Chapitre 15 : Et le grand méchant loup vécu heureux

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_Pourquoi plein de gars de l'école s'avèrent être gays alors qu'aucune fille est lesbienne ?

_Pourquoi tu voudrais que des meufs soient lesbiennes ?

_Vieux parce que les lesbiennes c'est trop sexy

_T'aimerais que Bebe soit lesbienne ?

Clyde fit une pause.

_Peut être si elle me propose un plan à trois. Tu crois pas qu'il y aurait une fille qui serait partante ?

_Peut être si tu fais assez boire Wendy ? Suggéra Craig

_C'est pas prêt d'arriver. Intervint Stan depuis l'autre côté de la table.

Clyde lui lança un regard et fit un grand sourire.

_Oh, comme si t'avais jamais fait de plan à trois avant.

_C'est pas pour ça que tu vas soûler ma copine, vieux.

Clyde haussa les épaules.

_J'ai déjà Bebe à m'occuper, pas besoin de plus.

Craig leva les yeux au ciel.

_Oui on sait Clyde. Y'a rien de nouveau que tu pourrais trouver à dire sur elle.

_C'est un défi ?

_NON ! S'écria toute la table en même temps.

Clyde fit la moue et après avoir boudé pendant un moment, se tourna vers Damien pour lui parler de la fête qu'il allait organiser. C'était une vérité bien que difficile à croire : Damien était très doué pour organiser une fête (et pour en éloigner les invités indésirables). Christophe se servait de Damien comme un dossier de chaise, les yeux fermés, cigarette à la bouche. Il écoutait Kyle qui expliquait à quel point le dernier examen de français était injuste, il hochait la tête de temps en temps pour témoigner sa sympathie.

Tout le monde savait à présent la nature de la relation entre Christophe et Damien, et tandis que beaucoup avait été troublé, ce ne fut jamais remis en question. De plus leur lien était évident. Sans Damien, Christophe était presque impossible à approcher, il était bien trop irritable. Même avant que leur amour atypique naquît, avant ce besoin d'être passionnellement proches, ils comptaient toujours l'un sur l' tenait Christophe loin des ennuis, il contrôlait son tempérament et il réparait les dégâts à l'aide de Craig. Christophe gardait Damien sur Terre et lui permettait de concentrer son énergie sur quelque chose. Ils étaient liés.

C'était agréable de pouvoir être assis tous ensemble. Craig s'était rapproché de Kyle qui Tweek tenait en très haute estime. Cela avait été plus facile finalement de s'asseoir avec le rouquin, et donc avec Stan et Cartman. Clyde se joignait souvent à eux, ainsi que Christophe et Damien quand ils n'étaient pas occupés. Lorsque Butters et Kenny les avaient rejoins, ça aurait pu devenir embarrassant, mais Tweek se sentait si aimé et si heureux avec Craig qu'il était juste content pour eux. Beaucoup de gens furent choqués par la capacité du blond à pardonner, mais ce ne fut pas le cas de ceux qui le connaissaient.

Cependant, Kenny et Butters n'étaient pas souvent là. Ils appréciaient d'être ensemble en privé, c'était merveilleux d'être ensemble sans que rien ne soit compliqué. Il se sentaient mal à l'aise et coupables pour la façon dont ils s'étaient comportés et pour la peine qu'ils avaient causée.

Craig avait enroulé son bras autour de Tweek, qui tremblait plus violemment que d'habitude à cause du froid. Les cheveux indisciplinés de Tweek étaient cachés sous un chulo bleu foncé, tandis que ceux, courts, de Craig étaient pleinement exposés. Craig adorait porter son chulo mais il aimait encore plus le voir sur la tête de Tweek, il s'accordait parfaitement avec ses yeux et ça l'empêchait de tirer sur ses cheveux. Puisque l'on parlait d'yeux, Craig n'arrivait pas à y croire quand il se regardait dans le miroir et qu'il y voyait un regard bleu clair et plus gris. Il n'arrivait pas à comprendre de quelle façon son humeur et ses yeux étaient liés, mais il avait conclu qu'il n'y avait pas d'autre explication. Il appréciait ce changement en fait. Le ton de bleu ressemblait plus à la veste qu'il portait le jour où Tweek l'avait embrassé au restaurant de petit-déjeuners, auxquels ils étaient devenus des clients réguliers.

Maintenant, chaque fois que les yeux de Craig noircissaient, teinté d'un gris intimidant, Tweek l'entraînait ailleurs, lui changeait les idées et lui remémorait à l'infini tout ce qu'il avait de bien dans sa vie. En échange, chaque fois que Tweek était sur le point de faire une crise de panique, que ses pensées irrationnelles menaçaient de prendre le dessus, Craig était là pour l'apaiser, heureux de pouvoir aider. C'était tout ce qu'il avait toujours voulu.

Craig jouait avec les rabats de ce qui s'avérait être le chullo que Tweek venait d'adopter.

_Est-ce que je t'ai déjà dit à quel point t'étais mignon ?

Tweek sourit :

_Oui, mais continue de le dire, je te le dirai si jamais je me lasse.

_Tu es trop mignon.

_Et t'es beau à s'en décrocher la mâchoire.

Cependant, selon Tweek, le physique de Craig était tout en bas de la liste de ses qualités. Et vu qu'il était incroyablement beau, le reste de ses qualités atteignaient presque un niveau surhumain (il avait même fallu que Craig le rassure sur le fait qu'il était bien humain, un soir). Il considérait quand même Craig comme presque irréel, personne ne devrait être aussi parfait selon Tweek. Craig avait un apparence forte, défensive et intimidante, mais il était tout mignon à l'intérieur, c'est exactement ce que Tweek aimait chez lui, et ce dont il avait besoin.

Tweek donna un petit coup de coude à Craig lorsqu'il vit Kenny s'approcher d'eux, main dans la main avec Butters, le regard rivé sur le garçon aux cheveux noirs. Tweek avait un idée assez précise de ce que voulait le blond. Kenny fit un signe de tête à Tweek, sa bouche forma un ''salut'' sans qu'un son ne sorte puis il détourna son attention sur Craig.

_Salut Tucker, comment ça va ?

_Ca va. Répondit Craig. Ils savaient tous les deux que ça allait plus que ''bien'', mais Craig n'était pas du genre à échanger des politesses. Il fit un petit sourire tout de même :

_Qu'est-ce que tu veux ?

_Tu te souviens y'a pas longtemps, je t'ai donné une clope, une fois de plus parce que t'étais une fois de plus grave en manque de nicotine ?

_Nan. Répliqua sèchement Craig.

_Tu dois avoir la mémoire sélective alors.

_Donc je suppose que ce tu veux c'est que je te file une bâton de cancer ?

Kenny fit un grand sourire joueur :

_Oui.

_Prend mon paquet, je veux plus fumer. C'est dangereux.

Craig le lança en direction du blond qui réussit à l'attraper.

Kenny hausse les sourcils :

_Chochotte, tu cherches vraiment une vie simple.

Craig fit un doigt à Kenny pour lui avoir donné ce surnom, mais il hocha la tête.

_Absolument, tu me connais, j'aime les choses simples.

Kenny eut une lueur dans le regard. Il sourit de nouveau et secoua la tête.

_Si seulement Tucker.

Il s'en alla, en secouant doucement le bras de Butters. Kenny semblait ne plus être le même, il semblait si calme, cela se voyait dans ses yeux, il n'y avait plus une cette bordure cruelle, plus de peines de cœur. Kenny était simplement heureux et Butters aussi.

Christophe avait assisté à la scène, il retirait la terre de sous ses ongles, la tête dans les nuages.

_Je crois que j'ai finalement décidé que ça passait avec McCormick.

_Pourquoi ? Demanda Damien lorsqu'il passa son bras autour de ses épaules.

_Je sais pas, il est plus aussi con qu'avant.

_Si, rit Craig, et il le sera toujours.

_Comme toi alors Tucker.

En guise de réponse, Craig fit bien sûr un doigt à Christophe, et il lui jeta un croissant au visage. A cause d'un soudaine lubie culinaire, Tweek était devenu accro au croissant à la confiture. Il en mangeait durant au moins deux repas par jour. Tout le monde avait en quelques sortes suivi le mouvement, Tweek avait toujours eu des habitudes alimentaires étranges, qui tournaient généralement autour du petit-déjeuner. Craig se réjouit à la pensée d'avoir jeté un croissant au visage d'un français, une chose qui aurait définitivement été sur sa liste de choses à faire avant de mourir s'il en avait eu une. Cela ne plut pas à Christophe mais il ne put rien faire puisque le reste de la table trouva ça très drôle, et l'éclat de rire de Tweek était le plus fort de tous.

Craig sourit à son magnifique copain, ces superbes yeux caramels, si beaux et délicieux. Son sourire s'agrandit tandis qu'il se pencha pour l'embrasser.

Etait-il censé être le méchant dans l'histoire, ou bien le gentil ? Etait-ce acceptable d'être lunatique, anti-social et violent, à cause d'une personne très spéciale ? Peut-être que s'il avait parlé à Kenny au lieu de le frapper en premier lieu, les choses se seraient bien mieux passées, tout ce chaos aurait pu être évité. Et peut-être que si les gens arrêtaient de chercher le méchant de l'histoire, ils remarqueraient que chaque personne a ses défauts et que chacun a sa part de responsabilités. Y-avait-il même vraiment des méchants dans les contes de fées ? Si le petit chaperon rouge avait offert au loup une part de gâteau, il n'aurait pas eu ce besoin de la manger. Si les trois petits cochons avait invité le loup à prendre une tasse de thé, ils auraient pu se découvrir un nouvel ami.

Dans tous les contes de fées, il n'y a jamais de grand méchant loup, juste un petit être confus et en colère qui chercher quelqu'un qui l'aime.

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Fin