Disclamer : Tout appartient à Masami Kurumada.

Coucou tout le monde !

Me revoici avec la suite de cette fic que je n'ai pas mise à jour depuis un petit moment.
Merci aux personnes qui regardent cette histoire, ça fait toujours autant plaisir :)

Je pense que ce chapitre sera le dernier udapte que je vais faire pour le moment. Pardon d'avance si vous attendez une autre fic :/

Bonne lecture !

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Chapitre 4 : Un pas en avant pour trouver l'amour.

La matinée se leva sur le petit village dans lequel Sorrento avait élu domicile le temps de sa transformation, et de sa potentielle rencontre amoureuse. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, les questions sur ce qu'il devait faire ne cessaient d'affluer. Kanon lui avait bien donné quelques conseils mais tout s'était enchainé tellement vite pour le Marinas qu'il n'avait pas eu le temps de réfléchir convenablement. Il savait qu'il n'était pas moche à regarder vu que tout le monde au Sanctuaire sous-marin le lui disait assez souvent, et qu'il était timide au point de toujours garder le silence même en cas de crises Poséidoniennes, mais comment savoir si Julian apprécierait ce comportement, s'il aurait même l'occasion de le rencontrer. Et puis cette transformation si brutale, l'absence soudaine du doux duvet de ses ailes qui lui caressaient constamment le dos, l'encourageait à réussir sa mission car il pourrait à la fois aimer Julian et recouvrer ses pouvoirs.

Un nouveau choc frappa le musicien, et si jamais il réussissait, qu'il gagnait le jeu de Kanon, comment expliquerait-il à l'héritier sa véritable nature sans provoquer la panique ? Car le mélomane devait se rendre à l'évidence, il était un monstre marin à l'apparence humaine, mais il n'appartenait pas pour autant à la race des hommes. De plus, ses attraits redeviendraient les mêmes, ses cheveux reprendraient leur tailles mi- longs crépus, ses yeux retrouveraient leurs couleurs améthystes. En gros il revêtirait le visage que le jeune humain avait vu de très près lors du naufrage du yacht. La Sirène serra la couverture contre lui en tremblant de peur. Il prit alors conscience de la gravité du pacte qu'il avait passé avec le Dragon des Mers. Kanon ne l'avait pas roulé dans la farine, il l'avait forcé à accepter une mission suicide.

Sorrento hésita un moment avant de finalement se résorber. Le mal était fait, il n'allait pas retourner chez le bleu pour demander remboursement. De toute façon, le lézard marin avait été très clair malgré ses airs changeants : un contrat se remplissait jusqu'au bout et était irrévocable. Le musicien pesta contre sa naïveté et partit prendre son petit déjeuner. Il tenta tant bien que mal d'éviter les œillades et les sous-entendus à peine dissimulés de certains clients, sur le fait qu'il était plutôt joli garçon à regarder, et partit se promener dans les rues.

-Tu doutes déjà de tes choix, petit Sorrento ? Susurra méchamment Kanon qui l'espionnait depuis son cristal. J'ai horreur que l'on doute de ma crédibilité. J'ai fait ça pour t'aider afin que tu m'aides en retour, idiot. Mais ne t'inquiète pas, je veillerai personnellement à ce que tout cela se termine pour la bonne personne, en l'occurrence : moi.

De son côté, le mélomane parvenait à peine à se dégager des hommes qui lui tournaient autour depuis qu'il avait quitté sa chambre. Il marchait à présent dans les rues de la ville sans pour autant se diriger vers le manoir de Julian. En effet, il ne voulait pas arriver comme ça chez lui, l'effrayer et tout faire rater.

Le Marinas partit vers la place du village et fut surpris de se retrouver en plein marché. Les échoppes débordaient de victuailles fraiches du matin et colorées, et les marchands interpellaient chaque passants en leur présentant leurs plus beaux morceaux du jour. C'était assez difficile de suivre ce qui se passait avec autant de mouvement et de gens qui se précipitaient aux quatre coins de la place. Sorrento se retrouva happer au centre de la foule contre son grès. Cette situation ne le gênait pas particulièrement, même si les lieux peuplés n'étaient pas sa tasse de thé, mais il ne voyait nullement l'intérêt de sa présence ici.

-Alors mon petit monsieur, l'interpella une petite femme brune à forte poitrine, vous voulez acheter mes épices ? J'en ai en provenance des quatre coins du monde.

-Non merci c'est gentil, lui sourit-il. Je ne suis pas d'ici et j'ai une affaire très urgente à régler avant de repartir.

-Des gens pressés il n'y a que de ça ici, bouda faussement la marchande. Pressés de rentrer chez eux, de réussir leur vie, ou même de trouver leur moitié. C'est peut-être vos cas.

Les joues de la Sirène s'empourprèrent et un petit sourire taquin apparu sur ses lèvres. Oui c'était son cas à lui aussi. Il salua la commerçante et continua sa route sous les encouragements qu'elle lui adressait. Sorrento pensa intérieurement que les humains étaient vraiment différents. Les humains ?! Il venait d'établir l'un de ses premiers vrais contacts avec eux et ils n'avaient ni tué personne, ni provoqué la panique. Leur parler était comme s'adresser à un frère d'arme ou à Poséidon il n'y avait aucuns risques. Finalement, les idées de Kanon paraissaient raisonnées et justes.

« J'ai été stupide de penser un seul instant qu'il cherchait à me rouler alors qu'il faisait tout cela dans le but de montrer qu'il avait encore un bon fond, pensa Sorrento ».

Perdu dans ses pensées, Sorrento ne voyait pas qu'une bande de jeunes délurés imbibés d'alcool le suivait depuis un petit moment, de très mauvaises idées en tête. Ce n'est que lorsque son bras fut violemment tiré vers l'arrière que le musicien sentit enfin le danger qui le convoitait. Le Marinas se retourna et commença à se débattre. L'homme qui le tenait lui coinça les bras dans le dos et l'obligea à avancer dans une ruelle à l'écart du marché. Sorrento voulu crier mais un autre luron vint lui poser les mains sur la bouche de manière ferme. Son dos heurta un mur et il était maintenant face à ses geôliers de fortune. En croisant leur regard, le musicien commença à regretter l'absence de ses pouvoirs. Avec eux il aurait su les recadrer.

Le corps du Marinas tressaillit lorsqu'il entendit le rire de l'homme qui l'avait bâillonné, celui-ci se permettait de le dévisager de façon abjecte. Sa main passa entre les longues mèches fuchsias et effleurèrent lentement le cou du musicien qui se recula aussitôt. Son tortionnaire du moment tiqua et lui tira une épaisseur importante de cheveux pour le ramener vers lui, lui offrant par la même occasion un relent d'alcool en plein visage.

-Je crois que nous n'en avons pas terminé avec toi, tu n'es pas encore prédisposé à partir mais à te laisser faire.

-Tu as dû être bercé un peu trop près du mur pour t'obstiner alors qu'il ne veut pas, railla une voix derrière lui.

L'ivrogne pivota dans le but de recadrer celui qui avait osé le couper dans son monologue d'obscénités mais ce fut un poing d'une extrême violence qui l'accueillit à la mâchoire, la fracassant net sur le coup. Les autres ne surent quoi faire à cause de la rapidité du geste, si bien que le nouvel arrivant en profita pour également les mettre à terre. Leurs cris alertèrent un garde qui accourut, prêt à arrêter le malfaiteur. Celui-ci haussa les épaules et déclara qu'il n'avait fait rien d'autre que de l'auto-défense pour sauver Sorrento. L'homme lui demanda tout de même son nom pour une potentielle plainte, tandis qu'il embarquait ceux à terre, et fut choqué quand celui-ci lui répondit : « Aquario Hyoga ». L'officier bafouilla une rapide excuse qui fit rire le jeune homme. Ce dernier le salua et partit, après avoir attrapé la main du musicien. Il l'amena aux abords d'un petit parc, assez surpris de voir qu'il l'avait suivi sans rechigner, et l'invita à s'assoir à la terrasse d'un café.

-Tu t'en remets ? Lui demanda-t-il un peu inquiet. Tu n'as rien dis depuis tout à l'heure.

-Je vais bien. Merci d'être venu à mon secours, sourit timidement Sorrento. Ils m'ont pris par surprise, et je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait que je me suis retrouvé contre ce mur.

-Tu n'as pas à te justifier, dit le blond. Ce n'est pas de ta faute si tu as été victime d'agression. Mais dis-moi, tu ne sais pas qu'il ne faut trop trainer dans ces rues-là ?

-Je ne suis pas d'ici, lui apprit le musicien. J'ignorais que je risquais quelque chose…

-Aller ne t'en veux pas, sourit l'autre en lui ébouriffant les cheveux. D'où viens-tu, si ce n'est pas indiscret ?

Un lourd silence s'installa. Le blond avait posé la seule question piège à laquelle Sorrento n'avait pas pensé. Essayant de gagner du temps, le bafouillage fut sa seule arme possible. L'autre le regardait avec amusement et étonnement. Y avait-il une raison pour que la réponse soit si dure à formuler ? Il s'apprêtait à lui demander où était le problème lorsque son portable sonna. Il fit signe au musicien de ne plus parler, en tendant la paume de sa main vers lui, et entreprit de vérifier qui le contactait. Il décrocha avec un grand sourire.

-Oui ?... Euh là je suis en ville, à la terrasse d'un café, aux abords du parc, avec un jeune garçon… Non ce n'est pas une conquête ! Je l'ai sauvé d'une bande de joyeux lurons. T'es vraiment bête quand tu t'y mets, Julian !

Par respect pour Hyoga, Sorrento avait fait mine de ne pas écouter sa conversation. Mais le nom de Julian attira immédiatement son attention. La voix qui sortait de l'appareil était trop étouffé pour qu'il comprenne distinctement ce qu'elle disait. Toutefois, lorsqu'elle se mit à rire avec franchise, après qu'elle ait demandé à Hyoga s'il était avec une conquête, le Marinas l'entendit sans problèmes. Il reconnut l'intonation employée, marquée par un léger accent grec.

-Bon le phénomène, tu te sens mieux depuis que ton yacht a sombré ? Ah ça va alors si tu t'en es remis. Tu nous as foutus une de ces trouilles. On aurait fait quoi si tu t'étais noyé ? Hein ? Tu ne pouvais pas mourir car cet homme t'aurait sauvé ? Le prends pas mal, mais tu as du le rêver. Il n'y avait personne… Oui oui, je te crois, et si tu y tiens on ira sur la plage pour voir s'il n'y est pas… Bon j'irai tout seul vu que t'es occupé… Ok, à plus !

Le blond raccrocha en soupirant. Son ami s'obstinait à penser que quelqu'un, n'appartenant pas au vaisseau, l'avait sauvé de la noyade. Et pourtant, il n'y avait eu personne. Julian avait juste trop bu la tasse, et cela avait, sans doute, perturbé le cours de ses pensées.

-Je vais devoir rentrer. Si jamais tu souhaites que l'on poursuive cette conversation, passe me voir. Je ne suis pas dur à trouver, il te suffit d'aller au grand château des Solo, sur la falaise. Demande Hyoga Aquario à l'entrée, et je viendrais aussitôt. A moins que tu n'aies rien à faire et que tu veuilles venir. N'étant pas d'ici, on se chargera de te faire visiter.

-Si cela ne te dérange pas, je veux bien venir, sourit le soldat.

-Nullement, aller viens, je t'amène.

Hyoga paya rapidement les consommations qu'il avait commandées avant que Julian ne téléphone. Puis il amena son invité à sa voiture, une Aston Martin Vanquish couleur neige éclatante, garée dans un parking quelques rues plus loin. Le joyau de Poséidon se crispa à la vue du bolide, son dernier souvenir à bord de celui de Kanon n'ayant pas été fleurissant. Mais le blond le rassura en lui disant qu'il n'était pas dans ses habitudes de faire des excès.

C'est donc avec une vitesse réglementée que Hyoga amena son invité à la demeure des Solo. Ils se garèrent dans un coin de la grande cour, et Sorrento commença à se sentir mal à l'aise. L'immensité de la demeure était encore plus impressionnante vue de près. Certes le temple de Poséidon était encore plus majestueux, mais de voir une telle architecture, si travaillée et précise dans ses perspectives, avait de quoi couper le souffle. Dans un tel bâtiment, il ne retrouverait jamais Julian. Il suivit tout de même son nouvel ami qui avait déjà commencé à gravir les marches en pierres qui menaient à l'entrée. Le hall ressemblait à ceux des châteaux des contes de fées que Poséidon lui racontaient quand il était enfant : un grand tapis rouge qui menait à un grand escalier qui se fendait en deux ailes. Deux autres couloirs donnaient sur le corridor à l'aide de grandes ouvertures avec, ce qui semblaient être, les blasons de la famille Solo : Une sirène ailée, drapée dans une robe, déchirée, tenant un trident. Sorrento contempla la gravure un petit moment.

-Le trident est un petit clin d'œil à la divinité des mers que le père de Julian priait chaque fois qu'il partait en mer. Et la Sirène sert à montrer que la compagnie sait charmer pour amadouer la concurrence, mais qu'elle peut aussi s'avérer cruelle et sans pitié avec ceux qui tentaient de lui mettre des bâtons dans les roues.

L'invité ne dit rien. Il opina juste légèrement. L'avis que se faisait le blond sur les Sirènes ne s'accommodait pas du tout avec sa personnalité sensible et, un tantinet, revêche quand on cherchait volontairement à l'offusquer. L'autre parlait péjorativement, mais tel était ce que son éducation lui avait enseigné: voir les Sirènes comme le mal, la mort imminente.

- Monsieur Aquario ? L'interpella un majordome. Les représentants de l'assurance de la compagnie de monsieur Solo viennent d'arriver. Ils disent avoir beaucoup de travail et souhaitent rencontrer quelqu'un au plus vite.

- Très bien, soupira le blond, je m'en occupe immédiatement. Excuse-moi...

- Sorrento.

- Sorrento, mais je vais devoir te laisser. On pourra reprendre notre discussion un peu plus tard. Ce petit contre-temps avec le yacht risque de coûter cher. A la fois pour les assureurs et pour l'entreprise. Tu peux rester et te promener si tu le souhaites. Je me débrouillerai pour te retrouver.

Là-dessus, Hyoga partit à la suite du majordome. Sorrento resta un moment sans bouger à contempler la gravure au-dessus de la porte. Puis il décida de s'engager dans un couloir et de se déplacer au hasard dans la demeure. Tout était immense et il se perdit vite. Il ne savait plus où était le grand hall principal et il n'y avait aucun majordomes ou femmes de ménage pour l'aider à se repérer. Le pauvre commençait à paniquer, à presser le pas en ouvrant chaque porte qu'il croisait et scrutant chaque couloir. La peur commençait à se lire sur son visage alors qu'il comparait la demeure à une grande cage en or dans laquelle il était à présent enfermé. Il était l'oisillon recroquevillé de terreur qui n'avait personne sur qui se reposer.

Dans son anxiété élevée, il ne vit pas l'homme qui venait de sortir au détroit d'un croisement. Ce dernier non plus ne réalisa pas la présence du mélomane et tous deux se percutèrent. Sorrento poussa un léger cri d'étonnement alors qu'il partait en avant sur le corps de l'inconnu. Il s'étala sur le torse de celui-ci et tenta tant bien que mal de se relever en bafouillant quelques excuses sur le fait qu'il ne regardait pas où il mettait les pieds. L'autre se contenta de rire en se remettant sur ses jambes. Il aida le musicien en lui prenant la main et lui adressa un grand sourire.

- Est-ce que vous allez bien ? Demanda-t-il avec une pointe d'inquiétude.

- Très bien, j'ai juste été un peu maladroit.

Ce n'est qu'après cette vague justification que Sorrento réalisa réellement qui était face à lui. Julian se tenait juste à portée de main, vêtu d'un long ensemble blanc sur lequel ses cheveux océans s'éparpillaient gracieusement. Il le scrutait du regard, ne le reconnaissant pas.

- Pardonnez-mon indiscrétion mais c'est bien la première fois que je vous vois ici. Qui êtes-vous ?

- Oh ! Je me nomme Sorrento et je suis ici car un dénommé Hyoga m'a sorti d'une situation un peu délicate.

- Ah je vois, c'est vous la fameuse conquête avec laquelle il était attablé tout à l'heure.

- Oui, enfin je ne suis pas une conquête dit-il en rougissant légèrement. Il m'a amené là-bas pour s'assurer que j'aille bien.

- Ne cherchez pas à vous justifier, vous n'y êtes pour rien. Mais je vous en prie, tutoyez-moi. Les amis de Hyoga sont aussi les miens.

- Alors tutoie-moi aussi, sourit le Marinas, si tu es mon ami il n'y a aucune raison d'être solennel.

- Tu as raison. Quant à moi je me nomme Julian Solo. Alors Sorrento, qu'est-ce qui t'amène dans notre charmant petit patelin très mauvais pour l'accueil des touristes ?

- Oh je suis juste là pour un petit séjour de trois jours. J'ai une chambre dans l'hôtel du village et c'est la première fois que je viens par ici.

- Que dirais-tu de venir dormir ici ? Nous avons plein de chambres d'amis et ton petit voyage serait plus agréable en compagnie de gens que tu connais.

La Sirène était un peu gênée à l'idée d'accepter cette soudaine invitation. Et puis ce n'est pas comme s'il était un ami intime du blond. Ils avaient juste partagé un café sans commencer à raconter leur vie privée. Heureusement d'ailleurs vu que Sorrento s'était retrouvé piégé par une question pourtant banale à laquelle il n'avait pas répondu grâce à l'appel de Julian qui avait interrompu l'interrogatoire. Mais finalement il acquiesça quand le bleu lui reposa la question. Il avait au moins l'avantage de ne plus chercher de solutions pour l'approcher vu qu'ils allaient vivre sous le même toit.

Heureux de cette décision, le jeune entrepreneur l'escorta à une grande suite spacieuse et luxueuse richement meublée. Il lui fit faire le tour du propriétaire afin qu'il s'y retrouve et lui expliqua qu'en cas de problème, sa chambre était au bout du couloir. Sorrento le remercia alors qu'en son for intérieur, il pétillait de joie. Julian se réjouit en voyant l'état de son ami. Il le salua avant de repartir à ses affaires.

De son côté, Hyoga venait de terminer les siennes. Les assureurs avaient été des plus tatillons. Certains s'étaient amusés à chercher le moindre détail pour ne pas avoir à rembourser certains dégâts trop coûteux alors que d'autres disaient manquaient de ressources pour couvrir les pertes auprès des clients de la compagnie. La cohue des récriminations réunies avait grandement perturbé les pensées du blond qui ne savait plus s'il disait oui ou non aux bonnes personnes. Heureusement il avait su trouver un brin d'autorité et était parvenu à faire parler un notable à la fois.

A présent il avait besoin d'air, de se sortir de la tête tous les chiffres qui avaient défilé sous ses yeux. Ses pas le menèrent automatiquement vers la plage où le vent soulevait d'immenses vagues qui à eux deux venaient fouetter la roche. Les falaises avaient bien changé depuis qu'il vivait ici. Cette magnifique bande sablonneuse était autrefois entourée par des parois escarpées qui avaient fait sombrer des navires pirates aux temps où le phare n'était pas toujours allumé. Mais les intempéries ont tout détruis. La nature avait envoyé l'une de ses alliées les plus impitoyables pour un paysage : l'érosion. Celle-ci n'avait fait qu'une bouché du lieu, à coup de sable, de rafales, d'eau et de sel.

Le russe admirait le décor qui le changeait de sa Sibérie natale sans se douter qu'à quelques pas de lui, dans les rochers à cheval entre la plage et la mer, se trouvait Isaak. Ce dernier avait suivi toute la scène du naufrage et savait que les hommes du bateau se trouvaient dans la grande demeure qui dominait en hauteur. Il n'avait pas remarqué que Sorrento était parti. Il ignorait donc toutes les péripéties que son ami avait vécues. Mais le Kraken était inquiet. Aucune trace de Sorrento n'était à déplorer aux abords de l'épave et de la plage et son enquête auprès de l'engin avait été interrompue par l'arrivée des experts venus estimer les dégâts. Et puis de toute façon, Isaak ne supportait plus l'eau imbibée de mazout. Elle l'avait salit et il avait manqué de peu de s'empêtrer dedans. Maintenant il désespérait de ne pas voir son ami. Tant de choses le perturbaient la disparition inexpliquée de la Sirène, la colère de Poséidon qui planait autour de lui s'il ne faisait pas vite, et puis il y avait cette odeur si familière qui lui chatouillait le nez sans qu'il ne puisse mettre de nom dessus.

En parlant du dieu de la mer, celui-ci était en route vers le pilier de son protégé. La déité estimait qu'il avait des excuses à présenter pour son emportement excessif. Il devait expliquer calmement à Sorrento pourquoi il avait réagis comme ça tout cela avait été fait dans le but de le protéger pour qu'il ne revive pas la même catastrophe qui avait ébranlé tout le Sanctuaire.

Io qui passait par là au même moment salua respectueusement son maitre avant de s'arrêter brusquement. Si le vieil homme partait de ce côté, c'est qu'il avait l'intention de voir celui qui faisait l'école buissonnière. Aussitôt, Scylla fit demi-tour et interpella le dieu.

-Attendez, votre Majesté, s'écria-t-il.

-Qu'y a-t-il, Io ? Je suis pressé. Je dois aller voir Sorrento alors fais vite.

-Justement ! S'exclama le monstre aux six têtes qui réfléchissait intensément pour trouver une bonne excuse. Vous ne pouvez pas vous rendre auprès de lui car…il est…comment dire…il n'est pas encore remis de votre altercation ! Voilà ! Et vous voir arriver ainsi le rendrait encore plus tourmenté qu'il ne l'est déjà.

-Tu en es certain ?

-Oh oui ! Et je connais Sorrento quand il est dans cet état-là. Il devient très nostalgique et il sort aussitôt son instrument. Autant vous dire que le lyrisme de ses notes est tellement intense qu'il nous affecte nous aussi, les Marinas. Il serait donc judicieux de ne pas le pousser à cette extrémité.

-Tu as sans doute raison, soupira le dieu. Bien ! Je repasserai quand il se sera un peu plus calme.

La créature maudite par les dieux s'inclina tandis que Poséidon repartait un peu déçu. Dès qu'il eut quitté le champ de vision d'Io, celui-ci courut prévenir ses frères d'armes qu'ils avaient manqué de peu d'être découvert. Isaak devait vite ramener Sorrento avant que les choses ne se corsent.