sauver un mourant comme toi…
Shirogane s'agenouilla près de Kuroko et vit que la balle avait touché l'épaule du fantôme.
Kasshoku n'était pas un bon tireur.
Ou peut-être que si.
- Ne crois pas que je le visais lui, cracha Kasshoku, haletant.
Il parlait seul. Il était seul depuis le début de toute façon.
Shirogane ne dit rien alors que les yeux bleus lui souriaient tristement.
Sans un mot, il écarta les cheveux du front trempé de Kuroko. Il sortit son portable et appuya sur l'icône de secours. « Kasshoku ne tirera pas une nouvelle fois. Il n'en aura pas le courage. »
- J'ai un cancer, Kuro. Ça ne servait à rien, je vais mourir.
- Je ne regrette pas, murmura-t-il.
Kasshoku les regardait, bras ballants, bouche entrouverte, rempli d'incompréhension. Pourquoi, pourquoi, pourquoi Kuroko souriait-il à Shirogane ?! Pourquoi ?! Pourquoi ne lui en voulait-il pas ?! Lui et son esprit fou tombèrent au sol.
Vaincus alors qu'ils étaient toujours armés mais incapables d'en finir réellement.
- Sortons d'ici… murmura Kuroko.
Il se releva, tant bien que mal. Sans un regard pour Kasshoku, ils sortirent de la pièce.
Appuyés l'un sur l'autre, ils marchaient.
« Tout ira bien » songea l'ombre. Comme s'il suivait ses pensées, Shirogane grogna gentiment :
- Il y a aura un miracle. Ton Empereur s'en sortira, va.
Kuroko pouffa avant de gémir de douleur, tenant son bras. Le Dieu Traître fronça les sourcils avant d'accélérer le pas. Son âme chantait malgré tout dans sa poitrine. Il était pardonné. Tout ne pouvait qu'aller, même si rester aux côtés de Kuroko serait maintenant impossible.
Des larmes coulaient sur les joues de l'ombre. Soulagement, un peu. Tristesse et désespoir se rappelaient malheureusement à lui.
Midorima… Murasakibara…
Aomine. Akashi.
Akashi. Une vague d'amour parcourut son corps.
Qu'est-ce qu'il l'aimait. Son cœur battait pour lui.
Un sourire étira ses lèvres alors qu'ils descendaient les escaliers.
Ils allaient se battre, décida-t-il. Son Seijuro ne pouvait pas mourir dans un accident de voiture.
Une douce chaleur l'envahissait alors qu'il songeait au bonheur que serait de voir les yeux d'Akashi s'ouvrir, de sentir ses lèvres contre les siennes.
L'Amour.
La glace explosa son cœur quand la voix de Kasshoku résonna derrière lui :
- Les miracles, ça n'existe pas.
Tout se déroba sous Kuroko et il dévala les escaliers en roulant avant de heurter avec force le mur. Son corps s'immobilisa.
- NON !
Le hurlement de Shirogane était étouffant, explosait dans sa gorge. Ses membres tremblèrent avec force alors qu'il voyait une rose pourpre éclore sur la poitrine de Kuroko.
La haine s'empara de lui. Elle saisit la lame dissimulée dans son manteau et il fit volte-face.
Kasshoku se tenait là, en haut des escaliers, les larmes marbrant ses joues. Son sourire était fou. Il tira encore une fois, atteignant Shirogane à la jambe.
Sans sentir la douleur, celui-ci remonta et se jeta sur le tueur.
Il n'eut même pas le temps de l'atteindre. Il était impuissant. La balle le frappa en plein cœur. Il s'écroula. Ses cheveux noirs voilaient définitivement son beau visage.
Kasshoku riait. Il s'assit sur les marches. Il pleurait.
Kuroko lui, souffrait. La balle n'avait pas touché son cœur. Mais il perdait trop de sang. Il ne pouvait même pas bouger pour montrer au monstre lui servant de frère qu'il était toujours en vie.
Même s'il avait pu le faire, il se le serait interdit. Plutôt mourir que de retomber entre ses mains.
Mais … il ne voulait pas mourir là. Loin de tout. Seul. Seul avec les rires entrecoupés de pleurs de son meurtrier.
Il ne voulait pas mourir sans Akashi.
Les larmes glissaient librement à présent. La douleur dans son torse se faisait plus lointaine alors que ses sanglots l'empêchaient de respirer.
Il perdait la notion du temps.
Une détonation. Tout s'arrêta. Plus de rires, plus de pleurs.
Kasshoku avait mis fin à sa misérable existence.
Kuroko n'était plus capable de s'en rendre compte.
Mal, mal, mal.
Il prit une dernière inspiration avant de fermer les yeux et de plonger volontairement dans la Zone Sombre.
La joie brilla dans son esprit quand il vit les flammes bleue, dorée et rouge.
Les deux premières flamboyaient de l'éclat de la vie. Aomine s'était réveillé.
Même le discret brasero rouge et noir était là, dans un coin.
Kuroko n'était pas seul. Il s'approcha. Il sentit l'amitié, leurs moments passés ensemble, l'euphorie des victoires, l'attachement profond. Il n'avait plus froid en se souvenant de la chaleur de ceux qui l'avaient entouré. Un éclat vert et une lueur violette subsisteraient à jamais.
- La Génération des Miracles, c'était nous….
Il s'arrêta près de la flamme rouge qui était toujours là bien que terne et se blottit dans son étreinte.
La douceur et l'amour profond le bercèrent lentement. Il ne savait pas combien de temps il resta là, à se remémorer leurs souvenirs.
L'aveu de leur amour mutuel. Leur premier baiser. Les bras de Seijuro. Son étreinte qu'il ressentait même à des kilomètres de lui. La protection. La confiance infinie.
Il ne pleurait plus, ne souffrait plus, enfin apaisé quand la flamme écarlate s'éteignit.
« Sei… »
Son cœur s'arrêta de battre. Le sourire posé sur son visage de porcelaine ne s'envolerait jamais.
Le blanc envahit le monde en un instant.
L'ombre avait disparu.
Dans la seconde qui suivit, le feu rouge réapparut, plus vif que jamais.
Deux yeux dorés s'ouvrirent.
Akashi s'était réveillé.
Fin du flashback
Présent
Akashi jette un coup d'œil derrière lui. Kise et Aomine sont loin. Il aperçoit furtivement un regard rouge sombre au loin, triste et grave. Il revient à sa première contemplation. Le masque de l'Empereur se fissure alors que l'écriture devant lui le lacère :
« Kuroko Tetsuya »
L'absence immense dans son cœur le ravage chaque jour. Il ne peut plus jouer au basket. Il ne ressent pas grand-chose d'autre qu'un désespoir infini en pensant à son Tetsuya. Tout est devenu un pur supplice. Manger alors que sa gorge est étranglée par la corde du chagrin. Se lever alors qu'il n'y a personne à côté de lui.
Vivre sans ombre.
« Tu t'en remettras » lui avait-on dit.
On ne se remet pas de la perte de son âme sœur.
On ne se remet pas du réveil à l'hôpital et des sanglots de tous.
On ne se remet pas quand on entend que l'unique amour est mort seul, dans une maison qu'il haïssait, tué d'une balle dans le dos, une dizaine de minute avant qu'on ne se réveille soi-même.
On ne se remet pas de la culpabilité qu'on s'inflige dans la tentative totalement vaine d'oublier.
On vit avec. Tout était arrivé trop vite, dans un battement de cil, dans un chapitre de leur histoire tragique. Si c'était ça la vie, il n'en voulait pas. Brusque, amère, violente. On pouvait tout perdre en un instant. Tout. Mais il n'avait pas le choix. Il devait la garder, sa vie. Il lui devait. Ils étaient si jeunes. Ils n'avaient rien connu de la vie. Absolument rien, tout était à faire mais lui ne pouvait même plus ouvrir les paupières.
Les larmes coulaient des yeux dorés d'Akashi, sans qu'il ne puisse faire quoique ce soit pour les arrêter. Elles n'aidaient pas. Il souffrait toujours. Il souffrirait toute sa vie. Sa longue vie seul.
Elles emportaient tout ce qui faisait qu'il était lui. Il avait l'impression d'être vide. Infiniment vide. Un corps désarticulé et vide ne pleure pas … si ?
Les pleurs ne s'arrêtaient pourtant pas alors qu'il était plié en deux, les doigts enfoncés dans le sol, juste devant la tombe de Kuroko.
Et ne s'arrêteraient pas avant un long moment.
Jamais, peut-être.
FIN
Grosse, grosse ambiance, là. Je rappelle : on n'insulte pas l'auteure. Bon. Alors comme vous avez pu le voir, c'était le dernier chapitre. J'ai décidé de donner une fin à cette fiction, parce que j'en avais envie et pour répondre à vos demandes. Même si elle m'a fait utiliser mon stock de mouchoirs.
L'année qui vient de s'écouler a été très difficile à vivre pour moi, ce qui se passe en France n'arrange rien, ça a peut être influencé ce chapitre. Une énorme pensée pour ceux touchés directement.
Cette fin signe également mon « départ » du fandom, je n'écrirai plus ici, il forme une vraie famille et je suis très fière d'en faire partie mais il ne m'inspire plus. Je me souviens avoir dit que j'écrirai le mariage de Karan et d'Inori à l'une d'entre vous mais vu la fin (qui n'était vraiment pas comme ça à la base), ça va être dur !
(Si j'écris un jour une autre fanfiction/OS, ça sera sur le fandom de DGM ou d'Avengers)
Pour revenir à la fanfic en elle-même, la fin est un peu abrupte mais je ne me voyais pas faire un happy-end. Il y a peut-être quelques incohérences entre ce chap et les précédents mais au vu du temps écoulé entre les deux, j'espère ne pas avoir fait trop de bourdes.
J'avoue que c'était assez cruel de tenir le suspens jusqu'au bout sur les morts/survivants.
Est-ce que vous pensiez au début que c'était Kuroko le plus petit des trois, au cimetière ?
En fait, à qui pensiez-vous pour les trois survivants de la GOM ? Il y avait un indice :
« Deux flammes s'étaient éteintes. Celle de l'espoir était morte. Celle du rêve aussi », en plus de la signification directe ici, l'espoir et le rêve renvoyaient aux couleurs… Le vert et le violet.
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Surpris, tristes, en colère peut-être, autre chose ? Je bous d'impatience d'avoir vos réactions, honnêtement, ce chapitre était vraiment pour vous. Je n'ai pas écris pour moi (bon un peu quand même, ça me sert d'exutoire) mais pour partager quelque chose, plus que d'habitude.
Je n'ai pas répondu aux reviews des derniers chapitres et j'en suis vraiment désolée. Je vais faire tout mon possible pour répondre cette fois ci, je répondrai un maximum, je travaille donc c'est assez dur mais je ferai au mieux. Anonymes, les RAR seront sur ma bio dès que je pourrais le faire ça prendra peut-être un peu de temps mais ça sera là, un jour ou l'autre.
(Coucou à celle d'entre vous qui n'est pas d'accord avec les autres lecteurs, elle qui est si humble et qui s'accorde un peu trop d'importance dans sa review mais qui ne laisse aucun moyen à un auteur ne publiant pas souvent de lui répondre. La (mauvaise) surprise passée, je n'ai vraiment plus aucune envie de répondre. Je ne comprends juste pas pourquoi tu as continué de lire si ça t'a gonflé dès le début. Bah, on ne peut pas plaire à tout le monde, heureusement d'ailleurs !)
Sinon, je viens de relire une grosse partie des reviews et j'en ai les larmes aux yeux. MERCI. Vous êtes d'une gentillesse incomparable, on ne peut pas rêver mieux comme lecteurs. Vous m'avez fait sourire, rire, je ressens une profonde reconnaissance envers vous. Vous êtes tous tellement importants, que vous soyez là depuis le début, arrivés en cours de route ou qui avaient eu la chance (ahahah) d'arriver récemment. MERCI.
En vérité, je vais vous demander quelque chose qui me tient vraiment à cœur après l'avoir vu sur plusieurs fanfictions :
Si vous êtes arrivé ici, laissez-moi une review, s'il vous plaît.
Je serais tellement heureuse de voir tous ceux qui ont lu ce chapitre, ma fanfiction.
Donnez-moi votre ressenti sur la fanfiction globale, juste sur cette dernière partie, sur n'importe quoi. Ou posez vos questions si quelque chose vous tracasse. Le tout dans le respect, bien sûr.
(Si ça ne vous dérange pas, mettez aussi votre âge que je puisse faire mes pitites stats mais rien d'obligatoire !) J'aimerais tellement savoir ce que vous avez pensé. Merci d'avance.
Voilà. Je crois avoir dit ce que j'avais à dire.
N'oubliez pas que vous êtes quelqu'un. Ne laissez personne vous rabaisser.
Vivez bien mes lecteurs.
Je vous aime.
31.07.2016
Aiiwa
EDIT : Je suis un boulet. Mais alors franchement... Il y avait une note à la base en guise de chapitre 24 annonçant une pause, beaucoup l'ont commentée. Cette note a été supprimée (n'ayant plus lieu d'être) mais... eh ben ce chapitre est aussi le 24. Du coup ceux qui ont commenté la note... ne peuvent plus commenter ce chapitre. Je me hais. Bon... si ça ne vous dérange pas et si vous voulez commenter, déconnectez vous, commentez en anonyme en m'indiquant que vous avez un compte et je vous répondrai en MP. Je suis vraiment pas douée, désolééééee !