Hey ! Me voilà encore avec un OS ! J'ai pas encore finis Une danse mais pour l'instant, je suis trop focalisée sur cet OS pour continuer celui-là. En fait, l'idée m'est venue après m'être prise une amende. xD Ça peut paraître idiot mais j'ai tout de suite imaginé un truc où Fang se faisait prendre une amende par Light. A la base, c'était censé être seulement ça, un truc court quoi mais je suis totalement partie en cacahuète. Y a plein d'idées qui ont germé et j'ai toute la chronologie de l'OS dans la tête. J'ai également voulu essayé quelque chose de nouveau en exprimant les pensées des personnages seulement quand je trouvais ça nécessaire, et pareil pour leurs mouvements. J'vous laisse la liberté en somme. Enfin je sais pas trop, c'est l'impression que j'ai eu en l'écrivant. Mais ce n'est que la première partie aussi ! Je ne sais pas combien il y en aura mais il reste encore un bout de chemin avant que l'OS soit bel et bien terminé. Bref, j'vais pas vous retenir plus longtemps. J'espère que ça vous plaira, bonne lecture !


Le paysage urbain défilait sous mes yeux sans que je n'y fasse vraiment attention. Une personne pourrait tomber dans les pommes sur le trottoir d'en face que je ne prendrais même pas la peine de regarder. J'étais beaucoup trop obnubilée par le prochain arrêt du bus. Celui où elle allait monter afin de vérifier que personne n'était en infraction. Encore une fois, j'allais pouvoir la regarder sous toutes les coutures pendant une ou deux misérables minutes avant de la voir descendre et que les portes se referment derrière elle. Enfin, c'était ce qu'il devrait se passer, comme d'habitude mais cette fois-ci, j'avais autre chose en tête. Un plan. Encore quelques mètres.

Le bus ralentit, me faisant légèrement pencher vers la droite alors que j'étais adossée contre la vitre et qu'une horrible barre de fer me rentrait dans le dos. A ma droite, assis sur des sièges, mes camarades de classe discutaient joyeusement d'un sujet que j'ignorais totalement. Ils n'étaient pas au courant de mon plan, ce sera une surprise totale. J'avais hâte de voir la tête qu'ils allaient tirer. Cette blonde était à moi.

Finalement, le véhicule se retrouva à l'arrêt et à travers la vitre qui était en face de moi, je suivis la femme que je convoitais depuis déjà plusieurs semaines. Les portes de devant s'ouvrirent pour lui permettre de monter dans le bus. Là, je pus l'admirer. Ses cheveux étaient d'un blond rosé, une couleur je trouvais surnaturel et qui avait le don de m'envoûter. Mais ses yeux ressemblant à de l'eau limpide, de celle que l'on pouvait admirer sur les îles paradisiaques, étaient bien plus fascinant. C'était comme plonger la tête baisser dans l'eau et se laisse emporter par les vagues. C'était à la fois apaisant et excitant. Son visage était finement dessiné mais ses traits étaient durent, souvent crisper en une expression sévère. Pourtant, j'étais sûre qu'elle était douce. Sa peau blanche devait l'être également. Malgré sa veste ample de contrôleur, je pouvais aisément imaginer ses formes féminines sous ce tas de vêtements. Cette femme était à tomber. Le savait-elle au moins ?

Tellement absorbée par ma contemplation, je ne me rendis compte qu'après qu'elle avait émit un soupir puisqu'elle était arrivée à mon niveau et qu'elle attendait que je lui tende ma carte. Mes yeux ses baisèrent sur sa main tendue vers moi et retournèrent sur son visage avant qu'un sourire se dessine sur mes lèvres. A moi de jouer.

« - Je l'ai oublié déclarais-je en haussant les épaules. »

Elle ne répondit pas et continua son avancée dans le bus afin de contrôler les personnes restantes. Mes amis me questionnèrent alors sur mon comportement mais je ne répondis pas, trop absorbée par ma jolie blonde. Cette dernière revint à ma hauteur et, alors que les portes s'ouvraient, elle m'intima de descendre d'un signe de tête. Alors que je posais un pied à terre, je me retournais pour lancer un clin d'œil à mes amis, leur faisant bien comprendre ce que j'avais en tête et les applaudissements fusèrent accompagnés par des sifflements. Je ris un moment en observant le bus s'éloigner et reportais ensuite mon attention sur me geôlière. Elle était occupée à noter quelque chose sur le papier d'un petit carnet, que je devinais être mon amende.

« - Vous avez une pièce d'identité ? demanda-t-elle sans lever les yeux vers moi. »

J'avais déjà entendu sa voix lorsqu'elle me disait bonjour mais je ne pus de nouveau m'empêcher de frissonner. Elle me faisait vraiment un effet pas croyable. Je m'arrachais à mon état de semi-béatitude pour fouiller dans mon sac et en sortir ma carte d'identité. Elle la récupéra, jeta un coup d'œil et reprit ses notes. J'en profitais pour la détailler sans aucune gêne, une main sur la hanche, avec un sourire arrogant. En fait, à partir de là, c'était de l'improvisation totale. J'avais seulement prévu le coup du « j'ai oublié ma carte ». Ce n'était pas plus mal, j'adorais réagir à l'instinct.

Ses yeux finirent par se poser sur moi alors qu'elle me tendit le papier pour que je signe. Ses sourcils se froncèrent légèrement lorsqu'elle se rendit compte que je ne l'avais pas quitté des yeux. Et oui belle blonde, je n'ai d'yeux que pour toi. Sans me départir de mon sourire, j'attrapais le stylo qu'elle me tendait pour signer le papier.

« - Vous pouvez payer directement ?

- Non, je garde mes billets pour d'autres occasions. »

Beau sous-entendu. J'étais fière de moi. Une fois ma signature sur le papier, je lui rendis son stylo et plongeais de nouveau mes yeux dans les siens. Elle me fixait toujours. Bon signe ? Aucune idée mais je pouvais sentir mon cœur s'emballer à ce simple contact visuel. Et je n'étais qu'à quelques centimètres d'elle.

Finalement, elle haussa les épaules, arracha le papier du calepin et me le tendit. Une fois dans mes mans, je ne pris même pas le temps de regarder la somme que je devais payer et le fourrait directement dans la poche de mon jean. Mais, alors que j'aurais du partir, je restais plantée devant elle. Franchement, je ne savais même pas pourquoi je faisais ça. Mais si je pouvais profiter, ne serait-ce que quelques secondes de plus, de sa beauté, j'étais partante. Et ses sourcils qui se fronçaient au fur et à mesure qu'elle se rendait compte que je n'avais pas l'intention de bouger me faisait sourire jusqu'aux oreilles.

Mais je me décidais tout de même à tourner les talons, ne voulant pas non plus passer pour une folle dingue. Ce serait vraiment dommage sinon. Au final, mon plan n'avait pas servit à grand-chose si ce n'était qu'échanger quelques paroles de plus avec. Mais c'était tout de même ça de gagné, non ?

« - Attendez. »

Je m'arrêtais net. Pourquoi voulait-elle que je m'arrête ? Ah, je sais ! Elle n'a pas été insensible à mon charme et elle ne veut pas me laisser partir. Evidemment, ça ne peut être que ça. Je l'avais dans la poche. Soudain, je sentis le dos de sa main au niveau de mes fesses et je sursautais tout en frissonnant. Mais c'est qu'elle ne perdait pas de temps ! Intéressant. Néanmoins, lorsque je me retournais pour lui faire face, je la découvrir avec ma carte de transport dans les mains. Et merde, j'avais oublié que je l'avais mis dans ma poche arrière. Fang, tu es grillée. Affichant une mine penaude, j'haussais les épaules

« - Oups soufflais-je en feignant l'innocence. »

Visiblement furieuse, elle me rendit ma carte avant de s'éloigner. Je la regardais faire avant de me mettre à rire. Voilà que je faisais une erreur digne d'une débutante ! N'empêche, j'avais hâte de la retrouver à nouveau demain, histoire de voir qu'elle attitude elle allait prendre à mon égard. Je penchais plus sur le fait qu'elle fasse comme si de rien n'était mais on avait le droit de rêver, non ? Glissant mes mains dans mes poches, je pris le chemin pour rentrer chez moi, décidant qu'une petite marche me ferait le plus grand bien.


Ouvrant la porte d'entrée, je pénétrais dans mon appartement et retirais dans un premier temps ma veste de contrôleur. Elle était bien trop épaisse à mon goût mais le patron avait été stricte sur cette question là : pas de veste, t'es viré. Je ne pouvais pas risquer de perdre mon emploi pour quelque chose d'aussi futile. Une fois m'être débarrassée de mes chaussures, je rejoignis le salon où ma sœur cadette était confortablement installée sur le canapé. Je lui adressais un sourire et me penchais vers elle afin de l'embrasser sur la joue.

« - Comment s'est passée ta journée ? demandais-je en jetant un rapide coup d'œil à l'émission qu'elle regardait.

- Oh, comme d'habitude tu sais. On a encore une tonne de devoirs à faire.

- Et tu ne les fais pas ?

- Je souffle cinq minutes. Et toi, ta journée ?

- Rien de spécial. »

Je me remémorais l'épisode de la jeune étudiante qui avait visiblement voulu prendre une amende. Depuis que j'étais chargée de cette ligne, je la croisais toujours aux mêmes horaires, et à d'autres également. Son regard était toujours rivé sur moi ce qui me gênait atrocement. Je ne supportais pas que les gens me dévisagent sans aucune gêne. Mais avec le coup qu'elle m'avait fait aujourd'hui, je la trouvais encore plus étrange. Qu'est-ce qu'elle cherchait à faire ? Dans tous les cas, il était inutile que j'en parle à Serah. Et puis, je n'avais aucune envie d'évoquer cet épisode.

Je me dirigeais donc vers la cuisine pour commencer à préparer le repas. Après avoir jeté un rapide coup d'œil de ce que contenait le réfrigérateur, je décidais de préparer un poulet rôti avec des pommes de terre. Un plat des plus classiques mais la cuisine n'était pas mon fort. Je sortis donc le nécessaire avant de préchauffer le four et de commencer à éplucher les pommes de terre.

« - Tu savais que certains requins étaient inoffensifs ? demanda ma cadette depuis le salon.

- Tu regardes encore cette émission ?

- Oui. J'aime bien. Comme quoi, il ne faut pas se baser sur une certaine nature pour juger un être vivant. »

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je lui avais bien inculqué les bonnes valeurs. Je pouvais me vanter d'avoir une sœur plus intelligente et plus humaine, dans le bon sens du terme évidemment, que les autres. Ma sœur resterait ma plus grande fierté.


« - Alors aujourd'hui, tu te lance vraiment ?

- Ouais. J'aime pas laisser traîner les choses tu vois. Et j'estime attendre depuis bien trop longtemps.

- Dix euros qu'elle refuse.

- Tenu. »

Pour souligner notre accord, je lui tapais dans la main en lui adressant un sourire arrogant. Je ne savais pas d'où je tenais une telle assurance mais j'étais certaine qu'elle accepterait. L'échec était inconcevable. Je n'avais même pas préparé ce que j'allais lui dire, c'était inutile. L'improvisation était ma meilleure amie.

Adoptant ma posture chétif que je prenais le plus souvent en boîte de nuit ou dans les bars, je m'imaginais déjà en train de l'emmener dans le bar que je fréquentais généralement. Un parfait endroit pour faire connaissance. En plus, les boissons y étaient divines. Le bus finit par s'arrêter à l'arrêt que j'attendais chaque jour et la belle blonde monta, comme à son habitude. J'attendis donc patiemment qu'elle arrive à ma hauteur. Et c'est ce qui arriva quelques secondes plus tard.

Tout en détaillant son visage, je lui tendis ma carte. Elle évitait soigneusement mon regard. Serait-elle, par le plus grand des hasards, gênée ? Mon sourire s'agrandit. Alors qu'elle me rendait ce qui m'appartenait, mes doigts se refermèrent sur les seins, attirant ses yeux dans les miens.

« - Ca te dit qu'on aille boire un verre ? »

Tact au tact. Je n'aimais pas passer par quatre chemins. Ses yeux ne reflétaient rien, si ce n'était la surprise, mais je pouvais la sentir s'agiter. Sa main moite en était la preuve. Je lui intimais mentalement d'accepter. Après tout, qu'est-ce qu'elle avait à perdre ? Si ce n'était qu'une petite demi-heure à tout cassé. Mon pouce se permit de tracer quelques cercles sur le dos de sa main, la faisant frissonner. Bon signe, très bon signe.

« - Je n'ai pas encore terminé mon service tenta-t-elle de contrer.

- J'ai tout mon temps répliquais-je sans aucun temps d'attente. »

Et c'était vrai d'ailleurs. Enfin, j'avais bien évidemment des devoirs à faire mais elle passait avant, évidemment. Finalement, elle retira sa main avant de se détourner légèrement, prête à continuer ce qu'elle était venue faire.

« - Attends-moi dehors. »

Je me tournais alors vers mes camarades et leur accordait un sourire triomphant. Tous étaient tellement surpris qu'ils oublièrent de montrer leur titre de transport. Je récupérerais mon argent plus tard. Et puis, cela ne faisait pas très classe devant mon rendez-vous de la soirée. Docile, je descendis du bus et attendis patiemment que la blonde me rejoigne. Elle me jeta un rapidement coup d'œil avant de parler dans son talkie walkie. Je ne fis pas vraiment attention à ce qu'elle disait, plus concentrée sur le timbre de sa voix. Sévère, sans émotion et pourtant, j'arrivais à y déceler de la douceur. Cette femme devait être remplie de mystère.

La paire d'yeux bleus se reporta sur moi et elle resta silencieuse un moment avant d'ouvrir la bouche.

« - J'aurais terminé dans trente minutes expliqua-t-elle.

- Pas de soucis, j'ai de quoi m'occuper. »

Et fidèle à moi-même, je sortis un paquet de mikado de mon sac avant de m'adosser sur la vitre de l'arrêt de bus, les yeux toujours rivé sur celle que je convoitais. Elle haussa un sourcil avant de se détourner et d'observer le trottoir d'en face. J'en profitais pour l'admirer de dos tandis que je croquais dans un des bâtonnets. Ses cheveux ne tombaient pas dans son dos, comme on aurait pu le croire. Elle les avait rabattus devant, au niveau de son épaule gauche. Ainsi, ils descendaient jusqu'à la naissance de sa poitrine. Je n'avais pas besoin de le voir pour le savoir. Tout ce temps passé à l'observer m'a permis de mémoriser un bon nombre de choses. Comme sa manie de frôler ses cheveux qui lui tombaient sur le visage, du côté droit, quand ils n'étaient pas placés correctement. Je n'avais jamais autant scruté quelqu'un de toute ma vie. Merde, je devais être vraiment accro à elle. Cela me fit rire. Je ne savais rien d'elle mais ça ne pouvait pas m'empêcher de ne penser qu'à elle. Pourtant, j'en ai connu des filles, et des hommes aussi, mais elle était la seule à me faire cet effet là. C'était une des principales raisons pour laquelle je ne pouvais pas la laisser me glisser entre les doigts.

Les minutes s'écoulèrent plus lentement que ce que je l'aurais espéré. Visiblement, le temps était contre moi. Mais je m'en fichais. Elle avait dit oui. Je la regardais donc faire son job, montant et descendant des bus qui s'arrêtaient ici. C'est là que je me rendis compte à quel point cela pouvait être barbant. Comment faisait-elle pour supporter une routine pareille ? Ça ressemblait presque au travail à la chaîne. Heureusement que j'étais là pour la sortir de la monotonie. Etait-ce la raison qui l'avait poussé à accepter ? Bah, qu'importe. Elle avait dit oui. J'adorais me répéter cette phrase.

L'air s'était quelque peu refroidi. L'hiver commençait à se faire ressentir. Et comme une idiote, j'étais seulement équipé d'une simple veste en cuir pour me protéger du froid. Evidemment, elle ne protégeait rien du tout. La prochaine fois, je penserais à mettre quelque chose de plus chaud.

Finalement, la belle inconnue se rapprocha de moi, ayant visiblement terminé son service. J'avais eu tout le temps pour engloutir chaque mikado présent dans la boîte. J'aurais peut-être dû lui en proposer un.

« - Bon, tu compte m'emmener où ? demanda-t-elle en croisant les bras.

- Là-bas. »

Je pointais mon doigt en direction du bar à l'autre bout de la rue et elle se retourna pour l'observer un moment. La devanture ne payait pas de mine, certes, mais l'ambiance à l'intérieur y était excellente. Chaque soirée que j'y passais, je faisais de nouvelles connaissances et le tout se terminait en de grands éclats de rire. Et comme j'étais une habituée, j'avais le droit à des baisses de prix de la part de la patronne.

« - Un bar, on ne pouvait pas faire plus original soupira-t-elle sans me faire face.

- Je vais t'apprendre à ne pas juger sur les apparences répliquais-je, espiègle. »

Je me détachais de l'arrêt de bus pour commencer à traverser la route mais, en cours de chemin, je pivotais sur moi-même pour lui adresser un clin d'œil, appuyant ainsi mes propos. Elle se contenta de lever les yeux au ciel et de me suivre, toujours les bras croisés. Ça allait devenir une habitude à force.

Une fois devant le bar, je poussais la porte d'entrée afin de permettre à mon rendez-vous de passer. Sans émettre le moindre remerciement, elle entra et je la suivis de prêt, sans me formaliser de son manque de politesse. Je fus tout de suite frapper par la chaleur qui régnait dans la pièce. Pas suffocante mais assez forte pour que j'en retire ma veste. D'ailleurs, la belle blonde m'imita, laissant ainsi son chemisier à nu. Son corps était que je me l'étais imaginée. Fin, élancé, sculpté à la perfection et aux formes qui appelaient à la tentation. D'ailleurs, quelques regards s'étaient posés sur elle afin de l'admirer. Pas touche les gars, c'est la mienne. Et comme pour approuver mes dires, je passais une main dans son dos pour l'emmener jusqu'au comptoir où Lebreau se trouvait derrière, un éternel verre dans les mains accompagné de son fameux torchon.

« - Hé Fang ! Comment tu vas ? me demanda-t-elle en me voyant approché.

- Impec', et toi ?

- Tout va bien, les clients ne manquent pas en ce moment. Ca fait un moment que tu n'étais plus passée d'ailleurs, je commençais à m'inquiéter.

- Oh tu sais, les devoirs, le boulot, j'avais plus trop le temps.

- Dis plutôt que tu passais tes soirées en boîte.

- Ah ah, y a un peu de ça, je l'avoue. »

Elle m'accorda un sourire amusé avant de reporter son attention sur la jeune femme qui m'accompagnait. D'un signe de la main, je l'invitais à s'asseoir sur l'un des tabourets avant de m'y hisser à mon tour. Regardant de nouveau la patronne, je vis les tonnes de questions au sujet de celle qui m'accompagnait lui brûler les lèvres mais elle se retint d'assouvir sa curiosité.

« - Bon, qu'est-ce que je vous sers alors ? »

Je me tournais vers la blonde, l'invitant à commander en première.

« - Une vodka orange s'il vous plait. »

Ah, madame aimait l'alcool fort. A moins qu'elle tente simplement de m'impressionner. Mais ça ne semblait pas être son genre.

« - Juste une bière pour moi. En pression s'te plait.

- Okay les filles, je vous fais ça. »

Je la remerciant d'un signe de tête avant de poser de nouveau mon regard sur mon rendez-vous. Je me retrouvais perpendiculaire par rapport au bar et je m'appuyais sur ce dernier à l'aide de mon bras droit, ma main collé contre ma joue. Elle aussi me faisait face, les bras croisés, et son bras gauche touchait le comptoir. Pendant un instant, je restais silencieuse afin de l'admirer. C'était plus fort que moi. Mon regard ne pouvait s'empêcher de s'arrêter à certains endroits de son visage, pour partir explorer d'autres zones de con corps, s'arrêtant également s'il trouvait quelque chose d'intéressant. Un véritable aimant.

« - Alors, tu fais ce job depuis combien de temps ? demandais-je, curieuse.

- Depuis deux ans.

- Et tu as quel âge ?

- Vingt-trois ans.

- T'as pas envie de faire autre chose de ta vie ? Je veux dire, ça doit être barbant comme boulot, non ?

- Celui-là ou un autre, ce sera pareil. Et je ne peux pas me permettre de me retrouver au chômage.

- Pourquoi ?

- C'est personnel. »

J'haussais un sourcil devant son refus catégorique. Apparemment, c'était un sujet sensible, il vaudrait mieux que je ne m'aventure par plus sur ce terrain là. Lebreau revint avec nos boissons et je pus hydrater ma gorge qui devenait sèche. Le feu familier de l'alcool brûla quelques secondes dans ma gorge avant de s'estomper.

« - Elle est super bonne. Tu veux goûter ?

- Non merci, je n'aime pas la bière.

- Comme tu veux. A part mettre des amendes, tu fais quoi de tes journées ? »

La question sembla la déstabiliser. Je voulais l'imaginer autrement que jouant son rôle de contrôleur. L'imaginer dans les supermarchés, au cinéma, aux parcs, dans les boîtes de nuit. Même si je doutais que ce soit son genre pour le dernier. Elle ne me semblait pas être de celles à aller se déchainer là-bas, comme moi, mais qui sait, peut-être que je me trompais.

« - J'aime bien aller à des expositions sur l'art et à des festivals de musique, des concerts…

- C'est quoi ton style de musique ?

- J'écoute de tout, du moment que le rythme me plait.

- Arctic Monkeys, tu connais ?

- J'ai acheté leur dernier album il n'y a pas longtemps.

- Moi aussi. Il est sympa mais je préfère son prédécesseur. »

Elle se contenta d'hausser les épaules de boire quelques gorgées de son verre d'alcool. J'avais l'impression d'être dans le cliché du « j'apprends à te connaître ». Les questions sur les goûts musicaux, c'était tellement rasoir… Il fallait que je trouve quelque chose de plus intéressant. Un truc original qui retiendrait son attention.

« - Je fais de la boxe. On dirait pas comme ça, c'est vrai, mais mes muscles ne ressortent pas. Et heureusement. Sinon, adieu tout mon charme. »

Surprise, elle leva un sourcil, se demandant la raison de cette soudaine déclaration de ma part. Pour tout dire, je ne savais même pas pourquoi je lui avais dis ça également. Je ne cherchais pas à me vanter, loin de là. Mais c'était comme si je ressentais le besoin de lui faire partager des parties intégrantes de mon être. La boxe en faisait partie puisque je pratiquais depuis cinq ans déjà. Je vois déjà venir les préjugés mais non, ce n'est pas un sport réservé aux hommes et basé entièrement sur les muscles. Il fallait aussi être léger, rapide, habile et tactique. Tout ce que je possédais. J'avais également une certaine force dans les bras et une endurance à toute épreuve. C'était un moyen de se défouler et de m'endurcir. Ce sport forgeait le caractère, nous forçait sans cesse à nous relever lorsque l'on se retrouvait la face contre le ring. Un combat pour les nerfs.

« - Pourquoi chercher à s'épuiser en pratiquant un sport ? demanda-t-elle alors. »

Tiens, j'avais piqué sa curiosité. Je ne l'aurais pas cru.

« - Je ne fais pas ça pour m'épuiser. C'est un moyen pour moi de dépasser mes limites, de toujours me donner à fond quelque soit les enjeux. Ca m'endurcit autant sur le plan physique que moral. Franchement, ça aide beaucoup, surtout quand ton prof avoue se torcher le cul avec tes copies. Et puis, pour être en forme, dépenses-toi bien ! »

J'avais prononcé mes derniers mots d'une voix enfantine ce qui la fit légèrement sourire. Encore un bon signe.

« - Mais il y a d'autre sports. Pourquoi celui-là en particulier ? D'autant plus que tu as plus de risques de te faire salement amoché.

- C'est peut-être justement ça qui me plait. De ressortir d'un combat avec un œil au beurre noir et la lèvre fendue.

- Hm... Les femmes sont rares dans cette discipline, je me trompe ?

- Non, tu as raison. Et généralement, elles ont souvent un physique masculin. J'ai l'impression d'être la seule à avoir gardé ma part de féminité.

- C'est vrai que c'est étonnant. »

Son regard descendit un instant sur mon corps pour détailler mes courbes. Encore une fois, je souris. Bien évidement, elle avait le droit d'apprécier le spectacle.

« - Et qu'est-ce que tu fais comme études ?

- Je suis en licence pro MEMSE, en alternance.

- Ce qui veut dire ?

- Master européen en management et stratégie d'entreprise. Le nom fait peur mais en fait, c'est plutôt facile. Sûrement parce que je suis surdouée. »

Elle haussa un sourcil, peu convaincue par ce que je venais de dire. Pourtant, c'était partiellement vrai. Bon, je n'étais pas une surdouée, loin de là, mais même sans fournir énormément d'efforts, je réussissais plutôt bien.

« - Pourquoi avoir choisis cette filière ?

- J'aime bien motiver les troupes. Et mes profs de l'année dernière m'ont encouragé pour que j'aille là-dedans.

- Et ça te plait ?

- Bah oui, sinon je ferais autre chose. »

Ma réponse lui donna matière à réfléchir puisqu'elle reprit quelques gorgées de sa boisson en fixant un point invisible au sol. Mais alors que j'allais ouvrir la bouche pour lui poser une nouvelle question, une voix familière me héla. Je tournais légèrement la tête pour voir Vanille, ma meilleure amie, se tenir devant les portes du bar, en agitant ses bras dans ma direction. Toujours aussi énergique cette fille. Elle s'avança vers nous, tout sourire.

« - Ouah, je vois que tu as réussis à l'avoir, ton rendez-vous ! s'exclama-t-elle en regardant la blonde. »

Merci Vanille pour cette discrétion. Lâchant un soupir, je secouais la tête, désespérée.

« - Ouais ouais, rentre à l'appart, c'est plus l'heure pour les enfants de sortir répliquais-je.

- Enchantée, moi c'est Vanille ajouta-t-elle à l'adresse de mon rendez-vous en lui tendant la main et en m'ignorant royalement. »

La blonde, d'abord hésitante, serra finalement la main qu'elle lui tendit en fronçant les sourcils. Puis, la rouquine se tourna vers moi.

« - Fais pas de bêtise Fang. Pour une fois, j'aimerais dormir tranquillement.

- Rentre à la maison Vanille soupirais-je. »

Elle se contenta de rire et de sortir du bar. Elle était seulement venue pour m'embêter. La garce, j'allais lui faire payer ça. En plus, elle m'avait fait passer pour une fille qui pense seulement à terminer ses soirées par une partie de jambes en l'air ! Bon, j'avoue, c'est ce que j'avais été, il y a de ça deux mois. Mais depuis que j'avais rencontré la blonde, j'avais cessé ce genre d'activité nocturne. Elle était tellement présente dans mon esprit que je ne désirais même plus me retrouver dans les bars de quelqu'un d'autre. Si un jour on m'avait dit que ça m'arriverait, j'aurais ris à gorge déployée. Finalement, je reportais mon attention sur celle qui me faisait face.

« - Que les choses soient bien claires : je n'ai jamais imaginé une seule seconde que cette soirée se termine sous la couette. »

Visiblement amusée par ma réaction, elle me fixa avec un sourire.

« - Ça tombe bien parce que moi non plu. »

Ça, j'avais deviné. C'était une façon subtile de me montrer qu'elle n'était pas intéressée. Dû moins, elle ne l'était pas encore.

« - Alors c'est parfait répondis-je avec un sourire arrogant. »

Le reste de la soirée se déroula relativement bien. Les sujets de conversations se suivirent sans problème et, même si mon interlocutrice n'était pas très bavarde, elle me posait quelques questions. Que ce soit par politesse ou non, je n'y accordais pas d'importance. J'étais contente de lui raconter plusieurs choses à mon sujet. Et en ce qui la concernait, je n'étais jamais rassasiée. J'avais dû lui poser une cinquantaine de question en… En combien de temps ? Un coup d'œil à mon portable m'indiqua qu'il était 22 heures passé. Aucune de nous deux n'avaient vu les minutes s'écouler. Encore un bon signe.

Malheureusement, mon rendez-vous remarqua par la même occasion l'heure tardive, qui eut pour effet de lui faire froncer les sourcils. Elle ne s'attendait certainement pas à rester aussi longtemps. Énième bon point. Elle descendit du tabouret et attrapa sa veste.

« - Il est temps que j'y aille. »

J'aurais bien voulu la retenir mais j'avais suffisamment pris de son temps comme ça. En plus, je n'avais pas envie de paraître trop collante. Je glissais donc de mon perchoir gentiment avant de souhaiter une bonne soirée à Lebreau et de quitter le bar en compagnie de la blonde. L'air s'était nettement rafraîchir au point que j'en frissonne. J'enfilais rapidement ma veste.

« - Ma voiture est là-bas me dit-elle en désignant un parking à quelques mètre de là.

- Inutile que je te raccompagne jusqu'à ta voiture alors. En tout cas, j'ai vraiment apprécié la soirée, c'était cool.

- Hm… Certainement.

- Je suis de si mauvaise compagnie ?

- Je n'ai pas dis ça.

- Alors qu'est-ce que tu dis ? »

Elle croisa les bras et afficha un air renfrogné. D'accord, d'accord, je n'obtiendrais pas ses impression de la soirée. Tant pis, j'avais eu ce que je voulais. Avec un sourire, je commençais à faire quelques pas en arrière.

« - J'te dis à bientôt alors. Passe une bonne soirée Sunshine. »

J'avais toujours la fâcheuse manie d'affubler les personnes que je connaissais de surnoms. Et, comme je ne lui avais pas demandé comment elle s'appelait, c'était le moment idéal pour lui en trouver un. D'autant plus qu'il lui allait bien. Mais, évidemment, elle n'était pas de cet avis. Je pouvais le voir au regard assassin qu'elle me lançait.

Lui tournant le dos en riant, je me dirigeais vers une petite ruelle, le début du chemin pour rentrer chez moi. Sa voix, presque inaudible, s'éleva derrière moi.

« - C'est Claire, mon prénom. »

Joli prénom. Mais le surnom que je lui avais trouvé était encore meilleur. Bon, un bilan de la soirée ? Très agréable et bourrée de surprise. Cette fille était vraiment étonnante et je savais pertinemment qu'elle ne m'avait pas tout dévoilé. Dans tous les cas, elle n'allait pas être débarrassée de moi de si tôt.


Coupant le contact de ma voiture, j'ouvris la portière afin de mettre pied à terre. La morsure du froid m'assaillis et instinctivement, j'enfouis mon nez dans mon écharpe. L'hiver était arrivé plus tôt que je ne l'aurais voulu. Et avec lui s'ajoutait la pluie, la grisaille et tous ses autres aléas. Le seul avantage avec l'hiver c'était les patinoires extérieures qui ouvraient.

Faisant le tour de ma voiture afin d'être sur le trottoir, je m'adossais sur le capot, les bras croisés, et observais les étudiants qui affluaient. Chaque vendredi, je terminais mon service plus tôt ce qui me permettait de venir chercher ma sœur à la fac. Cette dernière se plaignait souvent des transports, soit parce qu'ils étaient en retard soit parce que les horaires ne collaient pas avec son emploi du temps. Alors, le vendredi, je lui faisais plaisir.

Pendant que j'observais distraitement les étudiants qui sortaient du bâtiment, mon attention se porta sur une fille brune adossée contre le mur, près de l'entrée. Elle me disait quelque chose. Plissant les yeux, je la reconnu. C'était Fang. Cette même chevelure désordonnée aux quelques mèches rouges, cette peau mate et ses yeux d'un vert intense. Que faisait-elle à la fac ? Elle ne m'avait pas dit qu'elle faisait une licence professionnelle ? D'ailleurs, c'était la première fois que je la revoyais depuis qu'elle m'avait invité dans ce bar en y repensant. Cette semaine, j'avais été affectée à une autre ligne.

Notre soirée me revint en mémoire. Déjà, je m'étais surprise moi-même en acceptant. Plusieurs inconnus m'avaient déjà accosté dans un lieu public afin de me demander de prendre un verre avec eux, ce genre de choses, mais j'avais toujours refusé. Sauf avec Fang. Peut-être parce que c'était une femme ? Ou qu'elle m'intriguait ? Je n'avais toujours pas compris la raison qui lui avait poussé à me mentir à propos de sa carte, lorsque je lui avais collé une amende. Et ça m'énervais. C'était une anomalie présente dans ma vie dont je devais résoudre le problème. Était-ce réellement un problème ? D'autant que la soirée que j'avais passée avec elle n'avait pas été désagréable. J'avais été limite intéressée par tout ce qu'elle avait pu me raconter. Comportement inhabituel de ma part. Passant une main dans mes cheveux, je soupirais. Inutile de me poser toute cette tonne de question, je n'aurais certainement pas les réponses maintenant.

Mon regard dévia de l'étudiante pour se reporter sur la porte d'entrée qui venait de s'ouvrir sur ma sœur et… la rouquine qui était passée en un éclair durant la soirée avec Fang. Bon sang, c'était fait exprès ou quoi ? Agacée, je les regardais se diriger vers la brune qui les accueillit avec un grand sourire. Dans ces conditions là, il était presque inévitable qu'elle vienne jusqu'à moi. Si j'avais su. Et comme pour prouver ses dires, Serah se retourna, me cherchant du regard, et lorsqu'elle me trouva, elle me fit de grands signes, attirant par la même occasion l'attention de ses deux amies. Je passais ma main sur mon visage. J'étais maudite.

Soupirant de nouveau, je redressais la tête pour voir les trois filles s'approcher de moi. Même d'ici, je pouvais voir le sourire qu'abordait Fang. Et à coté de ça, il y avait l'air surpris de Serah, qui était certainement en train d'être mise au courant de l'entrevue que j'avais eu avec la brune. Evidemment, je ne lui avais rien dit, elle en aurait fait tout un plat. Mais si j'avais su qu'elle l'apprendrait comme ça…

« - Tu avais dis que c'était un dîner entre collègues ! m'accusa ma cadette lorsqu'elles arrivèrent devant moi.

- Inutile de me faire une scène Serah soupirais-je en détournant le regard.

- Quoi ? Inutile ? Mais…

- Laisse tomber Serah intervint Fang. Elle est encore complètement retournée par cette soirée, laisse-lui le temps de se remettre. »

Serrant les poings, je lui lançais un regard noir. Ah, elle voulait le jouer comme ça ?

« - J'aurais plutôt dis qu'elle avait été tellement ennuyante que j'en ai oublié de l'omettre.

- Tu te contredis Sunshine.

- Sunshine ? s'exclama ma sœur, interloquée. »

Bon sang, dans quoi m'étais-je fourrée ?

« - Ouais, c'est un surnom que je lui ai trouvé répondit Fang, visiblement fière d'elle. Ça lui va bien, pas vrai ? Aussi éblouissante qu'un rayon de soleil. »

Le tout ponctué par un sourire charmeur. Mais, nullement charmée, évidemment, je me contentais de la toiser avec un regard peu avenant, lui signifiant bien qu'elle devrait rapidement arrêter avec ses idioties. Sa familiarité me déconcertait totalement. Elle me parlait comme si on se connaissait depuis des mois !

« - Claire, la prochaine fois que tu sors, ne fais pas la cachottière avec moi me menaça Serah.

- Ah, il peut y avoir une prochaine fois ? s'enthousiasma la brune. Cool, demain un verre chez moi ?

- Fang, demain on a déjà une soirée de prévue répliqua la rouquine en croisant les bras.

- Bah tant pis, elle pourra venir.

- Oh, doucement là intervins-je en me massant les tempes. Vous ne croyez pas que j'ai mon avis à donner ?

- Je suis d'accord avec elles renchérit ma sœur en hochant la tête. J'en ai marre de te voir te coucher à 22 heures tous les week end. Et je viendrais moi aussi !

- Super ! répondit la rouquine en tapant des mains. Je t'appellerais ce soir pour te faire part des détails. »

Non mais je rêve là. Je venais réellement d'être enrôlée dans une soirée d'étudiants sans même avoir mon avis à donner sur la question ? Super. Génial. Exaspérée, je lâchais un énième soupir en secouant la tête. C'était bien pour Serah que je ne contestais pas.

« - Bon, on papote, on papote, mais j'ai un combat dans vingt minutes annonça Fang qui regardait son téléphone.

- Ah c'est vrai ! répondit son amie en se tournant vers elle. Vous voulez venir toutes les deux ?

- Non. »

J'avais été catégorique. Déjà que leur enfantillage m'avait fait perdre un temps fou mais en plus elle voulait m'emmener voir un match ! Un combat de quoi en plus ? Certainement de boxe puisque c'était ce que Fang pratiquait. Comme si j'avais envie de voir des lourdauds se taper dessus avec des gants rouges.

« - Pourquoi non ? »

Je reportais mon attention sur ma cadette, la mine déconfite. Ne me dites pas qu'elle avait l'intention d'y aller ! Comme d'habitude, elle m'offrait son visage d'ange avec un magnifique sourire. Elle savait très bien qu'en faisant cette tête là, je ne pouvais pas lui dire non. En fait, je ne pouvais jamais lui dire non, sauf pour les cas extrêmes. Ce n'était pas le cas actuellement ?

« - Qu'est-ce qui te rebute Sunshine ? me demanda Fang. T'avais l'air de t'y intéressée vendredi. Ça ne dure pas longtemps, trente minutes à tout casser. T'as rien à perdre.

- Arrête avec ce surnom ridicule grognais-je.

- Seulement si tu accepte de venir.

- Pourquoi ai-je l'impression que même si j'accepte, tu continueras ?

- Oh aller Claire intervint ma sœur en me prenant le bras. Ce serait sympa d'aller voir ça.

- Bon, d'accord, d'accord marmonnais-je.

- Vous verrez, c'est impressionnant, surtout quand les gars sont sur le ring ajouta Vanille. »

Face à cette révélation, Serah n'en fut que plus excitée et plongea directement sur le siège passager de la voiture. Avec un signe de tête, j'invitais les deux autres à rejoindre les places arrière et moi, je pris ma place de conductrice. Je n'arrivais toujours pas à croire ce que j'étais en train de faire. Serah me revaudra ça, dû moins elle avait intérêt !

Démarrant la voiture, je jetais un coup d'œil dans mon rétroviseur pour voir si les deux autres étaient bien installées et m'engageais sur la route.

« - Dites-moi où je dois aller sinon je vous emmène n'importe où. »

Mes deux passagères m'indiquèrent donc le chemin, non sans quelques désaccords entre elles qui prenaient une bonne minute à être réglé. J'avais l'impression d'être chauffeur de bus et d'emmener une bande de gamins en colonie de vacances. Et dire qu'à cette heure là, je devrais être rentrée avec Serah pour me reposer bien tranquillement dans mon lit. C'était bien la première fois que je sortais de ma routine. Restait encore à voir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Une fois la destination atteinte, je m'extirpais de mon siège, suivit par les filles qui étaient en train de débattre sur une question existentielle : il fallait mieux sortir avec un type musclé ou un type intelligent ? En voyant ma sœur complètement absorbée dans cette discussion, je me rendis compte que j'avais raté quelque chose dans son éducation. Mais c'était peut-être inévitable après tout. Toutes les filles de son âge étaient comme ça dés que le sujet des garçons était abordé. J'espérais juste que ma cadette ne se laisse pas embobiner par le charme d'un homme qui, au final, ne souhaiterait que son corps. Comme toutes les grandes sœurs au final.

Nous avions pénétré dans le bâtiment et tout de suite, l'odeur de sueur emplit mes narines. Je grimaçais. Belle manière d'accueillir les arrivants. Un peu de parfum ne ferait pas de mal. La salle n'était pas exagérément grande mais avait assez de place pour contenir deux rings et un espace dédié à l'entraînement où traînaient des sacs de sable et d'autre matériel. Ayant remarqué notre arrivée, un homme plutôt rond s'approcha de nous.

« - Te voilà enfin Fang ! lança-t-il à l'adresse de la brune. Tu sais très bien que dix minutes d'entraînement avant un combat, ce n'est pas suffisant. D'autant plus que tu affrontes Jihl, tu sais parfaitement qu'elle n'y va pas de main morte.

- Coach, elle n'est pas la seule répondit Fang en posant une main sur sa hanche.

- Je m'en fiche, vas te préparer et chauffe-moi ces bras tout mou ! »

La brune lâcha un soupir mais obtempéra en se dirigeant vers le matériel. Son coach reporta alors son attention sur nous, sans se gêner de nous détailler de la tête aux pieds.

« - Vous êtes venus en spectateurs ? demanda-t-il finalement.

- Hein ? Amodar, ne me refais pas le coup du « j'ai oublié qui tu es » ! répliqua Vanille en croisant les bras.

- Je plaisante gamine répondit le dénommé Amodar. Allez rejoindre Fang, je suis sûr qu'elle est en train de pleurer de trouille comme un bébé. »

J'acquiesçais à cette image. Étrangement, m'imaginer la brune complètement désemparée me donnait envie de sourire. Sadique, moi ? Pas du tout. Serah ne se fit pas prier pour rejoindre la combattante, suivit de près par la rouquine et moi. Nous longions les deux rings ainsi, je pus voir de plus près les boxeurs qui y étaient présents. Ils devaient certainement faire le double de mon poids et n'étaient que de gros tas de muscles. Soufflant comme des bœufs, ils cherchaient à faire plier leur adversaire sous leurs coups. Je pouvais distinguer des filets de sueur glissé sur leur tempe pour venir se mêler au sang qui coulait sur le bord de leurs lèvres. Evidemment, c'était assez impressionnant de voir des masses pareilles se ruer de coups avec force tout en se tournant autour comme des bêtes mais je ne ressentais nullement l'envie de me joindre à eux. Le banc était beaucoup plus attirant.

Pour prouver mes dires, je m'assis sur ce dernier en observant Fang sautiller sur place en agitant ses bras. Elle avait l'air ridicule. Elle avait également troqué ses vêtements pour un simple débardeur blanc et un short de sport. Elle avait de belles jambes, légèrement musclées et bien dessinées. A côté des mastodontes sur le ring, elle ne payait pas de mine. Se sentant observé, elle posa son regard sur moi avant de me sourire.

« - Ce que tu regardes te plait Sunshine ? se moqua-t-elle d'une voix qui se voulait sensuelle.

- J'ai l'air d'apprécier ? répliquais-je froidement.

- Oui. »

Lâchant un soupir, je me détournais de cette fille qui commençais à m'exaspérée pour reporter de nouveau mon attention sur les tas de muscles qui gigotaient encore sur le ring. Du coin de l'œil, je pouvais voir Serah qui observait tout autour d'elle, appréciant visiblement la vue qu'offraient les autres garçons présents dans la salle. Pour ce qui était de la rouquine, elle était en train de motiver la brune en lui promettant du chocolat si elle gagnait. Mais qu'est-ce que je fichais là ?

Quelques minutes plus tard, où j'avais passé mon temps à écouter d'une oreille distraite les trois filles, l'entraîneur de Fang rappela cette dernière à l'ordre pour lui dire qu'il était temps qu'elle aille sur le ring. Serah et Vanille l'encouragèrent tandis qu'elle obéissait pour se glisser entre les cordes et se retrouver sur le tapis de combat. Son adversaire se dévoila enfin : une fille qui devait faire 20 kilos de plus qu'elle, avec des biceps saillants et un regard peu avenant. J'imaginais déjà l'étudiante au tapis. Et pourtant, elle se tenait devant le monstre, le sourire aux lèvres, en train d'enfiler ses gants. Était-elle complètement maso ? Jetant un coup d'œil à son amie, je remarquais que cette dernière n'était nullement inquiète du sort de la brune. Peut-être qu'elle n'allait pas autant se faire amocher au final. De toute façon, qu'est-ce que ça pouvait me faire ? C'était son choix .

« - Il n'y a presque personne constatais-je en voyant les quelques rares spectateurs.

- Parce que c'est simplement un combat amical, en quelque sorte, avec un autre club me répondit Vanille. Un moyen de tester l'adversaire pour les tournois à venir.

- Ah… Tu viens souvent la voir ?

- La plupart du temps, oui. Je n'influe pas vraiment sur le résultat mais je sais très bien que Fang aime bien que je sois là, même si elle dira toujours le contraire.

- Moi, je pense plutôt que tu es là pour les mecs intervint Serah en lui donnant un coup de coude.

- Tu peux parler ! Ce n'est pas moi qui matte Snow depuis tout à l'heure. »

A l'entente de ce prénom, je me crispais. Snow. Celui qui avait le don de me pourrir la journée rien qu'en entendant parler de lui. Lui et Serah se connaissait depuis deux ans déjà, et je l'avais déjà croisé plusieurs fois dans mon appartement, à flâner. Ce garçon était un idiot finit. Chaque fois que je le voyais, il abordait un sourire d'imbécile heureux, et encore plus quand il regardait Serah. Je détestais la façon qu'il avait de la regarder, comme si elle était à lui et seulement à lui. Le jour où ça arrivera, je serais morte. Ma sœur était seulement à moi, et jamais à un idiot de première.

Le son d'une cloche me sortit de mes pensées et je vis Fang et son adversaire commencer à se tourner autour, les mains levées au niveau de leur visage en tant que bouclier. Deux bêtes sauvages prêtes à se bondir dessus. Fang, que j'avais toujours vu abordé un sourire, avait le visage impassible. Ses yeux étaient rivés sur son adversaire, étudiant chacun de ses mouvements. Elle se mouvait comme un félin devant sa proie. Contrairement aux deux autres gorilles, le spectacle de Fang sur le ring avait un certain charme. S'en était presque gracieux, comme une danse.

Les coups de poings commencèrent à fuser. Fang arrivait à les éviter de justesse en essayant de viser les côtes de son adversaire. C'était vraiment efficace de frapper les côtes ? J'aurais plutôt visé d'abord la tête pour tenter de l'assommer quelque peu et ensuite, je lui aurais coupé le souffle et fait perdre l'équilibre en faisant pleuvoir des coups dans son ventre. Je n'y connaissais pas grand-chose en combat mais j'avais une certaine force et je savais me défendre. Mais la boxe, c'était certainement différent de quand on se faisait agresser dans la rue ou ce genre de chose. Ce n'était pas de l'autodéfense mais bel et bien quelque chose de différent. Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus par contre.

Lorsque Fang prit le poing de son adversaire en pleine figure, je grimaçais. Elle chancela un instant avant de se reprendre, évitant de justesse un autre coup. Pour l'instant, le monstre avait l'avantage. D'ailleurs, ils n'étaient pas classés par poids dans ce genre de sport ? S'en était presque déloyale d'imposer un adversaire pareil à la brune. Mais peut-être que le poids n'entrait pas tellement en jeu, même si j'en doutais fortement.

Les minutes s'écoulèrent, durant lesquelles les deux combattantes s'épuisaient. Alors que Fang reprenait rapidement son souffle en s'éloignant légèrement de son adversaire, son regard se posa où nous nous trouvions. Et c'est à ce moment là que le monstre abattit son poing sur sa tempe, la faisant s'effondrer au sol. De nouveau, je grimaçais. Ca devait faire vraiment mal. Même Vanille lâcha un petit cri de stupeur suivit par Serah. Elles devaient sans doute s'imaginer le scénario catastrophe où Fang était tombée raide morte sous le coup. Ridicule. L'arbitre commença à compter et je pouvais voir les muscles de la brune se tendre tandis qu'elle essayait de se relever. Mais passé les dix secondes, elle était toujours à terre. Dommage. Ça lui apprendra à se laisser distraire. Pour rien en plus.

Son entraîneur l'aida à se relever et la ramena vers nous, bien vite accueillit par Vanille. Malgré sa cuisante défaite, l'étudiante semblait se retenir de rire. Avait-elle perdu le peu de neurones qui lui restait ?

« - Ouille, t'es bien amochée Fang constata Serah en se pencha vers elle.

- Oh t'en fais pas, dans deux jours ce sera partit expliqua-t-elle en tâtant le bel hématome qui ornait son visage.

- Tu étais bien partit pour gagner commença Amodar en croisant les bras. Qu'est-ce qui t'as pris de baisser ton attention comme ça ?

- Coach, quand y a des jolies filles dans la salle, j'ai du mal à me concentrer répondit-elle en m'adressant un clin d'œil. »

C'était la meilleure ! Ce n'était pas moi qui lui avais dit de regarder dans ma direction. Elle ne voulait simplement pas assumer et cherchait à rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Voyant mon air contrarié, elle rit quelques instants avant de reprendre.

« - Relax Sunshine, je plaisantais.

- Et ça te fais sourire de perdre ? »

Attrapant une serviette qu'elle glissa à sa nuque, elle me regarda comme si je venais de poser la question la plus idiote qu'il soit.

« - Je suis debout. Tu crois vraiment que c'est une défaite ?

- Evidemment, elle t'a battu.

- Quelque soit l'issue du combat, on n'est jamais perdant. »

J'haussais un sourcil, ne comprenant pas du tout où elle venait en venir. Ou alors c'était une manière idiote de se rassurer et de se voiler la face mais elle avait perdu, c'était indéniable. Captant mon regard, elle lâcha un soupir avant d'attraper une bouteille d'eau.

« - Tu comprendra ça un jour ou l'autre Sunshine souffla-t-elle simplement avant de boire quelques gorgées. »

Si tu le dis. Remarquant un calme assez inattendu autour de nous, je constatais que Serah et Vanille s'était volatilisées. Enfin presque. Elle était en réalité en train de discuter avec des garçons à plusieurs mètres de nous. Dans le lot, je remarquais aisément une tignasse blonde qui m'était que trop familière. Il était donc grand temps de rentrer.

M'extirpant du banc, je me tournais vers Fang qui tentait de réduire son hématome en collant sa bouteille d'eau dessus. Amodar était partit, visiblement mécontent de la prestation de sa combattante.

« - C'est complètement inutile ce que tu fais lui dis-je en croisant les bras.

- On n'a pas de glace, je fais avec les moyens du bord répliqua-t-elle sans me regarder.

- Utilise ça au moins. »

Je lui tendis un mouchoir qui traînait dans ma veste. Propre bien sûr. Elle l'accepta avant de remonter ses yeux vers moi.

« - Tu veux jouer l'infirmière avec moi ?

- Débrouille-toi toute seule. Et il est temps que je rentre.

- Je te dis à demain alors. »

J'allais répliquer mais me souvins rapidement la discussion qu'elles avaient eu quelques minutes plus tôt. J'avais complètement oublié ce détail stupide. Mécontente, je lâchais un grognement qu'elle accueillit d'un rire. Me détournant d'elle, j'appelais Serah qui sursauta à l'entente de ma voix, comme si elle venait d'être prise en flagrant délit. C'était presque le cas. Ayant son attention, je lui fis comprendre qu'il était temps pour nous d'y aller en désignant ma montre et, après avoir salué les mastodontes et dit au revoir à la rouquine, elle me rejoignit.

« - C'était sympa, pas vrai ? me demanda-t-elle en poussant la porte.

- Ce n'était pas ennuyeux ni divertissant répondis-je en haussant les épaules et en sortant mes clés de voiture.

- Arrête, t'avais l'air complètement absorbée par le combat.

- J'analysais, ce n'est pas pareil.

- Si tu n'avais vraiment pas aimé, on serait déjà parties depuis longtemps.

- C'est bon grommelais-je en m'asseyant sur le siège conducteur après avoir déverrouillé la voiture.

- Fang et Vanille sont sympa pas vrai ? continua-t-elle en m'ayant rejoins dans l'habitacle. D'ailleurs, je suis toujours aussi étonnée que tu connaissais déjà Fang.

- A t'entendre, on dirait que c'est grave.

- Non, non ! C'est bien que tu sortes, que tu vois du monde, que tu te fasses des amis.

- Attends, tu insinues que je devrais me lier d'amitié avec Fang ?

- Pourquoi pas ! Vous avez pris un verre ensemble et tu ne l'as toujours pas égorgée, c'est bon signe tu ne trouve pas ?

- Je n'en sais rien. Elle m'exaspère.

- Peut-être qu'elle t'exaspère dans le bon sens. Tu sais très bien que j'ai un sixième sens pour ce genre de chose et je suis sûre que vous pourrez bien vous entendre. »

Pour toute réponse, j'haussais simplement les épaules et pris le chemin pour rentrer à l'appartement. Je ne ressentais pas réellement le besoin de me rapprocher de la brune mais ma sœur n'avait pas tort, je ne l'avais toujours pas égorgé bien qu'elle me tapait sur le système avec son surnom ridicule et ses insinuations foireuses. Je pourrais juger cela pour amplement demain. Mon Dieu, une soirée. Je voyais déjà les bouteilles d'alcool à la vingtaine, la musique complètement assourdissante, les spots de lumière… J'en avais déjà mal au crâne.


Marchant dans les rayons avec mon cadi en main, j'étais à la recherche des éléments présents sur ma liste de course. Le samedi, c'était toujours le même rituel : je me rendais au supermarché avec Vanille et on remplissait le frigo ensemble. On pourrait s'imaginer qu'une matinée au supermarché n'avait rien de spéciale mais c'était complètement faux. Surtout en présence de Vanille. Elle était toujours en train de faire les quatre cent coups, comme lorsqu'une gamine accompagnait ses parents faire les courses. J'arrivais toujours à la retrouver dans des endroits complètement insolites. Par exemple, un jour, elle avait réussit à se cacher dans un énorme tas de fruits exotiques qui faisaient office d'une offre spéciale. Et tout ça derrière le dos des agents de sécurité. Je me demandais vraiment comment elle faisait et surtout qu'est-ce qui la poussait à faire des bêtises pareilles. Bon, ça me faisais bien rire, oui, mais quand il fallait payer pour réparer tel ou tel dommage, c'était tout autre chose. En réalité, Vanille était un peu comme ma fille quand j'y réfléchissais. Elle avait beau avoir dix-neuf ans, elle se comportait comme une enfant de huit ans. Repérant mes paquets de bonbons, je me dépêchais d'en mettre cinq dans le cadi avant que quelqu'un d'autre ne vienne s'en emparer. N'en étais-je pas une aussi, de gamine ?

Tournant au bout d'une allée, je m'arrêtais net avant de percuter mon amie qui lorgnait devant… une paire de gants. Il était vrai que l'hiver approchait à grand pas, ou qu'il était même déjà là, et qu'elle se plaignait tout le temps d'avoir les mains gelées lorsque nous étions dehors. J'attrapais donc la paire de gants et la laissait tomber dans le cadi, avec les autres articles.

« - Contente ? demandais-je en lui adressant un sourire moqueur.

- J'ai repéré d'autres trucs qui me plaisent se hasarda-t-elle.

- Pas possible, on va payer.

- T'es pas gentille termina-t-elle en affichant une moue boudeuse. »

Je levais les yeux au ciel mais ne pris pas la peine de lui répondre et rejoignis une caisse. Je préférais éviter de traîner dans les rayons encore plus longtemps, histoire d'éviter qu'un article se retrouve par mégarde dans le cadi. Il fallait s'attendre à tout avec Vanille dans les parages. D'ailleurs, cette dernière s'était décidée à me rejoindre sans se dévêtir de son air contrarié. Comme pour tous les enfants, ça lui passera.

Quelques minutes plus tard, nous étions dans le bus, chargées de nos sacs de course. Ne possédant pas de voiture, nous étions obligées de prendre les transports en commun. Personnellement, ça ne me gênais pas du tout mais Vanille se plaignait toujours du poids des sacs. A croire que c'était elle qui payait le loyer ! Elle finançait une petite moitié avec sa bourse et ses jobs pendant les vacances mais c'était moi qui ramenais le plus d'argent. Avec mon salaire d'apprenti, je me faisais environ 900 euros par mois, une somme que je trouvais tout à fait correctement. Le loyer et toutes les charges comprises coûtaient environ 400 euros, du coup j'arrivais à finir les mois avec 400 ou 200 euros. Franchement, financièrement, je me débrouillais pas mal, j'étais assez fière de moi.

« - Tu as bien appelé Lebreau pour lui dire qu'on réservait une table ce soir ? me demanda soudainement mon amie.

- Evidemment ! Depuis quand j'oublie de faire des réservations ?

- Depuis que tu es tout le temps dans la lune, andouille. Déjà toute la semaine tu avais la tête ailleurs et aujourd'hui aussi. Tu m'as bien foutu trois vents involontaires en une matinée ! Je suis sûre que tu n'arrête pas de penser à Claire.

- Et alors ? C'est un crime ?

- Non mais tu devrais peut-être éviter de te faire des fausses joies.

- Comment ça ?

- Je suis prête à mettre ma main à couper que les filles ne l'intéresse pas. Et en plus de ça, je ne la vois pas du tout sortir avec quelqu'un, être amoureuse, tout ça. D'après ce que Serah m'a dit à son sujet, elle est seulement sortit avec deux ou trois garçons au lycée mais ça n'a duré que deux mois grand maximum. Je sais très bien que tu es têtue Fang mais selon moi, ce n'est pas une fille pour toi.

- Mais qui a dit que je voulais sortir avec elle ? Pour l'instant, je veux simplement apprendre à la connaître. Et arrête de juger les gens sans les connaître.

- Fais pas ta susceptible, je te dis juste ce que je pense.

- Je vais finir par croire que tu me lance un défi lui dis-je avec un sourire arrogant. »

Elle rit avant de m'embrasser sur la joue.

« - Impossible d'avoir une conversation sérieuse avec toi fit-elle semblant de dramatiser. J'arrive même pas à te mettre en colère !

- Ah ah, la bonne blague ! Le jour où tu me mettras en colère, j'arrêterais l'alcool.

- Impossible, c'est bien ce que je pensais. »

Je lui souris avant de reporter mon attention sur le paysage qui défilait. Même si je ne laissais rien transparaître, ses paroles me laissaient songeuse. Evidemment, j'avais un réel coup de cœur pour Claire, le premier en fait. Et, bien que pour l'instant, le plan était d'apprendre à la connaître, je m'inquiétais pour la suite. Si elle n'aimait effectivement pas les filles, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire ? L'oublier ? Rien que maintenant, ça me paraissait impossible alors vous imaginez plus tard. Ça ne me ressemblait pas d'essayer d'anticiper le futur. J'étais plutôt du genre à vivre au jour le jour. Mais en ce concernait la blonde, c'était différent. Tout était différent. Je me comportais vraiment comme une adolescente face à son premier grand amour. Vanille avait peut-être raison, je devrais peut-être ne pas me laisser emporter. Et comment j'étais sensée faire ça ? C'était comme demander à un lion de ne pas se jeter sur une proie sans défense. Je fonctionnais comme ça, par impulsion, dans vraiment réfléchir. Même si je le voulais, je ne pourrais pas freiner mes ardeurs. Bon, après tout, je verrais bien ce soir. J'avais bien l'intention de reparler avec Claire et je verrais bien ce qu'il va en découler.

Clignant des yeux plusieurs fois, je remarquais que Vanille agitait sa main juste devant moi et, visiblement, me parlait.

« - Tour de contrôle, je crois que l'on a perdu Fang. Allo Fang, vous me recevez ? Destination atteinte, je répète, destination atteinte. »

Face à ce spectacle, je ne pus m'empêcher de rire avant d'être traînée par mon amie hors du bus.

« - Qu'est-ce que je vais faire de toi ? soupira-t-elle en me voyant hilare. »

Pour toute réponse, je lui accordais un sourire complice avant de partir joyeusement en direction de notre appartement, le sac de course toujours en main. J'en avais même oublié mes interrogations. Ce n'était pas mon genre de m'inquiéter bien longtemps. Tant mieux, non ?


Alors alors ? La structure générale est assez banale je trouve : Fang et Vanille en coloc, Light qui bosse et qui habite avec Serah, c'est un peu ce qu'on trouve généralement mais j'ai plutôt misée sur les petits détails pour démarquer l'histoire. Des scènes qui sortent de l'ordinaire, le sport que pratique Fang, des petits trucs par-ci par-là. Bref, comme je vous l'ai dis, j'ai déjà toute la suite en tête, faut juste la mettre sur papier. J'sais pas combien de temps ça va me prendre vu que je suis encore en plein bac blanc (mouhaha j'écris au lieu de réviser) mais j'ferais de mon mieux pour l'avoir posté d'ici ce week end. Mais vous préférez attendre plus longtemps et que je poste tout ce qu'il reste en même temps ou que je poste une partie dés que je l'ai terminé ?