Vos messages et rewiews encourageants pour la première histoire que j'ai publiée m'ont donné envie de partager celle-ci. Je l'ai commencée avant "Un amour caché" et avant de m'inscrire sur le site, c'est d'ailleurs de là que vient mon pseudo (et pas l'inverse, hein ;-)).

Comme pour la première histoire, les seules choses dont je suis coupables sont mon OC et ses copines, plus deux ou trois personnages secondaires. Le reste appartient à Tolkien ou à Peter Jackson.

Comme la première fic que j'ai publiée, elle commence quelques années avant les événements relatés dans "le Hobbit" et j'ai prévue de la faire finir après la "bataille des 5 armées". Donc à la fin il y aura SPOLIER.

Comme pour la première fic, elle est notée M. A cause de l'histoire personnelle de mon OC, de la profession des ses copines et parce que ça va devenir très chaud. Vous voilà prévenus.

Cette fois, mon OC tombe sous le charme de Bofur. Pourquoi Bofur ? Parce que je me suis sérieusement demandée "Si j'avais l'occasion de les rencontrer, avec lequel est-ce que j'aurais le plus de chance de m'entendre suffisamment pour qu'il y ai un risque de dérapage ?". Dans mon cas, c'est pas avec le beau gosse hautain. Je crois qu'on se détesterait cordialement. Par contre, le petit rigolo... Et puis, c'est sûrement aussi parce que le personnage de Bofur, dans les films, me fait penser à mon mari. Bon, pas pour le physique, mon mari est grand et beaucoup moins bien pourvu au niveau capillaire (un coup de peau de chamois et hop, il est coiffé), mais au niveau du caractère et de l'humour ils se ressemble beaucoup...

Pour ceux qui voudrais retrouver pour leur lecture l'ambiance musicale qui m'a accompagnée dans l'écriture, voilà ma playlist pour ce chapitre : Summer 78 (Yann Tiersen), Karantez vro (Nolween Leroy) et Oltramare, Divinere, Primavera et Andare (Ludovico Einaudi).


Je suis de Bree, et y ai toujours vécu. Je connais tout le monde et tout le monde me connaît. Je suis la fille de l'herboriste. Les gens de la ville disent que j'ai « un grain ».

Je dois reconnaître que je n'ai pas le comportement que l'on attend de la fille d'un notable. Et mon père aimait à penser qu'il était un notable.

Ma mère, elle, était un esprit libre. Elle m'a toujours dit que je devais être indépendante pour être heureuse. Elle me disait aussi de ne pas trop attendre des autres, et surtout que le prince charmant n'existait pas. Certains pourront penser que c'était quand même dur de dire ça à une petite fille, mais finalement, je pense qu'elle m'a rendu service et évité bien des déboires, a moins que ça n'est été la cause de mon comportement ultérieur.

Quand j'ai eu 16 ans, je me suis offerte à un homme de passage pour éviter le mariage arrangé que mon père avait négocié. Je ne m'étendrais pas sur cet épisode fort peu glorieux et plutôt douloureux de mon existence. Qu'il me suffise de dire que pendant longtemps j'en gardais un dégoût tenace pour ce genre d'activité et une certaine méfiance envers les hommes.

Lorsque mon père l'a su, il m'a battu pour la première fois et voulu me chasser, mais, pour la première fois également, ma mère a pris ma défense, disant que si je partais, elle partait avec moi. Mon père céda. Il m'en voulu, évidement, mais comme je lui en voulait également son affection ne me manqua pas. Quand la rumeur se répandit en ville, le scandale fut énorme. Mais je n'en avais cure. J'avais gagné. Mon père n'essaya plus de me marier, et me sachant flétrie aucun homme ne demanda ma main. Pendant quelques temps, je fus traitée en paria, mais, lorsque l'un des notables se fit surprendre dans une situation fort compromettante avec un homme, mon inconduite parut soudain bien fade aux amateurs de scandales.

Je vis mes amies se marier, les unes après les autres. Toujours des mariages arrangés, toujours plus ou moins malheureux. Et j'en arrivais à me dire que même si cet épisode de ma vie était un souvenir épouvantablement douloureux, ce n'était pas bien cher payé pour échapper à ce genre d'union. Et même si dans le fond de mon cœur, il m'arrivait de rêver qu'un jour je pourrais aimer quelqu'un et être aimée en retour, je ne me faisais pas vraiment d'illusions.

Un an plus tard, lassée par l'ambiance pesante qui régnait chez mes parents, j'avais décidé de voler de mes propres ailes. Je pris un travail de serveuse au Poney Fringant et, avec mes gages, louaient une petite chambre où je vivais seule.

C'est à cette période que je rencontrais celles qui allaient devenir mes trois meilleures amies. Elle exerçait la profession peu recommandable de « fille de joie ».

Les années passèrent. Ma mère nous quitta, puis mon père quelques mois plus tard. Lorsqu'il mourut, j'eus la surprise de découvrir que contrairement à ce que j'avais pensé, il ne m'avait pas reniée. Il me laissait l'herboristerie. J'ai laissé tomber mon travail de serveuse, repris la boutique et l'ai développée pour y inclure des articles d'alimentation et du matériel nécessaire aux voyageurs. Bree est un carrefour commercial important situé à la jonction des deux routes principales des Terres du milieu. On y rencontre à peu prés toute les races : des hommes, bien sur, des Hobbits, puisque la ville est à la frontière de la Comté, des nains en transit entre les Monts de Fer et les Montagnes Bleues, et même parfois des Elfes en route pour les Havres Gris.

Il était très inhabituel qu'une femme soit propriétaire de se genre de boutique. Mais, après toute les choses moralement inacceptables, à défaut d'être illégales, que j'avais faites, personne ne s'en offusqua vraiment. J'avais acquis un statut à part, et une liberté dont les autres filles de bonne famille de mon âge ne pouvait même pas rêver.

Les premiers temps après que j'eus repris la boutique avait été difficiles, les gens hésitant à accorder leur confiance à quelqu'un d'aussi non conventionnel que moi, ça n'avait pas duré très longtemps. Je connaissais bien les plantes et le travail d'herboriste, plus jeune j'avais aidé mon père à la boutique. Les gens finirent par se dire qu'après tout, tant que je faisais bien mon boulot, ils se fichaient pas mal de ma vie. Et comme la boutique était à proximité de l'auberge, j'avais beaucoup de clients de passage qui venaient se réapprovisionner en vivres et médications pour le reste de leur périple.

Un matin de février, alors que j'enlevais les panneaux de bois protégeant la devanture de la boutique, j'entendis le cliquetis de pas de chevaux dans la rue. Je levais la tête et vit avancer vers moi trois poneys montés par des nains. Il y avait longtemps que je n'avais pas vu de nains et ils étaient rarement à cheval, alors je reconnais que mon regard se fit peut-être un peu plus insistant qu'il n'aurait du l'être.

Lorsqu'ils arrièrent à ma hauteur, je les saluais d'un signe de tête. Je suis insoumise, je n'ai jamais dis que je n'étais pas polie. Ils me répondirent.

Tandis qu'ils passaient devant moi, je les observais. Celui qui venait en tête, et qui à son maintien devait être le chef, était très beau. Il avait de longs cheveux bruns striés d'argent, des yeux très clairs, un nez droit et fin et une barbe bien taillée. Il se dégageait de lui l'impression d'autorité de quelqu'un habitué à ordonner et à être obéit.

Celui qui venait derrière lui avait un aspect terrible. Grand pour un nain, chauve, des tatouages sur le crâne et une immense hache dépassant de son paquetage. Lorsqu'il grogna ce qui devait être un salut en passant devant moi, j'eus un mouvement de recul involontaire.

Celui qui venait en dernier rit en me regardant. Il avait des yeux sombres, pétillants de malice et son sourire creusait des fossettes dans ses joues. Il portait une drôle de chapka et de part et d'autre de son visage on pouvait voir deux longues tresses qui partaient presque à l'horizontale. Il avait un petit bouc et des longues moustaches. Il me salua d'un signe de tête, en souriant. Et je me sentis sourire tandis que je lui rendais son salut.

Lorsqu'ils m'eurent dépassée, je l'entendis dire d'un ton de reproche amusé :

-« Dwalin, tu a fais peur à la dame ! »

Ce à quoi, le dénommé Dwalin répondis par un nouveau grognement.

Mon sourire s'élargit tandis que je les suivais du regard jusqu'à les voir entrer dans la cour de l'auberge, un peu plus haut dans la rue. Avant de passer sous le porche, le dernier se retourna et me fit un clin d'œil.

Je secouais la tête, souriant toujours comme une imbécile, et achevais d'ouvrir la boutique.

Les premiers clients arrivèrent. Je les connaissais tous, qu'ils soient de passage ou d'ici. Je discutais avec chacun d'entre eux, demandant aux voyageurs des nouvelles des autres territoires. J'aimais bien entendre parler de ces terres que je ne verrais jamais. Vers la fin de la matinée, je vis entrer dans la boutique les trois nains. Je me doutais bien qu'ils auraient besoin de se ravitailler et que Prosper ne manquerait pas de leur indiquer ma boutique.

Je m'approchais d'eux et m'adressais à celui qui semblait être le chef :

-« Bonjour messieurs. Que puis-je faire pour vous ? »

Il me toisa de haut en bas puis déclara d'un air condescendant :

-« Je désire m'entretenir avec le propriétaire de la boutique. Je souhaite passer une commande et, comme vous avez l'air bien jeune, je doute que vous puissiez nous renseigner. »

M'efforçant de ne rien laisser paraître de mon agacement je répondis :

-« Vous l'avez devant vous. »

Il fronça les sourcils,

-« L'aubergiste nous a conseillé de voir Nim. »

En pensée, j'affublais Prosper de tous les noms d'oiseaux que je pouvais imaginer. Je lui avais dit plusieurs fois de donner mon prénom en entier aux gens qu'il m'envoyait, pour m'éviter ce genre de situation embarrassante.

-« Je suis Nim »

Ses sourcils se froncèrent encore plus. Il pensait sûrement que je me moquais de lui. Je décidais de désamorcer la situation avec que ça dégénère. Les nains ne sont pas connus pour leur patience et celui là semblait en être encore plus dépourvu que les autres. Je pouvais presque voir la fumée qui n'allait pas tarder à sortir de ses naseaux.

- « Nim, c'est le diminutif de Nimiria. » précisais-je doucement.

Ses sourcils se haussèrent de surprise. « C'est fou ce que son visage est être expressif », me dis-je en m'efforçant pour ma part de garder une expression aussi impassible que possible.

Il n'avait pas l'air vraiment convaincu par mon explication. Il faut dire à sa décharge que je dois être la seule femme à tenir se genre de commerce à plus de 200 lieues à la ronde, et que Nim est également le diminutif de Nimrod, prénom masculin très en vogue quelques décennies plus tôt.

Il me tendit un parchemin en disant :

-« Pourrez-vous nous préparer ça et la faire livrer au Poney Fringant ? »

Je pris la liste qu'il me tendait. Il avait besoin de beaucoup d'herbes et plantes, et en des quantité qui me parurent un peu excessive pour trois voyageurs. Je le regardais en haussant un sourcil.

-« Vous avez l'intention d'assassiner quelqu'un ? Vous voulez assez de digitale pour tuer un troupeau de chevaux ».

-« Tout ce que je vous demande, c'est si vous pouvez me procurer ses produits ». Dit-il sévèrement.

Susceptible le nain. J'allais devoir faire attention à ce que je disais, et à comment je le disais. Et étant donné que, quand je suis contrariée, j'ai tendance à parler avant de réfléchir, s'était pas gagné.

-« Je ne les ai pas toutes. J'attends une livraison demain matin ».

Il paru contrarié. Avant d'ajouter :

-« Si c'est ce que vous pouvez me proposer de mieux comme délais… De toute façon, nous restons quelques jours ».

« Alors pourquoi tu m'emmerdes à vouloir être livré tout de suite » pensais-je si fort que j'eus l'impression qu'il l'avait entendu. Je lui offrit mon plus beau sourire commercial tandis qu'il me tendait une deuxième parchemin.

-« Nous avons également besoin de ravitaillement ».

J'examinais la deuxième liste. J'avais tous les articles qu'il me réclamait.

-« Je vous prépare ça pour demain. » dis-je, en relevant les yeux vers son beau visage. Il parut contrarié que je le regarde aussi franchement. Il ne semblait pas habitué à ce qu'on soutienne son regard,

-« Savez-vous où nous pourrions trouver des dames pas trop farouches ? Notre ami, ici présent à besoin de se détendre un peu après notre long voyage » demanda soudain le petit aux yeux bruns en désignant le nain à l'air féroce.

J'avoue que l'espace d'un instant je fus décontenancée. Pourtant, je ne suis pas un perdreau de l'année, après avoir travaillé dix ans à la taverne de l'auberge, je pense pouvoir dire qu'on ne me prenait pas facilement au dépourvu.

Je détournais les yeux de leur chef pour regarder plus attentivement celui qui venait de parler. Je compris rapidement, malgré ses efforts pour garder son sérieux, qu'il voulait s'amuser à mes dépends… ou à ceux de son grand copain, qui venait de prendre une couleur magenta des plus intéressante.

« Rira bien qui rirai le dernier », me dis-je.

M'efforçant de prendre un air d'ingénue, je répondis :

-« Et bien si vous êtes au descendu au Poney, je peux vous donner les noms de quelques unes d'entre elles, qui seront là se soir… ».

Je vis la stupeur remplacer l'amusement sur son visage et faire disparaître ses fossettes. Je continuais, en m'efforçant de garder un air aussi innocent que possible, prenant le ton que j'utilisais lorsque j'étais serveuse, pour présenter le menu :

-« Alors, vous verrez sûrement Aléra, très belle brune élégante, mais peut être un peu trop grande à votre goût, vous préférez sans doute l'espiègle Maya, petite, toute en rondeur, blonde aux yeux très bleu, en principe les nains de passage aiment beaucoup ses prestations, ou alors, Milara, petite brunette pétillante... »

Je vis un léger sourire narquois sur le visage de leur chef. Il avait parfaitement compris que j'étais en train de rendre la monnaie de sa pièce au mariol qui avait cherché à me choquer, et qu'il prenait un certain plaisir à voir que son compagnon était tombé sur quelqu'un capable de lui tenir tête.

Le grand nain semblait extrêmement embarrassé, il essayait de se faire aussi petit que possible, ce qui, vu sa carrure, n'était pas très convainquant.

Puis je croisais le regard du petit rigolo et y lut une stupeur choquée.

-« Il ne faut pas poser de questions pour lesquelles vous ne souhaitez pas entendre les réponse maître nain » lui dis-je doucement

-« A vrai dire, je ne m'attendais pas une réponse aussi… précise… Je voulais juste vous faire rougir ». Répondit-il en se frottant la nuque.

Sa réponse franche me surpris.

-« Je vais vous faire gagner du temps. J'ai travaillée comme serveuse au Poney pendant presque 10 ans avant de reprendre cette boutique et les filles dont je viens de vous parler, qui sont vraiment des « dame d'agrément » sont également mes amies, de plus, si vous restez assez longtemps, je suis sure que vous rencontrerez quelqu'un qui vous racontera mon histoire. Alors, vous comprendrez qu'il n'y a plus grand-chose qui puisse me choquer. »

Je m'en voulu immédiatement d'avoir évoqué mon histoire. Mais, le mal était fait. Je mis fin à la conversation en disant à leur chef :

-« Je vous livrerai tout ça demain dans l'après-midi si cela vous convient ».

Nous nous serrâmes la main en signe d'accord commercial. Et lorsque je croisais son regard, il me sembla y voir briller une lueur de curiosité.

Alors qu'ils sortaient de la boutique j'entendis le grand nain dire à son compagnon

-« Parfois tu me fais honte, Bofur ».

J'eus un peu pitié de lui. Ça me fit rire.